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Page 1 VEILLE ET ARTICLES - 2013 Repenser la place des individus au travail dans une société numérique En 2013, la Fing a engagé le programme Digiwork pour réfléchir sur ce que le numérique changeait au travail, en partant du point de vue des individus, dans leur relation aux collectifs de travail, aux organisations, dans la gestion de leur parcours professionnel, … Un premier travail collaboratif de cartographie a mis en lumière quatre grands axes de transformation : “l’individu au travail”, “nouveaux collectifs, nouveaux managements”, “nouveaux espaces, nouvelles temporalités” et “valeur du travail, mesure de l’activité et rétribution”. Un travail de veille régulier et la rédaction d’articles ont nourri ces thématiques tout au long de l’année 2013. C’est l’ensemble de ces ressources que vous retrouverez dans ce document.

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La Fing a engagé le programme Digiwork pour réfléchir sur ce que le numérique changeait au travail, en partant du point de vue des individus, dans leur relation aux collectifs de travail, aux organisations, dans la gestion de leur parcours professionnel, … Tout au long de l’année, nous avons effectué un travail de veille régulier et rédigé des articles pour nourrir nos réflexions, ce document regroupe ces différentes ressources.

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Veille etarticles - 2013

Repenser la place des individus autravail dans une société numérique

En 2013, la Fing a engagé le programme Digiwork pour réfléchir sur ce que le

numérique changeait au travail, en partant du point de vue des individus, dans leur

relation aux collectifs de travail, aux organisations, dans la gestion de leur

parcours professionnel, …

Un premier travail collaboratif de cartographie a mis en lumière quatre grands axes de transformation : “l’individu au travail”, “nouveaux collectifs, nouveaux managements”, “nouveaux espaces, nouvelles temporalités” et “valeur du travail, mesure de l’activité et rétribution”. Un travail de veille régulier et la rédaction d’articles ont nourri ces thématiques tout au long de l’année 2013. C’est l’ensemble de ces ressources que vous retrouverez dans ce document.

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Page 2 Page 3 SOmmaire

etat des lieux

l’indiVidu au traVail

nOuVeaux cOllectifs, nOuVeaux managements

nOuVeaux espaces, nOuVelles tempOralités

Valeur du traVail, mesure de l’actiVité, rétributiOn

index par mOts-clés

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1. Ce que le numérique fait au travail et réciproquement2. La dynamique d’internet. Prospective 20303. Interview fictive - Prospective sur le travail en 20534. Scénarios - Questions Numériques

1. Numérique : la génération Y, nouvelle chienlit ?2.L’auto-entrepreneur, un travailleur de notre temps3. Le travailleur de demain sera un mouton à dix pattes4. Et vous, vous faites quoi... ?

1. Le futur du travail dans l’entreprise : l’agilité... ou le néant2. Le numérique, vecteur d’innovations sociales au travail ?3. Productivité ou innovation, faut-il choisir4.Les données : quels effets sur le monde du travail ?5. Attention, une entreprise virtuelle peut en cacher une autre

1. Qu’est-ce que le numérique change à la création de valeur par le travail ?2.Le futur du travail dans l’entreprise : ...sans l’entreprise ?3. Numérique 1 – Emploi zéro !

1. Les espaces de coworking, une tendance qui se confirme2. Le temps, marqueur intemporel de la lutte des classes et des genres ?3. Evolution du corps, évolution du travail

Veille à découvrir en page 18.

Veille à découvrir en page 32.

Veille à découvrir en page 52.

Veille à découvrir en page 82.

Veille à découvrir en page 66.

articles

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1. etat des lieux

articles

Veille

Au lancement de Digiwork se trouvent quelques travaux préparatoires : une participation au rapport « Futur de l’Internet », un article dans Internet Actu, quelques scénarios de rupture issus de Questions Numériques.

Cela a nourri, entre autres, l’interview fictive, réalisée pour le numéro spécial de la revue Travail & Changement de l’ANACT.

06/17

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C’est essentiellement sous l’angle de l’emploi et de la crise économique que la question du travail se pose aujourd’hui dans les médias. Or depuis les années 90, les économies des pays de l’OCDE se caractérisent par une croissance faible (ponctuée de crises économiques régu-lières) et un taux de chômage élevé. Le temps de travail a diminué de manière constante, l’emploi à temps partiel a augmenté ainsi que le chômage longue durée. La part du travail dans le Produit intérieur brut a elle aussi diminué. De là à croire que le travail rapporte moins, il n’y a qu’un pas...

une crise du marché de l’emplOi qui cache des éVOlutiOns plus prOfOndes des pratiques de traVail

Vis-à- vis de ces “tendances de fond” observées sur deux décennies dans presque tous les pays de l’OCDE, l’im-pact des technologies numériques est habituellement pointé à deux titres :

> Elles constituent le principal support de la globalisation, de la mise en réseau de l’économie et de sa finan-ciarisation, produisant en particulier une très forte interdépendance et une mise en concurrence mondiale des économies comme l’expliquait déjà Manuel Castells dans La société en réseau ;

> Elle accélère la croissance de la pro-ductivité du travail ; productivité qui transforme les tâches, les fonctions nécessaires à l’activité, et en par-ticulier en diminue le nombre. Dès 1995, Jérémy Rifkin dans La fin du travail prévoyait que les TIC, ayant gagné tous les pans de l’économie (suite à l’informatisation massive des entreprises et des marchés financiers durant les années 80) conduiraient à une productivité très

forte des entreprises, et une “crois-sance sans emploi”.

Aujourd’hui même, l’économie numé-rique, secteur de grande productivité et porteur de croissance, se révèle peu créatrice d’emplois, à l’image de la Silicon Valley en perte nette d’emplois depuis 15 ans. Les auteurs de l’Age de la Multitude y voient là les signes d’un affaiblissement du “travail” au profit de “l’activité” : “Depuis dix ans, on croit que le numérique va créer des emplois. Or il crée peu d’emplois directs, et contribue plutôt à supprimer des bureaucraties ou des rentes. L’optimisation sans précé-dent qu’il permet (dans le domaine de la consommation, des services) devrait contribuer à faire baisser le travail, au sens ancien du terme. Mais pas l’acti-vité : car en amont du travail propre-ment dit (produire un service, un bien, un contenu), on voit se développer toute une activité de veille, d’autoformation, d’e réputation, de connexion, d’échanges, d’expérimentations...”.

Derrière les problématiques d’emploi pourraient bien se cacher des évolu-tions profondes de ce qui pourrait/devrait être reconnu comme du “travail productif”.

le numérique, à l’Origine d’un ma-lentendu crOissant entre les in-diVidus et les OrganisatiOns ?

Des débuts de l’informatisation des en-treprises (années 80/90) à la démocra-tisation des outils (à partir des années 2000), le numérique a outillé des évo-lutions successives dans les manières d’organiser le travail et de le contrôler, dans les manières de produire et de commercialiser, générant beaucoup de changements, et donc de tensions.

Le développement des systèmes d’in-formations (les progiciels de gestion intégrés, les environnements de déve-

1. Ce que le numérique fait au travail et récipro-quement

amandine brugière / aurialie jublin

Paru le 10 Mars 2013 sur internetactu.net le Média de la fing

articles

loppement intégrés...) a souvent été synonyme de gains de productivité, mais aussi de nouvelles formes de bureaucra-tie, de taylorisme, et de surveillance.

Le découpage (unbundling) possible de toute la chaîne de valeur a permis de nouvelles souplesses dans la production (le mode projet, la “production juste à-temps”) mais a aussi facilité les externa-lisations, les délocalisations...

L’individualisation des équipements, leur portabilité et l’informatique dans les nuages sont en train de modifier les conditions de travail comme le soulignait la récente note d’analyse du Centre d’analyse stratégique sur l’impact des TIC sur les conditions de travail, et d’en faire éclater l’unité de temps et de lieu. On travaille plus facilement à distance, en mobilité, à des heures décalées. Un des effets les plus communément res-sentis est celui d’un brouillage des fron-tières entre vie professionnelle et vie privée : on travaille de chez soi, on gère des communications personnelles – télé-phone, sms, tweet – pendant les heures de travail. On amène au travail son équi-pement personnel (le phénomène Bring your own device, Byod), plus performant, moins bridé. On utilise l’équipement pro-fessionnel à des fins personnelles (films, jeux pour enfants...).

Cela engendre en particulier deux ten-sions :

> Celle liée à l’injonction paradoxale d’une “autonomie sous contrôle” faite au travailleur connecté : d’un côté on attend de lui autonomie, prise d’initiative, responsabilité, et de l’autre on contrôle en temps réel ses résultats, ses déplacements, ses communications...

> Celle liée à la coexistence dans le temps et dans l’espace des activi-tés contraintes, choisies, person-nelles, de loisirs, etc. Si le “travail-gagne pain” ne réussit pas sa mue en “sources d’épanouissement ou réalisation de soi“, il court le risque d’un investissement moindre de la part des individus. Le rapport au travail se construit aujourd’hui, et peut être plus fortement encore chez les jeunes générations, autour d’attentes expressives et relation-nelles très fortes.

Cette dernière tension pourrait en outre être renforcée par une montée des revendications autour du “travail gratuit” (qu’on appelle le digital labor). L’économie sous jacente aux réseaux est en train de mettre à jour de nouvelles formes de production de valeur, basées sur la captation des traces d’usages. Par là, c’est la notion même de “travail” qui est bousculée puisque toutes acti-vités développées sur les réseaux (la production ou le partage de contenu, les réseaux sociaux, la navigation, les recherches...) constituent une forme de travail gratuit alimentant “l’Internet-Factory”. Cette tension montante entre travail et activité est forte de consé-quences, car “l’activité” n’est pas encore source de revenus, alors même qu’elle est sous tendue par des dépenses pu-bliques importantes d’éducation, de protection sociale, d’accès aux réseaux... Si de nouvelles fiscalités se cherchent autour de la captation des données, cela ne constitue d’un début de réponse.

En attendant, le malentendu entre les organisations et les individus va crois-sant. Les entreprises avouent leurs dif-ficultés à obtenir de leurs collaborateurs l’engagement et l’audace qu’elles en es-pèrent. Les individus disent ne pas trou-ver dans les organisations, le contexte pour “se réaliser”. Ils se sentent souvent peu écoutés, mal reconnus dans leurs efforts. Ils s’investissent moins dans des entreprises qui, sentent ils, investissent moins en eux.

La flexibilité n’a pas été cet opérateur magique attendu, entre les attentes des entreprises en matière d’adaptation aux fluctuations des marchés, et les aspira-tions des individus, en matière d’autono-misation et de construction d’itinéraire professionnel diversifié et sécurisé.

Pour éviter le divorce, il devient urgent de re questionner ce qu’est le travail à l’ère du numérique, au regard de ses différentes caractéristiques : production de richesse, obtention de revenu, liberté de création, épanouissement personnel, obtention de droits et de protection...

explOrer de nOuVeaux mOdèles

Si le numérique est l’une des causes de la crise du travail (mais pas la seule !), il fait aussi partie des solutions. C’est

1. Ce que le numérique fait au travail et réciproquementarticles

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grâce au numérique que des millions de travailleurs organisent plus souple-ment leur travail, inventent de nouvelles formes de collaboration, élargissent leurs réseaux et leurs horizons profes-sionnels. C’est grâce aux réseaux qu’ont pu émerger des projets collectifs aupa-ravant inimaginables : Wikipedia, le logi-ciel libre, les communautés de pratiques, lecrowdsourcing... Et ce qui donnait lieu – hier – à la production collaborative de biens informationnels s’étend aujourd’hui à la production de biens tangibles : les voitures “crowdsourcées” de Local Motors, de Fiat... Des espaces de travail émergent (FabLab, Biolab), où les outils de production, basés sur des technolo-gies de pointe sont mutualisés. La jeune entreprise innovante se développe aussi “hors les murs”, à travers les espaces de co working ou même, complètement en réseau.

Certes, ces initiatives sont encore très émergentes, pas toujours stabilisées. Mais elles dessinent des formes nou-velles d’organisation du travail dont on peut extrapoler des “modèles”, extraire des questionnements, voire tirer de pre-miers enseignements.

En particulier trois phénomènes nous apparaissent comme source d’innova-tion et/ou de nouvelles conflictualités :

> L’affirmation, au travail, “d’indivi-dus autonomes, connectés, outillés, en réseau” : tel des compagnons modernes, ces “nomades coo-pératifs” qu’évoque P. Vandramin dans son livre Le travail au singulier, affinent leurs outils, leurs méthodes, leur savoir faire, leur communauté, leur engagement au fil des expé-riences professionnelles. La démo-cratisation des outils numériques et le développement de pratiques de Byod pourraient laisser croire à un phénomène d’individualisation et d’indépendance vis à vis des organi-sations. Or il pourrait s’agir – aussi et surtout – d’un rapport au travail mu par la recherche d’épanouissement personnel et d’un apprentissage permanent par les pairs comme le montrent les pratiques de multi-tasking, ou des slashers, ceux qui cumulent plusieurs emplois.

> Notons que ces postures, d’une

grande proximité avec la philoso-phie des Hackers (“Changer sa vie plutôt que de changer la vie” ; “Get paid, get fit, make something cool“) sont le fait de populations instruites, cultivées. Ce qui rejoint les thèses du capitalisme cognitif sur le “travail vivant”, et le travail comme “produc-tion de soi” qu’évoquait André Gorz dans L’immatériel.

> Les organisations, les entreprises sont parfois déstabilisées par ces nouvelles tendances, tentant d’y résister, plutôt que d’en tirer parti. Pour les individus en revanche, l’enjeu est de réussir à construire la cohérence de leur itinéraire profes-sionnel et le sécuriser.

> L’émergence de pratiques colla-boratives spontanées à la base de nouveaux collectifs de travail : les individus se forgent au fil des expé-riences des réseaux personnels, à partir des communautés d’intérêts auxquelles ils appartiennent, de relations personnelles et profes-sionnelles. Mélangeant liens forts et liens faibles “activables à tout moment”, ces réseaux s’émancipent des frontières des organisations. Les interactions dans l’entreprise ne se limitent plus aux collègues de bureau.

> Sur les réseaux, de nouvelles col-laborations productives émergent autour d’abord de biens informa-tionnels ou dans le cadre d’évé-nements collaboratifs (hackathon, barcamp, start up week end...), mais aussi pour la production de biens tangibles, comme le montre le projet Wikspeed (l’ingénieur américain Joe Justice ayant réussi à monter des équipes “instantanées” partout dans le monde pour une production collaborative de véhicule moins cher, plus durable, en open source).

> Ces dynamiques se caractérisent par une forte dimension identitaire, par l’affirmation de l’appartenance à une communauté, par le primat de la finalité du projet, et des valeurs qu’il sous tend. De nouveaux modes de management y sont expérimen-tés. Mais ces dynamiques ont aussi du mal à dépasser la durée de vie

1. Ce que le numérique fait au travail et réciproquement articles

des projets. Cela interroge le format que devraient prendre les organi-sations : leur niveau de souplesse comme de durabilité et de stabilité.

> Les nouvelles formes de mesure de l’activité et ses rétributions : la production de valeur ne se limite plus à la production des entreprises (mesure du PIB), et les activités pro-ductives ne se limitent pas au travail. Aux capacités des salariés, des fournisseurs, ou de l’outil de produc-tion, viennent s’ajouter celles des clients utilisateurs pouvant devenir des contributeurs actifs, comme le montre, à l’extrême, l’exemple de cette entreprise canadienne Sensorica (citée par Lionel Maurel). Grâce à une traçabilité des contri-butions et une évaluation par les pairs, cette entreprise a fait de la collaboration le cœur de son activité.

> Le numérique change la donne en ce qu’il permet de mesurer, compter, tracer un très grand nombre d’acti-vités, et donc aussi, de donner de la visibilité aux externalités positives, au mode de contributions multiples. Cela devrait sans doute modifier à l’avenir les formes de mesure et rétri-bution de l’activité productive. On le voit déjà à travers les revendications autour du travail gratuit, autour de nouvelles fiscalités sur la réutilisa-tion des données personnelles, les monnaies complémentaires, comme moyen de rétribution des individus (valoriser les compétences ou inciter aux pratiques durables, à l’exemple du projet Tinkuy), ou de transactions entre les entreprises comme com-mencent à le proposer certaines monnaies complémentaires (vidéo). Cela questionne aussi l’entreprise comme cadre organisant et rému-nérant l’activité inventive.

La Fing ouvre, avec une diversité de par-tenaires, une réflexion collective sur les évolutions du travail et de l’entreprise à l’ère du numérique. S’étendant sur toute l’année 2013, cette réflexion s’attachera à explorer les ruptures possibles. Les partenaires se laissent le droit “d’ima-giner”, de concevoir des modèles nou-veaux, libres, hors normes, afin de sti-muler l’intelligence collective, et donner envie aux acteurs de faire bouger les

lignes.

Suivez la réflexion au fil de l’eau et par-ticipez à l’alimenter sur le réseau social de la Fing.

articles 1. Ce que le numérique fait au travail et réciproquement

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internet forme sans aucun doute l’inno-vation la plus importante de la fin du xxe siècle. Aujourd’hui, plus de 2,5 mil-liards d’êtres humains y sont connectés. demain, internet nous reliera également à des dizaines de milliards d’objets, de capteurs, de robots, qui dialogueront entre eux et prendront progressivement en charge des pans entiers de la gestion de notre vie quotidienne.

La dynamique d’internet influence l’ensemble de notre économie, offrant de réelles opportunités de croissance mais obligeant des secteurs entiers à s’adapter.

Plus largement, internet bouleverse les organisations, les modes de produc-tion, le travail, le rapport au savoir et à la connaissance, l’expression démocra-tique, les liens sociaux et le rôle de la puissance publique.Nous ne sommes qu’à l’aube des transformations numé-riques de nos sociétés.

à partir d’une analyse rétrospective d’internet, cette étude a cherché à déga-ger les tendances que crée une histoire forte désormais de plus de vingt ans, sans négliger les ruptures que suscite une croissance jusqu’à présent quasi exponentielle.

extrait du chapitre 1.4. traVail et actiVité : Vers un brOuillage des frOntières

« Les transformations de la «vie numé-rique» se combinent avec celles, nom-breuses, de la vie au travail. Il serait abusif de surestimer la causalité numé-rique, qui n’est pas toujours détermi-nante parmi de nombreux autres fac-teurs. Les modalités actuelles et futures du travail, comme les transformations des organisations, influeront sur les usages de l’internet par les bouleverse-ments des tâches, de la localisation, des liens aux organisations, que choisissent ou subissent les individus au travail. Réciproquement, les possibilités numé-riques amplifient un ensemble de ten-sions entre les normes qu’elles imposent et les capacités qu’elles distribuent.

Les dispositifs numériques et leurs usages mettent en visibilité le brouillage des frontières entre vie privée, vie sociale et vie professionnelle. L’exercice d’un

travail aujourd’hui est la condition ma-jeure d’appartenance sociale : c’est un facteur essentiel d’identité, de lien social, d’accès aux droits et à la protection. La démocratisation des technologies numériques a permis l’individualisation des équipements, des usages, et ce de manière concomitante à un processus d’individualisation des objectifs profes-sionnels, des trajectoires. Cette indivi-dualisation est notamment caractérisée par l’injonction croissante à l’autonomie au travail, faite aux individus. Celle-ci s’accompagne de pressions accrues : abstraction et complexité, productivité, et contrôle, dépendance informatique...

1. Un travail de plus en plus abstrait, complexe et individualisé. L’usage des TIC contribue à changer la nature du tra-vail et des compétences mises en œuvre pour l’exercer : la part d’abstraction (ne serait-ce que lecture, écriture) devient de plus en plus grande. «Le commer-cial ne voit plus le client, le vendeur ne voit plus le stock, l’opérateur ne touche plus la vanne... Il ne s’agit plus d’agir di-rectement mais de recueillir, traiter et transformer des volumes d’information toujours plus importants» (Benedetto-Meyer M., Klein T., in CAS 2012).

La surcharge informationnelle, due au traitement d’un nombre croissant d’in-formations morcelées, désordonnées, crée un stress qui se cumule à des pro-blèmes de dispersion de l’attention au travail (Datchary, 2004). Produire un travail de qualité nécessite de savoir/pouvoir se déconnecter.

Les TIC joueraient aussi sur la complexi-fication et l’individualisation des tâches, les individus étant invités à organiser leur propre travail, à travailler en «mode projet» et sur plusieurs projets simulta-nés, à collaborer et être disponibles pour leurs clients et partenaires extérieurs. En définitive, de l’individualisation des tâches à l’individualisation des trajec-toires, le pas est franchi.

La part croissante d’immatériel dans le travail, et la dématérialisation d’un nombre croissant d’activités font coexis-ter au quotidien le travail et les centres d’intérêts personnels des individus, voire à créer des ponts entre eux. Pour autant tout le monde accède à un travail choisi

2. La dy-namique d’internet. Prospective 2030

telecOm paris & fing

ChaPitre travail & entrePrises, etude ProsPeCtive, CoMMissariat général à la stratégie et à la ProsPeCtive, Paru en Mai 2013 sur www.strategie.gouv.fr

2. La dynamique d’internet. Prospective 2030 articles

et épanouissant, réunissant les deux polarités. Mais cette proximité engendre un niveau d’exigence plus élevé ou des frustrations plus grandes, participant au divorce entre les entreprises et leurs salariés.

Enfin rappelons que les systèmes in-formatiques génèrent aussi un certain nombre d’emplois aux activités pres-crites, basiques, peu abstraites. Les nou-veaux ouvriers de l’informatique.

2. Intensification du travail et accroisse-ment de la productivité individuelle. Le travail est sous pression : de la recherche de productivité, de l’intensification du rythme, de la complexification des tâches, d’un univers marchand hyper-concurrentiel et interdépendant, d’une exigence d’hyperréactivité aux clients. Dans ce contexte, les TIC jouent un rôle d’équipement «des normes de producti-vité, des visées managériales, de la mise en concurrence et du volume de l’acti-vité» et d’enrichissement de «la panoplie des outils de contrôle» (Chevallet et al., 2012). Néanmoins, l’intensification du travail (les indicateurs d’intensification sont la nécessité de travailler dans des délais serrés, à des rythmes rapides, sous des pressions externes ou en res-pectant des normes rigides) , observée durant les années 1990, semble s’être ralentie dans la deuxième moitié des années 2000 (Eurofound, 2011). Pour 67 % des travailleurs européens, le rythme du travail dépend en premier lieu des demandes des clients, des usagers, des patients. Or la communication par les TIC participe à créer une culture de l’immé-diateté (se sentir obligé de répondre à un email dès réception). «L’ubiquité» permise par la portabilité des équipe-ments participe à cette intensification et à l’accroissement de la producti-vité individuelle « grâce à la réduction des exigences spatiales et temporelles dans la réalisation du travail, l’accrois-sement de la flexibilité, la diminution des coûts de coordination, l’amélioration de la communication et de l’échange de connaissances, (...) l’immédiateté de l’accès à l’information, la hausse de la performance dans la prise de décision, l’accroissement de la réactivité face aux clients» (Besseyre des Horts, 2006).

3. Un contrôle accru mais inégalement réparti. Les TIC renforcent les mesures de contrôle du travail, et ce de plusieurs manières (Chevallet et al., 2012) : la prescription visant à encadrer par des normes et des procédures de qualité le travail, le contrôle direct via la sur-veillance, la traçabilité, ou la remontée en temps réel des résultats, ou enfin le contrôle exercé par les pairs ou les clients. «Les TIC offrent ainsi des mo-dalités de contrôle inédites et perfor-mantes qui s’ajoutent ou se substituent à celles qui existent déjà». La fréquence du contrôle dans les entreprises utilisant les TIC semble s’intensifier (Greenan et al., 2012), sauf pour les utilisateurs de TIC avancés, qui «apparaissent comme un salariat de confiance». Le travail nomade équipé en TIC apparaît aussi moins contrôlé et plus autonome que les autres (Coutrot, 2004). Tandis que d’autres catégories de métiers ou d’en-treprises (voice-picking, téléopérateurs) versent dans l’excès inverse, engendrant baisse de l’engagement au travail et risques psycho-sociaux.

Par la traçabilité et la mesure de soi qu’elles rendent possibles, les TIC par-ticipent aussi à des mécanismes de contrôle de l’individu sur lui-même : elles amplifient un phénomène de rétroac-tion: auto-évaluation, autorégulation, sentiment de responsabilité accru.

4. Panne, incident, dysfonctionnement informatiques. Les individus sont de plus en plus dépendants du bon fonc-tionnement des équipements informa-tiques et du système d’information des entreprises. Selon l’enquête COI 2006, la moitié des salariés déclare un rythme de travail perturbé par des pannes et incidents informatiques. Ce qui est de l’ordre de la perturbation pour les sala-riés d’entreprises peut se révéler une véritable paralysie pour les travailleurs à domicile, indépendants ou télétravail-leurs, ne pouvant compter que sur eux.

Si la tendance à l’individualisation se confirme, c’est parce que les cadres établis du travail sont, pour beaucoup, en voie d’éclatement : le lieu, le temps, la hiérarchie, jusqu’aux frontières même de l’activité «travail».

> lire la suite en consultant l’étude

articles 2. La dynamique d’internet. Prospective 2030

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cOmment l’infOrmatisatiOn a-t-elle mOdifié l’OrganisatiOn des entreprises ?

L’informatisation et surtout la portabi-lité des équipements ont pulvérisé l’en-treprise physique. Ces vingt dernières années, on a assisté à une disparition presque totale de l’immobilier d’entre-prise dans le secteur des services. Le mouvement gagne aujourd’hui de ma-nière significative les structures indus-trielles, qui démultiplient les espaces locaux de fabrication, afin de diminuer les coûts de transport et revivifier l’éco-nomie locale durable.

Les entreprises n’ont quasiment plus de siège social. Les actifs immatériels sont dans le “cloud”. Les réseaux sociaux d’entreprise sont devenus le socle de référence et d’appartenance à une en-treprise : l’espace où se déroule tous les échanges, où circulent toutes les infor-mations. Mais dans les années 10, c’était rare : les pionniers de l’internet ont expé-rimenté et montré le chemin. C’est une transformation complète des RH que l’on vit aujourd’hui. Il faut apprendre à manier les données, les traces d’usages laissés sur les réseaux sociaux d’entre-prises avec justesse, car elles ne disent pas tout de l’individu au travail et du travail « réel ». Google, avec son People Analytics en a fait les frais en son temps. L’entreprise ne s’en est jamais remise.

cette “immatérialisatiOn” des rh s’est installée sans prOVOquer de chOc sOcial, étOnnement…

C’est vrai ! Sans doute le doit-on à la gé-néralisation progressive des processus de décisions collectifs au sein des entre-prises, qui est l’un des effets collatéraux majeurs de la révolution numérique. Puisque l’entreprise n’a plus de lieux et que le travail est devenu en grande partie immatériel, les employeurs ont du redoubler d’ingéniosité pour fidéli-ser leurs salariés. L’employé choisit la structure où il souhaite travailler selon la palette des services proposés (infras-tructures, loisirs, services santé, services famille…) ainsi que les valeurs promues. De son côté, l’entreprise choisit ses em-ployés dont elle connaît au travers des réseaux tous les aspects de la vie. Le travail devient en quelque sorte un lieu

de rencontre entre des intérêts et des convictions partagées. Rien ne peut dès lors fonctionner qui ne soit conçu, décidé, validé, évalué de manière commune.

d’Où… le grand débat public Ou-Vert en eurOpe sur les prOblé-matiques de rémunératiOn ?

Oui, mais sur ce sujet, la pression est aussi venue de l’extérieur, ou disons d’une fusion des rôles entre les employés-clients-consommateurs-usagers, deve-nus chacun des contributeurs majeurs des écosystèmes de production. Il aura fallu moins de trente ans à l’économie collaborative pour faire éclater la chaîne de valeur, avec un cœur de l’entreprise qui s’est atrophié et un maillage de sous-traitance formelle ou informelle qui s’est à l’inverse considérablement étendu. La grande vague de revendications sociales autour de nouveaux modèles de rému-nération qui a traversé l’Europe en 2050 témoigne d’une prise de conscience aigue des enjeux de la part des citoyens : la masse de données, de contenus, d’in-formations, d’évaluations, de co-produc-tion, de services qu’ils injectent dans les réseaux constitue une formidable ma-tière première pour des entreprises qui les exploitent massivement sans contre-partie financière.

La récente instauration d’un revenu mi-nimum d’existence, alimenté par la taxe sur les droits de réutilisation des don-nées individuelles, constitue la première pierre d’une refonte radicale de la rétri-bution du travail.

3. Interview fictive - Prospective sur le travail en 2053

anact

Publiée dans la revue travail & ChangeMent, n°32, de l’anaCt, Paru en Mai 2013 sur www.anact.fr

3. Interview fictive - Prospective sur le travail en 2053 articles articles 3. Interview fictive - Prospective sur le travail en 2053

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1. des places tahrir dans les entreprises

> 2013 > SudLeaks hacke les conseils d’administrations.

> 2014 > Le management de la multi-nationale Axum tombe suite à une révolte des salariés. Ses concur-rents en profitent, avant de subir la même chose.

> 2015 > « Grenelle » mondial des entreprises. Un fragile accord est trouvé pour réduire le pouvoir des actionnaires.

> 2020 > Le multi-entreprenariat s’est largement répandu, et devient un moteur essentiel de la croissance.

A peine sorties de la tourmente écono-mique des années 2008-2012, les en-treprises font face à une nouvelle crise – interne, cette fois.

Les salariés ont payé un lourd tribut à la crise : dégraissages, salaires bloqués, retour d’un management autoritaire, ty-rannie de l’urgence et focalisation sur le court terme. Le sens de leur métier leur échappe. Ils ont souvent le sentiment de mal servir leurs clients. Équipés de tous les outils électroniques possibles, ils se sentent invités à s’impliquer toujours plus, avec toujours moins d’autonomie pour le faire.

Et ils s’en parlent. Ils font fuiter l’informa-tion interne quand elle les choque. Dans les forums de discussion, ils publient, ils dénoncent. Leurs cibles : le management qui ne prend pas sa part des sacrifices, et le pouvoir anonyme des actionnaires, qui absorbent en dividendes l’essentiel de leurs efforts tout en paraissant se moquer de leur culture d’entreprise. Les secrets deviennent publics, le manage-ment perd son emprise.

Par l’intermédiaire des réseaux sociaux, la révolte devient révolution. Au terme d’une série d’opérations « coup de poing », les salariés d’une première entreprise renversent leur équipe de direction. Ceux d’une autre obtiennent des action-naires majoritaires un pacte dans lequel ils s’engagent à contribuer au dévelop-pement de long terme de l’entreprise. Chaque succès étend la contagion.

A partir de 2014, malgré un chômage

élevé, de nombreux salariés quittent leur entreprise, forts des réseaux informels qu’ils ont tissés auprès de clients et de partenaires. Ils organisent leur activité en réseaux, auprès de plusieurs clients et employeurs. Plusieurs dispositifs les y aident comme le « wiki des compétences » ou des plates-formes de collaboration. Un nouveau contrat de travail se répand rapidement : le multi-entreprenariat. Il devient de plus en plus difficile pour les entreprises d’attirer et de fidéliser des salariés à plein temps.

2. génératiOns « chacun pOur sOi »

> 2012 > Les 18-25 ans quittent massi-vement Facebook et reconstruisent leurs liens ailleurs, sur des espaces fragmentés mais dédiés.

> 2014 > Le mouvement « Design for me », qui appelait à différencier les interfaces pour rendre possible les mêmes usages entre généra-tions, produit l’effet inverse. L’outil a induit des usages spécifiques qui deviennent de véritables marqueurs identitaires générationnels.

> 2017 > Les entreprises réorganisent leurs espaces et leur management, leurs critères d’évaluation sont pondérés en fonction de l’âge et de la génération.

Début 2014, la tour que livre Jean Nouvel à la multinationale Babel, à La Défense, propose une organisation inédite : chaque bloc de 4 étages est alloué à une génération, selon sa date de naissance : « 1949-1959 » en haut, puis « 1969-1979 », puis « 1989 et plus », et ainsi de suite. Chaque bloc est organisé et équipé d’une manière spécifique. Entre chaque bloc, un étage « intergénérationnel », celui où l’on trouve les salles de réunion, les espaces de détente, la cafétéria…

Babel et Jean Nouvel ont pris ce parti à contrecœur, mais instruits par l’expérience. Il faut se rendre à l’évi-dence : chaque génération a désor-mais ses propres cultures, technolo-gies, méthodes, esthétique, services, communautés…

De la consommation aux sociabilités quotidiennes, même en famille, en pas-

4. Scénarios - Questions Numériques

la fing

sCénarios de ruPture tirés des Cahiers d’enjeux Questions nuMériQues 2011 - 2012 www.fing.org

4. Scénarios - Questions Numériques articles articles 4. Scénarios - Questions Numériques

sant par les manières d’apprendre et de travailler, il n’existe presque plus aucune référence commune.

Sur le marché du travail, le « CV PDF » des vieux côtoie la qualité des recommanda-tions en ligne par des pairs et l’obfusca-tion de certaines informations plus gê-nantes. à la maison, si certains moments communs tels que les repas demeurent, la plupart volent en éclat devant les pra-tiques individuelles, les outils de synchro-nisation se trouvant priés d’organiser la continuité.

Dans l’entreprise, on répartit aussi les responsabilités par génération : celles qui nécessitent d’être multitâches, celles qui ont besoin d’une énergie concentrée autour d’un projet, celles qui nécessitent de penser à long terme…

C’est la société toute entière qui fonc-tionne à plusieurs vitesses. Même les grands réseaux sociaux en ligne se frag-mentent, la « portabilité » des données facilitant toutefois l’interaction entre les uns et les autres.

En revanche, c’est dans l’échange entre les générations que l’on va chercher les idées neuves, ou encore, les valeurs les plus essentielles. En admettant la scis-sion des générations, aurait-on finale-ment enrichi leur interaction ?

3. la tente quechua du traVailleur

> 2012 > à cause de la pression foncière, la distance moyenne domi-cile-travail autour des aggloméra-tions françaises franchit le seuil des 50 km.

> 2014 > Les transports impossibles, le litre d’essence à 3 euros, la pénurie d’argent public éloignent toute perspective de désengorgement du RER et des TER , dont les tarifs augmentent.

> 2015 > Prenant acte de l’explosion des situations de travail nomade, le droit du travail européen supprime la référence au « lieu de travail ».

Avril 2012 : l’esplanade de la Défense se réveille avec, au pied des princi-pales tours de bureaux, une dizaine de

tentes, dont les habitants ne sont autres que des employés de ces bureaux. En quelques semaines, cette pratique fait boule de neige. Les pouvoirs publics, qui ont d’abord choisi d’ignorer le phé-nomène pour ne pas lui donner trop d’importance, convoquent les principaux employeurs concernés pour leur deman-der d’intervenir auprès de leurs salariés. Embarras.

Confrontés à l’engorgement durable du RER, au renchérissement du carburant, à la rigueur salariale et à la pression foncière qui les a inexorablement éloi-gnés, les employés expliquent n’avoir pas d’autre choix que de se rappro-cher radicalement de leur lieu de travail. Moins coûteuse, cette solution est aussi beaucoup moins fatigante pour eux (plus de 2h30 gagnées par jour) et bien pra-tique pour le management. D’autant que, malgré les grands discours, le télétravail continue de se heurter à la résistance de la majorité des employeurs comme des employés.

Deux profils de travailleurs émergent.

Les « travailhabitants » des villes choi-sissent, au moins quelques jours par semaine, des solutions précaires de lo-gement à proximité immédiate de leur travail, poussant Quechua à augmenter sa gamme avec des yourtes du plus bel effet, et ouvrant un nouveau marché au camping car. Les solutions trouvées, sau-vages dans un premier temps, sont peu à peu négociées avec les employeurs qui consentent à l’amélioration des douches et vestiaires de leurs bureaux. Les aménageurs installent prises élec-triques, Wi-Fi et vidéosurveillance dans les espaces occupés par les tentes. Les travailhabitants utilisent également les réseaux télécoms des entreprises pour leurs usages privés, contraignant les res-ponsables informatiques à une violente régulation des accès.

De leur côté, les « habitravailleurs » des champs parviennent, la plupart du temps, à ne pas se déplacer pour tra-vailler, se détachant peu à peu du corps social de l’entreprise. Sur leur CV, ils in-diquent désormais qu’ils disposent d’un équipement professionnel connecté à domicile (ils en précisent le débit, la qua-lité, la sécurité). Loin de se limiter aux cols blancs, cette situation concerne de

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plus en plus d’employés et même d’ou-vriers. Les uns et les autres ont essayé toutes sortes de transports intelligents, collectifs, mutualisés. Ils y ont renoncé, les jugeant trop contraignantes.

4. cdi c’est fini ?

le contrat de travail à durée indéter-minée et à plein temps n’a plus la cote. face aux variations de plus en plus ra-pides des marchés, les entreprises en réduisent la proportion de toutes les manières possibles : cdd, intérim, exter-nalisation, automatisation… mais beau-coup de salariés, en particulier les plus jeunes et les plus qualifiés, préfèrent également d’autres formules. les uns multiplient les emplois à temps partiel, voire les petits boulots, pour augmenter leurs revenus et réduire leur risque en cas de licenciement.

les autres choisissent d’organiser leur temps de manière à saisir toutes les opportunités, à concilier leurs diffé-rents centres d’intérêt. La pluriactivité se développe dans toutes les caté-gories sociales, depuis les «travailleurs pauvres» contraints de cumuler plu-sieurs jobs, jusqu’aux cadres qui déve-loppent des activités complémentaires en auto-entrepreneurs.

un nombre croissant de salariés bas-cule vers un statut libéral ou recourt au portage salarial, tout en travaillant au sein de petits collectifs d’indépendants. Ils cumulent contrats de travail, missions d’intérim, commandes, projets entrepre-neuriaux, formation, activités bénévoles… Leur temps de travail rémunéré varie en fonction des missions, mais aussi de leurs autres engagements, de leur forme phy-sique, des différents moments de leur vie. De leur côté, les entreprises se réor-ganisent autour de noyaux restreints de salariés stables, aux côtés desquels des collaborateurs viennent prendre place pour des missions spécifiques. Leurs bureaux se vident, sauf lors de périodes de surchauffe. Certaines entreprises ré-duisent leurs surfaces, d’autres les par-tagent et les rendent accessible aux tra-vailleurs flexibles, même si ceux-ci n’ont aucun lien avec l’entreprise.

chaque individu devient responsable de développer et de valoriser son «em-

ployabilité». Les réseaux sociaux jouent un rôle central. C’est par eux que l’on se fait connaître et que l’on trouve de quoi s’employer ; que l’on travaille au sein d’équipes projets, que l’on se forme réciproquement, que l’on s’échange des accréditations qui certifient nos compé-tences ; que l’on articule ses différentes activités et les cercles de relations qui vont avec…

si cette tendance convient bien aux «travailleurs du savoir» et à certains travailleurs manuels très qualifiés, son extension aux jeunes qui n’ont pas encore de réseaux, ainsi qu’aux travail-leurs plus âgés et moins qualifiés, pose en revanche des problèmes majeurs. Il faut inventer un nouveau filet de sécu-rité. L’»allocation universelle», versée à chacun sans condition, devient d’actua-lité en Europe. En attendant, la tension monte entre travailleurs «stables», qui rêvent de la liberté des autres et payent leur sécurité d’horaires contraignants et de salaires peu attractifs, et les «flexibles» qui s’inquiètent du lendemain et, plus encore, de leur retraite.

4. Scénarios - Questions Numériques articles articles 4. Scénarios - Questions Numériques

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the future Of WOrk

MIT Technoloy Review

#futur #rObOt #traVail

Il y a un an, la revue du MIT sortait un numéro spécial sur le futur du travail. Au sommaire : «La créativité peut-elle être automatisée?», «La nouvelle vague des robots d’usine», «Automatiser ou périr», «Les travail-leurs humains, managés par un algo-rithme», ... A lire ou relire.

métamOrphOse numérique (la) - Vers une sOciété de la cOnnaissance et de la cOOpératiOn

www.editionsalternatives.com

#futur #technOlOgie

Le monde connaît aujourd’hui un dé-veloppement sans précédent du fait des technologies de l’information et de la communication. Le numérique (Internet, réseaux, informatique, etc.) se déploie à grande vitesse et cer-tains de nos usages ne peuvent plus se concevoir sans lui. Ce livre n’est pas un livre sur la technologie mais sur l’homme. Il rompt en cela avec les approches centrées sur les tech-niques et propose une vision inspi-rante du futur numérique que nous sommes en train d’inventer.

12 technOlOgies qui VOnt changer le mOnde (et tuer des emplOis)

Rue89

#futur #technOlOgie

Un rapport de McKinsey liste des innovations qui auraient un impact économique colossal. Mais que faire

des emplois devenus obsolètes ou non compétitifs ?

numérique et emplOi : la créa-tiOn créatrice ?

Manpowergroup

#emplOi #futur #rObOt

La robotique créerait 3,5 millions d’emplois dans le monde d’ici 2025... Plus loin que l’image des fermetures d’usines, symboles de la première phase du processus de destruction créatrice, peut-on regarder l’horizon d’une innovation technologique por-tant un nouvel élan de l’emploi ?

Veille Etat des lieux Veille

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2. l’indiVidu au traVail

articles

Veille

Fini le temps où l’individu était rattaché à une organisation pour le restant de sa vie. L’exigence de flexibilité imposée par le marché d’un côté, le développement de la robotisation et l’automatisation de l’autre, enfin la recherche de sens et du développement personnel ont conduit les individus, bon an mal an, à se forger leur propre « écosystème d’activités » : ils affinent eux-mêmes leurs outils de travail, leurs savoirs et leurs expertises, leurs réseaux. Ils articulent sans cesse des activités rémunérées et non-rémunérées, et se constituent par-là une « diaspora d’organisations » (publiques / privées / formelles / informelles) essentielle à leur trajectoire professionnelle, et constitutive de leur identité.

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D’où vient la défiance des chefs d’entre-prise, des managers vis-à-vis des jeunes générations ? Cette fantasmatique génération Y, - et ce sera pire avec la génération Z dit-on, marquerait-elle une nouvelle « chienlit » pour les entreprises? Le constat semble, en tout cas, celui d’une incompréhension, d’une difficulté à intégrer les jeunes générations, à les impliquer, à les faire adhérer à la culture de l’entreprise, à comprendre leur mode de fonctionnement.

Rappelons, en introduction, que la dé-fiance vis-à-vis de la jeunesse est une figure politique classique, le jeune étant porteur des bouillonnements et des transformations de demain, et donc d’une remise en cause de l’ordre établi.

Rappelons aussi qu’aujourd’hui dans un marché de l’emploi atrophié, avec un nombre d’activités rémunérées qui ne couvre pas la population active, les jeunes d’un côté mais les moins jeunes aussi de l’autre, sont laissés de côté. C’est quand même une des explications de ce parcours extrêmement long d’in-tégration et de sécurisation des trajec-toires (7 ans en moyenne).

Mais dans le champ du travail, ce clivage générationnel vient se greffer en plus sur la nouvelle donne technologique.

Il est vrai que le monde du travail est en pleine transformation sous l’influence des technologies (ce qui est encore relativement peu pris en compte). Les technologies numériques sont désor-mais partout, elles ont intégré toute la chaîne de valeur des organisations : l’ou-til de production, l’administration, com-munication, le commerce, la finance, le marketing.

> L’informatisation a modifié le contenu même du travail : toujours plus dématérialisé ou médié par des interfaces, et donc nécessitant plus

de réflexivité.

> Elles font éclater le cadre spatio-temporel de l’entreprise : on peut travailler en dehors, en mobilité.

> Elles transforment considérable-ment les marchés financiers (algo-rithmes prévisionnels, les données prédictives, High-Frequency Trading).

> Elles modifient les modes de recru-tement et même la gestion des res-sources humaines qui s’appuient de plus en plus sur l’analyse des données et des traces d’usages laissées par les individus sur les ordinateurs et les réseaux internes («People Analytics» de Google)

> L’ubiquité des outils et des réseaux brouillent les frontières entre vie professionnelle et vie privée : le travail déborde sur la sphère privée, mais la vie personnelle se gère aussi du bureau.

> La figure des salariés - clients - contributeurs - consommateurs se confondent : c’est l’économie collaborative.

> L’impact des technologies sur le travail c’est aussi l’automatisation, la robotisation, l’augmentation de la productivité d’un côté, la diminu-tion d’un certain nombre d’emplois de l’autre. L’économie numérique crée de la croissance mais avec peu d’emploi.

> Enfin le numérique est à la fois moyen de production, moyen de mesure de la valeur et supports de nouvelles formes de rétribution.

Bref, tout se transforme. Mais aussi nombreuses et profondes soient-elles, ces transformations touchent toutes les générations, pas seulement les jeunes.

1. Numérique : la génération Y, nouvelle chienlit ?

amandine brugière

Paru le 11juin 2013 sur www.metiseurope.eu

articles

Et normalement, leur prétendue agilité d’usages, leurs « usages natifs » devraient être un atout, devraient faire d’eux une ressource rare, une valeur recherchée, ce qui n’est pas le cas. Cette appellation de Digital Natives est pleine d’ambigüité

Quand on compare les statistiques du taux d’équipement des 20/30 ans et des plus de 70 ans (qui n’ont pas connu l’informatisation au travail), le décalage est important en effet. Mais si on prend en compte la génération des baby-boo-mers, les écarts se resserrent en termes d’équipement

> téléphonie mobile 98% des 18-39 ans, contre 85% des plus de 60 ans

> Ordinateurs au domicile : 94% des 18-39, contre 70% des plus de 60 ans

comme en termes d’usages :

> les jeunes et les baby-boomers ont un panel d’usages identiques : mail, chat, navigation, e-administration, e-commerce, réseaux sociaux, etc. Certains usages sont plus teintés générationnellement (le chat, le SMS, le téléchargement d’un côté / le-administration de l’autre),

> envoi de SMS : 98% pour les 18-24 ans, 87% pour les 25-39, 37% pour les plus de 60 ans

ce qui correspond - grosso modo - aux situations de vie des personnes, et à leurs centres d’intérêts.

Cette appellation «digital natives» met surtout en évidence le fait que les jeunes n’ont pas d’autres référents d’usages. Mais cette position leur confère juste-ment un peu moins de réflexivité sur leurs pratiques, que ceux qui ont du s’adapter, ce qui devrait constituer un avantage.

Qu’est-ce qui clive alors les générations au travail? Si ce n’est pas tout à fait - ou de manière pas si évidente - l’usage technique des outils, c’est peut-être tout simplement un certain rapport au tra-vail, qui diffère, par les idéologies sous-jacentes sur lesquelles il prend appui. Car la technologie n’est pas neutre, elle n’est pas dépourvue d’idéologie.

Dans son passionnant ouvrage Aux

sources de l’utopie numérique, l’es-sayiste américain Fred Turner décrypte l’influence de la contre-culture améri-caine des années 70 sur la cyberculture, la culture des réseaux. C’est sur la Côte Ouest des Etats-Unis, que la greffe du numérique a prise, sous l’influence des communautés hippies. Celles-ci ont placé l’individu au cœur de leur projet d’émancipation : plutôt que de prendre appui sur le pouvoir, il s’agissait de se réinventer soi-même - pour changer le monde.

Cette philosophie libertaire à l’origine des réseaux internet s’est conjuguée ensuite à des courants plus libéraux.

Une hypothèse que je vous propose aujourd’hui, est de considérer que cette « philosophie Hackers », pour le dire de manière un peu rapide, porte des va-leurs aujourd’hui dominantes chez les jeunes.

On pourrait la caractériser par les élé-ments suivants :

> s’inscrire dans un projet qui ait du sens,

> se faire plaisir,

> se sentir appartenir à une communauté,

> affirmer son individualité,

> continuer à apprendre et se former.

Récemment une revue en ligne sur l’em-ploi résumait cette philosophie Hackers de la manière suivante « Get Paid, Get Fit and make something cool ! » : qui est une version un peu plus libérale. La recherche du sens et du plaisir, du développement personnel a pris le dessus.

Aujourd’hui les outils numériques parti-cipent à mettre l’ensemble des activités que l’on mène sur un même plan : on gère à partir d’un même support, dans un même espace temps l’ensemble de ses activités. On ne gère plus un emploi, mais toute sa vie active : car chaque élé-ment - loisirs, familles, engagement as-sociatif, militant - comptent : constituant des expériences, des réseaux, des pas-serelles, des apprentissages nouveaux - potentiellement des compétences, une employabilité. Cela participe à mettre en tension ce qui a du sens, et de ce qui n’en a pas, dans notre quotidien, et cela, dans un contexte d’instabilité de l’emploi, de

1. Numérique : la génération Y, nouvelle chienlit ?articles

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précarité financière, etc.

On peut pousser certaines de ces ten-dances à leur paroxysme pour voir ce qu’elle donnerait (ce qu’on fait à la FING, dans le cadre de nos travaux Digiwork)

> «Turn over subi des entreprises»

> «Tous intermittents : un travail si je veux, quand je veux !»

> «Les réseaux interpersonnels d’ac-tivités» : comme le véritable point d’appartenance

> «La place Tahrir dans les entreprises» : ou la force des mobilisations virales

> «Des congés illimités» : la maîtrise de son temps

> «L’entreprise comme utopie sociale» : le choix des valeurs

Reconsidérer le rapport au travail, c’est prendre en compte le rapport à l’acti-vité. Ces aspirations à agencer/gérer différemment sa vie active que l’on identifie chez les jeunes - où l’activité prend le dessus sur le travail - ne sont pourtant pas tout à fait nouvelles : elles ressemblent beaucoup à celles des re-traités actifs / ces baby-boomers - qui conjuguent aisément poursuite d’une vie professionnelle - à un rythme choisi -, solidarités familiales, engagements associatifs, parfois politiques, dévelop-pement personnel, formation, apprentis-sage - certes, avec le revenu d’existence en plus.

Finalement, il y a peut-être beaucoup à prendre ou à apprendre de nos aînés.

1. Numérique : la génération Y, nouvelle chienlit ? articles articles 1. Numérique : la génération Y, nouvelle chienlit ?

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La mobilisation des auto-entrepreneurs pour la défense de leur statut a fait un peu parler d’elle du fait de l’utilisation amusante du terme ”poussin” (en réfé-rence à la récente ”révolte des Pigeons”) et du hastag #pioupiou. Elle fait en tout cas écho à de nombreux concepts iden-tifiés au cours des premiers mois de l’expédition Digiwork : individualisation du travail, nouveaux collectifs de travail, nouvelles formes de rémunération, ect.

Le statut d’auto-entrepreneur (décrié principalement par les artisans du bâti-ment qui y voit une concurrence dé-loyale), les compagnons du devoir ou l’indépendant sont des figures que nous explorons particulièrement dans l’expé-dition Digiwork pour toutes les repré-sentations qui les entourent : l’autono-mie (l’individu est son seul responsable, il n’y a, a priori, pas de lien de subordi-nation), la gestion libre de son temps (il choisit quand il travaille, que ce soit dans la journée, la semaine ou l’année), l’ap-prentissage continue (d’outils récents, de nouvelles compétences), la gestion de son employabilité, … tout en essayant de renverser les règles.

La fin du travail, annoncée par Jérémy Rifkin dans les années 90, devient de jour en jour une réalité : après les emplois des ouvriers, ce sont maintenant les emplois du secteur tertiaire qui sont menacés par l’automatisation et la robotisation. L’individu doit donc développer de nou-velles activités rémunératrices pour pouvoir continuer à vivre. A partir d’une compétence, d’un savoir-faire, il ima-gine son emploi, propose une activité, il capitalise des expériences, construit son environnement de travail, il se crée son réseau et va parfois dans des es-paces de coworking pour le développer et rencontrer physiquement d’autres personnes.

Les auto-entrepreneurs partagent un même statut, mais pas une même activi-té (commerce ou services, développeur web ou coach en développement per-sonnel, en passant par fabriquant de bijoux), et c’est en ça que le ”collectif des Poussins”, leader de la contestation, est un cas intéressant de formation d’un col-lectif en ligne d’individualités disparates, qui se sont fédérées autour d’une cause, à coup de pétition et de tweets. Nous

observons ainsi la création de nouveaux collectifs, émergeant spontanément, issus d’une communauté d’intérêt instal-lés ou non (il y a quelques années sortait par exemple le blog lafusionpourlesnuls.compour la mobilisation des employés de la fusion de l’ANPE et de l’Assedic dans Pôle Emploi).

Enfin, les auto-entrepreneurs encourent les mêmes risques : isolement, précarité, droits sociaux peu nombreux. La limita-tion des charges sociales octroyée aux auto-entrepreneurs pouvait ainsi être vue comme une compensation à la pré-carité : “Vous n’êtes pas salarié, vous avez une activité rémunératrice limitée, des droits sociaux encore plus limités, donc vous payez peu de charges”. Or l’abaissement du plafond de l’activité, équivalent à un smic par mois (pour les activités de services), revient à une léga-lisation de la précarité : “Vous n’êtes pas salarié, vous avez une activité rémunéra-trice encore plus réduite, des droits so-ciaux toujours très limités, mais débrouil-lez-vous avec ça”.

Notre propos dans l’expédition Digiwork n’est pas de faire l’apologie de l’auto-nomie et du libéralisme, en prônant que tout le monde doit être responsable de son employabilité. En imaginant le scé-nario “Tous intermittents”, dans lequel l’individu devenait le “gestionnaire auto-nome de son portefeuille d’activités” et où les entreprises étaient ”des “boîtes à projet” dans lesquelles les individus, por-teurs de leur savoir-faire, se retrouvent pour collaborer sur une mission”, nous mettions en avant la nécessité d’inven-ter de nouveaux modèles de solidarité pour pallier les risques de précarisation des itinéraires personnels. La question de la redistribution de la valeur et de la rémunération est centrale : car si le nu-mérique change la manière dont on pro-duit, il change aussi la manière dont on mesure la valeur. Il est même le support à de nouvelles formes de rétribution. Il faut prendre acte du fait que le travail, l’activité s’élaborent différemment, et nécessitent de nouvelles redéfinitions des solidarités.

Pour le moment, nous en sommes encore au début de notre réflexion, mais nous espérons pouvoir apporter des pistes d’action innovantes sur le sujet d’ici quelques semaines.

2. L’auto-entrepreneur, un travailleur de notre temps

aurialie jublin

Paru le 17juin 2013 sur www.fing.tumblr.com le blog de la fing

2. L’auto-entrepreneur, un travailleur de notre temps articles articles 2. L’auto-entrepreneur, un travailleur de notre temps

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Le numérique a changé l’activité pro-ductive et va continuer à la faire évoluer. Dans un monde de plus en plus informa-tisé, connecté, automatisé, robotisé, l’hu-main va devoir développer de nouvelles compétences, principalement dans les activités de services. Les 2 études re-prises ci-après (une française et une américaine) ont cherché à les décrire, sans s’attacher à des activités particu-lières ou aux possibles métiers du futur.

Dans l’étude du CAS et de la DGT sur “L’impact des technologies de l’infor-mation et de la communication sur les conditions de travail”, Yves Lasfargue décrit les 10 évolutions qui modifient les conditions de travail dans la société numérique (p. 87). Ainsi, le “travailleur” devra savoir gérer :

> les changements permanents (du matériel, des logiciels)

> la numérisation et l’abstraction (ainsi que la dématérialisation, les trois provoquant un sentiment de déshu-manisation des relations)

> les informations de plus en plus écrites (impliquant l’exclusion des illettrés)

> l’interactivité et l’instantanéité

> la surabondance des informations

> la logique contractuelle (obligation de suivre des procédures, d’at-teindre des objectifs)

> le temps et l’urgence

> l’espace et le travail à distance

> la vulnérabilité (des systèmes com-plexes fragilisés par les pannes, les attaques, …)

> la traçabilité et la transparence

Institute for the future a été un peu plus loin en décrivant les 10 compétences né-cessaires en 2020 (j’ai gardé les notions en anglais, car leur traduction n’est pas toujours aisée en français). Ces compé-tences sont les suivantes :

> sense-making : capacité à déter-miner le sens profond de ce qui est exprimé (différencier les homo-nymes, par ex)

> social intelligence : capacité à se connecter aux autres d’une façon profonde et directe, à comprendre

les réactions des autres et à stimuler des interactions

> novel & adaptative thinking : capacité à penser et à arriver à des solutions et des réponses au-delà de ce qui est appris par cœur ou basé sur des règles

> cross-cultural competency : capacité à travailler dans différents milieux culturels

> computational thinking : capacité à traduire une importante somme de données et d’informations dans des concepts abstraits et à com-prendre un raisonnement basé sur des données

> new-media literacy : capacité à évaluer et à développer du contenu qui utilise les nouvelles formes de média, et à s’appuyer sur ces médias pour une communication convaincante

> transdisciplinarity : capacité à com-prendre des concepts venant de diverses disciplines

> design mindset : capacité à repré-senter et développer des taches et des processus de travail pour les résultats voulus

> cognitive load management : capacité à filtrer l’information par importance, et à comprendre comment maximiser le fonctionne-ment cognitif en utilisant une variété d’outils et de techniques

> Virtual collaboration : capacité à travailler de façon productive, à mener une mission et à montrer sa présence comme un membre d’une équipe virtuelle.

Une grande partie de ces compétences sont des actions que les robots ne savent pas encore faire. Dans cet article de The Economist, intitulé “Robocolleague”, l’au-teur conclue en écrivant : “les entreprises peuvent trouver plus intéressant d’in-vestir dans des technologies qui amé-liorent la productivité des travailleurs na-tionaux moins qualifiés, en augmentant leurs salaires. Un jour, les robots intelli-gents pourront changer cette situation. mais tant que les humains conserveront l’avantage de la flexibilité cognitive, les entreprises continueront de tirer parti de travailleurs pleins de bonne volonté.”

3. Le “travailleur” de demain sera un mouton à dix pattes

aurialie jublin

Paru le 11 Mars 2013 sur www.fing.tumblr.com le blog de la fing

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Dans une soirée ou sur Twitter, on se présente souvent en disant où l’on tra-vaille et ce que l’on fait. : “Bonjour, je suis Machin, je suis responsable Bidule chez Truc et compagnie.” Lors du 1e atelier de l’expédition Digiwork, une personne avait fait la remarque suivante : “Comment on se présente si on n’est plus un “métier” ?” Les personnes sans emploi peuvent en effet ressentir une gêne. Et pourtant sans emploi ne veut pas dire sans acti-vité, cela veut seulement dire “sans acti-vité salarié”. Allez dire aux contributeurs de Wikipedia , aux hommes et femmes au foyer qui s’occupent de leurs enfants, ou aux cuisiniers-amateurs-blogueurs-à-leurs-heures, … qu’ils sont sans activité ou qu’ils ne contribuent pas à l’économie. Et puis, un métier, une fonction ne disent pas grand-chose de ce que l’on fait au quotidien.

Dans un article intitulé “La fin du travail tel qu’on le connaît”, Josh Bersin, un spécia-liste des questions RH, propose de rem-placer le mot “travail” (“job”) par “rôle” et “fonction” par “série de tâches et de spécialités”. Le mot “rôle” m’a fait spon-tanément penser à l’histoire de Jean-Paul Sartre sur le garçon de café, utilisée pour expliquer ses concepts d’”essence”, “existence” et de “mauvaise foi”. Selon Sartre, le garçon de café en fait des tonnes (“Il a le geste vif et appuyé, un peu trop précis, un peu trop rapide, il vient vers les consommateurs d’un pas un peu trop vif, il s’incline avec un peu trop d’empressement, sa voix, ses yeux expriment un intérêt un peu trop plein de sollicitude pour la commande du client”), car il joue à être un garçon de café, pour se persuader lui-même qu’il se confond avec sa fonction, qu’il est sa fonction. Sartre a pris l’exemple du garçon de café, mais il aurait très bien pu prendre un boucher, un publicitaire ou un mana-ger, chacun jouerait sa fonction.

Mais les slashers l’ont bien compris, ils cumulent les activités et multiplient les opportunités pour vivre plusieurs expé-riences en une même journée, appar-tenir à différents univers, s’épanouir dans un domaine qui les passionnent, développer des compétences, nourrir un profil original… Freddy Krueger, vendeur de glaces la journée et tueur psycho-

pathe d’enfants la nuit, ne dira sûrement pas le contraire !

Par contre, sur le problème séman-tique autour des mots “travail”, “activité”, “emploi”, “métier”, “fonction”, “rôle”, … je ne suis pas sûre qu’il soit d’une grande aide.

4. Et vous, vous faites quoi ?

aurialie jublin

Paru le 26 février 2013 sur www.fing.tumblr.com le blog de la fing

4. Et vous, vous faites quoi ? articles articles 4. Et vous, vous faites quoi ?

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the neW artisans Of the netWOrk era

Harold Jarche

#artisan (philOsOphie) #ecOsystème d’actiVité #indiVidu

Petit extrait d’un article d’Harold Jarche qui a fait la même analyse que Digiwork sur l’individu équipé, au-tonome et connecté, l’émergence de pratique collaboratives et de collec-tifs et les nouvelles formes de créa-tion de valeur : «Knowledge artisans are amplified versions of their pre-industrial counterparts. Augmented by technology, they rely on their networks and skills to solve complex problems and test new ideas. Small groups of highly productive knowle-dge artisans are capable of produ-cing goods and services that used to take much larger teams and re-sources. In addition to redefining how work is done, knowledge artisans are creating new organizational struc-tures and business models, such as virtual companies, crowd-sourced product development, and alterna-tive currencies.»

chez les « intellOs précaires », un traVail qui prend tOut le temps

L’humanité

#discOntinuité du parcOurs #temps

Confrontés à la discontinuité des emplois et des activités, subissant pour l’écrasante majorité d’entre eux l’inconfort de rémunérations à la fois faibles et aléatoires, des di-zaines de milliers de travailleurs dans les industries dites «créatives» sont contraints de rester disponibles en permanence.

«une idée, un bOulOt» : le gara-giste qui apprend à ses clients à réparer

franceinfo

#artisan #indiVidu #cOmpétence

Yann Raguenes, un jeune mécanicien automobile de 27 ans, a ouvert «Un garage et vous», à Les Sorinières, près de Nantes, où il met à la disposi-tion de ses clients, ses conseils et son matériel.

«cOmment être heureux au traVail en ViVant dans un es-prit de pauVreté?»

L’express

#sens #Valeur

La pauvreté est combattue comme une source de malheur, mais aussi présentée comme une voie de bon-heur lorsqu’elle touche l’esprit et non l’existence matérielle. Philippe Laurent s’interroge sur son sens au travail.

quand les rObOts remplace-rOnt les hOmmes

Economie Matin

#autOmatisatiOn #disparitiOn de l’emplOi #rObOt

Un court article de Jean-Michel Billaut, gourou de l’internet français, qui a le mérite d’extraire les principaux sujets de controverses du scénario de la robotisation massive de nos so-ciétés. L’esclave était le prototype du robot 0.0, le prolétaire sa version 1.0, et les robots biologistes constitue-ront la prochaine étape du robot 2.0. Les modèles d’innovation qui sup-portent la croissance, ainsi que la

répartition des richesses produites, devront évoluer pour offrir un avenir à la «troisième révolution industrielle».

Outils sOciaux sur l’espace de traVail

Microsoft

#espace de traVail #Outils sOciaux #serVice

Microsoft a mené une enquête dans 32 pays sur l’utilisation des «outils sociaux» dans l’entreprise. Malgré les restrictions de l’entreprise et les hésitations du management, les travailleurs veulent utiliser les outils sociaux sur leur lieu de travail, même si cela signifie dépenser leur propre argent. Après Bring Your Own Device (Apportez Votre Équipement per-sonnel, en français), voilà le Bring Your Own Service.

le traVail disparaît, interVen-tiOn de paul jOriOn

Ce soir ou Jamais

#autOmatisatiOn #cOmpensatiOn

Face à l’augmentation continue du chômage, il rappelle notamment la proposition du Suisse Jean de Sismondi (1773-1842) selon laquelle tout ouvrier remplacé par une ma-chine bénéficie d’une rente, indexée sur la richesse créée désormais par celle-ci.

after yOur jOb is gOne

TechCrunch

#disparitiOn du traVail

Illustrant son propos par de nom-

Veille L’individu au travailVeille

breux liens, l’auteur Jon Evans fait un historique de la disparition du travail, touchant tout d’abord les ouvriers du secteur secondaire puis les employés du secteur tertiaire, dans lequel les avocats, financiers et chirurgiens ne sont pas à l’abri. Il imagine ensuite un monde se divisant en deux caté-gories : une minorité décroissante de très riches - les travailleurs des tech-nologies, les barons de la finance, et ceux qui ont hérité leur fortune, pour la plupart - vivant dans une poignée de villes idylliques dégoulinant de ri-chesse, et/ou leur maison d’été est à proximité des plages, des lacs et des montagnes ... et la majorité qui gagne peu, avec des contrats de travail oc-casionnels et des petits boulots, trop pauvre pour même visiter les lieux où les riches vivent, travaillent et jouent.

matthieu Ou chrOnique de la disparitiOn du traVail

Metis

#cOntrainte #disparitiOn du traVail #indiVidu

Extrait : «Matthieu expérimente l’em-ploi en même temps que l’invisibilité de son travail. Le travail a disparu. Comme dans la publicité, les tâches qui lui sont demandées en ont la forme, la couleur mais n’en sont pas. Il en a les obligations, les allers retours quotidiens, les horaires, la subordina-tion, l’ambiance morose, mais il n’en a pas les opportunités. Il n’en rencontre pas les dimensions expressives que revendiquent même des salariés plus modestes des caisses de grande distribution. Il n’arrive pas à se sentir utile, il ne participe pas à un collectif, il n’est pas autonome et il ne voit rien d’intéressant dans ce qu’il a à faire.»

identité prOfessiOnnelle : un métier et beaucOup plus

Cursus

#actiVité #emplOi #identité #indiVidu

« Que faites-vous dans la vie ? » À

cette question banale, on répond le plus souvent en donnant le nom de son métier, ou de sa fonction dans l’entreprise qui nous emploie. Mais que répond-on lorsqu’on est sans emploi ? Sans emploi et très investi dans une ou plusieurs activités ? Que répond t-on lorsqu’on occupe plu-sieurs emplois ? Lors que son emploi ne correspond à aucun nom habituel ? Que l’on occupe un emploi alimen-taire mais que l’on construit à côté une expertise passionnante ?

qu’est-ce que le nOuVeau « cdii » Ou « cdi intermittent » ?

Democratie & Socialisme

#cOntrat #temps

Le CDII ou contrat à durée indéter-minée intermittent est, de fait, une sorte de contrat à temps partiel annualisé : le salarié va alterner des périodes travaillées et non travaillées, et sa rémunération sera « lissée » sur l’année : comment payer quatre mois de travail en douze fois ? Il sera « ou-vert » aux entreprises de moins de 50 salariés (dans un premier temps dit « expérimental »).

apprendre à entreprendre dans un mOnde en réseau

Cursus

#autOmatisatiOn #rObOt

Les applications numériques ont beau nous rendre la vie plus simple et plus excitante au quotidien, force est de constater aussi qu’elles ont détruit un nombre considérable d’emplois. Grosso modo, toutes les tâches rou-tinières qui pouvaient être program-mées et automatisées l’ont été ou sont en passe de l’être. Des robots et des logiciels remplacent les travail-leurs dans de multiples domaines; le mouvement, qui a touché en premier lieu les processus industriels, s’est ra-pidement étendu au procès des ser-vices. Il touche désormais les profes-sions intellectuelles dites supérieures.

andre gOrz

YouTube

#artisan #indiVidu #traVail (cOncept)

Le travail est une invention du ca-pitalisme industriel. Durant l’anti-quité, le travail ne se déroulait pas dans la sphère publique. Les femmes travaillaient (ou sinon les esclaves), les hommes faisaient de la politique. Le travail était mal vu. Pour Max Weber, au Moyen-âge il n’y avait pas de travail mais des be-sognes, des peines, des labeurs (pay-sans), et des œuvres (des artisans).

email : nOt dead, eVOlVing

Harvard Business Review

#email #infOgraphie #Outil

Le HBR a mené une enquête en 2012 auprès de 2.600 travailleurs aux États-Unis, Royaume-Uni et en Afrique du Sud qui utilisent l’email quotidiennement. Les résultats in-diquent que l’email n’est pas mort (les gens passent la moitié de leur journée de travail à les traiter), mais qu’il a évolué. Il est devenu une archive consultable, la source de la responsa-bilité d’un manager, l’outil de collabo-ration le plus efficace des travailleurs, un moyen d’avoir de l’information, ...

pOur un gOOgle nOW du pOste de traVail

Bloc-notes de Bertrand Duperrin

#espace de traVail numérique #Outil

Alors que les outils grand public enva-hissent le bureau et que l’on croule sous les informations, l’auteur pense que l’application Google Now, service prédictif qui pousse à l’utilisateur, sans qu’il n’ait rien demandé, les infor-mations dont il a besoin quand il en a besoin, va devenir indispensable sur le poste de travail. Par exemple, un commercial pourrait recevoir l’infor-mation selon laquelle il devrait tout de suite se mettre en route, vu les em-

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bouteillages, ou des données du CRM quand il est chez un client.

une VisiOn de la fOrmatiOn tOut au lOng de la Vie en eurOpe pOur 2030

formation-professionnelle.fr

#cOmpétence #espace de traVail numérique

Au-delà de la question de la forma-tion, l’article aborde une thématique traitée dans Digiwork, celle de l’envi-ronnement de travail, dans lequel la démonstration des compétences et des aptitudes sera préférée aux diplômes ; la performance des em-ployés sera mesurée et quantifiée en continu au travers de systèmes de mesures numériques ; les limites du public/privé, professionnel/ person-nel, bureau/domicile, réel/virtuel, for-mel/informel seront confuses, ...

linkedin Wants tO be yOur persOnal assistant With neW cOntacts app

Los Angeles Times

#applicatiOn #réseaux sOciaux

Comme un assistant personnel vir-tuel, la nouvelle application, baptisée LinkedIn Contacts, réunit dans un seul endroit les informations de contacts des divers e-mails, le calendrier de l’utilisateur et l’adresse des services d’annuaire. Il met également auto-matiquement à jour les informations des contact à chaque fois qu’il y a un changement, que ce soit dans le Google de l’utilisateur ou d’un compte Outlook. Sont inclus dans ces infor-mations les détails de conversations et de réunions passées que vous avez eues avec le contact.

fOmO, nOuVeau mal du siècle

Viuz.com

#sOuffrance

Le syndrome de FOMO (Fear Of

Missing Out/Peur de rater quelque chose) est le nouveau mal des em-ployés hyper connectés, mais qui ne se limite pas pour autant à la sphère professionnelle. Il est souvent lié au FONK (Fear Of Not Knowing/Peur de ne pas savoir).

les agences d’emplOi : 16 mil-liOns de missiOns d’intérim ... en autres

manpowergroup

#intérim #parcOurs prOfessiOnnel

En 2012, après deux années de re-dressement, l’emploi intérimaire a chuté de 11,6%. Mais le travail tem-poraire demeure un vecteur d’ac-cès à l’emploi, souligne le Prisme (Professionnels de l’intérim, services et métiers de l’emploi) dans son bilan annuel. Surtout, les agences d’emploi s’affirment comme un acteur de ré-férence de la sécurisation des par-cours professionnels et de la réacti-vité RH.

8 atOuts des candidats ayant mené une recOnVersiOn prOfessiOnnelle

Itaquecoaching.com

#emplOyabilité #parcOurs prOfessiOnnel #recOnVersiOn

Les itinéraires bis de la vie profes-sionnelle ont beau être en passe de devenir la norme, les recruteurs fri-leux continueraient à camper dans les idées reçues sur l’employabilité des personnes au «parcours atypique». Et entre autres celle des candidats ayant changé de métier. Pourtant, ils ont d’autant plus d’atouts qu’ils on suivi ce parcours difficile.

«infObésité», le mal du siècle

FranceTVInfo

#sOuffrance #VidéO

Les conseils de Caroline Sauvajol-

Rialland, maître de conférence à Sciences-Po Paris, consultante en gestion de l’information dans l’entre-prise, pour «Comprendre et maîtriser la déferlante d’informations».

email : cOmbien de temps en-cOre ?

France Culture

#email #Outil #radiO

Peut-on se passer de l’email ? 500 milliards de mail sont envoyés chaque jour dans le monde. Créé il y a 30 ans, ce moyen de communica-tion a conquis le monde, individus et entreprises. Plus que jamais utilisé, l’email est aussi plus que jamais re-mis en cause. Une émission produite par Telecom EM, et à écouter sur le MOOC de France culture.

jObs in the future

Wagepoint.org

#cOmpétence #métier

De nombreuses fonctions n’exis-taient pas dans l’entreprise il y a 10 ans, (développeur d’application, so-cial media manager, expert en déve-loppement durable, designer orienté usage, ...), cette infographie propose 10 nouveaux métiers en 2030 (mana-ger d’avatars, architecte digital, nano‐médecin, ...) et les 5 compétences à développer (esprit critique, résolution de problème, créativité, esprit d’en-treprenariat, culture numérique).

l’ObsOlescence (prOgram-mée) de nOs cOmpétences : la cOurse cOntre la mOntre

ManpowerGroup

#cOmpétence

Résultats de l’enquête du Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (CEDEFOP) sur la perte, le vieillisse-ment ou l’inadaptation des compé-tences, phénomène qui ne concerne

VeilleL’individu au travail

pas que les seniors ou les personnes peu qualifiées.

quels serOnt les métiers de demain ?

Mode(s) d’emploi

#cOmpétence #infO pratiques #métier

Liste de quelques guides pratiques à consulter en ligne gratuitement sur les nouvelles compétences, les métiers cadres en émergence, les métiers des jeux vidéos, ...

fidbacks, le prOfil de cOnfiance

Le blog de la consommation collaborative

#ecOsystème d’actiVité #réputatiOn #serVice

Lancé en janvier 2013, le site Fidbacks permet à ses membres de créer et partager un profil agrégeant l’en-semble des commentaires qu’ils ont reçus sur les différentes plate-formes d’échanges entre particu-liers qu’ils utilisent (Airbnb, Buzzcar, Couchsurfing, Blablacar, Deways, eBay, Etsy, Priceminister, Vadrouille-Covoiturage, Zilok ...). Ainsi, grâce à Fidbacks, un nouveau membre sur un site pourra attester de sa réputation complète agrégée et certifiée par Fidbacks directement sur son profil et ce dès le premier jour.

in a hyper-cOnnected WOrld it is healthy tO discOnnect

pinterest

#décOnnexiOn #sOuffrance

Une infographie sur la déconnexion volontaire pour bien profiter de ses vacances... pour celles et ceux qui en auront.

le traVail peut-il à nOuVeau nOus faire ViVre ?

RH Info

#engagement

Les contextes qui permettaient à une personne de trouver une raison stable pour s’impliquer dans son tra-vail sont en grande partie révolus. Les comportements cyniques en matière sociale ont fait tomber les illusions.

dOssier real humans

Slate

#rObOt #pOp culture

Arte diffusait le mois dernier la série Real Humans, racontant la cohabi-tation, plus ou moins facile, entre les humains et les hubots (robots à vi-sage humain qui aident au quotidien les humains). Relations humain-hubot, activistes anti-hubot, discrimination envers les hubots, hubots se battant pour leur liberté, ... les thèmes abor-dés par la série sont nombreux et Real Humans apportent donc un éclairage intéressant sur la thématique Robot/Humain.

erik brynjOlfssOn : la sOlu-tiOn pOur la crOissance ? faire la cOurse aVec les machines....

Ted

#VideO

Alors que les machines s’approprient davantage de travail, beaucoup se retrouvent sans emploi ou voient leurs augmentations de salaire sans cesse repoussées. Est-ce la fin de la crois-sance ? Non, selon Erik Brynjolfsson - ce sont simplement les difficultés grandissantes d’une économie radi-calement réorganisée. Un cas fasci-nant qui expose pourquoi les grandes innovations sont devant nous... si nous considérons les ordinateurs comme faisant partie de notre équipe.

L’individu au travailVeille

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3. nOuVeaux cOllectifs, nOuVeaux managements

L’hyperconnexion des individus au travail et leur mise en réseaux modifient la manière dont les collectifs productifs - inventifs se forment. Les frontières inter-services, ou internes-externes à l’organisation se diluent. Les collectifs se structurent autour de valeurs, d’enjeux et de finalités partagés. Ils articulent réseaux physiques et réseaux numériques. Cela en appelle à de nouvelles formes de management des équipes et des projets, à de nouvelles représentativités des collectifs ; et ouvre aussi sur de nouvelles formes de mobilisation-revendication.

articles

Veille

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Le numérique déstabilise les entreprises parce qu’il accélère un double-mouve-ment qui brouille ses frontières :

> les usages privés ont évolué de manière fulgurante et s’immis-cent dans l’entreprise au point de remettre en cause ses codes – hié-rarchiques en particulier ;

> dans le même temps, le modèle tayloriste dépérit, les relations de travail « à vie » n’existent plus et les collaborations ponctuelles se multi-plient : les collectifs d’hier ont muté, et le concept même de salariat – au cœur de tout l’édifice du travail, en France en particulier – devient flou.

A ces deux questions déterminantes de l’avenir du « vivre ensemble » dans le collectif qu’est l’entreprise, l’expédition Digiwork de la Fing a tenté d’apporter des éléments de réponses lors de Futur en Seine 2013. Quel modèle d’organisa-tion les entreprises peuvent-elles adop-ter alors que le numérique permet à chaque salarié de transformer son rap-port de pouvoir à l’entreprise ?

l’indiVidu au pOuVOir signe-t-il la mOrt de l’entreprise ?

Après l’ère industrielle qui faisait du sala-rié un subordonné stricto sensu, simple exécutant, on assiste au retour de l’indi-vidu dans l’entreprise, et avec lui d’une certaine confusion entre vies privée et professionnelle – et/ou publique. Ce phé-nomène ne se cantonne pas au travail, ce sont tous les citoyens qui subissent une “injonction sociale à l’individualisa-tion”, estime Anne-France Kogan, ensei-gnant-chercheur à l’Ecole des Mines de Nantes. Aujourd’hui, l’autonomie devient une valeur cardinale et l’individu doit être responsable de ses choix, en substance. Le numérique incarne autant qu’il accé-

lère radicalement le processus : les sala-riés font entrer leur téléphone mobile, tablette ou ordinateur portable dans l’entreprise, leurs réseaux de connais-sances professionnelles et d’affinités personnelles s’entremêlent, leurs pas-sions se conjuguent au travail collectif, leurs talents et créativités doivent fonc-tionner ensemble à l’ère de l’innovation…

In fine, l’entreprise aujourd’hui doit gérer autant de quêtes du bonheur qu’il y a d’individus en son sein. Car dans une éco-nomie dont la créativité est le moteur, le génie de chacun tout comme sa relation au collectif sont déterminants : la prise en compte de l’individu dans toute sa complexité, intime comme sociale, est une donnée tout à fait nouvelle dans les entreprises !

Plus prosaïque, l’exemple de l’utilisa-tion professionnelle de son téléphone ou ordinateur portable personnel (phé-nomène connu sous l’acronyme Byod, pour Bring your own device), qui pose d’importants problèmes de sécurité des données et de compatibilité logicielle, est typique des transformations actuelles : où se situe la frontière entre travail et activité personnelle, activité associative, temps libre ? Comment décompter le temps de travail quand on peut traiter la demande d’un client dans les transports en commun et pendant les vacances ? Comment faire vivre un collectif quand le “lieu de travail” perd de sa signifi-cation (c’est la question qui a conduit Marissa Mayer à décider l’interdiction du télétravail chez Yahoo) ? Ces ques-tions sont plus qu’essentielles, elles sont existentielles : Comment les entreprises pourront-elles survivre dans leur forme actuelle, alors que tous les fondements de leur existence moderne sont sapés ? Sauront-elles se montrer suffisamment agiles pour se réinventer ?

1. Le futur du travail dans l’entreprise (1/2) : l’agilité… ou le néant ?

equipe des ateliers de l’emplOi, manpOWer

Paru le 10 juillet 2013 sur internetactu.net le Média de la fing

articles

les entreprises se transfOrment pOur surViVre

> Ce qui ressort des témoignages des chefs d’entreprises et cher-cheurs réunis par la Fing, c’est que les réponses sont à trouver dans la souplesse et l’ouverture :

> un management qui cherche plus à stimuler et accompagner qu’à imposer, ce qui se concrétise par exemple par un accompagnement plutôt qu’une interdiction du Byod ;

> un fonctionnement en “entreprise étendue” qui se diffuse : au cœur de la réussite de Poult, ce modèle partenarial destiné à favoriser la réalisation de projets est aujourd’hui revendiqué par des grandes entre-prises dans leur relation avec leur écosystème de PME sous-trai-tantes ;

> une organisation qui brise les silos, cherche à favoriser le travail “en mode start-up” et stimule l’ “intrapreneuriat” (concept qui veut que le salarié soit un entrepreneur à l’intérieur de l’entreprise)…;

> des entités qui deviennent “appre-nantes”, en créant notamment leurs propres universités.

Face aux mutations numériques, Nathalie Andrieu, directrice générale en charge du numérique au Groupe La Poste n’a eu d’autre choix que de revoir son modèle économique, son organisa-tion et son fonctionnement. Elle explique ainsi que son entreprise cherche au-jourd’hui à valoriser, parmi ses salariés, quatre traits de caractère propres aux entrepreneurs :

> 1. goût du risque ;

> 2. non conformisme ;

> 3. capacité d’organisation et effica-cité personnelle ;

> 4. capacité à se remettre en cause.

“l’entreprise étendue” prend cOrps grâce au numérique

Elle préconise d’adopter le modèle de “l’entreprise étendue”, qui fonctionne en écosystème en intégrant ses sous-trai-

tants et tous les acteurs d’un projet : “On doit travailler ensemble, faire coopérer start-ups et grandes entreprises, au lieu de les opposer. Une entreprise comme La Poste a besoin d’être bousculée par des startups qui remettent en cause les habitudes, les rythmes”, reconnaît-elle. “Ce n’est que comme ça que la France pourra reprendre un temps d’avance”.

Ceci étant dit, l’arrivée de “l’extérieur” dans l’entreprise et la prise de pou-voir d’individus qui y font entrer leur vie privée via les appareils numériques (le fameux Byod), pose un défi de taille aux responsables informatiques : com-ment éviter l’anarchie ? Comment éviter de perdre le contrôle, avec tout ce que cela implique en termes de sécurité des informations confidentielles notamment ? Poussés par la démocratisation des usages privés (la “consumérisation de l’IT”, c’est-à-dire des technologies de l’information”, le fait que des produits ini-tialement conçus pour un usage domes-tique soient adaptés au marché profes-sionnel), les employés construisent peu à peu un Shadow IT – une informatique parallèle – où chacun amène et utilise l’outil qu’il préfère, en contournant la norme. Une telle fronde douce, sans re-vendication, est une nouveauté pour les entreprises !

Pour Philippe Bletterie, responsable du management chez Alcatel-Lucent, l’alternative est claire : “soit la patrouille s’adapte, soit non, et on travaille moins bien, dans de moins bonnes conditions”. Sans accompagnement des usages, le mal-être guette ; plus fondamentale-ment, au-delà des “risques psycho-so-ciaux”, il s’agit selon lui de savoir intégrer le nouveau capital apporté par l’individu au lieu de verrouiller les accès.

L’adaptation d’Alcatel-Lucent à cette nouvelle réalité du travail s’est traduite par l’élaboration d’un nouveau cadre favorisant à la fois l’autonomie et le par-tage, avec notamment une bibliothèque d’applications professionnelles que chaque collaborateur choisit selon ses propres besoins et, surtout, la création d’un “Youtube d’entreprise” accessible à distance. Baptisé OpenTouch Video Store, cette plateforme concrétise la notion d’entreprise étendue en permet-tant aux collaborateurs, fournisseurs,

1. Le futur du travail dans l’entreprise (1/2) : l’agilité… ou le néant ?articles

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clients et partenaires d’Alcatel-Lucent de partager des documents vidéo en lien avec leur activité – sans aucun ma-tériel ni logiciel spécifique requis. Une solution collaborative qui fluidifie la com-munication de l’entreprise avec toutes ses parties prenantes, valorise l’apport de chacun et stimule l’échange, tout en faisant confiance à l’auto-régulation sans pour autant sacrifier la maîtrise des données.

quand les usages et l’innOVatiOn fOnt la lOi, le management se réinVente

Corollaire de ce changement, l’élabora-tion d’un outil numérique en entreprise ne se fait plus en top-down aujourd’hui : ce n’est plus la Direction qui décide et les salariés qui appliquent, notamment parce que les usages individuels ont pris une telle place dans la vie de chacun que l’entreprise perdrait énormément de temps, d’énergie et d’argent en cher-chant à les contrer. Le DSI (Directeur des systèmes d’information) voit son rôle stratégique évoluer, il “s’ancre dans le business“ – en offrant des solutions à même d’augmenter la productivité – et devient force de proposition pour assu-rer une politique numérique en phase avec les usages. Pour satisfaire au mieux aux préférences de chacun, les expé-rimentations et développements “par itération” se multiplient, qui facilitent les réactions rapides et flexibles au change-ment, autorisant les tests et les retours en arrière. Le but : améliorer le bien-être au travail tout en stimulant l’innovation.

Autre exemple encore avec Poult, leader de la biscuiterie (1/5e des biscuits vendus en France), qui connaît une crois-sance annuelle à deux chiffres – souvent supérieure à 20%. La recette de Laurent Noël, son responsable R&D et Innovation : libérer les initiatives, notamment en instaurant un leadership tournant pour éviter que ne se cristallisent des lieux de pouvoirs, et ainsi challenger sans cesse la créativité de ses équipes – le tout accompagné d’une communication intensive et transparente (transmission de tous les comptes de résultats) ainsi que d’une politique de formation étoffée. Chez Poult, le postulat de l’empower-ment des salariés consiste en la “déhié-

rarchisation”, la suppression des strates et des postes de contrôle – deux éche-lons hiérarchiques ont déjà disparu.

Plutôt que d’interdire, le rôle des mana-gers et des responsables des ressources humaines de Poult est donc de définir le sens et les objectifs du travail, en aidant l’individu à se responsabiliser, en libérant leurs capacités d’innovation. Au sein de cette biscuiterie, les employés sont des “intrapreneurs” et s’inscrivent dans un véritable écosystème : participation aux pôles de compétitivité, création d’incu-bateurs internes (structures d’appui au développement de projets innovants), etc.

Vers l’entreprise-artiste, rOyaume des déViants ?

Poult est-elle pionnière ? Quel sera le modèle de demain ? Quelle mythologie remplacera celle, moribonde, des “mer-veilles de l’industrie” ? C’est la question essentielle, selon Armand Hatchuel, pro-fesseur titulaire de la chaire “théories de la conception” de l’Ecole des Mines, coauteur de Refonder l’Entreprise (qui lui a valu plusieurs prix littéraires, dont celui de la Fondation ManpowerGroup pour l’emploi) et pilote du projet de recherche “L’entreprise, formes de la propriété et responsabilités sociales” au Collège des Bernardins. “Le processus d’innovation est aujourd’hui le même que celui de la création artistique”, assène-t-il. Pour lui, la mutation de La Poste relève de cette démarche : “Je ne suis plus ce que vous pensez que je suis !”, proclamerait l’entre-prise auprès de ses parties prenantes.

Henri Seydoux, PDG de l’entreprise de systèmes et kits mains libres Parrot, abonde dans son sens : “l’entreprise d’aujourd’hui est un monde de saltim-banques”, sur le modèle de la Sillicon Valley. Elle s’appuie sur des créatifs, dont la valeur ajoutée repose avant tout sur la capacité d’étonnement et à penser contre la norme. Pour lui comme pour Armand Hatchuel, la réticence des Français au changement viendrait du fait que les fondations du travail sont ancrées dans nos imaginaires collectifs comme si elles étaient par nature immuables. Pour Armand Hatchuel : “Les termes « inno-

1. Le futur du travail dans l’entreprise (1/2) : l’agilité… ou le néant ? articles

vation » et « entreprise » sont historique-ment ancrés, idéologisés ! Le modèle d’innovation qui s’est imposé est celui issu de la science. Connu de tous, il est aujourd’hui saturé. Henri Seydoux estime pour sa part que la planification qui a fait la gloire de l’industrie est dépassée. Pourtant, on ferait comme si elle pou-vait encore avoir cours aujourd’hui, et ce “mensonge” serait destructeur pour l’aventure humaine qu’est l’entreprise : “il est difficile de faire fonctionner des collectifs fondés sur des leurres !”. Dans un monde d’incertitude, un business plan “doit tenir en une demie-page” et les spécifications logicielles (c’est-à-dire l’ensemble explicite d’exigences à satis-faire par un produit) seraient à bannir parce qu’elles font croire en la possibilité de totalement maîtriser le futur : “elles transmettent une croyance dans un monde idéalisé ; au final, elles induisent en erreur”.

En somme, l’entreprise doit retrouver sa raison d’être : “créer !”, rappelle Henri Seydoux. “Devoir dégager des béné-fices, c’est sa contrainte, pas sa gloire”. Pour Armand Hatchuel aussi, le seul salut de l’entreprise, aujourd’hui, réside-rait dans son basculement ontologique : “L’entreprise du futur doit protéger le déviant, car c’est le déviant qui innove et qui est capable de créer de la rationalité dans l’inconnu”.

Pour pousser ce changement, le cher-cheur propose deux options :

> Refondre les cadres légaux, car notre code du travail (1891) serait obsolète et alimenterait des archaïsmes structurels. Et de proposer un modèle : la “Flexible purpose Corporation” créée en Californie (Etats-Unis). Alors que la loi américaine impose aux dirigeants d’entreprises de poursuivre un objectif unique (maximiser la perfor-mance de l’entreprise dans l’intérêt des actionnaires), ce nouveau statut permet d’élargir la mission princi-pale de l’entreprise et d’éviter que la maximisation du profit des seuls actionnaires en soit l’unique horizon.

> Redéfinir le gouvernement de l’en-treprise, le management, pour le rendre authentiquement “horizon-

tal” et transformer les managers en accompagnateurs du changement. Peut-être même jusqu’au point de “virer tous les chefs”, comme le pré-conise le gourou du management Gary Hamel.

hOrs de l’agilité, pOint de salut ?

La conférence Entreprise du futur lors du Futur en Seine 2013 par l’Atelier de l’emploiSi les entreprises cherchent à anticiper et accompagner les boulever-sements de leurs fondations, c’est parce qu’ils remettent en cause leur existence même. Comme l’explique Daniel Kaplan, délégué général de la Fing, elles doivent toutes prendre conscience, aujourd’hui, de la nécessité d’évoluer en profondeur si elles veulent éviter que ne surgissent “des places Tahrir dans les entreprises”.

Reste, qu’au bout de ce tunnel de l’in-connu que “l’agilité” représente, il pour-rait y avoir la lumière. Pour clore une conférence passionnée sur l’entreprise du futur, qui a donné lieu à de nom-breux questionnements sur l’avenir de la croissance, Philippe Lemoine, président de la Fing, a rappelé que, en 1870, tous les acteurs d’une société à genoux et à bout de souffle se sont mis à dépasser leur rôle pour trouver une voie de réen-chantement et accéder à la “modernité”. Résultat : en 1889, la tour Eiffel symboli-sait le renouveau français lors de l’Expo-sition universelle de Paris. “En quinze ans, on reprend la main sur le futur !”, s’en-thousiasme Philippe Lemoine. Un mot d’ordre, donc, pour que les entreprises et tous leurs collaborateurs participent activement à la réécriture d’un destin commun : agilisez-vous !

l’atelier de l’emplOi

L’atelier de l’emploi est un blog de ten-dances, décryptages, analyses et solu-tions pour l’emploi édité par Manpower Group. Ce double compte rendu des ateliers et conférences portant sur l’ave-nir du travail organisés dans le cadre de Futur en Seine 2013 est publié en par-tenariat avec l’expédition Digiwork de la Fing.

articles 1. Le futur du travail dans l’entreprise (1/2) : l’agilité… ou le néant ?

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Le colloque co-organisé par la DIRECCTE IDF, la DGT et la FING le 12 mars dernier proposait un tour d’horizon des trans-formations du travail liées au numérique, constitué d’interventions de profession-nels et d’experts ponctués de tables rondes. Le débat s’ouvrait sur les risques et les opportunités que ces évolutions impliquées pour les conditions de travail de demain.

Vous trouverez le compte-rendu de ces échanges sous la forme de 4 articles – libres - analysant les propos des inter-venants et les réactions-questions du public.

Voici présenté ici le premier de cette série d’articles portant sur la première table ronde et réunissant les partici-pants suivants :

> Philippe Vogin, Groupe Renault

> Jérôme Introvigne, Groupe Poult

> Olivier Jouan, Scop Port-Parallèle

> Michel Lallement, CNAM

Le thème de la table ronde inaugurale portant sur le « renouvellement du cadre de travail » était l’occasion de question-ner l’intégration des outils numériques dans la sphère professionnelle. Les ex-périences relatées par les organisations présentes (de grande ou de petite taille, ancienne ou émergente) mettaient à jour des approches très différentes où le numérique était tantôt le vecteur, tantôt le porteur de nouvelles aspirations au travail. Les reconfigurations à l’œuvre dans le travail et son organisation ou-vraient sur un questionnement plus large se rapportant aux enjeux socio-écono-miques qu’impliquent la diffusion et la démocratisation des TIC.

Les entreprises intègrent et s’appro-prient de manière différenciée, selon leur typologie, les outils numériques. Un groupe industriel de la taille de RENAULT n’évalue pas les opportunités et les risques que représentent les TIC comme peut le faire une Coopérative d’Activité et d’Emploi - SCOP de 150 collaborateurs, ou la biscuiterie POULT qui emploie 1300 personnes. Les trois premières interven-tions se présentaient donc comme des

exemples saisissants de la manière dont des collectifs de tailles et de formes dif-férentes s’approprient les TIC dans leur environnement de travail.

Philippe Vogin, responsable des condi-tions de travail du groupe Renault a dressé le bilan de la réflexion interne que la diffusion progressive du télétravail avait générée chez RENAULT. L’approche se focalisait en priorité sur les consé-quences de l’utilisation croissante des TIC sur la santé au travail, et évoquait la nécessité d’en cadrer les enjeux juri-diques et managériaux, de stabiliser un rapport vie privée/vie professionnelle en tension, et d’accompagner au plus près les situations de télétravail.

Olivier Jouan, gérant de la Coopérative d’activité et d’emploi “Port Parallèle”, mettait en avant les possibilités de ges-tion souple et démocratique qu’auto-risent les TIC pour le modèle entrepre-neurial coopératif. La mutualisation des services métiers aux “coopérateurs” (i.e. membres de la scop), et la collaboration à distance s’avèrent indispensables pour rendre opérantes les valeurs du collectif et le partage des responsabilités. Pour O. Jouan, la perspective d’une économie de la contribution, à laquelle les prin-cipes coopératifs correspondent, est rendue envisageable par la diffusion des TIC.

Le groupe POULT apparaissait comme la synthèse d’une entreprise industrielle et d’une forme d’organisation souple et horizontale. Les cadres traditionnels sont largement remis en question ici : l’entreprise est vue comme une plate-forme d’innovation et les outils numé-riques comme solutions pour parvenir à instaurer un système participatif d’amé-lioration continue et d’intelligence éco-nomique. Les réflexions menées sur les capacités d’adaptation du groupe dans un contexte économique concurrentiel fort ont été l’occasion de remettre à plat l’organisation du travail. Les choix du décloisonnement des silos fonctionnels, de la « déhiérarchisation » et de la démo-cratisation des processus décisionnels, de l’autonomisation des opérateurs, reflètent la logique d’une démarche d’hyper-innovation d’organisation et de

2. Les outils numériques vecteurs d’innovations sociales ?

julien camachO

Paru le 02 avril 2013 sur fing.tumblr.com le blog de la fng

articles2. Les outils numériques vecteurs d’innovations sociales ?

production.

Enfin, à l’occasion d’une présentation sur les fonctionnements des Hackerspaces ou FabLab[1] – véritables espaces d’in-novations sociales et technologiques -, le sociologue du travail Michel Lallement est revenu sur les origines de ces lieux, à la source de l’utopie numérique[2]. On peut considérer en effet que les pre-mières expériences de bricolage infor-matique au fond des garages - à la façon de Steve Jobs - qui se sont développées en Californie à partir des années 70 sont fondatrices de l’idéologie de ces “nou-veaux lieux de production”. Or ce sont des espaces physiquement situés (on sort de la mythologie de la dématéria-lisation) expérimentant des formes de partage des savoirs, d’auto-fabrication numérique, et de production flexible personnalisée, rendues envisageables par les TIC.

Le sociologue met en exergue les enjeux du travail du point de vue des valeurs hackers, que sont le plaisir au travail, l’ef-ficacité (hack en anglais signifie à la fois un geste simple et efficace), et la vision de l’acte de travail comme œuvre ou ou-vrage d’art (la distinction entre l’artiste et l’artisan s’estompe). Il nous rappelle notamment que l’apparition de ces ini-tiatives aura été le lieu des premières tensions entre l’exploitation marchande des TIC et le développement d’une com-munauté du libre.

On voit que le sujet l’inclusion des TIC dans les modes de travail, tout en nour-rissant les réflexions sur les conditions pratiques de leur diffusion et de leur utilisation, ne laisse pas de questionner, à un niveau plus général, les tendances productivistes de nos sociétés et l’orga-nisation du travail qu’elles engendrent. L’outil numérique apparaît comme le catalyseur de nouvelles aspirations indi-viduelles et collectives dans le rapport au travail.

Retrouvez les articles relatant la suite des débats cette semaine sur le réseau social de la fing.

> [1] Voir l’ouvrage de Fabien Eychenne, aux éditions FYP ‘la fabrique des possibles” : Fab Lab : L’avant-garde de la nouvelle révolution industrielle

> [2] Voir l’ouvrage de Fred Turner, aux éditions C&F Aux sources de l’utopie numérique : De la contre-culture à la cyberculture, Stewart Brand, un homme d’influence - http://cfedi-tions.com/Turner

2. Les outils numériques vecteurs d’innovations sociales ?articles

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On sait bien que l’innovation et les pro-grès techniques ont permis d’augmenter la productivité des salariés au cours de siècles passés. En posant la question « Productivité ou innovation, faut-il choisir ? », je fais référence à la publication sur All Things D d’un mémo interne du res-ponsable RH de Yahoo, qui a jeté un froid chez les adeptes du télétravail. En effet, à partir de juin, il est demandé à tous les travailleurs à distance de réintégrer les bureaux de Yahoo pour permettre aux salariés d’”être physiquement tous en-semble”, mais aussi parce que “la rapi-dité et la qualité sont souvent sacrifiées quand nous travaillons de la maison” (certains voient dans cette annonce, un moyen de provoquer un certain nombre de départs, qui ne seront pas appelés “licenciements”).

Comme le rappelle un article du New York Times, Google et Facebook ne gé-néralisent pas le télétravail mais le per-mettent au cas par cas. Ils préfèrent en effet garder captifs leurs salariés sur leurs lieux de travail, en leur four-nissant plusieurs services utiles et/ou ludiques (nourriture gratuite, salle de sport, …), permettant ainsi “les interac-tions et les expériences” entre les sala-riés, souhaitées par la direction de Yahoo : “Certaines des meilleures décisions et idées viennent des discussions dans les couloirs et à la cafétéria, des nouvelles rencontres et des réunions improvisées.”

Mais le New York Times pose bien la question induite par cette décision (“whether the ability to work from home, and other flexible arrangements, leads to greater productivity or inhibits innova-tion and collaboration”) : la possibilité de travailler à la maison, et les autres arran-gements flexibles, mènent-ils à une plus grande productivité (du fait d’une meil-leure concentration, de la non perte de temps dans les transports, d’une meil-leure gestion de ses temps profession-nels et personnels) ou bien freinent-ils l’innovation et la collaboration ?

C’est vrai que seul chez lui, le salarié pourra difficilement participer au tour-nage de la version “Harlem Shake” de

son organisation, ce grand moment de créativité et de partage qui a rempla-cé le ringard Lip dub. Mais finalement, la principale crainte de nombreux em-ployeurs envers leurs salariés télétra-vailleurs est souvent que ces derniers se la coulent douce, à regarder tous les “Harlem Shake” du monde. Or, un salarié qui a décidé de ne pas travailler saura parfaitement le faire en étant dans les locaux de son organisation (Absolument dé-bor-dée de Zoé Shépard en est un exemple). Tout n’est qu’une question de confiance entre le salarié et son em-ployeur. Mais c’est plus facile à dire qu’à mettre en place…

Bon, moi, maintenant, je vais finir de lire ce très instructif Dilbert ;-)

3. Producti-vité ou inno-vation, faut-il choisir ?

aurialie jublin

Paru le 27 février 2013 sur fing.tumblr.com le blog de la fng

articles3. Productivité ou innovation, faut-il choisir ? 3. Productivité ou innovation, faut-il choisir ?articles

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Le colloque co-organisé par la DIRECCTE IDF, la DGT et la FING le 12 mars dernier proposait un tour d’horizon des trans-formations du travail liées au numérique, constitué d’interventions de profession-nels et d’experts ponctués de tables rondes. Le débat s’ouvrait sur les risques et les opportunités que ces évolutions impliquées pour les conditions de travail de demain. Vous trouverez le compte-rendu de ces échanges sous la forme de 4 articles – libres - analysant les propos des intervenants et les réactions-ques-tions du public. Voici le troisième sur la thématique “L’entreprise et ses salariés face au déferlement des données : un modus vivendi est-il possible ?”, dont les intervenants étaient :

> Daniel Ratier, DGT

> François Bancilhon, Data Publica

> Sophie Vullier-Tavernier, Cnil

> Georges Epinette, CIGREF, Groupe Les Mousquetaires

Une conséquence directe de l’informa-tisation des entreprises est que n’im-porte quelle organisation produit, stocke, récolte un très grand nombre de don-nées pouvant potentiellement aider à mieux comprendre son activité. Cette deuxième partie du colloque avait pour objectif d’analyser l’impact de ce défer-lement de données sur le monde pro-fessionnel. Au cours des échanges est apparue très vite une tension entre le potentiel des données en termes d’ana-lyse et performance, et des inquiétudes concernant la vie privée, la gouvernance des données et l’identité des individus.

Comme l’a expliqué François Bacilhon, fondateur de la Start-up Data Publica, la donnée a de plus en plus de volume, de vitesse et de variété. Cela génère de nouveaux besoins en termes de traite-ment de ces données, et donc de nou-veaux métiers. En effet, les datas ont un énorme potentiel. Plusieurs cas ont été exposés pendant la table ronde. Par exemple, les données des moteurs de recherche peuvent aider à prédire le taux de chômage avant même que les chiffres officiels ne soient publiés. Ou bien, les grandes surfaces peuvent utiliser les données afin de prédire des

comportements très précis sur leurs consommateurs.

Mais cela n’est pas sans soulever aussi un certain nombre de problèmes. Pour Georges Epinette directeur des sys-tèmes d’informations du groupe Des Mousquetaires et membre du CIGREF, l’utilisation des données doit être équi-librée, c’est-à-dire que la performance pouvant être apportée par les données ne doit pas être un prétexte pour justi-fier tous les usages. En effet, la donnée est soumise à des enjeux juridiques, de gouvernance, de responsabilité et de protection des données personnelles. Sophie Vuiller-Travernier directrice de la prospective à la CNIL s’est question-née quant à la préservation de l’humain dans l’utilisation des algorithmes prédic-tifs ou de prise de décision. Il est pos-sible, par exemple, de se faire refuser un prêt d’après une analyse algorith-mique (crédit scoring). A cela, François Bacilhon a précisé qu’il était possible de documenter, auditer ou corriger des algorithmes, à différence de certains cri-tères « humains » de prise de décision, impossibles à analyser à cause de leur subjectivité.

La question de l’usage des données dans et par l’entreprise recouvre des problé-matiques larges et complexes, qui ne doivent pas être prises seulement sous l’angle de la régulation, des restrictions. Le pôle d’innovation et prospective de la CNIL a justement pour but d’anticiper et de comprendre les transformations numériques dans leur dimension actives et pro-actives. En ce qui concerne la donnée, la Cnil n’a pas encore pris de position tranchée. Elle remarque, cepen-dant, une augmentation des plaintes dans le monde professionnel : 6 000 par an, soit une croissance de 10 à 15 %. En premier rang se situent les plaintes sur la vidéo-surveillance (donc pas néces-sairement liées à la « data » telle qu’on l’a entend dans ce colloque). Cependant, en 2e et 3e place on retrouve les plaintes concernant la géolocalisation et le droit d’accès aux dossiers des entreprises ; on voit donc que les données font partie des inquiétudes des salariés.

4. Les don-nées : quels effets sur le monde du travail ?

rafael millan

Paru le 03 avril 2013 sur fing.tumblr.com le blog de la fng

articles4. Les données : quels effets sur le monde du travail ?

Grâce aux témoignages apportés pen-dant cette table ronde, on identifie un enjeu essentiel d’encadrement et de protection de certains principes de vie privée et d’identité humaine, tout en valorisant la capacité des données d’as-sister les entreprises dans la compré-hension des comportements liés à son activité économique. Ces enjeux pour-raient redoubler aussi face au dévelop-pement des interfaces sensorielles et à la sophistication des interfaces homme-machine ou cerveau-machine. Si la plu-part de ces outils sont encore en phase de recherche et développement, précise Daniel Ratier de la Direction générale du Travail, certains sont déjà intégrés aux entreprises, avec des effets par-fois assez négatifs observés (voice pic-king), où l’humain devient le maillon d’une chaîne robotisée.

4. Les données : quels effets sur le monde du travail ?articles

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L’entreprise n’est plus un univers clos, fermé sur lui-même. Voilà qui ne fait plus de doutes pour personne, tant la presse s’empare régulièrement de ces sujets. La conception «moderne» du travail et de l’entreprise, héritée de la révolution industrielle, ne reflète plus la réalité des pratiques actuelles, ni le vrai visage des organisations. Mais qu’est-ce que l’entreprise aujourd’hui ? Qui peut dessiner le contour réel de l’activité pro-ductive d’une organisation, incluant les interactions qui se tissent entre les col-laborateurs et l’extérieur - partenaires, sous-traitants, consultants, clients-contributeurs ? Comment représente-t-on aujourd’hui les frontières d’une en-treprise et ses «actifs» - pas seulement financiers ?

A l’heure des réseaux sociaux et R.S. d’entreprise, de l’explosion de l’équipe-ment numérique individuel, de la traçabi-lité des usages et des données, il devient paradoxalement de plus en plus difficile de définir le périmètre des entreprises. Celui-ci serait-il devenu essentiellement virtuel ? Ou est-ce le terme même d’en-treprise qui serait dépassé ?

C’est une question que nous nous sommes posés dans le cadre de l’Expé-dition DigiWork de la FING

l’entreprise Virtuelle à l’entre-prise étendue

Depuis le début de l’informatisation des entreprises à aujourd’hui, de grandes évolutions technologiques se sont suc-cédées. D’abord le réseau local puis l’EDI (échanges de données informatisées), la gestion de données, puis l’appari-tion des progiciels de gestion intégrée, des workflow, des groupware, des CRM - gestion de la relation client, de l’Inter-net, des sites web. Aujourd’hui l’entre-prise fraye avec le cloud computing, les systèmes embarqués, les puces RFID et les objets communicants, les réseaux sociaux d’entreprises… L’informatisation/numérisation s’est étendue à toute la chaîne de valeur. Le numérique a outillé les manières d’organiser le travail et de le contrôler, les manières de produire et de commercialiser, de communiquer, générant beaucoup de changements. En 40/50 ans, l’entreprise se serait-elle donc complètement virtualisée ?

Par le terme de « virtualisation », on se figure un double numérique, fidèle, par sa taille, aux frontières de l’entreprise. Or, si une part grandissante des actifs s’est dématérialisée, et est stockée sur des serveurs distants (le cloud), -- les rendant disponibles en tout lieu, en toute heure --, cela a eu surtout pour effet un éclatement des process. Le coeur de l’activité s’est moins enfui dans les nuages qu’il ne s’est « saucissonné », compartimenté (« unbundling »), faci-litant alors l’externalisation, la sous ou co-traitance. L’entreprise constituait un ensemble, qui s’est petit à petit disso-cié, au profit d’un éco-système d’orga-nisations, pour plus de réactivité et de productivité.

Dans son ouvrage Benetton ou l’entre-prise virtuelle, Frédéric Fréry décrit l’entreprise virtuelle comme l’entreprise capable d’intégrer de façon horizontale (co-traitance) d’autres entreprises pour réaliser - en temps réel si besoin - une chaîne de production. Le terme de vir-tuel, repris de l’expression « mémoire vir-tuelle » désigne d’ailleurs la possibilité de solliciter des capacités supplémentaires.

Cela conduit à des réseaux souples d’en-treprises, interdépendantes, mais juridi-quement et financièrement séparées. Ainsi, Benetton, exemple éloquent, est constitué de « près de 10.000 sociétés. 90 % de la production sont confiés à 450 sous-traitants de la région de Trévise (Vénétie), la distribution est assurée par 7.000 boutiques indépendantes, ras-semblées par zones géographiques sous la responsabilité d’un peu moins de cent agents autonomes, et les modèles sont conçus par des designers free-lance ».

(http://www.lesechos.fr/formations/manag_info/articles/article_4_9.htm)

Cela n’est possible bien sûr, que grâce à des capacités de mise en réseau, de communication en temps réel, de par-tage sécurisé d’informations et des don-nées, et d’un réseau logistique.

Plutôt que virtuelle, l’entreprise contem-poraine apparaît donc surtout considé-rablement étendue et poreuse…

5. Attention, une entre-prise vir-tuelle peut en cacher une autre…

amandine brugière/ aurialie jublin/jacques-françOis marchandise

Paru en noveMbre 2013 dans la revue Personnel n°544 de l’andrh

articles5. Attention, une entreprise virtuelle peut en cacher une autre...

l’entreprise au-delà d’elle-même

L’activité productive étendue à un réseau d’entreprises est une réalité éprouvée dans les industries textile, aéronautique, automobile, la grande distribution… Le champ de l’économie numérique n’est pas épargné, avec son lot d’entreprises dissociant l’activité de conception d’un côté (concentrée aux Etats-Unis ou en Europe…) et de production de l’autre (déployée en Asie…). Mais il recèle aussi d’exemples encore plus surprenants d’activité de production dépassant lar-gement les frontières de l’entreprise et questionnant même cette appellation.

Ainsi en va-t-il des « plateformes », et pour les plus connus d’entre elles : l’App Store d’Apple et Google Play. La puis-sance de ces plateformes, et leur modèle économique, reposent sur la produc-tion par « d’autres » d’applications: qu’ils soient contributeurs, usagers, entre-prises extérieures, entrepreneurs, etc. En juillet 2013 l’App Store comptabilisait plus de 900 000 applications, payantes ou gratuites, qui auraient nécessité des milliards d’investissement si Apple avait voulu les produire par lui-même.

Dans un genre assez proche, on voit apparaître des sociétés n’ayant officiel-lement plus (ou très peu) d’employés, à l’instar de l’entreprise canadienne Sensorica. Celle-ci fonctionne grâce à l’apport de contributeurs extérieurs, rémunérés à partir du moment où les contributions, d’abord évaluées par les pairs, sont commercialisées.

On voit aussi apparaître des productions de biens et de services s’effectuant hors de tout cadre d’entreprise ou même d’organisation. Ainsi en est-il du projet Wikispeed, porté par une quarantaine de bénévoles, réunis suite à l’appel de l’ingénieur américain Joe Justice sur les réseaux sociaux. Ce groupe a récem-ment réussi l’exploit de produire une voiture – en open source – moins cher, moins polluante, moins consommatrice d’essence. Inspiré des modes de pro-ductions agiles informatiques, cette ini-tiative n’a pas encore trouvé son statut juridique – le statut d’ONG lui ayant été refusé sous prétexte que la production automobile impliquait un but lucratif…

A sa manière, le logiciel libre montre depuis plus de 20 ans la capacité d’indi-

vidus – qui ne se connaissent pas, et ne sont pas situés dans un même lieu géo-graphique - à produire collectivement des biens informationnels. Le caractère de bien commun concédé à ces produc-tions par les licences GNU-GPL n’em-pêche pas leur utilisation dans un cadre de prestations de services. Ces produc-tions collaboratives peuvent donc aussi être source de revenus pour des tiers.

Derrière ces exemples, que l’on pour-rait multiplier, se cache un fait nouveau que les auteurs de l’Âge de la Multitude, Nicolas Colin et Henri Verdier, analyse de la façon suivante : « la principale dimension de la révolution numérique est la puissance désormais à l’œuvre à l’extérieur des organisations, la puis-sance des individus éduqués, outillés, connectés, la puissance de ce que nous appelons la multitude. Parce qu’elle leur est extérieure, cette puissance échappe aux organisations. Parce qu’elles doivent apprendre à capter cette puissance, les organisations vont devoir apprendre à concevoir de nouvelles stratégies et à en assumer les conséquences radicales. (…) Toutes ces transformations, ces accélé-rations et ces redistributions du pouvoir créatif nous ont fait changer d’ère indus-trielle ».

redOnner un cadre juridique à « l’actiVité cOllabOratiVe prOduc-tiVe inVentiVe »

A l’ère du numérique, les manières de travailler et de produire collectivement changent, (voir à ce sujet la cartographie réalisée dans le cadre de l’expédition DigiWork). « L’activité collaborative pro-ductive inventive » ne se décrète plus – seulement – au sein d’organigramme rigide : elle se « favorise », elle se capte au cœur d’interactions de travail, qui peuvent largement dépasser les fron-tières de l’entreprise. Ce qui n’est pas sans soulever de tensions :

> sur le management et la gouver-nance d’entités étendues, com-posées d’éléments internes et externes ;

> sur la propriété intellectuelle et le droit d’exploitation des productions collaboratives;

> sur la confiance, la sécurité des

5. Attention, une entreprise virtuelle peut en cacher une autre...articles

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données ;

> sur le partage de la valeur et la rémunération des « contributeurs ».

Il ne fait plus doute que l’entité « entre-prise » est amenée à changer, dans ses objectifs – pas seulement lucratifs – dans sa gouvernance et ses modes de dialogue social, pour inclure l’ensemble des contributeurs – internes / externes / mobiles / sédentaires ; dans ses modes de partage et de redistribution de la valeur.

Dans leur ouvrage Refonder l’entreprise, Blanche Ségrestin et Armand Hatchuel rappellent que l’entreprise se définis-sait à la fin du 19e siècle comme l’entité capable d’organiser l’activité inventive au sein d’espaces de coopération et de transformation des individus (l’innovation impliquant des apprentissages collectifs sur le long terme). Pour revenir à cette définition originelle, depuis dévoyée, les auteurs en appellent à un nouveau droit pour l’entreprise, à de nouveaux statuts (« la société à objet social étendu ») ou (« l’entreprise à progrès collectif »). Voilà des propositions qui font bouger les lignes ! Reste à savoir ce qui jouera le rôle de levier de transformations…

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l’emplOi à l’épreuVe des algOrithmes

Internetactu.net

#algOrithmes #dOnnées #rh

L’analyse des grandes quantités de données – le Big Data – est appelée à révolutionner bien des domaines. L’emploi et les ressources humaines pourraient même devenir l’un de ses premiers terrains d’applica-tion, comme l’indique les nombreux exemples cités : Google et son la-boratoire des RH People Analysis ; LinkedIn et son service Recruiter qui permet de proposer aux employeurs “les utilisateurs qu’ils devraient em-baucher” ; la Bank of America qui utilise des capteurs pour étudier les mouvements et les interactions de ses employés et comprendre ainsi la façon dont ils travaillent et intera-gissent ; …

rh, pOurquOi (et cOmment) big data Va réVOlutiOnner VOtre façOn de recruter !

MyRHLine.com

#dOnnées #recrutement

Exemple pratique de l’utilisation et l’exploitation des données dans une entreprise pour améliorer le recrute-ment et diminuer le turnover.

recrutement: cOOpter et ga-gner de l’argent

FranceInfo

#recrutement #réseaux sOciaux

C’est une des nouvelles techniques de recrutement qui arrivent en France: la cooptation sur les réseaux sociaux. Le site «My Job Compagny» propose

à ses internautes de recommander le meilleur candidat avec à la clef la possibilité de gagner de l’argent.

réflexiOns sur l’entreprise et l’enVirOnnement de traVail de demain

Entreprise 2.0

#ecOsystème #espace de cOllabOratiOn #réseau

Frédéric Cavazza a fait une synthèse du rapport de PSFK «Future of Work» sur les changements organisationnels et culturels dans les environnements de travail. Les grandes thématiques sont les suivantes : écosystème de prestataires ou indépendants pour développer son activité ; flexibilité des espaces physiques, imbrication des espaces de collaboration phy-sique, mobile et virtuel ; mise en place de réseau d’apprentissage, de formation et de capitalisation des connaissances ... Des pistes de réflexion et des liens accompagnent cette synthèse.

les 9 types de cOllabOra-teurs selOn centraldesktOp

CentralDesktop

#cOllabOratif #infOgraphie

Vous êtes à peu près sûrs de vous reconnaître dans un des person-nages décrits dans cette infographie : que ce soit dans l’expert (qui connaît toutes les bonnes pratiques collabo-ratives de la structure), le meneur (qui aide les membres de son équipe à finaliser leur trouvaille), dans l’»homme (ou femme) des silos» (qui aime travailler seul) ou encore dans le sceptique à qui l’on doit prouver

que les outils collaboratifs lui seront vraiment utiles.

innOVer, c’est désObéir

La Tribune

#innOVatiOn

Tout le monde veut innover. La plu-part des entreprises sont convain-cues de le faire. Et pourtant, le doute est permis : savons-nous ce qui dis-tingue les innovateurs (individus et entreprises) des autres ?

la drh en 2020: 6 prédictiOns audacieuses

Dokker.com

#rh

La DRH est condamnée. Il n’existe pas de futur viable pour la fonction RH et les professionnels de la RH seront inévitablement remplacés par des logiciels. Du moins c’est ce que certains affirment.

management rh de gOOgle : tOp 10 des pratiques innOVantes

Journal du net

#management #rh

Contrairement aux leaders de leurs marchés qui doivent leur réussite à une longue existence, la réputation de leurs produits/services, ou à des acquisitions stratégiques, le succès de Google est dû à la gestion de son capital humain.

Veille Nouveaux collectifs, nouveaux managementsVeille

5 cOnseils clés pOur faciliter la mise en œuVre de prOjets cOllabOratifs

Les Echos

#cOllabOratif

Une collaboration réussie entre le monde académique et les entreprises doit favoriser le transfert de tech-nologie et ainsi créer un écosystème de l’innovation performant. David Simplot-Ryl, directeur du centre de recherche Inria Lille - Nord Europe (un acteur membre du réseau J’Innove en Nord-Pas-de-Calais) délivre ses 5 conseils clés pour faciliter la mise en œuvre de projets collaboratifs.

inside facebOOk’s internal innOVatiOn culture

Harvard Business Review

#culture interne #innOVatiOn #réseau sOcial

Facebook fait beaucoup parler, et est abonné à la une des magazines et des quotidiens pour ses frasques boursières ou la façon dont le réseau social réinvente les liens sociaux. Mais peut-être passons nous à côté de ce qui fait le succès de la compagnie, sa culture interne d’innovation.

le gOuVernement autOrise le pOrtage salarial mais lui rOgne les ailes

Zevillage

#ecOsystème #intermédiaire #pOrtage salarial

L’accord paritaire de 2010 sur le por-tage salarial, pratique qui consiste pour des entreprises, jouant un rôle d’intermédiaire, à salarier un indi-vidu effectuant une mission pour une autre société, est devenu applicable samedi, avec la publication au Journal Officiel d’un arrêté du ministère du Travail. Un dispositif malheureuse-ment réservé aux cadres, avec un plancher de salaire élevé.

fiVe reasOns sOcial media WOn’t cOnsOlidate

Havard Business Review

#cOmmunicatiOn #réseaux sOciaux

Voilà dix ans que nous sommes en-trés dans l’ère des réseaux sociaux, véritable phénomène de société, l’engouement du public pour ces pla-teformes virtuelles d’interactions a progressivement suscité l’intérêt des entreprises. Elles y ont vu un levier de communication personnalisable peu onéreux, mais l’adoption de straté-gies de communication cohérentes reste tributaire des outils informa-tiques, et de l’organisation interne des entreprises.

distinguer la sOciété des mythes par l’analyse des ré-seaux sOciaux

Internetactu.net

#réseaux sOciaux

Les réseaux sociaux sont à la mode, mais ils ont toujours existé, et les ma-thématiques s’y intéressent depuis quelques années déjà… Mais peut-on utiliser la théorie des réseaux pour examiner des rapports sociaux très anciens, et, en allant plus loin encore, concernant des univers au moins par-tiellement imaginaires ? Et que peut-on en tirer ?

isaac getz : « l’OrganisatiOn Où les salariés sOnt libres Vaincra tOujOurs les cOncur-rents traditiOnnels

Collaboratif-info.fr

#autOnOmie #management

Professeur à l’ESCP et co-auteur de « Liberté & Cie, Quand la liberté des salariés fait le bonheur des entre-prises », Isaac Getz est spécialiste de l’innovation et du leadership libé-rateur. Il propose aux entreprises et à leurs dirigeants une méthode pour repenser et transformer leur modèle

managérial en levier de croissance.

pôle emplOi OuVre une passe-relle Vers ViadeO

Le Monde Informatique

#recrutement #réseaux sOciaux

Viadeo et Pôle emploi ont conclu un partenariat pour développer l’usage des réseaux sociaux professionnels chez les demandeurs d’emploi et flui-difier la diffusion des offres d’emploi et des CV. Un partenariat avec l’Apec et Viadeo existe depuis janvier 2010.

chez expectra, les candidats peuVent pOstuler en 1 clic aVec ViadeO, linkedin et dOyOubuzz !

Recrutement mobile et sociale

#recrutement #réseaux sOciaux

Expectra permettait aux candidats de répondre à leurs offres via leur profil Viadeo depuis 1 an et vient donc d’élargir les possibilités de postuler à un poste. Mais la réponse classique avec envoi de CV gagne largement le match face aux réseaux sociaux pour le moment, puisque sur un an et près de 400.000 candidatures, moins de 7% ont postulé via leur profil Viadeo.

l’adOptiOn des rse et plate-fOrmes cOllabOratiVes prO-gresse lentement

Entreprise 2.0

#cOllabOratiOn #management #réseau

Frédéric Cavazza fait une synthèse de 4 études sur le sujet, qui sont peu réjouissantes au final. Sa conclusion : si les entreprises se targuent d’un déploiement de solutions modernes (RSE, accès mobile…), elles sont beau-coup moins volontaires pour initier une mutation en profondeur des ha-bitudes de travail. Ce qui manque le plus est la mise en place d’une réelle dynamique de changement où la di-rection et le middle management ex-

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pliquent, stimulent et participent de façon active à la transformation des outils et processus métiers.

tWO peOple dOing the same jOb? it’s nOt crazy fOr engineers

Fastcompany Co.Labs

#cOllabOratiOn #prOductiVité

Embaucher deux personnes pour faire le même travail semble ab-surde et c’est pourtant ce que font de nombreuses entreprises déve-loppant des logiciels, afin d’accroître la productivité et réduire les coûts. Cette pratique, appelée «pair pro-gramming», augmente l’innovation en forçant les développeurs à discuter leurs idées, verbaliser leurs solutions, découvrir des aspects d’un problème qu’ils n’avaient pas vu au 1e abord, … avant de taper la 1e ligne de code.

yOur neW secretary: an algOrithm

The Wall Street Journal

#algOrithme #prOductiVité #relatiOns de traVail

Des start-ups créent des logiciels qui cherchent à améliorer la vie des employés. Ainsi le logiciel RelateIQ re-cueille constamment des signaux de données pour déterminer si les rela-tions de travail avec des partenaires internes ou externes se refroidissent ; Sociometric Solutions utilise une méthode proche pour améliorer les conversations. tenXer gère les modi-fications de code et les heures pas-sées en réunion pour aider à mieux maîtriser sa productivité. Yesware tente d’améliorer la productivité par e-mail.

infOgraphie : les tendances rh 2012

Expectra

#infOgraphie #rh

Infographie de l’enquête d’Expectra sur les tendances RH 2012

l’énOrme pOtentiel de linkedin, le «facebOOk sérieux des prOs»

Le Nouvel Observateur

#liens #réseaux sOciaux

Retour sur l’enquête menée par FaberNovel sur LinkedIn, le réseau social qui génère le plus de reve-nus par heure passée sur le réseau, dont les membres ont la plus grande valeur (théorique), qui est aussi une vrai plateforme «business», et dont l’ambition est de «créer la carte nu-mérique de l’économie globale, en identifiant les connections entre les gens, les métiers, les compétences, les entreprises et le savoir profes-sionnel - et montrer en temps réel les tendances liées aux opportunités économiques».

les réseaux sOciaux en eurOpe: amis Ou ennemis de l’écOnOmie?

MyEurop

#cOllabOratiOn #prOductiVité #recrutement #réseaux sOciaux

D’après certaines études, les réseaux sociaux distrairaient les salariés de leur travail et seraient ainsi respon-sables de pertes faramineuses pour les économies des États. D’autres affirment qu’ils permettraient d’aug-menter la productivité des employés en améliorant la communication et la collaboration entre eux. Quant aux employeurs, ils s’en servent de plus en plus pour leur recrutement. Les réseaux sociaux, pas vraiment un ennemi de l’économie.

Vers la fin des hackathOns ?

01net

#cOprOductiOn #innOVatiOn #interne/externe

Conclusion de l’article : «Le hacka-thon brouille les repères traditionnels

de l’innovation fermée qui imprègne encore la culture organisationnelle de nombreuses entreprises. Mais passé le week-end, le hackathon va per-mettre de faire la preuve de faisabili-té de l’innovation ouverte, il va révéler tout le potentiel d’une démarche de collaboration avec des partenaires externes. Le hackathon devient alors un levier puissant d’évangélisation interne dans l’entreprise.»

unileVer systématise la cO-créatiOn

L’Usine digitale

#cOprOductiOn #créatiVité #réseau

Les clients n’ont pas qu’un avis, ils ont aussi des idées. Unilever est bien décidé à en systématiser la collecte pour l’aider à innover. Pour ce faire, il a signé un accord-cadre avec la plate-forme en ligne d’Eyeka, une start-up française qui fédère, dans 150 pays, quelque 250 000 membres prêts à participer à des concours de créativité.

ludificatiOn : technique de ma-nagement Ou simple Outil de cOmmunicatiOn

Les Echos

#ludificatiOn #management

Depuis une décennie, accentués par le développement des entre-prises du net, de nouveaux modes de management ont émergé trans-formant profondément les relations interindividuelles et hiérarchiques au sein de nombreuses organisations. Un exemple est l’apparition de la ludification qui tend à transformer les espaces communs de l’entre-prise en un espace de détente et de divertissement.

cOmment cOmprendre et Opti-miser l’entreprise « agile »

Gpomag

Nouveaux collectifs, nouveaux managements Veille

#cOnnaissances #partage

Alors que les applications mobiles professionnelles ne cessent de se dé-velopper, il est primordial d’optimiser l’information des connaissances, sa gestion, son partage, son accès ou sa diffusion à tous les collaborateurs de l’entreprise.

100% Web, 100% mObile : l’entre-prise sans frOntières

Manpowergroup

#frOntières #management #OrganisatiOn

« Les mutations de l’IT pour l’entre-prise digitale » : le titre de la convention CRIP de cette année souligne l’étroite imbrication des transformations tech-nologiques et du changement mana-gérial au sein de l’organisation 2.0 - un concept hier encore un peu nébuleux, auquel la réalité quotidienne de l’en-treprise donne aujourd’hui un contenu complexe mais très concret.

le recrutement nOn-cadre est l’aVenir du recrutement

RmsNews

#recrutement #réseaux sOciaux

Est ce que le recrutement non-cadre sur internet existe aujourd’hui ? Le re-crutement cadre a lui atteint une cer-taine maturité avec les sites emploi ou sur les réseaux sociaux (près de 60% à 70% des cadres ont un profil sur 1 réseau social professionnel). Mais qu’en est-il pour les non-cadres ? Manque de moyens, faible connexion, pas d’adresses mail…autant de rai-sons qui ont vu ce marché décoller si tardivement malgré de nombreuses tentatives.

rh et réseaux sOciaux : retOur à la réalité !

Les Talents d’Alex

#cOmpétence #réseaux sOciaux

Comment les entreprises et leur DRH se saisissent ou pas des réseaux so-ciaux comme un outil potentiellement efficace pour la découverte de talents. Trois profils-type ressortent de la table ronde organisée par l’IGS FC Lyon à laquelle se sont succédés une quarantaine de RH.

Nouveaux collectifs, nouveaux managementsVeille

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4. nOuVeaux espaces, nOuVelles tempOralités

Les collaborations professionnelles sont constamment hybridées d’interactions physiques et numériques, de présentiel, de mobilité. L’ubiquité des réseaux participe à l’interpénétration des différents temps de vie (professionnel, personnel, de loisirs, familial). Il en résulte un éclatement des frontières spatio-temporelles des organisations, une recomposition de l’immobilier de bureau, et de la géographie des entreprises. Le temps de travail est plus difficile à mesurer. Désormais, le temps et l’espace ne sont plus les principaux critères d’encadrement et de contrôle du travail.

articles

Veille

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Le phénomène du coworking connaît un essor rapide, au point d’être évoqué dans chaque discussion sur les évolu-tions récentes du travail. Les espaces de travail partagés composent, avec les télécentres mais aussi les pôles de mo-bilité, les cafés et tous les espaces pro-posant une connexion WIFI, la nébuleuse des « tiers-lieux » qui forme le chemin connecté entre nos domiciles et les en-treprises. Le nombre de ces espaces partagés a connu une progression expo-nentielle dans le monde depuis 2006, passant ainsi de 1130 à 2150 lieux entre 2011 et 20121.

L’hexagone se classe au 6ème rang mondial avec 121 lieux en activité, der-rière l’Allemagne (230), l’Espagne (199), et l’Angleterre (154). Les Etats-Unis, pays pionnier, compte pas moins de 750 espaces de ce type sur son territoire, mais, à comparer au plan continental, on en dénombre 25 % de plus en Europe qu’en Amérique du nord.

Même si l’on voit se développer des initiatives similaires en milieu rural, qui revêtent plutôt la forme de télécentres et s’adressent essentiellement aux télé-travailleurs, la quasi totalité des espaces de coworking se situent dans les grands centres urbains qui polarisent l’activité économique. Les villes françaises com-mencent à suivre le mouvement, avec les régions Ile-de-france, Rhône-Alpes,et Aquitaine en tête, mais de façon très hétérogène. Leur meilleure répartition sur le territoire constitue un des enjeux majeurs d’aménagement pour la région Ile-de-France dont 27 des 31 espaces actuellement actifs se concentrent sur Paris.

Une typologie primaire de l’usager moyen nous apprend qu’il s’agit deux fois sur trois d’un homme, âgé de 34 ans, et ayant suivi des études supérieures.

Les coworkers sont majoritairement des personnes qui télétravaillaient aupara-vant de leur domicile, mais la présence croissante de salariés habituellement confinés aux bureaux traditionnels ap-paraît comme une tendance durable. De l’aveu des personnes interrogées, leur fréquentation régulière de ces tiers-lieux a un impact positif sur l’extension de la sphère sociale et du réseau profession-nel, et sur la productivité.

Voilà pour la Big Picture, mais qu’en est-il du terrain, des formes que prennent les espaces partagés de travail, des pra-tiques et des usages qui s’y cultivent et en émergent. Grâce au coworktour organisé récemment par La Fonderie (agence numérique IdF), l’occasion nous a été donné d’être accueillis dans quelques d’espaces de coworking fran-ciliens et de rencontrer leurs fondateurs et fondatrices. Tentons une synthèse des particularités et des traits communs qui constituent les caractéristiques et l’identité de ces lieux.

Le premier constat concerne la diversité d’aménagement de l’espace physique. En dehors du fait que tous les lieux de coworking se définissent par leur capaci-té à accueillir des usagers aux pratiques diverses, et de façon plus ou moins tem-poraires, sur la base d’une mutualisation de l’espace et de l’énergie, on garde sur-tout à l’esprit que chaque lieu est fondé sur une architecture particulière. On peut privilégier l’espace ouvert décloi-sonné, constitué du mobilier bureautique minimaliste et modulaire, comme le fait Ici Montreuil. On peut souhaiter l’équi-libre entre espaces ouverts et espaces plus intimistes destinés aux discussions comme c’est le cas au Tank ou au Labo de l’édition, ou, à l’image de Soleilles ou de BGE, opter pour des cloisonnements matérialisés qui autorisent les réunions plus formelles, ou les rencontres avec

1. Les espaces de coworking, une tendance qui se confirme

julien camachO

Paru le 02 juillet 2013 sur fing.tumblr.com le blog de la fng

articles

des clients ou partenaires.

La disposition de l’espace intérieur constitue un choix infléchie par le type de public professionnel auquel il s’adresse. En effet, il est souvent de mise que l’ac-tivité d’un espace de coworking corres-ponde à un secteur économique parti-culier, voire à une catégorie de métiers connexes. Lap Top ou Studio Singuliers, par exemple, rassemblent des travail-leurs de la création et de la conception numérique, designers, graphistes. Le Labo de l’édition, comme son nom l’in-dique, réunit les acteurs du livre, papier et numérique.

On touche ici à la dimension socio-pro-fessionnelle des lieux de coworking, et à leur fonction de connecteur. Ils sont souvent le point de convergence ou de mise en relation des différents acteurs d’un écosystème, qui y voient l’oppor-tunité de s’affranchir des cloisons du marché ou de l’entreprise pour penser de nouvelles manières de collaborer, de concevoir ou de mener des projets. Le Tank est adossé à la société Spintank, qui en a fait une sorte d’incubateur, où se rencontrent ses salariés et des indépen-dants extérieurs, et au sein duquel une approche ouverte de l’innovation prend forme. Ce sont encore des « ressource-ries » pour les indépendants en quête de supports stratégique, comptable, finan-cier, juridique, etc…

Dans le même sens, certains des lieux se présentent comme des incubateurs de start-up, leur offrant ainsi des loyers re-lativement modérés, l’accès à un réseau d’intérêt, et la possibilité de trouver des financements. Soleilles et Le labo de l’édition intègrent des espaces entière-ment dédiés au démarrage de projets entrepreneuriaux innovants.

Leur modèle économique est également différent d’un projet à l’autre, même si les responsables sont unanimes sur le constat que la simple mise à disposition d’un espace de coworking ne produit pas de bénéfices suffisants pour dégager des salaires, avec des abonnements qui se situent dans une fourchette de 290€ à 450€ par mois. Cela pousse les struc-tures à diversifier leur activité, en louant une partie des locaux à des entreprises, en proposant des accompagnements à

la création de projets ou des prestations de coaching.

Certains sont portés par la force pu-blique, comme Le labo de l’édition, mais la plupart sont le fruit de l’investissement privé de ses fondateurs, qui investissent en Europe en moyenne 46500€ dans l’ouverture de l’espace. Ici Montreuil constitue une exception à plus d’un titre, puisqu’il réunit un financement croisé public/privé (un budget total de 500k€), qu’il s’est structuré en SCIC (Coopérative d’intérêt Collectif) en intégrant les collec-tivités locales dès le portage de projet, et qu’il regroupe une impressionnante diversité de parties-prenantes. L’espace des coworkeurs y cohabite avec des arti-sans (bois, métal, couture, bijouterie..) qui mutualisent leurs outils, des artistes, des designers, un restaurant, et un espace d’exposition. Le concept du lieu tient en une idée, être capable, sur une semaine, d’avoir une idée et de la vendre.

Les acteurs publics se saisissent pro-gressivement de l’enjeu que représen-tent l’essaimage de ces espaces pour les territoires et les bassins d’emplois. Ils prennent notamment conscience de la relative précarité des modèles éco-nomiques qui les supportent, et qui ne permettent que rarement de pérenniser un poste d’animation, pourtant indis-pensable à leur fonctionnement et à leur développement. Ainsi, le premier appel à projet à la création de tiers-lieux porté par la région Ile-de-France a permis à 14 lieux de bénéficier d’aides (à hauteur de 800k€), et a été reconduit cette année avec une enveloppe proche du million d’euros. L’implication de la force publique s’avère également utile lorsqu’il s’agit de définir un projet à l’échelle d’un territoire, elle apparaît alors comme un entre-metteur capable d’initier des synergies économiques cohérentes. Cependant, même si l’acteur public se fait plus pré-sent, de nombreux porteurs de projet considèrent qu’il est primordial que ce mouvement reste de nature privée, as-sociative ou entrepreneuriale, et conti-nue de promouvoir l’innovation ascen-dante (bottom-up).

La multiplication des tiers-lieux se confirme comme une tendance durable, et à laquelle sont liées certaines évolu-

1. Les espaces de coworking, une tendance qui se confirmearticles

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tions et transformations du travail que pointe l’expédition Digiwork menée par la FING depuis février 2013. Le travailleur se fait à la fois, plus mobile, reconfigu-rant ainsi les frontières et l’organisation de l’entreprise, et mobilisable, à condi-tion que les modes de management l’intègrent comme partie-prenante et pas seulement comme un exécutant. Les modes de management se reconfi-gurent pour laisser davantage d’auto-nomie et renforcer la participation aux prises de décisions. La progression des statuts indépendants dans la population active n’est pas qu’une conséquence mécanique de la crise économique, elle indique probablement un changement plus profond dans le rapport au salariat. Si ce dernier a progressé ces cinquante dernières années, et constitue plus que jamais la norme (2), on constate éga-lement une progression des statuts indépendants voulue, et pas seule-ment subie. La chimère du plein emploi s’éloigne encore un peu plus à mesure que le taux de chômage atteint de nou-veaux sommets, et la précarisation des parcours professionnels donnent aussi lieu à de nouvelles postures face au travail. La notion d’activité se substitue progressivement à celle de travail, et les évolutions des dernières décennies ayant consacré le basculement vers des carrières composées de plusieurs expé-riences successives, voient aujourd’hui émerger une tendance à la pluri-acti-vité. Les réflexions et les initiatives sur des rapports renouvelés à la création de valeur et à la rémunération des activités (monnaies complémentaires ou sociales, revenu d’existence), restées jusque-là marginales, se diffusent plus largement et apparaissent comme des éléments de solutions non négligeables.

Le travail est au centre de l’organisation sociale et de nos modèles de solidarité, et, à ce titre, nécessite qu’on le pense dans une approche pluri-dimension-nelle susceptible de rendre compte de la complexité des rapports qui s’y arti-culent. C’est l’objectif que s’est donné la FING en lançant l’expédition Digiwork qui se poursuivra jusqu’à la fin de l’année, et qui sera, d’ici là, jalonnée de nouvelles rencontres et ateliers.

La Fonderie vient de lancer, lors de l’édi-tion 2013 de Futur en Seine, son projet de cartographie collaborative des ac-teurs franciliens du numérique. Vous retrouverez tous les lieux cités dans cet article sur cette carte, dont un aperçu est consultable ci-dessous. Repérez l’es-pace de coworking qui retient votre at-tention et faites vous votre propre idée.

> 1. Tous les chiffres et les statistiques utilisés dans cet article sont tirés de l’enquête menée annuellement par le magazine en ligne deskmag et du site de l’agence berlinoise deskwanted (Copyrights Creative Commons)

> 2. L’emploi, nouveaux enjeux – INSEE - Édition 2008

1. Les espaces de coworking, une tendance qui se confirme articles 1. Les espaces de coworking, une tendance qui se confirmearticles

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Le colloque co-organisé par la DIRECCTE IDF, la DGT et la FING le 12 mars dernier proposait un tour d’horizon des trans-formations du travail liées au numérique, constitué d’interventions de profession-nels et d’experts ponctués de tables rondes. Le débat s’ouvrait sur les risques et les opportunités que ces évolutions impliquées pour les conditions de travail de demain. Vous trouverez le compte-rendu de ces échanges sous la forme de 4 articles – libres - analysant les propos des intervenants et les réactions-ques-tions du public. Le premier compte-ren-du a été publié hier, voici le deuxième sur la thématique “La stabilisation des fron-tières du temps et des lieux de travail est elle envisageable ?”, dont les interve-nants étaient :

> Anca Boboc, Orange Labs

> Monique Boutrand, Secrétaire natio-nale CFDT cadres

> Patricia Maladry, chef du service de l’inspection médicale du travail

> Patrick Storhaye, Président de Flexity SAS

“La stabilisation des frontières du temps et des lieux de travail est-elle envisa-geable ? “, telle était la question posée à la 2e table ronde de la matinée. L’usage observé chez les individus au travail de plusieurs comptes mails (perso/pro), de plusieurs téléphones portables, de répertoire différencié entre contacts pro et contacts perso, semble traduire la volonté explicite de séparer les sphères privées et professionnelles. Pourtant les interventions ont montré une grande disparité des profils dans la façon de gérer les temps de la journée. Ce cli-vage n’est pas sans rappeler celui qui existe entre les travailleurs et le patronat depuis l’instauration du travail moderne, caractérisé notamment par la mise en place de l’horloge sur le lieu de travail (le temps étant indiqué par le soleil ou les marées avant le XVIIIe siècle), l’abandon du travail à domicile, la spécialisation des taches, …

Anca Boboc, sociologue du travail chez Orange Labs explique en effet que la manière dont les travailleurs appré-hendent la gestion de leurs temps pro-fessionnel et personnel s’explique par

différents facteurs : âge, profession, sexe, organisation du travail, temps de transport, structure familiale, niveau d’équipement… Ainsi, selon les enquêtes qu’elle a menées, le portrait type du té-létravailleur, est le suivant : homme entre 30 et 49 ans, cadre dans une grande entreprise (+ de 1.000 salariés) du sec-teur des télécoms, vivant dans une grande agglomération. Mais paradoxale-ment, le débordement de la vie profes-sionnelle dans la sphère privée (comme par exemple, regarder ses mails pro-fessionnels le dimanche soir) est plus important chez les femmes managers encadrant, précise Monique Boutrand, secrétaire nationale de la CFDT Cadres. Les femmes passeraient une grande partie de la journée à gérer les autres et termineraient alors leur “vrai” travail le soir. Cette situation n’est pas nouvelle, comme nous l’a rappelé Anca Boboc : depuis des siècles, les femmes sont en effet des “amortisseurs temporels” dans la société, selon une expression de Dominique Méda, dans le sens où ce sont elles qui gèrent la logistique du quo-tidien et font face aux urgences.

Toutefois, il est important de rappeler que pour certains, la porosité des temps professionnel et personnel est vrai-ment très satisfaisante car elle permet de gérer leur journée et leur semaine comme bon leur semble. Le cadre voit ainsi cette autonomie comme un mar-queur de reconnaissance lié à son statut. Par ailleurs, Monique Boutrand souligne qu’il faut bien voir que la notion de temps de travail dans le contrat d’un cadre n’a plus vraiment de sens puisqu’il ne fait pas 35h/semaine, que de nom-breuses heures de travail ont lieu hors du cadre de l’entreprise. Par contre, il serait important de penser et de mettre en avant la notion de repos. Ce que confirme Patricia Maladry, chef du ser-vice de l’inspection médicale du travail, en précisant que toutes les enquêtes menées par ses services confirment la dictature de l’urgence, l’instantanéité, le contrôle, le suivi, … permis par les TIC et ressentis par les travailleurs depuis quelques années. Ainsi, s’il est néces-saire d’avoir 11h de repos quotidien selon la législation européenne, dormir moins de 6h par nuit provoque des troubles

2. Le temps, marqueur intemporel de la lutte des classes et des genres ?

aurialie jublin

Paru le 03 avril 2013 sur fing.tumblr.com le blog de la fng

articles2. Le temps, marqueur intemporel de la lutte des classes et des genres ?

vasculaires, cardiaques, … Sans compter que le sommeil est souvent lui-même troublé. Selon Patricia Maladry, sur 1000 personnes, 30% gardent leur téléphone allumé sur leur table de nuit, 60% de ces 30% reçoivent des mails ou des SMS et 40% y répondent (ce qui fait 72 per-sonnes au final).

Deux autres constats sur les limites neu-robiologiques ont également été faits par Patricia Maladry et Patrick Storhaye, ancien DRH et président de Flexity : les personnes qui feraient plusieurs choses en même temps seraient finalement mauvais en tout car ils mélangeraient les flots d’informations. Quant aux télé-travailleurs, certains ont tendance à surinvestir, à faire plus d’heures que leurs collègues en entreprises, par peur du jugement de ces derniers, d’où du surmenage et des troubles cognitifs. Les technologies ne sont donc pas les déterminants de ces dérives, mais des révélateurs, notamment des dysfonc-tionnements communicationnels et rela-tionnels de l’entreprise.

Finalement comme le dit Patrick Strohaye tout est une question de limites : les li-mites que l’on doit s’imposer, les limites que notre corps nous impose. Il souligne que la notion de plaisir est également à prendre en compte : on rappelle souvent que le mot travail vient du latin “tripa-lium” (“torture”), ne devrait-on pas voir le travail comme l’“opus” (“œuvre”) ? S’il n’y a pas de projet derrière ce que l’on fait, s’il n’y a pas de sens, alors le tra-vail est souffrance. L’équilibre entre vie privée et vie professionnelle est en fait une question d’équilibre et d’harmonie entre ce que l’on fait et ce que l’on est. Mens sana in opere sano (un esprit sain dans un travail sain).

2. Le temps, marqueur intemporel de la lutte des classes et des genres ?articles

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Suite à une enquête auprès de 2000 personnes travaillant dans un bureau et utilisant des outils informatiques mobiles (tablettes, ordinateurs et téléphones portables), Steelcase a formalisé 9 nou-velles positions au travail dans un bureau, menant à la conception d’une nouvelle chaise de bureau, leur cœur de métier. Nous sommes, bien sûr, bien loin des préconisations de la médecine du travail et plus proche des positions observées chez des jeunes, à qui ma mamie aurait envie de dire “Allez redresse-toi un peu, ce n’est pas bon pour ton dos”.

En voyant cette image, j’ai pensé à la façon dont les humains se dépla-cent dans le film d’animation WALL-E. Comme le montre cette vidéo (à partir de 1’05), les humains sont en position assise, confortablement callés dans un fauteuil allant prestement d’un point à un autre. Ils sont obèses, ne pensent qu’à consommer, ne travaillent plus, ce sont les robots qui font tous.

Il n’est plus question de travail dans le monde décrit dans WALL-E, mais ce scénario extrême et plutôt lointain (fin du XXIIe siècle), remis dans notre contexte soulève des interrogations : Comment sont rémunérés les humains si les robots font tous ? Comment peuvent-ils consommer à longueur de journée pro-duits et services sans argent ? Ont-ils mis en place une sorte de “cotisation Rose”, une taxe sur les robots, ordinateurs et systèmes experts, pour contrebalancer la destruction des emplois ? Comment l’entreprise Buy n Large gagne de l’ar-gent ? Comment est créée et distri-buée la valeur dans cette société ? Bref, comment fonctionne cette société ?

Il n’y a pas de réponse à ces questions bien sûr, car ce n’est qu’un film d’anima-tion, mais il est intéressant de se pen-cher sur les conséquences d’une société où “avant la fin de ce siècle, 70% des em-plois d’aujourd’hui seront remplacés par l’automatisation”. Ce sujet sera certai-nement traité lors de la prochaine ses-sion d’atelier Digiwork, fin avril. Et n’allez pas croire que je fais une fixation sur les robots…

3. Evolution du corps, évolution du travail

aurialie jublin

articles3. Evolution du corps, évolution du travail

Paru le 20 Mars 2013 sur fing.tumblr.com le blog de la fng

3. Evolution du corps, évolution du travailarticles

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augmenter la réalité sOciale sur le lieu de traVail

MIT Technology Review

#dOnnées #espace de traVail

Ben Waber, auteur de «People Analytics: How Social Sensing Technology Will Transform Business», revient pour Technology Review sur la façon d’augmenter la réalité sociale sur les lieux de travail. Que se passe-t-il quand l’espace de travail, les murs qui séparent les gens, voire même la machine à café, sont déterminés par les données ?

l’embOuteillage, cOmme bu-reaux du futur ?

Transit-city

#espace de traVail #mObilité

En partant d’une BD des années 70, qui montre comment les embou-teillages peuvent engendrer une vraie révolution urbaine à partir du moment où on les aborde d’une fa-çon radicalement différente, l’auteur suggère que l’on essaie d’imaginer les embouteillages autrement que comme de simples temps de vacuité.

mObilité et télétraVail sOnt bOns pOur la prOductiVité se-lOn une étude de citrix

Zevillage

#mObilité #télétraVail

Entretien avec Sophie Vandriessche, directrice commerciale EMEA chez Citrix, qui commente l’étude 2013 « Télétravail et mobilité » que l’entre-prise a conduite auprès de 1262 en-treprises sur 3 continents et où l’on

voit que le travail flexible et la mobilité sont bons pour la productivité.

réVOlutiOn numérique et cOWOrking : Vers une Ville VapOreuse?

DNArchi.fr

#espace de traVail #cOWOrking

Francesco Cingolani s’engage ici pour le coworking qu’il met en œuvre dans son espace SuperBelleville. Il ques-tionne l’évolution de nos espaces physiques de travail à l’ère de la dématérialisation de nos supports de représentation, d’interactions so-ciales comme d’information.

«un bureau au tOp, ça rap-pOrte ?» interVieW d’alain d’iribarne

Cadremploi.fr

#espace de traVail #prOductiVité

Performance au travail, et si tout commençait par les bureaux ? Cet argument de poids en faveur de votre espace de travail est aussi le titre du dernier ouvrage d’Alain d’Iri-barne, publié aux éditions Italiques. Le président du conseil scientifique de l’observatoire Actineo de la qua-lité de vie au travail nous explique pourquoi un bureau agréable est aussi rentable.

tOO much cOllabOratiOn is hurting WOrker prOductiVity

QZ.com

#cOllabOratiOn #espace de traVail #prOductiVité

Un rapport récent de la compagnie Gensler, spécialisée dans l’ergono-mie et l’architecture globale du lieu de travail, montre que les employés passent davantage de temps à cibler le travail mais se trouvent moins effi-caces qu’auparavant.

bureaux et cOWOrking en ile de france: il reste beaucOup de places

Bureaux à Partager

#cOWOrking #espace de traVail #infOgraphie

Dans cette infographie proposée par Bureaux à Partager, plateforme de location de bureaux et de coworking, il est annoncé d’entrée que 13% des espaces de travail sont libres en Ile de France, ce qui représente 100 000 appartements d’une superficie de 60 m2, uniquement sur le territoire fran-cilien. Une enquête menée par HEC Junior Conseil pour AOS Studley et Bureaux à Partager.

Veille Nouveaux espaces, Nouvelles temporalitésVeille

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5. Valeur du traVail, mesure de l’actiVité, rétributiOn

Si les pratiques individuelles de travail, les interactions collectives, le cadre spatio-temporel de l’activité productive changent, ce n’est pas sans conséquence sur la définition de la valeur produite par le travail. Or le numérique est à la fois un outil de production, un outil de mesure et de quantification, un support pour les interactions, un vecteur de rétribution (financier, symbolique). Les rôles de travailleurs-contributeurs–consommateurs s’interconnectent.

Des externalités positives ou négatives peuvent être mesurées, captées. Une économie collaborative se met en place, ainsi qu’une économie des communs, bousculant les frontières traditionnelles du marchand et non-marchand. Tout cela pourrait faire évoluer la manière dont, demain, on mesure la valeur de l’activité productive et dont on la rétribue.

articles

Veille

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Selon la théorie économique, « ce qui crée de la valeur, c’est l’activité de travail », rappelait Romain Chevallet, chercheur à l’ANACT. Donc pour trouver le travail, il suffit de chercher la valeur.

Jusqu’à présent le travail productif se trouvait clairement identifié dans l’en-treprise. Il y était même circonscrit. Les activités développées dans la sphère privée étaient considérées comme non-productives, relevant de l’économie in-formelle(1). Or, avec la numérisation de l’ensemble des activités - sphères pro-fessionnelle et privée -, et la génération de données qui l’accompagne, la pro-duction de valeur ne se limite plus à la seule activité des entreprises… Les fron-tières de ce qui peut/doit être considéré comme du « travail » devraient en être irrémédiablement étendues…

plus d’agilité pOur les entreprises…

Avec le développement de l’informa-tique et l’individualisation des outils, le contenu du travail est devenu de plus en plus abstrait, médié par des systèmes d’informations. La numérisation des tâches, le développement de services, le découpage en projets ont conféré une nouvelle agilité à l’entreprise : per-mettant la rationalisation des process, l’intensification des rythmes, l’augmen-tation de la productivité. Pour Daniel Kaplan, délégué général de la FING, cette efficacité a, jusque là, profité essentiel-lement aux entreprises. Tandis que les individus peinent à s’adapter à l’aug-mentation des flux, des rythmes, à l’info-bésité, et ne voient pas de contrepartie à l’engagement et la souplesse qui leur sont demandés. L’incitation à la respon-sabilisation au travail et à l’autonomie se retrouve entièrement sous contrôle(2). Premier paradoxe soulevé…

plus d’inVisibilité pOur les indiVidus…

La possibilité de contrôler et suivre en temps réel l’ensemble des actions des individus est allée de pair avec une sur-valorisation des dimensions objectives du travail, au détriment des dimen-sions subjectives. Deuxième paradoxe soulevé : ce ne sont pas les spécifici-tés individuelles - qualitatives - qui res-sortent, mais le résultat global - quan-titatif. Pour Romain Chevallet, le travail réel en est devenu invisible(3). Le don, le contre-don, la part de formation par les pairs, l’entraide, les phases de calage, bref toutes les dimensions informelles – gratuites - du travail, essentielles à la réalisation des tâches et au travail en équipe, ne sont plus prises en compte. Alors même que le travail abstrait exige de l’individu une réflexivité plus grande, un temps de préparation d’adaptation, d’apprentissage, de prise en main des systèmes. D’où la difficulté à « remettre la main sur son travail », à « le maîtriser » soulignait R. Chevallet.

mais des actiVités cOnnexes qui prennent de la Valeur…

Enfin, troisième paradoxe soulevé : la traçabilité des usages et la génération de données ont conféré de la valeur aux actions des individus en dehors du cadre du travail. « Toutes les activités menées sur les réseaux ou sur des terminaux numériques produisent continuellement de la donnée, qui est porteuse de valeur pour les plateformes qui délivrent les services », explique Antonio Casilli, socio-logue à Telecom Paris Tech. « Les sys-tèmes algorithmiques sont sous-tendus par le travail de fourmis de millions d’in-ternautes utilisateurs ». Ici le travail n’est plus cantonné aux bureaux, aux usines, il ne se définit plus par rapport à des ho-raires de production. Il est omniprésent :

1. Qu’est-ce que le numérique change à la création de valeur par le travail ?

amandine brugière

Paru le 04 avril 2013 sur fing.tumblr.com le blog de la fing

articles

partout et en tout temps : il comprend les données générées lors des activités sur les réseaux par les « foules » et captées à leur insu, mais aussi toutes les formes volontaires de contribution (commen-taire, évaluation, recherche, publication de textes, d’images-photos-vidéos, : les pratiques de web2.0 en général). Il prend la forme d’une exploitation extrême au sens où il n’est pas rémunéré, au mieux fait-il l’objet d’un accroissement du capi-tal symbolique des individus (notoriété), alors qu’il est sous-tendu par des dé-penses publiques importantes (édu-cation, protection sociale, accès aux réseaux, etc.). Mais il s’agit d’une exploi-tation « heureuse » sans aliénation, pré-cise Antonio Casilli : celle d’un travail plai-sir (« weisure » en anglais, fusion de work/travail et leisure/loisirs).

Une partie du monde universitaire se demande comment faire reconnaître ce travail comme « un travail ». Des formes de revendication montent autour des réseaux sociaux, des groupes d’utilisa-teurs(4) se fédèrent pour mener des actions de partage ou de réappropria-tion des données. Avec le récent rapport Colin&Collin, des réflexions autour de nouvelles fiscalités ont été développées.

éViter les ruptures

A l’intérieur - comme à l’extérieur - de l’entreprise, les individus « donnent » : de leur temps, de leur intelligence, du po-tentiel de leur réseau, de leur expertise ‘outils’ et ‘usage’. Partout où elles se dé-veloppent, ces activités produisent de la valeur. Or les rétributions ou les contre-parties sont maigres. « Il faut rééquilibrer les termes de l’échange », alerte Daniel Kaplan.

Une manière de dépasser les tensions actuelles qui pèsent sur le travail peut être de considérer la question autre-ment. Et si on allait au bout de cette figure de l’individu autonome, connecté ? Si on tirait toutes les conséquences de l’individualisaton du travail ? Les outils, les méthodes, les réseaux, les compétences que les individus affinent au fil de leurs expériences devraient constituer « un vrai capital ». Quand ils rentreraient dans l’entreprise, s’associeraient à un projet, ils devraient pouvoir le faire valoir en tant que tel, et non plus être contraints

de tout oublier pour se fondre dans les « process corporate ». De même, quand les individus quittent une entreprise/un projet, ce capital devrait être enrichi de manière visible par de nouvelles preuves de compétences, par des réseaux élar-gis. Les individus emporteraient alors avec eux ce capital, pour le faire valoir ailleurs. Sans doute faudrait-il pour cela :

> sécuriser les liens avec les anciennes entreprises d’accueil : pourquoi pas constituer des diasporas d’entre-prises autour de l’individu ouvrant des droits de formation, des liens commerciaux prolongés, une employabilité prioritaire… ;

> sécuriser les situations de pluriacti-vité (qui pourraient devenir la norme, ne serait-ce qu’au regard d’un principe d’étalement des risques) ;

> faciliter les « translations » : pouvoir se former pour changer de domaine, de secteur métier, exploiter toutes ses compétences…

Le rééquilibrage des termes de l’échange peut se faire autour de rétributions monétaires bien sûr, mais aussi autour de nouvelles valeurs marchandes ou d’usages, de nouvelles formes de valori-sation, qui restent à inventer.

> (1) : Voir l’article fondateur de 1981, écrit par Annie Fouquet et Anne Chadeau http: « Peut-on mesurer le travail domestique ? » http://www.persee.fr/web/revues/home/prescr ipt/ ar t ic le/estat_0336-1454_1981_num_136_1_4521 et des statistiques de l’Insee sur le travail domestique http://www.insee.fr/ fr/ themes/ document.asp?ref_id=ip1423

> (2) Voir les scénarios de rupture « CDI, c’est fini » http://fing.org/?CDI-c-est-fini, « Des Places Tarhrir dans les entreprises » http://fing.org/?Les-autres-ruptures, Questions Numériques 2012/2013 FING

> (3) Voir sur ce thème du travail invisible l’ouvrage de Pierre-Yves Gomez Le travail invisible, enquête sur une disparition, Ed. François Bourin http://www.zevillage.net/2013/03/07/le-travail-invisible-

1. Qu’est-ce que le numérique change à la création de valeur par le travail ?articles

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quel-role-pour-la-gratuite- dans-le-monde-du-travail/

> (4) Voici une forme de mobilisa-tion des travailleurs, dans le cas, très particulier, des activités de Mechanical Turk développées par Amazon http://turkopticon.diffe-renceengines.com/

articles1. Qu’est-ce que le numérique change à la création de valeur par le travail ? articles 1. Qu’est-ce que le numérique change à la création de valeur par le travail ?

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Le numérique sape les fondements historiques de “l’entreprise”. Hors de celle-ci, point de travail ? L’entreprise n’a pourtant pas toujours existé en tant que telle ni dans sa forme actuelle, c’est une construction sociale… dont le numé-rique déstabilise les fondations. Car, au-jourd’hui, les “nouvelles technologies” ne sont plus seulement des outils à son ser-vice, elles constituent aussi de nouveaux moyens de production, de mesure de la valeur et de rétribution. Est-ce au point de déconnecter radicalement le travail de l’entité “entreprise” ? Cette question était au coeur des échanges sur l’avenir du travail, lors du dernier festival Futur en Seine.

Avec le numérique, tout s’automatise progressivement, ou presque : les cais-sières de supermarché s’effacent, les ouvriers se font rares, les voitures sans conducteurs et articles écrits par des robots deviennent une réalité… Cette rapidité du progrès technologique nous conduit à repenser en profondeur les notions de “travail” et de “salaire”…

les machines prennent-elles le traVail ?

Une récente étude de McKinsey sur les technologies de rupture qui vont boule-verser nos économies et nos vies laisse craindre que cette automatisation gé-néralisée n’augmente le chômage et ne creuse le fossé entre les plus qualifiés et ceux qui n’auront pas bénéficié de la formation suffisante pour bien vivre ce changement. Plusieurs auteurs contem-porains comme Marc Andreesen (et son célèbre “le logiciel dévore le monde”), ou John Evans (et son “Une fois que votre travail aura disparu”) partagent ce point de vue : les technologies détruisent l’emploi.

Deux chiffres édifiants appuient cette vision :

> Kodak embauche 140 000 salariés et croule sous les dettes, tout l’in-verse d’Instagram – racheté à prix d’or par Facebook – et de ses 13 salariés, rappelle Benjamin Tincq, de OuiShare, pour résumer le paradoxe;

> les géants du numérique tels que

Google, Microsoft, Apple, Facebook, ou encore Intel emploient aujourd’hui quelque 150 à 200 000 personnes à eux tous quand, hier, General Electric comptait à elle seule 300 000 salariés… Pour Henri Seydoux, PDG du concepteur de drones et de kits mains libres Parrot, c’est la preuve que nous n’en sommes qu’au début de la massification du chômage…

Bien sûr, les activités et productions de Kodak et Instagram ne sont pas vraiment comparables, pas plus que General Eletric ne l’est avec les géants de l’inter-net. Reste que ces entreprises sont les symboles de leur époque et des formes d’organisation du marché – et du marché du travail notamment.

Nous n’aurions encore rien vu des ten-sions sociales qui pourraient se dessi-ner à l’avenir : le modèle de la start-up pour tous et des individus entrepreneurs d’eux-mêmes, ces radieux freelances planétaires… ne serait qu’un rêve de nantis, de “bobos”… Cette vision pessi-miste est même revendiquée par Henri Seydoux, qui craint que nous n’ayons plus rien d’”utile” à créer – utile au sens de “répondant à des besoins primaires”. Dans ce monde “d’artistes” (voir notre précédent billet), tout le monde n’aura pas une place.

traVail et salariat : des nOtiOns ObsOlètes ?

Cette destruction engendrée par le numérique préfigure-t-elle une grande phase de création d’emplois, comme le veut la théorie de la destruction créa-trice de Schumpeter ? De nouvelles Trente, Quarante ou Cinquante glo-rieuses sont-elles devant nous, comme nous y invitait Philippe Lemoine ? De nouveaux emplois – aujourd’hui encore inconnus, ou presque – se substitueront-ils à ceux qui sont aujourd’hui balayés par les technologies et la mondialisa-tion ? Les économies “industrialisées” n’auraient-elles pas muté en basculant dans une ère d’abondance matérielle (ou plus précisément “immatérielle”) qui, par nature, rendrait notre conception du travail archaïque ? La crise financière, qui

2. Le futur du travail dans l’entreprise (2/2) : … sans l’entreprise ?

equipe des ateliers de l’emplOi, manpOWer

Paru le 18 juillet 2013 sur internetactu.net le Média de la fing

articles2. Le futur du travail dans l’entreprise (2/2) : … sans l’entreprise ?

a mis tant de gens au chômage et dans la rue, est-elle le symptôme de la fin d’un monde, du début d’un grand chaos qui défie notre capacité à bâtir un Nouveau Monde sur les ruines de l’ancien? Quand certains redoutent le néant, d’autres tentent de se projeter dans ce monde qui ne se dévoile qu’en clair-obscur, entre l’ombre des usines qui ferment et le pâle soleil de la Silicon Valley…

la marchandisatiOn de sOi

Tous les emplois pourront-ils être rem-placés par des données ? Certains le pensent, qualifiant même le Big Data de “nouvel or noir”.

Le numérique porte en lui une marchan-disation de soi inédite, qu’elle soit explicite – on vend ses services comme on vend sa voiture sur Le Bon Coin (aujourd’hui deuxième site emploi de France), on tweete pour se faire remarquer des re-cruteurs (le personal branding, le marke-ting de soi, devient même une capacité à cultiver) – ou implicite (toute information devient monétisable, tous nos compor-tements sur le web sont susceptibles d’être “trackés” et dévoilés à des fins de vente…).

Dans ce Nouveau Monde où même la vie privée devient marchande émergent les problématiques du travail “caché”, “invisible” ou “gratuit” – selon les appel-lations. Pour Antonio Casilli, spécialiste de la sociologie des réseaux à Télécom Paris Tech, ce sont “de nouvelles formes d’exploitation du travail” qui prennent forme aujourd’hui avec le Digital Labor. A l’ère du weasure (contraction de work et leasure, travail et loisir), le travail est par-tout : nous produisons constamment de la donnée “en nous amusant”, sans être rémunérés. Une nouvelle forme d’exploi-tation tout simplement, mais débarras-sée de la conscience de la servitude : “au XIXe siècle, l’exploitation c’est beaucoup d’aliénation pour peu d’efficacité ; au XXe, c’est peu d’aliénation pour beau-coup d’efficacité”.

Pour autant, parce qu’il permet notam-ment de faire du loisir un travail, et vice-versa, le numérique a rendu possible la construction collective de biens com-muns à l’échelle internationale, sans ré-munération, dont Wikipedia est le meil-

leur exemple.

De nouvelles conceptions de la création de valeur peuvent désormais être explo-rées :

> la valeur du réseau : aujourd’hui, la productivité est le problème des robots, la nouvelle richesse est celle du réseau, de la mise en relation des idées ;

> la richesse du nombre : “1 milliard de personnes travaillent gratuitement pour Facebook”, avance Benjamin Tincq de OuiShare ; et le crowdsour-cing est de la captation gratuite de valeur à L’âge de la multitude, par externalisation sans rémunération de ce qui autrefois avait un coût et s’avérait moins efficace, car plus aliénant, estime encore Antonio Casilli.

les sOlutiOns des architectes du nOuVeau mOnde

Ces nouvelles formes de contributions ont-elles vocation à être rémunérées ? Si oui, comment ? Par un salaire ? Une rétribution symbolique ? Autre chose ?…

Plusieurs acteurs du numérique pro-posent de nouveaux modèles de mesure de la valeur et de la rémunération, qui visent davantage une maximisation du bonheur et de la justice sociale, que “la croissance pour la croissance” :

> Les value driven networks (ou “réseaux guidés par la valeur”) comme Sensorica ou CocconProjects : les contributions sont acceptées à priori, puis la communauté juge de leur valeur, et les rémunère en conséquence. Le contributeur peut ensuite devenir sociétaire.

> La Peer production License (ou “licence de production de pairs à pairs”, modèle défendu par Michael Bauwens, fondateur de la P2P Foundation) : toutes les personnes contribuant à la production d’un bien commun peuvent en bénéficier gra-tuitement, les autres doivent payer une licence pour l’exploiter (comme si Wikipedia n’était accessible gra-

2. Le futur du travail dans l’entreprise (2/2) : … sans l’entreprise ?articles

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tuitement qu’à ses contributeurs).

> La redistribution de la taxe sur les données (proposition de Colin & Collin, auteurs du rapport sur la fis-calité de numérique) : une partie de la valeur de Facebook est créée par les utilisateurs, elle pourrait être taxée pour les rétribuer. La valeur d’usage devient ainsi une valeur marchande, celle du Prosommateur.

> Le micro-paiement universel (Universal micro-payment system) proposé par Jaron Lanier. Ce qui provoque le chômage dans une économie où les données sont si pré-cieuses, c’est la gratuité de l’infor-mation : toute contribution devrait donc être rémunérée (plus aucune donnée ne serait jamais créée gra-tuitement dans ce modèle, comme si le moindre post sur Facebook nous rapportait de l’argent).

> L’économie du partage, en plein boom, qui supprime des intermé-diaires et permet de monétiser des actifs qui, auparavant, ne l’étaient pas : c’est le modèle d’AirBnB, qui permet à chacun d’être rémunéré en qualité d’hôte – même si cela pose d’autres questions de régulation.

> L’invention d’un nouveau système monétaire virtuel, comme celui des Bitcoins, qui viendrait se substituer à celui qui existe actuellement.

> Ou encore, le revenu de base inconditionnel (proche du revenu minimum garanti).

mais qui dOminera le futur ?

A qui appartient le futur ?, interroge Jaron Lanier, quand Antonio Casilli décrit “une lutte pour se voir réattribuer la valeur créée”. Dès lors, en érigeant de nouvelles normes de la valeur du travail et de la rémunération, les architectes du Nouveau Monde vont-ils créer les condi-tions du bonheur et de l’égalité pour tous ? Rien n’est moins sûr, prévient Alain d’Iri-barne, chercheur au CNRS, car “le bien commun est commun pour le groupe social qui le considère comme tel”.

Selon lui, les nouveaux modèles nés de la transformation numérique ne font pas exception : à l’instar du modèle de l’entre-

prise, ils sont le produit d’une construc-tion sociale. Alors, le numérique va-t-il faire émerger une inédite organisation mondiale des coopérations individuelles ou, à l’inverse, de nouveaux modèles de domination à une échelle tout aussi spectaculaire ? Quel film de science-fic-tion sera notre réalité demain, pouvons-nous encore écrire son scénario ?

l’atelier de l’emplOi

L’atelier de l’emploi est un blog de ten-dances, décryptages, analyses et solu-tions pour l’emploi édité par Manpower Group. Ce double compte rendu des ateliers et conférences portant sur l’ave-nir du travail organisés dans le cadre de Futur en Seine 2013 est publié en par-tenariat avec l’expédition Digiwork de la Fing.

2. Le futur du travail dans l’entreprise (2/2) : … sans l’entreprise ? articles 2. Le futur du travail dans l’entreprise (2/2) : … sans l’entreprise ?articles

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J’aime le web et j’aime le monde numé-rique plus généralement. Les nouvelles technologies ont permis de créer une valeur absolument gigantesque, elles ont créé de nouveaux marchés inimagi-nables il y a quelques années, en somme elles ont largement augmenté la taille du gâteau !

En revanche, il ne fait plus trop de doute que le numérique détruit beaucoup plus d’emplois qu’il n’en crée, il va même peut-être détruire tous les emplois… Pour éviter tout de suite les remarques et commentaires : je ne me plains pas de ce fait, je l’accepte, et je pense que nous devrions collectivement réfléchir à la société dans un monde post-emploi.

Cette idée du numérique qui détruit l’em-ploi est en train de monter fortement et elle est de plus en plus documentée. Rien que cette semaine, la couverture de The Economist , un billet sur France culture ou encore une interview de Paul Jaurion dans le figaro. Sans parler des livres comme Who owns the future de Jaron Lanier, ou encore The second machine age.

Certes, le numérique crée aussi de l’em-ploi. Mon métier est d’investir dans des startups et de les accompagner pen-dant leurs premières années. Quand elles trouvent leur marché, elles passent de 4 salariés à 10, 20, 100 salariés et plus au fil des années.

Cependant la plupart de ces startups créent des services, des solutions tech-nologiques qui optimisent et automa-tisent des process faits auparavant en partie par des hommes. Ou alors elles désintermédient des acteurs en place et globalement permettent de faire à 5 ce qui nécessitait 30 personnes auparavant.

Le numérique lui-même est pris dans ce tourbillon. D’après ce rapport (pdf), le nombre d’employés par start-up se réduit au fil des années. Et dans chaque conférence, on entend toujours les mêmes histoires de sociétés qui do-minent un marché avec très peu d’em-ployés (Instagram: 13 employés, Lending club 150 employés)

Il ne fait aucun doute que le numérique crée et libère une énorme valeur : les chiffres de progression de la producti-

vité ne laissent aucune place au doute, comme l’évoque ce billet récent de Gilles Babinet . Mais croyez-vous vraiment que ces progrès de productivité créent des emplois. La destruction créatrice de Schumpeter fonctionne parfaite-ment au 21ème siècle. D’énormes pans d’industries sont détruits, éclatés, trans-formés par de nouveaux modèles, uni-quement possibles grâce aux capacités numériques. Il y a bien destruction puis création d’une valeur plus grande. Mais une création de valeur n’implique plus forcément une création d’emploi. Nous sommes trop habitués à raisonner en termes d’emplois, à lier la valeur collec-tive à la création d’emplois. Le chômage est l’indicateur clé qu’il faut maîtriser, faire diminuer… Nos politiques ne rai-sonnent que comme cela, rappelez vous « travaillez plus pour gagnez plus » de Sarkozy, ou » l’inversion de la courbe du chômage » chère à Hollande.

Il y a bien comme toujours destruction et création d’emplois. Cependant ce n’est pas un jeu à somme nulle, et surtout les emplois détruits sont très différents des emplois créés, comme l’explique cet excellent article d’Hubert Guillaud dans Internet Actu :

« Aujourd’hui, tout le monde s’interroge sur la durée, la nature, l’ampleur de la phase de destruction de l’emploi. On estime à 7,5 millions le nombre d’em-plois perdus ces 5 dernières années aux Etats-Unis, principalement des emplois intermédiaires (entre 38 et 68 000 dollars par an soit entre 27 et 50 000 euros). Sur les 3,5 millions d’em-plois créés sur la même période, 29% concernent des salaires élevés, 69% des salaires très bas, et seulement 2% des salaires intermédiaires. Dans la zone euro, la disparition d’emplois de salariés intermédiaires s’élève à 6,7 millions et la création d’emplois à 4,3 millions, essen-tiellement des emplois peu rémunérés là encore. Source InternetActu »

La classe moyenne est donc en train de s’enfoncer vers la pauvreté. Ce genre de mouvement n’est malheureusement jamais trop bon pour l’économie mais surtout pour la démocratie. Mais ceci est un autre débat.

3. Numérique 1 – Emploi zéro !

nicOlas debOck

Paru le 19 janvier 2014 sur le blog Wiseweb

articles3. Numérique 1 – Emploi zéro !

Voici quelques tendances fortes que j’ai pu découvrir sur l’impact du numérique sur le travail et surtout l’emploi.

l’autOmatisatiOn et la rObOtisatiOn

C’est l’axe le plus évident, le plus tarte à la crème. Nous voyons apparaître des al-gorithmes et des robots qui remplacent simplement et directement des activi-tés faites auparavant par les hommes. Les robots dans les usines, l’impression 3D sont autant d’exemples d’optimisa-tion de la production qui remplacent et démultiplient la force humaine certes mais aussi pour des taches de plus en plus complexes. De la transformation des secteurs primaires et secondaires (agricultures et production) issue de la révolution industrielle et la mécanisation, la puissance numérique va transformer le secteur tertiaire des services qui re-présente aujourd’hui 80% des emplois.

« Le premier âge était celui de la Révolution Industrielle inaugurée à la fin du 18ème par la machine à vapeur. Le Premier Age, c’est celui où la machine remplace la puissance musculaire de l’homme, où cette puissance augmente à chaque évolution, mais où l’homme est toujours nécessaire pour prendre les décisions. Et même, plus la machine évolue, plus la présence de l’homme est nécessaire pour la contrôler. Le premier âge, c’est donc celui d’une complémen-tarité entre l’homme et la machine.

Le Deuxième Age est très différent : on automatise de plus en plus de tâches cognitives et on délègue à la machine les systèmes de contrôle qui décident à quoi la puissance va servir. Et dans bien des cas, des machines intelligentes prennent de meilleures décisions que les humains. Le Deuxième âge, ce n’est donc plus celui de la complémentarité homme-machine, mais celui d’une substitution. Et ce qui rend possible ce phénomène, ce sont trois caractéristiques majeures des technologies contemporaines : elles sont numériques, combinatoires et exponen-tielles. »

Source: Xavier de la Porte sur france culture

Prenons l’exemple des google cars. On sait aujourd’hui faire conduire une voi-ture sans conducteur dans les rues d’une ville. Et quand demain cette ville sera remplie de capteurs, quand les voi-tures de devant et de derrière trans-mettront leur vitesse, il y aura comme des rails numériques et dynamiques permettant d’assister la voiture dans sa conduite. Pensez-vous que l’on parlera encore dans 20 ans de la querelle taxi vs VTC quand tous ceux-ci seront rempla-cés en grande partie par des robots et des algos ?

Les régies publicitaires sur internet sont aussi une illustration de cette tendance, d’autant plus intéressante car la créa-tion et destruction s’est faite sur un cycle très court. Lors de la première ère du web, parmi les premières entreprises créées, il y a eu l’ecommerce et les régies publicitaires. Ces dernières ont traité le web comme un média et ont donc permis la monétisation de l’audience. C’est aujourd’hui encore le modèle éco-nomique d’une grande partie du web grand public. De 95 à 2005, il s’est créé un grand nombre de régies publicitaire web et mobile. Il y a eu un mouvement de concentration assez naturel sur ce genre d’activité, mais surtout l’arrivée du programatic advertising qui, tel un ouragan, est passé sur ces régies dont l’essentiel de la force de travail était des commerciaux vendant de l’espace d’affichage. Avec le Ad exchanges, un humain seul peut acheter ou vendre des milliards d’impressions. Ces régies, qui en 10 ans ont créé beaucoup d’emplois, sont en train d’être désintermédiées par des places de marchés et automatisées par des algorithmes. Alors que, dans le même temps, le nombre d’impressions potentielles, le nombres d’écrans et le nombre d’annonceurs explosent.

l’écOnOmie hOrizOntale

La véritable puissance du web est dans son organisation en réseau décentralisé (plus ou moins neutre…) et donc sa ca-pacité à supporter les organisations et des modèles économiques en réseaux. Le succès actuel de la consommation collaborative avec des startups comme airbnb, blablacar, kisskissbank, La ruche

3. Numérique 1 – Emploi zéro !articles

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qui dit oui (disclaimer à l’anglosaxon : mon employeur est investisseur dans La ruche Qui dit Oui et KissKissBankBank) permettent d’acheter, de partager, de louer les biens et services d’autres consommateurs. Ces plateformes créent énormément de valeur en rap-prochant directement offre et demande et en supprimant les intermédiaires.

Elles entraînent une situation intéres-sante : d’un côté elles concurrencent fortement des modèles anciens (hôtel-lerie, banque, transport) en les désinter-médiant, mais ces intermédiaires sont des emplois de services très nombreux. Dans un premier temps ces startups augmentent la taille du gâteau mais, en grossissant, elles finissent par canniba-liser les acteurs historiques (parlez de Blablacar à la SNCF…).

D’un autre coté, avec leurs modèles de particuliers à particuliers, ces services créent de nouvelles sources de revenus pour ces participants. On ne peut pas appeler directement cela des emplois car ils ne sont pas réguliers, mais ce sont bien des revenus complémentaires pour les participants.

le crOWdsOurcing

Au-delà de la création/destruction d’emploi, le numérique fait aussi émer-ger de nouvelles sorte de travailleurs. On pourrait dire des humains qui travaillent pour des robots.

Il y a certes des robots qui transforment de plus en plus la façon de travailler dans les usines et entrepôts. Cette vidéo des robots utilisés dans les entrepôts d’amazon est assez parlante.

Beaucoup moins connu mais beaucoup plus impressionnant, Mechanical turk est un autre service d’amazon qui est une plateforme de crowdsourcing. C’est une véritable place de marché du travail ou bien une bourse à l’emploi géante.

Mechanical Turk est un service qui permet de crowdsourcer une série de tâches répétitives. Chaque tâche est dé-crite comme un HIT (Human Intelligence Task).

Les utilisateurs sont, d’un côté, des en-treprises ayant une grande quantité

de process assez répétitifs mais qui ne peuvent être encore résolus par des al-gorithmes, et de l’autre, des individus qui sont payés à la tâche (taper un texte, tagger une image, rechercher une série de données…).

Le mot crowdsourcer est assez ambigu : derrière la foule il y a bien une somme d’individus, et chacun de ces individus effectue une série de taches répétitives avec un salaire horaire pour un utilisa-teur concentré entre 3 et 5$ de l’heure, d’après ce rapport .

Personnellement, je ne suis pas choqué par ces plateformes qui créent de nou-velles sources de revenus qui plus est partout dans le monde, dans des pays où de tels salaires sont largement au-dessus du niveau moyen.

« What started as a niche experiment has become a major global industry. Like some other activities, like work at call centers, digital piecework represents a form of virtual labor migration that de-nationalizes employment. Research by Panos Ipeirotis, a computer expert at the Stern School of Business at New York University, estimates that Mechanical Turk alone engages 500,000 active wor-kers in more than 100 countries, with workers heavily concentrated in two countries: the United States (with 50 percent of the total) and India (with 40 percent). » Source blog economix

Mais il est vrai que cela fait réfléchir sur une relation travailleur/employeur assez favorable à l’employeur (pas de contrat de travail, pas de salaire minimum, pas de « benefits »…) .De plus il y a un côté un peu ironique quand on sait qu’en ef-fectuant ces taches informatiques, l’uti-lisateurs (à 70% des femmes) permet d’améliorer petit à petit l’algorithme qui le remplacera.

Je pense qu’il faut regarder ce type de plateformes (il en existe d’autres) comme des sources de revenus complé-mentaires mais non pas comme unique source de revenu. On peut aussi espérer qu’il y aura des taches et des missions des plus en plus intéressantes.

Il existe d’autres types d’emplois proches du crowdsourcing créés par l’indus-

trie numérique : Trebor Scholz a réa-lisé une carte de cet écosystème mais aussi d’excellentes présentations : The Internet as Playground and a factory

Je recommande le visionnage de cette présentation de Trebor Scholz qui couvre Mechanical Turk mais aussi le concept de travail gratuit.

le traVail gratuit

Dernière tendance forte, l’organisa-tion en réseau qu’apporte le numérique à permis l’éclosion du travail gratuit. Wikipedia, openstreetmap ou même encore les personnes qui sous-titrent les films et séries que l’on trouve sur les réseau de téléchargements. Ces per-sonnes ne détruisent pas spécialement beaucoup d’emplois, mais il est très inté-ressant de voir que des utilisateurs font des travaux gratuits sciemment ou in-consciemment comme l’illustre l’histoire de recaptcha. Des personnes prennent de leur temps pour enrichir des bases de données ouvertes et partagées par tous, construire des logiciels opensource….

Il y a quelques années, quand Facebook a voulu internationaliser sa plateforme, il a fait appel à ses utilisateurs pour la traduction de l’ensemble des fonction-nalités du site. C’est un très bon exemple de l’utilisation de la foule (en l’occurrence ici sa communauté) pour effectuer une tache de l’entreprise. Certains vont jusqu’à dire que l’utilisation des réseaux sociaux est une forme de travail gratuit car nous fournissons nos données gra-tuitement, en échange d’une plateforme qui les monétise.

cOnclusiOn

Les réflexions autour du travail et du nu-mérique (destruction massive d’emploi, microtache, travail gratuit, production et consommation collaborative) mènent rapidement vers des questions poli-tiques. Quelle organisation de la société peut s’adapter à ses évolutions. A titre personnel, je pense que le Basic Income (revenu de vie : verser un salaire à tous les citoyens quels que soient leurs acti-vités, leur richesse ou leur revenu déjà existant) est une des bonnes pistes à

creuser.

Je le répète, je ne suis pas un décliniste, je ne crois pas en la décroissance, et je pense que tenter de ralentir ces innova-tions n’a aucun sens. Nous vivons il me semble une époque incroyable de chan-gement accéléré, de changement de pa-radigme. Cependant, certains modèles de pensées globaux de nos sociétés rai-sonnent encore dans le paradigme pré-cédent. L’emploi est un exemple : de nos jours, c’est encore la source principale de revenu, un attribut social important, une des sources de financement de notre système social, un indicateur macroé-conomique important. J’ai le sentiment que dans l’économie de demain, il aura perdu beaucoup de ses attributs.

j’aime le progrès, j’aime le numérique et j’estime que nous avons gagné : les ma-chines travaillent pour nous. maintenant tachons d’inventer la société qui va avec ce nouveau postulat.

articles3. Numérique 1 – Emploi zéro ! 3. Numérique 1 – Emploi zéro !articles

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bOnus.ly

Bonus.ly

#prime #recOnnaissance #serVice

Start-up américaine qui a imaginé un système de pair-à-pair d’attribu-tion des primes. Une fois le budget prime établi (financier ou non), les personnes évaluent le travail de leurs collègues et les récompensent sous forme de points, le décompte final permet de définir le montant à ver-ser à chacun. L’avantage du système : une meilleure reconnaissance du travail par ses collègues, une répar-tition plus transparente des primes et au final une communication plus positive.

le traVail inVisible : le gratuit a-t-il une place dans le mOnde du traVail ?

Youtube

#cOntrôle #gratuité #infOrmel #recOnnaissance #VidéO

Interventions de Pierre-Yves Gomez, auteur de l’ouvrage Le travail invi-sible : enquête sur une disparition, et d’Emile Hooge, consultant chez Nova7 Tout doit être comptabilisé dans l’en-treprise, car ce qui compte c’est la performance. Mais dans tout travail, il y a une part «gratuite» : on donne son temps (en restant un peu plus longtemps), des conseils, on participe à la vie commune, ... ce qui permet de vivre dignement son travail, d’être quelqu’un au travail, de s’engager, ... Les normes et les contrôles dimi-nuent la part du don et «détruisent» ainsi la gratuité du travail. C’est pourquoi beaucoup de personnes, contraintes dans leur travail, passent

du temps sur Internet et travaillent gratuitement (rédaction de blog, contribution sur Wikipedia, participa-tion à des forums…). Le manager doit trouver la juste part de gratuit dans l’entreprise, retrouver le gratuit dans l’entreprise Ex. du hackathon des cheminots de la SNCF (sur 3 jours dont un week-end) ou le Museomix qui ont montré l’envie de rencontre et de collaboration avec des gens diffé-rents et la liberté de développer des idées innovantes.

digital labOr : pOrtrait de l’internaute en traVailleur explOité

Place de la Toile

#digital labOr #explOitatiOn

Dans cette émission de Place de la Toile du 08/12/12, Antonio Casilli et Yann Moulier-Boutang parlent de la notion de «digital labor» et de l’ex-ploitation sans aliénation de l’inter-naute, qui «travaille» sans s’en rendre compte et sans être rémunéré, lorsqu’il blogue, publie de photos sur Flickr, «like» un article sur Facebook, fait une recherche sur Google, … Le seul fait d’être en ligne produit de la valeur.

digital labOr landscape

Mindmeister

#cartOgraphie #digital labOr #serVices

Cartographie très riche des diffé-rentes formes de «digital labor» (illus-trées par des exemples de services, sites et plateformes) : rémunérée (support technique, tutorat en ligne, Mechanical Turk), non rémunérée (Yahoo Answer, commentaires, son-

dage), mise à disposition de contenu (blog, Twitter, Youtube), orientée bien commun (wikipedia, Fix my street), orientée co-innovation (réparation de voitures, vélo, …), géolocalisée (Foursquare, internet des objets), liée au jeu (Second Life, World of Warcraft), émotionnelle (Facebook), mobile, …

digital labOr Ou digital VO-lunteer ? marx à l’heure du Web 2.0

Communication Internet

#digital labOr #explOitatiOn #temps

En partant de l’émission de Place de la Toile citée plus haut, l’auteur de l’article repose la question de l’exploitation et de l’aliénation de l’internaute, évoque la révolte des utilisateurs d’Instagram ayant refusé l’exploitation lucrative de leurs photos et propose de changer l’expression «digital labor» par «digital volunteer». Il finit par la citation suivante : «Pour Marx, les prolétaires sont ceux qui doivent vendre leur force de travail pour vivre. Les utilisateurs du web 2.0 sont peut-être ceux qui doivent don-ner de leur temps pour exister.»

«pay With a tWeet»

Réseau Fing.org

#réseaux sOciaux #serVice #Valeur

Système de paiement social où les gens ne donnent pas de l’argent pour accéder à un contenu, mais paient avec la valeur de leur réseau social. A chaque fois que quelqu’un paie avec un tweet, il informe tous ses amis de l’existence du produit.

Veille

mOzilla’s Open badges

MozillaWiki

#certificatiOn #cOmpétence #recOnnaissance

La numérisation progressive de l’en-semble des domaines d’activité se traduit par l’apparition de nouveaux métiers et de nouvelles compétences. Si les outils digitaux offrent un accès incomparable à la connaissance et aux savoirs, encore faut-il que des dis-positifs de reconnaissance et de cer-tification des apprentissages voient le jour. L’exemple de mozilla...

un reVenu de base pOur tOus et sans cOnditiOn? une idée au serVice de l’esprit d’entreprise

La Tribune

#esprit d’entreprendre #reVenu minimum d’existence

On dit aussi que l’allocation universelle pourrait favoriser l’esprit d’entre-prise... On distribue un revenu dés le début et sans condition, on stabilise les perspectives d’avenir des citoyens, qui seront plus enclins à prendre des risques car ils sauront que quoiqu’il ar-rive, s’ils ratent, ils trouveront un filet de sécurité.

Valeur du travail, Mesure de l’activité, RétributionVeille

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6. index par mOts-clés

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actiVité

algOrithmes

applicatiOn

artisan

autOmatisatiOn

autOnOmie

cartOgraphie

certificatiOn

cOllabOratif/cOllabOratiOn

cOmmunicatiOn

cOmpensatiOn

cOmpétence

cOnnaissance

cOntrat

cOntrainte

cOntrôle

cOprOductiOn

cOWOrking

créatiVité

culture interne

décOnnexiOn

digital labOr

discOntinuité du parcOurs

disparitiOn du traVail

dOnnée

ecOsystème d’actiVité

email

emplOi

emplOyabilité

engagement

espace de cOllabOratiOn

espace de traVail

esprit d’entreprendre

explOitatiOn

frOntières

futur

gratuité

identité

indiVidu

infOgraphie

infOrmel

innOVatiOn

intérim

intermédiaire

interne/externe

liens

ludificatiOn

management

métier

mObilité

OrganisatiOn

Outil

Outils sOciaux

parcOurs prOfessiOnnel

partage

pOp culture

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prime

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recOnnaissance

recOnVersiOn

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relatiOns de traVail

réputatiOn

réseaux sOciaux

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