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LA PERMANENCE DE L’iNstAbLEEXPOsitiON Du 23 MARs Au 24 JuiLLEt 11Cité de l’arChiteCture & du patrimoine, palais de Chaillot
1 plaCe du troCadéro, paris 16e, mo troCadéro
www.CiteChaillot.fr
ROBERTO BURLE MARX
DOssiER DE PREssE
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LA PERMANENCE DE L’iNstAbLEEXPOsitiON Du 23 MARs Au 24 JuiLLEt 11Cité de l’arChiteCture & du patrimoine, palais de Chaillot
1 plaCe du troCadéro, paris 16e, mo troCadéro
www.CiteChaillot.fr
ROBERTO BURLE MARX
DOssiER DE PREssE
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AVANt PROPOsFrançois de Mazières, président de la Cité de l’architecture & du patrimoine
En lançant un cycle de programmation « Ville et nature », la Cité de l’architecture & du patrimoine continue l’exploration des grandes interrogations autour de la ville contemporaine.
Il y a deux ans, la présentation à la Cité des travaux des dix équipes d’architectes sélectionnés dans le cadre de la consultation sur le Grand Paris, posait les problématiques de la ville contemporaine confrontée à la question du développement durable.
Comment répondre à la croissance démographique tout en évitant l’étalement urbain ? Comment mieux assurer les transports des personnes et des marchandises ? Comment éviter une ségrégation sociale entre quartiers ? Comment valoriser dans nos métropoles modernes les identités culturelles qui font l’agrément des villes ? Comment maintenir une croissance soutenue en préservant notre environnement ? Tels sont apparus les grands défis de ce début du XXIe siècle.
Toutes ces questions fondamentales touchent d’une façon ou d’une autre à la question du vivant dans la ville, du maintien d’une présence forte de la nature dans un milieu reconstruit par l’homme.
Car, ne nous y trompons pas : c’est le modèle de la ville de l’époque triomphante des Trente Glorieuses qui se trouve remis en cause. Le zoning urbain avec ces espaces dédiés à l’habitat, d’autres à l’activité économique, le tout soumis au diktat de la circulation de la voiture est bel et bien révolu.
Dans cette nouvelle approche, le rôle du paysagiste revient au premier plan.
Certes, notre dessein à la Cité de l’architecture & du patrimoine n’est certes pas de rentrer dans un débat corporatiste. Nous constatons d’ailleurs que les passerelles sont heureusement nombreuses entre paysagistes, architectes et urbanistes, et que ces compétences se rejoignent avec bonheur dans des équipes de projet, voire dans une même personne, quand il s’agit d’un architecte paysagiste.
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Ce que nous voulons en revanche affirmer, c’est l’existence d’une nouvelle approche de l’urbanisme : un courant qui remet au cœur de la réflexion sur la ville contemporaine l’articulation entre le construit et le milieu naturel et vivant.
Pour témoigner de cette évolution, j’ai souhaité que les trois départements de la Cité de l’architecture & du patrimoine - l’Institut français d’architecture, le musée des Monuments français et l’École de Chaillot - travaillent de concert sur la nature et la ville.
Pendant près d’un semestre, la Cité organise débats, cours publics, séances de cinéma et expositions autour de cette thématique ainsi que deux expositions.
La première, Roberto Burle Marx, la permanence de l’instable, dont le commissariat est assuré par Lauro Cavalcanti et la scénographie parisienne par l’architecte Pierre Audat, nous vient directement du Brésil. Elle nous permet de découvrir l’univers de ce paysagiste majeur du XXe siècle dont la riche création sert encore de référence.
La seconde, La Ville fertile. Vers une nature urbaine, est une production de la Cité de l’architecture & du patrimoine qui mettra en valeur cette nouvelle approche de l’urbanisme à travers la présentation de projets emblématiques d’aménagement urbain en France et à l’étranger.
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buRLE MARX L’EsthètE, ENtRE EsPèCEs Et EsPACEs Francis Rambert, directeur de l’Institut français d’architecture
« Burlesque-marxiste » comme il se plaisait à qualifier lui-même son empreinte ? C’est peut-être cela son style. Inimitable. En disant « paysagiste », on pourrait croire avoir cerné le profil. Il n’en est rien, tant Roberto Burle Marx échappe à l’étiquette, si noble soit-elle. Peintre, plasticien, poète, jardinier, cuisinier, créateur de tapisseries et de bijoux, cet auteur brésilien – oui, auteur, comme on dirait architecture d’auteur ou cinéma d’auteur – restera l’une des grandes figures du paysage moderne du XXe siècle. Formé à la peinture, c’est par la nature qu’il s’exprimera le plus. Avec la topographie comme support, avec la modernité comme thème de la composition, sans pour autant se couper des racines de la tradition. Le jardin “comme l’adéquation du milieu écologique aux exigences naturelles de la civilisation”, telle est sa philosophie. L’œuvre dédiée au végétal est hautement picturale. Tout est dessiné, peint, construit. Nous entrons alors pleinement dans le registre du sensoriel. Dans cette symbiose entre esthétique et botanique, Burle Marx maîtrise espèces comme espaces. Amoureux du dialogue entre les plantes, il développe ses expérimentions moins in situ que dans son « sitio » de Santo Antônio da Bica, à l’ouest de Rio. Un lieu « autobiographique », tant il est habité par l’âme de Burle Marx et le souvenir de ses fêtes. Existe-t-il un laboratoire plus poétique ?
S’il pratique le jardin comme l’un des beaux-arts, ses œuvres ont quelque chose de plus généreux encore : le génie de créer de véritables « lieux », en toute situation : dans la ville, dans l’architecture, dans le paysage. Car Burle Marx aura maîtrisé toutes les échelles, insufflant un véritable esprit contemporain aux territoires qu’il investit. Infiltrer la nature dans le construit, c’est le jeu auquel il s’est adonné, de Rio à Kuala Lumpur en passant par Brasilia, Caracas ou Paris, avec les patios de l’Unesco. À l’instar d’Isamu Noguchi, il aura laissé sa marque sur ce haut lieu de la modernité dans la Ville lumière. Il aura aussi rêvé d’investir la terrasse du Centre Pompidou… et aura présidé le jury du concours international pour le Parc de la Villette. Une consultation qui a donné naissance à un grand parc conceptuel pensé par Bernard Tschumi, aux antipodes de sa vision des choses.
En intervenant sur la cité carioca, il a imprimé une signature esthétique à cette ville si marquée par la géographie. Tout au long de Copacabana, le sol « en mouvement » entre alors en écho avec l’océan. Avant de poser cette empreinte graphique dans laquelle viennent s’imbriquer des plantations, il aura composé l’aménagement de l’Aterro do Flamengo, emprise gagnée sur la mer, une démarche séquentielle qui l’amène à venir au contact du musée d’Art moderne signé Reidy. N’oublions pas que sa première intervention « urbaine », sur l’espace public comme dans le jardin suspendu, est intimement liée à un bâtiment mythique dans l’histoire de l’architecture moderne au Brésil : le ministère de l’Éducation, fruit de la collaboration entre Le Corbusier et Lúcio Costa notamment.
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« Un jardin est le résultat d’un arrangement de matériaux naturels selon des lois esthétiques, entremêlées au regard que porte l’artiste sur la vie », dit Burle Marx. La vie, il s’attachera à la faire surgir ex nihilo en participant, lui aussi, à l’aventure de Brasilia. On peut le suivre à la trace sur le plan-pilote de Lúcio Costa. Sur l’Eixo monumental, axe central qui porte bien son nom, ainsi que sur des bâtiments publics au premier rang desquels figure le palais d’Itamaraty, en symbiose avec l’eau. Mais il faut apprécier son intervention au cœur des “super-quadras”, ces ensembles de logements taillés au cordeau, où la fluidité des espaces publics n’est pas laissée à l’approximation. Tout y est conçu pour mettre en relation, c’est l’art de la transition par excellence. Et lorsqu’il en vient à composer « dans » le paysage existant, il signe des chefs-d’œuvre, tels le jardin de la résidence d’Odette Monteiro à Correias ou celui d’Edmundo Cavanellas près de Petrópolis, magnifique mise en scène d’une maison d’Oscar Niemeyer. Un écrin pour l’architecture dans les deux cas.
Burle Marx partage avec Niemeyer cette inclination pour « la ligne courbe et sensuelle », selon l’expression de l’architecte, dénonçant par là-même la dictature de la ligne droite. Et, face à celui qui revendique la « liberté plastique du béton », l’artiste du paysage a toujours prôné la liberté d’expression pour trouver l’alchimie entre culture et nature. Autant d’opportunités pour travailler sur le vivant, sur l’instable. C’est le fil conducteur de cette grande rétrospective.
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RObERtO buRLE MARXLA PERMANENCE DE L’iNstAbLELauro Cavalcanti, commissaire
C’est avec joie que nous réalisons à Paris l’exposition Roberto Burle Marx, la permanence de l’instable, montrée auparavant à Rio de Janeiro, São Paulo et Berlin. Le lien particulier qui existe entre la France et le Brésil dans le domaine du paysagisme remonte au XIXe siècle : Auguste Glaziou (1833-1906) vécut près de 40 ans à Rio de Janeiro, de 1858 à 1897. Botaniste et paysagiste breton, il fut le premier à recueillir quelques plantes brésiliennes pour les utiliser dans des jardins publics, anticipant ainsi le travail que Burle Marx allait développer de façon monumentale et systématique au cours du XXe siècle.
Roberto Burle Marx (1909-1994) fut l’un des principaux inventeurs d’un langage propre au paysagisme moderne. Il concilia on ne peut mieux les domaines de la peinture, de l’architecture et du paysagisme. L’architecture moderne, se voulant une œuvre d’art totale, proposait une intégration entre la structure du bâti et l’apparence visuelle, entre l’organisation des espaces intérieurs, extérieurs et le tracé urbain. Dans ce processus, le jardin venait se fondre, ou au moins se rapprocher du bâtiment ; de la même façon, les arts plastiques n’étaient plus une simple application décorative en façade, mais devenaient une présence sculpturale concrète ou servaient de logique inspiratrice à l’organisation des jardins.
Le maître brésilien fut un artiste polyédrique : dessinateur, graveur, sculpteur, céramiste, scénographe, musicien, joaillier et surtout paysagiste et peintre. Cette dernière spécialité lui permit d’appliquer de manière structurelle et profonde les principes de la peinture au paysage. L’étude de la botanique fut pour lui l’occasion de découvrir de nouvelles espèces, considérées non seulement selon leurs charmes singuliers, mais aussi comme intégrées dans des systèmes écologiques, rendant ainsi possible un choix approprié d’ensembles sains et harmonieux. Roberto Burle Marx fut l’un des premiers à élever une voix audible pour s’opposer à la destruction de la nature en rappelant que l’équilibre et la survie de l’espèce humaine dépendent d’elle. Aspect essentiel de son travail, la compréhension de l’espace architectural lui permit d’établir un rapport de formes, d’espaces et de volumes avec les constructions. Un rapport qui plaçait le jardin en résonance, en harmonie, en contraste, ou encore au premier plan si l’œuvre n’était pas des meilleures.
L’importation de styles européens se révélait particulièrement inappropriée en matière de paysagisme dans la mesure où les plantes importées ne s’adaptaient pas au climat brésilien. Un double mouvement fut alors nécessaire : rompre avec les modèles rigides en grande partie issus de l’École des beaux-arts, et diminuer, voire supprimer, les espèces exogènes. Comme beaucoup de paysagistes de diverses nationalités au XXe siècle, Burle Marx redonna leurs lettres de noblesse aux plantes natives de son pays. Il sut le faire sans nationalisme à outrance. Il évita l’écueil du chauvinisme grâce à sa sophistication intellectuelle, grâce à son attachement pour l’universalisme favorisé par l’abstraction, et grâce aux perspectives de son œuvre, élargies par les expéditions de recherche botanique qu’il menait dans les régions tropicales et subtropicales du monde entier.
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L’étude approfondie des plantes permit à Burle Marx de les utiliser en prévoyant leur volume, leur couleur et leur texture tout au long de leur durée de vie ; lorsqu’il s’agissait d’exemplaires plus fragiles et périssables, il était capable de stipuler le moment exact de repiquage. Il avait coutume de dire qu’il lui suffisait de commencer le travail, car « le temps complète l’idée ».
L’une de ses contributions fut la création de zones de couleur unie, là où des mélanges peuplaient les parterres et les jardins : « Il nous faut avoir le courage de renoncer à des éléments qui semblent beaux mais qui n’apportent pas le résultat escompté lorsqu’ils sont associés à d’autres ».
Pour ce paysagiste brésilien, le jardin n’est ni le reflet ni la copie de la nature, puisqu’elle agit de façon distincte et indépendante des conceptions de l’homme. L’organisation planifiée des éléments naturels devait cependant toujours composer avec le paysage de façon à établir des résonances, des contrastes, des lieux de refuge et des microclimats au sein d’une ville ou d’un milieu inhospitalier. Grand innovateur, il contestait néanmoins les jugements portés sur son travail qui en soulignaient surtout l’originalité : « Mon œuvre reflète la modernité, la période à laquelle elle est créée, mais elle ne perd jamais de vue les raisons même de la tradition historique. »
Les jardins de Burle Marx appartiennent à l’univers de la phénoménologie et sont régis par un ensemble d’éléments et de phénomènes qui se définissent en accord avec les lois qui les ordonnent ainsi qu’avec les réalités qu’ils manifestent. Ce sont des espaces qui changent en fonction du déplacement, rapide ou lent, et du temps de séjour de ceux qui les fréquentent. La fluidité s’empare du statique et du modulaire lorsque le temps, la lumière, l’ombre, le vent, la pluie, le bruit et les petits animaux sont intégrés dans un tout indivisible.
À la différence de certaines contributions remarquables mais datées, les magnifiques espaces créés par Burle Marx restent toujours actuels. Nous invitons le visiteur à connaître son œuvre et à plonger dans l’admirable paradoxe qui fait de ses jardins composés d’éléments fluctuants, des chefs-d’œuvre permanents qui, selon ses propres mots, « sans luxe ni gâchis, servent la nécessité absolue de la vie humaine. »
Lauro Cavalcanti, architecte, anthropologue et écrivain, est l’auteur de divers ouvrages sur l’architecture, l’esthétique et la société, parmi lesquels Quando o Brasil era moderno (2001) et Moderno e brasileiro (2006). Il a organisé de nombreuses expositions, notamment à Rio de Janeiro, au Paço Imperial, dont il est directeur. À Paris, en 2005, dans le cadre de l’Année du Brésil en France, il a été le commissaire de l’exposition Encore moderne, architecture brésilienne 1928-2005 à la Cité de l’architecture & du patrimoine, sur le site du palais de la Porte Dorée. Il a reçu de l’Association brésilienne de critiques d’art le prix du meilleur commissariat d’art de l’année 2009 pour l’exposition Burle Marx, la permanence de l’instable au musée d’Art moderne de São Paulo.
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RObERtO buRLE MARX1909-1994
Roberto Burle Marx (São Paulo, le 4 août 1909 - Rio de Janeiro, le 4 juin 1994) est connu internationalement pour son travail de paysagiste, aux côtés de grands noms de l’architecture et de l’urbanisme, comme Oscar Niemeyer, Lucio Costa et Bernard Zehrfuss. Des patios internes du siège de l’Unesco, à Paris, aux mosaïques sur la promenade de Copacabana, une des principales cartes postales de Rio, il aura imprimé sa marque et changé le paysagisme moderne. Cependant, les talents de ce Brésilien dépassent son incontestable connaissance de la nature. Artiste prolifique et multiple, Burle Marx n’est pas “seulement” paysagiste, peintre, sculpteur et chercheur, il est aussi musicien, céramiste, créateur de tapisseries, de bijoux, de pièces de verre ou encore de décors et de costumes pour le théâtre et l’opéra...
Roberto est le quatrième fils de Cecília Burle (d’origine franco-brésilienne) et de Wilhelm Marx, juif allemand de Stuttgart. Il hérite de sa mère le goût pour la musique et l’amour des plantes. Dans ses jardins, elle lui fait connaître et comprendre cet univers pour pouvoir le cultiver. Avec sa nourrice, Ana Piascek, il apprend à préparer les chantiers et à observer la germination des semences.
Son père, homme cultivé et très impliqué dans l’éducation de ses enfants, leur enseigne l’allemand et éveille leur intérêt pour la littérature européenne. Quand les affaires commencent à péricliter, M. Marx, propriétaire d’une tannerie à São Paulo, décide d’emménager à Rio, où Roberto passera l’essentiel de sa vie. Ce changement d’air sera bénéfique à la société d’import-export de Wilhelm Marx et, en 1918, lui et sa famille s’installeront dans une grande maison du quartier du Leme. Le jeune Roberto, alors âgé de 8 ans, y commencera sa propre collection de plantes. C’est à cette même époque qu’il rencontre son voisin et futur partenaire professionnel, Lucio Costa.
En 1928, Burle Marx et sa famille partent en Allemagne pour que Roberto puisse suivre un traitement ophtalmologique. C’est en Europe qu’il (re)découvre la végétation brésilienne dans les serres du Jardin Botanique de Dahlem. Pendant ces deux années passées à Berlin, il connaîtra de près l’avant-garde moderniste, ce qui l’amènera à étudier la peinture dans l’atelier d’Elise Degner Klemn.
De retour à Rio, Lucio Costa l’encourage à s’inscrire à l’École des beaux-arts, où il côtoie ceux qui deviendront les grands noms de l’architecture brésilienne moderne : Oscar Niemeyer, Hélio Uchôa et Milton Roberto, entre autres. Encore poussé par Costa, en 1932, Roberto projette son premier jardin privé pour la résidence d’Alfredo Schwartz.
Son premier projet public arrive deux ans plus tard : la place de Casa Forte, à Recife. La même année, il est nommé directeur des parcs et jardins du Département d’architecture et urbanisme de Pernambouc. À ce poste, Roberto utilise intensivement les plantes natives, chose peu commune : les jardins brésiliens essayaient alors encore de copier les modèles européens. En 1937, le maire de Recife le renvoie, trouvant ses jardins aquatiques aux cannes rouges trop subversifs.
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En 1938, Roberto est invité à réaliser les terrasses-jardins du ministère de l’Éducation et de la Santé (aujourd’hui l’édifice Gustavo Capanema, architectes : L. Costa et O. Niemeyer). Ce projet est considéré comme une rupture dans le paysagisme brésilien. Avec l’usage de la végétation native et ses dessins sinueux, ces jardins présentent une configuration inédite. À partir de ce projet, Burle Marx développe un langage organique et évolutif, en dialoguant avec différentes écoles artistiques, comme le concrétisme, le constructivisme et l’art abstrait.
Dès 1949, il acquiert une vieille maison et le terrain alentour - le “Sítio” à Santo Antônio da Bica (Guaratiba, Rio de Janeiro) - pour en faire une sorte de laboratoire botanique, y développer ses propres pépinières, et y expérimenter les spécimens découverts lors de ses “collectes” de plantes (de l’intérieur du Brésil d’abord, puis de ses voyages à travers le monde). Les botanistes ont ainsi donné son nom à une vingtaine de plantes.
Aux antipodes de la rigueur de sa démarche lorsqu’il crée pour des clients, le Sítio est un jardin en perpétuel mouvement, évoluant au fil de ses explorations et expérimentations botaniques, comme les bâtiments eux-mêmes qu’il ne cessait d’aménager pour les plier à la fantaisie de ses usages et à ses multiples collections : pièces en terre cuite d’art populaire, sculptures en bois polychromes, images sacrées, poteries précolombiennes, pierres semi-précieuses, objets de verre, coquillages du monde entier... Sa maison, son jardin et ses collections ont été déclarés “sites du patrimoine national” brésilien.
Les fêtes qu’il donnait au Sítio sont réputées pour l’imagination qu’il y déploie : chanteur, imitateur, conteur, comédien, il excelle dans tout ce qui touche au décor de la table (nappes peintes, compositions florales...) mais aussi dans la cuisine proprement dite, ce dont témoigne le livre À mesa com Burle Marx (À table avec Burle Marx), publié en 2008.
Sa démarche est synonyme d’ouverture, d’élargissement, de générosité des espaces publics. Dès le début des années 1960, il dessine le parc du Flamengo à Rio de Janeiro, sur le vaste remblai gagné sur la baie. À cette même époque, il participe de l’ambitieux projet de création de Brasilia, la nouvelle capitale nationale. Dix ans plus tard, dans le contexte d’une urbanisation accélérée dévorant les abords de Copacabana, il recrée une transition entre la mer et la ville avec la célèbre promenade en vagues noires et blanches ourlant la plage, et les trottoirs-promenades qui prennent le pas sur la circulation automobile.
Les parcs et les espaces publics qu’il aménagera à travers le monde tout au long de sa vie témoignent de cette haute exigence éthique et esthétique : à Caracas (parc de l’Est, parc de l’Ouest, 1956-1964), à Miami (aménagement du Biscayne Boulevard, 1988), à Berlin (place Rosa Luxemburg, 1993), à Kuala Lumpur (parc au pied des tours Petronas, 1993).
Actuellement, l’Escritorio Burle Marx e Cia Ltda., fondé par le paysagiste dans les années 1940 et aujourd’hui dirigé par Haruyoshi Ono, associé de Burle Marx depuis 1968, poursuit son travail et perpétue son héritage.
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RObERtO buRLE MARX LA PERMANCE DE L’iNstAbLEœuVREs Et RéALisAtiONs PRésENtéEs
1 Génèse
Autoportrait, 1929
Berlin, 3 dessins : Premières idées de jardins, 1929 Sans titre, 1929Jardin, 1937
Pernambouc, 5 dessins de jardins :Cactário da Madalena, 1935Jardin da Casa Forte, 1935 Palácio das Princesas, 1936 Praça do Entroncamento, 1936
Maison Alfredo Schwartz, Rio de Janeiro, 1932
Phitecolobium, série de 4 dessins à l’encre
Cais, 1941
2 Projets publics, l’échelle monumentale
Parque do Flamengo, Rio de Janeiro, 1961
Avenida Atlântica, Rio de Janeiro, 1970
Grand Hôtel, église de Pampulha, Minas Gerais, 1942
Parc d’Ibirapuera, São Paulo, 1953
Parque del Este, Caracas, Venezuela, 1956-1964
Biscayne Boulevard, Miami, États-Unis, 1988
Parc au pied des tours Petronas, Kuala Lumpur, Malaisie, 1993
3 Les places publiques
Place Salgado Filho, aéroport Santos Dumont, Rio de Janeiro
Largo da Carioca, Rio de Janeiro, 1981 et 1985
Place Rosa Luxemburg, Berlin, 1993
4 Le rapport au bâtiment
Ministère de l’Éducation, Rio de Janeiro, 1938
Palais d’Itamaraty, Brasilia, 1965
Ministère de la Justice, Brasilia, 1970
Musée d’Art moderne, Rio de Janeiro, 1954
Aterro do Flamengo
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5 Estomper / Camoufler l’architecture
Six patios pour l’Unesco, Paris, 1963
Terrasse du 4e étage du Centre Georges Pompidou, Paris, 1988
Banque Safra, São Paulo, 1983
Immeuble du BNDES (Banco Nacional de Desenvolvimento Econômico e Social), Rio de Janeiro, 1974
Immeuble de la Petrobras, Rio de Janeiro, 1988
6 Résidences privées
Dialoguer avec la nature existante
Fazenda Marambaia (résidence Odette Monteiro), Rio de Janeiro, 1948
Résidence Kronsforth/Camargo, Teresópolis, RJ, 1955 et 1987
Fusionner avec la nature
Résidence Nininha Magalhães Lins (Fazenda Mangrove), Floresta da Tijuca, Rio de Janeiro, 1974
Une forte géométrisation
Résidence Cavanellas, RJ, 1954
Résidence Pignatari (actuel parc Roberto Burle Marx), São Paulo, 1956
Création d’un écosystème
Sítio, Santo Antônio da Bica, RJ, 1949-1994
Fazenda Vargem Grande, Areias, SP, 1979
Résidence Olivo Gomes, São José dos Campos, SP, 1950
À l’échelle des parcelles urbaines
Institut Moreira Sales, Rio de Janeiro, 1951, Rio de Janeiro, 1948
Résidence Gustavo Cisneros, Caracas, Venezuela, 1948
Résidence Burton Tremaine, Santa Barbara, USA, 1948
Espaces collectifs
Aménagement des espaces publics au cœur des « superquadras », Brasilia, années 1960
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7 Le plasticien
Le peintre
1 étude pour un panneau mural au Labor Temple, Los Angeles, 1955
3 études pour le carnaval à RioSans titre, 1970 Mangue Azul, 1963 Mangue Vermelho, 1963
3 séries de 5 études pour une tapisserie de 26 m de long, préfecture de Santo André (SP), 1967
Étude pour une tapisserie, palais d’Itamaraty, Brasilia, 1965
2 études pour des panneaux muraux, Hospital Souza Aguiar, Rio de Janeiro, 1950-1960
L’artiste multiple
3 études pour le ballet Petrouschka, Igor Stravinski, São Paulo, 1953
4 études de décors pour la pièce Dorian Gray d’Oscar Wilde au théâtre de Santo André (SP)
Peintures sur tissu
Bijoux
Liste des plantes :
Le Sítio de Santo Antônio da Bica, laboratoire et pépinière
Collectes de plantes au Brésil et dans le monde
Les plantes dites « burle-marxii »
Aquarelle « Heliconia burle-marxii » de Margareth Mee
Films
• Film produit par la TV Globo pour l’exposition : du dessin au projet fini (à propos du MES, du Parque do Flamengo et de l’Avenida Atlântica à Rio de Janeiro).
• Eu, Roberto Burle Marx, de Tamara Leftel, Soraia Cals, film sur la vie et l’œuvre de Roberto Burle Marx, 47 minutes
• Conversation avec Gilles Clément autour de Roberto Burle Marx, juin 2010, 17 minutes
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iNtENtiON sCéNOgRAPhiquE Et gRAPhiquE
Laissons parler Roberto Burle Marx ; laissons défiler ses paysages. Si on ne peut qu’importer ces espaces à plus petite échelle, on peut, par contre, instaurer dans la scénographie un cheminement unique entre les temps et les lieux, entre l’art et les jardins. L’espace d’exposition est ouvert, feint écho des grandes échelles. Les oeuvres se déploient sur les murs existants, rythmés par un travail typographique sur papier, comme sur les pages d’un livre. Un ruban vient servir de guide, devenant tour à tour marche, assise, table et portique. Face à l’immuabilité des oeuvres plastiques, il vient présenter entre autres l’œuvre vivante, les photographies des sites d’aujourd’hui, devenant un passeur de paysages, de leurs dessins et leurs couleurs.
Pierre Audat, scénographe et Serge Barto, graphiste
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RObERtO buRLE MARX, LA PERMANENCE DE L’iNstAbLE
Une coproduction Cité de l’architecture & du patrimoine / Institut français d’architecture et Museu de Arte Moderna de São Paulo
Cité de l’architecture & du patrimoine
François de Mazières, présidentFrancis Rambert, directeur de l’Institut français d’architecture (Ifa)
Museu de Arte Moderna de São Paulo (Brésil)
Milú Villela, présidenteBertrando Molinari Filho, directeur généralFelipe Chaimovich, conservateur en chef
En collaboration avec l’Escritório Burle Marx & Cia. Ltda, le Paço Imperial et le Sítio Roberto Burle Marx / Instituto do Patrimônio Histórico e Artístico Nacional (IPHAN), Ministério da Cultura (MINC)
Haruyoshi Ono, directeur de l’Escritório Burle MarxRobério Dias, directeur du Sítio Roberto Burle MarxLauro Cavalcanti, directeur du Paço Imperial
L’exposition
Commissariat
Lauro Cavalcanti, directeur du Paço Imperial Assisté de Licia Olivieri, coordinatrice, Paço Imperial
Scénographie
Pierre Audat, architecte Laure Dezeuze, chef de projet
Graphisme
Serge Barto
Production et coordination générale
Cité de l’architecture & du patrimoine
Service production de l’Ifa Myriam Feuchot, responsable du serviceAnne Roumet, chef de projetLuciana Vermorel, assistante de direction
Museu de Arte Moderna de São Paulo
Paula Amaral, responsable productionLuis Barbosa, Mariala Loureiro et Carla Ogawa, chargées de productionMariana Valente, juristeMagnólia Costa, responsable de communication
Préproduction
Contributions documentaires et éditoriales
Christine Carboni, chef de projet, IfaMartine Colombet, responsable éditoriale, Ifa
Photographies contemporaines
Leonardo FinottiDominique Delaunay (Ifa)
Textes
Lauro CavalcantiSecrétariat de rédaction : Claire GausseTraduction des textes : Catherine Faudry (portugais / français) et Eileen Powis (français /anglais)
Documents audiovisuels
Entretien filmé
Conversation avec Gilles Clément autour de Roberto Burle Marx, La Vallée, juin 2010Entretien réalisé par Francis RambertImage : Julien Borel (Cité)Mixage audio : Stéphane HurayMontage : Christine Carboni, Martine Colombet (Ifa)
Films documentaires
Eu, Roberto Burle Marx, 47”, 1989, Brésil. Réalisation Tamara Leftel, direction artistique Delfim Fujimara et Alexandre Arrabal, image Ricardo Canário, direction de production Soraia Cals.Du dessin au projet fini, 69’, 2008, Brésil. Réalisation TV Globo.
Régie générale
Jonathan Deledicq, régisseur service Production Ifa
Jérôme Richard, chef de projet multimédia, Direction des systèmes d’information Cité
Philippe Rivière, responsable du pôle diffusion, Direction des systèmes d’information Cité
Saïd Samodi, aménagement des espaces, direction du bâtiment Cité
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Réalisation du dispositif scénographique
Aménagement espace (plaquiste) : PlacitecMenuiserie / Serrurerie : Pyrrhus ConceptionsReprographie : Crystal SérigraphieInstallation audiovisuelle : Soft audiovisuelsÉlectricité et éclairage : Exprimm
Communication, Cité de l’architecture & du patrimoine
Jean-Marie Guinebert, directeur de la communication et des partenariats
Guillaume Lebigre, directeur artistique
Agostina Pinon, relations presse Cité, en coordination avec Valérie Samuel et Arnaud Pain, Opus 64
Développement et mécénat, Cité de l’architecture & du patrimoine
Guillaume de la Broïse, directeur du développement
Zoé Macêdo, adjointe au directeur
L’opération a bénéficié
De la contribution des institutions et des personnes suivantes
Institutions
Escritório Burle Marx & Cia. Ltda, Sítio Roberto Burle Marx / Instituto do Patrimônio Histórico e Artístico Nacional (IPHAN), Ministério da Cultura (MINC),
ainsi que Casa Lucio Costa, Escritório del Arte, Fundação Biblioteca Nacional, Paço Imperial, Prefeitura de Santo André et l’Unesco (Unité des chefs d’œuvres et des Unité des archives)
Crédits photographiques
Lucio Costa, Dominique Delaunay, Leonardo Finotti, Marcel Gautherot, Alair Gomez, Sylvio Macedo, Haruyoshi Ono, Julio Òno et Henry Yu
Crédits cinématographiques
TV Globo
Prêteurs particuliers
Janete Costa, Haruyoshi Ono (Brésil), Judith Elkan Hervé (France)
Du mécénat de Banco do Brasil et de la Compagnie de Saint-Gobain
Du concours de la Fnac
Du partenariat média
À Nous Paris, Architectures à Vivre, Beaux Arts Magazine, Les Inrockuptibles, Métro, Evene.fr, Encyclopedia, Arte, France Culture
Le Museu de Arte Moderna de São Paulo et Lauro Cavalcanti remercient particulièrement
Pour leur amicale participation à l’expositionL’ensemble des contributeurs, photographes et prêteurs.
La Cité de l’architecture & du patrimoine remercie particulièrement
Pour leur très aimable soutienLaudemar Aguiar, André Corrêa do Lago, Pedro Scalisse, Jean Gautier
Pour son amicale participation à l’expositionGilles Clément, paysagiste
Les galeries d’expositions temporaires de la Cité de l’architecture & du patrimoine bénéficient du soutien des sociétés iGuzzini, Plexiglas®, Thyssenkrupp Cadillac Plastic, Tollens et 3A Composites.
Cité DE L’ARChitECtuRE & Du PAtRiMOiNE PALAis DE ChAiLLOt | 1, PLACE Du tROCADéRO | PARis 16e
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