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DISTRIBUTION SPATIO-TEMPORELLE ET ETUDE DES PARAMETRES DE LA
PRESENCE DU BLEUET ET DU COQUELICOT EN SYSTEME CEREALIER
INRA DU MAGNERAUD (DEUX-SEVRES)
JULIEN MORERE MAITRE DE STAGE : JEAN-FRANÇOIS ODOUX
Année 2018
LICENCE PROFESSIONNELLE « GESTION AGRICOLE DES ESPACES NATURELS RURAUX » (GENA)
© Julien MORERE
RESUME
Sur la « Zone Atelier Plaine & Val de Sèvre », nous étudierons la distribution spatio-
temporelle et certains paramètres impactant ou non les populations de bleuet et de coquelicot
essentielles pour l’abeille domestique en période de disette entre la culture du colza et du tournesol.
Pour cela, nous mettons d’abord en place un inventaire floristique (mi-mai à mi-juin) sur l’ensemble
de la zone étudiée afin d’estimer le nombre de fleurs présentes et leur localisation. Nous étudierons
ensuite ces données et nous les comparerons à celles des années précédentes (2014-2015-2016 et
2017). Nous utiliserons aussi ces données pour voir s’il y a corrélation avec différents facteurs
agricoles (type de pratique et occupation du sol) et environnementaux (pédologie, couverture
ligneuse et type d’habitat). 95 % des fleurs inventoriées sont des coquelicots. Les habitats situés en
bord de champs du côté de la route présentent les plus fortes densités de fleurs de bleuets et de
coquelicots. Les cultures semblant favoriser le bleuet est le colza et pour le coquelicot, le lin. Ces
deux plantes messicoles sont majoritairement présentes en sol peu profond et dans des zones
ouvertes. L’agriculture biologique semblerait être favorable au bon développement du coquelicot
mais moins pour celui du bleuet.
REMERCIEMENTS
En premier temps, je tiens à remercier Pierrick Aupinel, directeur de l’unité Entomologie
INRA Le Magneraud, de m’avoir accueilli dans sa structure durant ces quatre mois pour réaliser mon
stage de Licence Professionnelle.
Je remercie également plus particulièrement Jean-François Odoux, responsable apiculture et
environnement de l’unité Entomologie INRA Le Magneraud pour sa patience, sa disponibilité, sa
gentillesse et sa joie de vivre. De plus, je tiens également à remercier Vincent Bretagnolle, directeur
de recherches à l’institut écologie et environnement du CNRS de Chizé, pour ses conseils pertinents.
Je remercie également Thierry Tamic, Emilie Cadet, Mélanie Chabirand, Claude Hamaide et
l’ensemble de l’équipe pour leur implication et leur bonne humeur quotidienne.
Enfin j’adresse mes remerciements à tous les stagiaires que j’ai pu rencontrer durant cette période et
toutes autres personnes ayant contribué de près ou de loin au bon déroulement de mon stage.
LEXIQUE
Patch : Point géoréférencé comptant une quantité de fleurs définie par une classe
Services écosystémiques : Services rendus pour le bien-être humain par des organismes
interagissant dans les écosystèmes
SIG : Système d’information conçu pour recueillir, stocker, traiter, analyser, gérer et présenter
diverses données spatiales et géographiques
CNRS : Centre National de la Recherche Scientifique.
INRA : Institut National de la Recherche Agronomique.
Pollen : Elément fécondant mâle de la fleur en forme de minuscules grains plus ou moins ovoïde de
quelques dizaines de micromètres de diamètre.
Nectar : Suc sécrété par les nectaires des plantes pour attirer les pollinisateurs et utilisé comme
matière première du miel.
Agrosystème : Ecosystème modifié et utilisé par l’Homme afin d’exploiter par exemple la matière
organique qu’il produit.
Archéophyte : Plante non originaire d’une région géographique, mais qui a été introduite dans des
temps anciens.
Polylectique : Insecte pollinisateur capable de butiner de nombreuses plantes différentes.
Thérophyte : Plante annuelle mourant après leur reproduction. Leur durée de vie est courte mais
leur développement est rapide.
TABLE DES FIGURES
Figure 1: Localisation de la Zone Atelier ................................................................................................. 3
Figure 2: Mélange floral © Julien MORERE ............................................................................................. 3
Figure 3: Ruchers 2018 sur la Zone Atelier (QGIS) .................................................................................. 5
Figure 4: Abeilles domestiques sur une ruche ECOBEE ©Julien MORERE .............................................. 5
Figure 5: Le bleuet © Julien MORERE ..................................................................................................... 6
Figure 6: Le coquelicot © Julien MORERE ............................................................................................... 6
Figure 7 : Fonctionnement du dispositif Géo-Poppy ............................................................................... 7
Figure 8: Interface du dispositif Géo-Poppy ............................................................................................ 7
Figure 9 : Zone d'étude référence 2014 (QGIS) ....................................................................................... 8
Figure 10 : Totalité des inventaires (QGIS) .............................................................................................. 9
Figure 11: Pédologie de la zone d'étude (QGIS) .................................................................................... 10
Figure 12: Couverture ligneuse sur la zone d'étude (QGIS) .................................................................. 10
Figure 13: Assolement et inventaire de l'année 2014 sur la zone d'étude (QGIS) ............................... 11
Figure 14: Assolement des cultures biologiques et inventaire de l'année 2014 sur la zone d'étude
(QGIS) .................................................................................................................................................... 11
Figure 15 : Evolution temporelle du nombre de fleurs et de patches de bleuets et de coquelicots
(Excel) .................................................................................................................................................... 12
Figure 16: Evolution temporelle du nombre de fleurs et de patches de bleuets (Excel) ...................... 13
Figure 17: Evolution temporelle du nombre de fleurs et de patches de coquelicots (Excel) ............... 13
Figure 18: Evolution temporelle du nombre de fleurs de bleuets en fonction de sa localisation (Excel)
............................................................................................................................................................... 14
Figure 19: Evolution temporelle du nombre de fleurs de coquelicots en fonction de sa localisation
(Excel) .................................................................................................................................................... 14
Figure 20: Densité de fleurs de bleuets et de coquelicots en fonction de la pédologie sur l'ensemble
des années étudiées (Excel) .................................................................................................................. 15
Figure 21: Densité de fleurs de bleuets en fonction de la pédologie sur l'ensemble des années étudiée
(Excel) .................................................................................................................................................... 15
Figure 22: Densité de fleurs de coquelicots en fonction de la pédologie sur l'ensemble des années
étudiées (Excel) ..................................................................................................................................... 16
Figure 23: Influence des haies sur ces deux messicoles (Excel) ............................................................ 16
Figure 24: Densité de bleuets et de coquelicots en fonction de la culture présente sur l’ensemble des
années étudiées (Excel) ......................................................................................................................... 17
Figure 25: Densité de bleuets en fonction de la culture présente sur l'ensemble des années étudiées
(Excel) .................................................................................................................................................... 17
Figure 26: Densité de fleurs de coquelicots en fonction de la culture présente sur l'ensemble des
années étudiées (Excel) ......................................................................................................................... 18
Figure 27: Evolution de la densité de fleurs de coquelicots et bleuets par hectare en fonction du type
de pratique (Excel) ................................................................................................................................ 19
Figure 28: Evolution de la densité de fleurs de bleuets par hectare en fonction du type de pratique
(Excel) .................................................................................................................................................... 20
Figure 29: Evolution de la densité de coquelicots par hectare en fonction du type de pratique (Excel)
............................................................................................................................................................... 21
TABLE DES TABLEAUX
Tableau 1: Moyenne géométrique en fonction de la classe ................................................................... 8
Tableau 2: Nombre de fleurs en fonction de l'espèce et des années (Excel) ........................................ 12
Tableau 3: Nombre de fleurs et d'hectare par type de sol (Excel) ........................................................ 15
Tableau 4: Nombre de fleurs en fonction du type de pratique et des années (Excel) .......................... 19
Tableau 5: Nombre de bleuets en fonction du type de culture (Excel) ................................................ 20
SOMMAIRE
INTRODUCTION ....................................................................................................................................... 1
CONTEXTE D’ETUDE ................................................................................................................................ 2
1. Structures d’accueil ..................................................................................................................... 2
a. L’INRA : Institut National de Recherche Agronomique ........................................................... 2
i. L’INRA en Nouvelle-Aquitaine ................................................................................................. 2
ii. L’unité expérimentale Abeilles, Paysages, Interactions et Systèmes de culture (APIS) du
Magneraud ...................................................................................................................................... 2
b. Le CNRS : Centre National de la Recherches Scientifiques ..................................................... 2
i. Le CNRS de Chizé (CEBC : Centre d’Etudes Biologiques de Chizé) .......................................... 2
2. La zone d’étude, un territoire avec un gradient paysager .......................................................... 3
3. Les plantes messicoles, rôle stratégique dans la survie des abeilles .......................................... 3
a. Une plante messicole, c’est quoi ? .......................................................................................... 3
b. Une ressource menacée par l’agriculture moderne ............................................................... 4
c. L’intérêt des plantes messicoles pour les abeilles .................................................................. 4
4. Mes missions et objectifs à accomplir ......................................................................................... 5
MODELE D’ETUDE ET MISE EN APPLICATION .......................................................................................... 6
1. Matériels biologiques inventoriés ............................................................................................... 6
a. Le bleuet (Cyanus segetum) .................................................................................................... 6
b. Le coquelicot (Papaver sp.) ..................................................................................................... 6
2. Le dispositif d’observation Géo-Poppy ....................................................................................... 7
3. L’inventaire floristique ................................................................................................................ 8
4. L’analyse des données ................................................................................................................. 8
RESULTATS ET INTERPRETATIONS ......................................................................................................... 12
1. Distribution et évolution de ces deux messicoles sur la zone d’étude référence 2014-2017 .. 12
2. Influence de différents facteurs sur la distribution spatiale de ces deux messicoles sur la zone
d’étude référence 2014 ..................................................................................................................... 14
a. Facteurs environnementaux ................................................................................................. 14
b. Facteurs agricoles .................................................................................................................. 17
CONCLUSION ......................................................................................................................................... 22
PERSPECTIVES ........................................................................................................................................ 23
BILAN PERSONNEL ................................................................................................................................. 24
BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................................... 25
1
INTRODUCTION Depuis la moitié du XXème siècle, les paysages agricoles ont été fortement modifiés à la suite
de l’intensification de l’agriculture afin de répondre aux besoins et exigences alimentaires croissants
(Requier et al, 2015). La création de la politique d’agriculture commune (PAC) en 1962 a favorisé la
mécanisation, l’utilisation d’intrants et le remembrement dans le but d’obtenir de meilleurs
rendements. Des problèmes environnementaux ont ensuite vu le jour (Odoux et al, 2012)
notamment sur la qualité de l’eau, des sols, des paysages et de la biodiversité (Bretagnolle et Gaba,
2015). Ces 30 dernières années, on observe un déclin de 44 % de la diversité des adventices et de 67
% de la diversité floristique (Fried et al, 2008). Une accélération de cette décroissance est d’ailleurs
envisagée pour les décennies à venir expliquée par la perte d’habitats naturels. Aujourd’hui les
agrosystèmes occupent 42 % en Europe et 56 % en France (Marot et al, 2012) rendant le
développement des espèces sauvages dépendant de l’activité humaine. Les différents facteurs
agricoles rentrant en cause sont le type de culture, les techniques agricoles utilisées et leur
intensification. Cette diminution de biodiversité floristique affecte également ces agrosystèmes. En
effet, les adventices jouent le rôle de ressources trophiques pour de nombreux organismes tels que
les insectes, les oiseaux et les macromammifères (Stoate C et al, 2009). De nombreux taxons en sont
influencés comme par exemple l’abeille domestique (Apis mellifera L.). En France, depuis dix ans, 25
% des colonies ne passent pas l’hiver, alors que le taux normal est d’environ 10 %. L’abeille
domestique fournit un service écosystémique de pollinisation indispensable pour les agrosystèmes et
écosystèmes naturels. En Europe, 84 % des espèces cultivées et 80 % des espèces sauvages
dépendraient de ce service pour leur reproduction. Le changement de paysage serait une cause
majeure expliquant cette diminution des populations soumises à un stress alimentaire. Entre la
culture du colza (mai) et du tournesol (juillet), la ressource alimentaire est amoindrie, c’est la période
de disette. Or, c’est également lors de cette période que la taille et l’activité des populations au sein
des ruches est la plus importante (Odoux et al. 2012). Les abeilles domestiques se tournent donc vers
d’autres espèces mellifères permettant de répondre à leurs forts besoins : les plantes messicoles en
particulier. Nous nous intéresserons à deux espèces emblématiques : le bleuet (Cyanus segetum) et
le coquelicot (Papaver sp.). Ces deux espèces fleurissent pendant la période de disette alimentaire et
fournissent aux abeilles de très grandes quantités de pollen et de nectar de qualité (Odoux et al.
2012).
Nous tenterons de répondre à la problématique suivante : « Comment évoluent au cours du temps
les populations de bleuets et de coquelicots essentielles aux abeilles et quels facteurs influencent
cette évolution ? ».
Pour cela, nous commencerons par un inventaire floristique de ces deux espèces sur une zone à large
échelle pour l’année 2018. Nous étudierons ensuite la distribution et l’évolution des populations de
bleuets et de coquelicots en fonction de plusieurs facteurs (édaphiques, agricoles et couverture
ligneuse) à l’échelle de cinq années (2014, 2015, 2016, 2017 et 2018). Cette étude s’inscrit dans le
cadre du programme CENTAURE dont le chef de file est Jouffray-Drillaud. Elle répond à l’appel à
projets CASDAR 2014 (Compte d’Affectation Spéciale pour le Développement Agricole et Rural) et est
financé par le ministère de l’agriculture et la fondation d’entreprise LISEA-Biodiversité (Ligne à
Grande Vitesse Sud Europe Atlantique). Cette étude est pilotée par l’unité expérimentale Abeilles,
Paysages, Interactions et Systèmes de culture (APIS) du Magneraud (INRA) en coopération avec le
CNRS de Chizé (CEBC).
2
CONTEXTE D’ETUDE
1. Structures d’accueil
a. L’INRA : Institut National de Recherche Agronomique
L’INRA est le premier institut européen de recherche agronomique et dans les premiers
mondiaux dans le domaine des sciences agricoles, de l’écologie, de la microbiologie et de
l’environnement. Cet institut se préoccupe de trois enjeux majeurs de société : l’alimentation,
l’agriculture et l’environnement. Il s’inscrit dans la recherche publique française en tant
qu’établissement public à caractère scientifique et technologique. Leurs principales missions sont de
produire, diffuser des connaissances scientifiques et de concevoir des innovations et des savoir-faire.
Ces dernières sont définies par les lois sur la recherche de 1982 et de 2006. Cet institut mène des
recherches au service d’enjeux de société majeurs avec 250 laboratoires dont 45 unités
expérimentales sur le territoire français. 13 000 personnes y travaillent dont environ 8 000 agents
titulaires. La totalité du budget s’élève à 850,89 millions d’euros provenant à 77 % du ministère de la
Recherche et 20 % d’autres crédits publics.
i. L’INRA en Nouvelle-Aquitaine
Le centre de Nouvelle-Aquitaine-Poitiers s’intéresse à la gestion durable des prairies, des systèmes fourragers, des territoires et des zones de productions animales. Quatre sites sont présents (Lusignan-Rouillé, le Magneraud, Saint-Laurent-de-la-Prée et Chizé) et regroupent 230 techniciens, ingénieurs et chercheurs, répartis en 10 unités. L’INRA Nouvelle-Aquitaine s’efforce de prendre en compte les relations agriculteurs-environnement afin de développer une gestion durable des écosystèmes agricoles ; pour cela diverses plateformes expérimentales sont mises en place. C’est notamment le cas d’ECOBEE piloté par l’unité expérimentale APIS du Magneraud qui permet d’avoir une expertise concrète sur les problèmes rencontrés actuellement par l’abeille domestique dans ces milieux.
ii. L’unité expérimentale Abeilles, Paysages, Interactions et Systèmes
de culture (APIS) du Magneraud
L’unité APIS du Magneraud composée de 12 agents permanents, met au point des méthodes
permettant l’évaluation des effets des pratiques agricoles sur les insectes pollinisateurs. Son enjeu
est d’améliorer ces pratiques afin de préserver et de pérenniser les services écosystémiques qu’ils
fournissent. Pour cela, l’unité dispose d’un laboratoire de palynologie, d’une base de données
botaniques et palynologiques, de structures destinées à l’élevage d’insectes, d’un rucher de 150
ruches et d’un rucher intérieur (pouvant accueillir 10 ruches).
b. Le CNRS : Centre National de la Recherches Scientifiques
Le CNRS est le plus grand organisme public français de recherche scientifique. En 2015, il
employait environ 31 444 personnes (dont 24617 permanents) et son budget annuel était de 3,3
milliards d’euros. Le CNRS exerce dans tous les domaines de la connaissance avec en tout 1 116
unités de recherche dont la plupart sont gérées avec d’autres structures (universités, écoles...).
i. Le CNRS de Chizé (CEBC : Centre d’Etudes Biologiques de Chizé)
Le laboratoire est situé dans les Deux-Sèvres, au sud de Niort, dans la forêt domaniale de Chizé.
L’équipe est constituée d’une dizaine de chercheurs, d’une soixantaine d’ingénieurs, de techniciens
et d’étudiants. L’objectif principal est l’identification de mécanismes et/ou de processus régulant une
dynamique des populations dans un contexte de gestion durable des ressources naturelles. Les
principaux sites d’étude se situent en Europe continentale, en Afrique et dans les Terres Australes et
3
Antarctiques Françaises et concernent des vertébrés, prédateurs (oiseaux et mammifères marins,
oiseaux coloniaux et reptiles) ou herbivores.
2. La zone d’étude, un territoire avec un gradient paysager Cette étude a été menée dans la « Zone Atelier
Plaine & Val de Sèvre » située dans le centre-ouest
de la France dans la région Nouvelle-Aquitaine
(figure 1) (Odoux et al. 2012). Elle se situe plus
précisément entre la ville de Niort au nord et le
massif forestier de Chizé au sud. 40 villages sont
présents et sa population avoisine les 28 000
habitants. Sa surface équivaut à 45 000 hectares de
plaine calcaire soumise à un climat océanique
tempéré et chaud en été. Chaque année en
moyenne cette zone reçoit 840 millimètres de
précipitations (Requier et al. 2015)
Le paysage agricole est dominant avec 75 % de terres arables principalement consacrées à la culture
de céréales (blé et orge). Les cultures oléagineuses sont également présentes avec 10 % de
tournesol, 9 % de colza. Le maïs représente 8 % et les prairies 18 % de la superficie totale (Requier et
al. 2015). Aujourd’hui 15 500 parcelles sont dénombrées réparties sur 450 exploitations agricoles.
Leur taille moyenne est de 94 hectares, mais certaines peuvent parfois atteindre les 200 hectares. La
moitié de la zone d’étude est classée NATURA 2000 (FR5412007-Plaine de Niort Sud-Est) ce qui
favorise la mise en place de mesures agro-environnementales.
3. Les plantes messicoles, rôle stratégique dans la survie des abeilles
a. Une plante messicole, c’est quoi ?
Les plantes messicoles dites archéophytes se sont adaptées aux pratiques culturales de
l’homme en calquant leur cycle biologique avec celui des cultures. La plante germe, se développe et
termine son cycle juste avant la moisson. Leur mode de persistance est la graine, ce qui rend ces
plantes peu sensibles aux travaux du sol tel que le labour. La plupart de ces plantes adoptent une
stratégie de reproduction de type r caractérisée par une production de graines importante et une
mort rapide permettant une adaptation rapide aux aléas. Certaines messicoles dites strictes sont
toutefois plus sensibles aux perturbations de milieu. C’est le cas du bleuet (Cyanus segetum), qui
s’adapte par exemple plus difficilement que le coquelicot (Papaver sp.), à l’intensification agricole
progressive. Actuellement, la liste nationale des plantes messicoles contient 100 taxons, dont 56 sont
considérés en situation précaire et 30 à surveiller. Ces plantes sont une richesse floristique et
favorisent de nombreux services écosystémiques en fournissant une ressource alimentaire (nectar et
pollen) et un refuge pour la faune.
Figure 2: Mélange floral © Julien MORERE
Figure 1: Localisation de la Zone Atelier
4
b. Une ressource menacée par l’agriculture moderne
Le type de culture et son itinéraire technique :
La richesse floristique d’un milieu cultivé varie en fonction du type de culture implanté et de
l’itinéraire cultural pratiqué. En effet, le travail du sol, le période d’implantation, la densité de semis
et le type de d’intrants jouent par exemple un rôle majeur. Pour les plantes messicoles, comme
notamment le bleuet et le coquelicot, les cultures d’hiver, semées à l’automne favorisent leurs
implantations. En revanche, les cultures de printemps nécessitant un travail du sol printanier ou les
prairies temporaires restant en places durant plusieurs années conduisent à éliminer ces espèces.
Pour le coquelicot, le labour se révèle par exemple peu opérant pour épuiser la viabilité des graines
car ces dernières peuvent avoir une viabilité supérieure à 50 % après un séjour de 6 ans dans le sol
(www.arvalis-infos.fr/fiche-adventice-le-coquelicot-papaver-rhoeas--@/view-8294-arvarticle.html).
Suite au développement de l’utilisation de désherbants chimiques, à l’augmentation de fertilisation
azotée et de produits phytosanitaires, la flore se banalise et des phénomènes de résistance
apparaissent (Marshall et Moonen, 2002).
Les bordures de champs :
Les bordures de champs regorgent d’espèces messicoles (Marshall et Moonen, 2002). En
effet, les pratiques agricoles y sont différentes, l’agriculture y est plus extensive, la lumière y est plus
abondante et les quantités d’intrants et de mécanisation sont différentes, notamment le tassement
du sol. Ces facteurs permettent aux espèces sauvages de se développer dans de meilleures
conditions et de pérenniser leur population (Fried et al, 2009). Les bordures jouent également un
rôle clé pour la faune tels que les oiseaux, les arthropodes, les mammifères qui permettent par leur
action de disséminer les graines.
Ainsi, les bords de champs présentent une richesse floristique et faunistique plus importante qu’en
plein champs (Romero, Chamorro et Sans, 2008).
Agriculture biologique :
L’agriculture biologique paraitrait être plus favorable à la présence de plantes messicoles que
l’agriculture conventionnelle mais les résultats d’études actuelles restent encore mitigés.
Par exemple, une étude (Hyvonen T et al., 2003) a prouvé que la richesse floristique est
environ 70 % plus grande en agriculture biologique grâce à une faible application d’herbicides, une
densité de semis plus faible et une meilleure tolérance des adventices.
D’autres pratiques en agriculture biologique semblent avoir un effet négatif sur la flore
messicole. En effet, un désherbage mécanique intensif ou le pratique de faux semis empêche le
développement du stock de graines (Fleuri et Fric, 2002). De plus, l’abandon de tout type de travail
du sol favorise les espèces vivaces au détriment des annuelles (coquelicot et bleuet par exemple).
c. L’intérêt des plantes messicoles pour les abeilles
Le régime alimentaire des abeilles se constitue essentiellement de nectar et de pollen venant de
diverses plantes. Les abeilles domestiques sont dites polylectiques car elles s’intéressent à un grand
panel de nectar et pollen. Le pollen, riche en protéine et lipides (Haydak, 1970) joue un rôle essentiel
pour le développement larvaire et le système immunitaire des abeilles. Leur consommation limiterait
les risques sanitaires liés aux champignons et aux bactéries (Alaux C et al., 2017).
5
Figure 3: Ruchers 2018 sur la Zone Atelier (QGIS)
Le dispositif Ecobee a été créé en 2008 afin de permettre de suivre l’évolution de colonies
testées en zone de grande culture et d’évaluer de la politique agricole sur celles-ci. Il mobilise
actuellement 10 agents permanents et 3 infrastructures complémentaires, la Zone Atelier Plaine &
Val de Sèvre (450 km²) coordonnée par le CNRS de Chizé (www.za.plainevalsevre.cnrs.fr), un rucher
de 50 colonies d’abeilles domestiques et un laboratoire de palynologie situé sur l’unité
expérimentale APIS de l’INRA au Magneraud. (www.nouvelle-
aquitaine-poitiers.inra.fr/Outils-et-Ressources/Dispositifs-
experimentaux/Ecobee)
La zone atelier est découpée en 50 secteurs de 10 km² chacun.
Chaque année 10 sont tirés au sort afin d’accueillir un groupe
de 5 ruches (figure 2). Plusieurs paramètres sont mesurés et
observés tels que les réserves et récoltes de miel, les
effectifs de population adultes, les températures, les
reproductions et les problèmes sanitaires. Une trappe à
pollen est disposée sous chaque ruche afin de pouvoir
identifier la quantité et le type de pollen que récolte les
abeilles et d’ainsi caractériser l’environnement floral qu’elles fréquentent.
4. Mes missions et objectifs à accomplir Ma mission principale était de poursuivre l’inventaire floristique (coquelicot et bleuet) réalisé
chaque année sur la zone atelier en priorisant les 10 zones contenant les ruchers expérimentaux
ECOBEE. Cet inventaire quotidien a commencé mi-mai et s’est terminé mi-juin. Avant cela, j’ai eu
quelques semaines disponibles pour bien me renseigner sur le sujet et préparer mon inventaire en
réalisant les cartes de l’itinéraire à suivre sur QGIS. Une fois les
résultats obtenus, j’ai évalué l’évolution spatiale du nombre
d’observations entre les 5 années d’inventaire. Je me suis ensuite
intéressé aux facteurs influençant la distribution spatiale (type de
culture, couverture ligneuse, humidité, pédologie).
J’ai également participé à la récolte de nectar sur colza, bleuet et
tournesol dans le but d’estimer la présence ou non et la quantité
de néonicotinoides en fonction du type de pratiques agricoles.
A plusieurs reprises, j’ai eu l’occasion de me rendre sur les ruchers
expérimentaux ECOBEE (figure 4), afin d’y réaliser les diverses
mesures bi-mensuelles (pesées, point sanitaire...).
La pose de puce RFID sur abeilles m’a également été confiée dans
le but d’observer les risques de désorientation d’abeilles exposées
au traitement des cultures au thiaméthoxame. L’étude révèle que cette molécule diminue
l’espérance de vie des abeilles en contact. En réponse à cette mortalité, les colonies modifient leur
stratégie de production et privilégient le renouvellement des ouvrières pour se préparer à l’hiver.
Figure 4: Abeilles domestiques sur une ruche ECOBEE ©Julien MORERE
6
MODELE D’ETUDE ET MISE EN APPLICATION
1. Matériels biologiques inventoriés
a. Le bleuet (Cyanus segetum)
Originaire d’Eurasie, sa floraison a lieu de mai à juillet et appartient à la famille des
Asteraceae. Cette plante est annuelle ou bisannuelle. Sa tige allongée est de couleur vert blanchâtre
et légèrement cotonneuse. Ses feuilles sont étroites et sessiles. Sa taille
varie de 30 à 80 cm. Les fleurs, réunies en capitules sont bleues et
tubuleuses (figure 5). Le fruit est un akène jaunâtre surmonté d’une
aigrette. Les exigences du bleuet sont proches de celles du coquelicot, il
aura tendance à préférer les zones ensoleillées, ouvertes et poussera
ainsi facilement dans les cultures qui possèdent un cycle biologique
proche du sien. Cependant sa germination automnale le rend plus
sensible aux herbicides et au labour. On le retrouve principalement dans les cultures d’hiver (blé,
orge, colza et moutarde) et occasionnellement dans celles de printemps (tournesol). Cette plante
thérophyte est auto-incompatible et dépend de la pollinisation par les insectes. En effet, elle possède
un système de protandrie rendant le contact pollen/stigmate physiquement impossible. Sa floraison
a également lieu durant une période dite de disette (mai-juillet) ce qui de plus fournit une source
alimentaire non négligeable pour les abeilles par exemple. Encore plus que le coquelicot, cette plante
messicole se fait rare dans les campagnes et fait actuellement partie des 30 taxons de plantes à
surveiller. Des études ont montré que lorsque le bleuet est commun dans une zone, cela signifie
qu’une forte diversité végétale y est présente (Bellanger S, 2011). L’important de le protéger parait
donc évident, il pourrait servir d’espèce parapluie.
b. Le coquelicot (Papaver sp.)
Originaire d’Eurasie, sa période de floraison a lieu de mai à juillet. Le coquelicot comme les
pavots appartient à la famille des Papaveraceae et se dissocie en quatre espèces différentes : le
grand coquelicot (Papaver rhoeas), le coquelicot intermédiaire (Papaver
hybridum), le coquelicot argenome (Papaver argemone) et le coquelicot
douteux (Papaver dubium).
Le coquelicot (figure 6) est une plante herbacée annuelle d’une hauteur
générale comprise entre 30 et 60 cm. La tige est ramifiée et entièrement
hérissée de poils rudes, tout comme les feuilles qui sont sessiles. Les
fleurs sont solitaires à l’extrémité de longs pédoncules. Leur taille est
assez conséquente pouvant aller de 6 à 10 cm en pleine floraison. La
corolle est formée de 4 larges pétales qui se chevauchent. Les étamines sont nombreuses et insérées
au cœur de la fleur. Les anthères sont de couleur noire et libère un abondant pollen gris de qualité.
Enfin, le pistil est formé de 7 à 12 carpelles soudés en un ovaire conique. Le fruit est une capsule
sèche contenant de nombreuses petites graines sombres (Abeilles et Fleurs n°805 – Juin 2018).
Le grand coquelicot est le plus commun de tous et est facilement reconnaissable par sa taille et sa
capsule glabre et arrondie. Il est le seul à porter éventuellement concurrence aux cultures. Il est peu
exigeant en ce qui concerne le type de sol, on le retrouve principalement en milieux ouverts,
Figure 6: Le coquelicot © Julien MORERE
Figure 5: Le bleuet © Julien MORERE
7
ensoleillés et nus, ce qui correspond parfaitement aux milieux associés aux moissons, aux bords de
routes, de chemins et de friches.
Le maintien de cette espèce thérophyte est expliqué par plusieurs facteurs. Premièrement, un pied
produit un nombre considérable de graines (jusqu’à 50 000 à 60 000) et leur durée de vie est très
longue (jusqu’à 40 ans) grâce à leur capacité à résister à l’enfouissement et au manque d’eau.
Seulement 4 % des graines germent lors des deux premières années contre 60 % lors de la sixième
année (Olivereau, 1996).
Néanmoins, cette plante est dite auto-incompatible. En effet un pollen ne peut pas germer sur le
stigmate d’une même fleur. Sa reproduction est donc dépendante principalement par les insectes
pollinisateurs comme notamment les abeilles qui jouent un rôle clé pour le maintien de cette espèce.
Cette plante messicole apporte donc également un fort intérêt pour les abeilles. En effet, elle fournit
un pollen de bonne qualité en quantité durant une période dite de disette entre la floraison du colza
(mai) et du tournesol (juillet).
2. Le dispositif d’observation Géo-Poppy Le dispositif d’observation Géo-Poppy est un serveur web SIG portable qui permet
l’enregistrement de données directement sur le terrain. Le dispositif est divisé en deux parties, une
partie matérielle qui comprend un nano-ordinateur « Raspberry » et une partie logicielle sur une
tablette tactile (figure 7 et 8). Le Raspberry est alimenté par une batterie externe qui permet une
autonomie en extérieur. De retour au bureau, les données contenues dans le Raspberry sont
déchargées et peuvent être utilisées sous QGIS.
Figure 7 : Fonctionnement du dispositif Géo-Poppy
Figure 8: Interface du dispositif Géo-Poppy
8
3. L’inventaire floristique L’objectif est de réaliser un inventaire exhaustif de la présence de bleuet et de coquelicot sur
l’intégralité de la zone atelier. Certaines années, l’intervalle de temps entre la floraison de ces
plantes messicoles et les moissons est plus ou moins court. Il est donc nécessaire de réaliser
l’inventaire en priorité sur les 10 zones accueillant les ruchers expérimentaux du projet ECOBEE
spécifiques à chaque année. Pour cela il est nécessaire d’emprunter tous les chemins et routes
possibles pour pouvoir obtenir des résultats représentatifs.
L’inventaire se réalise en binôme, l’un conduit et l’autre pose les points GPS correspondant aux
patches de coquelicots ou de bleuets observés. Pour chaque point posé, il est nécessaire d’intégrer
les informations suivantes :
- La nature de la plante observée
- La classe qui correspond à l’estimation du nombre de fleurs au sein du patch (1-10, 11-100,
101-1 000, 1 001-10 000 et 10 001-100 000)
- Le type d’habitat : plein champs, bordure de champs (5m) et bordure de route
Pour chaque classe, un nombre de fleur arbitraire correspondant à la moyenne géométrique de la
classe est utilisé afin de pouvoir estimer le nombre de fleurs par patch (tableau 1).
Classes Moyennes géométriques 1 (1-10) 3.162
2 (11-100) 33.166
3 (101-1 000) 317.805
4 (1 001-10 000) 3 163.858
5 (10 001-100 000) 31 624.358 Tableau 1: Moyenne géométrique en fonction de la classe
4. L’analyse des données A la suite des inventaires, nous obtenons une couche vectrice QGIS contenant l’ensemble des
points placés et leurs caractéristiques (espèce végétale, habitat et classe). Nous disposons également
d’une couche vectrice de la zone atelier complète. Lors des années 2014 et 2017, l’ensemble de la
zone n’a pas été inventorié. En effet, lors de l’inventaire 2014, le dispositif d’observation Géo-Poppy
n’avait pas encore été mis au point rendant l’inventaire plus long. Seulement les zones comprenant
des ruchers ont été inventoriées. Lors de l’inventaire 2017, des problèmes techniques et
météorologiques ont été rencontrés et une partie de l’Est de la Zone Atelier n’a pas pu être terminé.
Zone d’étude référence 2014
Zone Atelier « Plaine & Val de Sèvre »
Figure 9 : Zone d'étude référence 2014 (QGIS)
9
Il a donc été nécessaire de réaliser une couche tampon correspondant aux zones inventoriées en
2014 et d’ainsi obtenir une zone d’étude commune sur l’ensemble des années appelée « Zone
d’étude référence 2014 » (figure 9). Cette zone représente 70 % de la surface totale de la Zone
Atelier soit environ 31 000 hectares (zones urbaines comprises).
Pour l’année 2015, nous avons constaté une surestimation du nombre de fleurs et de patches,
par notamment la présence de points doublés. Il a donc été nécessaire de corriger cela pour obtenir
des résultats fiables.
Lors de l’inventaire 2018, nous avons rencontré un dysfonctionnement du dispositif Géo-Poppy.
En effet, la classe correspondant à l’estimation du nombre de fleurs au sein des patches était décalée
lors de l’ouverture sous QGIS. Il a donc été nécessaire de corriger ce décalage avant de pouvoir
commencer à exploiter les résultats.
Nous nous sommes d’abord intéressés à l’évolution de la distribution des populations de
bleuets et coquelicots au cours des cinq années d’étude. Pour cela nous avons comparé les années
inventoriées entre elles en prenant soin de sélectionner seulement les points présents dans la zone
d’étude convenue. Sur l’ensemble des cinq années, 17 009 points (bleuet et coquelicot) ont été
recensés (figure 10).
Nous avons ensuite comparé le nombre de fleurs et de patches inventorié de chaque année afin
d’obtenir une courbe de l’évolution des populations au cours du temps par le logiciel Excel.
Nous avons ensuite estimé l’importance de différents facteurs environnementaux sur la présence
de bleuets et de coquelicots : le type d’habitat, le type de sol et la couverture ligneuse.
Pour étudier l’influence du type d’habitat, nous nous somme principalement penchés sur les zones
de bordure de parcelle et de plein champs. En effet, lors des années 2014 et 2015 la catégorie « bord
de route » n’existait pas. Nous avons donc additionné pour les années suivantes, les catégories
« bord de route » et « bord de champs » afin de pouvoir comparer les cinq années entre elles. Pour
chaque point inventorié, le type d’habitat est précisé, il a donc été possible de définir le milieu le plus
propice au bon développement de ces deux messicoles.
Inventaires 2014-2015-2016-2017 et 2018
Figure 10 : Totalité des inventaires (QGIS)
10
Pour estimer l’influence du type de sol sur le développement des bleuets et coquelicots,
nous avons utilisé une couche vectorielle de la zone atelier où toutes les données pédologiques
étaient mentionnées. A l’aide de QGIS, une intersection des inventaires et de cette couche a permis
d’obtenir une table de données ouvrable dans Excel contenant 12 catégories de type de sol différents
(figure 11).
Nous avons choisi de les regrouper en fonction de leur profondeur : « Sol profond », « Sol
moyennement profond » et « Sol peu profond ». Nous obtenons alors les superficies et le nombre de
fleurs présentes pour chaque groupe défini. Il suffit par la suite de calculer la densité de fleurs par
hectare de type de sol et de les comparer.
Pour définir l’effet de la couverture ligneuse sur le développement de ces deux messicoles, nous
avons d’abord dû définir la longueur de haie et le nombre de points inventoriés présents dans
chaque km² de la zone d’étude. Pour cela, nous avons utilisé sous QGIS une grille contenant des
carrés de 1km (figure 12).
Après extraction de la table de données, nous avons pu estimer sous Excel si la couverture ligneuse
influence ou non la présence de bleuets et coquelicots.
Figure 12: Couverture ligneuse sur la zone d'étude (QGIS)
Carré de 1 km² avec ses haies et ses points
inventoriés
Figure 11: Pédologie de la zone d'étude (QGIS)
11
Nous avons ensuite estimé l’importance de différents facteurs agricoles sur la présence de bleuets et
de coquelicots : Le type de culture et le type de pratique.
Pour étudier l’effet du type de culture sur le développement de ces deux messicoles, nous avons
procédé de la même façon que pour l’étude du facteur environnemental « Type de sol ». Nous avons
utilisé la couche vectorielle de l’assolement pour chaque année et nous avons réalisé une
intersection avec chaque inventaire (figure 13). Nous nous sommes seulement intéressés aux
cultures céréalières (blés, avoine et orge), aux cultures de lin, de colza et de luzerne, qui sont les
cultures où nous avons observé le plus grand nombre de fleurs.
Nous obtenons ensuite une table de données ouvrable sous Excel nous permettant de calculer
les densités de fleurs par hectare de culture par année. Pour terminer, nous avons additionné chaque
densité pour obtenir un bilan global sur l’ensemble des 5 années.
Pour le type de pratique (biologique ou non), nous avons procédé de la même manière avec une
couche vectorielle contenant toutes les parcelles en agriculture biologique par année (figure 14).
Figure 14: Assolement des cultures biologiques et inventaire de l'année 2014 sur la zone d'étude (QGIS)
Figure 13: Assolement et inventaire de l'année 2014 sur la zone d'étude (QGIS)
12
RESULTATS ET INTERPRETATIONS
1. Distribution et évolution de ces deux messicoles sur la zone d’étude
référence 2014-2017
En premier temps, nous constatons que les valeurs correspondantes à l’année 2014 sont
nettement inférieures à celles des autres années (figure 15). Comme indiqué précédemment, la
réalisation de cet inventaire n’est pas identique à celles des années suivantes. Le matériel utilisé
n’était pas aussi perfectionné et les conditions climatiques semblaient défavorables à la bonne mise
en place du protocole d’inventaire. En effet, en période pluvieuse, la visibilité est amoindrie et les
fleurs ont tendance à se replier sur elles-mêmes. Pour les années suivantes, nous constatons une
tendance assez frappante avec une diminution annuelle du nombre de fleurs et de patches. De 2016
à 2018 par exemple, le nombre de fleurs diminue de quasiment la moitié. L’année 2016 a été propice
au bon développement des messicoles avec notamment de bonnes conditions météorologiques, ceci
explique donc le grand nombre de patches et de fleurs.
Avant de nous intéresser plus en détail aux deux espèces étudiées, il est important de constater
une plus grande majorité de coquelicot que de bleuet sur la zone d’étude référence 2014 (tableau 2).
En effet, le bleuet est une plante messicole stricte contrairement au coquelicot qui est une plante
rudérale avant tout qui est moins exigeant. Ainsi par exemple, en 2018, 56 patches de bleuets ont
été inventoriés contre 2 352 de coquelicots, ce qui représente 36 684 bleuets pour 893 224
coquelicots.
-
500 000
1 000 000
1 500 000
2 000 000
2 500 000
0
1 000
2 000
3 000
4 000
5 000
6 000
2014 2015 2016 2017 2018
No
mb
re d
e fl
eurs
No
mb
re d
e p
atch
es
Nombre de fleurs Nombre de patches
Figure 15 : Evolution temporelle du nombre de fleurs et de patches de bleuets et de coquelicots (Excel)
Tableau 2: Nombre de fleurs en fonction de l'espèce et des années (Excel)
13
-
20 000
40 000
60 000
80 000
100 000
120 000
140 000
160 000
180 000
200 000
0
20
40
60
80
100
120
140
160
180
200
2014 2015 2016 2017 2018
No
mb
re d
e fl
eurs
No
mb
re d
e p
atch
es
Nombre de bleuets Nombre de patches
En 2015, nous observons un nombre de fleurs élevé pour un nombre de patches plus faibles, ce
qui signifierait que les patches seraient moins nombreux et de classe élevée (figure 16). A l’inverse, le
nombre de fleurs pour l’année 2016 est particulièrement faible pour un grand nombre de patches.
Cela signifierait donc que lors de cette année, les patches seraient nombreux mais de classe faible.
Pour les années suivantes (2017 et 2018), nous constatons une diminution globale des patches et du
nombre de fleurs.
Pour le cas du coquelicot, l’évolution est similaire à celle réalisée sur l’ensemble de l’inventaire
(bleuet et coquelicot). En effet, le coquelicot, moins sélectif reste présent en grande majorité sur la
zone d’étude (figure 17).
-
200 000
400 000
600 000
800 000
1 000 000
1 200 000
1 400 000
1 600 000
1 800 000
2 000 000
0
1 000
2 000
3 000
4 000
5 000
6 000
2014 2015 2016 2017 2018
No
mb
re d
e fl
eurs
No
mb
re d
e p
atch
es
Nombre de coquelicots Nombre de patches
Figure 16: Evolution temporelle du nombre de fleurs et de patches de bleuets (Excel)
Figure 17: Evolution temporelle du nombre de fleurs et de patches de coquelicots (Excel)
14
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
2014 2015 2016 2017 2018
No
mb
re d
e fl
eurs
Bordures Plein champs
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
2014 2015 2016 2017 2018
No
mb
re d
e fl
eurs
Bordures Plein champs
Figure 18: Evolution temporelle du nombre de fleurs de bleuets en fonction de sa localisation (Excel)
Figure 19: Evolution temporelle du nombre de fleurs de coquelicots en fonction de sa localisation (Excel)
2. Influence de différents facteurs sur la distribution spatiale de ces
deux messicoles sur la zone d’étude référence 2014
a. Facteurs environnementaux
Type d’habitat
Lorsqu’on s’intéresse au type d’habitat, on constate que le bleuet (figure 18) est
majoritairement présent sur les bordures hormis en 2015, où visiblement la quasi-totalité des fleurs
ont été observées en bordure de champs. Ainsi, comme l’affirmait (Romero, Chamorro et Sans,
2008), les bordures de champs moins traitées et plus préservées permettraient à certaines plantes
messicoles comme le bleuet de prospérer.
Pour le coquelicot (figure 19), on constate que sa localisation reste partagée entre les
bordures et les pleins champs. Une étude (Rousselet S, 2016) avait conclu que le coquelicot était
moins sensible aux herbicides sur un autre jeu de données de cette même étude. Cela expliquerait
donc sa présence équilibrée sur les deux types d’habitat.
15
Figure 21: Densité de fleurs de bleuets en fonction de la pédologie sur l'ensemble des années étudiée (Excel)
Type de sol
Pour l’étude de ce paramètre environnemental, nous comparerons les cinq années
d’inventaire entre elles.
L’étude de la densité de ces deux fleurs messicoles révèle une forte présence de ces
dernières sur les sols peu profonds (figure 20 et tableau 3). Ces sols sont plus secs et correspondent
parfaitement à la culture des céréales donc au développement de plantes messicoles et rudérales.
On remarque ensuite que les sols profonds plus hydromorphes ne sont pas propices à ces plantes
messicoles.
Les bleuets sont présents en grande quantité dans les sols peu profonds et profonds (figure
21). Cette plante non rudérale nécessiterait donc d’un sol sec peu profond pour son bon
développement mais affectionnerait également les sols profonds argileux. Aucune autre étude n’a
permis de consolider ces résultats.
Figure 20: Densité de fleurs de bleuets et de coquelicots en fonction de la pédologie sur l'ensemble des années étudiées (Excel)
Tableau 3: Nombre de fleurs et d'hectare par type de sol (Excel)
0
5
10
15
20
25
Peu profond Moyennement profond Profond, hydromorphe et terrerouge
Fleu
rs/h
a
0
50
100
150
200
250
300
350
Peu profond Moyennement profond Profond, hydromorphe etterre rouge
Fleu
rs/h
a
16
Pour le cas du coquelicot (figure 22), on constate que sa présence est décroissante en
fonction de la profondeur du sol, plus un sol est profond et moins les coquelicots sont présents.
Cette plante rudérale est plus polyvalente que le bleuet et peut se développer sur un panel
pédologique plus large.
Couverture ligneuse
Lorsqu’on étudie l’influence des haies sur ces deux messicoles (figure 23), on constate déjà en
premier temps une majorité de valeur située entre 0 - 50 000 fleurs/km² et 0 - 10 000 m de haie/km².
En dessous de ces valeurs on pourrait penser que les haies n’influencent pas la densité de fleurs/km².
Pour les valeurs supérieures à 10 000 m de haie/km², on remarque une tendance : plus les haies sont
nombreuses et denses et moins les fleurs sont présentes en quantité. Le coefficient de corrélation
est négatif, ce qui tendrait à croire que cet effet inverse est confirmé. Il serait ensuite intéressant
d’utiliser un test de corrélation (sous R Studio par exemple) afin de savoir si ce coefficient de
corrélation est significatif ou non.
0
50000
100000
150000
200000
250000
0 10 000 20 000 30 000 40 000 50 000 60 000
Fleu
rs/k
m²
Densité de linéaire de haie/km²
Coefficient de corrélation : -0,084678452
Figure 22: Densité de fleurs de coquelicots en fonction de la pédologie sur l'ensemble des années étudiées (Excel)
0
50
100
150
200
250
300
350
Peu profond Moyennement profond Profond, hydromorphe et terrerouge
Fleu
rs /
ha
Figure 23: Influence des haies sur ces deux messicoles (Excel)
17
0
2
4
6
8
10
12
14
16
Céréales Colza Lin Luzerne
Fleu
rs/h
a
b. Facteurs agricoles
Assolement
Pour l’étude de ce facteur agricole, l’année 2018 a été exclue car son assolement n’était pas terminé
à la date de rédaction de ce document.
Figure 24: Densité de bleuets et de coquelicots en fonction de la culture présente sur l’ensemble des années étudiées (Excel)
Lorsqu’on s’intéresse à l’ensemble bleuet/coquelicot (figure 24), nous constatons que les
cultures d’hiver favorisent le développement de ces plantes messicoles. Le lin est en tête suivi du
colza et de la luzerne. Les céréales (blé, avoine et orge) présentent néanmoins la densité en fleurs
par hectare la plus faible. Ces résultats pourraient être expliqués par un recouvrement cultural plus
important chez les céréales que le colza par exemple.
Figure 25: Densité de bleuets en fonction de la culture présente sur l'ensemble des années étudiées (Excel)
Sur ce graphique (figure 25), nous nous concentrons sur le cas du bleuet sur l’ensemble des
années hormis 2018. Nous constatons qu’il est largement plus présent dans les cultures de colza qui
est semé à l’automne. Comme indiqué précédemment, le bleuet est une plante messicole au sens
strict et son cycle de développement est favorisé par les cultures d’hiver, ce qui n’est pas le cas du lin
et de la luzerne.
0
20
40
60
80
100
120
140
160
180
Céréales Colza Lin Luzerne
Fleu
rs/h
a
18
Figure 26: Densité de fleurs de coquelicots en fonction de la culture présente sur l'ensemble des années étudiées (Excel)
Maintenant, nous nous intéressons à l’ensemble coquelicot (figure 26) qui est prédominant
sur la zone d’étude. Nous constatons la plus forte densité de fleurs par hectare sur les parcelles de
lin, de colza et de luzerne. Les céréales présentent toujours une densité en fleurs par hectare plus
faible.
La différence de densité constatée entre ces quatre cultures différentes correspondrait aux nombres,
aux doses et à la sélectivité des désherbants appliqués. Contrairement au bleuet, le coquelicot est
une plante rudérale et sa capacité d’adaptation est plus élevée, ce qui lui permet de s’implanter plus
facilement sur différentes cultures. Ceci explique notamment sa forte présence dans les cultures de
lin qui est une culture d’hiver. Sa forte présence dans les parcelles de luzerne (destinée à la fauche)
est expliquée par son faible indice de fréquence de traitement (IFT).
Une étude (Gandar J, 2016) révèle des résultats similaires notamment pour la culture de lin
qui semblerait être la plus favorable au développement du coquelicot. Pour le bleuet, les résultats
sont encore partagés. En effet, l’étude (Gandar J, 2016) avance le lin comme culture optimale au bon
développement du bleuet suivi de près par le colza qui ressort en première position dans mon étude.
Le colza et le lin sembleraient donc être les cultures les plus favorables à ces deux plantes messicoles.
En effet, si on s’intéresse plus en détail à leurs itinéraires techniques, on constate que peu
d’herbicides sont utilisés chez le lin par exemple, ce qui engendre à long terme l’apparition de
résistances (Terre Inovia).
0
20
40
60
80
100
120
140
160
180
Céréales Colza Lin Luzerne
Fleu
rs/h
a
19
Tableau 4: Nombre de fleurs en fonction du type de pratique et des années (Excel)
Pratique biologique
Pour étudier ce facteur agricole, les cinq années d’inventaire de la zone d’étude ont été
comparées.
On constate en premier temps (tableau 4) que les superficies en agriculture biologique sont
nettement moins importantes que celles en agriculture conventionnelle. De plus, la superficie des
parcelles en agriculture biologique augmente entre les années 2014 et 2016 avant de stagner à 2 405
hectares sur la zone d’étude référence 2014.
Lorsqu’on s’intéresse à l’ensemble bleuet/coquelicot (figure 27), on constate que l’agriculture
biologique semblerait jouer un rôle positif au développement de ces deux plantes messicoles.
Comme indiqué précédemment, la différence flagrante entre les années 2015-2016 et 2017-2018 est
dû à un déclin global de ces populations messicoles. L’inventaire 2015 a été surestimé et l’année
2016 a été propice aux messicoles, ceci explique donc ces résultats élevés notamment en agriculture
biologique.
0
50
100
150
200
250
300
350
400
2014 2015 2016 2017 2018
Fleu
rs/h
a
Agriculture biologique Agriculture conventionnelle
Figure 27: Evolution de la densité de fleurs de coquelicots et bleuets par hectare en fonction du type de pratique (Excel)
20
0,020,15
0,3
0,00250,15
1,7
3,9
0,4
1,43
0,8
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
3,5
4
4,5
2014 2015 2016 2017 2018
No
mb
re d
e b
leu
et /
ha
Agriculture biologique Agriculture conventionnelle
Figure 28: Evolution de la densité de fleurs de bleuets par hectare en fonction du type de pratique (Excel)
Si on s’intéresse maintenant plus particulièrement aux bleuets (figure 28), on constate que
c’est l’effet inverse, sa présence serait plus accrue en agriculture conventionnelle. Ces résultats
semblent étonnants car nous aurions pensé que cette plante plus sensible aux herbicides que le
coquelicot serait plus présente en agriculture biologique. On pourrait expliquer cela par la nature des
cultures dans lesquelles nous avons observé du bleuet. En effet, peu de cultures d’hiver sont en
agriculture biologique alors que le développement du bleuet est inféodé à ces dernières. On constate
également que la comparaison du nombre de fleurs est parfois dérisoire (par exemple en 2017, 6
fleurs en agriculture biologique contre 63 052 en conventionnel) (tableau 5).
Tableau 5: Nombre de bleuets en fonction du type de culture (Excel)
21
Pour le cas du coquelicot (figure 29), qui est le plus prédominant, les résultats sont
semblables à l’étude de l’évolution globale. L’agriculture biologique semblerait favoriser son
développement pour chacune des années étudiées. Le coquelicot semble s’adapter plus facilement
aux pratiques biologiques qui ont tendance à plus perturber le bleuet. Nous pensons notamment par
exemple au désherbage mécanique.
Ces résultats correspondent à ceux obtenus par une étude (Gandar J, 2016), ce qui donne une
meilleure crédibilité aux résultats obtenus ci-dessus.
0
50
100
150
200
250
300
350
400
2014 2015 2016 2017 2018
Co
qu
elic
ot/
ha
Agriculture biologique Agriculture conventionnelle
Figure 29: Evolution de la densité de coquelicots par hectare en fonction du type de pratique (Excel)
22
CONCLUSION
Les deux plantes messicoles étudiées sont globalement en décroissance. Le nombre de fleurs
et de patches diminuent au cours des années hormis quelques exceptions en 2015. On constate que
les populations de bleuet sont moins conséquentes que celles de coquelicots qui représentent 95%
de la totalité des fleurs inventoriées sur les cinq années d’étude. La distribution spatiale des bleuets
est également irrégulière par rapport à celle des coquelicots qui sont bien répartie sur l’ensemble de
la zone d’étude. Seules les zones de marais et fortement boisées sont faiblement peuplées par ces
deux plantes messicoles. On observe les plus fortes concentrations de bleuets dans les zones
fortement peuplées en coquelicot. Ceci semble confirmer l’idée que le bleuet est plus sensible que le
coquelicot aux pratiques agricoles et à la culture présente. On constate que le bleuet a tendance à
plus se développer sur les cultures d’hiver qui sont majoritairement en agriculture conventionnelle.
Ceci est paradoxal, car le bleuet serait donc présent sur des zones à forts IFT. On constate ensuite
que plus de 70% des bleuets observés sont présents en bordure de champs où l’agriculture y est plus
extensive et la concurrence moins présente. Pour le coquelicot, on constate que son développement
est moins exigeant. On le retrouve majoritairement en culture de printemps, qui représente la
majorité des parcelles biologiques. Contrairement au bleuet, le coquelicot se développe autant en
bordure qu’en plein champs ce qui justifie sa grande polyvalence.
Plusieurs limites de l’étude sont à prendre en compte. En effet, par exemple en 2014, le matériel
utilisé n’était pas le même que celui utilisé les années suivantes. Malgré la présence de données, on
constate que ces dernières sont nettement inférieures aux autres. Nous nous posons alors la
question si cela est dû au matériel ou à une année particulière défavorable aux plantes messicoles.
En 2015, nous constatons des valeurs nettement supérieures expliquées par une surestimation
globale des effectifs. Il est également important de réfléchir sur les périodes d’inventaires. En effet
lors de l’année 2014, l’inventaire n’a pas pu se faire sur la zone d’étude complète. Il doit se réaliser
avant le début des moissons d’orge et les périodes de fauchage des bords de route afin de pouvoir
obtenir des valeurs représentatives. En fonction de la précocité des cultures, les inventaires n’ont pas
pu se réaliser sur le même intervalle temps. La météo rentre aussi en compte et limite les
observations. Enfin, un effet potentiel important de l’opérateur qui a changé chaque année serait à
prendre en compte, nous n’avons pas tous la même vue, ni les mêmes facilités à estimer un nombre
de fleurs. Cette question importante appelle à réfléchir à la standardisation des relevés d’observation
pour d’éventuelles études futures similaires.
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PERSPECTIVES
Suite aux précédentes études et aux résultats obtenus dans celle-ci, il apparait important de
mettre en place des mesures de protections sur les zones colonisées par ces deux plantes messicoles.
En effet, leur importance pour l’alimentation des insectes pollinisateurs est essentielle alors que leur
population est en décroissance depuis plusieurs années. Ces mesures citées en dessous doivent
avant tout prendre en considération l’aspect agricole et ne pas nuire aux agriculteurs qui considèrent
encore bien souvent ces plantes comme inutiles.
Une protection réglementaire a déjà été mise en place et le bleuet est considéré comme plante
messicole à « surveiller », le coquelicot n’est pas considéré comme espèces vulnérables. D’autres
moyens comme le programme DEPHY-Abeilles par exemple, sont mis en place permettant d’appuyer
techniquement les agriculteurs qui veulent maintenir la diversité floristique de leur parcelle en
limitant au maximum les impacts sur les rendements par exemple. Des Mesures Agro-
Environnementales (MAE) sont aussi mises en place afin de gérer au mieux ces problématiques. Elles
sont basées sur un contrat de cinq ans entre un exploitant agricole et une structure publique (Parc
National, CNRS …) pour pallier aux pertes économiques impliquées par des changements de
pratiques. Plusieurs MAE en faveur des plantes messicoles existent (Phyto002, BIOMAINT...) et
pourrait inciter à les protéger par le biais d’une aide financière.
Depuis plusieurs années, nous remarquons un fauchage des bords de route de plus en plus intensif.
Cette fauche excessive ne serait pas forcément nécessaire et sa diminution permettrait de favoriser
les plantes messicoles (et la biodiversité en général) qui sont majoritairement présentes en bord de
route et de champs. Il serait donc intéressant de mettre en place des bandes enherbées pouvant
accueillir par exemple du bleuet, qui au-delà de son intérêt pharmaceutique et cosmétique, attire les
syrphes, les coccinelles et chysopes qui sont d’excellents prédateurs du puceron par exemple.
Nous avons constaté que la couverture ligneuse n’était pas favorable aux messicoles à partir d’une
certaine densité au km². Cependant, ces ligneux formant souvent des haies sont fortement utiles. En
effet, ils jouent en premier temps un effet brise-vent en ralentissant de 50 à 75 % la vitesse du vent
sur une distance de 5 à 7 fois la hauteur de haie. Ceci permet d’éviter les pertes notamment en
arboriculture et de créer un micro-climat constant sur la parcelle. Les haies jouent également un rôle
dans la protection des sols en limitant leurs érosions en cas de fortes pluies. Lors de leur entretien,
les rémanents peuvent être utilisés comme fertilisants organiques. La présence de prédateurs est
également favorisée par des haies qui jouent un rôle de perchoir ou d’abris, et permettent ainsi de
contrôler les ravageurs de cultures. Les pollinisateurs en profiteront également lors des périodes de
floraison (Dossier d’information, L’arbre au service de l’agriculture, 2012). De part tous ces
avantages, il parait difficile d’ouvrir le milieu afin de favoriser la présence de messicoles telles que le
bleuet et le coquelicot.
Le dernier point à aborder est le point de vue des agriculteurs. En effet, un bon nombre d’entre eux
considèrent les plantes messicoles comme inutiles et ne peuvent pas concevoir leur présence sur
leurs parcelles. Le bleuet et le coquelicot en particulier concurrencent peu les cultures et leurs
graines extrêmement petites sont faciles à trier. Pour améliorer cela, une sensibilisation à l’utilité de
ces plantes est essentielle, en organisant par exemple des rencontres ou des journées dédiées à ce
sujet.
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BILAN PERSONNEL
Ce stage a été pour moi très enrichissant, que ce soit lors de ma mission principale ou toutes
les missions annexes que j’ai eu l’occasion de réaliser. Tout d’abord, je me sens concerné par l’abeille
et ses problématiques actuelles, ce qui m’a permis d’être motivé tout au long de cette étude. J’ai
également fait beaucoup de terrain, ce qui me correspond le mieux et m’a permis d’acquérir des
connaissances concrètes. J’ai pu également approfondir mes connaissances agricoles, botaniques et
apicoles qui sont pour moi essentielles pour mon futur professionnel. Je n’oublie également pas
l’équipe avec qui j’ai eu la chance de travailler, grâce à leurs compétences et leur joie de vivre, j’ai pu
accomplir chacune de mes missions avec motivation et engouement. Je retiens que du positif de ce
stage qui m’a permis de savoir concrètement ce qu’était le domaine de la recherche. Cela m’a plu et
m’a conforté dans l’idée que je voulais continuer mon parcours professionnel dans le domaine
agricole et environnemental. De plus, j’ai pu mettre en application des connaissances acquises
durant ma licence professionnelle GENA comme notamment la manipulation du logiciel QGIS qui a
été essentielle lors de ce stage.
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