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A La Gloire Du Grand Architecte de l’Univers,
Ordo ab Chao
Deus Meumque Ius
Au nom et sous la Juridiction des Souverains Grands Inspecteurs généraux
du 33ème et dernier degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté,
L’Hermétisme dans les grades
capitulaires
Qu’est-ce que l’Hermétisme ?
Ce sujet à lui seul pourrait faire l’objet de plusieurs planches aussi, je ne rappellerai
que la Vision du Monde que propose la science d’Hermes et de sa fille l’Alchimie.
Tout d’abord, le principe de l’Unité du Monde -l’Unus Mundus- dont toutes les
parties possèdent des qualités lumineuses et vivent dans un ensemble harmonieux.
Ensuite, l’immanence dans l’homme de cette unité-totalité.
Enfin, en découle le principe de similitude entre le macrocosme et l’homme-
microcosme.
De ces trois principes sont issues les techniques que sont l’alchimie, l’astrologie, la
magie et la théurgie.
Le maitre mot de l’Hermétisme semble être l’Harmonie.
Le Rite Ecossais Ancien et Accepté est imprégné d’hermétisme depuis le 1er degré
jusqu’au 18ème degré.
Il propose une voie de retour à l’état primordial harmonieux par la spiritualisation
de l’initié qui, le conduisant de l’extérieur (exotérisme) à l’intérieur (ésotérisme),
de la périphérie au centre, de la multiplicité de ses composantes à l’Unité de l’Etre,
le ramène à un état déconditionné et à sa libération. Passant par des phases
successives de construction-déconstruction, de mort-renaissance, causées par le
solve-coagula alchimique qui agissent sur le corps, l’âme et l’esprit, l’initié redonne
à l’esprit l’emprise qu’il devrait avoir sur la matière.
D’homme initié, il deviendra homme véritable (vrai en toutes circonstances) et
accèdera à l’état d’homme clairvoyant.
Il s’agit donc de transmutation spirituelle que vit l’initié qui traverse les trois
œuvres alchimiques (noir, blanc et rouge) qui vont se dérouler dans les degrés de
perfection puis capitulaires.
Le Sublime Chevalier Elu (11ème degré du rite) voit l’œuvre au blanc démarrer, son
nom Emeth lui indique qu’il lui reste à faire vivre la Vérité en lui.
Le 12ème lui révèle l’immanence de l’Etre et le 13ème la transcendance. Mais devenu
Grand Elu de la Voute Sacrée (14ème degré du rite), il ne pourra pas encore
l’exprimer.
Atteignant l’Ultime Perfection et le point culminant de l’œuvre au blanc, il apprend
que le 1er Temple a été détruit autant par les turpitudes de l’ennemi de l’intérieur
que par les coups portés par les ennemis de l’extérieur.
Avec ses frères il est conduit en captivité à Babylone.
Ainsi s’épanouit l’œuvre au blanc, mais celle-ci n’est pas terminée.
La recherche de l’Harmonie
L’œuvre va se poursuivre du 15ème au 17ème degré du rite par le rougissement
progressif qui se manifeste par le passage au jaune, couleur de l’or, le métal le plus
pur.
« La couleur jaune est la fin de la blancheur et le commencement de la rougeur »
nous dit David Laigneau, médecin alchimiste du 17èmesiècle.
Le 15ème degré est dominé par la couleur verte, couleur de l’eau et du serpent :
agent de destruction de sa propre matière donc agent de mort mais aussi de
renaissance en esprit.
Pour que l’œuvre s’accomplisse, le Chevalier d’Orient et de l’Epée devra enjamber
les eaux en passant le pont de Gandara en abandonnant les derniers biens matériels
qui lui restent : l’anneau d’or et le ruban remis par Cyrus. Ainsi, il transforme les
vils métaux en or et passe après de violents et sanglants combats, du monde de la
matérialité au monde de la spiritualité.
Le 15ème degré appelle plusieurs remarques de ma part :
Il réaffirme l’unité des opposés et la conjonction réalisée par le pont en intériorisant
la réorientation de l’initié.
En effet, l’initié va passer d’une orientation géographique à une orientation
spirituelle comme s’il intériorisait sa propre boussole.
Babylone, lieu du chaos, des ténèbres, pour les hébreux se trouve à l’orient
Géographique. C’est là que Zorobabel en exil va entendre l’appel de Jérusalem qui
se trouve à l’occident géographique mais qui représente pour lui son Orient
spirituel.
A Babylone, le seul moyen de réorientation spirituelle se trouve inscrit dans le
cœur de l’initié.
De plus, c’est dans la ville du chaos que se trouve la possibilité intérieure de
réorientation spirituelle. C’est dans la vacuité de l’exil que l’initié ressent l’appel de
l’Etre.
Pour atteindre Jérusalem – la ville de la paix – en pleine déliquescence après 70 ans
d’exil, il faut passer par Babylone – la porte des Dieux.
D’autre part, Cyrus, roi de Babylone, entend le message du songe qui lui demande
de libérer les captifs, comme Zorobabel (semence de la porte des Dieux) entend
l’appel intérieur pour demander grâce pour ses compagnons.
Le roi va faire instruire Zorobabel dans l’art de la guerre et le fera chevalier de
l’Epée.
Le roi est donc un initié mais aussi un chevalier habité par l’Imago Templi, c'est-à-
dire l’image du Temple élaborée par l’homme dans son imaginal comme nous
l’explique Henri Corbin dans « Temple et Contemplation ».
Image du Temple que l’initié est invité à construire depuis le 12ème degré.
Cyrus a reconnu en Zorobabel, le chevalier et lui a rendu la liberté.
Enfin, les trois lettres LDP peuvent revêtir plusieurs significations ce qui évite d’en
figer le sens et de tomber dans l’idolâtrie.
Les trois lettres LDP peuvent revêtir plusieurs significations ce qui évite d’en figer
le sens et de tomber dans l’idolâtrie : Liberté de passer ou de penser, Laisser Dieu
passer, cela laisse entendre qu’il n’y a plus d’obstacle entre matérialité et
spiritualité.
C’est un pont entre le monde visible et le monde invisible, un pont entre l’ombre et
la lumière.
A la dimension horizontale du chemin orient-occident, le 16ème degré va ajouter la
dimension verticale avec le 2ème Temple qui réunira le monde d’en Haut et la
Monde d’en bas « pour faire le miracle d’une seule chose » comme le dit la Table
d’Emeraude.
Pour achever la construction du 2ème Temple ralentie par le refus des samaritains de
payer le tribut, Zorobabel se rend à Babylone pour demander à Darius aide et
assistance.
Le 16ème degré est jaune attestant que le rouge se manifeste par purification du
métal en or soit par la libération du rouge par le blanc, soit par la conjonction du
blanc et du rouge.
L’édification du 2ème Temple est l’aboutissement de la fixation de l’Imago Templi
dans l’imaginal de l’initié.
Ainsi, habité par le principe, puisque nommé Prince, le Prince de Jérusalem est
habité par la Vérité et peut donc rendre la justice. Mais quelle justice ?
Un des symboles du degré est la balance, elle fait référence à la science des
balances qui en pesant les proportions de subtil et d’épais permet de doser la
rectification nécessaire à la création de l’Harmonie entre chacune des parties
comme nous l’enseigne Henri Corbin dans son étude de l’alchimiste arabe Jabir.
On ne va pas à Jérusalem mais on monte à Jérusalem ce qui voudrait dire que
Jérusalem se trouverait au sommet de la montagne et que Babylone se trouverait
dans la vallée spirituelle.
Ce degré est le dernier qui tire ces sources de l’ancien testament, l’harmonie qu’il
restaure renforce le sentiment d’Amour chez l’initié.
Mais le Temple Matériel est éphémère, seul le Temple intérieur peut être éternel et
conserver le iod fécondant issu du souffle régénérant de la 11ème porte.
Le 17ème degré verra la destruction du Temple Matériel et l’établissement de la
nouvelle Loi, la Loi d’Amour qui permettra l’édification du Temple Spirituel du
18ème degré.
Pour ce faire, il va falloir un cataclysme, ce sera l’Apocalypse, la révélation de la
nouvelle Loi de l’Agneau.
Dépassant les limites matérielles, il nous emmène hors du temps et de l’espace.
Pour cela, il faut être parmi les élus, c’est la signification du Tau apposé sur le front
des récipiendaires admis parmi les Chevaliers d’Orient et d’Occident par le Très
Puissant. Il peut rappeler la croix représentée par la juxtaposition du 15ème et du
16ème degré.
Comme le 15ème degré fut la reprogrammation de la boussole interne de l’initié, le
17ème degré va reprogrammer sa pensée.
L’ancienne et la nouvelle Loi sont les parties d’un Tout qui représente la Tradition.
Elles sont représentées par l’or et l’argent qui composent le bijou du 17ème degré,
c'est-à-dire les métaux les plus purs. L’argent issu de l’œuvre au blanc et l’or,
résultat de l’œuvre au rouge. Ils symbolisent également, le soleil et la lune qui
s’unissent dans la Lumière du ternaire dès le 1er degré.
Cette opération ne pourra avoir lieu sans l’intervention du Feu, de même que
l’unité de l’esprit ne peut se réaliser sans apocalypse.
Après l’apparition du fils d’homme possédant les 7 vertus (les 7 étoiles) et le Verbe
créateur symbolisé par le glaive sortant de sa bouche, les récipiendaires
représentant l’agneau (l’incarnation du verbe) vont briser les 7 sceaux faisant
apparaitre les fléaux de la conscience puis assistent à la destruction du monde
ponctuée par les 7 trompettes : premier malheur.
Lors du 2ème malheur apparaît l’ange puissant (certainement Metatron, l’ange de la
face décrit dans le Zohar nimbé d’un arc en ciel qui figure sur le tableau de loge du
degré qui annonce la mission du chevalier d’Orient et d’Occident : il doit
« prophétiser sur des peuples, des nations, des langues et des rois en grand
nombre ».
La septième trompette annonce le passage à un état spirituel supérieur après la
destruction de « ceux qui détruisent la terre. ». Cependant le rituel s’arrête à
l’Apocalypse XI-18 sur la destruction de la terre et des vivants seuls les élus
survivront.
Il est pourtant intéressant de connaître le paragraphe suivant de l’Apocalypse XI-
19 : « Et le sanctuaire de Dieu s’ouvrit, celui qui est dans le ciel et apparut l’arche
de son alliance dans son Sanctuaire. » Il annonce le futur : la descente de la
Jérusalem céleste qui n’apparaît pas au 17ème degré.
Le degré présente les vices qui causent la perte de l’homme sur la face argent du
bijou (Haine, discorde, orgueil, indiscrétion, perfidie, méchanceté et calomnie) que
l’initié doit transmuter en vertus correspondantes figurant sur la face or du bijou
(Beauté, honneur, puissance, gloire, force et sagesse).
L’Harmonie retrouvée
Désormais, les métaux sont purifiés, tout va bientôt être consommé, le feu qui fut
destructeur va pouvoir devenir régénérateur. Et l’œuvre au rouge commencer au
18ème degré. Elle constitue l’union de la reine (l’argent, la lune) avec le roi (l’or, le
soleil), du mercure et du soufre pour engendrer le Rebis, le soufre au rouge.
Le Chevalier Rose-Croix a réintégré le monde de la Parole, c’est donc elle qui va
s’exprimer à travers lui par le Feu de l’Amour.
A l’intersection de la matérialité de sa condition et de l’Esprit se trouve son unité,
son centre, son cœur d’où éclot la rose, d’où jaillit le Feu.
L’étoile flamboyante réapparait en la personne du Chevalier Rose-Croix, il incarne
le pont intermédiaire entre le monde d’en haut et le monde d’en bas comme
l’indique le signe et le contre-signe.
Par la Rose et par le Feu, s’exprime l’agapè indissociable du sacrifice.
En étant en capacité de la transmettre, le Chevalier Rose-Croix incarne l’esprit qui
l’habite.
Accueilli par le plus humble de tous qui est le plus éclairé car il sait que toute
inspiration vient d’en haut, il comprend qu’il lui est impératif de combattre
l’orgueil, l’ambition et l’ignorance pour faire régner à la place le dévouement et la
charité.
C’est cette participation au Principe qui conduit à une régénération totale, sens de la
Parole I.N.R.I. et du phénix. Pour les alchimistes, le Phénix est la pierre
philosophale, terme du V.I.T.R.I.O.L dont les opérations ont débuté dans le cabinet
de réflexion.
Animé par les vertus théologales, le chevalier Rose-Croix est en harmonie avec le
Cosmos. L’amour inconditionnel de toute vie va le pousser, demain, à faire régner
l’ordre sur le chaos.
A cet instant de mon chemin, je sais que dans mon cœur, brûle ce feu de la
Renaissance, celui qui me permet la transfiguration et de pouvoir enfin affirmer :
Emmanuel qui signifie en hébreu : Dieu est en nous.
Il n’y a plus de barrière à l’expression de l’Amour, il n’y a plus de barrière à
l’expression de cette charité donc plus de peur, plus de paranoïa et une capacité
totale à assumer mes actes.
Enfin je fais mienne la devise de Saint Augustin :
« Aime et fais ce que voudras »
J’ai dit
JP D.
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