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ien Seillé – Grand Trail du Sancy / Mont-dore

Intérieur Grand Trail du Sancy 070914

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Sébastien Seillé – Grand Trail du Sancy / Mont-dore

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Retour de mon expédition auvergnate en ce joli dimanche de septembre.

Après Volvic et le Vulcain (42km/d+1700m), Bort-les-Orgues et l’Aquaterra (41km/d+1706m),

mon tour de l’Auvergne 2014 se terminait cette année, par le massif du Sancy et son puy

culminant à 1885m.

Autant dire une montagne pour moi

(c’est le cas de le dire !!!) puisque

jamais je n’avais affronté une telle

distance (60km) avec un tel

dénivelé (d+3350m).

Arrivé 5h50 au parc municipal du

Mont-dore pour un départ à 6h,

j’apprends que celui-ci sera retardé

d’au moins 10 minutes, nous

attendons donc patiemment, certains

s’échauffent déjà en courant (gloups)

Température idéale, environ 10°.

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Le speaker nous présente les forces en présence, dont le régional Thomas Lorblanchet qui

finira vainqueur en 6h15, à noter également la présence de l’angevine Magali Gigon (4ème

féminine) .

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6h11 départ en musique et rapide dans les rues du Mont-dore, puis début de grimpette dans

la nuit noire jusqu’au 6ème km, un coureur sur deux a une lampe frontale et c’est bien venu

dans une forêt épaisse surplombant la ville.

Pas de difficulté particulière, c’est au contraire un spectacle magnifique qui va s’offrir à nous,

le soleil levant au 6ème km derrière le Pic du Capucin (1468m), nous sommes beaucoup à

détourner la tête devant ce mélange de couleurs, assurément un de mes meilleurs souvenirs.

La suite est roulante, descendante

et agréable, nous rencontrons de

grands pâturages avec des appuis

sur des mottes d’herbes humides,

des passages en forêts et des

lieux-dits constitués de maisons

typiques en pierre, j’arrive au

ravitaillement 1 « Murat » situé au

19ème km, alimentation à base de

fruits et approvisionnement en eau,

je repars après 2h18 de course.

Photo tirée de Facebook Trails du Sancy

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Tout va bien pour le moment, je ne calcule pas, je sais simplement qu’arrive le Puy Gros

(1485m) un sommet se trouvant à 4km, je vais sentir passer les 600m de d+ annoncés, c’est

une certitude.

Le temps est splendide, idéal pour courir avec un mélange de chaleur du soleil et de fraîcheur

matinale. Je m’autorise une pause (photo ci-dessous) au ¾ du sommet, où règne un silence

incroyable.

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Arrivé au sommet, la vue est terrible (photo obligatoire), pas d’alerte particulière sur mon état

physique, je suis serein et confiant pour la suite, prochaine étape : le ravitaillement 2 nommé

« Prends toi garde », comme c’est bizarre.

Alors que j’enchaîne avec une descente d’environ 3km constituée de mono traces et de

chemins caillouteux, je ressens de fortes douleurs au genou droit et à la cuisse gauche, à

partir de ce moment là je sais que la deuxième partie de course ne sera pas évidente.

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Je reste un quart d’heure au ravitaillement 2, j’en profite pour me changer au vu de la

température qui augmente, m’alimenter et soigner une ampoule qui demande qu’à me

faire souffrir dans les heures à venir (merci à la sécurité civile).

4h22 de course je repars, nous sommes au 29ème km autant dire presque à la moitié, je

viens de passer « Prends toi garde » comme ils disaient.

C’est parti pour 10km de montée (d+:800m), au milieu le ravitaillement 3 « Col de la

Croix Morand » puis le Puy de la Tache (1629m) et le Puy de l’Angle (1738m) (photo).

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Paradoxalement, je ne ressens aucune douleur en montée, nous partageons notre route

avec des vttistes qui n’ont pas l’air de s’amuser non plus, chapeau à eux...

Arrivé au ravitaillement 3 (35ème km) en 5h24, je ne m’attarde pas, c’est une phase de

montée, je suis dans ma bulle et je vais à mon rythme.

Du haut du Puy de l’Angle j’aperçois le ravitaillement 4, il reste 2 km de descente en l’ayant

toujours en point de mire, la douleur est intense, je retiens constamment mes pas, ces

moments ont été très longs et pénibles, jusqu’à la pause du 40ème km. Je refais le plein en

eau, je mange, j’en profite pour écouter ce qu’il se dit. Il est question de barrière horaire sans

danger au vu de nos temps de passage, qu’il reste une montée de 700m et après une

descente très technique, voilà les mots que j’ai retenus qui auront sans doute une incidence

sur la suite de ma course.

Je repars du « col de la Croix St Robert » après 6h50 de course, enchaînement Roc de

Cuzeau (1737m) – Puy des Crebasses (1785m) sous un soleil de plomb, je me fais doublé

par des hollandais à une vitesse folle, ils m’expliquent qu’ils n’ont pas de dossard, ah ok Nous commençons à croiser beaucoup de monde sur les crêtes, sortie dominicale oblige,

les gens sont sympas, se poussent et nous encouragent.

En haut du Puy des Crebasses, se dresse le Puy de Sancy (1886m) devant moi, majestueux

et plus imposant que les autres, c’est l’ultime obstacle, je me dis qu’il n’est pas loin, que je

peux entrevoir l’arrivée avec optimisme malgré un genou en compote et une cuisse en

surchauffe. Direction la vallée de Chaudefour, la descente est très technique, j’ai du mal à

garder mon équilibre, je m’aperçois que nous partons à l’opposé du Puy convoité.

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Je n’avance plus, une grande plaine arrive, du plat enfin du plat, mes douleurs

s’évanouissent, et j’ai bien compris que la douleur apparaîtra à chaque descente.

La suite, un passage en forêt, avec beaucoup de relances, qui me fait penser à l’Aquaterra de

Bort-les-Orgues, puis une arrivée à un ravitaillement en eau qui a un drôle de goût, c’est

normal elle est ferrugineuse comme me l’indique un organisateur XTTR63.

Un traileur est assis avec un couverture de survie, il semble mal en point, les pompiers sont

présents et autour de lui.

Je repars du 45ème km pour l’épreuve finale, 5km de montée pour un d+ de 600m, cela

devient compliqué, au bout de quelques centaines de mètres je suis déjà arrêté, un traileur me

dépassant, prend des nouvelles, je lui dis que je suis dans une mauvaise passe.

Je m’inquiète sur le nombre de km restant, je n’ai plus trop la notion du lieu et du temps, c’est

la première fois que je m’imagine être éliminé à la barrière horaire, le moral est au plus bas.

Je me pose un certain temps, je m’alimente et je me dis que c’est inconcevable de se faire

éliminer maintenant, à environ 14km de l’arrivée, je n’ai pas fait tout cela pour rien.

Je repars péniblement, arrive Super Besse, le fait de rencontrer des touristes m’encourage,

mais ce Sancy toujours en ligne de mire est loin et haut, de nombreux coureurs

sont en bord de route et restent scotchés là .

Je continue comme je peux, la gare est enfin là, contrôle du dossard en 9h54, la barrière

horaire est 500m plus bas, je l’atteins à la fois en marchant et en courant.

Accompagné d’un coureur en galère, je suis persuadé que cela se joue à quelques minutes…

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Nous sommes accueillis avec un verre d’eau et un grand sourire « bravo messieurs vous avez

quarante minute d’avance, et c’est ici que nous décidons l’arrêt des coureurs», je le remercie et

lui tape dans le dos comme un ami d’enfance. Je suis soulagé et heureux, il faut désormais

finir ces 8-9 km vers l’arrivée, en sachant qu’il reste un mur d’escalade d’une 60m pour être

en haut. Beaucoup de touristes profitent de cette vue splendide, le temps de poser (photo) et je redescend vers le Mont-dore.

Je n’insiste pas en descente,

je relance sur le plat, les

derniers km sont longs, dernier

virage, je suis accueilli par

famille et belle famille ce qui

est un vrai plaisir après plus de

11h de course.

Passage sur la ligne d’arrivée

avec les applaudissements et

digne des meilleurs.

En conclusion, ce trail est vraiment représentatif de cette chaîne des Puy d’Auvergne, il offre

un spectacle magnifique tout au long du parcours, sa difficulté est réelle, la dernière montée à

partir du 45ème km vers le Puy de Sancy se trouve être la difficulté majeure tant moralement

que physiquement . Classement 308/386 (dont 50 abandons) en 11h35’49. A refaire.