10 2006 EXPÉDITIONS Les Québécois et lamontagne · mon premier mois de vie en incubateur»,...

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100 LE JOURNAL DE MONTRÉAL | SPORTS | MARDI 10 OCTOBRE 2006

EXPÉDITIONS

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT

√ François Langlois (les bras en l’air) et plusieurs des participants à la collecte de fonds au profit de la fondation Fais un vœu du Québec sesont réunis, fin septembre, pour aller passer un week-end au mont Washington en préparation pour leur grand trekking africain vers lesommet du mont Kilimandjaro, en février.

Les Québécois et lamontagneLes Québécois aiment lamontagne. Ils sont évidemmentbien plus nombreux à être dessportifs de salon qui piaffaientd’impatience en attendant ledébut de la saison de hockey,mais il n’en demeure pas moinsqu’une étude, menée en 2002,estime que près de 300 000Québécois sont des adeptes delongue randonnée.

Les sentiers de longue randonnéen’incluent pas tous des montagnes,mais tout randonneur qui se respecteconstate rapidement que le chemin leplus court pour sortir de son train-train quotidien passe par l’effort et lajouissance de s’élever en altitude.

Les premiers pas s’effectuenthabituellement dans des montagnesaccessibles comme les montsTremblant ou Sutton, puis aux montsLafayette et Washington, auVermont.

Les « maniaques », eux, sonthabités par une passion qui lespousse à aller conquérir le Toit dumonde, l’Everest et ses 8848 mètres.

Jusqu’à maintenant, on croit quehuit Québécois ont foulé le sommetde la plus haute montagne sur terreaprès qu’Yves Laforest en eut été lepremier conquérant originaire de laBelle Province, le 15 mai 1991.

Treize autres sommetsTous les passionnés ne visent pas

l’Everest. Après tout, notre planètecontient treize autres sommets deplus de 8 000 mètres.

C’est ainsi qu’au début d’octobre,une expédition québécoise, guidéepar Jean-Pierre Danvoye, a conquisle Cho Oyu, sixième plus hautsommet du monde avec ses 8201 mètres.

À cette occasion, JohanneVeilleux, résidante de Saint-Georgesde Beauce, est devenue la premièreQuébécoise à avoir atteint le sommetd’une montagne de 8000 mètres sansapport d’oxygène additionnel.

« Le défi de se dépasser et de sedécouvrir attire beaucoup deQuébécois vers la montagne,reconnaît Steve Castonguay,directeur des opérations à laFédération québécoise de lamontagne et de l’escalade. Ledépaysement est assuré, car on sentune coupure plus intense et plusrapide quand on s’élève en altitude.»

Dans ce reportage spécial, LeJournal de Montréal vous présentetrois expéditions différentes qui, aucours des prochains mois,conduiront des Québécois d’un boutà l’autre de la planète à l’assaut desplus beaux sommets du monde et à ladécouverte d’eux-mêmes ainsi qued’autres cultures.

François Langlois, le cœur sur la mainMARTIN SMITH

Après avoir réalisé un de ses plus grandsrêves en marchant sur le sommet del’Everest, François Langlois aidera àconcrétiser les vœux de nombreux enfantsmalades en guidant une expédition vers lesommet du Kilimandjaro en février 2007.

Troisième Québécois à avoir foulé le Toitdu monde, Langlois a d’abord remercié DameNature de lui avoir permis de réussirl’exploit lorsqu’il s’est retrouvé les pieds dansla neige à 8848 mètres d’altitude, le 24 mai2001.

«Je me suis aussi engagé à redonner auxautres et particulièrement aux enfants parceque ma propre vie tient du miracle étantdonné que j’étais prématuré et que j’ai passémon premier mois de vie en incubateur »,raconte Langlois.

Devenu papa en décembre 2004, Langloisparraine un enfant népalais par l’entremise

de World Vision et fait du bénévolat àl’Hôpital de Montréal pour enfants, maispourra contribuer encore plus à la suited’une rencontre faite lors d’une présentationeffectuée dans une clinique médicale.

« J’y ai rencontré le président de lafondation Fais un vœu du Québec et j’aiaccepté de m’engager dans cette très belleinitiative qui permettra d’amasser beaucoupd’argent pour des enfants dont la vie estmenacée par la maladie», explique Langlois.

Une facture de 6 000 $Au total, 33 participants ont accepté de

payer la facture d’environ 6 000 $ pour levoyage en Tanzanie et le trekking vers lesommet du Kilimandjaro tout en essayant decontribuer une somme équivalente à lafondation Fais un vœu. Quatre autrespersonnes ont mis leur nom sur une listed’attente.

« C’est fantastique parce que, si tout lemonde relève le défi du financement, onpourra verser près de 200 000 $ à lafondation», souligne Langlois.

Le Kilimandjaro ne pose évidemment pasles mêmes défis que l’Everest, mais unebonne préparation est nécessaire pouratteindre le plus haut sommet de l’Afrique.

« La plus grande difficulté estl’acclimatation à l’altitude, expliqueLanglois. On prévoit passer neuf jours et huitnuits en montagne. C’est très spécial car oncommence l’expédition dans la jungleafricaine, on passe dans le désert, puis onfinit sur un glacier au sommet.»

Comme François Langlois en sera à sapremière tentative au Kilimandjaro, legroupe sera encadré par une des plus grossesagences de trekking de Tanzanie, la TuskerTrail & Safari.msmith@journalmtl.com

√ À la conquête du Kilimandjaro pour réaliser des vœux d’enfants malades

√ À l’assaut des défis et à la découverte de soi

MARTIN

SMITHLe Journal de Montréal

LE JOURNAL DE MONTRÉAL | SPORTS | MARDI 10 OCTOBRE 2006 101

ÀLACONQUÊTEDESPLUSHAUTSSOMMETS

Gougoux au Népalavec ses cégépiensMARTIN SMITH

Pour la quatrième et dernière fois, le«pape du plein air au Québec» passera letemps des fêtes à faire découvrir l’Himalayanépalais à un groupe d’étudiants du cégepAndré-Laurendeau.

Il y a 35 ans, Pierre Gougoux a abandonnéson métier de professeur de mathématiqueset de physique pour faire découvrir lamontagne et le plein air aux jeunes de lapolyvalente de Saint-Henri où il enseignait.

Il s’est ensuite consacré corps et âme àpousser les Québécois à développer leuramour pour le plein air en lançant laTraversée des Laurentides en ski de fond, leTour cycliste des Pays-d’en-Haut et aussi enenseignant «le plaisir d’être dans la nature,la forêt et la montagne » depuis troisdécennies au cégep André-Laurendeau.

« J’ai eu le bonheur extraordinaire depouvoir combiner passion et travailpendant toutes ces années, dit-il. J’aimaintenant 63 ans et j’estime avoir transmismon amour du plein air à plus de 20 000étudiants par le biais, entre autres, de plusde 1500 séjours en montagne.»

À la mi-décembre, Gougoux quitteraMontréal à destination du Népal encompagnie d’une trentaine de cégépiens,d’universitaires et de professionnels.Objectif : découvrir en sa compagnie laculture sherpa tout en faisant un trekkingde près de trois semaines vers le Kala

Patthar, un sommet de 5600 mètres qui offreles plus belles vues sur l’Everest, du campde base jusqu’au sommet.

Un trip extraordinaire«Faire découvrir une montagne, c’est un

trip extraordinaire en soi, souligneGougoux. Quand on peut en plus fairedécouvrir une civilisation de montagnecomme celle des Sherpas, c’est une primefabuleuse car ces gens ont dû développerune résistance physique incroyable pours’adapter à la vie en haute altitude et ontune approche de la vie absolumentfascinante.»

Tenant mordicus à prouver que le pleinair est accessible à tous et à toutes, Gougouxfait en sorte que la facture soit aussimodique que possible. Les participants autrekking de cette année devront s’acquitterd’une facture totale ne dépassant pas les4 000 $ pour un voyage qui débutera le19 décembre et se terminera le 16 janvier.

Une aubaine pour une expérience quipromet un ressourcement à la fois physique,psychologique et mystique…

PHOTO LE JOURNAL

√ Pierre Gougoux, professeur de plein airau cégep André-Laurendeau depuis

trente ans, conduira un groupe au coursd’un trekking dans l’Himalaya népalais

pendant le temps des fêtes.

Un 10e Québécois au sommet de l’Everest en mai ?MARTIN SMITH

Le dixième Québécois à conquérirl’Everest pourrait bien être un pompiermontréalais ou un quincaillier duSaguenay.

En mai prochain, Serge Dessureault etRené Constantineau compléteront avecleur coéquipier d’aventure Maurice

Beauséjour leur ambitieux Projet QuatreSommets par une tentative de marcher surle Toit du monde.

Les deux pompiers-araignéesmontréalais, au début de la quarantaine,et le directeur général du RONA régionald’Alma, de dix ans leur aîné,respecteraient ainsi l’échéancier de leur

projet, élaboré avec l’aide de BernardVoyer, qui les a menés au sommet du montBlanc (4 807 mètres) à l’été 2005, puis àcelui du Kilimandjaro (5 895 m), l’automnesuivant.

En décembre, ils graviront l’Acon-cagua, plus haut sommet d’Amérique duSud avec ses 6 959 mètres, avant de

peaufiner leur entraînement pours’attaquer à l’Everest en mai 2007.

Si au moins un des trois membres dutrio parvient avec succès au bout de cettelongue ascension entamée après avoirparticipé à certaines des coursesd’endurance les plus dures au monde(ÉcoChallenge, Marathon des sables,Ruta de los Conquistadores), on passerale cap des dix Québécois ayant atteint lepoint le plus élevé du globe.

Au bout de leurs rêvesPour Dessureault, Constantineau et

Beauséjour, cette conquête mettra unterme à une aventure qui devait leurpermettre «d’aller au bout de nos rêves »,disent-ils.

Contrairement à un trekking à laGougoux (voir autre texte), un projetcomme celui des Quatre Sommets n’estpas à la portée de toutes les bourses, nimême des leurs.

Le trio a dû compter sur deuxcommanditaires importants, RONA etMerrell, pour payer la plus grande partiedu budget de 125 000 $ nécessaire pourarriver à leurs fins.

Complètement novices en montagne aumoment de s’embarquer dans cettegrande aventure, les trois coéquipiersconnaissent mieux leur potentiel àquelques semaines d’aller affronterl’Aconcagua où la météo « peut être aussiinfernale que sur l’Everest », souligneDessureault.

Les trois aventuriers croient avoir debonnes chances de réussite car « notreformation de pompier nous fait toujourspenser à l’aspect sécurité », relèveDessureault.

« De plus, n’étant pas des experts, nousavons toujours un peu peur, admetBeauséjour. Et la peur est la mère de laprudence.»

Par mesure budgétaire, mais aussi pourne pas avoir à traverser le fameux glacierKhumbu par la voie du sud et du côténépalais, Dessureault et ses coéquipiersont choisi d’y aller par le Tibet et la voienord.

Les progrès technologiques, parti-culièrement au chapitre des prévisionsmétéorologiques, ont rendu l’Everest plusaccessible que jamais. En 2006, plus de 200personnes ont réussi à fouler la neige àson sommet, mais douze personnes sontmortes en tentant l’aventure.

Conscients des dangers, Dessureault,Beauséjour et Constantineau promettent,à la manière du chat de Geluck,de respecter deux grands principes,« prudence et prudence», dans l’ascensionmenant sur le Toit du monde.

PHOTO LE JOURNAL

√ Serge Dessureault, Maurice Beauséjour et René Constantineau partent à l’assaut del’Aconcagua en décembre, dernière étape avant leur tentative de conquérir l’Everest enmai 2007.

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