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Mercredi 29 août Plénière d’ouverture – Laurence Parisot - Jean-Marc Ayrault 1 Plénière d’ouverture Laurence Parisot Présidente du MEDEF Mercredi 29 août Chers amis, nous allons dans quelques secondes ouvrir notre Université d’été 2012, et pas n’importe comment puisque nous avons l’honneur, cet après-midi, d’accueillir le Premier ministre. Vous voyez, monsieur le Premier ministre, nous sommes heureux que vous soyez parmi nous, à notre Université d’été. Et au fond, monsieur le Premier ministre, nous souhaitons que vous puissiez vous imprégner de l’ambiance qui caractérise notre Université d’été. C’est une ambiance tonique, créative, ouverte aux rencontres multiples. C’est une ambiance qui est à la fois intellectuelle et tournée vers l’action. Cette année, monsieur le Premier ministre, notre Université a pour thème « Intégrer ». Intégrer, c’est certainement un devoir. C’est un défi aussi. Dedans ou dehors ? Avec ou sans ? Plus ou moins ? Seul ou ensemble ? Ces quatre questions vont scander les quatre demi-journées de notre Université d’été. Intégrer, est-ce plutôt une affaire de lieu ? Une affaire de moyens ? Une affaire de degré ? Ou plus généralement une affaire de projets, une affaire d’ambition ? Et en disant cela, monsieur le Premier ministre, je pense tout d’abord et avant tout au projet européen, à l’intégration européenne, à l’ambition que nous pourrions tous avoir, décideurs politiques, décideurs économiques et l’ensemble de la population, à faire en sorte que, face aux défis inouïs de la zone euro et de l ’Union européenne, nous soyons tous capables de définir un nouveau grand dessein et finalement de faire en sorte, monsieur le Premier ministre, que notre vieux continent, soit disant tel, soit en réalité un nouveau « Nouveau Monde ». Intégrer, c’est aussi, bien sûr, intégrer la nouvelle donne. La nouvelle donne, c’est celle d’un monde résolument ouvert, hyperconcurrentiel, et dont le centre de gravité s’est déplacé vers l’Est. C’est aussi intégrer les nouvelles données, et je pense aux données que l’univers désormais du big data nous délivre quotidiennement. Ces données, monsieur le Premier ministre, qui attestent du danger que nous courons. Le « nous », c’est nos entreprises, mais c’est l’économie, c’est un « nous » qui nous concerne tous. Ces nouvelles données qui sont délivrées quasi quotidiennement, témoignent aussi, bien sûr, de nos forces. Mais je voudrais rapidement insister sur quelques-unes d’entre elles. Vous le savez déjà, monsieur le Premier ministre, en France, le taux de marge brute des entreprises est tombé à 28,6 % en 2011. Nous étions à plus de 30 % de taux de marge brute, aux alentours de 32 %, au début des années 90. Et ce taux a chuté d’une manière plus dramatique encore dans nos PME, alors que leurs homologues allemandes sont à plus de 40 %. Aujourd'hui, les demandes de délais de paiement des TPE et des PME, des délais de paiement de cotisation aux organismes de sécurité sociale, sont en hausse d’une manière tout à fait saisissante : plus 23 % en un an. Le taux d’autofinancement des entreprises se situe aujourd'hui à 67 %. Il y a dix ans, il était proche de 90 %. Le taux de prélèvements obligatoires sur nos entreprises, par rapport à la valeur ajoutée, s’élève à 24,8 %.

Université d'été du Medef - Discours d'ouverture de Laurence Parisot

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Mercredi 29 août – Plénière d’ouverture – Laurence Parisot - Jean-Marc Ayrault 1

Plénière d’ouverture Laurence Parisot Présidente du MEDEF

Mercredi 29 août

Chers amis, nous allons dans quelques secondes ouvrir notre Université d’été 2012, et pas n’importe comment puisque nous avons l’honneur, cet après-midi, d’accueillir le Premier ministre.

Vous voyez, monsieur le Premier ministre, nous sommes heureux que vous soyez parmi nous, à notre Université d’été. Et au fond, monsieur le Premier ministre, nous souhaitons que vous puissiez vous imprégner de l’ambiance qui caractérise notre Université d’été. C’est une ambiance tonique, créative, ouverte aux rencontres multiples. C’est une ambiance qui est à la fois intellectuelle et tournée vers l’action.

Cette année, monsieur le Premier ministre, notre Université a pour thème « Intégrer ». Intégrer, c’est certainement un devoir. C’est un défi aussi.

Dedans ou dehors ? Avec ou sans ? Plus ou moins ? Seul ou ensemble ? Ces quatre questions vont scander les quatre demi-journées de notre Université d’été. Intégrer, est-ce plutôt une affaire de lieu ? Une affaire de moyens ? Une affaire de degré ? Ou plus généralement une affaire de projets, une affaire d’ambition ? Et en disant cela, monsieur le Premier ministre, je pense tout d’abord et avant tout au projet européen, à l’intégration européenne, à l’ambition que nous pourrions tous avoir, décideurs politiques, décideurs économiques et l’ensemble de la population, à faire en sorte que, face aux défis inouïs de la zone euro et de l’Union européenne, nous soyons tous capables de définir un nouveau grand dessein et finalement de faire en sorte, monsieur le Premier ministre, que notre vieux continent, soit disant tel, soit en réalité un nouveau « Nouveau Monde ».

Intégrer, c’est aussi, bien sûr, intégrer la nouvelle donne. La nouvelle donne, c’est celle d’un monde résolument ouvert, hyperconcurrentiel, et dont le centre de gravité s’est déplacé vers l’Est. C’est aussi intégrer les nouvelles données, et je pense aux données que l’univers désormais du big data nous délivre quotidiennement. Ces données, monsieur le Premier ministre, qui attestent du danger que nous courons. Le « nous », c’est nos entreprises, mais c’est l’économie, c’est un « nous » qui nous concerne tous. Ces nouvelles données qui sont délivrées quasi quotidiennement, témoignent aussi, bien sûr, de nos forces. Mais je voudrais rapidement insister sur quelques-unes d’entre elles.

Vous le savez déjà, monsieur le Premier ministre, en France, le taux de marge brute des entreprises est tombé à 28,6 % en 2011. Nous étions à plus de 30 % de taux de marge brute, aux alentours de 32 %, au début des années 90. Et ce taux a chuté d’une manière plus dramatique encore dans nos PME, alors que leurs homologues allemandes sont à plus de 40 %. Aujourd'hui, les demandes de délais de paiement des TPE et des PME, des délais de paiement de cotisation aux organismes de sécurité sociale, sont en hausse d’une manière tout à fait saisissante : plus 23 % en un an. Le taux d’autofinancement des entreprises se situe aujourd'hui à 67 %. Il y a dix ans, il était proche de 90 %. Le taux de prélèvements obligatoires sur nos entreprises, par rapport à la valeur ajoutée, s’élève à 24,8 %.

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Toutes ces données sont des signaux qu’il faut regarder et qu’il faut entendre. Il y a d’’autres données, que je pourrais utiliser notamment pour montrer à quel point, parfois, il faut vous le dire, nous nous sentons tels l’albatros de Baudelaire, empêchés, gauches, car entravés par des réglementations au contenu aporétique.

Je ne vais pas vous lister tout cela parce que je voudrais aussi vous parler de nos atouts. Je suis sûre que vous les connaissez. Par exemple, évidemment, le prix de l’électricité, qui est de 80 euros par mégawattheure contre 110 euros en moyenne dans l’Union européenne. Également dans nos atouts, je le dis sans hésiter, le dialogue social. Savez-vous, monsieur le Premier ministre, que l’année dernière, 34 000 accords ont été signés dans les entreprises? Et puis, dans nos atouts, il y a, sans nul doute, notre énergie entrepreneuriale. Car en dépit des chiffres sombres que j’ai évoqués, de ce que nous constatons tous les jours dans nos carnets de commandes, nous ne manquons pas d’énergie entrepreneuriale. Les investissements industriels sont en hausse de 5 % depuis le début de l’année.

Au total, monsieur le Premier ministre, je voudrais vous dire que l’Université d’été du MEDEF, c’est un lieu convivial, c’est un lieu qui ne laisse pas de place aux jeux de rôle, parce que la confrontation d’idées y est réelle et intense. C’est pourquoi nous vous demandons, monsieur le Premier ministre, d’entendre cette vérité première : nous ne faisons pas semblant d’aller mal pour obtenir. Nous avons le souci de vous dire les choses exactement. Nous pensons qu’il est urgent de travailler sur la compétitivité/coûts en repensant le financement de notre protection sociale. Nous pensons qu’il est urgent d’améliorer la compétitivité hors coûts en introduisant de la souplesse et de la lisibilité pour l’entreprise et de la sécurité pour les salariés. Et il est urgent d’intégrer la dimension psychologique de la compétitivité, de comprendre que l’entrepreneur a besoin, pour que son esprit pionner puisse se déployer, l’entrepreneur a besoin de penser que son pays, notre pays, la France, peut être un Eldorado.

Monsieur le Premier ministre, nous vous demandons d’entendre notre diagnostic, d’avoir confiance en nos stratégies entrepreneuriales et de croire au bien-fondé de nos exigences et de nos espérances.