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III
LE GRAND GUVRE D'ALCHIMIE
" Tu acquerras la Gloire de I'Univers Tout Entier. "Hnnus TnIsuclsr"r
L'alchimie a t, pendant des sicles, science la mode. Elle allie la magie I'astrologie, la Kabbale et les lois de la physique. Elle vient des Grecs et des Egyptiens. Ses inspirateurs officiels taient Isis. Horus, Herms, Agathodmon, Mose,
la
I'appareil distiller et le four. Les empereurs byza!tins protgeaient les alchimistes. En Egypte. au vlle sicle. le prince Omniade Chalid Ibn Jazid se rendit illustre par ses expriences d'alchimie. Quant Platon, son Time est une des sources les plus importantes de la phy-
Zoroastre. Le clbre Dmocrite la prsente dans sa Physique et Mystique comme la science
sique au Moyen Age. L'alchimie tait
millnaire des prtres gyptiens. PIine raconte que I'empereur Caligula voulut fabriquer de I'or. Les Grecs utilisaient
pratique en Perse, aux Indes, avec les Sassanides. qui fournirent au monde les plus clbres astronomes. L'alchimie babylonienne des tablettes d'argile d'Assourbanipal tait rpute. On fabriquaitt57
L'ATHANOR ET LE BESTIAIRE DU GRAND GUVRE
(snsrI.e vller.rrrN)
du verre, des mtaux, des pierres artificielles.
jeunesse ternelle, la richesse inpuisable,
L'Allemagne du xve sicle a pour livre de chevet des alchimistes Ie Buch der
dict par I'esprit de la Sainte-Trinit et qui tait ddi au burgrave Frdric
heiligen Dreifaltigkeit, ou Livre de la Sainte-Trinitd, que I'on disait avoir tde
puissance et galement la facult de fabriquer un tre vivant. Les gyptiens vainquaient la mort. Les Grecs deve-
la
de Nuremberg, premier margraveBrandebourg, de zollern.
la maison des Hohen-
naient de vrais dieux. Le Grand (Euvre? La ralisation surtout de la Pierre Philosophale par la Nature, en saisissant le secret divin du Crateur qui nous fit naitre et qui rgit le monde : I'imiter dans son uvre grandiose, l'galerpeut-tre.
Depuis trois cents ans, de grands moines avaient pratiqu l'alchimie : matre Albert le Dominicain, Magister Albertus dixit, (la clbre De Alchemia). Le dominicain italien Thomas d'Aquin, son lve, attach au pape Alexandre IV et Urbain IV et Clment V, le Docteur Anglique, reconnut valable I'or des
Philosophorutn, qui rapportait les thses de Pythagore et des Grecs.
On consultait aussi beaucoup la Turba
L'immense aspiration du Moyen Age, I'immense ambition des plus grands savants, celle d'chapper aux lois de la ralit, de la vie, au-del de la religion, le transcendantal tant retrouv dans la matire, et le savant atteignant, captant et utilisant pour lui, I'arcane du magistresouverain. La Pierre Philosophale, le but du Grand (Euvre des Sages, qu'Herms appelle
le grand franciscain anglais Roger Bacon pratiqua lui-mme la transmutation des mtaux. Son Opzs Tertium et sa Scientia Experimentalis font une large part au Grand (Euwe et la transmutation des mtaux. Ne disait-on pas que Bacon sauva plusieurs fois son roi de la banqueroute? Lepape le protgea personnellement contre
alchimistes. Nous avons expos que
l'uwe du Soleil, la vrit philosophique, I'absolu dans I'infini. La panace universelle. Le but suprme, magistral.
toute accusation de magie, tant qu'ille put. Le Grand (Euvre? Le profond secret du monde, le mystre de la Nature retrouve et recre. la rvlation par une philosophie exprimentale secrte, de la formule cosmique d'oir dcoulaient la lumire et la vrit, la sagesse et aussi la158
Dans son avidit de la connaissance. sa volont de dcouvrir le secret des secrets, selon la rflexion de Paracelse, Johanns Faust se fit le serment d'acqurir cette Pierre Philosophale. Il apprenait que la Pierre est ne du vrai mariage du Ciel et de I'Enfer, son nom est Superius et Inferius, ou bien Absolu, ou bien Le Petit Charbon, L'Escarboucle, Le Rubis des Sages; ces noms reviennent constamment dans les critsdes Adeptes.
Mais fallait-il vraiment faire appel I'Enfer? Le Feu philosophique menait-il la vie lucifrienne? Igne Natura Renovatum Integra, disaient les alchimistes,
La Nature entire est renouvele parFeu.
le
D'oit venait ce feu? Les aichimistes, derrire ies grands
moines, restaient dans ies voies du Christ et ne reniaient rien de leur foi. On lisait dans le Turba : Ploton a crit dans son euvre d'Alchimie le mme messagede
son Art Royai, et que cet crivain architecte et constructeur. fils soirituel de saint Jacques. prtendait tenir sa formule des
Tout le monde savait qu' Paris, en piein xrve sicle. Nicolas Flamel s'tait enrichi par I'opration du Grand CEuvre,
joie,
aichimistes
que Jean l'vangliste, bienaprs lui.
juifs d'Espagne. Nous enbase
longtemps
parlerons plus ioin.
L'alchimie tait essentiellementt.ravaux
invoquaient saint Jean. Le visionnaire apocalyptique passait pour avoir t alchimiste : selon une lgende byzantine. il avait transform en or et en pierres prcieuses les galets du bord de la mer. Pourouoi I'Ecriture ne serait-elle pas garnie ds secrets de I'Alchimie? Les sept tages de la fabrication de I'or ne sedevinent-ils pas dans la parole de Matthieu:
En effet, les soffieurs, leur fourneau
sur l'exprience personnelle, sur les durs Bacon crivait : Sine experientia, nihil sfficenter sciri potest. < Sans I'exprience on ne peut rien savoir de prcis. > Le mystique illumin prescrivait la loi de I'exprimentation personnelle. Raymond Lulle, de son ct, dans sa Thorie, a crit : Tant que tu n'es pas arriv une parfaite connaissance de ce que tu recherches, au
du soffieur son four.
Roger
J'ouvrirai ma bouche en paraboles. Jeleur raconterai les mystres cachs depuis Ie Cration (XII, 35)? Angelus Silesius a crit :
tnoyen d'expriences rptes, patientes et videntes. la nqture ne t'invitera pas t'qsseoir sa table somptueuse. Ortolanus disait bien, au xrve sicle,que, mieux que les leons des professeurs, valaient ie travail assidu, opinitre, et la fatigue perptuelle de I'exprimentateur, celle de la pratique. La vrit par I'exprience. disait Lulle. Tout magicien apprenait donc, avec les alchimistes, cette ioi du travail acharn au four. Nuit et jour, il s'y essayait. Son but? Un rve presque inaccessible, un dsir
Lo divine Alchimie. C'est l'Esprit-Saint qui fond. Dieu le Pre dissout Le Fils est la Teinture o l'or se fait plus clair. mique : au xIIIe sicle, en Allemagne. le prieur de Walkenried. Dom Gilbert.surnomm Abbas Aureus, y consacraitses
Beaucoup de reiigieux pratiquaient dans les couvents les expriences du four alchi-
Raymond Lulle confiait ouvertement possdait la Pierre Philosophale, grce aux formules de la Kabbale. Arnoid de Villeneuve expliquait la science de Ia transmutation par I'action dcele. du
nuits, sans se cacher pour cela.
qu'il
Spiritus.
Il
possdait aussi
la
Pierre.
comme un alchimiste rput. Il pratiquait Ie mys1p1's spagirique, capable aussi bien de faire de l'or que de gurir le corps159
grandiose. divin : S'asseoir la table somptueuse. Le but mme de la magie. A Cologne vivait un mdecin astrologue que plus d'un magicien allait consulter. Lonard Thurneyssen tait considr
corps l'tat liquide. Lonard lui rvla l'(Euf Philosophique, I'encens fumant. les invocations (qu'il publiera dans un livre sur le Grand CEuvre L'Archidoxo). La Chimie. disait-il. venait de Cham. Isaie et Daniel faisaient de I'or. C'est en gypte qu'Abraham avait appris ce Grand Art. Al-Chimie venait de I'arabe.Lonard Thurneyssen conseilla Johanns
humain. Il se flattait de possder le fameux dissolvant alcaest, qui donne tous les
liers et docteurs qui sortiraient un jour de son cole. A Erfurt, on secu,rait. durement les thologiens : Martin Luther. toujours tourment. s'accusera un jour d'avoir ht le trpas de son matre Jodocus parses
rvoltes contre la thologie scolastique!
La bibliothque tait magnifiquementconstitue. comme toutes celles des villes universitaires allemandes. de manuscrits enlumins, rehausss de miniatures. et
d'tudier fond l'uvre du clbre moineet matre alchimiste Basile Valentin.
de
nouveaux livres imprims grce
Gutenberg, livres saints. livres juridiques.
les arts libraux (suspects au clerg); les matres choisis s'appelaient Cicron, Virgile, Tite-Live, dont on soulignait les conseils. ies maximes pour la vie venir. C'est l que vint se former le jeune Martin Luther, arrivant de l'cole d'Eisenach, oir il avait appris la grammaire avec le matre Trbonius, dont on rapporte qu'il avait coutume de faire ses leons tte dcouverte, pour honorer les chance160
Johanns se rendit donc Erfurt. Mutianus Rufus I'y a rencontr en l5l4 : il y est nomm professeur et va faire un cours d'humanits extrmement briilant. Ce sera une des plus belles poques de son existence hasardeuse. Il y vient enseigner Homre en chaire publique. Charmante petite ville d'Erfurt! Au dbut du xvre sicle, une brillante acadmie existait Erfurt. On y enseignait
son meilleur ami, le jeune Alexis. qui
avec le parchemin du diplme. I'habit et la bague. En 1505. un incident avait fait quelque bruit : le jeune tudiant Martin Luther, n en 1483 et ayant donc sensiblement Ie mme ge que Johanns Faust, vit mourir ct de lui, frapp par la foudre,
I'Universit vous remettait solennellement,
Quand
on
parvenait
Ia
matrise,
pour s'enfuir, comme frapp, luipar la foudre divine, dcidant de
faisait ses tudes d'humanits. ses insignes de matre, l'habit et
il
renvoyaaussi,
la bague,se consa-
s'enferma au couvent la grande colre de son pre. Martin Luther devait prononcer ses vux en 1507, non sans avoir t
crer
Dieu. Il
des Augustins,
durement prouv pendant son noviciat.
qu'il qualifiait de dmoniaque, pour laBible, le livre divin; mais au couvent, il redoutait que le Dmon le ft subitement mourir en tat de pch. Des visions tourmentaient son sommeil. La nuit, il croyait entendre Alexis I'avertir de faire pnitence.
Il avait abandonn I'Universit et Aristote
jour que le prtre disait la messe -Un I'Evaneile : Erat Jesus eiiciens daemonium et itlud eiat muum.le jeune Martin Luther. secou de frayeur, se leva en s'criant :
Ha! Non sum ego, non sum egol Seule la musique (mais ne disait-on pas que la musique procdait de magie?) calmaitses crises.
:
I
accourir de nombreux lves. il se nommait Carlstadt Andreas Bodenstein et professait de singulires opinions. cherchant la vrit dans toutes les coles. sans omettre les moins hrtiques. L'Histoire rapporte qu'il fut catholique, puis luth-
A Erfurt, un
trange matre faisait
c:6tr
U
tcI I rt I
a
I
rien. puis anabaptiste. ensuite sacramentaire, pour finir lac, avec le tablier du boulanger ! Les coliers ne manquaient pas son cours.
cLEF DU cRAND cEUvRE, t-'t-txrn
Erfurt otr tait mort Albert le Grand : dans une colonne brise. un couo defoudre avait fait dcouvrir un manusciit du clbre moine bndictin Basile Valentin.
de faits surnaturels se droulaient
On racontait aussi qu'un certain nombre
lines ravissantes, mystrieuses. traitant du Grand CEuvre. Le cnobite d,Erfurt. I'Adepte du Grand Art, le bndictin secret, spagiriste et alchimiste convaincu. au couvent royal de Saint-Pierre, nich dans la montagne et frre sous la Rglede saint Benot, rvlait le secret transcendantal des choses, Visita interiora terrae...
C'taient ceux de La Grande Pierre
des
tous les alchimistes prouvaient admiration, tendresse et merveillement.
du plus tonnant magicien-alchimist. Admirables ouvrages, pour lesquels
Anciens etdes Douze CIefs de Ia Philosophie
Visite les entrailles de la terre et tu trouveras le secret de la pierre cache. Ia Pierre Philosophale de la Science. de
la
Connaissance,
LES DOUZE CLEFS DU MOINE BASILE VALENTINCes uvres du moine Basile Valentin taient crites en idiome germanique. On les avait claires de sravures sibvl-
s'affirmait son lve et son disciple? Qu'il dtenait ses Secrets? Les secrets du Vitriol des philosophes, de l'(Euf Philosophique. Le moine Basile Valentin se disait lui-mme le fils spirituel d'Herms, deI'Arabe Geber et de Lulle.
fabrication de I'Or! Ne disait-on pas qu'Aurolus paracelse
de la
Jeunesse.
de
la
r6l
Il leur devait la science du four. la distillation. la transmutation. I'art de la fabrication de la Pierre Philosoohale. le plus haut trsor Ierrestre accord... pour la sant et la consolation des hommesdans cene t'alle de misres! La Pierre sur laquelle s'appuie la Vrit, at'ec la rcompense temporelle et lo pro-
l'invisible.
Le moine Basile Valentin conseillait : Fais que ce qui est en haut soit en bas et que ce qui est visible. invisible. palpable, impalpable. et derechef, fais que de ce qui est en bas soit .fait ce qui est en haut. tle
le
visible. de I'impalpable. le
messe de l'ternit. Johanns Faust lut avec motion ces pages de La Grande Pierre des Anciens Sages. ou le Secret de la Vertu de la Pierre Philosophale trouve par I'Adepte, par la grce de laqueile I'illustre moine se gardait de toute maladie, prolongeait
palpable. Cela est tout I'art intrieurement parJit. sans J'aute ni oubli, dans lequel habitent la mort et la vie, la destruction et la rsurrection. C'est une sphre ronde
indflniment sa vie. trouvait
la
par laquelle la Desse de la fortune pousse son char et accorde aux hommes de Dieu le don de Sagesse: d'autre part, de son propre nom. selon la conception terrestre ; elle est appele toutes choses en toutes.Au-dessus des choses ternelles. cet arbitre et juge se montre le plus lev. Qui que ce soit qui dsire savoir ce que sont toutes choses en toutes choses, qu'il fasse de trs grandes ailes la terue. qu'il la presse trs fort. afn qu'elle-mme se soulve et, tolqnt
source
couronne orne d'une trs prcieuse escarboucle. tel que le raconte le moine et tel qu'il le vit. exhortant les hommesde ces paroles:
Qu'il tait trange ce vieillard la barbe blanche. vtu de pourpre et portant
inpuisable des richesses et la connaissance totale du pass et de I'avenir. dans la vision de I'origine symbolique du monde.
Rveille-toi, homme. et contemple la Iumire. que les tnbres ne te sduisent! Les dieux de la fortune et les dieux suprieurs m'ont instuit la l'aveur d'un profond sommeil. O conrbien heureux esr I'homme qui reconnat les dieux; que d'tonnantes
par l'air. s'lve dans la plus haute rgion du ciel suprieur. Alors briile ses ailes par un feu trs viJ', afin que la terre prcipite tombe dans la mer rouge et y soit noye. Et par le feu et par l'air. dessche l'eau pour que de nouveau, la terre soit. Alors,dis-je. tu as toutes choses en toutes choses.., O hommes mes amis, aussi. par I'enseignement de ma voix vous avez peru la sagesse. de quoi et ('omment vous devez
meryeilles il opre ! Heureux celui de qui les .t'eux sont ouverts. de sorte qu'il voie lo luntire qui. auparavant. Iui avait
trouver
lq
Grande Pierre des anciens
t
On sait que les trois grands espoirs gique des oprations, taient d'obtenir I'or, puis l'lixir de jeunesse et aussi de crer un petit tre vivant. l'homonculus. Celui qui possdait ce perit homme y trouvait. croyait-on, mille avantages. le bonheur et la richesse. Paracelse affilme, dans son De Natura Rerum. qu'il est parvenu en fabriquer un. II crit : Voici comment il faut procder pour rl parvenir : renfermez, pendant quarante jours dans un alambic. de la liqueur spermqtique d'homme: qu'elle s'y putrfe jusqu' de France. d'Allemagne ou d'ltalie faisait partie de I'apprentissage de tout magicien. aux xve et xvle sicles. Comme ces voyages taient coteux. i convenait de les prparer minutieusement : un docteur en thologie c'tait le cas de Johanns Faust - trouvait ouverte la porte des monastres. Grce son rudition. grce sa faconde, et avec son habilet, Faust fut toujours hberg gratuitement chez les moines etles chanoines. Venaient ensuite les princes,
ll demeurera toujours surprenant de savoir qu'au Moyen Age, oir les moyens de transport taient si difficiles, on pratiquait largement les voyages. Les Universits. les collges, ne pouvaient suffire I'instruction des tudiants ne Drofest78
et chtelains et les bons bourgeois aussi, qui acceptaient d'hberger un tudiant valeureux. Faust eut ainsi des protecteurs, des amis puissants. qui leseigneurs
reurent dans leurs chteaux Beaucoup d'tudiants ment ceux en mdecine aussi le service rendu, les
et demeures. pruticulirepratiquaient
petits
les consultations. moyennant
de
soins,
faibles
proposaient des horoscopes, disaient I avenir, tiraient les cartes, cartaient les pr-
sommes de monnaie. Le corps m;rcal fermait les yeux l-dessus. Alors. d';.. ..es
sages. D'autres ensuite vendaient
des
crmes de beaut. des onguents, mme des
philtres d'amour. D'autres enfin jouaient quelque peu de sorcellerie, appeiaient ou conjuraient les Esprits, pour ie plus grand bien des cultivateurs qui espraient la pluie, craignaient la foudre, redoutaient les mauvais sorts. ou voulaient revoir ieurs morts. Aussi pius d'un promettait-il la luhe, empochait le salaire... et disparaissait pour faire d'autres dupes. Ainsi Ies tudiants-voyageurs, vite appe-
truire au Vnusberg, la montagne mystrieuse de Vnus. o s'enseignait la magie, et o le Diable menait le Sabbat. Ces tudiants nomades propageaient les ides nouvelles, lancaient le nonconformisme des nouveaux philosophes, faisaient Ia plus large part la Rforme et I'Humanisme nouveau. Le mouvement naissant de la Renaissance, et surtout, le retour au classicisme et en mme temps au paganisme antique leur convenaientadmirablement. Faust participait aux groupes qui attaquaient vivement la reiigion catholique, niant les dogmes les plus respects.
fois accueillis avec la plus grande
ls tudi ant s-nomades, s cholasti. scho lqre s, vagantes, volatici, erratici, taient-ils parm-
Le
Protestantisme
leur ouvrit
larse-
manteau et une sorte de filet iaune. charpe d'ocre jete sur les paules et parfois ramene sur la tte.
fiance. On les reconnaissait leur grand
Ils proposaient leurs soins, leurs leons. allant d'une maison I'autre, qutant des aumnes. Le Liber Vagatorum d,e Thomas Murner,,paru en 1509, prcise que beaucoup d'entre eux se vantaient de conjurer le Diable, dtaillant leursavoir en magie, racontant qu'ils vendaient des figurines en racine de mandragore, les homunculi, pour dix-huit floins d'or, selon Martinus Crusius. On les voyait dans les tournois. les foires. A la dite de Francfort. en 1397. ils taient plusieurs centaines. Les voyageurs tudiants-nomades, bien reus. cou-
L'Italie donnait le ton des ides les plus avances : les changes d'tudiants entre I'Allemagne et l'Italie taient les plus abondants. La civilisation italienne dbordait sur le Nord. La grande leon . des dieux de l'Antiquit, I'exemple des hros, les dclamations virgiliennes, Iestudiants qui remontaient d'ltalie. Selon Emile Gebhart. la vie religieuse. la tradiambitions des Csars. la tendresse paienne des potes. illuminaient les discours des
ment les bras. recrutant l des attaqua;ts zls saper les normes de l'glise. Ulrich de Hutten menait haut le drapeau de cette guerre de propagande rvolutionnaire.
tion paenne et les lgendes mythiques de la Cermanie mlaient alors le paoe et Vnus. l'glise et la Myrhologie. Iemysticisme et les amours palennes.
ts. pays. prenaient profession de nomadisme... et oubliaient leurs tudes. Ils disaient alors qu'ils revenaient de s'ins-
Introbo ad altare Bacchi Ad eum qui laetiJicat cor hominis.
Un contemporain crivait : //s croient plus Jttvnal qu'aux prophtes; ils lisent179
Horace au lieu de saint Marc et se croient atteints du rayon de lune du gnie antique.
en manuscrits arabes. On allaitmistes.
visiter aussi Saint-Jacques-de-Compostelle. Saint Jacques devint ainsi le patron des alchi-
La coquille sera un
emblme
hermtique.
L'ITALIE DU MOYEN AGEUn autre lment enfin, moins connu. plus occulte celui-l, et pour cause. jouait un rle dterminant pour les tudiants voyageurs (vite accuss d'tre des vagabonds), dans leurs dplacements et dans la qualit de I'accueil qu'ils recevaient dans les grandes villes et les Capitales. C'tait I'organisation des Fraternits.
L'ltalie tait le voyage primordial faire. Tous les philosophes y passaient. Agrippa et Paracelse y firent d'importants sjours. Ils y travaillrent, y professrent. Luther trouva Rome I'inspiration de sa carrire rvolte. Faust se rendit lui aussi en ltalie. Plusieurs dclarations le laissent entendre.
Nous exposerons plus loin. au chapitre de la Rforme. I'organisation trs importante de ces socits sccrtes qui facilitaient amplement les voyages de leurs
membres, leur prparaient gte
et
bon
accueil. Les Fraternits de Saint-Jean. Ce Compagnonnage intellectuel joua
soulevait.la plus vive curiosit : il apportait les nouvelles. Les Mmoires du comte Bernhard rapportent le carnet de voyage de cet intellectuel-qui est all Rome. en Na-
un rle efficace au Moyen.Age, pour les grands voyages. Entre Frres, on se rendait maints services. Le voyageur dbarquait avec ses livres. Son arrive
varre, en Ecosse, en Turquie. en Grce. Alexandrie. Berbrie. Perse. Messine.Rhodes, en Gaule. Espagne. Terre Sainte. Italie, revenu en Allemagne. la recherche
d'un homme ayant Ie sec'ret alchimique!On180 se
rendait beaucoup en Espagne. riche
Rome s'avre dramatique pour l'tudiant du xvr" sicle. Les Palais. les vestiges de I'Antiquit. la pompe des prlats romains. le culte des Beaux-Arts et de la Posie. autant de motifs enfivrer une imagination. Les rudits revenaient aux thories philosophiques condamnes par I'Eglise et aux doctrines polythistes de I'Antiquit. Lorenzo Valla. Poggio Bracciolini. Janozzi Manetti de Florence. Hermolao Barbaro de Venise, Angelo Poliziano. Marrilio Ficino trs clbre. rendaient hommage aux platoniciens et stocier Un cardinal. Bembo. proclamait s. ; admiration pour I'Antiquit. prfrant les chefs-d'uvre des matres antiques et paiens aux docteurs de la thologie. Et puis avec quelle verve. quelle indpendance on dnonait les intrigues. les injustices qui svissaient en ces temps de fodalit cruelle et exa-
Il
en parle dans ses rcits de voyages.
tures d'un iVlichel-Ange. La peinture procde des appels de la magie. Michel-Ange tait le contemporain de
cerbe
I
moi devant les immenses pein-
ardeur vivre et s'exprimer, qui tradui-
saient une passion profonde. Dans
sa
s'y arrte. On y reconnatra des pointscommuns avec celle de Faust.
Faust. Sa forte personnalit vaut que I'on
sculpture, la musculature reprsentait pour lui le jeu des forces de I'homme et, par l. son drame. A quinze ans, son Satltre le rvle. il lui conquiert le patronage de
Laurent le Magnifique. Le Combat
des
Michelangelo, jeune homme, avait sculpteur jaloux. Les prdications de Savonarole avaient jet l'pouvante dans son me. Il entendait ne vivre et ne travailler que dans I'art grec. Les statues de Cupidon, de Bacchus, d'Adonis, disaient ses admirations paennes. Le grand Lonard de Vinci le hassait. Michel-Ange se disputait constamment avec Jules II. ne pouvant souffrir une contrainte. Sans la protection de Clment VII. il aurait t mis mort par le duc Alexandre de Mdicis. Son amour pour le beau jeune Cavaliri. auquei il crivait des lettres dlirantes. lui attirait beaucouo d'ennemis. Il exprimait en d'admirables sonners toutes les flammes de la passion qui le consumait. Pour Paul III. il peignit la chapelle Sixtine, mais causa un rel scandale avec un Jugement Dernier oit tout le monde est nu. y compris le Christ, sa Mre, saint Jean et saint Pierre! (On sait que pour le mme reproche, Vronse en 1573 sera dfr devant l'Inouisition). Paul lV. plus tard (en i559) voudra etlacer sa fresque trop diabolique. Un jour viendra oir Michel-Ange. au terme de sa vie, tentera de briser toutes ses statues. Cet Italicn. nourri ardernment des antiquits classiques. rvlait une tbugue, une
Michel-Ange tmoin.
t marqu physiquement d'un coup de poing sur le nez que lui assna un autre
Centaures. I'Ange agenouill. son Bacchus ivre, son Cupidon agenouilit son Adonis mourant. notamment. et sa Pieta de saint Pierre en 1498, dnotent chez I'adolescent cette puissance qui clatera dans son
fameux Mose sotrique
et
lumineux.
dans ses Esclaves forts et la fois pitoyables. Son moi religieux se t.ranspose pour
glorifier la forme humaine, la plastique
si
chre aux matres grecs; iltrouve dans cette interprtation de sa vrit intrieure. le
thropie aussi. Sa brouille avec le pape II. qui utilisait largement son talent pour le palais de saint Pierre. fit trembler I'ltalie. Les fresques de la Chapelle Sixtine. avec ses Mages-Prophtes, ses Sibylies. lvent le drame de la dsesprance au sublime des grands mysties de la Tradition. Ses tombeaux ouvraient l'me aux prospections infernales. Ses motifs, ses statues. offrent des aspects farouches non dnus de grandiloquence. Il abandonne ds lors le ciseau et le maillet. Sa palette lui offre. par la magie du pinceau et des couleurs. le moyen de magnifier le Jugement Dernier de 1534 1541, sur les murs de la Chapelle Sixtine. La souflrance. la contrition s'y lisent sur les visages et les gestes des coupables. LeJules
secret mouvant des purs chefs-d'uvre qu'il sculpte en dramaturge. Ses querelles sont clbres; sa misan-
l8l
F; +i2..r ':4 y:1::
Y:rt
il
'4s4
}IICHEL MAIER
:
L.CEUF PHILOSOPHIQUE
e
l'pnpuvE DU
FEU
MICHEL I'IIITN : (< D'UN HOMME ET D.UNE FEMME. FAIS UN CERCLE, ENSUTTE
uxUN
cnnn, Puls uN TRIANcLE' ENFIN CERCLE. ET TU AURAS LA PIERREPHILOSOPHALE ))
drame humain devant la faute. La tentation a-t-elle t cre pour perdre les hommes?
Mage, sculpteur. peintre, architecte,
pote aussi, passionn pour les crations
infernales, passionn pour
le
compas
aussi bien que pour la plume. Michel-Ange Buonarrotti arrachait I'au-del, peu peu. et par une sorte de puissance
can; I'Astronomie et Ptolme; Ia Gomtrie et Euclide; I'Arithmtique et Pythagore. Puis, c'est le Droit civil avec Justinien; le Droit canon avec Clment V; et les cinq divisions de Ia Thologie; jusqu' saint Augustin. aux pieds de la Polmique, bandant I'arc de la Controverse.
magique,
des lambeaux de
rvlations
et des manations oprantes. Toute son cEuvre raconte sa prospection au-deldes tombes. Ses excs. sa sduction et jusqu' sa vhmence forcene d'expression et d'hallucinations laissent chapper I'angoisse de ses rves, la ferie de sesrecherches et les traces d'une magie relle. celle ramene de ses voyages vers I'infini
Age et perptue le songe merveill
Ce chiffre Sept demeure videmment le grand chiffre kabbalistique du Moyen
cach, tels les grands mages-prophtes de la Bible. Mais Michel-Ange entendait-il la voix de Dieu ou le srondement duDiable?
Thomas se voit encore sur un tableau de l'glise dominicaine de Pise. On le nomme Le Triomphe de saint Thomas d'Aquin. L encore. Thomas a ses critspars sur les genoux; derrire iui. Platon et Aristote; le saint foudroie du regard un personnage turban. un Sarrasin,
de Pythagore. Sous une croise d'ogives. et dans une sphre d'or, ayant au-dessus de lui Mose et les vanglistes. saint
Le magicien voyageur allait galement
tant, la clbre fresque de 1350, reprsentant saint Thomas d'Aquin, assis sur un trne, ayant sur ses genoux la Somme et tenant enchans. comme des esclaves captifs, les hrsiarques Arius, Sabellius
visiter Florence. L, il regardait, en mdi-
soleil qui prside au jour.
un mcrant atterr. qui gmit ses pieds dans une attitude de rvolte et de rage impuissante. C'est le grand philosophe arabe. le docteur de I'lslam, Averros. Saint Thomas crut la magie, I'or alchimiste, l'or jaune, nous I'avons dit. A sa mort. en 1274. on le consacra Le
la
ll fut la raison de scolastique, cette raison abattue
par les philosophes, combattue. repoussedes alchimistes et des gnostiques.
et
Et pourtant, se trouvent derrire lui. surdeux rangs, l'assemble des Sept Sciences Profanes et des Sept Sciences Sacres : c'est la Grammaire et Priscien; la Dialectique et Aristote; la Musique et Tubal-
Averros les trs mauvais magiciens.
L' ( AFFAIRE
>
DU PAPE JEAN XXII
Le pape Jean XXII tait puissammentrudit. On assure que ce passionn savant
installa au Palais d'Avisnon un labor83
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ratoire d'alchimiste et. pendant son r_qne papal. de 1316 1334. il passe pour avoir fabriqu 20 000 Iivres d'or (tmoignage de Louis Chochod)! Pagi lui attribue un ouvrage sur la magie ! Les papes ont-ils pratiqu - d'aprs I'aichimie. comme certaine certains ie Histoire - rapporte et comme on ne peut omettre de le mentionner dans une impartiale et objective Histoire de la Autant il est prcis que des religieux tels Roger Bacon. I'abb Tritheim, ie moine Basile Valentin. et d'autres. furent de distingus et fervents alchiMagie?
(Dec une quantit de mots qui ne signifient rien.ce mo)ten. ils Jiappent de la fausse monnaie
S'il donnent un mtal trompeur pour de l'or et de l'argent rritables, ils le fontLeur audace a t op loin car, par
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et trompem ainsi les peuples.
Nous ordonnons que ces hommes quittent
pour touiours le pa,vs. ainsi que ceux qui se font bottre de l'or et de I'argent. ou qui sont convenus avec les trompeurs deleur paver cet or. et nous voulons que, pour les punir. on donne aux pauvres leur orvritable.
bert d'Aurillac. le pape Sylvestre II, pour lesqueis beaucoup de tmoignages tendent i'tablir. Et pourtant. nous savons que saint Thomas d'Aquin admettait la fabrication de l'or philosophique. tout en condamnant les faux monnaveurs et les illusionistes. Or il est tabli que le pape Jean XXII. sur lequel couru.rent tant de bruits quant son savoir d'alchimiste. condamna formellement les faiseurs d'or. Voici lestermes de sa Bulle contre les alchimistes:
mistes. autant on ne peut le prouver pour Albert le Grand. Raymond Lulle. ou Ger-
sont sans honneur, Si les movens de ceux qui ont enfreint la loi ne leur permettent pas de pa),er cette amende, cette punition pourra tre change en une autre.Si des personnes du clerg sont comprises
Ceux qui produisent de faux or et argent
parmi les alchinstes, elles ne trouveront po[nt grce et seront prives de la dignitecc
lsiastique.
Ce texte mrite certaines observations
Les alchimistes nous tompent et nous promettent ce qu'ils n'ont pos. Quoiqu'ils se croient sages. ils tombentdans l'abme qu'ils creusent pour les autres.
Ils
se_
tlonnent. d'une manire risible,
comnre lesntatresde l'Alchimie et prouvent
crivains plus anciens: et. bien qu'ils ne puissent dcouvrir ce que les anciens n'ont pas trouv non plus. ils regardent encore comme possible de le touver I'ayenir.184
leur
ignorance
en citant toujours
des
et- condamne purement et simplement, rpondant par i aux bruits calomnieux qui ie concernent. se dgageant, il frappe. - Ou bien. le prlat renie ce qu'il a got, fait volte-face par un dsaveu pubiic, comme beaucoup d'autres. Corniis Agrippa le premier. qui un beau jour, se repentent et brlent ce qu'ils adorrent, rejetant de ce fait. toute accusation. Le repentir officiel dans le refus totai, non sans indignation. Dsenchantement et proclamation vengeresse. Ou bien. et le texte semble I'indi-
Ou bien le pape Jean XXll
:
accuse
quer tout en reconnaissant implicitement, comme saint Thomas d'Aquin et comme
tout le Moyen Age I'a cru, que i'on peut fabriquer de I'or, le prince de Rome condamne ceux qui. trompant les peuples, ne font que semblant ou fabriquent !/r? mtal trompeur qui n'a de I'or que i'apparence, ceux qui promettent ce qu'ils n'ont pas et qui ne font que fausse monnaie : Ceux qui produisent de Flux o* et argent sont sans honneur. Mais ceux qui produisent de I'or vritable? Pouvait-il condamner ies deux franciscains Roger Bacon et Raymond Luile, et le grand dominicain Albert le Grand, et I'abb Tritheim et le moine Valentin? En ce qui concerne le pape Silvestre II, on sait que ce grand savant tudia les sciences dites profanes chez les Arabes d'Espagne, aux coles de Tolde et de Cordoue. Rien ne prouve qu'il y apprit ia magie. Certes, il introduisit en FranceI'usage des chiffres arabes, l'architecture, Ie mcanisme des penduies balancier. Il fit des automates. Et ne jetait-on pas la tte de tous les savants I'accusation de pacte avec le Diable?
et
trs souvent fantaisistes, qu'ils attriburent
le Pefit Alberr, la Magie du Pape Honorius, et mme certain petit brviaire appei Rituel de Haute Magie et sign 1L C. Agrippa. Si les uns disent : . Le magicien observait la triplicit du portail de Notre-Dame. Au portail vis-vis de I'Htel-Dieu, il contemplait leshauts personnages ayant leurs symboles
courbes sinuosits. fleurettes. arceaux et dentelles de fer forg, n'avaient pu tre ciseles que par un dmon. Le dmon
C'est Guillaume le Parisien, Guillemus Parisiensis, vque charg de sa mitre, de sa crosse, en posture mditative audessous de ces figures, qui a bti ce magnifique portail et y a fait mettre les nigmes. Au pilier qui spare les deux portes se voit aussi un vque qui met sa crosse dans la gueule du dragon ses pieds, sortant d'un bain ondoyant. d'o paratmerger la tte d'un roi tripte couronne qui semble se noyer : c'est le sage Artiste Chimique, lequel, par son art, fait congeler la substance volatile du dragon mercuriel qui veut s'lancer et sortir du vase qui le contient. Ce roi couronn est le sufre
aux pieds
volant qui dvore sa queue. C'est la pierre des philosophes, compose de I'espritthr et volatil. et le soufre, sel de nature,
: I'un reprsente un dragon
corporel, sec, qui dessche I'humidit et la convertit en Pierre. Le deuxime Der-
corps, sel anim, qui dsire reprendre avec avidit son me et son esorit. Le troisime a sous ses pieds la figure ridicule qui se rit et se moque des figures qu'il regarde et qui semblent se prsenter lui. C'est I'image des faux philosophes et sophistes ignorants, qui s'amusent travailler sur des matires htrognes,i86
sonnage a sous ses pieds un lion dont la tte se contorsionne vers le ciel. C'est le
roi, que vient aider I'Artiste
I'esprit thr, mercuriel, le sel sulfureux ou nitreux, et le sel alcali ou fixe: trois principes du chaos humide o se noie lechimique.
de nature, compos de la runion
de
Tout le travail de l'(Euvre est de monter et redescendre. l se fait le Magistre desaprs avoir mis dans l'uf cristaltin le poids des triples substances. Et I'on fera apparatre le feu et I'eau, le sec et l'humide,Sages qui dissout les corps, congle I'esprit,
dont on fera un seul parfait ptrifi en sel, qui contient tout, le Ciel et laTerre. Le magicien voyait les douze signes du
Zodiaque,
cuvre et hors-d'uvre.
jeu
des
connaLre tout alchimiste pour la russite de ses travaux philosophiques. Il admirait encore Ie Dragon volant reprsentant I'esprit universel Saisons que
doit
genre des idoles asiatiques. son aspect rappelant le Baphomet des Templiers, sa masse qui crase Ies Evques et les Rois...enorme...
. Omnipotence. Horreur.
Puissance
regardant fixement Blier, Taureau, Gmeaux. Il contemplait la Croix au trait quarr, portant une larme et un calicei quatre lments lmentaires de la Nature, ligne de Feu cleste, de I'air et de I'eau; larme humide de I'air pleine de feu vital, devant tre reue dans le Calice, rcipient o elle ne sera recueillie que par ceux de la connaissance philosophique : Vierges folles ou faux philosophes. Guillaume.Evque de Paris, possdait toute la science
des alchimistes. Il n'y a pas lieu de poursuivre la description de tous les signes symboliques et hermtiques des sculptures de NotreDame. To'-r: le Grand (Euvre, ses secrets magiques, ..;s emblmes, ses vocations, ont t comments par de savants philosophes de I'Art d'Herms et particulirement par Bernard. comte de Trvisan. s:,':rnt adepte de la Table d'meraude, q.ui a scrut l'sotrisme profond des tableaux bibliques taills dans la pierre, otr par exemple se partagent les lus et les Damns. sous la bndiction de trois doigts I'index lev (signe magique), du Christ en gloire, et sous la fourche triple dent (magique) de Satan.
Saint Bernard avait pourtant dit que le Diable pouvait apparatre avec la plus belle figure et sduire autant que I'Ange. On se rappelle le beau Dmon. sign de 1280, de la Cathdrale de Strasbourg; c'est un fianc gracieux. un jeune sducteur, tendant la main avec une nomme la vierge folle qui va s'en saisir. Son sourire vainqueur, sa couronne, ses cheveux
longs, expriment Ia noblesse. Mais les crapauds et salamandres qui s'accrochent son long manteau disent sa provenance infernale. Sa royaut n'en demeure
pas moins conqurante. Les magiciens y discernent un symbole expressif.
Le difforme Dmon de Notre-Dame de Paris, la bouche immense. dfiant la beaut, jette une horreur voulue. Ses seins lourds de graisse, sa tenue quivoque, sa volupt provocante, dans le
hideux, monstrueux
Que de dmons grimaants ou difformes.!
La foi passionne de l'poque des premires Croisades du xrre sicle s'tait vite estompe. On ne construisait plus de Cathdrales, ces miracles de pierre.Les grands ordres monastiques n'our87
ilI
vraient plus d'abbayes nouvelles. Roger Bacon. qui rformait I'enseignement. rait mort en 1252 en prison. Le prestige du pape diminuait. Crise religieuse aux xIVe et xve sicles. releve par tous les historiens. Dveloppement de la magie. en mme temps. L'vque d'Angers. Guillaume Le Maire, qui rciama la suppression de l'Ordre des Templiers. pour maeie. fit. au Concile de Vienne en l3ll. un svre rapport sur la situation de la religionau xlve sicle : Il arrive que lesfdles. a-vant plus de got pour les c'hoses de la chair que pour celles
riiI I
de l'esprit. quittent l'glise et ses offices, pour se runir en de tels lieux oit ils pratiquent leur cotnmerce ou leurs affaires. Par
suile, en (es saints iours oit Dieu devrait tre ador par-dessus lout. c'est le Diable qui esr ador. Les glises restent yides! les mes prissent.blesse.
fort faire. ll traita son roi. Louis VI le Gros. d'Hrode. et fltrit le train de vie fastueux de I'abb Sueer Saint-Denis. dont les toilettes. lcs biJoux. la cohorte de soixante chevaux blouissaient les pauvres gens. Toilettes de Jmmes! rugissait saint Bernard. Suger le Suger qui s'instruisit des sciences arabes et de la magie. Tolde. le Suger de l'art gothique fera amende honorable. De mme, saint Bernard rivera son clou au trop intelligent Ablard. I'aristotlicien et arabisant. Ce fut au Concile de Sens. en I 141, que Bernard, en colre. s'en chargea. Ablard repentant mourra saintement, avec ses mutilations, au prieur de Saint-Marcel, Chlons-sur-Sane.lement. eut
dans sa manie de l'austrit et du dpouil-
Le magicien regarde la Cathdrale
de
Paris. ses votes immenses. dmesures. dont les tours partent I'assaut du ciel.orgueilleusement. De vraies tours tle Babel!
Dieu est blasphm, le Diable est ryr. la Foi Catholique estclame
C'est le Diable qui est ador!
- codtempiant la profusion Et
des den-
l'vque.
La
Cathdrale resplendissait dans le
coucher du soleil. Elle rougeoyait et ses trois tours se refltaient selon le signe du ternaire dans la Seine couleur de plomb fondu. Saint Bernard tait profondment hostile au Iuxe des Cathdrales frottes d'or. dcores de tapisseries. ou les prlats se montraient dans des ornements brods de fils d'or. en tissus prcieux. et portant
raie de Damas. le magicien se rappelle i'exclamation de Pierre Le Vnrable :s.vnagogue de Satan - il sourit aux chimres. ! Arisrote. Et que I'on voit au portail. malgr la condamnation diabolique du Concile des vques.
telles architecturales. puis pntrant sous les immenses croises d'ogive en palmeUne
Bernard s'criait
:
aux collets des fourrures de grand prix. des manteaux trane de soie carlate ou d'hermine. Saint Bernard. Bourguigi' 'n. cistercien farouche, rvolutionnaire188
- L'Eglise brille tlans .es murailles. mais elle est nue dans ses pauvres ! Elle (ouvre d'or ses pierres et loisse sansvtentents ses enJnts !
Etrange saint Bernard. qui rdigea laRgle des pauvres Che'r,aliers de la Milice du Temple. et qui dit-on. connaissait
LA GRANDE ARCANE
HERMETIQUE
l'Hermtisme. qui voulut peut-e malgr
lui, que la magie influt sur laextraordinaire
et
destine
finalement voue au
guirlandes de diables triangulaires, hideux, crachant des ailes de chauve-souris. affreusement provocateurs et sexuels.
)
il
deuil, suppuration lpreuse. Le
bcher, des Templiers ! On allait voir I'angle de la clture du chur de Notre-Dame, sous le jub. une sculpture clbre, une figure du Diable, ouvrant une gueule norme, dans laqueile les fidles venaient teindre leurs cierges. La pierre sculpte tait toute souille des dchets et bavures blanchtres de cire, toute noircie de noir de fumee. larmes depeuple
Se montrer familier de
la
Cathdrale
dale. On I'a supprime. Le magicien prenait un cierge quiflambait haut et I'enfonait dans la gorge
I'appelait Matre Pierre du Coignet, parce qu'elle tait la pierre angulaire du coin, pierre d'achoppement et pierre de scan-
du Diable. Le grsillement de la cire le faisait sursauter; on et dit que I'onentendait un rire touff, rauque.
saints malheureux n'y sont placs qu'au second rang. Il suffit de regarder deux scnes du tympan du porche central, pour tre fix sur le matre qui est le plus fort. de Dieu ou du Diable.
de Notre-Dame de Paris, est-ce se montrer familier avec le Diable qui y rgne pleinement? Jsus et sa Dauvre cohorte de
qui pse les mes sur sa balance.
L'une, reprsente l'archange MichelUn
La Fte des Fous n'tait-elle pas uncarnaval de magie? Telle la Fte de I'Ane, la Flagellation de I'Alleluia, le convoi de Carme Prenant, la Diablerie de Chaumont, ces farces religieuses convenaient bien au dcor des sculptures grotesques, hrisses, menaantes, les animaux de
dmon prend une me avec I'aide d'un petit diable qui, avec un crochet, attire
I'Apocalypse johannite, les marmousets,les mascarons,les chimres et les gargouilles
et les dragons, les stryges, les tarasques,se moquait le peuple en touffant une indicible frayeur. A la voussure du portail du Jugement Dernier se voyait le Dmon la bouche bante. ddaigneuse. altire. Tantt blier, tantt chauve-souris. le Diable porte l'pouvante. A Saint-Benotsur-Loire. les moines ont reprsent des190
tous diables monstrueux et gtotesques dont
montre un dmon tirant une longue et forte chane retenant les rprouvi. ve la premire. un vque mitre en tte. des mondaines lgantes, coiffes de toques, des laics. un diacre. un roi couronn. Pour hter la marche de cette brillante socit, le Diable pousse les derniers par les paules. On sait que I'Enfer les attend. Ailleurs. c'est un entassement effroyable de dmons. de serpents. de damns. Un gros dmon tirant la langue est assis sur un monceau de damns qu'il accable de son poids. la bouche horriblement fendue, Ies oreilles dresses. pointues, des anneaux de fer au cou et aux oieds.
le plateau de la balance qu'il fait pencher tratreusement. II I'emporte. L'autre
Partout des dmons crochets de fer supplicient les damns. Pourrait-on vraiment y reconnatre I'empereur Frdric II excommuni pour sorcellerie en 1243 par le pape; et Al-bert le Grand rput rorci"r, et le sorcier Roger Bacon? Au portail de gauche de la Cathdrale,
I'origine des rcits qui dsormais la reprsenteront comme une nonne galante et lascive. Une vraie crature du Dmon. Le chanoine n'y alla pas par quatre chemins.
o la Vierge tient une croix garnie
de
LES INSPIRATIONS
roses, se runissent les initis Rose-Croix,
DE L'ART GOTHIQUE.MCOLAS FLAMEL
les lecteurs de Guillaume Lorris et de Jean de Meung en leur clbre Roman de la Rose condamn par Gerson en 1402 pour son Grand (Euvre. Jean de Meung n'est-il pas l'auteur du Miroir deI'Alchimie?
Au Moyen Age, I'art gothique
se
consacre concrtiser la forme des ides. Le culte de la philosophie aboutit aux symboles, aux secrets, aux allusions, aux expressions sotriques rserves aux ini-
tis. L'architecture prend une virtuosit extraordinaire, elle entre dans le domaine du fantastique, dans I'immense, le dmesur; elle s'orne d'un fourmillement defouillures presque extravagantes. ,tait-ce, comme on I'a dit, que I'art veut connotre l'pre volupt du sanglot et se secoue de
On lisait beaucoup Paris cette Ie nouveau rcit en prose du Roman de la Rose de Jean de Meung, rdig par le chanoine Jehan Molinet,poquebibliothcaire de Marguerite d'Aurriche,gouvernante des Pays-Bas. Dans ce magnifique ouvrage, sem de roses, le chanoine affirme qu'Hloise, abbesse du Paraclet,
fut
pouse Lucifer le grand maiste de tous les diables ! Le chanoine rapporte que I'abbesse rptait que puterie tait meilleure que mariagel (L VIII-XLI). Le Roman de Ia Rose fut comme la Bible laque du Moyen Age et une sorte de brviaire magique. La passion de I'abbesse pour le moine Ablard marque
termina ses jours dans I'hrsie et le pch, et qu'il est hors de doute qu'elle
nvrose, attir par la soufrance, mme par l'odeur de la mort? (Ren Schneider.) L'art gothique, bti au retour par les plerins, les Croiss, par les moines qui en avaient ramen d'Espagne maure ou d'Orient les formules surcharges de roses, de triangles, d'angles aigus, innerves de gomtrie linaire, libre des servitudes pesantes de la pierre, du poids, de la pousse, s'lanait dans l'orgueil de son ambition mystrieuse. Le chteau des Papes en Avignon rappelait le Krak des chevaliers de Syrie, terre de mystre, de soleil et de ferie. Les Cathdrales flambaient de leurs tours, belvdres, courtines lgantes que dominaient lesflches vertigineuses, souvent recouvertes191
courbes et contre-courbes, mouchettes, souffiets, s'entrecroisant en fine rsille comme les moucharabis des harems et des mosques arabes. lancement du gable, hauteur des faades accoles de luxuriantes. aux crochets, aux nervures ajoures. aux lobes courant sur les trfles, ies rosaces, ies ouvertures. Pointes, crochets, frisures vgtales, polygonies infiniment compliques, qui s'accrochent
de plomb dor; toujours soutenues
de
hauts contreforts. Arcs aux sinuosits
la mditation.I
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Cette passion d'corch, cette fureur du sinueux, du flexueux dentel jusqu'au paradoxe, ce raffinement vraiment extravagant, signes d'une flambe de I'esprit, expliquent-ils la marche des initis vers le feu, leur attirance pour l'Enfer? Pareille acuit, pareille dentelle symbolique de pierre, paille luxuriante et qui magie, qui respirent le mystre d'o mane la vrit cache, celle de I'efficacit des symboles sur l'me, le jeu, des rgles indicibles du Nombre d'Or, convenaientparfaitement aux alchimistes philosophes. Les Templiers y trouvrent leur aliment naturel. Le caprice et la fantaisie, I'agressivitflamboie, tant de secrets qui expriment leur
RI
du culte en or, en argent, en cristal, les vtements sacerdotaux rituliques,LAMANDRAGORE
et puis I'illumination des verroteries arabes des vitraux, le luxe des objets
barbare, la volupt orientale, la magie d'un livre d'images tailles dans la pierre
de pierreries, pareille opulence symbolique chatoyait dans la pense des adeptes. L'art gothique dont les Allemandschargs
-
192
revendiquent la paternit
souffiure dmoniaque. Un bouquet de sortilges fleurit dans ia magnificence de sa scheresse de lignes. son sotrismedes arcs, des angles, o la courbe et I'aigu s'achvent perpendiculaires. autant de .en slgnes magrques.
flambe d'une
Il gota l'horreur de la mort et de ce qui s'ensuit, jusqu' l'Enfer.dantesques.
L'Eglise insprait donc largement le drame philosophique avec un lyrisme exacerb. qui tendait faire des sensibilits d'corchs, d'hystriques. Le grotesque. le difforme. les animaux pouvantables, les monstres enfin, gargouilles dmoniaques, viennent couronnercette angoisse de leurs rires, de leurs farces. deieurs soties. L'obsession de la souffrance.
La-vie n'offre que le linceui prparatoire.
Le st: s de la vie occulte? Interrogez la pierre.Partout des Christs morts, des Vierges en larmes, des croix de supplice. L'agonie torturante, ie dernier cri dans ia bouche entrouverte. les yeux demi-clos, jouesamres de souffrance. Spuicres. descentes
de Ia mort, du jugement, du supplice, clate et se soulage en un ricanement. Rire. colre et bestialit.magie de la danse macabre.
Danse. danse frntique des vivants qui se repaissent de gloutonnerie. Telle est la
de croix, cadavres, mres de douleurs etde sept plaies. Ensevelissements lugubres.
vers. Le cortge des funrailles et
: ces dalles funraires, ces tombes portent des squelettes, des corps dcharns o la chair quitte les os. L'humanit? Une vraie pourriture o se promnent lesaussises
Oui, le Christ est mort. Les hommesOn allait aussi au Charnier des Innocents scruter ia vote de Nicolas Flamel, lieu de plerinage des alchimistes. Les fresques du Charnier. voulues par I'illustre Flamel. ont t reproduites sur
plourants rendent le deuil inconsolable.
La chevauche devient parfois fantastique : squelettes ou morts dcharnsbrandissant des faux et sabiiers. caracolant sur des chevaux pour aller chercher
les vivants. Danse. danse macabre ! Scnes du Jugement dernier, o damns sont majorit. fourchus. triomphants.
les
les enluminures du manuscrit du Juif Abraham. du milieu du xrne sicle. Flamel les a commentes lui-mme dans son ouvrage ; Explication des Figures hirogh'phiques mises par moy Nicolas Flamel. escrivain. dans le Cimetire des Innocents, en la quatrime Arche.Sept tableaux hermtiques, sept images magiques s'y voient :
DfiIs des dmons hideux. grimaants,
Le xve sicle se repaissait des visions
-
Jeune homme Mercure tenant cadu193
- Saturne en mage arm de sa faux : mortification du Mercure et sel -;- vitriol. Montagne avec sept cavernes etce
du
sept serpents noirs et jaunes : Sublimation mercure.
-
aveugles
du mercure.
Jardin des Hesprides, fontaine, qui cherchent : RevivificationRoi couronn ordonnant le massacre : Prparation de I'argent
des Innocents
ou l'or. Deux serpents en caduce : Solution et-volatilisation. Serpent mort crucifi : Coagulation et Fixation (Image gnostique).
Dsert de quatre fontaines, d'o : Multiplication. Enfin, on apercevait, peints, Nicolas Flamel et dame Pernelle sa femme. saint Pierre avec la cl; saint Paul avec l'pe. Dieu le Pre aussi, compltait
sortent des fleurs
mel, crivain public et
I'ensemble des significations occultes. Fla-
libraire-jurune
de l'Universit de Paris, montrait
la transmutation et faire de I'or. Il fut aid par sa femme, accumula de prodigieuses richesses. Trs pieux, prudent, il consacra une partie de sa fortune aux ditces religieux et son auberge charitable. Il donna beaucoup aux pauvres. Mais on parlait aussi d'autre chose. En 1394. Ie roi de France Charles VI ordonna I'expulsion en masse des juifs avec interdiction d'emporter quoi que ce ft. Beaucoup d'entre eux confirent leurs biens Nicolas Flamel afin de les garder jusqu' leur retour. Ces juifs ayant pri, soit massacrs Rouen, soit noys au Havre, leur fortune chut Nicolas Flamel qui, pour ne pas subir d'ennuis, dclara ouvertement qu'il devait la pierre philosophale cette subite aisance. (La Martinire, mdecin de Louis XlV, alchimiste sans succs, rpandit cette opinion au xvlle sicle.)Nicolas Flamel rvla que sa formule de I'or chimique, il la tenait du grimoire d'Abraham le Juif, prince, prtre-lvite,astrologue et philosophe, Ia gent des Juifs,
il se rendit dans les milieux isralites. Revenu en France, il entrepdt les travaux indiqus et, sa surplise, parvint ralisero
curiosit [e mena trs loin. Il se livra l'alchimie et fit de l'or. On dit que c'est lui qui dcouvrit les manuscrits d'Abraham le Juif sur le Grand (Euvre, ce qui rvla les secrets de la Kabbale.
passion pour I'occultisme; son insatiable
Nicolas Flamelde
il ,tij,
Il avait travaill l'hermtisme ayec un juif et reu d'un autre juif perscut
I'Art
fut un grand
par l'ire de Dieu disperss en Gaules. Il fit de I'or Paris : Je peux le dire
matre
Royal.
,t
ses livres et ses papiers dans lesquels se trouvaient des manuscrits venant d'un autre juif ayant habit les Indes. Ayant compuls cet ouvrage aux figures et dessins trs significatifs, Nicolas Flamel se le fit traduire de I'hbreu, en Espagne 194
Le bruit se rpandit rapidement Paris que Nicolas Flamel se procurait ses inpuisables richesses par la magie. Craignant pour sa libert ou redoutant - fit croire que le spectre du bcher il sa femme tait tombe fort malade. Bientt mme, il annona sa mort. On t un simulacre d'enterrement. Peu de temps aprs, on (( enterrait > aussi I'alchi-
avec vrit. (Lo Larguier.)
y
Philosophale ! Il avait rdig un testament qui distribuait ses richesses. ll demandait qu'une pyramide symbolique ft leve en souvenir de sa femme et de lui. Le couple vovagea aux Indes. dit-on.
miste, alors que dj, dit-on. il avait fui Paris pour la Suisse, emportant avec lui
sa Pierre
mena une vie philosophique,
I'abri
venait de lui supprimer partie de ses privilges fiscaux et judiciaires, et Ia soumettait au Pariement. En 1499, il lui enieva Ie droit de protestation. rasme et Rabelais ne se sont pas fait faute de critiquer et de moquer les ratiocineursterministes. scotisles
elie s'tait totalement engage. Le prince
et
autres.
du besoin, gardant la miraculeuse jeunesse millnaire due aux prodiges de la Pierre. Il a laiss Paris les sculptures herm-
tiques de
la Tour
Saint-Jacques.
Les Fraternits rosicruciennes I'accueil-
laient partout. Ses livres portent la rose
Nicolas Flamel fit incontestablement des transmutations. Sa femme Pernelle I'assistait. La Femme est Dour les hermtistes, comme ve, I'instigatrice. Elle est le symbole de la nature pour les alchimistes. La Nature qui mne la perfection. Le Soleil est le Pre, la Lune. la Mre. Sophia est marie son amant divin.
symbolique. On en possde Paris qui prouvent.
le
Sophia pour les gnostiques
a
montr
Ies voies de la Connaissance. Les chefs de
de
Pierre Crockart professait. ainsi que Nol Bdier. Jean Mair, Jacques Almain. L'ocklamisme et I'averrosme taient en vogue. Ocklam et lvlarsile de Padoue, ds la premire moiti du xrve sicle, avaient lanc le mouvement qui freinait les aspirations pontificales, sparait nettement le spirituel du temporel. Leurs doctrines devaient largement influencer Machiavel et Luther. Jean Duns Scot, au dbut du xrve sicle. Guillaume d'Ocklam, un peu plus tard, taient deux grands docteurs franciscains, qui s'efforaient de rejeter la raison des affaires de la foi. pour aboutir au criticisme et au scepticisme. Il s'en dgageait une puissance objective du libre arbitre et de la volontI'homme.
proclamer pour Reine. Marie (Vierge).
I'glise eurent lutter contre la glorification de la Femme. avant de s'y jeter et
L'Universit de Paris tait en mouvement. Le roi Louis X[ ne lui pardonnait pas sa soumission aux occupants anglais. ni le procs de Jehanne d'Arc. dans lequel
Le criticisme tait la mode Paris. Il renouvelait totalement les notions du Bien et du Mal, qui ne s'excluent pas ncessairement. Il donnait aussi libre champ la magie. L'ombre de Dante revivait sur les rivages pittoresques de la Seine. au porche notamment. de I'antique _elise des tudiants, SaintSverin, ou sous les votes de SaintJulien-le-Pauvre, la plus vieille glise de Paris. Le Proscrit Sublime. comme on a qualifi Dante Alighieri. banni de Florence. illustre par sa Divine Comdie qui le plaait au rang sublime d'Homre.r95
Gunon, il tait johannite et gnostique. initi l'sotrisme et pour cela on I'a parfois qualifi d'hrtique. C'est que Dante appliqua la Kabbale aux dogmes chrtiens. Son voyage aux
d'Horace. de Lucain. ouvrit la voie des mystres et des vocations. D'aprs Ren
qui inspireront Ies voyages des grands magiciens du xvre sicle, s'accomplissent comme une initiation aux mystres d'Eleusis et de Thbes. Virgile est le guide occulte. Il carte du gouffre du dsespoir le voyageur. Il ysurnaturels.
Enfers. ses itinraires travers les mondes
proue tourne vers I'Est. jouissait d'une clbrit et d'un prestige grandissants depuis la monarchie captienne. la cration de I'Universit venant doubler l'cole cathdrale. Rue Galande. rue de Ia Boucherie. autour de Saint-Sverin. encombre des tudiants. autour de Saint-Julien-le-Pauvre rempli d'effiuves magiques. les tudiants entouraient lesmatres libres et tudiaient dans le souvenir
la
tte, position de pure magie. Il faut comprendre que I'initi prend le contrepied du dogme et qu'il remonte la lumire, en se servant du Dmon mme, comme d'une chelle monstrueuse. liphas Lvi crit : C'est. dj le protestantisme dpass, et Ie pote des ennemis de
ses pieds
chappe. en mettant sa tte la place de et ses pieds la place de sa
de Dante et d'Ablard. La passion culturelle pour les Antiques clatait. En France comme en Italie et en Allemagne et en Angleterre, on s'abreuve la lecture des philosophes paens. la beaut des pages
d'Homre, de Virgile. de Platon. de Cicron et de Plutarque. Tout au long de la montagne SainteGenevive, Ies clercs animaient les auberges. Les successeurs de Franois Villon hantaient les tavernes, chantaient.vivaient en mauvais garons. coupant les bourses. maraudant plus qu'ils n'apprenaient. Les professeurs rguliers du cha-
Rome a. di devin Faust montant au ciel sur la tte de Mphistophls vaincu.Cent cinquante ans avant Faust. Dante, au xIVe sicle. a accompli la rsurrection de toutes les doctrines occultes. de toutes les religions. par son ascension mystique
pitre Notre-Dan ivaient beau alerter les gens d'armes ci r Prvt. les moinesde I'abbaye Saini-riermain-des-Prs, ceux de I'abbaye Sainte-Genevive au sommet de la colline. ils ne pouvaient rien contre ces garons de tout ge qui s'intitulaient
aux cieux.
ll a choisi pour guide
saint
Boniface VIII. il condamnait aussi aux pires tortures Philippe le Bel. perscuteur des Templiers. Machiavel, aigu, pntrant. avait prdit que I'Eglise serait chtie. Repentez-vous! clamait Savonarole brl.
Bernard, fondateur du Temple. Ces figures de magie sont extrmement loquentes. Dante tait plutt Joachimite. il haissait
des
tudiants, qui dclamaient pomes et dialectique et qui frquentaient la courMiracles.
La cit franaise. belle nef lutcienne
Paris semblait le lieu de dlices et de perdition de la jeunesse. le paradis de la jouissance intellectuelle. Pour certains. c'tait I'antre du Diable : trop d'arguties, trop d'coles, voire d'hrsies s'y affrontaient. au choc des verres et aux rires des femmes. Les matres du
t96
Chapitre de Notre-Dame s'indignaient avec Ies chanoines. de ces dbauches de I'esprit et du corps. ces dbordements deperversit philosophique. cette passion pour la magie. en ces ruelles de la vieilleRive Gauche mdivale que saint Bernard
copale. s'achve ds le xrv" sicle. Une lermentation de systmes nouveaux clt
suppliait les jeunes de ne pas frquenter Fuyez cette Bab"v,lone. rtt),ez et sQuvez
:
xv" sicle. fconde par les Acadmies italiennes. I'Humanisme de Marsile Ficin. L'aristotlisme lac des Universits. notamment celle de Padoue. le platonisme de Nicolas de Cuse. prouvent que la pense rationnelle venue de Grce paravec le
vos
mes
!son
Mais venait-on Paris pour sauverme?
l'apport arabe. enrichi des magies de l'Orient. bouleversait la civilisation chrtienne. La question primordialeest toujours
matres en thologie y ctoient les tudiants pauvres comme les truands et leshres affams. Des foyers intellectuels plus
Paris. c'est la rose magique du monde. le baume occulte de l'Univers. mundi rosa. balsamunr orbis. Docteurs s-Arts, s-Mdecine.
Pour la jeunesse estudiantine,
celle des rapports de la raison et de la Foi. un conflit qui donne libre essor aux partisans de l'occultisme. Le xrve sicle sonne le glas du systme philosophique chrtien prtabli. C'est
le sicle de l'chec. C'est aussi le signal de la magie quiretrouve des ailes.
ou moins rvolutionnaires
se
groupes
de goliards. de gibelins. deyattaquent
forment. Des
rgime. sapent la papaut. la religion, professent une idologie rvolte.
le
magistes pris de sorcellerie.
LE MOTNE RABELAIS< DOCTISSIMUS>
tour du Palais. que Charles V a fait construire en 1370 Dar un ouvrier allemand. Henri de Vic.
commette.-: des pratiques interdites. dans les fosss -,e la tour de la seule horloge que possdent les Parisiens. celle de la
raTr-IT UN
SORCIER?
Comme I'a justement crit M. mile Brhier, le Moyen Age intellectuel fix par I'enseignement philosophique des matres religieux. ceux de i'coie pis-
Rabelais, sous ses normes farces. cachait les rvlations d'un occultiste. d'un initi qui savait la ncessit de l'affabulation et de la lgende. pour faire passer en les dissimulant. des anathmes. des leons. des messages secrets. des rvlations sotriques. Sensuel et factieux. le moine Rabelais. grand savant encyclopdique et critique, homme d'opposition. avait tout pour plaire Faust qui jouissait du mme temprament. On a dit souvent que le Moyen Age avait donn deux livres parfaitement occuites pour l'lvation et197
I'instruction des mes
: l'Imitation
et
Gargantua. Le moine mdecin tourangeau. docteur universel. comme tous les esprits forts de ce dbut du xve sicle, cachait,
pour se fortifier dans la connaissance thologique comme Faust. Rabeloesus Chinonsis avait vingt ans en l5l0; ilsavait la mdecine, I'astronomie, la philologie ou science du langage et des mots, ilse
sous sa bouffonnerie. une sagesse et des thories dignes de I'Antiquit. Il naquit peu prs en mme temps que Johanns Faust, passa quelques annes au clotre
toutes les traditions secrtes des alchimistes. L'ide n'tait pas nouvelle, d'envelopper Ies thories initiatiques d'un voile d'affabulation. de lgende. de conte de fes. d'aventure. L'Illade et I'Odvsse. texte magique. et puis La Divine Comdie occulte de Dante. ou le Roman de la Rose. symbolique, et le Songe de Poliphile contenaient une forte signification sotrique. Dj. dans un mystre du temps de la vie de saint Louis, se voyait un Penthagruel. dmon qui versait du sel dans la bouche des dormeurs... judaque mangea un livre et fut clerc jusques aux dents; prsentement vous en boirez un et serez clerc jusques au foye. Tenez. ouvrez les mandibules. Panurge ayant la gueule be. Bacbuc prit le livre d'argent et pensions que fust< Jadis un antique prophte de la nation
rvlait affam de lectures et de connais-
sance. Son hellnisme.perscutions.
son admirationles
pour rasme, lui attirrent rapidement
Il alla se rfugier au couvent Fontenay-le-Comte et I'on rapporte que ses prdications ftaient exemplaires. Doctissimus. disait-on de lui. Mais ne racontait-on pas qu'il s'esbaudissait mlanger au breuvage des moines des
de
blouit ses malres par sa science. car il parlait couramment le latin, le grec. l'hbreu. I'espagnol. l'italien. I'allemand. et I'anglais. Son Almonaclr de 1533 il en publiera jusqu'en 1550 est -sign de son nom. docteur en mdecine et professeur d'astrologie. Gargqnrua et son Pantagruel en 1534 furent des vnements. On dchiffrait sous son extraordinaire galimatias un occultisme o se retrouvent198
plantes eschauffantes ou refroidissantes? Ne disait-on pas qu'un jour, il prit la place, sur son pidestal. de la statue de saint Franois? Aussi Ie couvent l'expdia-t-il in pace. au cachot. au pain et I'eau. Rabelais y puisa son mpris pour les gens d'Eglise. A Montpellier. il professa. A Lyon. il
qui estoit comme d'un brviaire;
vritablement un livre cause de sa forme,mais
c'estoit un vray et naturel flacon, plein de vin Falerne, lequel elle fit tout avaler
Panurge. < Voicy. dist Panurge, un notable chapitre. et glose fort authentique :est-ce
tout ce que voulait prtendre le mot de la Bouteille Trismgiste? > (PnNrncnuel). Saint Jean. en effet. a crit : < Et la voix que j'avais entendue ciu ciel me paria de nouveau et dit : ( Va. prends le petit livre ouvert dans la main de I'ange qui se tient debout sur la mer et sur la terre. Et j'allai vers I'ange en lui disant de me donner le petit livre. > Et il me dit : < Prends-le et avale-le: il sera amer tes entrailles. mais dans ta bouche il sera doux comme du miel. >
aval, mes entrailles furent remplies d'amertume. Puis on me dit : < Il faut que tu prophtises de nouveau sur beaucoupde peuples. de nations. de langues et
Je pris le petit livre de la main de l'ange, et je I'avalai ; il fut dans ma bouche doux comme du miel. mais quand je I'eus
On sait que la lettre G est attache la symbolique des Rose-Croix. (Lire PaulNaudon.) Le moine Rabelais fut initi une secte de Saint-Jean Rosicrucienne. Le gamma fut I'attribut de saint Jean. Il avait raison de cacher ses convictions sous le voile de
rois. > (APocALYPSE.
X.8-ll.)
de
la
fantasmagorie,
et
quelles profondes
leons se dcouvraient. la recherche de la Connaissance philosophique, sous les aspects trompeurs aussi grossiers que
La gomancie et la Kabbale courent dans cette prodigieuse chanson de geste.Soufre (la forme) donne au Mercure (la matire) ses compositions. Le Sel. mdiateur des corps. peut tre converti en or pur. Le Sel est aussi le correspondant du
le
Le sel de Rabelais. c'est la matire absolue.
mouvement. l'nergie
par quoi
Ie
Nombre d'Or. Le vin est signe magique du soleil. de la connaissance aussi. Le symbolisme du vin et de I'ivresse qu'il produit. la boisson de vie, conservent I'ide cosmique de vieuniverselle. Le royaume de la Quintessence ? Rabelais a emprunt ce mot et sa sjgni-
ici la J'ontaine Phantastiqae du Temple cle Bacbuc! Le langage du mage, dans cette substantifque moelle. L'Ars Magna. Rabelais pratiquait I'alchimie. Sa dive Bouteille. c'tait I'(Euf Philosophal. La Bouteille Trismgiste; la vigne, n'est autre que la Pierre des Philosophes, la matire initiale dont on tirera la Pierre Philosophale. Et Faust chantait avec Panurge : Sonne le bequ mot. je t'en prie Qui me doit oster de misre. Ainsi ne se perde une goutte De toi, soit blanche, ou soit vermeille!
les masques gants - Thtre Antique du
L'lixir de la Connaissance. la lioueur de la Jeunesse ternelle! Pour son extra-
la soif du Vin qui, soussecrets kabbalistiques.
ordinaire voyage, Rabelais avait choisi les dehors duIes
vision suprme de connaissance. Le G abonde dans son ceuvre : Gna se trouvait dj en 1459 dans Le Songe de Poliphile. lorsque le moine dominicain,son auteur. Francesco Colonna. dcrivait
la Kabbale. exprime la
fication Paracelse. La lettre G, comme toutes les lettres deSagesse
drglement de I'esprit, permet les sciences
et
interdites. les prclictions de voyance,
la
Frre Franois Rabelais dut s'enfuir et se cacher, car on Ie dnona comme essentiellement dmoniaque. Son initiation I'hermtisme, son got de I'alchimie et des arts divinatoires de la magie,se compltaient,
le temple merveilleux. lci. c'est I'initialede Grandgousier. Gargamelle. Gargantua.
en effet, d'attaques viru-
Ientes contre les thologiens. les sorbon199
nards. sorbillants. sorbonagres, sorbonicoles! Elles galent ses traits contre les dvots, cagots. matagots, bigots. moines et dignitaires clerigaulx. cardingaulx et
Les apparitions de Jehanne procdaient.
allrmaient-ils. des dmons Blial. Bhmoth et de Satan. bien entendu. leurchef.
aller en gele. Il affirme donc officiellement les meilleurs sentiments et le plus grand respect pour les papagaults. Gnuflexions. N'tait-ce pas l encore un trait
poix inutile de la terre. Mais Frre Rabelais se mfie de la discipline. Cornlis Agrippa, qu'il a dpeint sous le nom de Her Tripa. est fort suspect et frre Rabelais ne tient pas
papagaulx bossus, borgnes. boiteux, manchots. podagres. c'ontrefaits et malifciez.
sation. qu'il tait tabli que Jehanne portait une mandragore cache dans son sein. d'oir elle tirait son merveilleuxpouvoir de divination. de commandement
On rapportait aussi. dans l'acte d'accu-
et d'influence. ainsi que son pouvoirgore.
de conqutes. (Laurens Catelan.) Les < voix >
n'taient autres que celles d'une mandra-
La mandragore, en effet, disait-on couramment. permettait de livrer bataillesuivie toujours de victoire complte; ce pourquoi la pucelle d'Orlans. rapporte le chroniqueur../ut accuse d'avoir longuement tourment les Anglais par la ./brce et Ia vertu magique d'une mandrogore. Le clbre jsuite Martin del Rio dnonait en 1429 les droites Sorceries et Hrsies. dues au merveilleux pouvoir de la mandragore. Il raconta comment il dcouvrit dans les effets d'un licenci suspect, outre un livre plein de formules magiques. un petit homme mandragore virunculus mandragoreus. qu'il mit en pices. arrachant ses membres et les jetantau feu. devant les regards pouvants des clercs qui savaient qu'un affreux malheur allait fondre sur le jsuite tmraire. En ce temps du xv" puis du xvle sicle on se rptait aveuglment les vertus magiques cle la mandragore.
de
Satan?
Franois Rabelais chappa de peu au bcher. L'glise ne s'y trompa pas : FrreRabelais est
un
Rvrend Pre en Diable.
LA TRS CURIEUSE HISTOIREDE JEHANNE ET LA MANDRAGORE
On discutait beaucoup au Moyen Age Paris
Anglais, ranim le courage, fait couronner le Dauphin et qui fut finalement brle pour sorcellerie. Cinquante ans avant la naissance de
allusions dans leurs sermons I'aven- de ture particulirement horrible de Jehanne la Lorraine. qui avait sauv la France des
et les religieux y faisaient maintes
de Domrmy. avait t rdig,
Faust. le Procs de Jehanne la visionnairela
demande des Anglais. par six des meilleurs
thologiens de I'Universit de Paris. Sur ordre de l'vque Cauchon. ils conclurent nettement la magie satanique.
Qu'est-ce q.ue [a mandragore. cette piante dont les racines sont fourchues comme des jambes, la tte chevele. le corps velu. qui ressemble une formehumaine?
201
Connue des Anciens et notamment d'Hippocrate, la mandragore est une plante semblable la belladone, dont les racines paisses ont toujours pass pourpossder des vertus stupfiantes, rotiques et merveilleuses. Ds I'Antiquit. on la conseillait pour la prparation des philtres et enchantements magiques. La Bible. dans la Gense. y fait allusion. puisquemre
lise la terre. C'est le mariage de la Terre et du Ciei. Les gnostiques dmontrentses
origines royales et sacerdotales et
la belle et strile Rachei devintaprs en avoir absorb.
La recette de Rachel tait connue en Italie. SelonLaurens Catelan (1568-1647), c'ette racine
l'eau baptismale I'ont ointe. Pour cueillir la mandragore et I'arracher la terre. car c'est sa racine aux formes humaines. qu'il faut possder, cent prcautions sont indispensables : choisir un jour propice, le vendredi, jour de Vnus, ou le samedi. jour du Sabbat. Les uns conseillent I'obscurit de la nuit, d'autres le lever du jour. Certains recommandent le dbut de septembre; d'autres la nuit de Nol. On entoure la plante d'un triple cercle magique, et I'on grave sur son corce un triple signe de croix. Il est bon. pour I'apaiser par un fluide fminin, de rpandre autour de la plante,
milent I'Adam originel
le chrn" ;t
l'
:i-
n'est autre chose que sperme t'iril. La tradition rabbinique veut qu'eile ait pouss au paradis terrestre, au pied deI'Arbre. Au Moyen Age, la mandragore est une panace. On la prend en cataplasme. en bouillon, on la garde au lit dans la main.
du torticolis.
Elle g,:rit de la langueur. de la migraine,
Hildegarde de Bigen. au xrre sicle. dtaillait ses meilleures qualits. Prise avec du vin. elle chasse la mlancoliede l'me, elle ranime le nauseux. Pierius
un peu d'urine ou de sang menstruel d'une jeune vierge. Un chien noir. dress fouiller laterre, aide dterrer la racine. Lorsqu'elle apparat, on y attache le chien, qui,
violemment command. accourt
son
rain de Faust. disait que cette
Valerian, n en 1477 et donc contempo-
racine
humaine donnait une fume dont la force
est entre le venin et le dormir. On lui ses vertus extraordinaires. d'abord du fait qu'elle est le produit vivant de la tere. d'oir sortit Adam. premier lment vital de I'humanit. des animaux et des plantes. Tout ce qui croit sort de terre.Plusieurs lgendes tbrt anciennes veulent que I'on ait trouv dans la terre. dans leconcde des vertus aphrodisiaques. fcondantes, gurissantes. La mandragore tient
matre. en arrachant de I'humus matriciel la mandragore. qui souveni pousse un cri d'enfant bless. ll faut immdiatement offrir en holaucauste aux divinits souterraines, le chien. que I'on excute au
poignard
de la mandragore sont
mme d'o sortit la plante miraculeuse. L'aspect humain, les membres, le sexe
et que I'on enterre au trou
elTrayants. ll faut aussitt la baigner. la nourrir de lait,
humains. La pluie venue des dieux vita202
sillon du laboureur. de petits
tres
de vin, I'habiller de blanc et de rouge pour effrayer les puissances dmoniaques qui voudraient s'en emparer. car la mandragore vivante. comme I'homme, tient de Dieu son crateur. mais peut
tomber au pouvoir satanique du Princedes Tnbres, qui en fera un pouvantable
doit
usage. Le rouge cardinalice. couleur du sang du sacrifice et de I'Esprit-Saint. convient donc. La racine antrooomorohe chapper
La mandragore poussait non loin de I'Arbre des Fes de Jehanne, Domrmy, I'ombre duquel les malades, quand ilspeuvent se lever. vonse
promener. consigne
dans une armol're toffe. ou dans une cassette sur laquelle on a dessin un gibet, un supplici er une plante. La mandragore pousse en effet sous les pendus. On la trouve au pied des potences. C'est le sperme du moit qui l'a procre. Elle contient I'me des dses-
l'Enfer. On ia gardero
le Procs de Jehanne d'Arc (trad. Ourel) L'vque Procureur v voit la main duDmon.
: Dieu ne peut pas soutenir de ses inspirations les ennemis du roiment majeur
Procs de sorcire et d'hrtique. Argu-
le Diable peur inspirer
Henri Vl. seul roi lgitime de France; seul,
Jehanne
Ia
Celui qui la possde chappe aux attentats, peut se rendre invisible, ellepeut faire mourir celles du voisin. C'estelle qui indique oir les trsors sonr enfouis. fconde ses vaches et double Ieur lait. elle
prs.
La lecture du rquisitoire de Jean d'Estivet, accusateur. dura deux iours. Ds son enfance. dit-il. Jehanne prtique les sortiiges. fait mtier de devineresie.invoque les Esprits malins, a conclu pacte avec le Diable. Hrtique. Sorcire. Dmone. Blasphmatrice de Dieuet des Saints. scandaleuse, sditieuse. belliciste. cruelle. altre de sang humain et poussant au meurtre... elle avait abiur Ia pudeur de son sexe... S'est fait notnmer la Pucelle. menteresse. pernicieuse. abuseresse du peu-
Guerrire. L'Angleterre remit dix mille l-rancs d'or pour la livraison de la Pucelle.
Glissez prs de sa racine,
pice de monnaie, le lendemain vous ent.rouverez deux
le soir, une
et
plus.
Possder une mandragore donne Ia jeunesse ternelle. le pouvoir. la richesse. Mais de qui donc tient-elle son prodigieuxeffet?
La racine merveiileuse est une oouoe magique. On l'entend parler. c.ler.' se plaindre. Elle est I'homunculus des ohilo-
ple. devineresse, superstitieuse.,. prsomptueuse... venteresse. idoltre... dissolue.invocateresse de diables. apostate. schismatique. hrtique. relapse.
On dit qu'au bout de sept ans. elle devient un enfant bien conform. qui a tous les aspects bien qu'un peu difforme
sophes. dont nous avons parl.
Tandis qu'elle attendait pour
tre
-
des humains.-
les Nymphes et les Gants. dont la Divinit ou le Dmon se sert pour excuter ses desseins. Ce sonr plutt des ons. ou des Esprits. ou desAnges.
C'est ainsi que naquirent les Sylvestres.
du pilori un sermon vindicatif d'un qui la couvrit d'opprobre. Dans lescertain docteur en thologie. Nicole Midi.flanrmes. Jehanne cria Cauchon : vque!
brle, Jehanne dut encore subir au pied
Jean d'Estivet mou_rut de la lore. Nicole Midi se noya dans un egout. Quand l'vque Cauchon. il mourut203
C'est par t'ous que je
meurs !
d'apoplexie quelques jours plus tard alors qu'on Iui faisait la barbe. bcher. le Grand Inquisiteur de France. Jehan Graverent. prieur des jacobins. du haut de la chaire de Saint-Martin-desChamps. en grande solennit et avant la procession, fltrit le souvenir de la Pucelle. Encore une fois, il I'accusa formellement de pacte avec I'Enfer. Jehanne fut brle pour avoir appei
Un mois aprs son
excution sur
le
parents. tait Jean de Craon.chtelieries.
qui le tint en tutelle la mort de
Du Guesclin. Son pre tait seigneur de Biaisen et de Chemill. Son grand-pre,
ans. il pousa une des riches hritires du Poitou qui lui apporta de nombreuses
A
ses
seize
armes
et combattit dans I'arme
Il
se destina la carrire des de
le grand capitaine Gilles de Rais. qui guerroya si courageusement pour lanaissance de Johanns Faust. son retentissant et dramatique procs pour sorcellerie secoua la Cour de France et I'Eglise. Le jeune marchal de France. accus de
Satan I'aide et pour avoir extermin I'arme angiaise. Son fier et noble compagnon d'armes.France
Trmouille tait par ies Craon cousin de Gilles et c'est lui qui lui commanda de rester auprs de la Pucelle et de comcampagne d'Orlans, la secourut lorsqu'elle fut blesse la poitrine l'assaut des Tourelles. c'est lui qui dcida de chasser les Anglais de Touraine avant de conduire Charles VII se faire sacrer battre ses
Il tait la cour de Chinon quand v vint Jehanne d'Arc en mars 1429. Le ministre et favori Georges de laIl aida Jehanne dans ia
Charles VII la tte d'un corps de troupe entretenu ses frais.
sort meilleur. Quarante ans avant
qu'il aida librer, n'eut gure unla
cts.
faire de I'or avec les alchimistes.
accus
de sabbat avec ies pires diables. accus de
diable Baron. ll avoua nettement son pacte infernal. Il fut I'invocateur des dmons, comme ie qualifia en 1440 ie Grand Inquisiteur.LE PROCS DE GILLLS DE RAIS. MARCHAL DE FRAI.ICB ET SATANISTE Gilles de Rais, baron de Machecoul et autres lieux. tait un MontmorencyLaval et arrire-petit neveu du conntable204
sodomie, de meurtres d'enfants pour ses vocations, reconnut les services de son
lui qui ga-sna Jargeau. Beaugency. Patay. Lors de la marche sur Reims, ii fut dans I'escorte royale. L, le roi le nomma marchal de France. ll avait vingt-trois ans. Il fut charg avec son frre. le comte Ren de la Suze. d'aller chercher I'abbaye de Saint-Remi laReims. C'estmarcha sur Paris. Bedford et I'arme anglaise attendaient les armes franaises.Sainte Ampoule. Selon le grand dsir de Jehanne. onJehanne
et Gilles avaient pour objectif la porte Saint-Honor. C'est l qu'elle fut blesseguerroyer pendant huit ans encore. ll abandonna les armes aprs avoir t led'une flche la cuisse. Quand Jehanne fut faite prisonnire. Gilles continua de
Deux corps attaqurent Paris.
la Dame des Armoises. dont il voulait faire la nouveile Jehanne d'Arc.chevalier de
bien inutilement d'ailleurs. Retir de la vie des armes. Gilles de Rais se consacra Champtoc la vie fastueuse d'un grand seigneur, marchal de France. Fort intellectuel. ii se composa une trs importante bibliothque. aimant lui-mme enluminer et calligraphier. A Tiffanges, Machecoul. Gilles de Rais donnait des tes fastueuses. entretenait une collgiale avec doyen. archidiacre, chanoines. chapelains. vicaires coadju-
revtus de dentelles d'orfroi. satin. plumes. brocarts. joyaux et ors. Sa garde tait de deux cents hommes cheval, chaque chteau tait dfendu par
teurs, enfants de chur. pages de musique
dans I'Orlanais. I'Anjou. en Bretagne, Jean V, le principal acqureur. refusade publier la dfense. Il acheta Champtoc,
Gilles de Rais dpense trs largement. Il monte des pices de thtre o il emploie cinq cents acteurs : le Mystre d'Orlans fut jou dans beaucoup de villes. Pour ces ftes, ces dfils. ces luxueux apparats, il vend ses proprits. Sa famille se plaint au roi qui, Amboise. signe l'ordre d'interdiction de continuer d'aliner ses biens, ordre qui fut proclam son de trompe
jalousie de Jean V, duc de Bretagne, et de l'vque de Nantes. Jean de Malestroit.
cinq cents pertuisanes. On comprend la
GILLES DE LAVAL. BARON DE RAIS
va acheter Machecoul peut-tre. Gilles beaucoup de dettes. Pour se procurer de I'or, Gilles de Rais se livre I'alchimie. Il pousse avec tant d'ardeur ses travaux pour parvenir la Pierre Philosophale, qu'il en perd le temps de manger.
a
il
Il
'entoure de magiciens. fait venir
205
Tiffan-ees et avec I'aide d'Antoine et Franois. deux Lombards qui ont travaill pour un ortvre de Paris. ll erprintente
tout un matriel. Il installe un laboratoire d'alchimiste avec four. en son chteau de
le mercure.De Florence. on lui ramne un magiste.
l'abb Franois Prelati, du diocse de Castellane. qui le pousse la magie crmonielle. Le docteur de Ia Rivire enest fort partisan.
L'acte d'accusation rapporte que Prelati disait expert en I'art prohib de gomancre. C'est dans un bois prs du chteau de Tiffan-ees. qu'avec deux autres magiciens. Gilles voqua les Esprits et invoquase
le
livrant tout le rituel satanique.
Dmon. appelant Oriens, Belzebuth. Satan. Belial brlant. myrrhe. alos. sePour cette conjuration aux malins Esprits.
on remarque les Jntres lucarnes de ladite salle ouvertes. les genoux f e;chis pour
invoqua et .frt invoquer. et par lesdits malins Esprits toulait .iaire pacte par le ntoven desdits Esprits avoir et recourrer
obtenir des dits malins Esprits et aussi ledit Gilles. accus. les adora et eux sacrifra.
et avec eux communiqua et participa leur dogme. demonda et lut les livres des arts prohibs et les tudia et toue son intention
tresors, er en d'autres arts magiques l'instruire. et par ce nloyen avoir grands honneurs et pouvoir prendre et tenir c'hteaux et villes. A prsent. il convient d'offrir Satan la main. les yeux er le cur de jeunes garons. tandis que Prelati accomplit les rites invoquant le Malin Esprit. Cela ne russit pas. alors le magicien entre e/t conversation avec des devins et hrtiques er ce perptuer les sollicita plusieurs .f'ois
I'or philosophique, ni la Pierre. Il dcide donc. conseiil par Prelati. d'effectuer des sacrifices d'enfants. auxquels. lui dit-on. Lucifer est particulirement sensible. En effet, il a envoy Sill. Blarichet, lui chercher des tlevins. tlevineresses. invocareurs et confurateurs de dmons qui puissent lui avoir de I'argent. r'vler et dcouvrir des
nomm Baron >. en une cdule crite et de sa main. Mais les oprations le Gilles de Rais demeurent infructueu : ni I'alchimie ni la magie crmonieiie ne lui apportentsi_sne
s'il pouvait. science. puissance et richesse er que c'e -fut est lrai. (Procs.)bois. dans un pr. que se fait l'inroc'ationdes
et esprance et esprit ]t apporlases
et
C'est tantt dans une salle. dans un
ntalirc Esprits. Les tmoins dposrent. Ils prcisrent que l'Esprit se dnommait Baron. conjur < avec feu et cercle >. le cercle magique. Une autre fois. c'est dans la maison mme des Frres Mineurs. Bourgneuf prs Nantes. que Gilles fait plusieurs invocarions et conjurations oux mali Esprits. ll demeure prouve que le magicien signa un pacte ( avec l'Esprit206
damnables dogmes et autres voies pour invoquer les mauvais esprits, et les c'onclusions des clevins et irrvocateurs metlait en dogme. et que ainsi .fitt et est vrai. Ses complices sont Gilles de Sill, le
fxa
en
et
docteur de La Rivire. Henri et rienne Corillant. Henriet, Griart. Jean Rossignol, Spadin, Roger de Briqueville. consentants
participants en dits arts magiques.
in.vocaions. divinat ions.
Dans la chambre haute de Champtoc. Gilles de Rais effectue ses rites sanslants.
Il fait l'preuve de la tte sanglante quipane.
Lucifer, qu'il crit et signe personnellement avec une goutte de sang. (Procs.)
Une sorte de fureur dmoniaque s'empare de lui. Il frappe de la dague et du bton ou trangle les jeunes enfants qu'il se fait remettre pour ses oprations. Il leur imr : des tourments. les suspend par une !):r'che ou crochet avec des cordes el commet avec eux le vice sodomique, et I'acte d'accusation ajoute : lesquels
Une autre nuit. Gilles cie Rais veut procder une invocation. Prelati s'avance seul et revient effray. car il a vu apparatre un serpent dont il avait eu grande crainre.Gilles propose d'aller au-devant de lui avec une relique. un fragment de la
vraie Croix qu'il possde. LePrelati I'en empche.
les plus belles ttes et les plus beaux membres cruellement les regardait etJisait regarder, et se dlectait, et que trs sotlvent, quand lesdits enfants mouraienr. s'asseyait sur leur ventre et prenait plaisir
enfants morts
il
baisait. et ceux qui avaient
les voir ainsi mourir. Il brlait ensuite les cadavres dans la chemine. Frre Franois Prelati accomplit les rites. Il trace un cercle. c'roix et caroctres faits sur la terre. rcite les formules d'un Iivre magique qu'il a.vait apport, auquel il y avait les noms de plusieurs dmors et paroles pour c'onjurer et invoquer les dmons. L'trange religieux croit pouvoir voquer ie Diable, mais hors la prsence de Gilles de Rais. Baron est apparu. Il demande au magicien ce qu'il veut de lui. Celui-ci dclare requrir science. richesse er puissance et pour son matre.de revenir au premier tat de sa seigneurie
faut mnager le Diable. et Baron apparat Prelati et lui montre une grande quantit d'or et entre autres un lingot d'or. ll est sur la bonne voie. On tue le fils de Le Barbier. le ptissier qui loge face au chteau. A Josseiin. il fait tuer plusieurs enfants. A Bourgneuf il excute un beau jeune homme nomm Rodigo. Il tue le page de Guillaume de Sauxaie. puis celui de Pierre Jaquet. A Vannes. un certain Andr Buchet. dans ia maison de Le Moine lui procure un enfant dont il fait disparatre le corps dans les latrines. On parle d'une quarantaine d'excutions aumolns.
Il
frre
et puissance. Alors que dit le Diable? Lui dit. avoir parl avec ledit Diable. qui entre autres choses, requit que ledit Gilles lui donntquelques membres d'aucuns enJ'ants: lequel Gilles aprs. donna audit Franois la main.
le cur et les y-eux d'un enJnt pour les offrir au Diable de la part dudit Gilles. Et le seigneur y ajoute une cdule pour
cou. Un magicien, un trompette nomm Loars, puis un autre. Me Antoine de Palerne viennent Machecoul accomolir des rites magiques avec cercles. signei en terre et invocations au Diable. La Rivire assure que le Diable lui est apparu dans un bois, sous forme d'un lopard vert. Un autre soir. Gilles de Sill est assailli par le Diable er apparat tout bless et meurtri. une grosse bosse au .front et ne pouvant se soutenir. Un magicien se noie dans un ruisseau. Interventions malfiques du Diable.207
Le moine Prelati confectionne un talisman pouf Gilles de Rais. Il le porte son
Mais trop de parents dposent plainte, le sang couie des fentres de Machecoul. Convoqu en septembre 1440 devant l'Inquisiteur, devant l'_vque de Nantes etdevant le prsident des Etats de Bretagne et tout le tribunal eccisiastique. Giiies de Rais commene par nier et
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