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Clément
d’Alexandrie
et
le développement
moral
Michael S. Sherwin, o.p.
automne 2017
mardi, de 15h15 à 16h00
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Philon d’Alexandrie(15 av. J.-C. - vers 50 apr. J.-C.)
• Philosophe et théologien juif d'expression
grecque. Il s'est efforcé de montrer la
complémentarité de la loi mosaïque et de la
pensée philosophique grecque, platonicienne
principalement (platonisme moyen).
• Ayant lu la Bible dans la traduction grecque
dite la Septante, il y trouva la manifestation
de la vérité dans une forme allégorique et il
tenta de l'harmoniser avec la pensée
hellénistique.
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Philon d’Alexandrie(15 av. J.-C. - vers 50 apr. J.-C.)
• Un exemple du platonisme moyen, la pensée de Philon influença profondément les Pères de l'Église.
• L’école de théologie chrétienne en Alexandrie a appliqué ses idées dans leur propre théologie, notamment Clément d’Alexandrie et son disciple, Origène.
• Mais les auteurs chrétiens transforment les idées de Philon en insistant sur la centralité du Christ dans l’histoire du salut et dans le développement moral.
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Philon d’Alexandrie(15 av. J.-C. - vers 50 apr. J.-C.)
Philon introduit aussi la notion de la vie morale, avec sa fidélité
à la Torah, comme un processus de développement ver
l’homme parfait qui passe par les étapes du débutant et du
progressant. Cette conception de la vie spirituelle de trois
étapes va avoir une influence énorme sur les auteurs chrétiens.
– « Ainsi, l’ami du plaisir (φιλήδονος) marche sur le ventre, tandis que le
parfait (τέλειος) fait un lavage qui élimine de ventre tout entier, et le
progressant (προκόπτων), seulement ce qui est dans le ventre ; mais celui
qui n’est qu’un commençant (αρχόμενος) dans sa formation ira au dehors,
lorsqu’il voudra refréner la passion, en imposant aux nécessités du ventre la
raison, qui symboliquement a été appelée un pic. »
Philon d’Alexandrie, Legum allegoriae III, 159 (voir Dt 23, 12)
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Philon d’Alexandrie(15 av. J.-C. - vers 50 apr. J.-C.)
« Il convient évidemment à tous ces stades :
commencement (αρχμένοις), progrès
(προκόπτουσι), perfection (τετελειωμένοις),
de vivre à l’écart de toute rivalité, refusant de
s’insinuer dans la guerre des sophistes qui
recherchent sans cesse le trouble d’une âpre
dispute pour dénaturer la vérité. Car la vérité
est amie de la paix qui, elle, est hostile à ces
gens-là. Philon d’Alexandrie, De agricultura, 159.
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Philon d’Alexandrie(15 av. J.-C. - vers 50 apr. J.-C.)
• Il a écrit une vie de Moise, dans
laquelle il suit la tradition de la
haggadah alexandrine : il montre Moise
comme un modèle de la vie morale.
• Cet ouvrage va influencer énormément
l’œuvre de S. Grégoire de Nysse et sa
conception du développement moral.
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Clément d’Alexandrie « Il [Logos] nous convertit (προτρέπων) d’abord ;
ensuite il nous éduque (παιδαγωγῶν) comme un pédagogue ;
en dernier lieu, il nous enseigne (ἐκδιδάσκων) »
Clément d’Alexandrie, Le Pédagogue I, 3, 3
• Les trois rôles du Christ
dans l’économie du salut:
– Le Christ Protreptique (le Persuadeur des païens)
– Le Christ Pédagogue (le guide et tuteur des enfants)
– Le Christ maître (didascalos: l’instituteur des apprentis)
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Clément d’Alexandrie
• Le Christ protreptique (le Persuadeur)
– Un protreptique était un livre construit pour
persuader le lecteur de suivre la vie philosophique
y présentée (voir Aristote)
– Le Christ appelle les païens à la vie évangélique
comme à la vraie vie philosophique
– Le Christ persuadeur est donc le Christ convertisseur
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Clément d’Alexandrie • Nota bene: Les Pères de l’église face
à la religion des païens :
– Les trois conceptions religieuses des païens :
• la religion civique (liturgies aux temples)
• la religion des poètes (présentation théâtrale des mythes)
• la religion des philosophes (culte de la nature et la vie
philosophique: quête du bonheur et l’épanouissement humain)
– Les Pères de l’église présentent la foi chrétienne comme
plus proche à la religion des philosophes et la vie
chrétienne comme la vraie vie philosophique.
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• Le Christ pédagogue (le guide des enfants)
– Un pédagogue formait les enfants dans une paideia
(discipline intellectuelle et morale) pour les préparer à
prendre leur héritage quand ils arrivait à la maturité.
– Le Christ pédagogue apprend les néophytes les mystères
centraux de la vie chrétienne et les prépare pour l’âge
adulte de la vie morale.
Clément d’Alexandrie
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Clément d’Alexandrie
• Le Christ maître (didascalos)
– il enseigne les connaisseurs (les gnostiques)
les étapes de l’amitié avec Dieu.
–Il les enseigne à coopérer avec lui dans le
processus par lequel ils deviennent
semblables à Dieu (participants à la vie
divine) dans l’imitation du Christ.
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Clément d’Alexandrie
• « le céleste guide, le Logos, s’appelle Protreptique
ou convertisseur lorsqu’il invite les hommes au
salut. Mais lorsqu’il est dans son rôle de médecin et de
précepteur . . . , il recevra le nom de Pédagogue. L’âme
malade a besoin du pédagogue, qui la guérira de ses
passions, puis du Maître, qui la rendra apte à connaître . . . la
révélation du Logos. Ainsi le Logos, voulant achever, étape
par étape, notre salut, suit une méthode excellente : il
convertit d’abord, puis il discipline et finalement il instruit. »
Pédagogue 1,1
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Clément d’Alexandrie • Première étape : la conversion
– La foi du converti : confiance
– La loi révèle le chemin vers la vertu
– Le Christ se révèle dans la nature (Logos ortos) et dans la révélation
• Deuxième étape : la discipline de la vertu (la voie d’enfance)
– La foi de l’enfant : l’espérance
– La vertu est l’harmonie de l’âme et l’équilibre (le juste milieu )
– La vertu est un don de Dieu et un acquis de notre libre arbitre
• Troisième étape : étape de la connaissance (du gnostique) et de la
configuration à Dieu
– La foi de l’ami de Dieu : la charité
– L’étape de l’impassibilité
– Imitation et assimilation à Dieu
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Clément d’Alexandrie
• « Le premier échelon du salut, c’est
l’instruction faite dans la crainte (φόβου),
grâce à laquelle nous nous abstenons de
l’injustice ; le second, c’est l’espérance
(ἐλπίς) qui nous porte à rechercher les
choses les meilleures ; mais l’amour (ἀγάπη)
donne la perfection, comme il convient,
puisqu’il nous forme d’une manière
gnostique. »Stromate IV, ch. VII [53, 1]
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Clément d’Alexandrie • La cause des vertus du chrétien est la charité
– « La cause en est donc l’amour (avga,ph), qui l’emporte en
sainteté et en autorité sur toute science; en raison du culte
rendu à l’être excellent et suréminent, dont le trait expressif
est l’un, l’amour transforme en effet le gnostique à la fois en
ami et en fils, homme vraiment parfait qui a grandi jusqu’à la
traille de l’âge adulte. En outre la concorde consiste exactement
à donner son assentiment au même objet; or le même, c’est
l’un, et l’amitié s’accomplit par la similitude, la communauté
reposant elle-même sur l’un. Aussi le gnostique, qui se définit
par l’amour pour le Dieu réellement un, est-il réellement
l’homme parfait et l’ami de Dieu (fi,loj tou/ qeou/), placé au
rang de fils. » Stromate VII ch. 11 [68.1-4]
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