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Comprendre ibn arabi Dieu est l'Être au sens absolu, le véritable Être, l'Être nécessaire (chez les philosophes) qui conditionne tous les êtres subordonnés et contingents, et n'est conditionné par aucun autre être. D'autre part, les noms divins se reflètent dans la création, ils ne s'y incorporent pas. La thématique du miroir de la création dans lequel Dieu se reflète par l'intermédiaire de Ses noms divins intervient pour interdire toute assimilation de l'essence divine avec la substance de la création. Henry Corbin parle à ce propos de théomonisme. On pourrait dire que, contrairement au panthéisme qui naturalise Dieu et l'absorbe dans l'immanence, le théomonisme d'Ibn ’Arabî divinise la nature tout en préservant la transcendance de Dieu et son unicité. Quant à l'homme, sa place particulière et privilégiée au sein de la création provient du fait qu'il est la seule créature récapitulant en lui la totalité des noms divins. L’Imagination créatrice dans le soufisme d'Ibn Arabi . Ce thème est l’imagination qui a donné lieu à l’invention de plusieurs termes connexes comme "imaginal" et "le monde imaginal" ou mundus imaginalis. Le monde imaginal, ou 'âlam al-Mîthâl, est distinct du monde des réalités concrètes comme de celui de l'intellect, mais il se superpose au premier, comme une dimension supplémentaire. Pour H. Corbin,la doctrine d’Ibn ’Arabî, qualifiée de théosophie (sagesse divine) ou d’herméneutique prophétique, se base sur un concept qui est la théophanie, présence de Dieu, ou sa manifestation dans le monde des phénomènes ; l'imagination joue un rôle décisif, pour percevoir cette face divine dans les choses et les êtres. L'amour profane est support de l'amour divin, l'aimé étant le lieu de la théophanie. Cela ne signifie pas que Dieu est incarné dans l'aimé, mais qu'il se révèle dans ce dernier.

Comprendre ibn arabi

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Comprendre ibn arabi

Dieu est l'Être au sens absolu, le véritable Être, l'Être nécessaire (chez les philosophes) qui

conditionne tous les êtres subordonnés et contingents, et n'est conditionné par aucun autre

être.

D'autre part, les noms divins se reflètent dans la création, ils ne s'y incorporent pas. La

thématique du miroir de la création dans lequel Dieu se reflète par l'intermédiaire de Ses noms

divins intervient pour interdire toute assimilation de l'essence divine avec la substance de la

création. Henry Corbin parle à ce propos de théomonisme. On pourrait dire que, contrairement

au panthéisme qui naturalise Dieu et l'absorbe dans l'immanence, le théomonisme d'Ibn ’Arabî

divinise la nature tout en préservant la transcendance de Dieu et son unicité. Quant à l'homme,

sa place particulière et privilégiée au sein de la création provient du fait qu'il est la seule

créature récapitulant en lui la totalité des noms divins.

L’Imagination créatrice dans le soufisme d'Ibn Arabi.

Ce thème est l’imagination qui a donné lieu à l’invention de plusieurs termes connexes

comme "imaginal" et "le monde imaginal" ou mundus imaginalis. Le monde imaginal, ou

'âlam al-Mîthâl, est distinct du monde des réalités concrètes comme de celui de l'intellect,

mais il se superpose au premier, comme une dimension supplémentaire.

Pour H. Corbin,la doctrine d’Ibn ’Arabî, qualifiée de théosophie (sagesse divine) ou

d’herméneutique prophétique, se base sur un concept qui est la théophanie, présence de Dieu,

ou sa manifestation dans le monde des phénomènes ; l'imagination joue un rôle décisif, pour

percevoir cette face divine dans les choses et les êtres. L'amour profane est support de l'amour

divin, l'aimé étant le lieu de la théophanie.

Cela ne signifie pas que Dieu est incarné dans l'aimé, mais qu'il se révèle dans ce dernier.

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L'imagination est "créatrice" dans la mesure où celui qui aperçoit Dieu, se voit créé en lui la

science de cette divinité incarnée dans le monde.

Tout est interprété à la lumière de la théophanie dont l’imagination représente l’organe de perception

H. Corbin dit : "L’imagination active est essentiellement l’organe des théophanies, parce qu’elle est l’organe de la création et que la création est essentiellement théophanie"

(L'imagination créatrice, p. 148).

"Le cœur est le foyer où se concentre l’énergie spirituelle créatrice, c’est-à-dire théophanique,

tandis que l’imagination en est l’organe" (Ibid., p. 83).

H. Corbin place l’imagination au centre de toute création et cogitation. Il n’y a pas

de connaissance, ni de dévoilement, ni d’interprétation d’ailleurs sans l’imagination qui est, avant tout, créativité.

L'Homme parfait

L’homme chez Ibn ’Arabî est l’image parfaite de la création accomplie : "Qui t’a créé, puis modelé et constitué harmonieusement ? Il t’a façonné dans la forme qu’Il a voulue" (Coran,

Sourate 82, verset 7-8)

L’image extérieure de l’homme ressemble dans une certaine mesure au monde et à ses dimensions macrocosmiques. Ses facultés intérieures (l’intellect, l’imagination, etc.) ont une

similitude avec les sphères supérieures. Cette ressemblance extérieure et intérieure est constamment évoquée dans plusieurs chapitres des Futûhât, ainsi que Mawâqi' al-Nujûm (le

Couchant des étoiles) etTadbîrât al-Ilâhiyya (Les dispositions divines). Avant Ibn ’Arabî, plusieurs philosophes, comme les Frères de la pureté(Ikhwan al-Safa) et Avicenne (Ibn Sînâ), ont systématisé dans leur métaphysique la face humaine de l’univers et l’aspect cosmologique

de l’homme.

Ibn ’Arabî entend par l’homme un degré élevé et distingué, celui de l’homme parfait (le Qotb,

le Pôle), qui possède le savoir philosophique et connaît l'expérience mystique. La perfection humaine est liée à l’image divine qui procure les secrets ésotériques pour agir sur la créature. En outre, la présence de l’homme dans la créature contribue à la perfection de son image.

L’homme parfait se distingue de l'homme ordinaire (Ibn ’Arabî dira l'homme-animal, du fait de la ressemblance anatomique et physiologique) par l’appropriation des Noms divins en

ayant la volonté créatrice et le commandement du monde. Par ailleurs, L’homme parfait se distingue par l’énergie spirituelle ou l’aspiration (en arabe : himma) qui est son instrument de création. Elle représente, chez l’homme animal, le côté manuel dans ses fabrications et ses

dispositions.

Outre l’appartenance à l'entité spirituelle, l’homme parfait se distingue aussi par la succession

ou la lieutenance (Khilâfa) . Il est ainsi vicaire (khalîfa) et successeur (nâ'ib) par le fait qu’il maîtrise la totalité des noms et en étant une copie abrégée de la réalité cosmique et métaphysique. Ce verset nous enseigne cette vérité : "Et Il apprit à Adam tous les noms"

(Coran, sourate 2, verset 31).

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Si Dieu s’est qualifié de "trésor caché", c’est qu’Il est dérobé derrière la forme de l’homme parfait et se manifeste par sa théophanie dans cette forme parfaite

En étant le lieu épiphanique, l’homme parfait se connaît soi-même et connaît son Seigneur

qui apparaît en lui, contrairement à l’homme animal qui connaît les réalités supérieures par

l’intermédiaire de preuves cosmiques et de signes érigés dans le monde.

La méditation de ces signes ne dépasse pas chez lui le seul effort spéculatif. L’homme parfait

contemple plutôt ces signes en lui et extrait les perles du trésor caché dans son âme.

Il associe ainsi la méditation et la contemplation. Cet effort de contemplation culmine dans

l'expérience des différentes modalités de la Présence (Hadarât) divine. L'homme parfait ou

universel est celui qui parvient au seuil de la « Présence Totale » (al-hadarat al-jâm'iyah) qui

englobe toutes les autres formes de présence et les récapitule, actualisant et intégrant d'un

point de vue existentiel les qualités infinies que les noms divins recèlent du point de vue

principiel17.

Ash Shaykh ‘Abdu Llâh Penot (qu’Allâh le bénisse) traduisit le terme « wujûd » par « être »

au lieu de « exister », car exister signifie « être à partir de », ce qui est impossible pour notre Seigneur (qu’Il soit béni et exalté).

C’est dans ce sens qu’il faut comprendre le point théologique de l’unicité de l’existence (wahdat ul wujûd) dont ont parlé les Soufis. Allâh (qu’Il soit glorifié et exalté) est

Le Seul Être de même qu’Il est Le Seul Agissant, Le Seul Savant, Le Seul Voulant etc. Les créatures ne le sont que d’une manière relative et non absolue.

Notre maître, la Preuve de l’Islâm, Al Imâm Abû Hâmid Al Ghazâlî At Tûsî (qu’Allâh lui

fasse miséricorde) a dit dans son célèbre ouvrage intitulé Ihyâ ‘Ulûm Ud Dîn :

« Nous disons donc que le tawhîd est constitué de quatre degrés(marâtib):

Le noyau (al lubb), le cœur du noyau (lubb ul lubb), l’écorce (al qishr) et l’écorce de l’écorce (al qishr ul qishr). Pour en faciliter la compréhension, nous prendrons l’exemple de

la noix de coco et de son écorce supérieure, puisqu’il se trouve que cette noix possède deux écorces, un noyau et une partie grasse à l’intérieur même du noyau que nous appelons le

cœur du noyau.

Le premier degré du tawhîd est celui de l’homme qui professe « il n’y a point de divinité en dehors d’Allâh », alors que son cœur est plongé dans l’insouciance ou encore nie ce qu’il

professe. Cette affirmation du tawhîd correspond à celle des hypocrites (al munâfiqîn).

Au second degré, le cœur croit en ce que l’on a prononcé : il s’agit ici de la croyance de la

plupart des Musulmans et ce degré constitue le credo de la masse (i’tiqâd ul ‘awâm).

Le troisième degré consiste à contempler (cette Unicité divine) au moyen du dévoilement intuitif (al kashf) grâce à la lumière de l’Être-Vrai (Al Haqq), c’est la « station des

rapprochés » (maqâm ul muqarrabîn) ; (celui qui l’atteint) voit une multiplicité de choses, mais en dépit de cette multiplicité, il ne les voit que comme procédant de L’Unique, du

Contraignant.

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Le quatrième degré consiste à ne voir qu’un Seul Être dans l’existence. Il s’agit de la

contemplation de ceux qui n’accréditent que la Vérité (assiddiqîn). Les Soufis nomment ce degré « l’extinction (al fanâ) dans l’Unicité » car celui qui y parvient – du fait qu’il ne voit

qu’un Être Unique – perd la perception et la conscience de sa propre personne car il est submergé par la perception de l’Unicité ; il est éteint à lui-même au moment même où il proclame l’Unicité, c’est-à-dire qu’il ne se voit pas, ni a fortiori les autres créatures. » Fin de

citation.

Les Soufis réalisent ce dernier degré par la méditation profonde de la parole du tawhîd « Lâ

ilâha illa Llâh » et adorent ainsi Allâh (qu’Il soit exalté) comme s’ils Le voyaient, comme l’affirme l’Imâm Al Ghazâlî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) un peu plus loin dans le même ouvrage : « La quatrième affirmation du tawhîd est celle du contemplatif qui, au cours de

sa contemplation ne voit apparaître que L’Unique (Al Wâhid). Il ne considère pas le tout

sous le rapport de la multiplicité mais sous le rapport de Son Unicité ; et ce degré constitue

l’ultime étape du tawhîd. »

Et le Prophète (que Le Salut et La Paix d’Allâh soient sur lui) a dit : « La vertu (al ihsân)

consiste à adorer Allâh comme si tu Le voyais, car si tu ne Le vois pas, sache que Lui te

voit. » [Muslim].

Le panthéisme consiste à croire que tout est Allâh et qu’Allâh est tout. Ce qui est une aberration autant du point de vue du Qur°ân et de la Sunnah que de la raison. Aussi, par

extension, on attribue faussement aux Soufis la croyance en l’incarnation (al hulûl) qui est la présence d’une substance à l’intérieur d’un corps vide qui le reçoit, ainsi qu’en l’assimilation,

la fusion (al ittihâd).

Et notre maître, Al Imâm Fakhr Ud Dîn Ar Râzî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) a dit :

« La réponse est la suivante : la doctrine de l’ittihâd, l’union ou l’unification, est sans

fondement. En effet, de trois choses l’une :

- Les deux choses subsistent et, de ce fait, restent deux réalités distinctes ;

- elles disparaissent toutes deux pour devenir une troisième chose différente ; - il ne reste que l’une des deux, l’autre cessant d’être.

Mais, alors [dans chacun de ces trois cas], l’union reste impossible, car L’Existant ne peut être le même que le non-existant. » [Lawâmi' Ul Bayyinât].

Et notons à ce titre que ce sont plutôt les anthropomorphistes, Ibn Taymiyyah en tête, qui,

confinant Allâh dans un lieu, sont les adeptes de l’incarnation et de la fusion (al hulûl wal ittihâd) ; ce qui conduisit d’ailleurs l’Imâm Ibn Rajab Al Hanbalî (qu’Allâh lui fasse

miséricorde) à faire le takfîr de Ibn Taymiyyah et de tous ceux qui adoptent cette croyance.

Et dans une lettre qui lui est attribuée, Al Imâm Abû Hâmid Al Ghazâlî At Tûsî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) réfute ces doctrines qu’on attribue faussement aux Soufis : « Cependant,

comme une certaine ivresse s’est emparée des élites de ce rang qui les rend sujettes à deux

sortes d’aberrations : l’une consiste à imaginer qu’une union (ittisâl), qu’elles qualifient

d’inhérence (hulûl), s’est produite et l’autre à croire qu’il s’est réalisé une assimilation

(ittihâd) grâce à laquelle elles assimilent Allâh ; les premières jugeant cette assimilation

impossible, considèrent néanmoins avoir abouti à une union, ce qui revient au même, car

elles disent : « Je suis la Vérité, louange à Moi » ; revenues à elles-mêmes elles

s’aperçoivent de cette aberration, car l’inhérence (hulûl) est un accident qui se traduit par

la présence d’une substance ou d’une matière à l’intérieur d’un corps vide ; or aucune de

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ces deux formes ne saurait être appliquée à Allâh. De même l’union de deux choses, si elles

sont créées, ne pouvant se présenter que sous un des trois aspects suivants, se révèle

également irréalisable : soit les deux sont dotées d’une existence à part entière, soit les deux

sont inexistantes, donc elles ne peuvent être unies, car elles n’existent ni l’une ni l’autre ;

soit l’une est existante et l’autre inexistante, ce qui enlève toute idée d’union. » Fin de citation.

Et concernant les paroles extatiques de certains maîtres auxquels fait allusion l’Imâm Abû Hâmid Al Ghazalî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) telles que : « Je suis la Vérité, louange à

Moi » et d’autre propos similaires, elles ont été prononcées dans des états d’ivresse spirituelle. Les états particuliers, tels qu’une joie intense par exemple, peuvent excuser ces paroles comme le prouve le hadîth authentique suivant rapporté par l’Imâm Muslim d’après

Sayyidunâ Anas Ibn Mâlik (qu’Allâh l’agrée) : « L’agrément qu’Allâh accorde lorsque Son

serviteur se repent est plus forte que la joie qu’éprouva l’un d’entre vous qui, traversant

une terre désertique, vit sa monture lui échapper, emportant nourriture et boisson.

Désespéré, il parvint à un arbre à l’ombre duquel il s’allongea. Il était tout à son désespoir

lorsque sa monture se dressa devant lui. Il la saisit par la bride s’écriant :« Ô Allâh, Tu es

mon serviteur et je suis Ton seigneur – Allâhumma Anta ‘abdî wa anâ rabbuk », son excès

de joie lui faisant commettre un lapsus. » Ce hadîth figure également dans

leRiyâdUsSâlihîn de l’Imâm Muhyi Ddîn An Nawawî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) au chapitre du Repentir.

Contrairement au panthéisme qui naturalise Dieu et l’absorbe dans l’immanence, le

théomonisme d’Ibn Arabi divinise la nature tout en préservant la transcendance de Dieu et son unicité.

ALLAH est UN ,UNIQUE,PRESENT et TRANSCENDANT, il a créé les Mondes et les Univers, l’Espace et le Temps ; IL est le temps ,IL est Le Créateur de toutes choses ,LE

SAGE et L'OMNICIENT,LE ROI,LE SAINT,L'ETERNEL , LE TRES HAUT et LE VIVANT,IL n'a pas de semblable, ni d'égal, ni d'équivalent, nul n'est à SA ressemblance, IL

n'a pas été enfanté, et n'a pas d'enfant, IL nourrit et entretient l'ensemble de sa Création, sans être nourri, ni entretenu, IL donne la vie et la retire, élève et abas qui IL veut, IL gouverne l'ensemble de SA Création, LE JUSTE,L'EQUITABLE,LE SAGE et IL a les plus beaux

NOMS,IL n'ya pas un atome de lumière, ou un grain de sable, de molécule d'eau ou d'air, des terres , mers ou océans dont IL n'est connaissance, il n'ya pas d'êtres vivants, organiques ou

inorganiques qu'IL n'ait LUI -MEME doté de forme ou de vie et tous sont dépendant de LUI, pour leur existence ou leurs survie.IL a décrété la Mort de tout ce qui est vivant sur la terre,<tout ce qui est sur elle(la Terre )doit disparaitre .(seule)subsistera LA FACE de ton

SEIGNEUR, pleine de Majesté et de Noblesse. Sourate AR-RAHMAN.ayat 26 et 27 du Saint Coran.

Recueils / Recoupage par Sadek KHEDDACHE