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Le magazine des Français établis hors de France. N° 37 - Eté 2012
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N° 37 • Été 2012
RivieraDANS LA LUMIÈREDE LA CÔTE D’AZUR
RencontreKARL LAGERFELD : LE NOIRET LE BLANC EN MAJESTÉ
Vieux GrenadiersLE SENS DES VALEURSDEPUIS 1749
CultureBALADE AU PAYS DEGIOCOMO PUCCINI
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Pour ceux qui me connaissent depuis longtemps, il y a exactement 4années et 265 jours, que je prévoyais l'issue fatale du 6 mai 2012.Juste après les 100 premiers jours qui suivirent le 7mai 2007, le Pré-
sident sortant était victime du syndrome de Brassens ! Quand GeorgesBrassens est apparu pour la 1ère fois à la télévision, le lendemain, il n'étaitquestion que des moustaches et de la guitare de Georges Brassens.Les électeurs hexagonaux n'ont retenu que le Fouquet's et le yacht de Bol-loré, bien plus que la perte du triple A ou les ravages de la crise.À bien réfléchir, bon nombre de similitudes sont à observer avec le sep-tennat de Valéry Giscard d'Estaing :1 - Les deux présidents furent élus, l'un et l'autre à l'orée de leurs cin-quante ans. L'un un peu avant, l'autre un peu après.
2 - De suite élus, les méfaitsdu 1er choc pétrolier plombaitl'un, quand la crise tétanisaitle second.3 - Dès leur prise de fonction,ils se sont acharnés sur celuiqui, de par son action, a favo-risé leur accession vers la
marche suprême. L'un Jacques Chirac, l'autre Dominique de Villepin.4 - Les affaires... LesDiamants pour l'un, Karachi et Bettancourt pour l'autre.5 - Occasionnant au terme de leur mandat, l'un comme l'autre, le retourde la gauche au pouvoir.6 - Favorisant 31 années après, l'arrivée d'un second François... À bien deségards, nos compatriotes hexagonaux se sont exprimés différemment desexpatriés, notamment en Suisse. L'immense majorité, sans renier sesconvictions, loin d'être indifférente aux arguments développés par cha-cun, a préféré s'exprimer dans le calme et le silence de l'isoloir, plutôt que
l'enthousiasme des foules militantes extraverties. Aujourd'hui, notrecharge, et elle est de taille, c'est de faire comprendre à la nouvelle gou-vernance qu'elle aura en face d'elle une opposition résolument construc-tive, alliant la compétence et la rigueur, sans complaisance ni allégeanceaucune. Je crains que celles et ceux qui se sentent obligés d'être soutenuspar un parti en désuétude, faute de n'avoir pas de convictions suffisantespour se soutenir eux-mêmes, doivent regarder la réalité en face.Le Centre, ou ce qu'il en reste, va tenter de se “recentrer” autour de Fran-çois Bayrou, qui peut encore espérer une carrière, mais plus jamais undestin. Les caciques, ou prétendus tels, de l'UMP, ont devant eux,quoiqu'ils en disent, un champ de ruine. En personnalisant le pouvoir àoutrance, le Président sortant s'est condamné lui-même, son parti et sesdirigeants. La bataille de succession fait rage, déjà. Les Présidentiellessont dans 5 ans. C'est des Législatives dont il s'agit aujourd'hui.Les interrogations subsistent : souhaitez-vous un député qui veuille, endéfendant les intérêts de chacun, proposer des solutions ? Et qu'il en soitcapable ? Ou estimez-vous plus confortable de s'en remettre à un parti,même à la recherche de son identité ? Quels sont ceux de l'équipe encoreau pouvoir, il y a seulement quelques jours, qui vont sauver leur tête ?Qui, des rescapés, pourra prétendre à rassembler l'Opposition et d'en dé-gager une véritable Force de propositions, en vue d'une alternance possi-ble en 2017 ?C'est tout l'enjeu ! Le profil d'“Homme d'État” ne court pas les rues…Pendant ce temps-là, Marine Le Pen applique insidieusement deux de-vises mitterandiennes : « Donner du temps au temps » et « La Force Tranquille »
SERGE CYRIL VINET,Conseiller élu AFE (2001), Membre de la commission des finances, Candidat de laDroite Républicaine, Libre & engagé, 6e circonscription Suisse & Liechtenstein,
Membre du Conseil d'Administration de l'Association Nationale desCollaborateurs de Ministres et de Parlementaires
3 FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
Éditorial
Nous voici doncdans l’opposition !
Le Sommet de l’Otan à Chicago . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 04Guerres oubliées, souffrances ignorées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 08Entretien avec Édouard Courtial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 12Deux Soutiens à Serge Cyril Vinet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 16La modification du régime matrimonial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 18Choisir la communauté universelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 20Prendre des dispositions testamentaires à l’étranger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 22L’actualité de la Retraite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 24Le Jeu de l’Oie de Jean-Jacques Rousseau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 27La fiscalité des donations et des successions internationales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 28Les plus-values immobilières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 29Pour mieux “voir” Genève . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 30Les Vieux Grenadiers, le sens des valeurs depuis 1749 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 32De nouvelles institutions au service des handicapés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 36Le Naturel pour les troubles dermatologiques des enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 40Après 45 ans, un boucher archidécoré rend son tablier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 43« Puisque les candidats l’occultent, parlons finances… ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 44« Et l’on doit ce respect au pouvoir absolu de ne discuter rien quand un Roi l’a voulu » . P. 46Au secours, les impôts reviennent ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 47Les Jardins de Bagatelle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 55Diplômes de formation médicale spécialisée et approfondie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 56Pierre-Auguste Renoir, co-inventeur de l’impressionnisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 60Daniel Swarovski Sous le Cygne de la réussite. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 66Karl Lagerfeld Le noir et le blanc en majesté. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 70“Les Secrets du Gotha” . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 86Balade au pays de Giacomo Puccini. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 88Menton, perle rare dans un écrin de citron. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 98Grasse Des fleurs et des parfums . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 104L’Absinthe ne sera pas absente de sa route . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 1082e Championnat suisse des Écaillers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 112Quand le Globe-trotteur nous est conté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 114Qui sont les bénévoles ?… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 1202012 Les yeux vers Marseille. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 122Quel régime supporter ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 124Vous nous écrivez . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 128
Éditeur, Directeur de la Publication, Directeur de laCommunication
Victor NahumRédacteur en chef
Véronique BidingerRédacteur en chef Adjoint
Didier AssandriÉditorialiste
Thierry OppikoferDirecteur du Comité de Rédaction
Bernard DaudierÉdito : Serge C. VinetPolitique internationale : Robert Del PicchiaEntretien, Des nouvelles du Sénat :Christiane KammermannSoutiens : Bernard DaudierGenève : Christian VellasÀ l’écoute de Alain Brosshard : Pierre OliviéroSanté & Bien-être :Marc ThiémardPortrait :Marc BretonLa Voix des Français de l’Étranger, Dossier Fiscalité :Serge Cyril VinetRose Passion, Le billet de Dany : Dany VinetProfessions de la Santé : Hélène Duchêne,Patrick Hetzel, Annie PodeurPeinture : Véronique BidingerRencontre : Béatrice DelmotteChronique littéraire : Dominique OrtizBalades culturelles : Kathereen AbhervéDans la lumière de la Côte d’Azur : Françoyse KrierÉcho d’absinthe et des Prix et Trophées suisses :Alain BarrièreCarnet de voyage : Pierre CrouxBoulisme :Marc PheulpinGastronomie : Jean-Jacques PoutrieuxCourrier des Lecteurs : G. J. Huguenot
Régie publicitaire Daedalus Publi FMImprimerie PCL Presses Centrales SAConception graphique RaphisTirage : 82.000 exemplaires vérifié par attestation notariale
Expatria Cum Patria • Association nationale des Françaisétablis hors de France - Loi 1901Président-Fondateur : Serge Cyril VinetVice-Président : Jean-Jacques PoutrieuxSecrétaire Général :Marie-Thérèse Clausen
Sommaire N°37•Été2012
C’est le premier vrai sommet international pour le nouveau Président français après le G8 du18 mai. Ce n’est pas non plus un sommet européen, mais le Sommet des chefs d’État et de
gouvernement des pays membres de l’Alliance atlantique. Il se tient à Chicago, ces 20 et 21 mai2012. Un sommet qui, au-delà du militaire, a, cette fois, un caractère très politique. Outre les
agendas électoraux tels que les élections de Russie et de France avec, à l’horizon, celle des États-Unisqui influera la vision internationale de Barack Obama, les décisions de Chicago feront bouger les
positions des alliés sur l’Afghanistan et l’“après Afghanistan”. C’est-à-dire 2014 pour les Américains.
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 4
Politique internationale
Pour le Président français, il faudra entrer dans le vif
du sujet quelques jours après son arrivée à l’Ély-
sée. Il aura à justifier sa position de “campagne
électorale”, à savoir un retrait total des troupes fran-
çaises d’Afghanistan à la fin de cette année, alors que le
Président Sarkozy avait prévu et annoncé pour fin 2013.
Cette annonce du retrait dès 2013 des forces de combat
pour Nicolas Sarkozy, laissait déjà entendre des discus-
sions délicates avec nos alliés au sein de l’OTAN pour
construire une “sortie responsable”. 2012 paraît encore
plus difficile pour le nouveau Président…
D’autant qu’une nouvelle stratégie des États-Unis pour
l’Afghanistan semble se dessiner. Washington, premier
contributeur à l’ISAF, avec près de 90 000 soldats, pré-
voient ainsi de restreindre progressivement leurs opé-
rations de combat, en favorisant plutôt les interventions
dites “chirurgicales” des forces spéciales. À travers ce
nouveau plan, les États-Unis poursuivent plusieurs ob-
jectifs. D’une part, il s’agit de mettre en première ligne
les forces de sécurité afghanes, afin de pouvoir tester
leur capacité et retirer enmême temps plus rapidement
les troupes conventionnelles, tout en leur assurant une
meilleure sécurité, à travers une moindre expression au
combat. D’autre part, les États-Unis souhaitent renforcer
les programmes de formation des recrues afghanes, tout
en accordant une plus grande importance à la recherche
des talibans et d’autres groupes d’insurgés.
La nouvelle position de l’OTAN en Afghanistan
Même si, officiellement, le secrétaire général de l’OTAN
affirme que rien n’a changé par rapport au calendrier de
retrait décidé lors du Sommet de Lisbonne en novembre
2010, les États engagés en Afghanistan sont en train de
préciser les modalités du redéploiement de leurs
troupes. La question de la présence de l’OTAN au-delà
de 2014, et notamment la définition d’un partenariat
stratégique crédible avec les afghans pour l’après 2014,
avec une présence de formateurs, est également posée.
À cet égard, la question essentielle sera de savoir qui
paye, combien et pendant combien de temps ?
La publication récente d’un rapport secret de l’OTAN,
qui illustre l’emprise du Pakistan sur les insurgés en Af-
ghanistan et le risque d’une déstabilisation du pays
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Le sommet de l’OTAN à Chicago
>
Le SecrétaireGénéral del’Otan,
M. AndersRasmussen,ancienpremier
ministre duDanemark.
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 20125
des États-Unis (on évoque une baisse de l’ordre de 450
à 1 000 milliards de dollars sur les dix prochaines an-
nées), qui devrait avoir des conséquences sur le posi-
tionnement des États-Unis en Europe, pourrait toutefois
conduire les pays européens à être placés devant leurs
responsabilités.
Les financements
Après plusieurs mois de discussions marquées par de
forts désaccords entre les alliés, notamment entre la
France et le Royaume Uni, d’un côté, et de l’autre, les
États-Unis et l’Allemagne, les ministres de la défense
des Étatsmembres de l’OTAN sont parvenus récemment
à un accord concernant les modalités d’acquisition, de
financement et de mise en commun du système de sur-
veillance du théâtre (AGS - Alliance Ground Surveil-
lance). Treize pays participeront directement au
financement de l’acquisition de cinq drones américains
Global Hawk, alors que la France et la Grande Bretagne
contribueront “en nature” en liant leur propre système,
le britannique Sentinel et le français Heron, à celui de
l’OTAN. Les coûts liés au fonctionnement de l’AGS (in-
frastructure, communication satellitaire) et de mainte-
nance seront assurés par le budget de l’OTAN.
Alors que les Américains seront moins enclins à inves-
tir dans l’OTAN, sans jamais en abandonner la conduite,
ils appellent à ce que le fardeau soit pris de façon plus
équilibrée par les européens. Il y a aussi des intérêts in-
dustriels en jeu et l’industrie américaine est aux aguets
pour répondre avec des prix cassés aux nouvelles répar-
titions des efforts. En clair, pour les Européens qui de-
vront débourser plus pour “le nerf de la guerre”. La
France et la Grande Bretagne - seuls budgets défense
importants en Europe - se tourneront vers les alliés eu-
ropéens, en particulier l’Allemagne qui, pour l’instant,
semble jouer l’arlésienne coté budget défense…
La France et l’Otan
Membre fondateur de l’Alliance atlantique, la France est
après le retrait des troupes de combat de l’OTAN, ainsi
que le nombre demorts civils en 2011 (plus de 3 000 vic-
times selon un rapport des Nations Unies), montre que
les choix stratégiques du Sommet de Chicago seront dé-
terminants pour le succès ou non de la transition et de
la stabilité de l’Afghanistan après
Dans un contexte général de désengagement des États-
Unis du continent européen et de recentrage vers l’Asie,
ainsi que de tensions accrues sur les budgets de défense
chez la plupart des pays membres de l’OTAN, en raison
des conséquences de la crise économique et financière,
ce Sommet est l’occasion pour le Président Barack
Obama demarquer l’attachement des États-Unis au lien
transatlantique, mais aussi de rappeler la volonté amé-
ricaine d’une plus grande responsabilité des Européens
pour assurer leur propre sécurité.
L’Union européenne et l’Otan
Pendant longtemps, les États-Unis s’opposaient à
l’émergence d’un pôle européen au sein de l’OTAN. Au-
jourd’hui, il semble qu’au-delà de la réaffirmation de
l’attachement traditionnel à l’Alliance atlantique,
l’OTAN ne semble plus avoir la même priorité aux yeux
des États-Unis, du fait des préoccupations immédiates
(difficultés en Afghanistan, crise iranienne) et de lamon-
tée des enjeux stratégiques en Asie.
Le nouveau concept stratégique de l’OTAN, adopté lors
du Sommet de l’Alliance atlantique qui s’est tenu à Lis-
bonne, les 19 et 20 décembre 2010, reconnaît, pour la
première fois, le rôle de l’Union européenne en tant
qu’acteur de sécurité, et l’importance d’une Europe de la
défense plus forte et plus performante.
Enfin, l’intervention de l’OTAN en Libye, et la position
volontaire de retrait joué par les États-Unis, pour laisser
le rôle de premier plan à la France et au Royaume-Uni,
semble illustrer une certaine volonté des États-Unis de
laisser plus de responsabilités aux pays européens en
matière de sécurité, notamment lors des opérations qui
concernent leur voisinage immédiat et qui ne mettent
pas en cause directement leurs intérêts.
Pour autant, la diminution drastique des dépenses de
défense dans la plupart des pays européens, en raison
de la crise économique et financière (comme l’Alle-
magne, la République tchèque, la Hongrie ou les Pays-
Bas) et les lacunes capacitaires des européens, y
compris de la France et du Royaume-Uni lors de l’inter-
vention en Libye (les États-Unis ont assuré 90 % du ra-
vitaillement en vol et 90 % du renseignement) illustrent
l’étroite dépendance capacitaire des pays européens à
l’égard des États-Unis.
Ainsi, on constate que si les pays Européens ont accepté
de s’engager, lors du Sommet de l’OTAN de Lisbonne,
dans le système de défense anti-missiles de l’OTAN du
territoire et des populations en Europe, aucun pays eu-
ropéen ne semble prêt à contribuer financièrement ou
par des capacités concrètes à ce système, dont les élé-
ments sont, pour l’instant, entièrement américains.
La forte diminution envisagée du budget de la défense
>
Les décisionsde Chicagoferont bougerles positionsdes alliés surl’Afghanistanet l’“après
Afghanistan”.
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 6
Politique internationale
l’un des contributeurs es-
sentiels de l’OTAN. De-
puis la fin de la guerre
froide, la France est de
manière constante l’un
des premiers contribu-
teurs en troupes dans les
opérations de l’OTAN,
avec un haut niveau de
qualité et disponibilité de
nos forces : Kosovo :
1 600 hommes, 3e contri-
buteur, commandement
de la KFOR de septembre
2007 à septembre 2008.
Afghanistan (FIAS) : près
de 4 000 hommes, 4e
contributeur. Libye : 4 200
hommes engagés au plus fort des opérations.
En termes budgétaires, la France est l’un des bailleurs
de fonds les plus importants de l’OTAN. Pour le budget
des opérations, l’envoi de troupes étant à la charge des
nations, la France supporte une part majeure de l’effort
allié ; notre pays est aussi le 5e contributeur aux budgets
ordinaires (budget civil - 13,75 % - 26 millions d’euros ;
budget militaire - 12,87 % -105 millions d’euros ; nou-
veau siège : 93 millions d’euros).
Au plan politique, bien qu’absente de la structure mili-
taire intégrée à partir de 1996, la France a été, dans les
années 1990, l’un des promoteurs du pilier européen au
sein de l’Alliance, dont il reste notamment aujourd’hui
les accords dits de Berlin plus. la France a aussi été à
l’origine de la création de la relation OTAN-Russie.
La participation de la France aux opérations de l’OTAN
en 1992 en Bosnie-Herzégovine a permis d’approfondir
sa relation avec les instances militaires. Depuis 1994, le
Ministre de la défense et le chef d’État-major français
prennent part aux réunions de leurs homologues.
À partir de 1995, la France siège au Comité militaire et
permet à des officiers français de servir au quartier gé-
néral des forces alliées en Europe, dans les états-majors
de niveau opératif, et dans certains organismes du com-
mandement pour la transformation.
En 2008, Le Président de la République a lancé un large
débat public sur la “réintégration” de la France dans
l’OTAN, À l’issue de ce débat, il a annoncé, lors du Som-
met de l’Alliance de 2009, la réintégration pleine et en-
tière de la France dans les structures de commandement
et organes de l’Alliance atlantique (à l’exception du co-
mité des plans nucléaire). Le Parlement s’est prononcé
le 18mars 2009 en faveur de la pleine participation de la
France aux structures militaires intégrées de l’OTAN.
Sur le plan opérationnel, la pleine participation de la
France à la structure de commandement militaire inté-
grée doit permettre à notre pays de participer efficace-
ment à l’élaboration des plans d’opérations. À noter que
la réintégration pleine et entière de la France s’est tra-
duite par une forte augmentation du nombre d’officiers
français insérés au sein des structures, des états-majors
ou des organes de l’OTAN (environ 900 aujourd’hui).
Les enseignements de l’intervention de l’OTAN en Lybie
ont confirmé la pertinence des thèses françaises concer-
nant la nécessité d’une réforme de la structure de
l’OTAN, afin de la rationaliser, la rendre plus réactive et
plus déployable. Lors du Sommet de Chicago, le Secré-
taire général de l’OTAN devrait donc présenter l’état des
réformes engagées sur lesquelles l’OTAN joue sa crédi-
bilité (politique, médiatique, militaire).
Le système de défense anti-missiles
L’OTAN a décidé la mise en place lors du Sommet de
Lisbonne, d’une volonté stratégique de protection du
territoire et des populations. Après le début en 2011 du
déploiement d’éléments de ce système, essentiellement
américains, en Europe, une capacité intérimaire devrait
être déclarée, même a minima, sans difficulté, l’impor-
tant étant de marquer une étape concrète, même mo-
deste, dans la construction du système. En revanche,
malgré le souhait d’aboutir à un accord entre l’OTAN et
la Russie sur ce dossier, de nombreux désaccords per-
sistent et il est peu probable que le Sommet de Chicago
puisse parvenir à surmonter les divergences actuelles,
qui portent principalement sur le souhait de Moscou
d’un engagement formel de l’OTAN selon lequel ce sys-
tème ne serait pas dirigé contre la Russie, ce que refu-
sent pour l’instant les États-Unis.
L’avenir de l’Otan avec la Russie ?
Et pourquoi pas ! Les ministres des Affaires étrangères
de l’OTAN, à l’instar d’Hillary Clinton, ont rencontré ré-
cemment leur homologue russe à Bruxelles. Ce conseil
marquait le 10e anniversaire des rencontres entre l’OTAN
et la Russie. Chaque camp évite de plus en plus les su-
jets qui fâchent, pour se concentrer sur la coopération.
Ainsi, on a parlé d’un plan en discussion autorisant
l’OTAN, pour la première fois, à avoir une base en Rus-
sie. Il s’agit de faciliter le transit de matériel avec l’Af-
ghanistan, préparant le retrait de l’OTAN en 2014.
Selon son Secrétaire général, l’OTAN veut approfondir
la proposition de transit faite par la Russie en ce qui
concerne la mission de l’OTAN en Afghanistan. Le lieu
choisi est géographiquement stratégiquemais hau-
tement polémique. La ville, Oulianovsk, n’est autre
que le lieu de naissance de Lénine. « Plusieurs types
de biens de la communauté internationale transitent déjà
de manière efficace par la Russie, pour soutenir la sécu-
rité en Afghanistan », Selon Sergueï LAVROV, minis-
tre des Affaires étrangères de la Russie. Les autres
coopérations potentielles sont aussi au cœur des
discussions de ce conseil : lutte contre le terro-
risme, la piraterie maritime et le trafic de stupé-
fiants. On est bien loin de la guerre froide à l’origine
de la création de l’Otan, même si les intérêts parta-
gés restent limités… et les intérêts nationaux tou-
jours d’actualité… François Hollande devra les
défendre ! �
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ch ROBERT DEL PICCHIAVICE-PRÉSIDENT
DE LA COMMISSION DESAFFAIRES ÉTRANGÈRESDE LA DÉFENSE ET DES
FORCES ARMÉESAU SÉNAT
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 20127
[LeTraité de l'Atlantique Nord, signé àWashington le 4avril 1949, a institué l'Alliance atlantique. L'objectif de
l'OTAN consiste à garantir la liberté et la sécurité de tousses membres par des moyens politiques et militaires, àdéfendre les valeurs que constituent la démocratie, lesdroits de l'homme et l'État de droit, et à contribuer à lapaix et à la stabilité dans le monde.En 1991, la disparition de l'URSS lui a enlevé sa raisond'être initiale. Cependant, l'Otan a su s'adapter à cetteévolution pour rester un pilier essentiel de la sécurité deses membres. Depuis 1949, l'Alliance s'estprogressivement élargie pour passer de 12 à 28 Étatsmembres. L’OTAN et la Russie sont désormais partenairesstratégiques. En 2009, la France a annoncé saréintégration pleine et entière dans les structures etorganes de l’OTAN (à l’exception du groupe des plansnucléaires).
LES MISSIONS DE L’OTANLa défense collective. C’est la mission première del'Alliance. L'article 5 du traité se réfère au droit de légitimedéfense collective reconnu par la Charte des Nations-Unies. Il stipule qu'une attaque armée contre l'un ouplusieurs des membres de l'OTAN sera considérée commeune attaque dirigée contre eux tous. L'OTAN a invoquél'article 5 pour la première fois de son histoire à la suitedes attaques terroristes du 11 Septembre 2001 contre lesÉtats-Unis.Les nouvelles menaces. Depuis la création de l'OTAN, lesmenaces auxquelles doivent faire face les Alliés ontconsidérablement changé. Aujourd'hui, il n'y a plus defrontières aux nouvelles menaces telles que le terrorisme,la prolifération des armes de destruction massive et desmissiles, les cyber-attaques, la piraterie, l'insécuritéénergétique, etc. Détecter et lutter contre ces nouvellesmenaces afin d'assurer la paix, la stabilité et la sécuritédans la région euro-atlantique est la priorité de l'Alliance.En 2010, lors du Sommet de Lisbonne, l’OTAN s’est dotéd’un nouveau concept stratégique, qui énonce les nouveauxdéfis de l’Alliance.
L’ORGANISATION DE L’ALLIANCEOrganismes civils> Le Conseil de l'Atlantique Nord (North Atlantic Council-NAC). Il est l'organe le plus élevé de l'Alliance. Composéde représentants permanents de tous les pays membres(ambassadeurs), il se réunit au moins une fois parsemaine. Il peut être convoqué en format des chefs d'Étatet de Gouvernement, ou à un niveauministériel. Sa prési-dence est assurée par le secrétaire général de l'OTAN. Lesvingt-huit pays ont les mêmes droits à la table du Conseil.Les décisions sont prises à l'unanimité.> Le Comité des plans de défense (Defence PlanningCommittee DPC). Composé d'ambassadeurs et seréunissant aumoins deux fois par an au niveau desministres de la Défense, il traite de la plupart desquestions de défense dont celles relatives à la planificationde défense collective.> Le Groupe des plans nucléaires (Nuclear PlanningGroup-NPG). C'est la principale enceinte où se déroulentles consultations sur toutes les questions relatives au rôledes forces nucléaires dans le cadre de la politique desécurité et de défense de l'OTAN.> Le Secrétaire général (SecGen). Il préside le NAC, leDPC, le NPG et les principaux autres comités. Il estégalement le porte-parole de l'Organisation. Depuis 2007,
cette fonction est assurée par M. Anders Rasmussen,ancien premier ministre du Danemark.> Le Secrétariat international. Sous l'autorité duSecrétaire général, le Secrétariat international prépare lesréunions du Conseil et recherche le consensus pour leprocessus de prise de décision. Composé d'environ 1 150ressortissants de tous les pays membres, il assureégalement le suivi des décisions prises au sein desComités de l'OTAN.
Organismes militaires> Le Comité militaire (Military Committee-MC). Il estchargé de faire des recommandations aux autoritéspolitiques de l'OTAN concernant les questions militaires etdonne des directives aux commandements stratégiques del'OTAN. Il se compose des chefs d'État-major des arméesde chacun des pays-membres et se réunit deux fois par an.> L'État-major international (International Military Staff-IMS). Il est chargé de préparer les réunions du Comitémilitaire. Tous les pays y sont représentés (400 per-sonnes).> La structure de commandement de l’OTAN (NatoCommand Structure-NCS). Sous le contrôle et l'orientationdes autorités politiques au plus haut niveau, la structurede commandement sert de cadre à l'organisation de ladéfense des pays membres face auxmenaces dirigéescontre leur sécurité ou leur stabilité. Elle comprend unréseau de grands commandements militaires. Ce réseaud'états-majors compte environ 13 000 postes (civils etmilitaires, sans compter les effectifs mis en place par lesnations au titre du soutien national). La fin de la Guerrefroide a entraîné une révision de cette organisation avecdeux structures de commandement de niveau stratégiquede nature différente :- l'Allied Command for Operations (ACO) chargé de laplanification et de la conduite des opérations de l'OTANdepuis Mons en Belgique ;- l'Allied Command for Transformation (ACT) chargé de latransformation des capacités militaires de l'Alliance, dela réflexion sur les défis, les besoins et les missionsfuturs, depuis Norfolk aux États-Unis. Il a été confié auGénéral français ABRIAL.
LES OPÉRATIONS DE L’OTANAprès la fin de l’intervention en Libye, l'OTAN conduitactuellement 2 opérations terrestres majeures ainsi que2 opérations maritimes :- l'opération de la force internationale d'assistance à lasécurité (FIAS) en Afghanistan ;
- l'opération Joint Enterprise au Kosovo ;- l'opération de lutte contre la piraterie Ocean Shield enOcéan indien (OOS) ;
- l'Opération de lutte contre le terrorisme ActiveEndeavour en Méditerranée (OAE). Elle est égalementimpliquée dans la formation de l'armée irakienne, avec laNATO Training Mission - IRAK (NTM-I), et le soutienapporté à l'Union Africaine.
La France s'est attachée à participer d'unemanière activeet durable aux opérations décidées par l'Alliance. Avec unvolume de forces significatif qui la classe au 4e rang descontributeurs aux opérations de l'OTAN, elle est engagéeaujourd'hui, en Afghanistan et dans les Balkans, avec untotal de près de 4 500militaires déployés et participerégulièrement avec ses moyens aéromaritimes. À noter unengagement important dans le cadre de l'opérationeuropéenne de lutte contre la piraterie Atalante.
L’OTAN
Humanitaire
DES VIES ET DES FOYERS DÉTRUITS
Sorovo Sarvatorlopal, père de sept enfants, devant les restes de sa hutteà Gubere Bassima, petit village proche de la ville d’Obo. Les habitants
du village ont fui en 2009 après une attaque attribuée à un groupe arméappelé “l’Armée de résistance du Seigneur. Voici deux mois, la femme etla sœur de Sorovo Sarvatorlopal ont disparu alors qu’elles étaient partiesen quête de nourriture tout près d’Obo. Il raconte que des chasseurs ont
trouvé leurs corps par la suite, loin à l’intérieur de la jungle.
La République centrafricaine, l’un des pays les pluspauvres du monde, est déchirée par des conflitsaussi complexes qu’imprévisibles. Si les combatsdans les pays voisins font parfois parler d’eux, onn’évoque que rarement la violence en Centrafriqueet les débordements des conflits en cours dans lespays limitrophes. Ces photographies, dues à MarkoKokic, du CICR, ont été prises dans deux zonespériphériques du pays et montrent certaines desrépercussions de la violence : une vision partielled’une tragédie bien plus vaste.
Guerres
souffrancesoubliéesignorées
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UNE DEUXIÈME CHANCE
Cette fillette a été enlevée par l’Armée de résistancedu Seigneur en mars 2008. Elle a réussi à fuir et àretrouver sa communauté à Obo en avril 2010.
« Mes cauchemars ne cesseront que lorsque je seraisûre d’être assez loin, dans un lieu où ils nepourront jamais me retrouver », dit-elle.
UN COURS DE DROIT HUMANITAIRE
Ces membres des forces armées de la Républiquecentrafricaine écoutent un cours sur le droit
international humanitaire donné par un déléguédu CICR et par la Société de la Croix-Rouge
centrafricalne.
>FRANCE MAGAZINE N°37
ÉTÉ 20129
UNE SITUATION PRÉCAIRE
Le conflit et le banditisme ont forcé des milliers de personnes àfuir leur foyer. Ce camp pour personnes déplacées, à la périphériedObo, accueille près de 5 000 personnes, toutes originaires devillages proches qui ont été attaqués par un groupe armé. Leur
arrivée a multiplié par deux la population d’Obo.
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FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 10
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SE BATTRE POUR SURVIVRE
Les hommes d’Obo ont formé unemilice populaire pour protégerleurs familles des groupes arméset des bandits qui, depuis la finde 2008, commettent vols,
enlèvements et meurtres. Lesmiliciens utilisent des armes
artisanales.
LE CHOC DES CULTURES
Dans la province septentrionaled’Ouham, des affrontements
opposent souvent les bergers enquête de pâtures et lesagriculteurs locaux.
GOUTTES D’ESPOIR
Le CICR et la Société de la Croix-Rougecentrafricaine aident les villageois à avoir accèsà de l’eau salubre, ressource vitale. C’est l’undes volets de l’effort de réinstallation dans lesvillages abandonnés après les attaques en2007. Pillés et détruits en grande partie parles attaquants, les villages sont restés désertés
jusqu’à une date récente, lorsque leurshabitants sont revenus, parfois d’aussi loin que
le Tchad.
QUATRE MURS ET UN PETIT ESPACE HUMANITAIRE
Dans le village d’Ouogo, un cours d’introduction au droitinternational humanitaire est donné par le CICR et la Société dela Croix-Rouge centrafricaine à des membres de l’Armée populaire
pour la restauration de la démocratie.
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 201211
Malgré le transfert au lycée Jean-Mermoz (notamment
pour les classes bilingues au 1er degré), l’AEFE soutient
l’établissement qui souhaite son maintien dans le ré-
seau (des rencontres ont lieu à cette fin à I’AEFE entre
représentants de l’enseignement catholique et l’Assis-
tante générale de la Congrégation des Sœurs de Cluny).
L’objectif étant de préserver les niveaux du 1er degré (re-
crutement par l’ISJA de titulaires) et le collège. Unemis-
sion du secteur Afrique subsaharienne de l’AEFE a été
menée les 15 et 16 novembre dernier à Dakar.
Mutuelles des Français de l’étranger,inscription sur les formulaires
> Christiane Kammermann : Un de nos conseillersa vu son contrat résilié sans explication carvivant plus de 90 jours hors de France et avecune adresse à l’étranger non conforme auxquestionnaires. À ce propos, beaucoup decompatriotes de l’étranger rencontrent desdifficultés avec les questionnaires français où ilsne peuvent pas inscrire leur adresse à l’étranger(ex. de M. Cœurdevey).
Déconventionnement de l’institution Jeanne d’Arc à Dakar
Cette situation représente une grande préoccupationpour l’AEFE qui va devoir, non seulement répartir lesenfants entre les différents établissements, maisaussi s’occuper des enseignants, qui, pour certains,ont fait leur vie au Sénégal, étant mariés localement.Concernant la répartition des enfants, le Lycée JeanMermoz a déjà fait le plein. L’AEFE prospecte auprèsdes autres écoles. Cette volonté unilatérale de lacongrégation arrive au mauvais moment car l’AEFE adu mal à maintenir les contrats locaux dans lesétablissements sénégalais. Toutes les aides et sou-tiens seront nécessaires pour cette difficile périodequi s’annonce. Chaque semaine, notre conseiller àl’AFE gère une dizaine de RDV et une quinzaine d’ap-pels de la communauté française, libanaise et séné-galaise, inquiète de la situation.
Par lettres du 25 février 2011 et 30 juin 2011, la Congré-
gation des Sœurs Saint Joseph de Cluny a unilatérale-
ment demandé le déconventionnement de l’Institution
Sainte Jeanne d’Arc, établissement conventionné avec
l’AEFE depuis 1994.
D’abord prévu pour la rentrée 2011, puis repoussé à celle
de 2012, ce déconventionnement a conduit l’AEFE à
supprimer, au 31 août 2012, des emplois de résidents et
expatriés. Malgré son souhait de maintenir l’établisse-
ment (tous ses niveaux) dans le réseau de l’AEFE
comme établissement homologué, la Congrégation fait
face aux interrogations des familles sur l’offre pédago-
gique de l’Institution à la rentrée prochaine. De nom-
breux départs d’élèves ont déjà été enregistrés : 1145
élèves en septembre 2010, 880 en septembre 2011.
Concernant la rentrée 2012 :
1. Enseignants- agents expatriés de l’AEFE : ceux qui n’étaient pas en
fin demission ont tous été (ou seront) convoqués pour
des entretiens en vue d’une éventuelle nouvelle affec-
tation.
- enseignants résidents : le transfert d’élèves au lycée
Mermoz (qui atteindra en conséquence sa capacité
maximale, soit 2 500 élèves), entraînera la création de
6 postes de résidents, proposés en priorité aux ensei-
gnants résidents de l’Institution. Si d’autres postes ve-
naient à se libérer, ils seraient prioritaires au lycée
Jean-Mermoz ou pour les mouvements de résidents
dans l’ensemble de la zone “Afrique subsaharienne”.
2. Elèves
Entretien avec…
MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET EUROPÉENNESSECRÉTARIAT D’ÉTAT CHARGÉ DES FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER
MALGRÉ SON SOUHAIT DE MAINTENIRL’ÉTABLISSEMENT (TOUS SES NI-VEAUX) DANS LE RÉSEAU DE L’AEFE
COMME ÉTABLISSEMENT HOMOLOGUÉ, LACONGRÉGATION FAIT FACE AUX INTERROGA-TIONS DES FAMILLES SUR L’OFFRE PÉDAGO-GIQUE DE L’INSTITUTION À LA RENTRÉEPROCHAINE.
ÉdouardCourtial
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 12
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Édouard Courtial : À titre liminaire, il convient de sou-ligner que cette question porte sur des contrats de droit
privé, liant une mutuelle et un de ses adhérents. Le mi-
nistère des affaires étrangères et européennes n’a pas
de titre pour intervenir dans une telle relation contrac-
tuelle. La question comporte deux volets :
- maintien des prestations des mutuelles en cas de ré-
sidence à l’étranger,
- formulaires en ligne qui n’acceptent que les adresses
métropolitaines avec code postal valide.
1. Sur la question de la suspension des prestations, ilappartient à l’intéressé de vérifier les clauses de son
contrat :
- Si le contrat est destiné à des assurés résidants en
France, il est normal que les dépenses de santé à
l’étranger ne soient prises en charge qu’à l’occasion de
voyages de courte durée. Les primes ou cotisations
sont en effet calculées en fonction des prix pratiqués
par le système de santé français.
- Si lamutuelle n’offre pas de contrat spécifique pour les
personnes résidant à l’étranger, ou y effectuant des sé-
jours régulierset prolongés, l’intéressé peut également
adhérer à la Caisse des Français de l’étranger.
2. La question des formulaires et questionnaires déma-térialisés à remplir sur Internet est bien connue. Géné-
ralement, les organismes, services ou marchands
destinant leurs prestations aux personnes résidant en
France ou à l’étranger prévoient, dans leurs formulaires
en ligne, la possibilité d’enregistrer des adresses non
conformes aux codes et usages français (code postal no-
tamment). Le pays de résidence fait alors souvent l’ob-
jet d’une liste déroulante.
Lorsque ces formulaires n’acceptent pas d’adresses non
formatées selon les règles de la Poste, c’est le résultat,
soit d’un vice de conception à signaler à l’administra-
teur du site, soit d’une volonté délibérée les résidents à
l’étranger d’une prestation contractuellement réservée
aux personnes domiciliées en France. Ce point doit être
clarifié au cas par cas avec le prestataire.
Reconnaissances multiples d’enfants au Cameroun
> Par exemple, 76 enfants reconnus par un mêmepère au Consulat de Douala et autant à Yaoundé.Ce genre de fraudes coûte très cher à la France.Comment les empêcher ? Cela se passeégalement sur le sol français. Exemple, unFrançais d’origine congolaise ayant procédé àtreize reconnaissances frauduleuses de paternitéau bénéfice de ressortissantes étrangères ensituation irrégulière. Conclusion, de graveslacunes affectent la procédure de reconnaissancede paternité du fait des pouvoirs limités desofficiers d’état-civil qui ne peuvent saisir leProcureur de la République en cas de doute surla validité de la reconnaissance de la paternité.
1. Les principesL’établissement de la filiation par reconnaissance est
régi par l’art. 316 du code civil. La reconnaissance a un
effet absolu et établit la filiation, sauf à être contestée en
application de l’art. 332 du code civil en vertu duquel
« la paternité peut-être contestée en rapportant la preuve que
le mari ou l’auteur de la reconnaissance n’est pas le père. »
L’art. 336 du code civil permet au Procureur de la Répu-
blique de contester la reconnaissance si « des indices tirés
des actes eux-mêmes la rendent invraisemblable ou en cas de
fraude à la loi ». Il est nécessaire de distinguer recon-
naissance mensongère de la reconnaissance fraudu-
leuse :
- le caractère mensonger d’une reconnaissance ne suffit
pas à la contester, notamment lorsqu’en reconnaissant
volontairement un enfant qu’il sait ne pas être le sien,
son auteur s’engage vis-à-vis de l’enfant et de la mère
à se comporter en père en subvenant notamment aux
besoins de celui qu’il a reconnu.
- la reconnaissance frauduleuse est souscrite avec l’in-
tention exclusive de faire obtenir un avantage lié à la
qualité de parent d’un enfant français et non d’en as-
surer l’entretien et l’éducation.
Enfin, l’intérêt légitime de l’enfant est toujours au cen-
tre des préoccupations.
2. Les actionsCertains postes sont confrontés à des reconnaissances
multiples reçues par desmairies françaises pour des en-
fants nés à l’étranger. La fraude éventuelle est difficile à
discerner lorsque le père reconnaît des enfants nés de
mères différentes auprès de plusieurs mairies.
Ce n’est que lorsqu’un parent demande la transcription
de l’acte de naissance de l’enfant, au poste compétent,
que le ministère des affaires étrangères et européennes
est informé de cette reconnaissance. Mais il ignore si
d’autres reconnaissances ont par ailleurs été souscrites
par ce même père.
L’art. 336 est appliqué dès que des indices permettent
demettre en doute la reconnaissance (éléments de dos-
sier contradictoires : dates et lieu de naissance et dé-
placement, dénonciations...). Encore faut-il différencier
les actions civiles et pénales qui peuvent être menées.
En présence d’indices concordant, le poste saisit le Pro-
cureur de la République près le TGI de Nantes, seul com-
pétent pour ordonner le sursis à transcription ou à
exploitation de l’acte de naissance de l’enfant reconnu,
qui peut transmettre pour enquête le dossier au procu-
reur du domicile de l’auteur des reconnaissances effec-
tuées en France. Le cas échéant, le procureur compétent
CE N’EST QUE LORSQU’UN PARENT DE-MANDE LA TRANSCRIPTIONDE L’ACTEDENAISSANCE DE L’ENFANT, AU POSTE
COMPÉTENT, QUE LEMINISTÈREDES AFFAIRESÉTRANGÈRES ET EUROPÉENNES EST INFORMÉDE CETTE RECONNAISSANCE. MAIS IL IGNORESI D’AUTRES RECONNAISSANCESONT PAR AIL-LEURS ÉTÉ SOUSCRITES PAR CE MÊME PÈRE.
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FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 201213
Le cas Florence Cassez
> Le Gouvernement français continue-t-il às’intéresser au cas de Florence Cassez ?
É. C. : Depuis son arrestation au Mexique, le ministèredes affaires étrangères et européennes n’a cessé de sui-
vre avec la plus grande attention la situation de Mlle
Cassez qui bénéficie de la protection consulaire définie
par la convention de Vienne du 24 avril 1963 sur les re-
lations consulaires. Les agents du consulat général de
France à Mexico sont en contact permanent avec elle ;
des visites consulaires lui sont ainsi rendues deux à trois
fois par mois afin de s’assurer que ses conditions de dé-
tention sont correctes au regard du standard local. Mlle
Cassez les joint aussi régulièrement par téléphone. Un
soutien actif est également apporté aux membres de sa
famille de passage à Mexico.
Par ailleurs, l’évolution de la procédure judiciaire, no-
tamment l’attente de la suite réservée au recours en ré-
vision du procès déposé devant la cour suprême le 7
mars 2011, fait l’objet d’un suivi constant. Le ministère
des affaires étrangères et européennes demeure déter-
miné à apporter tout son soutien à Mme Cassez, ainsi
qu’à ses proches.
peut saisir le juge civil, en annulation de la reconnais-
sance (art. 336 du code civil) et le juge pénal (art. L. 623-
1 du code d’entrée et de séjour des étrangers et du droit
d’asile).
En pratique, les enquêtes sont longues et difficiles. Éga-
lement sensibilisés à cette question, les agents du ser-
vice central d’état-civil (SCEC) ne manquent pas de
communiquer aux postes les informations susceptibles
de les aider. Les postes saisissent alors immédiatement
le parquet via le bureau des affaires juridiques du SCEC
et demandent au procureur d’ordonner un sursis à trans-
cription ou à exploitation.
Établissement de Gaillac
> Établissement de Gaillac pour les personnesâgées dépendantes 16 lits réservés pour lesFrançais de l’étranger. L’État s’est désengagépour le financement et le département du Tarnrefuse de payer pour les Français de l’étranger.
É. C. : Le Comité d’entraide des Français rapatriés
(CEFR) a déjà attiré l’attention de la Direction des Fran-
çais à l’étranger et de l’administration consulaire sur cet
établissement. Aucun Français de l’étranger n’a, jusque-
là, pu y être accueilli faute de prise en charge de ses frais
d’hébergement par les services départementaux qui se
déclarent incompétents au motif que les intéressés ne
résident pas dans le département. Cette difficulté existe
également dans l’Aude où les époux Goulard, rapatriés
d’Afrique du Sud aux frais de l’État en janvier 2011, ont
été accueillis à l’EHPAD deMontredon, sans qu’une so-
lution n’ait été trouvée depuis pour la prise en charge
des frais d’hébergement.
Cette situation pose la question de leur éventuelle prise
en charge par l’État. En effet, les art. L. 121.7 et L. 111.3
du code de l’action sociale et des familles prévoient la
prise en charge par l’État des frais d’hébergement en
établissements pour personnes âgées de personnes
dont la présence sur le sol métropolitain résulte de cir-
constances exceptionnelles et qui n’ont pu choisir li-
brement leur lieu de résidence.
Faute d’avancée sur ce dossier, le CEFR a - avant d’envi-
sager le dépôt d’un recours contentieux devant le
Conseil d’Etat - transmis en janvier 2012 une demande
d’arbitrage sur le dossier des époux Goulard à la Com-
mission centrale d’Aide sociale, commission à la fois ad-
ministrative et juridictionnelle. La décision à venir
devrait faire jurisprudence.
Une attestation de la Direction des Français à l’étranger
et de l’administration consulaire confirmant que les
conditions détaillées aux art. L. 121.7 et L. 111.3 sont
bien remplies, a été fournie au CEFR, dans le cadre de
cette demande d’arbitrage. Afin, le cas échéant, de faci-
liter le traitement des prochains dossiers, la Direction
des Français à l’étranger et de l’administration consu-
laire s’assurera désormais qu’une telle attestation sera
jointe à tous les dossiers de rapatriement débouchant
sur un accueil dans les EHPAD du CEFR
Entretien avec…
LES AGENTS DU CONSULAT GÉNÉRAL DEFRANCE À MEXICO SONT EN CONTACTPERMANENT AVEC FLORENCE CASSEZ ;
DES VISITES CONSULAIRES LUI SONT AINSIRENDUES DEUX À TROIS FOIS PAR MOIS AFINDE S’ASSURER QUE SES CONDITIONS DE DÉ-TENTION SONT CORRECTES AU REGARD DUSTANDARD LOCAL. FLORENCE CASSEZ LESJOINT AUSSI RÉGULIÈREMENT PAR TÉLÉ-PHONE. UN SOUTIEN ACTIF EST ÉGALEMENTAPPORTÉ AUX MEMBRES DE SA FAMILLE DEPASSAGE À MEXICO.
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FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 14
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Défenseur des Droits
> Nouveau défenseur des droits (M. DominiqueBaudis). Y-aura-t-il un service dédié auxFrançais de l’étranger ?
É. C. : L’organigramme du Défenseur des droits n’estpas encore définitivement arrêté. Cependant, il résulte
des informations reçues du Défenseur des droits, que
MmeCharlotte Clavreul, Conseillère chargée des affaires
internationales et de droits de l’homme, pourrait être
chargée des demandes de nos compatriotes établis à
l’étranger. En revanche, il est clair qu’en raison des ten-
sions sur les effectifs, il n’est pas envisageable que du
personnel de la Direction des Français à l’étranger et de
l’administration consulaire soit affecté chez le Défenseur
des droits.
Médiation internationalepour les enlèvements d’enfants à l’étranger
> Peut-on avoir un bilan chiffré de l’action demédiation internationale pour les enlèvementsd’enfants à l’étranger ?
É. C. : Liés à l’augmentation du nombre de mariagesmixtes, suivis dans certains cas de divorces, les conflits
parentaux concernant l’attribution et l’exercice de l’au-
torité parentale se poursuivent au-delà des frontières et
peuvent conduire à des situations dramatiques de dé-
placement et de rétentions illicites d’enfants.
La sous-direction de la protection des droits des per-
sonnes et de la famille, qui veille notamment à préser-
ver les droits des mineurs placés au centre d’un conflit
parental dans le respect de l’intérêt supérieur de ces en-
fants, suit actuellement 328 dossiers d’enlèvementsd’enfants, dont certains ont été ouverts il y a plusieursannées.
Les postes sont de plus en plus sollicités dans ce cadre
et interviennent souvent en soutien des enfants placés
au cœur de situations juridiquement complexes et hu-
mainement délicates afin qu’ils puissent rétablir leurs
liens ou au moins leurs droits à un égal accès à leurs
deux parents. Il est difficile de quantifier l’action des
postes en matière d’aide à la médiation familiale inter-
nationale. Dans de nombreux cas, ils tentent de restau-
rer le dialogue entre parents pour trouver des solutions
mutuellement acceptables dans l’intérêt des enfants.
Le Département peut accompagner les postes dans ces
actions d’aide à lamédiation parfois conduites sur place
par la sous-direction de la protection des droits des per-
sonnes. L’aide à lamédiation proposée aux deux parents
doit recueillir leur consentement. Elle peut être conduite
parallèlement aux procédures judiciaires le cas échéant
en cours.
S’agissant en particulier du Liban, il convient de signa-
ler le rôle de médiation de la cellule opérationnelle ins-
tituée par l’accord franco-libanais du 12 juillet 1999
concernant la coopération en matière familiale. La cel-
lule opérationnelle, présidée par M. Natour, directeur
général du ministère libanais de la justice, se réunit ré-
gulièrement avec le consul général et l’assistante sociale
du poste, en présence le cas échéant du parent résidant
au Liban. Les difficultés des moyens d’action de cet or-
gane de médiation, liées principalement à la mécon-
naissance de son existence par les juridictions
libanaises et françaises et à la pluralité des systèmes ju-
ridiques en matière de statut de personnel en vigueur
au Liban, ont été soulignées lors de la commission
mixte franco-libanaise du 29 septembre 2011.
Les étudiants franco-libanaiseffectuant leurs études de médecine au Liban
> Difficultés rencontrées par les étudiantsfranco-libanais effectuant leurs études demédecine au Liban et qui ne peuvent pas faireleurs spécialisation en France car ils sontFrançais. Discrimination par rapport auxétudiants étrangers.
É. C. : La médecine est une profession réglementée enFrance, où seuls peuvent exercer les médecins qui ont
obtenu leur diplôme dans un état membre de l’Union
Européenne, de l’espace économique européen, en
Suisse ou à Andorre.
Les médecins libanais qui souhaitent suivre une forma-
tion de spécialisation en France ont la possibilité de
postuler à un diplôme de formation spécialisée (DFMS)
ou à un diplôme de formation médicale spécialisée ap-
profondie (DFMSA). Les diplômes de DFMS et DFMSA
ne permettent néanmoins pas à ces médecins d’exercer
en France. D’après l’art. 1er de l’arrêté du 3 août 2010 re-
latif au diplôme de formation spécialisée et au diplôme
de formation médicale spécialisée approfondie (Cf.
pièce jointe), les ressortissants des États membres de
l’Union Européenne ne peuvent postuler à ces forma-
tions. Les binationaux ne sont donc pas éligibles à un de
ces diplômes.
Les étudiants et médecins franco-libanais désireux de
s’inscrire dans une formation de spécialisation en
France doivent donc, au même titre que les étudiants
français, se présenter aux épreuves classantes natio-
nales (ECN). �
CHRISTIANE KAMMERMANN, SÉNATRICE
LIÉS À L’AUGMENTATION DU NOMBRE DEMARIAGES MIXTES, SUIVIS DANS CER-TAINS CAS DE DIVORCES, LES CONFLITS
PARENTAUX CONCERNANT L’ATTRIBUTION ETL’EXERCICE DE L’AUTORITÉ PARENTALE SEPOURSUIVENT AU-DELÀ DES FRONTIÈRES ETPEUVENT CONDUIRE À DES SITUATIONSDRAMATIQUES DE DÉPLACEMENT ET DERÉTENTIONS ILLICITES D’ENFANTS.
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 201215
> Bernard Daudier : Quelles sont vos réflexions surces premières législatives pour les Français del'étranger , plus particulièrement celle de la6e circonscription comprenant la Suisse & leLiechtenstein ?
Pierre Oliviéro : En premier lieu, même si le découpagepeut toujours être sujet à discussion, nous ne pouvons
qu'être satisfaits du bien fondé d'avoir un député à l'As-
semblée Nationale pour répondre aux attentes de nos
compatriotes résidants en Confédération Helvétique et
dans la Principauté du Liechtenstein.
Les Français résidants hors de France attendent cela de-
puis 1948. Ils vont avoir à leur disposition , enfin, les vé-
ritables atouts du bicamérisme : 12 sénateurs - 11
députés.
> B. D. : Ces élections en Suisse, contre touteattente, suscitent un engouement très particulier,puisqu'on ne dénombre pas moins de10 candidatures pour le poste de député.Vos réactions, votre analyse ?
P. O. : Vous savez que nous comptabilisons en Suisse, laplus importante communauté française expatriée au
monde. Celle-ci, inscrite dans nos deux consulats géné-
raux à Genève comme Zürich. D'ailleurs à ce titre, Ge-
nève reste le consulat le plus important aumonde. Alors
forcément, cela attise quelques ambitions.
Soutiens
16FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
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»«Pourquoi nous appelons à Voter pour le seul candidat, Serge Cyril VINET,
qui représente 50% des élus de l’Assemblée des Français de l’étrangeren Suisse et au Liechtenstein.
Faut-il rappeler, nous sommes en Démocratie. Toute
personne, étant française ou double nationale, a le droit
de se présenter aux élections.
Néanmoins, et là je n'engage pas quemon point de vue,
je me fais l'écho de multiples réactions entendues ici et
là. Quand on voit le nombre de candidatures qui ont été
pour la plupart élues en Suisse, à divers titre, clamant
haut et fort leur attachement à la Confédération, puis
non reconduites, pour se rabattre subitement vers une
opportunité d'être député en France ; on ne peut s'em-
pêcher de s'interroger sur la crédibilité de la démarche
et d'émettre des doutes quant aux capacités d'assumer
avec efficacité la fonction. Faudrait-il déjà en connaître
l'Hymne National…
Que ne dirait-on si, demain, un de nos élus français ve-
nait à être battu et qu'il ait l'idée saugrenue de se pré-
senter à des élections helvétiques. Je vois déjà les titres
des quotidiens et hebdomadaires lémaniques… IDÉE à
SUIVRE … Le titre est un leurre et le leurre est trom-
peur !
> B. D. : Que voulez-vous dire par là ?
P. O. : Vous voyez, je suis élu depuis près de 20 ans àl'Assemblée des Français de l'étranger. J'ai occupé plé-
thore de présidences d'associations en Suisse, officier
de la Légion d'Honneur et de l'Ordre National du Mé-
rite (à titre militaire - ancien combattant d'Algérie) et
Palmes Académiques, etc., je puis vous dire que c'est
une occupation de tous les instants et qu'il faut connaî-
tre tous les tissus de notre communauté pour assumer
cette haute fonction à l'échelon national.
Ce n'est pas le moment de se tromper. Il va nous falloir
élire une personnalité de tout premier plan, aux capaci-
tés multiples, dénué de sectarisme et pétri d'huma-
nisme; pour nous défendre, surtout dans les conditions
actuelles.
> B. D. : Vous pensez à quelqu'un en particulier ?
P. O. : Effectivement, et j'en parle avec d'autant plus defranchise que nous avons été adversaires pendant
quelques années… pour nous rendre compte que nous
étions stupides.
Je me suis aperçu que Serge Cyril Vinet abattait un tra-
vail considérable pour la communauté française établie
en Suisse, sans demande de retour. J'ai découvert par
divers témoignages qu'il était connu et respecté comme
un bâtisseur de talent, dans beaucoup de pays, du Japon
Pierre Oliviéro,élu à l'AFE
depuis 1993 etVice-Président
de lacommission
européenne del'AFE.
PIERRE OLIVIÉRO ET MARCEAU KAUB
à l'Argentine, de l'Australie au Brésil, sans oublier
l'Afrique. Ses connaissances en matières économico-fi-
nancières, reliées au social avec un humanisme à toute
épreuve, sans complaisance sur l'essentiel, mais ouvert
à tous sans esprit de chapelle, faisait de lui le candidat
idéal pour défendre nos intérêts et nos idées.
Je dois ajouter que son épouse Dany lui sert de socle in-
défectible pour le bon sens de ses démarches. Native
d'Abidjan, de maman argentine et de papa sicilien, elle
a passé toute son enfance et sa jeunesse en Afrique.
C'est une véritable française de l'étranger. C'est proba-
blement la raison pour laquelle, Serge Cyril Vinet n'a pas
attendu d'être élu à l'AFE pour être sensible aux préoc-
cupations de nos compatriotes à l'étranger. Il lesconnaît sur le bout des ongles. C'est sans doute là qu'illui faut attribuer la clef de sa réussite professionnelle.
Pour conclure, parce qu'il est l’un des meilleurs d'entre
nous tous, et de loin.
Abstentionnistes de tous bords, celles et ceux qui sui-
vent régulièrement les rubriques de retraites, fiscales,
sociales et culturelles dans La Voix des Français del'étranger et chaque trimestre dans France MagazineVous savez bien que je dis vrai !
Merci de tout cœur de contribuer à l'élection d'un col-
lègue que nous estimons toutes et tous.
> Bernard Daudier : Est-ce que ces législativesvous donnent liberté d'émettre un avis en faveurd'une ou d'un candidat ?
Marceau Kaub : Sans entrer dans un aspect “Politique”et en restant dans la simple conception de la Démocra-
tie, sans s'embarrasser d'hypocrisie, il faut reconnaître
que la majorité d'entre nous tentent de suivre leurs as-
pirations à plus d'humanité, plus de fraternité et d'en-
gagement au profit de leurs semblables.
La Démocratie permet de faire part librement de sa sen-
sibilité, de son orientation, éventuellement de ses solu-
tions face à l'évolution de la société. C'est aussi une li-
berté de pouvoir dire ce que l'on pense et de reconnaî-
tre à chacune et à chacun ses mérites ou ses erreurs.
> B. D. : Quel est votre choix ?
M. K. : L'occasionm'est donnée sans aucune crainte, etceux qui me connaissent savent que je ne crains pas les
difficultés, de donner libre cours à mes sentiments.
Voici que notre compatriote, Serge Cyril Vinet, que je
connais depuis 40 ans dans son engagement humain, a
mis ses talents et son énergie au service des Français
expatriés, de celles et ceux qui sont nos compatriotes
résidant hors de France. Il a trouvé et prouvé l'occasion
dans ses fonctions d'apporter ses connaissances à l'As-
semblée des Français de l'Étranger en Suisse, de donner
de son temps et de ses moyens pour une publication,
France Magazine, qui est le seul lien épistolaire au pro-fit de notre communauté. Je ne connais pas d'autreexemple. C'est un lien unique au monde.
> B. D. : Votre souhait ?
M. K. : Il s'agit ici de reconnaître l'homme et ses quali-tés, même si, pour certains, cela ne sera pas “politique-
ment correct” de ma part.
L'essentiel est de dire ce qui est de souhaiter qu'il y ait
beaucoup de “Serge Cyril Vinet”. Quel que soit le dra-
peau sous lequel ils se sont engagés, dont l'essentiel est
d'être le fer de lance dans la défense des droits et des in-
térêts de vous toutes et vous tous, nos compatriotes.
Les 3 et 17 juin prochains, apportez-lui massivement vos
suffrages. Soyons clairs, je ne suis pas de la mêmesensibilité politique, mais j'aspire à ce que nousayons de meilleur comme député.
> B. D. : Des concrétisations dans l'immédiat ?
M. K. : Assurément, je fus témoin de son acharnementauprès des autorités compétentes, à ne pas accepter la
fermeture, en 2004, du Consulat de France à Lausanne.
Jean-Pierre Capelli, Pierre Oliviéro, Jean-Jacques Pou-
trieux et votre serviteur, l'avons aidé de toutes nos forces
dans les démarches administratives et politiques de
tout bord, refusant la sanction du Quai d'Orsay.
Je ne doute pas un instant que l'une de ses priorités soit
une nouvelle mise en place du Consulat à Lausanne au
service de notre communauté, qui, faut-il le rappeler, est
légèrement plus importante dans
le canton de Vaud que dans le
canton de Genève.
En rétablissant une présence fran-
çaise permanente à Lausanne,
l'État offrirait davantage de
confort administratif et d'effica-
cité autant à notre communauté
qu'aux fonctionnaires du consulat
général de Genève, ce que per-
sonne ne peut contester. �
17 FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
Marceau Kaub,élu à l'AFEdepuis 1994- DéléguéGénéral duSouvenirFrançais -
Président de lasection suisse dela FNACA, etdélégué généralde l'associationdes combattantsde moins de20 ans.
PROPOS RECUEILLIS PARBERNARD DAUDIER
depuis le 1er janvier 2007, le changement de régime ne
fait plus l’objet d’une homologation de principe, celle-ci
aura lieu en cas d’opposition et en présence d’enfants
mineurs. En outre, le changement a effet entre les par-
ties à la date de l’acte ou du jugement et à l’égard des
tiers, trois mois après que mention en a été portée en
marge de l’acte de mariage.
Quels sont les avantages de la Conventionde la Haye du 14 mars 1978 ?
Avant l’entrée en vigueur au 1er septembre 1992 de la
Convention de la Haye du 14 mars 1978 sur les régimes
matrimoniaux, le changement de régime dépendait
uniquement du contenu de la loi interne appli-
cable. Depuis l’entrée en vigueur de la
Convention de la Haye, le changement
peut également être consécutif d’un
changement de loi applicable.
Selon l’article 6 de la convention de
la Haye, « les époux peuvent, au cours
du mariage, soumettre leur régime ma-
trimonial à une loi interne autre que
celle jusqu’alors applicable ». Cette li-
berté de changer de loi applicable au
régime matrimonial n’est pas abso-
lue. L’article 6 précise en effet que les
époux ne peuvent désigner que l’une
des lois suivantes :
> la loi d’un État dont l’un des époux a la na-
tionalité aumoment de cette désignation,
> ou la loi de l’État sur le territoire duquel l’un des
époux a sa résidence habituelle au moment de
cette désignation.
Cet article concerne tous les époux présentant un élé-
ment d’extranéité, de par leur nationalité ou de leur do-
micile.
Exemple : Un couple franco-japonais marié à Tokyo, où il
a vécu quelques années avant de s’installer en France, sou-
haiterait être soumis au régime de la communauté d’acquêts.
Lemariage “international”, contracté à l’étranger ou
avec une personne de nationalité étrangère, sou-
met nécessairement les époux à un régimematri-
monial (voir fiche sur la détermination du régime
matrimonial à défaut de contrat de mariage).
Cadre juridique aux relations pécuniaires entre les
époux, le régime matrimonial, qu’il soit séparatiste ou
communautaire, conditionne le sort des biens possédés
avant le mariage ou acquis au cours de l’union. Ce ré-
gime doit donc être adapté à l’âge des époux, à leur ac-
tivité professionnelle et à leur situation familiale et
patrimoniale.
Dans un contexte international, il n’est pas rare que la
situation du couple évolue les besoins et la confi-
guration familiale ou professionnelle se modi-
fient souvent et représentent autant de
facteurs pouvant amener à changer de ré-
gime.
Quelle est la loi applicable auchangement ?
En droit international privé, on
considère que la loi à laquelle est
soumis le régime matrimonial en
détermine le changement. C’est
cette loi qui indique si le change-
ment est possible, et surtout à quelles
conditions (s’il existe par exemple des
formalités ou autorisations judiciaires, ou
encore administratives). Certaines législations
imposent un régime légal obligatoire (Argentine,
Bolivie, Bulgarie, Chili, Roumanie) ; d’autres permettent
de conclure conventions uniquement avant le mariage
(Brésil, Japon, Venezuela).
Le droit français permet de changer de régime matri-
monial, mais soumet ce changement à des conditions
strictes. Ce changement ne peut intervenir qu’après
deux années de mariage. Les enfants majeurs du cou-
ple doivent être informés personnellement. Même si,
Droits du couple
18FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
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Quelle est la loi applicable au changement ? Quels sont les avantagesde la Convention de la Haye du 14 mars 1978 ? Ce changementpeut-il se limiter aux biens immobiliers ? Ce changement peut-il selimiter aux biens immobiliers ? À quelles formalités faut-il procéder ?France Magazine répond.
Lamodification durégimematrimonial
Ayant fixé leur domicile commun au Japon après leur ma-
riage, les époux sont actuellement soumis au régime légal ja-
ponais de la séparation de biens. Or, le droit japonais retient
le principe de l’immutabilité du régime matrimonial.
Cependant, un des époux ayant la nationalité française, et le
couple étant maintenant établi en France, ils pourront, par
application de l’article 6 de la Convention, se placer sous la loi
française et adopter le régime français de la communauté ré-
duite aux acquêts.
Cet article concerne tous les époux présentant un élé-
ment d’extranéité, de par leur nationalité ou de leur do-
micile.
Exemple :Un couple franco-japonais marié à Tokyo,où il a
vécu quelques années avant de s’installer en France, souhai-
terait être soumis au régime de la communauté d’acquêts.
Ayant fixé leur domicile commun au Japon après leur ma-
riage, les époux sont actuellement soumis au régime légal ja-
ponais de la séparation de biens. Or, le droit japonais retient
le principe de l’immutabilité du régime matrimonial. Cepen-
dant, un des époux ayant la nationalité française et le couple
étant maintenant établi en France, ils pourront, par applica-
tion de l’article 6 de la Convention, se placer sous la loi fran-
çaise et adopter le régime français de la communauté réduite
aux acquêts.
Ce changement peut-il se limiter aux biens immobiliers ?
Conformément au principe de l’indivisibilité du régime
matrimonial, il ne peut y avoir en principe qu’une seule
loi qui gouverne le régime.
Toutefois, la Convention de la Haye (article 6, alinéa 3)
permet de soumettre les biens immobiliers à la loi du
lieu de leur situation.
Il en est ainsi d’un couple d’anglais mariés sous la sé-
paration de biens, ayant acheté pourmoitié indivise une
résidence secondaire en France et qui a entendu parler
de l’avantage de la communauté universelle avec clause
d’attribution intégrale au conjoint survivant (voir fiche
sur la communauté universelle). Les époux pourront
passer sous la loi française par le biais de l’article 6 al. 3
de la convention de la Haye et, par la suite, choisir ce
régime de droit français.
L’acte de changement doit-il revêtir une forme particulière ?
Ce changement de loi applicable s’effectue par simple
déclaration des époux. Il s’agit d’un acte notarié établi
sous la forme d’un contrat demariage. Aucune durée de
mariage préalable au changement n’est exigée, et si les
époux le souhaitent, ils peuvent faire rétroagir le chan-
gement au jour de leur mariage (à spécifier dans l’acte).
Le changement de loi peut avoir lieu plusieurs fois sans
nécessiter un délai entre chaque changement.
Cette possibilité de changer de loi n’est pas réservée aux
seuls époux mariés après l’entrée en vigueur en France
de la Convention de la Haye, le 1er septembre 1992. Elle
est également offerte aux époux dont le mariage est an-
térieur, en vertu de l’article 21 al.1 de la Convention.
À quelles formalités faut-il procéder ?
Les mesures de publicitéSuite à un changement de loi applicable selon l’article 6
de la Convention de la Haye, l’article 1397-3 al.2 du Code
civil s’applique : « Les époux font procéder aux mesures de
publicité (...) dans les conditions et formes prévues au nou-
veau Code de procédure civile. S’ils ont passé un contrat de
mariage, mention de la loi applicable ainsi désignée est por-
tée sur la minute de celui-ci ».
Il conviendra, dans ce cas, d’avertir le notaire rédacteur
du contrat de mariage initial.
Le défaut de publicitéSelon l’article 1397-4 al 2 : « En l’absence d’accomplisse-
ment de ces formalités, la désignation de la loi applicable est
opposable aux tiers si, dans les actes passés avec eux, les époux
ont déclaré la loi applicable à leur régime matrimonial ». Si
vous souhaitez contracter un emprunt auprès d’une
banque et prendre éventuellement une garantie, vous
devrez apporter vous-même la preuve du changement
et de votre régimematrimonial actuel. Si vous n’en faites
pas état lors de la conclusion du contrat, les créanciers
ne pourront en tenir compte.
Le défaut de publicitéSelon l’article 1397-4 al 2 : « En l’absence d’accomplisse-
ment de ces formalités, la désignation de la loi applicable est
opposable aux tiers si, dans les actes passés avec eux, les époux
ont déclaré la loi applicable à leur régime matrimonial ». Si
vous souhaitez contracter un emprunt auprès d’une
banque et prendre éventuellement une garantie, vous
devrez apporter vous-même la preuve du changement
et de votre régimematrimonial actuel. Si vous n’en faites
pas état lors de la conclusion du contrat, les créanciers
ne pourront en tenir compte.
La mentionConformément à l’article 1303-1 du Nouveau Code de
procédure civile, si l’acte de mariage est conservé par
une autorité française, il sera mentionné en marge de
l’acte de mariage. En revanche, quand l’acte de mariage
n’est pas conservé par une autorité française, l’acte de
désignation doit être publié au répertoire civil annexe
tenu au service central d’état-civil du ministère des af-
faires étrangères à Nantes.
Pour cela, il doit être reçu soit en la forme authentique
s’il est établi en France, soit sous une autre forme, à la
condition que l’un des époux soit français. �
19 FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
[ • La Convention de la Haye peut être consultée sur le site :http://www.hcch.net/index_fr.php?act=text.display&tid=26• Sur le site de L'Union Internationale du Notariat (UINL), à la rubrique« contact », vous pouvez trouver un notaire local: www.uinl.org• Le notariat et l'international sur : www.notaires.fr
Où se renseigner ?
En quoi consiste le régime de communautéuniverselle ? Quel est l’intérêt d’y adjoindre uneclause d’attribution au dernier vivant ? Quelleprotection en présence d’enfants d’une autre union ?Peut-on se prémunir en cas de divorce ? Ce régime etl’avantage matrimonial sont-ils connus à l’étranger ?Réponses.
Choisir la
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 20
Droits du couple et de la famille
En quoi consiste le régime de communauté universelle ?
Le régime matrimonial de la communauté universelle
peut être choisi soit avant le mariage dans un contrat
établi par acte notarié (voir fiche “l’intérêt de faire un
contrat de mariage”), soit par la suite lors d’un change-
ment de régime matrimonial.
Dans le régime de la communauté universelle, tous les
biens, présents et àvenir, possédés par les époux sont
mis en commun, quelle que soit la date d’acquisition
(avant ou après le mariage), leur origine (achat, dona-
tion, etc.) et leur mode de financement.
Les biens propres par nature définis par l’article 1404 du
Code civil restent toutefois la propriété personnelle du
conjoint concerné : vêtements et linges personnels, et
surtout les dommages-intérêts et les indemnités alloués
en réparation d’un préjudice personnel, moral ou phy-
sique.
Dans ce régime, les conjoints sont responsables de leurs
dettes personnelles sur l’ensemble de ces biens com-
muns, que ces dettes aient été faites avant ou pendant
le mariage.
Lors de la liquidation de la communauté, les biens com-
muns sont partagés à parts égales, mais le contrat de
mariage peut aussi prévoir un partage inégal.
Attention ! Il ne faut pas confondre communauté uni-
verselle et attribution intégrale au survivant. La com-
munauté universelle est une mise en commun totale
des biens pendant le mariage. À la dissolution de celui-
ci par décès, le conjoint survivant n’est pas automati-
quement propriétaire de tous les biens communs.
Ce n’est que si une clause d’attribution intégrale au sur-
vivant a été intégrée dans le contrat de mariage que
celui-ci recueille la totalité des biens communs. À dé-
faut, seule la moitié de ces biens lui revient.
Quel est l’intérêt d’y adjoindre une clause d’attributionau dernier vivant ?
Très souvent, les conjoints mariés sous le régime de la
communauté universelle font insérer dans le contrat une
clause d’attribution intégrale au survivant.
Les avantagesLa communauté universelle avec clause d’attribution in-
tégrale permet d’assurer l’avenir du conjoint survivant
en lui attribuant la totalité du patrimoine conjugal.
La communauté est attribuée au conjoint survivant sans
formalité aucune. Nul besoin de rédiger une déclaration
de succession puisqu’il n’y a pas de
succession. Le notaire doit simple-
ment inscrire au Fichier des hypo-
thèques la propriété des
immeubles au nom du seul survi-
vant. Le conjoint survivant sera
pleinement propriétaire du patri-
moine laissé par le défunt. Les en-
fants ne recevront leur part qu’au
second décès.
Cette clause d’attribution intégrale est un avantagema-
trimonial qui est irrévocable, contrairement aux dona-
tions au dernier vivant qui peuvent être révoquées à tout
moment par le donateur. Pour mettre fin à cette attribu-
tion intégrale, les époux n’auront pas d’autres choix que
de procéder à un changement de régime matrimonial
qui nécessitera leur consentement respectif.
Les inconvénientsLa communauté universelle avec clause d’attribution in-
tégrale peut présenter des inconvénients pour les en-
fants du couple.
D’une part, ils sont privés, dans un premier temps, de
l’héritage de leur parent décédé, ce qui peut poser par-
fois quelques problèmes financiers. En sens contraire, il
n’est pas opportun d’insérer une clause d’attribution in-
tégrale de la communauté au conjoint survivant quand
le premier décès risque d’intervenir à un âge avancé car
le conjoint, lui-même âgé, n’a pas toujours besoin d’un
patrimoine important pour faire face à ses besoins.
D’autre part, ce mécanisme n’est pas toujours fiscale-
ment intéressant. Avec les autres régimesmatrimoniaux,
les enfants recueillent l’héritage de leurs parents en
deux temps et profitent donc deux fois du barème pro-
gressif et des abattements parent/enfant actuellement
en vigueur. Alors qu’ici, la totalité du patrimoine des pa-
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communautéuniverselle
[Quotité disponiblePart de ses biens dont une personne peut librementdisposer. La quotité disponible est opposée à la réserve, quiconstitue la portion de biens réservée aux héritiersréservataires en vertu de la loi.Réserve héréditairePart du patrimoine dont vous ne pouvez disposer, c'est-à-dire transmettre librement. Cette part est réservée de droitaux héritiers dits réservataires (ex : les descendants).Action en réductionRecours en justice qui permet aux héritiers réservataires deremettre en cause les donations et legs consentis par ledéfunt qui excèdent la quotité disponible et qui empiètentsur leur part de réserve.
Définitions
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 201221
Bretagne, les États-Unis ou encore l’Australie l’admet-
tront en tant que convention demariage dans lamesure
où leur législation ignore la réserve héréditaire et prône
la liberté matrimoniale.
En ItalieEn revanche, le droit italien qui connaît le régime de la
communauté universelle qu’il n’est pas possible de pré-
voir, lors de la dissolution de la communauté, une autre
répartition que celle en deux parts égales prévues par
l’article 194 du Code civil italien. Par ailleurs, tout
contrat concernant des attributions patrimoniales en
cas de décès est contraire à l’article 458 du Code civil
italien qui prohibe les pactes sur successions futures.
La clause d’attribution de la communauté au survivant
ne sera reconnue ni sur le plan civil, ni sur le plan fiscal
en Italie.
En SuisseLe droit interne suisse qui permet l’adoption de la com-
munauté avec clause de partage inégal a imposé une li-
mite : « le contrat de mariage peut prévoir un mode de
partage autre que le partage par moitié. Ces conventions ne
peuvent porter atteinte à la réserve des descendants » (art.241
du Code civil). L’effet de la clause d’attribution de la
communauté au survivant est donc limité dès lors qu’un
conjoint a des descendants.
À la différence de l’action en réduction du droit français
qui ne concerne que les enfants d’une première union,
l’article 241 du Code civil suisse vise l’ensemble des en-
fants du défunt. La clause de partage inégal est assimi-
lée en droit interne suisse à une disposition de dernière
volonté, qui fera l’objet d’une action en réduction en
présence d’héritiers réservataires.
La fiscalitéEnfin, si cette clause est qualifiée d’avantage matrimo-
nial en France et y bénéficie d’une franchise fiscale, elle
n’échappera pas aux droits de mutation par décès dans
la plupart des États comme en Allemagne, en Belgique,
aux Pays-Bas... �
rents sera transmise en une seule fois, lorsque les deux
parents seront décédés.
Quelle protection en présence d’enfants d’une autre union ?
Quels que soient ses avantages ou ses inconvénients, la
communauté universelle avec clause d’attribution inté-
grale est déconseillée quand l’un des conjoints a déjà
des enfants d’un premier mariage. En effet, ces derniers
ont alors le droit d’engager une action en réduction (voir
lexique) au décès de leur parent remarié. Pour autant,
cette action n’est pas automatique. Les enfants d’une
union précédente peuvent renoncer à l’exercer.
Naturellement, les enfants peuvent aussi accepter que le
nouveau conjoint de leur parent décédé recueille da-
vantage que la quotité disponible. Mais dans ce cas, s’ils
exercent une action en réduction, la part qui excède la
quotité disponible est soumise aux droits de succession
pour le conjoint survivant.
La clause de reprise des apports par les héritiersSauf stipulation contraire, la clause d’attribution inté-
grale de la communauté au conjoint survivant n’em-
pêche pas les héritiers du premier défunt (enfant issus
d’un premier lit, par exemple) de demander la reprise
des éventuels biens et capitaux que le défunt avait ap-
portés à la communauté conjugale et dont il était le pro-
priétaire avant le mariage.
Peut-on se prémunir en cas de divorce ?
Lamesure préventive pour échapper aux effets néfastes
du divorce consiste à inclure dans le contrat demariage,
une clause de “reprise en nature”. La loi du 23 juin 2006
portant réforme des successions et des libéralités a
ajouté un alinéa à l’article 265 du Code civil, lequel
énonce : « Toutefois, si le contrat de mariage le prévoit, les
époux pourront toujours reprendre les biens qu’ils auront ap-
portés à la communauté ». Grâce à cette clause, chacun
des époux reprend les biens qu’il a personnellement ap-
portés à la communauté et reçoit la moitié des biens
communs (biens acquis pendant le mariage).
Ce régime et l’avantage matrimonialsont-ils connus à l’étranger ?
De nombreux pays connaissent le régime de commu-
nauté universelle ou de communauté de biens, mais
parfois, les législations étrangères présentent quelques
particularités (tel est le cas du régime légal néerlandais
de la communauté universelle différée dans lequel cha-
cun des époux a tous les pouvoirs, aussi bien d’admi-
nistration que de disposition, sur les biens entrés dans
la communauté de son chef).
Mais même si bon nombre de pays reconnaissent ce ré-
gime communautaire, peu admettent la clause d’attri-
bution intégrale au conjoint survivant et beaucoup de
législations l’ignorent.
La majorité des pays de common law comme la Grande-
Prendre des dispositions testamentairesà l étrangerComment procéder à la rédaction d'un
testament ? À qui doit-on s'adresser ?Peut-on établir un testament conjoint ?Quelles sont les dispositions qui peuvent
être insérées dans un testament ?Comment l'exécution du testament
sera-t-elle assurée ? [> Sur le site de l'Association du réseau européen desregistres testamentaires (Arert), des fiches expliquentcomment inscrire et rechercher un testament danschacun des pays de l'Union européenne et en Croatie.http://arert.eu/Fiches-pratiques.html
> Sur le droit des successions dans tous les pays de l'Unioneuropéenne, voir le site : www.successions-europe.eu
Où se renseigner ?
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 22
Successions & Donations
Tout Français se trouvant à l’étranger et qui sou-
haite rédiger un testament doit agir de telle sorte
que la validité en soit reconnue à la fois par les au-
torités françaises et les autorités étrangères, notamment
celles du lieu de sa résidence qui, du fait des circons-
tances au moment du décès, peuvent être concernées.
Comment procéder à la rédaction d’un testament ?
La Convention de la Haye « sur les conflits de lois en ma-
tière de forme des dispositions testamentaires » du 5 octobre
1961, entrée en vigueur en 1967, a considérablement
élargi les possibilités. Elle est devenue le droit commun
français, applicable même aux rapports qui n’intéres-
sent aucun des États signataires, car elle est indépen-
dante de toute condition de réciprocité.
La convention de la Haye offre un choix important de
lois compétentes. Selon l’article 1er de la convention, le
testament est considéré valable quant à la forme si
celle-ci répond à la loi interne :
• du lieu où le testateur a disposé ;
• ou d’une nationalité possédée par le testateur, soit au
moment où il a disposé, soit au moment de son
décès ;
• ou du lieu dans lequel le testateur avait son domicile,
soit au moment où il a disposé, soit au moment de
son décès ;
• ou du lieu dans lequel le testateur avait sa résidence
habituelle, soit aumoment où il a disposé, soit aumo-
ment de son décès ;
• ou du lieu de leur situation pour les immeubles (c’est-
à-dire les biens immobiliers quels qu’ils soient, ter-
rains, habitations…)
Que le testament soit rédigé en France ou à l’étranger, le
testateur dispose d’une grande variété de choix quant à
la forme testamentaire. Il existe, par exemple en droit
français, plusieurs formes de testaments : authentique,
olographe, mystique ou international.
Le testament olographe et le testament authentique
sont les deux formes les plus utilisées. Le testament est
“olographe” lorsqu’il est écrit, daté et signé entièrement
de la main de son auteur. Le recours aux conseils d’un
notaire est cependant souhaitable afin que le testament
ne puisse pas faire l’objet de plusieurs interprétations,
pour être certain que son contenu est conforme à la vo-
lonté de son auteur et qu’il sera aisément exécuté.
En outre, même si on le rédige seul, il est vivement
conseillé de déposer le testament chez un notaire pour
qu’il soit inscrit au fichier des dernières volontés (à Ve-
nelles dans les Bouches-du-Rhône) ou sur les registres
prévus à cet effet à l’étranger. Il sera ainsi retrouvé à
coup sûr au moment du décès.
Le testateur peut aussi choisir une forme plus solennelle
en recourant au testament authentique. Le testament
“authentique” est rédigé par le notaire lui-même, sous la
dictée du testateur et en présence de deux témoins, ou
reçu par deux notaires. Il est le plus sûr car il est incon-
testable.
À qui doit-on s’adresser ?
Les multiples rattachements prévus par la Convention
de la Haye permettent soit de tester dans les formes ad-
mises dans l’État de votre nationalité, soit de prendre
des dispositions en la forme locale après renseignement
auprès d’un juriste exerçant dans le pays de votre rési-
dence.
Depuis le 1er janvier 2005, les consulats de France des
vingt-sept États de l’Union européenne, comme ceux
d’Islande, de Norvège, de Suisse, d’Andorre, deMonaco
et auprès du Saint-Siège, n’ont plus de fonctions nota-
riales. Il est donc inutile de se rendre auprès des ser-
vices consulaires de ces pays. En revanche, il est
possible de se rapprocher d’un notaire dans les pays de
droit latin (sur le site de l’UINL, à la rubrique contact,
vous trouverez le notaire étranger le plus proche), d’un
solicitor dans les pays de common law comme la Grande-
Bretagne ou encore d’un avocat dans les pays scandi-
naves.
Si vous résidez à Londres pour des raisons profession-
nelles, vous pourrez ainsi établir un testament en la
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[Dans un contexte international, il est vivementdéconseillé de multiplier les testaments dans différents
pays. Pour des raisons de conservation, d'interprétation desdispositions ou encore de révocation, il est préférabled'établir un seul document en le rédigeant le plusclairement possible et de choisir un lieu unique où il seraconservé.
Le conseil du notaire
[Quotité disponiblePart de ses biens dont une personne peut librementdisposer. La quotité disponible est opposée à la réserve, quiconstitue la portion de biens réservée aux héritiersréservataires en vertu de la loi.Réserve héréditairePart du patrimoine dont vous ne pouvez disposer, c'est-à-dire transmettre librement. Cette part est réservée de droitaux héritiers dits réservataires (ex : les descendants).LegsDisposition particulière d'un testament par laquelle letestateur soit laisse tout ou partie de ses biens à une autrepersonne qui n'y avait normalement pas droit, soit attribue àun de ses héritiers légaux une part d'un montant excédant lapart d'héritage que la loi lui réserve.Le bénéficiaire d'un legs est appelé le légataire.
Définitions
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 201223
fant, l’organisation des funérailles, le souhait d’effectuer
un don d’organes ou encore la désignation d’un tuteur,
pour protéger ses enfants mineurs dans l’hypothèse
d’un décès prématuré des parents.
Comment l’exécution du testament sera-t-elle assurée ?
S’agissant de l’exécution du testament en France, elle
ne pourra avoir lieu pour les biens soumis à la loi fran-
çaise que dans la limite de la quotité et de la réserve du
droit français.
Rappelons que selon les règles françaises de droit in-
ternational privé, la loi successorale applicable est la loi
de situation pour les biens immobiliers et la loi du der-
nier domicile du défunt pour les biens mobiliers.
En droit français, les enfants sont héritiers réservataires,
ce qui signifie qu’on ne peut les priver d’une part de la
succession (calculée en fonction du nombre d’entre eux
et de la présence ou non d’un conjoint).
S’il n’est pas interdit à deux époux de disposer l’un en fa-
veur de l’autre en présence de descendant (art. 1094-1
du Code civil), le conjoint survivant ne pourra toutefois
recueillir la totalité du patrimoine que si les enfants re-
noncent à exercer la réduction de la libéralité pour ob-
tenir leur réserve (art. 920, Code civil). Si vous possédez
des biens dans un autre pays, il conviendra de se ren-
seigner auprès d’un juriste local sur le contenu de la loi
successorale applicable. Un bon nombre de pays ne
connaissent pas la réserve héréditaire. Dans ce cas, le
testament pourra s’appliquer sans aucune restriction.�
forme anglaise (l’article 9 duWills Act 1837, tel que mo-
difié par l’article 17 de l’Administration of Justice Act
1982, prévoit que le testament peut être dactylographié
mais doit être signé par le testateur en présence de deux
témoins majeurs).
Ce testament sera valable en France. Pour lui faire pro-
duire des effets en France au moment du décès, le tes-
tament devra être traduit le document (s’il n’est pas déjà
rédigé en français) et légalisé (si la légalisation est né-
cessaire). Avec la Grande-Bretagne, le document devra
être revêtu de l’apostille.
Peut-on établir un testament conjoint, en couple par exemple ?
L’article 4 de la Convention prévoit « qu’elle s’applique
également aux formes de dispositions testamentaires faites
dans un même acte par deux ou plusieurs personnes ». Cet
article vise les testaments conjonctifs prohibés en
France (art. 968 du Code civil) comme dans de nom-
breux autres pays où, en principe, le testament n’est va-
lable que s’il est rédigé par une seule personne. La
jurisprudence française a considéré que cette prohibi-
tion était une question de forme relevant de la loi du
lieu de sa rédaction.
Dès lors, un testament conjonctif établi dans un pays
qui admet sa validité sera valable en France. Deux époux
français résidant en Allemagne peuvent établir un tes-
tament conjonctif afin de se léguer mutuellement la to-
talité de leur patrimoine (l’article 2265 du BGB le
permettant lorsqu’il est l’œuvre de deux époux). Ce tes-
tament sera reconnu en France sans difficulté. Il en se-
rait de même en Suède ou au Danemark, où l’on admet
le testament conjoint.
Quelles sont les dispositions qui peuvent être inséréesdans un testament ?
La Convention de la Haye du 5 octobre 1961 s’applique
à « toutes les dispositions testamentaires ». Outre l’attribu-
tion de biens à certaines personnes par l’institution du
legs, le testament peut prévoir la désignation d’un exé-
cuteur testamentaire qui consiste à veiller ou à procéder
à l’exécution des volontés du testateur ou encore à la
désignation des bénéficiaires d’un capital décès dans le
cadre d’une assurance-vie.
Le testament peut aussi englober des dispositions non
successorales, par exemple la reconnaissance d’un en-
MOT CLÉL'âge légal de départ à la retraite est l'âge minimumà partir duquel un assuré peut obtenir sa retraite. Des
départs avant cet âge sont toutefois possibles sous cer-
taines conditions.
1Date de présentation du projet de loi « portant réforme des
retraites. »2Les retraites personnelles et de réversion sont indexées sur l'indice
des prix à la consommanon hors tabac. Elles sont revalorisées le 1er
avril de chaque année.
La retraite pour pénibilité
Le dispositif de retraite pour pénibilité, issu de la ré-
forme des retraites, est entré en vigueur depuis le 1er juil-
let 2011. Il permet aux personnes, souffrant d'une
incapacité permanente reconnue au titre d'unemaladie
professionnelle ou d'un accident du travail, de continuer
à partir à la retraite dès 60 ans.
Les conditionsVous devez bénéficier d'une rente d'incapacité perma-
nente d'un taux :
• au moins égal à 20 % ;
ou
• au moins égal à 10 % et inférieur à 20 %.
Le taux d'incapacité permanente doit être reconnu au
titre :
• d'une maladie professionnelle ;
ou
• d'un accident du travail qui a entraîné des lésions
identiques à celles indemnisées au titre d'unemaladie
professionnelle. C'est le médecin-conseil régional qui
apprécie si les lésions qui ont entraîné le versement
de la rente accident du travail sont identiques à celles
indemnisées au titre d'une maladie professionnelle.
Le remboursement des versements pour la retraite
Vous êtes né à partir du 1er juillet 1951 et vous avez,
avant le 13 juillet 20101, effectué des versements pour la
retraite qui s'avèrent aujourd'hui inutiles compte tenu
du recul progressif de l'âge légal de départ à la retraite
de 60 à 62 ans ? Sachez que la réforme des retraites pré-
voit la possibilité, pour les personnes qui se trouvent
dans cette situation, d'obtenir un remboursement des
sommes versées sous certaines conditions.
Les conditions• être né à partir du 1er juillet 1951 ;
• ne pas être titulaire d'une retraite personnelle servie
par les régimes français de base ou complémentaires.
Les modalités pratiquesVous pouvez faire cette demande de remboursement
jusqu'au 11 novembre 2013. Vous pouvez demander le
remboursement de la totalité ou seulement d'une par-
tie de vos versements pour la retraite.
Les versements remboursés sont revalorisés dans les
mêmes conditions que les retraltes2 entre la date de
paiement du versement et la date de notification du
remboursement.
Vous avez payé votre versement par échelonnement ?
Tous les versements (y compris les majorations) sont
remboursables dès lors qu'une échéance a été payée
avant le 13 juillet 2010. En cas de remboursement par-
tiel, les trimestres conservés sont censés avoir été payés
par les premières échéances.
Quelle incidence sur la carrière ?Le remboursement intégral du versement entraîne l'an-
nulation des trimestres correspondant reportés sur votre
relevé de carrière. En cas de remboursement partiel, les
trimestres reportés sur les périodes les plus anciennes
sont conservés.
Retraite spécial réforme
24FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
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Dans une précédente édition, nous vous informions sur lesprincipales nouveautés issues de la loi du 9 novembre 2010portant réforme des retraites. Dans cet article “spécialeréforme”, nous revenons plus en détail sur certaines mesurestelles que le remboursement des versements pour la retraiteou la retraite pour pénibilité. Bonne lecture.Retraite
L’actualité de la
[Les sommes remboursées sont imposables, au titre deleur année de perception, dans la même catégorie
d'imposition que celle pour laquelle elles avaient étéadmises en déduction d'impôt.
Bon à savoir
[Vous êtes concerné si vous avez cotisé au régime généralde la Sécurité sociale française, au régime des salariés
agricoles et/ou au régime des non salariés agricoles.
Bon à savoir
Les taux• Le taux d'incapacité permanente est au moins égal à
20 % : le droit à la retraite pour pénibilité est ouvert.
• Le taux d'incapacité permanente est au moins égal à
10 % et inférieur à 20 % : vous devez avoir été exposé
pendant aumoins 17 ans (soit 68 trimestres cotisés) à
un ou plusieurs facteurs de risques professionnels
ayant entraîné cette incapacité.
> Si votre incapacité est due à une maladie profes-
sionnelle, le droit à la retraite pour pénibilité est ou-
vert si vous justifiez d’au moins 68 trimestres
cotisés ;
> Si votre incapacité est due à un accident du travail,
il faut apporter des éléments de preuve de l'exposi-
tion aux facteurs de risques professionnels à l'aide
de documents en votre possession (par exemple:
bulletins de salaire, contrats de travail, etc.). Votre
demande de retraite pour pénibilité est alors sou-
mise à l'avis d'une commission pluridisciplinaire.
Cette commission est chargée d'examiner la durée
de votre carrière pendant laquelle vous avez été ex-
posé aux risques professionnels.
Les périodes cotisées à un régime français ou dans un
État de l'Union européenne1 sont retenues pour déter-
miner la durée d'exposition.
À quel âge pouvez-vous partirà la retraite pour pénibilité ?Si vous remplissez les conditions citées précédemment,
vous pouvez partir à la retraite dès 60 ans. Le taux de la
retraite pour pénibilité est toujours de 50 % et quelle
que soit la durée d'assurance.
C'est à vous de choisir le point de départ de votre re-
traite. Il est fixé le premier jour d'un mois et ne peut se
situer avant :
• le 1er juillet 2011 ;
• votre 60e anniversaire ;
• la date de dépôt ou de réception de votre demande.
MOT CLÉOn entend par facteurs de risques professionnels lescontraintes physiques marquées (manutentions ma-
nuelles de charges, postures pénibles, etc.) et celles
liées au rythme de travail (travail de nuit, travail répéti-
tif, etc.), la pénibilité au titre de “l'environnement agres-
sif” (bruit, agents chimiques, etc.).
1Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Chypre, Danemark,
Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande,
Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Pologne,
Portugal, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni,
Slovaquie, Slovénie et Suède.
Si vous vous adressez à l'institution de retraite de votre
pays de résidence (pays en coordination européenne ou
convention bilatérale), il faut indiquer que vous de-
mandez votre retraite française au titre de la pénibilité.
À réception des formulaires de liaison, la caisse de re-
traite française vous contactera pour vous demander les
informations nécessaires à l'instruction de votre dossier.
Pour plus d'informations sur la retraite pour pénibilité,
consultez notre site www.lassuranceretraite.fr. rubrique
“Salariés, Vos droits au cas par cas, Événements profes-
sionnels, Je souhaite demander la retraite pour pénibi-
lité“.
En bref
Durée d'assurance pour le taux pleinde la génération 1955Pour les personnes nées en 1955, la durée d'assurance
nécessaire pour obtenir une retraite à taux plein est
désormais connue. Elle est de 166 trimestres.
La loi du 9 novembre 2010 portant réforme des retraites
(voir Life de janvier-février 2011) précise que la durée
d'assurance nécessaire pour obtenir la retraite à taux
plein sera fixée l'année du 56e anniversaire pour chaque
génération.
Nouvelles conditions d'attributiondu minimum contributifSi votre retraite est calculée au taux plein de 50 %, son
montant ne peut pas être inférieur au minimum contri-
butif. Le montant calculé de votre retraite est automati-
quement comparé avec celui duminimum contributif et
le plus élevé des deux vous est servi.
25 FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
[L'incapacité permanente due à un accident du trajetn'ouvre pas droit à la retraite pour pénibilité.
Bon à savoir [Les taux d'incapacité d'une ou plusieursmaladies professionnelles et/ou d'un
ou plusieurs accidents du travail peuvents'additionner pour déterminer le tauxd'incapacité total. L'addition des taux n'estpossible que si l'un des taux est au moinségal à 10%.
Bon à savoir
[L'incapacité permanente due à un accident du trajetn'ouvre pas droit à la retraite pour pénibilité.
Bon à savoir
Le minimum contributif comprend le minimum calculé
compte tenu de votre durée d'assurance et la majora-
tion au titre des périodes cotisées.
À compter du 1er janvier 2012, les conditions changent.
L'attribution du minimum se fera sous réserve d'avoir
demandé toutes ses retraites personnelles de base et
complémentaires dont les droits sont ouverts. Le mon-
tant total de ces dernières, éventuellement portées au
minimum, ne devra pas dépasser un certain seuil1. Dans
le cas contraire, la majoration duminimum sera réduite.
Nous reviendrons plus en détail sur ces modifications
dans un prochain numéro. �
1À titre indicatif au 1er janvier 2012 : 1 005 euros brut par mois.
Retraite spécial réforme
26FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
www.exp
atria-cu
m-patria.ch
[Pour toute information complémentaire ou personnalisée,connectez-vous sur notre site ww.lassuranceretraite.tr.
Cnav - Information des Français de l’étranger - 75951 Pariscedex 19.
Plus d informations sur la retraite ?
VOUS ÊTES NÉ VOTRE ÂGE LÉGAL DEDÉPART À LA RETRAITE
DURÉE D’ASSURANCE POUROBTENIR UNE RETRAITE
À TAUX PLEIN(en trimestre)
VOUS OBTENEZLE TAUX PLEIN À
(même si vous ne justifiez pasde la durée d’assurance exigée)
60 ans
60 ans 161 65 ans
60 ans et 8 mois 164 65 ans et 8 mois**
61 ans et 4 mois 165 66 ans et 4 mois**
62 ansFixé par décret l’annéedu 56e anniversaire
67 ans**
60 ans 163 65 ans
160 65 ans
60 ans 162 65 ans
61 ans 165 66 ans**
61 ans et 8 mois 166 66 ans et 8 mois**
60 ans et 4 mois 163 65 ans et 4 mois**
En 1948 (et avant)
En 1952*
En 1953*
En 1954*
En 1955*
À partir de 1956*
En 1949
En 1950
Du 1er janvier 1951au 30 juin 1951
Du 1er juillet 1951au 31 décembre 1951
*Les récentes annonces du gouvernement vont certainement conduire à modifier l'âge légal et l'âge du taux plein pour les générations nées àpartir de 1952. Actuellement, nous sommes en attente des textes législatifs et réglementaires qui confirmeront ces évolutions.**L'âge d'obtention d'une retraite à taux plein est maintenu à 65 ans pour certains assurés. Pour plus d'informations, rendez-vous sur notresite www.lassuranceretraite.fr
Quels sont les problèmes qui peuvent se poser ? À quoi servent les conventions internationales ?Quelles sont les limites des conventions internationales ?
La fiscalité des donationset des successions internationales
[> DRESG : Recette des non résidents10 rue du Centre TSA 50014 - NOISY-LE-GRAND93465 NOISY-LE-GRAND CEDEX
> www.service-public.fr> Pour la liste des conventions internationales signées par la
France : http://www.legifrance.gouv.fr/> Pour consulter la doctrine administrative :
http://www.impots.gouv.fr/
Où se renseigner ?
[> Anticiper la transmission de sonpatrimoine en fonction de critères civilset fiscaux
> Rechercher l'existence d'une conventioninternationale
Points à retenir
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 28
Fiscalité
Unnon-résident peut détenir des biens en France
ou à l'étranger. Or, chaque pays dans lequel se
trouvent les biens ou les personnes conserve, en
principe , le droit d'imposer une transmission à titre gra-
tuit (donation ou succession). En effet, la loi nationale
de chaque État permet de déterminer le régime appli-
cable à une donation ou à une succession.
Quels sont les problèmes qui peuvent se poser ?
En France, dans l'hypothèse où un non-résident trans-
met des biens à titre gratuit, il convient de distinguer
deux situations (CGI, art. 750 ter 2° et 3°) :
• si l'héritier, le donataire ou le légataire a été domicilié
en France pendant aumoins six années au cours des dix
dernières années précédant la transmission, le patri-
moine détenu en France ou à l'étranger est soumis à
l'impôt de mutation en France. Dans ce cas, le montant
des droits de mutation acquittés hors de France est dé-
ductible de l'impôt dû en France.
• si la condition de domiciliation n'est pas remplie, seul
le patrimoine détenu en France est soumis à l'impôt de
mutation en France. Dans ce cas, il n'est pas possible
d'imputer l'impôt payé à l'étranger sur l'impôt dû en
France.
Dans l'État de domiciliation du non-résident français, il
peut exister lemême type de règles. Cemécanisme peut
donc engendrer des problèmes de double imposition.
Dans ce cas, une même opération peut se voir taxée
dans deux pays, par exemple dans le pays de résidence
du Français expatrié et dans le pays de résidence de ses
enfants. Par ailleurs, la nature des biens transmis peut
différer d'un État à l'autre. Ainsi, certains biens sont
considérés en France comme des immeubles alors que
dans d'autres pays, il s'agit de biens mobiliers. Là en-
core, des risques de double imposition peuvent exister.
À quoi servent les conventions internationales ?
Pour limiter ce phénomène, la France a signé des conventions avec d'autres
pays. On parle de convention internationale bilatérale. Ces conventions, qui
prévalent sur la loi nationale des États signataires, définissent les droits des
États quant aux impôts qu'ils peuvent collecter. Les conventions peuvent
donc déroger à la loi nationale. Leur rédaction et leur fonctionnement ne
sont pas homogènes et elles peuvent être modifiées dans le temps.
Aussi, dans chaque cas, que ce soit pour une donation ou une succession,
il convient de vérifier si une convention a été signée entre la France et le
pays de résidence de l'expatrié. Par ailleurs, il faut tenir compte des ave-
nants qui ont pu intervenir depuis la signature de la convention.
Quelles sont les limites des conventions internationales ?
La France n'a pas signé de conventions internationales avec tous les pays.
De même, certains impôts peuvent ne pas être visés dans les conventions.
Ainsi, une convention bilatérale peut exister pour régler les problèmes de
succession mais ne pas aborder les règles relatives aux donations. Enfin,
dans certains cas, même si une convention a été signée, il est possible
qu'elle ne soit pas applicable en raison de son champ d'application.
Exemple : Par exemple, la convention franco-monégasque du 1er avril 1950 ap-plicable en matière de droits de succession ne vise que les ressortissants de France
ou de Monaco. Ainsi, si une personne de nationalité suisse,possédant un immeu-
ble en France, décède à Monaco, lieu de son domicile, la convention franco-moné-
gasque ne sera pas applicable.
Par ailleurs, la convention franco-suisse du 31 décembre 1953 relative aux
droits de succession ne s'applique qu'aux successions des personnes ayant
leur dernier domicile fiscal en France ou en Suisse, quelle que soit leur na-
tionalité. Elle ne sera donc pas applicable si la personne décède à Monaco.
Faute de convention applicable, la loi nationale de chaque pays détermi-
nera le régime fiscal de la succession. Enfin, l'application de la loi fiscale
d'un État n'a pas d'influence sur l'application de la loi civile.
En conclusion, pour préparer le transfert d'un patrimoine et éviter des dé-
convenues, il convient de se rapprocher d'un professionnel tel que le notaire.
Ce dernier pourra conseiller utilement chaque personne tant sur un plan civil
que sur un plan fiscal que ce soit en matière de donation ou de succession.
www.exp
atria-cu
m-patria.ch
Comment sont taxées les plus-values réalisées lors de la vente d'un bien situé en France détenudirectement ? Comment sont taxées les plus-values réalisées lors de la vente d'un bien situé en
France, détenu par l'intermédiaire d'une SCI ?
Les plus-values immobilières
[> DRESG : Recette des non résidents10 rue du Centre TSA 50014 - NOISY-LE-GRAND93465 NOISY-LE-GRAND CEDEX
> www.service-public.fr> Pour la liste des conventions internationales signées par la
France : http://www.legifrance.gouv.fr/> Pour consulter la doctrine administrative :
http://www.impots.gouv.fr/> Pour trouver la liste des États non coopératifs :
http://www.legifrance.gouv.fr/
Où se renseigner ?
[> La cession d'un immeuble en France estimposable en France
> Le taux d'imposition dépend de ladomiciliation du cédant
> Les conventions internationales peuventprévoir d'autres règles
> Des mesures d'exonérations existent
Points à retenir
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 201229
L’exceptionIl existe une mesure qui permet à un non-résident, au sens de l’article 4 B
du CGI,de bénéficier d’une exonération de plus-value immobilière lorsqu’il
cède un bien immobilier en France (CGI, 150 U-II 2°).
L’exonération ne concerne que la cession d’immeubles, parties d’immeu-
bles ou droits relatifs à ces biens qui constituent l’habitation en France des
personnes physiques, non-résidentes en France.
Trois conditions doivent être respectées :
• le cédant doit être un ressortissant de la Communauté européenne ou
d’un autre État partie à l’accord sur l’Espace économique européen ayant
conclu avec la France une convention fiscale qui contient une clause d’as-
sistance administrative. Cette qualité s’apprécie à la date de la cession de
chaque bien pour lequel l’exonération est demandée.
• le cédant doit avoir été fiscalement domicilié en France de manière conti-
nue pendant au moins deux ans à un moment quelconque antérieurement
à la cession ;
• le cédant a eu la libre disposition du bien aumoins depuis le 1er janvier de
l’année précédant celle de cette cession. Par exemple, si l’immeuble a été
loué pendant cette période, l’exonération n’est pas applicable.
Comment sont taxées les plus-values réalisées lors de la vente d’un bien situé enFrance détenu par l’intermédiaire d’une SCI ?
Si un bien immobilier est détenu à travers une SCIde droit français soumise
à l’impôt sur le revenu et à prépondérance immobilière, le principe reste le
même. Là encore, les conventions internationales peuvent déroger à ce prin-
cipe.
La cession peut porter sur les titres de la SCI ou les immeubles détenus pas
la SCI. Dans certains cas, un représentant fiscal devra être désigné. Il en ira
ainsi lorsque la quote-part du prix de cession reçu par les associés non ré-
sidents, à concurrence de leur participation dans la SCl, sera supérieure à
150 000 €.Il convient de noter que si l’immeuble est détenu par une SCI, l’exonération
en faveur de l’habitation en France des non-résidents ne s’applique pas. �
Lenon-résident peut réaliser des ventes de biens
immobiliers situés en France. Ces opérations sont
en principe soumises à l’impôt en France. Toute-
fois, certaines mesures dérogatoires permettent de li-
miter ou de suppr imer cette taxation.
Comment sont taxées les plus-values réalisées lors de lavente d’un bien situé en France détenu directement ?
Le principeLa cession d’un bien immobilier situé en France par une
personne physique non résidente relève du régime des
plus-values immobilières (CGI art. 150 U à 150 VH et 244
bis A). En fonction de la domiciliation du non-résident,
le taux d’imposition de la plus-value peut varier.
Ainsi, si le vendeur est domicilié dans un État membre
de la communauté européenne, en Islande ou en Nor-
vège, le taux d’imposition sera de 19 %.
À l’inverse, s’il est domicilié dans un autre État, le taux
d’imposition s’élève, en principe, à 33,1/3 %. Toutefois,
pour les personnes domiciliées dans un État non coo-
pératif, le taux d’imposition est alors de 50 %. La liste
des États non coopératifs est fixée par un arrêté minis-
tériel et mise à jour tous les ans.
Par ailleurs, si le prix de cession du bien est supérieur à
150 000€, un représentant fiscal doit être désigné, saufsi l’immeuble cédé est détenu depuis plus de quinze ans.
En cas de contestation de l’administration sur la liqui-
dation de la plus-value, le représentant sera l’interlocu-
teur de l’administration (cf. BOl 8M-1-05 du 4 août 2005
fiche n° 14). La désignation d’un représentant fiscal peut
engendrer des coûts supplémentaires pour le vendeur.
Les conventions internationales peuvent apporter des
dérogations à ce principe.
Certaines mesures d’exonération de plus-values immo-
bilières qui existent pour les résidents français s’appli-
quent également aux non-résidents. Ainsi, la cession
d’un immeuble détenue depuis plus de quinze ans est
exonérée d’impôt.
Genève
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
Genève(SUITE)
Poursuivons notre découverte de la Genèveinsolite et secrète grâce au Guide de ChristianVellas publié aux Éditions Jonglez (version enanglais : Secret Geneva). Nous avons déjà
présenté cet ouvrage dans les Nos 30, 31, 32,33, 34 et 35 de France Magazine. Voici encoredeux sujets étonnants choisis dans la centaine
que compte ce Guide : la chambre 122 del’hôtel Cornavin, celle du professeur Tournesol
dans une fameuse aventure de Tintin.Et la rue Chausse-Coq, jadis mal famée, à
l’étymologie explicite… Vous croyiez connaîtreGenève ? Laissez-vous surprendre !
Pourmieux“voir”
Autrefois, le quartier des lupanars était situé à deux
pas de la cathédrale. Les noms des artères
étaient explicites : rue des Belles-Filles, rue
Chausse-Con, cul-de-sac du Vieux-Bordel. Ces rues
ayant perdu peu à peu leur vocation première (au
temps des Romains déjà, l’une d’entre elles se nom-
mait « Carreria Lupanaris »), les nouveaux habitants
eurent honte de leur adresse, d’autant plus que nom-
bre d’ecclésiastiques logeaient dans le coin.
La rue des Belles-Filles fut donc débaptisée à l’instiga-
tion d’Amiel (1821-1881), l’auteur d’un gigantesque et re-
marquable Journal intime de 17.000 pages qui habitait dans
cette rue et n’appréciait apparemment pas le souvenir du commerce de ces
dames. La rue prit ainsi le nom d’un émérite pasteur, Etienne Dumont.
L’impasse du Vieux-Bordel s’ouvrit sur la promenade Saint-Antoine et devint
la rue Maurice, du nom d’un habile maire (il devait ménager la chèvre et le
chou) sous l’occupation française (1801-1814).
Restait la rue Chausse-Con, que l’on transforma hypocritement en rue
Chausse-Coq. L’origine de cette appellation fort gaillarde a été contestée :
selon certains historiens, les « coqs » (jeunes libertins, tels qu’on les appe-
lait au Moyen Âge) étaient chaussés avantageusement par les cordonniers
du quartier et menaient grande vie dans les bordels avoisinants.
Ces lieux de plaisir étaient alors parfaitement organisés : c’est le Conseil
qui nommait la « reine du sérail », maquerelle en chef chargée de faire ré-
gner l’ordre. Une structure « sociale » qui disparut vers 1535. �
La rue Chausse-Coq aujourd’hui : sage et tranquille.Aucune “fille” ne hèle plus le passant aux fenêtres…
Surtout célèbre après sa mort,Amiel ne supportait pas d’habiterdans la rue des Belles-Filles.
[En1998, plusieurs conseillers municipaux ont tenté deredonner aux rues actuelles leurs noms de jadis.
Ils avaient notamment la nostalgie des “Belles-Filles” etdésiraient chasser le sévère “Étienne-Dumont”. Une motionfut âprement discutée, mais finalement rejetée.
Nom d’une rue !
DE BELLES FILLES POUR « CHAUSSER » LES JEUNES COQSLA RUE CHAUSSE-COQ : UN SOUVENIR DES BORDELS D’ANTAN
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31 FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
LA CHAMBRE DU PROFESSEUR TOURNESOL A ÉTÉ RAJOUTÉE42 ANS APRÈS SON INVENTION PAR HERGÉ !LA CHAMBRE « 122 » DE L’HÔTEL CORNAVIN
christian.vellas@gmail.com
CHRISTIAN VELLAS
La plus hautependule du
monde.
Tintin danssa vitrine à laréception de
l’hôtel.
La chambre 122,toujours occupée !
[Pour dessiner l’ambassade de Bordurie, un des lieux del’action de L’Affaire Tournesol, Hergé s’est inspiré en
partie du bâtiment de l’École hôtelière de Genève.
L’hôtel Cornavin possède l’horloge à balancier la plushaute du monde, avec ses 30,02 mètres ! Œuvre du
Suisse Jean Kazès, elle figure dans le Guiness des Records.
À savoir
L’hôtel Cornavin connaît une gloire quasi plané-
taire depuis qu’Hergé y a fait séjourner les héros
de Tintin dans L’Affaire Tournesol. Lors de la sor-
tie de l’album, en 1956, le dessinateur est d’ailleurs re-
venu sur les lieux de ses premiers repérages et a passé
deux nuits à l’hôtel, à la chambre 210.
Les « Tintinophiles » accourus du monde entier préfè-
rent pourtant retenir la chambre 122, censée avoir été
occupée par le professeur Tournesol.
Fait étonnant, cette chambre n’existait pas à l’origine et
ne fut que le fruit de l’imagination d’Hergé. 42 ans après,
devant l’insistance des clients, on a pourtant fini par la
rajouter lors de la rénovation de l’établissement en 1998.
Les clients de cette chambre essaient d’ailleurs souvent
d’ « oublier » de rendre la clé de la chambre en partant,
et à la réception – où une statue de Tintin et de sa
houppe rouquine trône à l’entrée - on est particulière-
ment vigilant. �
Cesvaleurs, les membres des Vieux Grenadiers les portent
en eux et les font vivre au quotidien. D'autres hommes cé-
lèbres comme James Fazy, Adrien Lachenal, ou encore
Georges Favon, ont permis la création de la Suisse moderne en
1848 et ont porté haut et fort cette volonté de construire notre
pays basé sur la liberté, la responsabilité et la démocratie.
Ce qui fait aussi leur force, c'est le troisièmemot de leur devise :
l'Amitié, également indispensable pour vivre bien et heureux.
Elle rassemble des hommes de bonne volonté qui ont compris
qu'un Ami est précieux et que celui-ci vous ouvrira les bras à tout
moment car il défend cette valeur, l'Amitié, même contre ceux
qui ne respectent pas ou qui bafouent le sensmême dumot AMI.
Ils sont honorés d'être Vieux Grenadiers et de pouvoir à travers
les siècles transmettre à leurs enfants ces valeurs et ainsi pé-
renniser cette Société qui fait leur fierté.
Une des plus anciennessociétés patriotiques deSuisse avec, toutd'abord, sa devise :PATRIE, FAMILLE,AMITIÉ, valeursfortes... s'il en est.Ces principes qu'ilsdéfendent avec fiertésont anciens. Lecitoyen est prêt à sesurpasser lorsqu'ils'agit de valeurs quidonnent un sens àl’expression vivre enharmonie avec lesautres. Ces mêmesvaleurs qui sublimentla condition humaine,la destinée de l'homme.Leur société se veutpatriotique, gardiennedes principesdémocratiques. Elleoffre au citoyen laliberté et la toléranceindispensables auxéchanges entre leshumains. Elles sontnécessaires et donnentun sens à leur Société.
À l’écoute de...
Alain BosshardPRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DES VIEUXGRENADIERS DE GENÈVE (CRÉÉE EN 1749)
CONSEILLER ÉLUÀ L’ASSEMBLÉEDES FRANÇAISDE L’ÉTRANGER,VICE-PRÉSIDENT DELA COMMISSION DEL’UNION EUROPÉENNEÀ L’AFE
Le sens des valeurs depuis 1749LesVieux Grenadiers
Par Pierre Oliviéro
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 32
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> France Magazine : Monsieur le Président,parlez-nous du corps des Vieux Grenadiers.
Alain Bosshard : La Société des Vieux Grenadiers a pourbut de développer entre ses membres des rapports de
sympathie et d’amitié. Elle vise notamment à entretenir
leur esprit civique et à favoriser leur attachement aux
traditions démocratiques.
La Société n’a pas de caractère politique ni religieux. Ce-
pendant, si l’intérêt du pays l’exige ou si la démocratie
est menacée, elle peut décider de prendre une position
de caractère politique.
Le 23 octobre 1686, les Conseils de la République déci-
dent, par Ordonnance, la constitution d’un Corps de
Grenadiers.
Les officiers de la Milice reçoivent l’ordre de choisir 8 à
10 hommes d’élite (entre 20
et 40 ans), dans chaque
compagnie bourgeoise de
sorte que l’on réunisse un
effectif de 150 hommes.
Leur taille minimum doit
être de 5 pieds et 2 pouces
(soit 1 m 68).
La création de cette nou-
velle spécialité de l’infante-
rie n’est pas le fruit du
hasard ou d’une fantaisie
des Syndics ; dans le cadre
des responsabilités gouver-
nementales qu’ils assu-
ment, il leur importe,
impérativement, de suivre
l’évolution des armées
étrangères, des nouveaux
principes d’attaque ou de
défense qui peuvent être
appliqués, les innovations
apportées à l’armement et à
l’équipement des troupes
pour être à même d’organi-
ser la défense de la cité avec
la plus grande efficacité pos-
sible.
Ils sont renseignés surtout
par les lettres ou les rap-
ports envoyés par les offi-
ciers genevois ou suisses au
service des rois de France ou
d’Autriche (pour les merce-
naires des cantons suisses
alémaniques).
> F.M. : Vous rappelez-vous des noms des quatorzeGrenadiers fondateurs ?
A.B. : C’est en octobre 1749 que les quatorze Grenadiersde la Milice genevoise dont les noms suivent fondent le
Cercle des Grenadiers :
BOIQUET Pierre-André, décédé en 1789
BONNET Louis (Secrétaire), décédé en 1795
LIOTARD Toussaint, décédé en ?
PIGNOLET Emmanuel (Trésorier), décédé en 1780
SIMERY (ou SIMILY) Jacques, décédé en 1797
PANCHAUD Louis-Samuel (Trésorier de 1780 à 1789), décédé en ?
POMMIER Simon, décédé en 1757
BENOIT Jean-Louis, décédé en 1792
ADOR David, Marchand de bois, décédé en 1802 >
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 201233
ils refondent les Statuts et constituent le premier comité
des Vieux Grenadiers, le premier président désigné,
Pierre Faidy, ayant été jugé le plus apte à remplir cette
charge (le président est nommé pour une année et non
immédiatement rééligible). Ce comité est formé de :
Pierre FAIDY, président
Jean-Pierre BUXEL, vice-président
Jean-François PARLEIRY, trésorier
Pierre-François DAVID, secrétaire
Georges ARNAUD, vice-secrétaire
> F.M. : Il semblerait que, déjà, la poésie était de lafête !!!
A.B. :Nos archives recèlent quelques pièces précieusesoffertes par des amis et conservés avec soin. Elles ja-
lonnent la longue histoire de notre Société comme des
repères lumineux d’amitié et de convivialité partagées.
Médailles, tableaux, photos ou poèmes : ces témoi-
gnages assurent la richesse de notre patrimoine.
Il en va aussi pour ce poème de Marc Monnier, invité à
la fête de l’Escalade de 1871. Son remerciement, si dé-
licatement versifié, demeure d’actualité…
Aux Vieux GrenadiersFrancs amis, fervents et joyeux,
Cœurs chauds, pleins de vie et de sève,
Aimant le bon vin, les doux yeux,
Votre lac dormant sur la grève,
Les trois tours qui montent aux cieux,
Les vieilles roches de Salève,
Et les souvenirs des aïeux,
Chez vous, le pédantisme endève*,
Et ce ballon prétentieux,
Dans vos banquets s’abat et crève,
Des truites que le lac élève,
La plus grosse aborde en ces lieux,
À peine entrée, elle s’enlève,
À peine entamée, on l’achève,
Elle a disparu comme un rêve,
Puis les chanteurs, à qui mieux-mieux,
L’un badin, l’autre sérieux,
Vont roucoulant sans fin ni trêve…
Ainsi court la nuit, vive et brève,
Et voici l’heure des adieux !
Merci donc, allègres fils d’Ève,
Amis gais, mais point vicieux,
Qui, dans ce pays, grâce aux dieux,
N’ayant point à tirer le glaive,
N’êtes ni grenadier, ni vieux…
Restez pourtant, restez Messieurs,
Les Vieux Grenadiers de Genève !
*Vieux français : endéver, mettre en colère
> F.M. : Vous souvenez-vous de quelquesparticipations mémorables de la Compagnie ?
A.B. : Oui, depuis 1969, pour le bicentenaire de la nais-sance de Napoléon à Ajaccio, où suite au succès que la
compagnie avait obtenu, nous sommes retourné en
2011. �
DHYAUVILLE Daniel, Culottier, décédé en 1791
> F.M. : La Société des Vieux Grenadiers a fêté soncentième anniversaire en 1851. Quelles archivespossédez-vous de cet événement ?
A.B. : Après cette fête du Centenaire, en 1851, les VieuxGrenadiers en titre ne sont plus que sept. Conscients de
devoir donner une structure plus solide à leur Société,
avec le renfort de membres-adjoints qui passent sous
les drapeaux en acquittant une mise abaissée à 100 F,
À l’écoute de...
NOGEREDE Jean-Baptiste, Marchand de fer, décédé en 1784
JUNTES Pierre Philippe, Boulanger, décédé en ?
WOLF (ou VOLF) Anguste, décédé en ?
>
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La Compagnie - Palmarès des sorties1969 Ajaccio Bicentenaire de la naissance de Napoléon1974 Berne Festival international des musiques militaires1976 Morat 500e anniversaire de la bataille1979 Dublin et Limerick Fête de la Saint-Patrick1981 Fribourg 500e anniversaire de la Ville1982 Lille et Paris Festival international des musiques militaires1983 Annonay 70e Fête fédérale de gymnastique1985 Kaiserslautern Fête des musiques de l’OTAN1986 Vancouver Exposition mondiale des transports1987 Stuttgart Festival international des musiques militaires1989 Genève 175e anniversaire de l’entrée dans la Confédération Suisse1990 Waterloo 175e anniversaire de la bataille1991 Paris Messe Impériale aux Invalides1991 Stans Arena Helvetica, 700e de la Confédération Suisse1993 Ludwigshaffen 8e Festival International des musiques de polices1995 Monaco Pentecôte Impériale1996 Castiglione 200e anniversaire de la bataille1996 Genève 100e de la Compagnie1997 La Rioja Voyage du 100e de la Compagnie1998 Montereau Commémoration de la bataille2000 Marengo 200e anniversaire de la bataille2000 Pékin 50e des relations diplomatiques Chine-Suisse2002 Heerlen International Military Tattoo2003 Saumur Festival international des musiques militaires2004 Canada Commémoration de la Fête nationale suisse2005 Luxembourg 200e anniversaire de la banque Pictet
[Georges Abbondioli,Commandant de la
Compagnie.
Fabien Magnin, Fourrier.
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Les moyens financiers consacrés à la scolarisation des en-
fants handicapés seront passés de 754 millions d’euros en
2007 à 1,3milliard d’euros en 2012, soit une hausse de 73 %.
Par ailleurs, sur la base des propositions du sénateur Paul
Blanc, missionné par le Président de la République, et de
l’ensemble des associations réunies au sein du conseil na-
tional consultatif des personnes handicapées (CNCPH), le
Président de la République a annoncé, à l’occasion de la
Conférence Nationale du Handicap, 23mesures fortes pour
amplifier notre politique, représentant un engagement nou-
veau de 200 millions d’euros pour les élèves handicapés.
En particulier, ont été décidés le remplacement progressif
des contrats aidés pour l’accompagnement des élèves han-
dicapés par le recrutement d’ici 2013 de 7200 assistants de
scolarisation, dont les contrats peuvent être pérennisés
pendant 6 ans mais aussi des actions d’information et de
formation, l’amélioration de l’évaluation des besoins des
élèves ou encore le renforcement de la coopération avec le
secteur médico-social.
• 2 000 postes d’assistants de scolarisation ont été ouverts
dès la rentrée 2011. Les moyens consacrés par l’Educa-
tion nationale à l’accompagnement des enfants augmen-
teront de 30 % en 2012, passant de 350 millions d’euros à
455 millions d’euros, permettant ainsi le recrutement de
2 300 assistants supplémentaires à la rentrée 2012 ;
• Le groupe de travail sur la reprise des auxiliaires de vie
scolaires (AVS) par les associations est réactivé dans le
cadre d’une coopération interministérielle, avec une ré-
flexion sur le cadre d’emploi, conformément aux attentes
des associations signataires de la convention de 2010 ;
• La première journée nationale de sensibilisation s’est
tenue le 2 décembre 2011 et a donné lieu à de nom-
breuses actions dans les académies ;
• Lemodule de formation des enseignants sera prêt pour la
rentrée 2012.
Bilan de la loi du 11 février 2005
Cette loi a affiché de fortes ambitions dans tous les do-maines d’actions concernés, nécessitant la mobilisationd'importants moyens financiers et humains et des chan-gements d’habitudes et de comportements.
Près de 150 textes d’application ont été publiés au cours
On estime à environ 300 000 le nombre d’enfants
handicapés en France. Un tiers est scolarisé dans
les institutions spécialisées et les deux autres tiers
à l’école ordinaire. L’inscription de l’enfant est faite dans
l’école la plus proche de son domicile, ce qui est une dé-
marche symbolique forte. Si cet établissement ne dispose
pas des aménagements nécessaires, l’enfant peut être
orienté vers un autre établissement qui en est doté.
Ce sont au total 67 800 élèves handicapés accueillis dans
des structures ou des dispositifs collectifs.
À partir des témoignages recueillis auprès des familles, des
personnalités qualifiées et des professionnels et au regard
du contexte réglementaire actuel,
il s’agissait d’analyser les dysfonctionnements et les
bonnes pratiques énoncés afin de proposer des améliora-
tions concrètes.
Il est prévu que ce projet de plan d’action soit transmis au
président de la République, Nicolas SARKOZY.
J’organiserai mon propos en trois temps ;
• Le contexte actuel et chiffré de la scolarisation des en-
fants handicapés
• le bilan de l’application de la loi du 11 février 2005, pour
l’égalité des droits et des chances, la participation et la
citoyenneté des personnes handicapées.
• Les témoignages articulés autour de deux ateliers,
construits à partir d’une enquête réalisée sur le terrain
sur les obstacles que rencontrent dans leur parcours, les
jeunes handicapés que ce soit :
> l’accès à la scolarité : le parcours scolaire,
> l’accès à la vie sociale : les conditions de vie des familles,
l’accompagnement du projet de vie.
Le contexte actuel
Déjà le 8 juin 2011, Le Gouvernement a tenu son « Grenelle
de la scolarisation », qui s’est déroulé dernier lors de la
Conférence Nationale du Handicap.
Actuellement, 214 600 enfants handicapés sont scolarisés
en milieu ordinaire dont 90 % à temps plein. Cela repré-
sente une augmentation de 60% depuis 2005. Ainsi, lors de
cette rentrée, 65 850 élèves ont bénéficié d’un accompa-
gnement individuel (18 500 en 2005-2006), soit 30,6 % des
élèves handicapés scolarisés (12,3 % en 2005-2006).
Des nouvelles du Sénat
institutionshandicapés
De nouvelles
au service des
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de ces 5 dernières années. Ces textes ont fait l’objet
d’une mobilisation très forte de plusieurs ministères,
d’une concertation permanente avec les représentants
des personnes handicapées et d’une consultation sys-
tématique du conseil national consultatif des personnes
handicapées (CNCPH).
Certaines dispositions de la loi ont été d’applicationquasi immédiate (création des Maisons départemen-tales de personnes handicapées et de la prestation de
compensation du handicap), d’autres s’inscrivent dans
le cadre de « plans » spécifiques et pluriannuels (créa-
tion de places d’accueil, plan « autisme », plan « handi-
cap visuel »), d’autres encore mettent en jeu des
mutations profondes des politiques concernées (scola-
risation des enfants handicapés, accessibilité, articula-
tion entre ressources et emploi des personnes
handicapées). Voici, de manière synthétique, les princi-
pales avancées de la loi.
1 - De nouvelles institutions au service despersonnes handicapées
2 - La reconnaissance de la compensation dechaque handicap
3 - Un effort massif pour l’accueil et la prise encharge en établissement
4 - La scolarisation des enfants handicapés5 - Rendre la société accessible à tous6 - Des moyens d’existence garantis pour les
personnes les moins autonomes7 - L’accès à l’emploi des personnes handicapées
1. DE NOUVELLES INSTITUTIONS AU SERVICEDES PERSONNES HANDICAPÉES
> Renforcement desmissions de la Caisse Nationale deSolidarité pour l’Autonomie (CNSA). Dotée d’un bud-get de 18milliards d’euros, la CNSA est une « caisse »
chargée de répartir les moyens financiers destinés à :
• Financer les aides en faveur des personnes âgées dé-
pendantes et des personnes handicapées ;
• Garantir l’égalité de traitement sur tout le territoire et
pour l’ensemble des handicaps ;
• Assurer une mission d’expertise, d’information et
d’animation pour suivre la qualité du service rendu aux
personnes.
> Création des Maisons départementales de per-sonnes handicapées (MDPH).
Ces groupements d’intérêt public sont présents dans
tous les départements. L’État y a consacré 215 millions
d’euros depuis 2006 et met à disposition ou compense
l’équivalent de 1200 emplois équivalent temps plein
(ETP). Elles ont pour missions :
• d’informer et accompagner dans leurs démarches les
personnes handicapées ;
• de réunir les instances compétentes pour l'ouverture
des droits des enfants ou adultes handicapés.
2. LA RECONNAISSANCE DE LA COMPENSATIONDE CHAQUE HANDICAP
La création de la prestation de compensation (PCH),dont le financement a pu être assuré par les concours
apportés aux départements par la CNSA, est un acquis
essentiel. Cette prestation bénéficie aujourd’hui à près
de 78 000 personnes handicapées, pour un montantmoyen de 850 euros par mois, soit près du double de
l’ancienne prestation (l’allocation compensatrice tierce
personne). Elle poursuit encore sa montée en charge.
L’effort est particulièrement marqué pour les aides hu-
maines, l’aide pouvant financer une présence 24 heures
sur 24 pour les personnes les plus lourdement handica-
pées. Certains montants mensuels peuvent atteindre
plus de 8 000 euros. La PCH contribue aussi au finance-
ment d’aides techniques, d’aménagement de logement
ou de véhicule, de frais exceptionnels et d’aides anima-
lières.
3. UN EFFORT MASSIF POUR L’ACCUEIL ET LAPRISE EN CHARGE EN ÉTABLISSEMENTS
L’accueil en établissements et services médico-sociaux
est l’une des formes de lamise enœuvre du droit à com-
pensation reconnu à toute personne handicapée.
Un nouveau plan sur 7 ans a été annoncé par le Prési-
dent de la République le 10 juin 2008, insistant à la fois
sur le volume des créations mais aussi sur la qualité de
l’accompagnement. Ce nouveau plan prévoit la créa-tion de 51 450 nouvelles places en établissements etservices programmée sur sept ans dont plus de 12 000places pour l’accueil des enfants et plus de 39 000 places
pour l’accueil des adultes.
Au total, entre 2005 et 2010, 41 660 places en établis-sements et services pour personnes handicapées ontété installées, ce qui représente un investissement nou-
veau de 2,2 Mds€. Ces places sont prioritairement dé-diées aux personnes atteintes d’autisme, de
polyhandicap, de traumatisme crânien et de handicap
psychique.
Ce plan tend également à valoriser l’accompagnement
des personnes, la formation des personnels interve-
nants, l’appui donné aux aidants familiaux et toutesme-
sures en faveur de la bientraitance.
4. LA SCOLARISATION DES ENFANTSHANDICAPÉS : L’APPLICATION D’UN DROIT ETUN ENGAGEMENT POUR L’AVENIR DE CESENFANTS
Lamobilisation en faveur de la scolarisation des enfantshandicapés à l’école ordinaire permet aujourd’hui à
ON ESTIME À ENVIRON 300 000 LE NOM-BRE D’ENFANTS HANDICAPÉS ENFRANCE. UN TIERS EST SCOLARISÉ
DANS LES INSTITUTIONS SPÉCIALISÉES ET LESDEUX AUTRES TIERS À L’ÉCOLE ORDINAIRE.L’INSCRIPTION DE L’ENFANT EST FAITE DANSL’ÉCOLE LA PLUS PROCHE DE SON DOMICILE,CE QUI EST UNE DÉMARCHE SYMBOLIQUEFORTE.
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FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 201237
7. UN OBJECTIF DURABLE : L’ACCÈS À L’EMPLOIDES PERSONNES HANDICAPÉES
Cet objectif s’appuie, en amont, sur l’accès à la scolari-
sation et à la formation des enfants handicapés, et, de
façon continue, sur la possibilité offerte aux personnes
handicapées de pouvoir vivre à domicile et évoluer dans
le cadre ordinaire de vie.
L’emploi des personnes handicapées est un enjeu ma-
jeur et le renforcement des contributions financières en
cas de non-respect de l’obligation d’emploi, par les en-
treprises de plus de 20 salariés ou par les fonctions pu-
bliques, commence à porter ses fruits : si beaucoup reste
à faire, le nombre de travailleurs handicapés dans la po-
pulation ayant un emploi a augmenté. Au total, les
contributions des employeurs, publics et privés, qui
n’atteignent pas le quota de 6 %, permettent de financer
des actions en faveur de l’insertion professionnelle des
personnes handicapées.
Enfin, est poursuivi l’effort d’accueil par le travail pro-tégé (Établissements et services d’aide par le travail) quipermet d’offrir aux travailleurs handicapés n’ayant
qu’une faible capacité de travail de s’insérer dans unmi-
lieu professionnel adapté et de bénéficier en parallèle
d’un accompagnement éducatif et social indispensable.
Des passerelles vers le milieu ordinaire peuvent cepen-
dant être aménagées. La loi du 11 février 2005 prévoit la
possibilité de conclure des conventions d’appui. Celles-
ci permettent aux travailleurs d’ESAT d’être accompa-
gnés vers le milieu ordinaire en ayant la possibilité d’y
revenir en cas d’échec.
Pour la fonction publique, la loi du 11 février 2005 et lestextes règlementaires pris pour son application :
> suppriment les limites d’âges pour se présenter aux
concours,
> créent un temps partiel de droit et la possibilité
d’aménagement d’horaires,
> abaissent la condition d’âge de 60 ans pour l’ouver-
ture à pension des fonctionnaires handicapés,
> créent le fonds pour l’insertion des personnes handi-
capées dans la fonction publique (FIPHFP).
Ainsi, entre 2006 et 2009, le nombre des personnes han-
dicapées employées au sein des trois fonctions pu-
bliques est passé de 163 500 à près de 195 000. Le tauxd’emploi a ainsi crû de 3,7% à près de 4,4%.
En pratique, témoignages des responsablesd’associations sur le terrain
La réalité semble beaucoup moins idyllique. Depuis la
loi handicap de février 2005, l'éducation nationale a été
180 000 élèves d’être accueillis dans les établisse-ments scolaires ordinaires du premier et du seconddegré (10 0000 de plus à chaque rentrée scolaire).
Ce chiffre traduit un accroissement constant et signifi-
catif - soit 20 % de plus qu’en 2005 - du nombre d’en-
fants et de jeunes handicapés accueillis dans les
établissements scolaires ordinaires. Le taux global descolarisation dans le milieu ordinaire est ainsi passéde 66,5% en 2005-2006 à 71,9 en 2008-2009.
5. RENDRE LA SOCIÉTÉ ACCESSIBLE À TOUS :UN DROIT PRIORITAIRE POUR LESPERSONNES HANDICAPÉES, UN OBJECTIFPOUR LA SOCIÉTÉ TOUTE ENTIÈRE
Avec la loi du 11 février 2005, la France s’est fixée un ob-jectif extrêmement ambitieux en matière d’accessibi-lité, qu’il s’agisse de l’accès physique comme de l’accèsaux droits et à la participation à la vie citoyenne.
Si les constructions neuves et les équipements et ins-
tallations neufs rattachés aux transports publics sont un
niveau d’accessibilité conforme, le chantier de la mise
en accessibilité au cadre bâti et aux transports existantsdoit impérativement être accompagné pour garantir son
effectivité en 2015, quel que soit le type de handicap.
Cette échéance est à la fois lointaine pour les personnes
handicapées, légitimement impatientes de voir rapide-
ment les effets concrets de la loi, et proche pour tous
les maîtres d’ouvrage et exploitants astreints à un ca-
lendrier serré et exposés à des investissements de
grande ampleur.
6. DES MOYENS D’EXISTENCE DONTL’ÉVOLUTION EST GARANTIE POUR LESPERSONNES LES MOINS AUTONOMES ET QUISONT COUPLÉS DE FAÇON INCITATIVE ÀL’EMPLOI POUR LES TRAVAILLEURSHANDICAPÉS
Conformément aux engagements du Président de la Ré-
publique, l’allocation aux adultes handicapés (AAH) aété revalorisée de 25 % de 2008 à 2012 soit un effort de1,4 milliard d’€, ce qui a permis d’augmenter les res-sources des personnes handicapées de près de 150
euros par mois. Cette allocation est servie à plus de
850 000 personnes pour près de 5,8 milliards d’€ de dé-
penses financées par l’État (+ 14% depuis 2005).
La possibilité de cumul entre l’allocation et les revenus
du travail ont permis une élévation sensible du niveau
de vie des travailleurs handicapés ainsi que la recon-
naissance de leur insertion dans le monde du travail.
Des nouvelles du Sénat
> »«
CHRISTIANE KAMMERMANN
En tant que parlementaire, mon devoir est de veiller à la continuitéd’une politique ambitieuse pour les enfants
en situation de handicap
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constamment épinglée en raison des lacunes de ses dis-
positifs d'accompagnement et de la faiblesse des
moyens déployés.
Le sénateur Paul Blanc (UMP, Pyrénées orientales) à tra-
vers son rapport daté de mai 2011 a fait apparaître un
bilan assez mitigé : « L'école peine aujourd'hui à répondre
de manière pertinente aux besoins des enfants handicapés. »
En 2010-2011, 20 000 enfants âgés de 6 à 16 ans
n'étaient pas scolarisés, dont 5 000 restants à domicile.
13,5 % des élèves étaient scolarisés à temps partiel à
l'école primaire, contre 4 % au collège.
A été particulièrement pointé le déficit de formation des
équipes éducatives. Restrictions budgétaires obligent,
l'éducation nationale fait de plus en plus appel à des
"emplois de vie scolaire" (EVS), ils sont actuellement
12500 et recrutés sans condition de qualification, sur des
contrats aidés d'une durée très limitée (6mois ou un an)
et n'offrant aucune formation. Malheureusement, il a été
souligné que ce type de contrat ne permettait pas un ac-
compagnement dans la durée.
Il existe également 9 500 auxiliaires de vie scolaires sous
statut d’Assistant d’éducation (contrat de 6 ans).
C’est pourquoi, il est réclamé depuis plusieurs années,
la création d'unmétier d'accompagnant d'élèves handi-
capés. Le non aboutissement des discussions engagées
avec le gouvernement est à déplorer.
Le dernier rapport annuel de la Haute autorité de lutte
et pour l'égalité contre les discriminations (Halde) in-
siste fortement sur la nécessité, « pour l'avenir, que la sco-
larisation des enfants handicapés soit effectivement facilitée. »
Six ans après sa promulgation, la loi du 11 février 2005
suscite des déceptions à la hauteur des espoirs qu’elle
avait fait naître.
• Écart entre inscription et scolarisation effective
• Disparités d’attitude entre chefs d’établissement
• Lourdeur et longueur des procédures
• Disparités de fonctionnement entre les CDAPH
Les chiffres globaux masquent de trop nombreuses in-
suffisances dans les conditions de l’accompagnement
de la vie scolaire
• Absence de formation des enseignants à l’accueil d’en-
fants handicapés
• Insuffisance de formation initiale des AVS
• Précarité de statut et d’emploi des AVS et absence de
perspectives d’évolution professionnelle.
Cela engendre, un turn over persistant et cause de nom-
breuses ruptures d’accompagnement.
Sur les 60 000 enfants bénéficiant d’une notification
d’accompagnement, on estime à 5 000 ceux qui ne sont
pas du tout accompagnés. Pourtant, tout vise à démon-
ter que les enfants ayant pu bénéficier de cet accompa-
gnement atteignent des niveaux d’études plus élevés et,
par conséquent, leusr chances d’insertion sociale et pro-
fessionnelle sont améliorées.
Conclusion
Il est important que vous sachiez que conformément aux
engagements pris lors de la dernière conférence natio-
nale du handicap (juin 2011), le ministère de l'éducation
nationale organisera désormais chaque année une jour-
née de sensibilisation au handicap dans toutes les aca-
démies de France.
Cette première journée s’est déroulée le 2 décembre
2011, à la veille de la Journée mondiale des personnes
handicapées de l’Organisation des nations unies (ONU).
Dans chaque établissement scolaire, un temps est
consacré à ce sujet, et permet de mettre en valeur l’en-
gagement et le travail au quotidien des équipes péda-
gogiques et éducatives auprès des élèves handicapés.
À cette occasion, le ministre avait affirmé les objectifs
essentiels de cette journée: changer notre regard col-
lectif sur le handicap, faire connaître et valoriser lesmul-
tiples actions au quotidienmenées conjointement par la
communauté éducative et les associations qui permet-
tent d’offrir à chaque élève handicapés une chance pour
réussir.
En tant que parlementaire, mon devoir est de veiller à la
continuité d’une politique ambitieuse pour les enfants
en situation de handicap.
La loi doit être appliquée, ce qui implique la formation
des enseignants, le respect par les inspections acadé-
miques des décisions des MDPH, le respect du droit à
l’accompagnement des enfants, l’accessibilité effective
en 2015 de tous les établissements scolaires, des gym-
nases, des transports scolaires.
Il est anormal qu’encore trop d’enfants handicapés ne
fassent pas leur rentrée en même temps que leurs ca-
marades faute demoyens suffisants et que trop d’élèves
soient d’office évincés des sorties et voyages scolaires à
cause de leur handicap.
De plus, les parents se sentent encore trop souvent iso-
lés, sans parler des femmes qui élèvent seules leur en-
fant handicapé et qui doivent arrêter de travailler pour
s’occuper de lui.
Je terminerai mon propos, en insistant sur le manque
de professionnels en France lorsque l’on fait une com-
paraison avec nos homologues étrangers… Quelques
chiffres : 3 000 ergothérapeutes en France contre 20 000
en Grande Bretagne, moins de 300 traducteurs en
langue des signes quand la Suède avec ses 9mil-
lions d’habitants en a plus de 1000 !
La scolarisation des enfants handicapés est in-
ductrice d’un apprentissage du « vivre ensem-
ble ».
Elle constitue donc une des sources fondamen-
tales de l’évolution des mentalités et du change-
ment de regard que la société porte sur le
handicap.
À l’issue de ce Grenelle, je tiens à rendre un vibrant
hommage aumonde associatif sans lequel, les per-
sonnes handicapées seraient restées encore long-
temps des citoyens invisibles.
Le handicap, mes chers amis, constitue un défi à
relever ensemble.
Sous les difficultés apparentes, il y a toujours une
étincelle à apercevoir, à entretenir et à faire gran-
dir . �
CHRISTIANEKAMMERMANN
c.kammermann@senat.fr
SÉNATEURREPRÉSENTANT LESFRANÇAIS ÉTABLISHORS DE FRANCE,
MEMBRE DEL’ASSOCIATION
NATIONALE DES ÉCOLESFRANÇAISES DE
L’ÉTRANGER
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 201239
exemple dans les piscines publiques, douches, salles de
bain et aux sports de contact. L’hygiène n’a pas d’in-
fluence. Un traitement rapide évite de contaminer d’au-
tres personnes, en particulier les autres enfants d’une
garderie ou d’une école.
ÉvolutionUnmédecin diagnostique lesmolluscum par un examen
de la peau. En cas de doute, il peut examiner au micro-
scope un bouton prélevé à la curette pour confirmation.
C’est est une affection bénigne qui guérit le plus sou-
vent spontanément. Mais lorsque certains disparaissent,
d’autres peuvent survenir par contamination de la peau
avoisinante. Un enfant développe en moyenne entre 10
et 20 lésions au total. Il peut s’écouler de six mois à cinq
ans pour que tous les boutons disparaissent définitive-
ment sans traitement. De plus, l’extension des mollus-
cum est plus importante chez les enfants qui présentent
une dermatite atopique.
Une possibilité de traitement est le grattage avec une
curette. Cette procédure est douloureuse et nécessite
une anesthésie locale. Lesmolluscum ont tendance à ré-
cidiver facilement, en particulier chez l’enfant présen-
tant une diminution du système immunitaire.
Conseils• Éviter temporairement la promiscuité des enfants
contaminés avec les autres lors des bains, des activi-
tés en piscine ou à l’occasion de la pratique des sports
de contacts.
• Éviter de partager les linges utilisés par les enfants in-
fectés.
• Éviter le grattage : cela favorise la dissémination.
• En cas d’atteinte d’adultes : éviter les contacts sexuels
pendant la période de porteur demolluscum.
• Les gouttes Thiémard Arctium plus désin-fectent l’organisme et détruisent lesmolluscum depuis
l’intérieur. Elles sont à avaler dans un peu d’eau avant
les 3 repas, 7 gouttes pour les enfants en-dessous de
6 ans ; 14 gouttes de 6 à 11 ans ; 20 gouttes dès 12 ans.
Les plantes bardane, calendula, echinacea, baptisia et les
dilutions homéopathiques de Sulfur iodatum, Thuja oc-
Votre enfant a des boutons mous :il s’agit, selon toute probabilité, de Molluscum
Lemolluscum contagiosum affecte 20% des enfants. C’est
un problème de peau contagieux induit par un virus. Il
est caractérisé par un bouton de quelques millimètres
de diamètre, qui ne cause généralement pas de déman-
geaisons. Les enfants sont le plus souvent touchés, car
leurs défenses immunitaires sont insuffisantes contre le
virus de la famille des Poxviridae responsable de ces bou-
tons.
ApparenceLe molluscum se présente sous la forme d’une excrois-
sance qui forme une perle déprimée en son centre. Ces
perles sont blanches ou de la couleur de la peau, elles
mesurent de 2 à 5 mm de diamètre. Les molluscum sur-
viennent souvent en groupes de quelques-uns à
quelques dizaines, et peuvent se localiser n’importe où
sur le corps. Chez les jeunes enfants, ils touchent vo-
lontiers le cou, les plis axillaires, le tronc, le visage et les
paupières mais aussi l’abdomen, les fesses, les cuisses
ou les bras. Contrairement aux verrues qui se dévelop-
pent aux extrémités du corps, lemolluscum, lui, vient en
plein milieu.
TransmissionLe virus dumolluscum contagiosum est, en général, trans-
mis par un contact direct de la peau avec une personne
contaminée ; il se transmet aussi à la peau avoisinante
par le contact ou le grattage. Bien que cela soit plus rare,
il est possible de le contracter par contact indirect avec
des effets personnels comme les serviettes de toilette.
La période d’incubation, depuis le contact contaminant
jusqu’à l’apparition des boutons, varie de deux se-
maines à six mois.
Lesmolluscum surviennent souvent chez les enfants âgés
de 2 à 12 ans. Comme son nom l’indique, le molluscum
contagiosum se propage facilement. Il se transmet géné-
ralement à la garderie et à l’école. La contamination se
réalise lors d’activités sportives ou lorsque la promis-
cuité et les contacts entre enfants sont importants, par
Santé & Bien-être
40FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
pour les troubles dermatologiques des
www.exp
atria-cu
m-patria.ch
Lenaturelenfants Des affections qui concernent plus d'un enfant sur cinq au
niveau de la peau sont présentées : Molluscum et Dermatiteatopique. Pourquoi les traiter et comment le faire ?
cidentalis, Acidum silicicum et Apis mellifica agissent en
synergie pour augmenter les défenses immunitaires,
vaincre le virus responsable, dégonfler les boutons et
nettoyer la peau.
Votre enfant a des rougeurs de la peau :il s’agit probablement d’une Dermatite atopique
Elle est très fréquente chez les enfants, survient dès les
premières semaines de vie et touche parfois les adultes :
près du tiers des enfants est concerné et elle peut at-
teindre jusqu’à 10% des adultes. La dermatite atopique
est en augmentation constante. Elle débute dans près
de lamoitié des cas avant le sixièmemois et dans lama-
jorité des cas, avant la cinquième année de l’enfant.
Alors que les facteurs génétiques et l’environnement
sont les deux causes de la dermatite atopique, c’est l’en-
vironnement seul qui cause les récidives.
ApparenceLa dermatite atopique est caractérisée par desmanifes-
tations inflammatoires cutanées sur
un terrain dit atopique. L’atopie est
une prédisposition héréditaire du
système immunitaire à déclencher
des réactions allergiques. La derma-
tite atopique se manifeste par des
poussées prurigineuses d’eczéma
surtout au niveau du visage, des
doigts et des plis des articulations.
Elle est également associée à une
sécheresse intense cutanée. Les ca-
ractéristiques de la dermatite ato-
pique sont une peau sèche
accompagnée de rougeurs et de dé-
mangeaisons.
Diminution du risqueLe risque est moindre chez les
bébés dans ces conditions-ci (vala-
ble chez les bébés chez qui la mala-
die ne s’est pas déclarée) :
• contact avec un environnement moins propre
• tôt en garderie
• exposition aux animaux
Statistiquement, on peut ainsi noter que les personnes
habitant dans les villes sont plus touchés par la derma-
tite atopique que les personnes habitant en campagne.
En outre, le risque augmente avec la prise d’antibio-
tiques – également la prise par la femme enceinte, chez
qui une détox est utile. Les facteurs de provocation peu-
vent être extérieurs tels que la nourriture et le climat (so-
leil, température, humidité). Et d’autres facteurs
peuvent, quant à eux, aggraver cette pathologie : le
stress, les poussées dentaires, la vaccination, les chan-
gements de température (froid/chaud) et la transpira-
tion.
La manifestation dépend de l’âgeBébés : Débutant souvent au visage, la dermatite ato-pique siège avant tout sur les joues, le front, le cou. Elle
peut s’étendre au cuir chevelu, le thorax et les plis des
genoux et des coudes. On assiste à la formation de
croûtes.
Enfants : Ce sont principalement les surfaces de flexionstelles que les plis des genoux, des coudes, des poignets
et le cou qui sont alors touchés. Des rougeurs et pelli-
cules se forment.
Adultes : Les mêmes zones que chez les enfants sontconcernées, demême que le cuir chevelu. La peau sèche
s’épaissit et les démangeaisons peuvent être violentes
par moment.
Conseils• detox régulièrement; chez le bébé : drainage des vac-
cins
• toilette avec des savons relipidants ou des pains vé-
gétaux sans savon ; chez le bébé : lavage sans savon,
mais avec de l’huile dans l’eau.
41 FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
>
LeMolluscumaffecte 20%des enfants.
commencer par une détox régulière avecThiémardJuniperus+, qui est un excellent produit.aTop bébé est une crème apaisante qui constitue unsoin efficace pour la peau sèche et atopique. Cette
crème apaise les rougeurs et démangeaisons. Elle est à
appliquer 3 fois par jour aux endroits concernés. Sans
agents conservateurs, elle est formulée tout spéciale-
ment pour les bébés et les enfants. Plantes agissant en
synergie : Mahonia aquifolium et Cardiospermum halica-
babum.Mahonia aquifolium est un arbuste semi-persis-
tant originaire du nord-ouest des États-Unis - Californie,
Oregon et Colombie-Britannique, mais il est depuis
longtemps naturalisé en Europe occidentale. C’est la
fleur officielle de l’état d’Oregon où il est appelé “vigne
de l’Orégon” car les premiers colons faisaient une ap-
proximation de “vin” avec ses baies. Ses feuilles portent
des dents épineuses ressemblant à celles du houx. Ses
fleurs jaunes à l’odeur de miel apparaissent de mars à
mai et sont matures à la fin de l’été. Cardiosper-
mum halicababum vient d’Afrique, Amérique du
sud et Inde en zone tropicale. C’est une liane grim-
pante aux fleurs blanc crème. Les fruits sont de
petites capsules parcheminées. Les graines pro-
tégées dans des capsules sont véhiculées par le
vent et les cours d’eau ; à implantation, la plante
grandit rapidement.
aTop spray atténue les rougeurs et déman-
geaisons du cuir chevelu des adultes et enfants.
Vaporiser 3 fois par jour sur le cuir chevelu. �
• utilisation d’émollients après la toilette
• éviter les lainages à même le corps et privilégier le
coton
• éviter les savons agressifs
• éviter le tabac
• privilégier une alimentation saine : sans conservateur,
colorants, additifs divers
• éviter la diversification alimentaire précoce
• éviter les allergènes alimentaires détectés
• éviter les laitages d’origine animale
• humidité suffisante (min. 55%)
Prévention complémentaire chez les personnesconcernées par la dermatite atopique• se protéger des acariens, moisissures.
• À cause des acariens, il faut également éviter rideaux
et moquettes dans la maison.
• éviter les animaux domestiques
• peu de poussière
• favoriser une alimentation saine, sans colorants ni ad-
ditifs ou autres conservateurs
• utiliser une lessive sans adoucissant, éviter les textiles
et lessives irritantes (le coton est un bon choix).
Il est important de traiter la dermatite atopique, car elle
constitue un terrain favorable au développement des al-
lergies. Ainsi, le tiers des enfants atopiques vont ensuite
avoir des complications. Il s’agit d’éviter l’escalade qui
est un passage à des manifestations en-dehors de la
peau tels que la rhinite et l’asthme. Chez l’adulte, il faut
Santé & Bien-être
42FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
www.exp
atria-cu
m-patria.ch
MARC THIÉMARDSPÉCIALISTE EN
THÉRAPIES NATURELLES
contact@swissnp.ch
>
Si votreenfant
présente desrougeurs, il
s’agitprobablement
d’uneDermatiteatopique
43 FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
Le départ de Pierre Oliviero de sa boucheriede la rue de Carouge fait des malheureux.
Après 45 ans de boutique, Pierre Oliviero rend son
tablier. À 74 ans, en pleine forme, le patron de
cette boucherie de la rue de Carouge, spécialisée
notamment dans la bourguignonne aux herbes, estime
que le moment est venu. En route pour le pastis et la
pétanque ? Pas du tout. « En 2012, dans le cadre des élec-
tions législatives en France, je vais accentuer mon activité po-
litique pour soutenir un collègue », explique le presque
retraité avec un accent niçois que les décennies gene-
voises n'ont pas émoussé. La politique, une vieille pas-
sion, une vieille maîtresse que Pierre Oliviero ne cesse
de courtiser, comme on verra plus loin... Mais dans sa
boutique, la longue mine de certains clients apprenant
que le patron abandonne la partie demain laisse sup-
poser que ce changement de route est durement res-
senti...
Des décorations en masse
Pierre Oliviero est entré dans le métier à 14 ans, un peu
par hasard. À vrai dire, il aurait voulu choisir une autre
voie et devenir avocat. « J'avais des bonnes notes à l'école,
mais mes parents n'avaient pas d'argent pour les études », re-
grette ce fils d'un vermicellier immigré d'Italie. Mobili-
séen 58, il “fait” l'Algérie dans un régiment de chasseurs
alpins. C'est la guerre et son cortège d'horreurs, mais il
a la chance, lui, de revoir la promenade des Anglais*
sans trop de casse. Son comportement sur le terrain lui
donne droit aux honneurs et les premières médailles
Portrait
s'abattent : croix de combattant, médaille commémora-
tive, médaille d'Afrique du Nord. Ce sont les premières
gouttes d'une pluie abondante de reconnaissances offi-
cielles, parmi lesquelles la Légion d'honneur, le Mérite
(à titre militaire), les Palmes académiques, la Médaille
d'or de la Jeunesse et des Sports. Sans oublier le Mérite
de la République italienne. Résultat, Pierre Oliviero est
probablement un des Français les plus décorés de
Suisse.
Pour comprendre cet étonnant parcours, une précision
s'impose : la boucherie, comme toute activité, mène à
tout, à condition d'en sortir. Et Pierre Oliviero semble
être beaucoup sorti de sa boutique. « Avec l'aide de ma
femme, une femme formidable », précise-t-il, il a consacré
du temps aux anciens combattants et aux Français de
l'étranger ; un terrain riche et fertile, ne serait-ce que
parce que la Suisse abrite la plus importante commu-
nauté française hors du pays (230 000 personnes). Ré-
sultat, notre homme est, depuis 1993, un des six
représentants dévolus à la Suisse siégeant au sein de
l'Assemblée des Français de l'Étranger. Il y est même
vice-président de la commission des affaires euro-
péennes : «Mon ministre de tutelle, c'est Juppé », explique
ce conseiller national de l'UMP.
Pierre et...
À quelques heures de la fermeture de la boucherie, mo-
mentanée « car elle sera reprise par deux successeurs formi-
dables », dit-il, l'étalage se vide et les murs se
dépeuplent.
Ces derniers jours, Pierre Oliviero a décroché du mur
d'innombrables photographies. Il y a Pierre et Giscard,
Pierre et Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, Rachida Dati,
Alliot-Marie, la longue filière de la droite française agré-
mentée de quelques photos où notre héros pose avec
Sophie Marceau, Carla Bruni... Et les Suisses ? Si, si, il y
en a aussi sur les photos, notammentMicheline Calmy-
Rey et Pierre Maudet... Preuve presque accablante d'in-
tégration, Pierre Oliviero a été un des seuls Français à
être accepté dans les rangs des Vieux-Grenadiers...
N'en jetez plus ! �
MARC BRETON
un boucher archidécoréAprès 45 ans,
rend son tablier
*Superbe rade de la ville de Nice, qui s’étire de l’aéroport jusqu’au port (7 km),
appelée aussi plus communément “la Baie des Anges”, remarquablement décrite
dans une trilogie du même nom par l’académicien Max Gallo.
« J’avais desbonnes notesà l’école,mais mesparents
n’avaient pasd’argent pourles études. »
PierreOliviero est
probablementun des
Français lesplus décorésde Suisse.(PierreAbensur)
»«
pour atteindre 88,3 % du PIB.
Si la croissance enrégistrée en 2012 devient quasiment
nulle, notre déficit avoisinerait 90 % du PIB. Ceci, sans
prendre en compte les mesures nouvelles de soutien
aux pays de la zone €uro.Bien que notre déficit continue à être supérieur à la
moyenne européenne et que notre dette soit plus élevée
qu’en Allemagne, imaginons qu’un effort structurel soit
conforme aux engagements et portant surtout sur les
prélèvements. Lesmesures nouvelles auraient pour effet
d’augmenter les prélèvements obligatoires de 20 mil-
liards d’€uros en 2012.L’effort structurel reposerait à nouveau essentiellement
sur une hausse des prélèvements obligatoires.
Les dernières prévisions corrigées de la Commission eu-
ropéenne de Bruxelles tient compte du plan du 7 no-
vembre et l’engagement pris au niveau européen de
Avant d’établir des projections, commençons
d’ausculter la situation passée. Le déficit cumulé
du commerce extérieur de la France s’est vu chif-
fré en 2010 à 51.527 milliards d’€uros. L’année 2011 acomptabilisé une aggravation record de plus de 35 %,
s’élevant ainsi à 69.592 milliards d’€uros.Chiffre dramatique, mais qui aurait pu l’être encore
beaucoup plus si nous n’avions pas enrégistré en fin
d’année, des ventes inespérées d’Airbus.
Quelles solutions peut-on imaginer pour endiguer ce
fléau ? INNOVER.
La Commission Européenne de Bruxelles a publié, le
7 février dernier, l’analyse de ses 24 indicateurs, tant sur
les ressources humaines que sur l’excellence et l’attrac-
tivité des systèmes de recherche.
Ces 24 indicateurs couvrent de multiples éléments sur
l’innovation, notamment le financement accordé à l’in-
novation. Il ressort de cette étude que le pays européen
le plus innovant est la Suède, précédant le Danemark,
juste devant l’Allemagne et la Finlande.
Fermant la marche, les anciens satellites de l’ex-URSS,
la Lettonie, la Bulgarie, la Lituanie et la Roumanie.
Le Royaume Uni se hisse à la 6e place, alors que la
France loupe de peu le Top Ten et se classe en 11e posi-
tion et se voit qualifiée de “suiveur de l’Innovation”.
Nous devons être optimistes mais rester réalistes.
Dans l’hypothèse que nous réduisions le déficit public
de 5,7 % du PIB 2011 à 4,5 % pour l’exercice 2012, ceci
nous oblige a enrégistrer une activité fournie, débou-
chant sur une croissance bien meilleure que celle d’au-
jourd’hui et une parfaite maîtrise des dépenses...
La croissance devrait avoisiner 2,8 % du PIB en 2012,
nous dit-on. Alors, si l’on veut équilibrer la dette pour la
même période, il ne faudrait pas que le déficit public at-
teigne les 2,3 % du PIB.
Supposons, ne le souhaitons pas, que la croissance
nous fasse défaut, comme elle le fait actuellement. Nos
administrations devraient faire appel à des besoins nou-
veaux de financements.
Ces derniers aggraveraient le ratio d’endettement de
plus de 2 points. La dette se verrait augmentée de 3,3 %
La voix des Français de l’étranger
44FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
www.exp
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m-patria.ch
l’occultent, parlonsPuisque les candidats
finances...
réduire le déficit structurel de 1 point sera respecté.
Les années 2013 & 2014 prévoient une croissance qui
repose sur des faisceaux d’hypothèses hautement
favorables. La prévision de croissance du PIB pour les
années 2013-2014 est ramenée à 2,5 % dans le
programme de stabilité, à 2 % dans les dernières prévi-
sions du gouvernement.
Cela voudrait dire que la situation ralentie de 2012 ne
serait qu’épisodique et que la croissance repartirait de
plus belle ???
Les inquiétudes des déficits publics, en Europe comme
aux États-Unis, minent l’optimisme mesuré des agents
privés qui, obligés de se désendetter, pèseront d’une
manière non négligeable sur la consommation et
l’investissement.
Les banques, très attentives à l’investissement, seraient
tentées de limiter leurs offres de crédits afin d’adap-
ter leurs bilans aux nouvelles règles pruden-
tielles.
Le redressement des
p rog r ammes
b u d g é -
t a i r e s
aurait pour
effet certain de ra-
lentir la croissance.
La commission européenne
prévoit dans ces conditions qu’une croissance
avoisinant les 1,4 % pour l’exercice 2013. Et
de seulement 1 % en 2014.
Sans vouloir développer le côté technique des calculs et
des approches, schématiquement, le taux des
prélèvements obligatoires progresseraient de 44,8 % du
PIB en 2012 à 45,3 % en 2013 pour atteindre le record de
1999, 44,9 %. Peut-on encore continuer longtemps
comme cela ? Il est quelques pays qui ont adopté une
stratégie qui n’est pas la nôtre, mais que nous serions
bien inspirés d’observer.
Les cinq Nations que je vais vous citer jouent la préfé-
rence nationale pour sauver leurs industries et contrer la
crise. On appelle cela “Le Protectionnisme”.
La Chine vient demettre fin aux réductions de droits dedouane pour les importations d’équipements dans le
secteur automobile. Plusieurs rapports s’interrogent sur
la fermeture des marchés publics aux entreprises étran-
gères et de les réserver aux entreprises nationales. À la
lecture d’un rapport, Hu Jintao a annoncé 94mesures de
protection.
L’Inde - Les entreprises comme Carrefour pour la Franceou Tesco pour les Britanniques et Wal-Mart des Améri-
cains se sont vues refuser l’ouverture de la grande dis-
tribution.
Le gouvernement de Manmohan Sing, sous la pression
politique, a abdiqué et renoncé au projet d’ouverture
des frontières. Plus, il a pris 101 mesures de rétorsions.
Le Brésil - C’est plus de 80mesures que Dilma Rousseff,
la successeur dumythique Lula, vient d’imposer depuis
septembre 2011 pour limiter les importations. Une taxe
de 30 % est prélevée sur tous les véhicules produits en
dehors duMercosur. Un droit de douane d’unemoyenne
de 13,7 % est
calculé
sur le
prix
45 FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
des produits contre 5,1 % dans l’Union Européenne.
La Russie - Vladimir Poutine réélu, le plan du futurmembre de l’OMC prévoit la réduction drastique à hau-
teur de 50% les importations des produits pharmaceu-
tiques étrangers d’ici à 2020. Une de ses priorités sur les
134 mesures de protection annoncées.
L’Argentine - Elle aussi, nouvellement réélue, CristinaKirschner, a fait adopter plus de 180 mesures
protectionnistes.
En mars 2011, on a cru à un artifice électoral.
Point du tout. L’Argentine a fermé ses portes, du
mois demars aumois d’août, à tous les produits
du fabricant Mattel et sa fameuse poupée Bar-
bie. Plus de 600 entreprises étrangères sont dés-
ormais soumises à des licences d’importation
“sous conditions”.
Est-ce la solution ? Cela va nous obliger à réflé-
chir assez rapidement. À dessiner les contours
de l’Europe une fois pour toute et clairement dé-
finir les accords commerciaux avec ces pays et bien
d’autres...
C’est à ce prix que la globalisation pourra survivre.
Sinon ? Et bien sinon, cela va devenir une jungle.
N’est-il pas trop tard ? �
SERGE C. VINETCONSEILLER ÉLU
À L'AFESUISSE &
LIECHTENSTEINMEMBRE DE LA
COMMISSIONDES FINANCES
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N°26 / Mars 2012
La voix des Français de l’étranger
»«Etl’on doit ce respectau pouvoir absolu de ne discuterrien quand un Roi l’a voulu
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 46
Si les étrangers en France relèvent bien du Minis-
tère des Affaires étrangères, les Français résidant
hors de France n’ont pas à être assimilés avec des
étrangers. Nous sommes des Français à part entière et
non pas entièrement à part, faut-il le répéter encore et
encore.
D’ailleurs, Pierre Olivéro, mon collègue et ami, actuel-
lement vice-président de la commission des affaires eu-
ropéennes à l’Assemblée des Français de l’étranger, avait
interpellé, par écrit le 30mars 2001, le président de la ré-
publique, Monsieur Jacques Chirac, lui suggérant la
création d’un secrétariat d’État aux Français de l’étran-
ger. Le 22 mai suivant, il lui fut répondu personnelle-
ment par l’Élysée que sa suggestion était intéressante…
Le 7 juillet 2007, j’alertais Monsieur François Fillon sur
le même sujet, arguant que le nombre d’expatriés deve-
nant sans cesse croissant, il serait opportun d’envisager
la mise en place d’un haut commissariat, sorte de di-
castère des Français résidant hors de France. Je neman-
quai pas de souligner qu’aux prochaines consultations
électorales, selon les circonstances, leur poids pourrait
ne pas être négligeable.
La réponse, qui me fut adressée trois semaines plus
tard, m’avertissait quemon courrier avait été transmis à
Monsieur Bernard Kouchner, alors ministre des Affaires
étrangères. J’attends encore la réponse !
Vous connaissez la suite… David Douillet nous fut en-
voyé comme secrétaire d’État pendant l’été 2011; lui qui
n’aspirait qu’aux sports, ce qu’il devint le 28 septembre
2011.
L’occasion aurait pu être magnifique et crédible à la
fois : nommer à ce poste un sénateur issu de l’AFE,
rompu aux arcanes de notre communauté d’expatriés.
Au lieu de cela, nous vîmes arriver un jeune colosse, fort
sympathique au demeurant, élu de l’Oise, de l’autre côté
du périphérique, spécialiste des élections à l’UMP…
David Courtial. Autant dire à des années-lumières des
préoccupations de nos compatriotes expatriés.
À la veille du 22 avril seulement, nous sommes sub-
mergés de courriels, issus de toutes tendances poli-
tiques. “Ils” se souviennent que nous existons. De qui
se moque-t-on ? En fait, nous sommes “Les oubliés du
débat”. Outre que les élections présidentielles se dé-
roulent pendant les vacances de Pâques, nous pourrions
espérer que le débat s’élève en abordant les vraies in-
quiétudes et de nous laisser entrevoir quelques ré-
ponses avant le pont du 8 mai.
Peut-on insuffler un nouveau dynamisme à la machine
France, dans une conjoncture préoccupante, sans que
ce soit au détriment des valeurs sociales et républi-
caines ?
L’€uro peut-il rester la monnaie unique de référencepour 27 pays à la croissance inégale ?
Faut-il envisager une modalité fédéraliste ?
Est-ce qu’enfin, le système fiscal européen commun va
voir le jour ?
Est-il judicieux d’élargir actuellement l’Europe ?
Quels liens devons-nous déterminer avec la Russie, les
États-Unis, la Chine, le continent africain et celui d’Amé-
rique du sud ?
Gageons qu’avant le second tour, toutes ces questions
légitimes soient abordées. Car absentes du débat, la po-
litique étrangère et celle de la défense demeurent la “ré-
serve” du président de la république.
Nous aimerions bien en connaître les réponses avant le
6 mai ; puisqu’au sommet du G8 à Camp David, les 18
&19 mai, l’à peu près ne sera pas de mise.
SERGE C. VINET
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atria-cu
m-patria.ch
RACINE
Il y a des années que je m’insurge contre cetteanomalie qui nous pénalise. Je veux dire “Nous”, lesFrançais de l’étranger. En effet, le Quai d’Orsay dansun excès de bonté, nous a classés dans le dossier“Français de l’étranger & Étrangers en France”.
N°27 / Avril 2012
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 201247
�Dossier Fiscalité
Au secours,les impôts reviennent !
ASSEMBLÉE DES FRANÇAIS DE L'ETRANGER - 27 RUE DE LA CONVENTION - 75015 PARIS
Un Printemps annoncé, malgré une température fraîche pour la saison, voilà lecadre dans lequel nous nous apprêtons à auditionner, dans le cadre de notresession de printemps, Monsieur Cyril Maloine, directeur départemental chargédu pôle fiscal à la direction des résidents à l’étranger et des services généraux, au Ministère de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi.
Ce n’est pas la première fois que Monsieur Maloine nous éclaire de sesconnaissances en matière fiscale, notamment sur celle des non-résidents,dont il est incontestablement “Le Spécialiste”.
Auditions et conversations toujours claires, sans jamais se départir du bon ton cou-tumier qui est le sien, il nous assène, ce jeudi 8 mars 2012, ce fameux Arrêt de laCour de Justice de l’Union européenne (CJUE) dit “Schumacker”, (affaire C-279/93,Schumacker) datant, excusez du peu, du 14 février 1995.
SERGE-CYRIL VINETCONSEILLER ÉLU
DE L’AFE SUISSE & LIECHTENSTEINMEMBRE DE LA
COMMISSION DESFINANCES DEPUIS 2001
Jugez vous-même del’étendue du désastre :
>
48FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
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m-patria.ch
Les charges admises en déduction des revenus des “non-résidents Schumacker”
L’article 164 du CGI dispose que « les revenus de source françaisedes personnes qui n’ont pas leur domicile fiscal en France sont déter-
minés selon les règles applicables aux revenus de même nature perçus
par les personnes qui ont leur domicile fiscal en France. Toutefois, au-
cune des charges déductibles du revenu global en application des dis-
positions du présent code ne peut être déduite ».
Comme le souligne le sénateur Richard Yung, « l’application de ceprincipe général pose problème lorsque la personne fiscalement non ré-
sidente ne perçoit aucun revenu de source étrangère ».
C’est la raison pour laquelle il a interrogé le gouvernement, sur les
problèmes liés à la non-déductibilité du revenu imposable decertaines charges versées par des personnes fiscalement nonrésidentes en France. Le Secrétaire d’État chargé du logement, Benoît Apparu vient de
préciser que le contribuable non résident peut, comme toutcontribuable fiscalement domicilié en France, faire état pour ladétermination de son impôt sur le revenu des charges admises en
déduction de son revenu global et des dépenses ouvrant droità réduction ou à crédit d’impôt sur le revenu.
Cette assimilation est toutefois subordonnée : • à la condition tenant à l’importance de ses revenus desource française,
• à la condition qu’il ne bénéficie pas de déductions fiscales oud’avantages fiscaux dans son État de résidence. �
Contribuables français à part entière“NON-RÉSIDENTS SCHUMACKER”
L’administration précise la situation des contribuablesconcernés, dits “non-résidents Schumacker”, au regarddu droit à restitution des impôts directs et du plafonne-
ment de l’ISF. Le 28 octobre dernier, nous vous indiquions que, la Commissioneuropéenne avait formellement demandé à la France de mo-difier sa législation sur le bouclier fiscal et sur le plafonne-ment de l’ISF afin de se mettre en conformité avec lesprincipes du droit de l’Union européenne, en particulier enmatière de libre circulation des personnes, des travailleurs etdes capitaux. (Voir notre article : Le bouclier fiscal et le plafonnementde l’ISF épinglés par Bruxelles)
Le bouclier fiscal
Il ne s’applique pas aux personnes qui ne sont pas fiscale-ment domiciliées en France et ce, bien qu’elles perçoivent l’es-sentiel de leurs revenus en France et qu’elles soient imposables
à titre principal en France.
• La Commission Européenne estime que cette limitation va àl’encontre de la libre circulation des personnes et travailleursprévue par les articles 21, 45 et 49 du Traité sur le fonctionne-
ment de l’Union européenne.
Le plafonnement de l’ISF
Il ne s’applique qu’aux personnes domiciliées en France.
• La Commission Européenne estime que ceci constitue égale-
ment une entrave à la libre circulation des personnes.
La réponse du berger à la bergère ?
La présente instruction précise la situation des contribuablesconcernés, dits “non-résidents Schumacker”, au regard dudroit à restitution des impôts directs et du plafonnement del’ISF. Les personnes :> qui perçoivent la majeure partie de leurs revenus profession-
nels d’une activité exercée en France (b du 1 de l’article 4 B du
CGI)
> ou qui perçoivent de France la majeure partie de leurs revenus
non professionnels, notamment du patrimoine (c du 1 du
même article),
...sont domiciliées fiscalement en France.Par suite, les personnes concernées, qui correspondent aux “non-
résidents Schumacker”, sont éligibles au droit à restitution défini
à l’article 1 du CGI, dans les conditions et selon les modalités dé-
finies à l’article 1649-0 A du même code (Bouclier fiscal), et au
plafonnement spécifique de l’ISF, dans les conditions et selon les
modalités prévues à l’article 885 V bis du même code.
> Pour rappel :
Dans l’affaire Schumacker [Arrêt du 14 février 1995 (Aff C�279/93)]
la Cour à admis que le fait pour un État membre de ne pasfaire bénéficier un non-résident de certains avantages fiscauxqu’il accorde au résident n’est pas discriminatoire, puisqueces deux catégories de contribuables ne se trouvent pas dans une
situation comparable.
En revanche, la jurisprudence Schumacker s’oppose aux me-sures nationales réservant un traitement différencié auxnon�résidents se trouvant dans une situation semblable à celledes résidents.Instruction fiscale du 11 janvier 2011 �
À l’épreuve du bouclier fiscal et du plafonnement de l’ISF
49 FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
>
ticle 4 du code général des impôts (CGI), sont considérées
comme fiscalement domiciliées en France :
- les personnes qui ont en France leur foyer ou le lieu de leur
séjour principal ;
- celles qui exercent en France une activité professionnelle,
salariée ou non, à moins qu’elles ne justifient que cette ac-
tivité y est exercée à titre accessoire ;
- celles qui ont en France le centre de leurs intérêts écono-
miques.
Ces dispositions relatives à la définition du domicile fiscal en
droit interne ne sont applicables que sous réserve des dispo-
sitions relatives à la détermination de la résidence fiscale
contenues dans les conventions internationales.
5. Étendue de l’obligation fiscale. Aux termes de l’article 4 Adu CGI :
- les personnes domiciliées en France sont soumises à une
obligation fiscale illimitée et sont imposées sur l’ensemble
de leurs revenus de source française ou étrangère ;
- les personnes domiciliées hors de France sont imposables
à raison de leurs seuls revenus de source française.
6. Détermination de la base d’imposition. Conformémentaux dispositions de l’article 164 A du CGI, la base
d’imposition des personnes domiciliées hors de France dis-
posant de revenus de source française est déterminée selon
les règles applicables aux revenus de même nature perçus par
les personnes qui ont leur domicile en France.
7. Principe de non déduction des charges supportées parles non-résidents. Toutefois, les personnes qui n'ont pas leurdomicile fiscal en France et qui sont, de ce fait, soumises à
une obligation fiscale limitée ne peuvent déduire aucune
charge de leur revenu global.
Cette règle de portée générale s'applique aux charges qui
constituent un emploi du revenu, c'est-à-dire à l'ensemble
des charges admises en déduction du revenu global.
8. Exclusion du bénéfice des réductions et crédit d'impôt.Les contribuables domiciliés hors de France sont en principe
expressément exclus du bénéfice des réductions et crédits
d’impôt sur le revenu.
Direction Générale des Finances Publiques
5 B-1-12
Par un arrêt du 14 février 1995 (affaire C-279/93, Schumacker), la Cour de justice de l’Union européenne(CJUE) a jugé que les États membres, qui sont fondés à traiter différemment les non-résidents de leurs résidents, doivent, en revanche, les traiter à l’identique lorsque les
premiers se trouvent, du fait qu’ils tirent de l’État concernéla totalité ou la quasi-totalité de leurs revenus, dans une
situation comparable à celle des seconds.Les non-résidents concernés, dits “non-résidents
Schumacker”, sont assimilés à des personnes fiscalement domiciliées en France, au sens du droit interne, mais
restent tenus à une obligation fiscale limitée, au sens desconventions internationales.
La présente instruction administrative tire les conséquences de cet arrêt en matière d’impôt sur le revenu.
INSTRUCTION DU 13 JANVIER 2012
TERRITORIALITÉ. IMPÔT SUR LE REVENU. DÉDUCTION DES CHARGES DU REVENU GLOBAL.BÉNÉFICE DES AVANTAGES FISCAUX À L’IMPOT SUR LE REVENU.
SITUATION DES NON-RÉSIDENTS TIRANT DE FRANCE L’ESSENTIEL DE LEURS REVENUS IMPOSABLES(“NON-RESIDENTS SCHUMACKER”).
(C.G.I., art. 4, 164 A)NOR ECE L 11 20434 J
Bureau C 1
PRÉSENTATION
Introduction
1. Par un arrêt du 14 février 1995 (affaire C-279/93, Schu-macker), la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a
jugé que les États membres, qui sont fondés à traiter diffé-
remment les non-résidents de leurs résidents, doivent en re-
vanche les traiter à l’identique lorsque les premiers se
trouvent, du fait qu’ils tirent de l’État concerné la totalité ou
la quasi-totalité de leurs revenus, dans une situation compa-
rable à celle des seconds.
2. Les non-résidents concernés dits, “non-résidents Schu-macker”, sont assimilés à des personnes fiscalement domici-
liées en France, au sens du droit interne, mais restent tenus
à une obligation fiscale limitée, au sens des conventions in-
ternationales.
3. La présente instruction administrative tire les consé-quences de cet arrêt et présente les modalités de sa transpo-
sition en droit interne.
Section 1 : Modalités générales d’imposition des contri-buables domiciliés hors de France disposant de revenus
de source française4.Définition du domicile fiscal. Aux termes du 1 du B de l’ar-
Dossier Fiscalité
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 50
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m-patria.ch
> Cela étant, les contribuables domiciliés hors de France peu-
vent bénéficier sous certaines conditions :
- du crédit d’impôt accordé au titre des primes d’assurance
pour loyers impayés (article 200 nonies du CGI) ;
- du crédit d’impôt au titre des travaux prescrits dans le cadre
d’un plan de prévention des risques technologiques (PPRT)
effectués dans des logements donnés en location (article
200 quater A du CGI) ;
- et de la réduction d’impôt pour acquisition d’un logement
au titre d’investissement locatif dans le secteur touristique
(article 199 decies E, 199 decies EA et 199 decies G du CGI).
Section 2 : Modalités de transposition de l’arrêt de laCJUE du 14 février 1995 (affaire C-279/93)
9. Présentation générale de la jurisprudence Schumacker.Par un arrêt du 14 février 1995 (affaire C-279/93,
Schumacker), la CJUE a jugé que les États membres, qui sont
fondés à traiter différemment les non-résidents de leurs rési-
dents, doivent en revanche les traiter à l’identique lorsque les
premiers se trouvent, du fait qu’ils tirent de l’État concerné la
totalité ou la quasi-totalité de leurs revenus, dans une situa-
tion comparable à celle des seconds.
Ces non-résidents, dits “non-résidents Schumacker”, sont as-
similés à des personnes fiscalement domiciliées en France,
au sens du droit interne, mais restent tenus à une obligation
fiscale limitée, au sens des conventions internationales.
10. Portée de l’arrêt. Selon les termes de l’arrêt, pour béné-ficier du régime particulier applicable aux “non-résidents
Schumacker”, les revenus des contribuables concernés doi-
vent, pour leur totalité ou leur quasi-totalité, être tirés d’une
activité exercée en France.
Par ailleurs, les contribuables concernés ne doivent pas per-
cevoir dans l’État de résidence des « revenus suffisants pour y
être soumis à une imposition permettant de prendre en compte leur
situation personnelle et familiale ». Par suite, ces contribuables
ne doivent pas bénéficier, dans le cadre de l’imposition des re-
venus attribuée à l’État de résidence, de mécanismes de na-
ture à minorer cette imposition en fonction de leur situation
personnelle et familiale.
1. Assimilation des non-résidents “Schumacker” aux contri-buables domiciliés fiscalement en France en droit interne.11. Conditions générales d’assimilation en droit interne.Cette assimilation est présumée, lorsque les conditions sui-
vantes sont remplies :
- le non-résident “Schumacker” est domicilié dans un autre
État membre de l’Union européenne, ou dans un État par-
tie à l’espace économique européen ayant conclu avec la
France une convention fiscale qui contient une clause d’as-
sistance administrative en vue de lutter contre la fraude ou
l’évasion fiscale ;
- les revenus de source française du non-résident concerné
sont supérieurs ou égaux à 75 % de son revenu mondial im-
posable, conformément à la recommandation de la Com-
mission européenne, du 21 décembre 1993, relative à
l’imposition de certains revenus obtenus par des non-rési-
dents dans un État membre autre que celui de leur rési-
dence ;
- le non-résident “Schumacker” ne bénéficie pas de méca-
nismes suffisants de nature à minorer l’imposition dans
l’État de résidence, en fonction de leur situation personnelle
et familiale, en raison de la faiblesse des revenus imposa-
bles dans ce même État.
12. Revenus de source française. Sont réputés être tirésd’une activité exercée en France, les revenus de source fran-
çaise au sens de l’article 164 B du code général des impôts,
les revenus exonérés n’étant pas pris en compte.
13. Revenu mondial imposable. Par revenu mondial impo-sable, il convient de considérer l’ensemble des revenus et pro-
fits de source française ou étrangère qui ont été soumis à
l’impôt dans le pays de résidence ou de perception.
En pratique, ce montant correspond généralement à la
somme des revenus de source française et des revenus de
source étrangère portés sur la déclaration d’ensemble des re-
venus et retenus pour le calcul du taux effectif ou ouvrant
droit à un crédit d'impôt.
14. Faiblesse des revenus pour le bénéfice des avantagesfiscaux dans le pays de résidence. Ces avantages s’enten-dent notamment des dispositifs visant à tenir compte de la si-
tuation familiale du contribuable et des personnes à sa
charge, des dispositifs visant à tenir compte de son activité ou
de son inactivité, ou encore des dispositifs visant à tenir
compte de ses investissements, ou des dépenses qu’il a sup-
portées.
La condition est réputée remplie lorsque le contribuable non-
résident n’a pas pu bénéficier effectivement de la majorité du
montant des avantages fiscaux auxquels il était en droit de
prétendre pour la détermination des impositions sur le re-
venu mises à sa charge dans le pays de résidence.
15. Autres hypothèses d’assimilation. Si le pourcentage de75 % précité n’est pas atteint, le contribuable peut être assi-
milé à un non-résident “Schumacker” s’il apporte la preuve :
- que ses revenus de source française sont supérieurs ou
égaux à 50 % de son revenu mondial imposable ;
- qu’il ne bénéficie, compte tenu de sa situation personnelle
et familiale, d’aucun mécanisme de nature à minorer son
imposition dans son État de résidence.
Pour l’appréciation de cette dernière condition, le contribua-
ble ne doit bénéficier d’aucun mécanisme de nature à mino-
rer cette imposition en fonction de sa situation personnelle et
familiale, dans le cadre de l’imposition des revenus attribuée
à l’État de résidence.
2. Portée de l’assimilation pour la détermination de l’impôtsur le revenu et l’assujettissement aux contributions sociales16. Impôt sur le revenu. Il convient de retenir, en ce quiconcerne le calcul de l’impôt sur le revenu, les règles de droit
commun applicables aux contribuables domiciliés fiscale-
ment en France et soumis à une obligation fiscale illimitée
sur les revenus de source française et étrangère.
17. Bénéfice des charges, réductions et crédits d’impôt surle revenu. Les contribuables “non-résidents Schumacker”peuvent, de la même manière que les contribuables fiscale-
ment domiciliés en France, faire état pour la détermination
de leur impôt sur le revenu des charges admises en déduc-
tion de leur revenu global et des réductions et crédits d’impôt.
18. Précisions s’agissant des revenus de transfert. Il est rap-pelé que, du point de vue du droit interne, le principe de l’im-
position des revenus de transfert (pensions alimentaires,
prestations compensatoires…) repose sur le fait que ces re-
>
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 201251
4. Entrée en vigueur24. La présente instruction est applicable aux procédures etaux litiges en cours.
Annoter : DB 5 B 111 n°9 et DB 5 B 712 n°8
A rapporter : RM, AN, n° 18243 de M. Weisenhorn, JO AN du
06/04/1987 – p. 1959 ; RM, Sénat, n° 00719 de
M. Guerry, JO Sénat du 11/10/2007 - p. 1824 ; RM, AN, n°24
273 de M. Suguenot, JO AN du 19/08/2008 –
p. 7166. �
LA DIRECTRICE DE LA LÉGISLATION FISCALE
MARIE-CHRISTINE LEPETIT
venus sont déductibles chez celui qui les verse et imposables
chez celui qui les reçoit.
Dès lors, les “non-résidents Schumacker” peuvent prétendre
à la déduction de ces pensions alimentaires ou prestations
compensatoires, de leur revenu global, sous réserve que les
sommes considérées soient imposées dans l’État de desti-
nation, comme revenus, au nom de leurs bénéficiaires.
19. Taux minimum d’imposition. Le taux minimum d’impo-sition, prévu par l’article 197 A du CGI, ne trouve pas à s’ap-
pliquer à l’égard des “non-résidents Schumacker”.
20. Prélèvements à la source mis à la charge des non-rési-dents. Les retenues et prélèvements à la source appliqués surcertains revenus ou profits de source française versés à des
personnes fiscalement domiciliées hors de France (voir no-
tamment les dispositions du 2 de l’article 119 bis, 125 A, 182
A, 182 A bis, 182 B et 244 bis et 244 bis A du CGI), ne s’appli-
quent pas aux revenus et profits perçus par des “non-rési-
dents Schumacker”.
21. Imputation des retenues à la source. Les conditions gé-nérales d’assimilation des non-résidents “Schumacker” aux
contribuables domiciliés fiscalement en France en droit in-
terne ne peuvent éviter que certaines rémunérations, reve-
nus, produits ou profits soient soumis à une retenue ou un
prélèvement à la source.
Dans cette hypothèse, il est admis d’appliquer, le cas échéant,
les règles de droit commun d’imputation d’impôt sur le re-
venu de ces prélèvements à la source.
L’éventuel excédent constaté pourra être restitué, sur de-
mande, nonobstant le caractère non restituable éventuel du
prélèvement, de manière à replacer le contribuable dans la
situation qui aurait été la sienne s’il avait été imposé selon les
règles applicables aux personnes domiciliées fiscalement en
France.
22. Contributions sociales. S’agissant des règles relatives àl’assujettissement aux contributions sociales, les “non-rési-
dents Schumacker”, assimilés à des personnes physiques do-
miciliées en France, sont soumis de plein droit aux
contributions sociales (CSG et CRDS) sur les revenus du pa-
trimoine.
Par ailleurs, les “non-résidents Schumacker” sont soumis aux
contributions sociales applicables aux revenus d’activité ou
de remplacement lorsqu’ils sont à la charge d’un régime obli-
gatoire français d’assurancemaladie.
3. Modalités déclaratives23. Justificatifs. Les contribuables non-résidents qui souhai-tent être assimilés aux contribuables domiciliés fiscalement
en France au sens de la jurisprudence “Schumacker” sont in-
vités à joindre à la déclaration d’ensemble des revenus, l’en-
semble des documents et des éléments de nature à établir
les conditions mentionnées aux n°s 11 à 15 et n°18.Sont considérés comme tels les avis d’imposition sur le re-
venu, de prélèvement à la source et les documents équiva-
lents établis dans l’État de résidence et dans les autres États
de perception des revenus et permettant à l‘administration
fiscale française d’apprécier d’une part la proportion de reve-
nus de source française et de source étrangère, et d’autre part
le bénéfice de mécanismes de nature à minorer l’imposition,
en fonction de la situation personnelle et familiale.
[Extraits de l’arrêt de la CJUE du 14 février 1995 (affaire C-279/93, Schumacker)Par ces motifs,LA COUR,statuant sur les questions à elle soumises par le Bundesfinanzhof, par ordonnance du 14 avril 1993, ditpour droit :1) L'article 48 du traité CEE doit être interprété en cesens qu'il est susceptible de limiter le droit pour unÉtatmembre de prévoir les conditions d'assujettissement etles modalités d'imposition des revenus perçus sur son territoire par un ressortissant d'un autre État membre,dans la mesure où cet article, en matière de perceptiondes impôts directs, ne permet pas à un État membre detraiter un ressortissant d'un autre État membre qui,ayant fait usage de son droit de libre circulation, exerceune activité salariée sur le territoire du premier État,de façon moins favorable qu'un ressortissant nationalse trouvant dans la même situation.2) L'article 48 du traité doit être interprété en ce sensqu'il s'oppose à l'application d'une réglementation d'unÉtat membre imposant un travailleur ressortissantd'un autre État membre, qui réside dans ce dernier Étatet exerce une activité salariée sur le territoire du premier État, plus lourdement qu'un travailleur résidant sur le territoire du premier État et y occupantle même emploi, lorsque, comme en l'espèce au principal, le ressortissant du second État tire son revenu totalement ou presque exclusivement de l'activité exercée dans le premier État et ne perçoit pasdans le second État des revenus suffisants pour y êtresoumis à une imposition permettant de prendre encompte sa situation personnelle et familiale.3) L'article 48 du traité doit être interprété en ce sensqu'il fait obstacle à ce que la législation d'un État membre en matière d'impôts directs prévoie le bénéfice de procédures telles que la régularisation annuelle des retenues à la source au titre de l'impôtsur les salaires et la liquidation par l'administration del'impôt sur les revenus d'origine salariale pour lesseuls résidents, à l'exclusion des personnes physiquesn'ayant ni domicile ni résidence habituelle sur son territoire, mais qui y perçoivent des ressources d'origine salariale.
Annexe 1
Dossier Fiscalité
>
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 52
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Dans un arrêt en date du 21 juillet 2011, la Courd’Appel Administrative de Versailles a jugé qu’unrésident suisse qui cède des biens immobiliers si-
tués en France est fondé à se prévaloir de la conventionFranco-Suisse (Art.15-4) afin de bénéficier du taux d’im-position de 19% (depuis le 1er janvier 2011) auquel sontsoumises les plus values immobilières réalisées par les ré-sidents français.Pour mémoire, si les résidents français sont, lorsqu’ils génè-
rent une plus-value immobilière, actuellement imposés au
taux de 32,5%, les non résidents personnes physiques sont
imposés dans les conditions de l’article 244 bis A du CGI, le-
quel prévoit que le taux d’imposition diffère selon que ce cé-
dant réside ou non dans l’EEE (Espace Économique européen :
UE, Islande, Norvège Lichtenstein)
• Si le cédant réside dans l’EEE, le taux d’imposition est fixé
à 19%• Si le cédant réside hors EEE, le taux d’imposition est fixé à
33,33%
Rappel des faits
Après s’être acquitté du paiement de l’impôt de plus-value
consécutif à la cession de deux biens immobiliers situés en
France, un résident suisse a demandé, par réclamation
contentieuse le remboursement du prélèvement auquel il a
été assujetti au motif que le taux d’imposition de 16 % (à
l’époque) aurait du être appliqué à ces plus-values immobi-
lières et non celui de 33,33 %.
Suite au rejet de sa demande, le résident suisse a saisi le Tri-bunal administratif de Cergy-Pontoise.Or, ce dernier a considéré que « la différence de traitement ins-tituée entre les résidents et les non résidents par l’article 244 bis A
du code général des impôts, qui retient un taux d’imposition diffé-
rent selon l’état de résidence du vendeur, n’est pas contraire au prin-
cipe de non discrimination posé par l’article 26 de la convention
fiscale franco-suisse. »
Le tribunal en a conclu que le contribuable suisse n’étaitpas « fondé à demander le remboursement du prélèvement prévupar l’article 244 bis A du code général des impôts auquel il a été as-
sujetti à raison des plus-values immobilières réalisées en 2006 lors
de la cession de deux biens immobiliers » (TA Cergy-Pontoise 29
octobre 2010 n° 07-1577, 5e ch. M. WOLF VON GUGGEN-
BERGER)
Soulignons que dans une affaire similaire (Cession de partsde société à prépondérance immobilière) le Tribunal Admi-nistratif de Paris a jugé qu’un résident suisse peut bénéfi-cier du taux applicable aux plus-values immobilières réalisées
par les résidents français compte tenu des termes de l’article
15-4 de la convention franco-suisse. (TA Paris 20 mai 2010
n° 0711610) [Jugement non définitif, l’administration ayant
fait appel]
Résidents suisses : à vos réclamations !
[> 1. Les gains provenant de l’aliénation des biensimmobiliers, tels qu’ils sont définis à l’alinéa 1er duparagraphe 2 de l’article 6, sont imposables dansl’Etat contractant où ces biens sont situés.
> 2. Les gains provenant de l’aliénation d’actions,parts ou autres droits dans une société, une fiducieou une institution comparable, dont l’actif ou lepatrimoine est principalement constitué,directement ou indirectement, de biens immobiliersdéfinis au paragraphe 2 de l’article 6 et situés dansun État contractant ou de droits portant sur de telsbiens sont imposables dans cet État. Pourl’application de cette disposition, ne sont pas pris enconsidération les biens immobiliers affectés parcette société à sa propre exploitation industrielle,commerciale ou agricole ou à l’exercice par elled’une profession libérale ou d’autres activitésindépendantes de caractère analogue.
> 3. Les gains provenant de l’aliénation de biensmobiliers faisant partie de l’actif d’un établissementstable qu’une entreprise d’un État contractant a dansl’autre État contractant, ou de biens mobiliersconstitutifs d’une base fixe dont dispose un résidentd’un État contractant dans l’autre État contractant
pour l’exercice d’une profession libérale, y comprisde tels gains provenant de l’aliénation globale de cetétablissement stable (seul ou avec l’ensemble del’entreprise) ou de cette base fixe, sont imposablesdans cet autre État. Toutefois, les gains provenant del’aliénation des biens mobiliers visés au paragraphe3 de l’article 24 ne sont imposables que dans l’Étatcontractant où les biens en question eux-mêmessont imposables en vertu dudit article.
> 4. Les gains provenant de l’aliénation des biensmentionnés aux paragraphes 1, 2 et 3, tels qu’ilssont retenus pour l’assiette de l’impôt sur les plus-values, sont calculés dans les mêmes conditions,que le bénéficiaire soit résident de l’un ou l’autreÉtat contractant. Si ces gains sont soumis dans unÉtat contractant à un prélèvement libératoire del’impôt sur le revenu ou de l’impôt sur les sociétés,ce prélèvement est calculé dans les mêmesconditions, que le bénéficiaire soit résident de l’unou de l’autre État contractant.
> 5. Les gains provenant de l’aliénation de tous biensautres que ceux qui sont mentionnés auxparagraphes 1, 2 et 3 ne sont imposables que dansl’État dont le cédant est un résident.
Art. 15 de la convention franco-suisse (modifié par l’avenant du 22 juillet 1997)
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 201253
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Le bouclier fiscal et le plafonnementde l’ISF épinglés par Bruxelles
La Commission européenne a formellement demandéà la France de modifier sa législation sur le bouclierfiscal et sur le plafonnement de l’ISF afin de se met-
tre en conformité avec les principes du droit de l’Unioneuropéenne, en particulier en matière de libre circulationdes personnes, des travailleurs et des capitaux.La demande prend la forme d’un avis motivé. Si la France nese conforme pas à cet avis motivé dans les deux mois, laCommission pourra décider de porter le cas devant la Cour
de justice de l’Union Européenne.
Le bouclier fiscal est une mesure de plafonnement de l’en-semble des impôts payés en France par un contribuable à
hauteur de 50% de ses revenus, l’excédent pouvant faire l’ob-
jet d’un remboursement. Sans contester le principe de ceplafonnement, la Commission estime que certains aspectsde son application sont contraires au droit européen, no-tamment en ce qui concerne les personnes pouvant bénéficier
du bouclier fiscal et les impôts pris en compte dans son cal-
cul.
Le bouclier fiscal ne s’applique pas aux personnes qui nesont pas fiscalement domiciliées en France et ce, bienqu’elles perçoivent l’essentiel de leurs revenus en France et
qu’elles soient imposables à titre principal en France. Cettelimitation va à l’encontre de la libre circulation des per-sonnes et travailleurs prévue par les articles 21, 45 et 49 duTraité sur le fonctionnement de l’Union européenne.
Par ailleurs, un dispositif de plafonnement est prévu pour
l’ISF afin d’éviter que le total formé par cet impôt et l’impôtsur le revenu n’excède 85% des revenus nets imposables du
foyer fiscal de l’année précédente. L’application de ce pla-fonnement contrevient au droit européen de la mêmema-nière que le bouclier fiscal, dans la mesure où le
plafonnement ne s’applique qu’aux personnes domiciliéesen France. Ceci constitue également une entrave à la librecirculation des personnes et des travailleurs telles que pré-vue par les articles 21, 45 et 49 du Traité sur le fonctionne-
ment de l’Union européenne.
D’autre part, le calcul des impôts payés qui permet de dé-terminer le montant de 50% et l’éventuel montant à rem-bourser, prend uniquement en compte les impôts payésen France. Ceci constitue un obstacle à la libre circulationdes capitaux prévue à l’article 63 du Traité sur le fonctionne-
ment de l’Union européenne en influençant les choix d’in-
vestissement des contribuables français.
En effet, ces contribuables préféreront acquérir des titresproduisant des dividendes taxés en France et inclus dansle calcul du bouclier fiscal, plutôt que des titres équivalentspour lesquels ils devraient acquitter l’impôt dans un autre
État membre de l’UE ou de l’Espace Économique Européen,
et qui, par conséquent, ne seraient pas pris en compte de la
même manière dans le calcul du bouclier fiscal.
Source : Commission européenne
Communiqué de la Commission européenne du 28 octo-bre 2010 �
Saisie en appel, la Cour Administrative d’Appel de Ver-sailles a annulé la décision du 29 octobre. Elle considère« que l’article 15 de la convention fiscale franco-suisse du 9septembre 1966 modifiée fait ainsi obstacle à l’application dutaux d’un tiers réservé, en vertu des dispositions précitées de l’ar-ticle 244 bis A du code général des impôts, aux ressortissants
suisses ; que, par suite,M. A est fondé à se prévaloir desditesstipulations pour demander la réduction du taux du prélè-vement libératoire de 33,1/3 % à 16 %, taux auquel sont sou-mises les plus-values de cession de valeurs immobilières qui relèvent,
pour les résidents français, de l’article 150 UB précité du code gé-
néral des impôts ; qu’il est, dans cette mesure, fondé à demander la
décharge et le remboursement du prélèvement prévu par l’article
244 bis A du code général des impôts auquel il a été assujetti ».
Les résidents suisse qui se trouvent dans une situation si-milaire et qui ont acquitté en 2010 un impôt de plus-valuepar voie de prélèvement, devraient pouvoir demander et
obtenir le remboursement du trop perçu avant le 31 dé-cembre 2011.Il ressort en effet, de la doctrine administrative « pour ce quiest des réclamations présentées par les contribuables, le point de dé-
part du délai est la date à laquelle les retenues ont été opé-rées (date du paiement, à leur bénéficiaire, des revenusamputés de l’impôt retenu à la source), et la date d’expira-tion du délai est le 31 décembre de l’année suivant celle dece point de départ (art. R* 196-1, 2e alinéa, § b) » (Doc.adm. 13 O-2124 § 12 du 30 avril 1996).
Ce délai d’un an ne semble toutefois pas faire l’unanimité.
Certains praticiens et auteurs ayant précisé que la réclama-
tion pouvait être déposée jusqu’au 31 décembre de la
deuxième année qui suit celle de la cession. �
Arrêt CAA versailles du 21 juillet 2011N° 10VE04101
Dossier Fiscalité
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 54
www.exp
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L’administration vient donc de pu-blier une instruction tirant les
conséquences de cet arrêt en matièred’impôt sur le revenu. Après moultséclaircissements, j’apostrophai notreinterlocuteur par cette remarque :« Un arrêté datant du 14 février 1995,vous avouerez que vous en avez mis dutemps pour nous le sortir ! Plus sérieuse-ment, n’est-ce pas là la réponse insidieuseà toutes les tentatives infructueuses de l’étédernier que nous avons subies de part etd’autre, pour faire payer subtilement desimpôts aux non-résidents aux mêmes ti-tres que les résidents ? »Je vous laisse savourer sa réponse :« Absolument pas. Non, d’ailleurs, vousavez le choix, pour l’instant. Il vous restele choix, pour l’instant ! » (ndlr).En cette même journée, la commis-sion des finances et des affaires éco-nomiques de l’Assemblée desFrançais de l’Étranger avait pro-grammé de recevoir Monsieur Phi-lippe Marini (UMP), président de lacommission des finances du sénat,ainsi que sa rapporteure générale,Madame Nicole Bricq (PS).Immanquablement, nous sommes re-venus sur l’annonce du fameux arrêt“Schumacker” et avons demandé ànos deux interlocuteurs ce qu’ils en
pensaient et d’espérer entrevoirquelques solutions. Il nous a été ré-pondu, de la bouche même du prési-dent : qu’il nous avouait « avoir uneprofonde aversion pour les Français del’étranger et notamment pour ses conseil-lers qui se comportaient (je cite) commedes conseillers généraux de province, ja-mais contents et toujours la bouchepleine » (fin de citation).M’interdisant l’indécence, je ne for-mulerai donc aucun commentaire etlaisse apprécier, par nos lectrices etnos lecteurs, à sa juste valeur (le motest probablement mal requis) cetteréplique au demeurant méprisante.Au secours, les impôts reviennent...de toutes parts.Ces quelques lignes sont couchéesalors que le nouveau président de laRépublique n’est pas encore élu.Mais au-delà de connaître le nom dunouveau locataire qui s’installera aupalais de l’Élysée le 9 ou 10 mai pro-chain, pourrions-nous lui suggérer des’attaquer à un challenge sans précé-dent. Celui d’arrêter demassacrer ceuxqui créent les richesses par leur travailet leur intelligence et de tenter deconsacrer lemariage entre l’Économieet la Politique en unmariage de raisonet, qui sait... d’Amour !�
Conclusion
Rose Passion
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 201255
Comme dissimulés derrière des porches dorés en
fer forgé, les petits chemins des jardins de Baga-
telle offrent aux visiteurs une vue enchanteresse.
Ce n'est pas un hasard si le parc est considéré comme
le bijou de la couronne des jardins parisiens. Petit par-
cours découverte dans l'un des plus beaux jardins du
monde.
Il y a trois siècles, les jardins de Bagatelle appartenaient
à l'aristocratie. Acquis par le conte d'Artois en 1777, le
château - dont les jardins étaient les terres - passe
d'abord aux mains des Français, puis des Anglais. Au
cours de la révolution française, ils servent de lieu de
détente populaire, avant de devenir le pavillon de
chasse de Napoléon Bonaparte. En 1835, un ami intime
de ce dernier aristocrate anglais répondant au nom de
Lord Seymour, marquis de Hertford - acquiert le châ-
teau. Durant la guerre Franco-Prusse de 1870, il est ra-
cheté par unmillionnaire anglais, RichardWallace, pour
finalement devenir propriété de la Ville de Paris en 1905.
L'aménagement des jardins est confié à Jean-Claude Ni-
colas Forestier, le conservateur des parcs et des jardins
de la capitale de l'époque. En tant qu'ami de Claude
Monet et admirateur des impressionnistes, il pose les
jalons des jardins de Bagatelle d'aujourd'hui. Depuis, à
chaque printemps, huit hectares du Bagatelle subissent
une métamorphose complète. Sous une étendue verte
qui semble s'étendre à l'infini, les jardiniers plantent
1 250 000 bulbes qui se régénèrent et qui éclatent en un
océanmulticolore lorsque les premiers rayons du soleil
chauffent la terre. Le résultat est un festin visuel. Et les
visiteurs qui flânent le long des allées sont là pour ab-
sorber ce fabuleux spectacle. Les paons se pavanent
entre les parcelles de fleurs. Les canards, quant à eux,
préfèrent se dandiner près des miroirs d'eau qui embel-
lissent les jardins. Le prix du ticket d'entrée est d'ailleurs
le reflet de l'altruisme des Parisiens : le droit d'entrée
est faible pour les jeunes et l'accès est gratuit pour les
personnes âgées.
Jour après jour, desmyriades de fleurs forment des bour-
geons qui éclorent dans un festival majestueux. C'est
une véritable quintessence florale. Des bulbes parfumés
embaument l'air tandis que jonquilles, jacinthes, tulipes
et autres crocus charment les promeneurs.
Mais cette vue mirifique est éphémère, elle ne dure que
six semaines. Puis, les fleurs fanent et restent en jachère
afin de permettre aux substances nutritives de regagner
les bulbes avant que les tondeuses transforment ces es-
paces fleuris en espaces herbeux.
Les iris prennent alors le relais. À la mi-mai, 350 varié-
tés de ces bulbes impressionnantes éclosent. Deux se-
maines plus tard, à l'extrême opposé du Bagatelle, un
autre miracle a lieu. Il s'agit d'une éclatante roseraie à
faire pâlir d'envie toutes les autres roses d'Europe. Un
magnifique parterre fleuri aux couleurs chatoyantes et à
la fragrance incomparable.
Cette merveille ne date pas
d'hier. En effet, Jean-Claude Ni-
colas Forestier avait à l'époque
déjà fait appel aux meilleurs
horticulteurs français spéciali-
sés dans la culture du rosier
afin qu'ils introduisent leurs
plus belles variétés. Au-
jourd'hui, les rosiers scrupu-
leusement plantés et taillés à la
française, offrent aux visiteurs
un magnifique bouquet visuel
composé de 9 000 roses issues
de plus de 1 000 variétés. Dans
un tel contexte, nul ne sera sur-
pris d'apprendre qu'un
concours international de roses
a lieu chaque année aux jardins
de Bagatelle.
Depuis 1907, il assure que les nouvelles variétés de
roses viennent compléter la très belle collection déjà
existante. Et quelle splendeur ! Disposées selon un style
impressionniste et regroupées par variétés, les roses
sont assemblées par palette de couleur naturelle. On y
trouve des rosiers buissons, grimpants, hybrides de thé,
floribundas ou encore pleureurs.
La roseraie atteint son apothéose à la mi-juin. Avis aux
amoureux des jardins et des fleurs : un détour par les
jardins de Bagatelle s'impose ! �
DANY VINET
Les jardins deBagatelle
Les jardinsde Bagatelle
sontconsidéréscomme lebijou de lacouronne desjardinsparisiens,parmi lesplus beauxdu monde.
plémentaires correspondant à la formation postulée par
le candidat.
Dans le cas du diplôme de formationmédicale spéciali-
sée, la durée de la formation ne peut être inférieure à
deux semestres, ni supérieure à six semestres.
Dans le cas du diplôme de formationmédicale spéciali-
sée approfondie, elle ne peut être inférieure à un se-
mestre, ni supérieure à deux semestres.
Article 5 - Un arrêté desministres chargés de la Santé etde l’Enseignement supérieur fixe, chaque année, pour
l’année universitaire suivante, par discipline et spécia-
lité, pour chaque inter-région et subdivision, le nombre
de places offertes.
Les postes ouverts au titre d’accords inter-universitaires
sont recensés sur une liste spécifique établie à l’issue
de la période d’inscription.
Article 6 - Le candidat retire un dossier auprès des ser-vices de coopération et d’action culturelle des ambas-
sades de France ou des consulats généraux à l’étranger.
Il peut également le télécharger sur le site internet de
l’université de Strasbourg.
Les dossiers complets, établis en deux exemplaires, doi-
vent être adressés au plus tard le 15 janvier de chaque
année :
• pour les candidats résidant à l’étranger, aux services
de coopération et d’action culturelle des ambassades
de France ou des consulats généraux à l’étranger qui
les envoient à l’université de Strasbourg ;
• pour les candidats résidant en France et les personnes
justifiant du statut de réfugié, d’apatride ou de béné-
ficiaire de la protection subsidiaire, à l’université de
Strasbourg.
Ces dossiers doivent comporter :
1) une copie lisible d’un document officiel en cours devalidité attestant de son identité ;
2) un certificat de nationalité ou tout document officielattestant la nationalité, l’un ou l’autre datant de
moins de six mois à la date de dépôt du dossier ;
3) un relevé détaillé du cursus de la formation spéciali-sée effectuée, établi par l’établissement compétent ;
4) une lettre de motivation ;5) une attestation sur l’honneur indiquant que le candi-dat n’est titulaire ni d’un diplôme interuniversitaire
Article 1 - Les médecins et les pharmaciens autres queles ressortissants des États membres de l’Union euro-
péenne, d’un État partie à l’accord sur l’Espace écono-
mique européen, de la Confédération suisse ou de la
Principauté d’Andorre, peuvent, dans les conditions pré-
vues par le présent arrêté, suivre des enseignements
théoriques et des stages de formation pratique prévus
par la maquette des diplômes d’études spécialisées
(DES) et des diplômes d’études spécialisées complé-
mentai res (DESC) réglementés par les décrets et les ar-
rêtés susvisés, en vue d’obtenir un diplôme de formation
médicale spécialisée (DFMS) ou un diplôme de forma-
tion méd icale spécialisée approfondie (DFMSA). Seuls
les pharmaciens qui souhaitent suivre une formation
spécialisée en biologiemédicale peuvent bénéficier des
dispositions du présent arrêté.
Article 2 - Peuvent postuler un diplôme de formationmédicale spécialisée les médecins et les pharmaciens
visés à l’article premier, titulaires d’un diplôme de mé-
decin ou de pharmacien permettant l’exercice de la pro-
fession dans leur pays d’origine ou le pays d’obtention
du diplôme et en cours de formation médicale ou phar-
maceutique spécialisée.
Article 3 - Peuvent postuler à un diplôme de formationmédicale spécialisée approfondie les médecins et les
pharmaciens visés à l’article premier, titulaires d’un di-
plôme de médecin spécialiste ou de pharmacien spé-
cialiste permettant l’exercice de la spécialité dans leur
pays d’origine ou le pays d’obtention du diplôme.
Le candidat peut, au terme de la formation conduisant
à la délivrance du diplôme de formation médicale spé-
cialisée, postuler en vue de son admission à un diplôme
de formationmédicale spécialisée approfondie sous ré-
serve de l’obtention du diplôme ou du titre de médecin
ou de pharmacien spécialiste dans son pays d’origine. Il
est soumis à la procédure d’admission précisée aux ar-
ticles 6 à 9 du présent arrêté ; toutefois, il n’a pas à pro-
duire les documents prévus au 1 de l’article 8.
Article 4 - La formation en vue du diplôme de formationmédicale spécialisée ou du diplôme de formation mé-
dicale spécialisée approfondie est déterminée sur la
base du contenu de la maquette du diplôme d’études
spécialisées ou du diplôme d’études spécialisées com-
Professions de la Santé
ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET RECHERCHEÉTUDES MÉDICALES
Diplôme de formationmédicale spécialisée etdiplôme de formationmédicale spécialisée
approfondie
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 56
www.exp
atria-cum-patria.ch
de spécialisation, ni d’un diplôme interuniversitaire
de spécialisation complémentaire, ni d’une attesta-
tion de formation spécialisée approfondie, ni d’une
attestation de formation spécialisée s’il postule un
diplôme de formation médicale spécialisée ;
6) en outre :a) pour les candidats postulant à un diplôme de for-
mation médicale spécialisée, une copie de leur di-
plôme de médecin ou de pharmacien ouvrant droit à
l’exercice dans le pays d’origine ou d’obtention.
Ils doivent également produire un certificat de scola-
rité pour l’année en cours et une lettre d’accord du di-
recteur de l’établissement où ils poursuivent leur
formation, précisant :
- le nombre de semestres hospitaliers restant à ac-
complir pour valider la spécialité,
- les objectifs pédagogiques à atteindre durant leur
formation en France et attestant que cette dernière
sera validée dans le cadre de la spécialisation qu’ils
préparent,
b) pour les candidats postulant un diplôme de for-
mation médicale spécialisée approfondie, une copie
de leur diplôme demédecin ou de pharmacien et une
copie de leur diplôme ou titre demédecin ou de phar-
macien spécialiste permettant l’exercice de la spécia-
lité dans le pays d’origine ou d’obtention.
7) Les candidats se présentant au titre d’un accord decoopération interuniversitaire, produisent également
le document justifiant de l’ouverture d’un poste ré-
munéré, signé par le directeur de l’unité de formation
et de recherche et le directeur du centre hospitalier
universitaire ou de l’établissement de santé d’accueil.
Les copies des documents ci-dessus doivent porter la
mention manuscrite suivante : « J’atteste sur l’honneur
l’exactitude des informations figurant sur le présent docu-
ment » et être datées et signées par le candidat.
Les documents écrits en langue étrangère doivent être
accompagnés d’une traduction en langue française ef-
fectuée par un traducteur agréé en France ou auprès de
l’ambassade de France du pays de résidence.
Les personnes justifiant du statut de réfugié, d’apatride
ou de bénéficiaire de la protection subsidiaire, qui sont
dans l’impossibilité de joindre certaines pièces consti-
tutives du dossier, obtenues à l’étranger, peuvent les
remplacer par des attestations sur l’honneur, à l’excep-
tion du diplôme ouvrant droit à l’exercice dans le pays
d’origine ou d’obtention et donnant accès à la forma-
tion postulée.
L’université de Strasbourg est chargée de vérifier la re-
cevabilité des candidatures et de recenser l’ensemble
des spécialités postulées.
Article 7 - Dans chaque inter-région, des commissionsinterrégionales de coordination et d’évaluation de di-
plôme d’études spécialisées ou de diplôme d’études
spécialisées complémentaires, désignées par spécialité
par arrêté du ministre éhargé de l’Enseignement supé-
rieur et constituées en jurys, examinent l’ensemble des
dossiers de candidature pour les formations relevant de
leur compétence, à l’exception de ceux relevant du 7 de
l’article 6 du présent arrêté.
Les dossiers des candidats à une formation de biologie
médicale sont examinés par l’une des commissions pé-
dagogiques interrégionales prévues à l’article 4 du dé-
cret du 23 janvier 2003 susvisé, constituée en jury et
désignée par arrêté du ministre chargé de l’Enseigne-
ment supérieur.
L’université de Strasbourg transmet les dossiers de can-
didature aux coordonnateurs interrégionaux des com-
missions concernées.
Chaque commission se réunit sous la présidence du
coordonnateur interrégional de la spécialité.
Chaque jury retient, sans distinction du type de diplôme
postulé, diplôme de formation médicale spécialisée ou
diplôme de formation médicale spécialisée approfon-
die, un nombre de candidats au plus égal au double du
nombre de places fixé au plan national pour la spécia-
lité concernée.
Leministère chargé de l’Enseignement supérieur trans-
met les listes des candidats sélectionnés par les jurys
au ministère des Affaires étrangères et européennes
pour diffusion des résultats et à l’université de Stras-
bourg. Les listes sont valables un an à compter de cette
transmission.
Article 8 - Les candidats retenus, informés par l’univer-sité de Strasbourg, adressent à cette dernière, pour
chaque université postulée :
1) La photocopie certifiée conforme du baccalauréatfrançais ou d’une attestation justifiant soit du niveau
82 au minimum aux tests de connaissance de la
langue française (TCF ou TEF), soit de l’obtention du
diplôme d’études en langue française (DELF) de ni-
veau 82 au minimum.
Les candidats ayant accompli l’intégralité de leur cur-
sus d’études en langue française, en vue du diplôme
d’exercice enmédecine ou en pharmacie , sont autorisés
à produire une attestation en ce sens, délivrée nomina-
tivement par leur établissement d’origine.
2) Leur curriculum vitae et une lettre détaillant les ob-
jectifs de la formation postulée et la désignation de la
ou des universités d’accueil, classées par ordre pré-
férentiel, où ils souhaitent poursuivre cette formation.
3) Le relevé détaillé du cursus de la formation spéciali- >
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 201257
et suivants du code de la Santé publique.
Article 12 - Le diplôme de formationmédicale spéciali-sée ou le diplôme de formationmédicale spécialisée ap-
profond ie est délivré par le président de l’université où
la formation a été validée, avec mention de la spécialité
considérée, sur proposition de la commission interré-
gionale de coordination et d’évaluation de la spécialité
ou, dans le cas de la biologie médicale, sur proposition
de la commission pédagogique interrégionale. Le di-
plôme précise le nombre et la nature des semestres va-
lidés par le titulaire, ainsi que la formation suivie.
Article 13 - Les titulaires d’un diplôme interuniversitairede spécialisation, d’un diplôme interuniversitaire de
spécialisation complémentaire ou d’une attestation de
formation spécialisée approfondie ne peuvent s’inscrire
aux diplômes de formation médicale spécialisée, ou de
formation médicale spécialisée approfondie.
Le titulaire d’une attestation de formation spécialisée
ne peut présenter sa candidature en vue d’un diplôme
de formation médicale spécialisée.
Un candidat titulaire d’un diplôme de formation médi-
cale spéc ialisée approfondie ne peut être autorisé à
s’inscrire à un nouveau diplôme de formation médicale
spécialisée approfondie qu’après un délai de cinq ans à
compter de la date d’obtention du précédent.
Aucune nouvelle inscription en attestation de formation
spécialisée ou en attestation de formation spécialisée
approfondie ne peut être prise. Les étudiants engagés
en attestation de formation spécialisée ou attestation
de formation spécialisée approfondie ont jusqu’au
terme de l’année universitaire 2013-2014 pour valider
l’intégralité de leur formation.
Article 14 - Les dispositions du présent arrêté entrenten vigueur à la date de sa publication.
Les médecins et pharmaciens inscrits en DFMS et
DFMSA en application de l’arrêté du 8 juillet 2008 rela-
tif au DFMS et au DFMSA restent régis par les disposi-
tions de ce texte jusqu’à son abrogation, à compter du
31 octobre 2011.
Article 15 - La directrice des politiques de mobilité etd’attractivité, le directeur général pour l’enseignement
supérieur et l’insertion professionnelle et la directrice
générale de l’offre de soins sont chargés, chacun en ce
qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté qui sera
publié au Bulletin officiel du ministère de l’Enseigne-
ment supérieur et de la Recherche. �
Fait à Paris, le 3 août 2010
POUR LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRESET EUROPÉENNES ET PAR DÉLÉGATION,
LA DIRECTRICE DES POLITIQUES DE MOBILITÉET D’ATTRACTIVITÉ,ET PAR DÉLÉGATION,
HÉLÈNE DUCHÊNE
POUR LA MINISTRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEURET DE LA RECHERCHE ET PAR DÉLÉGATION,
LE DIRECTEUR GÉNÉRAL POUR L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEURET L’INSERTION PROFESSIONNELLE,
PATRICK HETZEL
POUR LA MINISTRE DE LA SANTÉ ET DES SPORTSET PAR DÉLÉGATION,
LA DIRECTRICE GÉNÉRALE DE L’OFFRE DE SOINS,ANNIE PODEUR
sée effectuée ou en cours, établi par l’établissement
compétent.
Les personnes justifiant du statut de réfugié, d’apatride
ou de bénéficiaire de la protection subsidiaire produi-
sent une attestation sur l’honneur, en cas d’impossibilité
de joindre la pièce demandée au 3 du présent article.
L’université de Strasbourg transmet le dossier à l’uni-
versité ou aux universités postulées par le candidat.
Article 9 - Chaque université classe les candidats parspécialité, sans distinction du type de diplôme postulé,
diplôme de formation médicale spécialisée ou diplôme
de formation médicale spécialisée approfondie, selon
l’avis :
- du directeur de l’unité de formation et de recherche ou
de son représentant ;
- du directeur général du centre hospitalier universitaire
ou de son représentant ;
- du coordonnateur de la spécialité concernée, qui devra
recueillir l’accord écrit du responsable de la structure
d’accueil.
Sur la base des classements effectués par les universités
et selon l’ordre préférentiel exprimé par les candidats,
l’université de Strasbourg répartit ces derniers dans la
limite du nombre de places offertes fixé par l’arrêtémen-
tionné au premier alinéa de l’article 5 du présent arrêté.
Elle leur communique la suite réservée à leur demande
et en informe les universités d’accueil et leministère des
Affaires étrangères et européennes pour diffusion.
Article 10 - Pour chaque candidat, une convention éta-blie entre l’établissement d’or igine, l’université d’ac-
cueil, le centre hospitalier universitaire de rattachement
et le candidat fixe le nombre de semestres à accomplir ,
précise les objectifs, le contenu, les modalités et la
durée des enseignements théoriques et pratiques de la
formation. La convention précise les conditions d’ac-
cueil du candidat.
Pour lesmédecins ou pharmaciens spécialistes résidant
en France, admis à suivre une formation conduisant à
un diplôme de formation médicale spécialisée appro-
fondie et les personnes justifiant du statut de réfugié,
d’apatride ou de bénéficiaire de la protection subsi-
diaire, la convention est établie entre l’université d’ac-
cueil, le centre hospitalier universitaire de rattachement
et l’intéressé.
L’université d’accueil transmet une copie de cette
convention à l’université de Strasbourg.
Article 11 - La formation pratique est effectuée dans lesservices agréés pour les diplômes d’études spécialisées
et les diplômes d’études spécialisées complémentaires
selon les modalités prévues dans l’arrêté du 22 septem-
bre 2004 relatif à l’organisation, au déroulement et à la
validation des stages des étudiants en 3e cycle des
études médicales, susvisé.
En cas d’invalidation, deux stages aumaximumpeuvent
être recommencés, chacun ne pouvant l’être qu’une
seule fois.
Les candidats sont recrutés pour la durée de leur for-
mation en qualité d’étudiant fa isant fonctions d’interne,
conformément aux dispositions des articles R. 6153-41
Professions de la Santé
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Peinture
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 60
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PIERRE-AUGUSTE RENOIR AU KUNSTMUSEUMENTRE BOHÈME ET BOURGEOISIE
LES JEUNES ANNÉES JUSQU’AU 12 AOÛT 2012
Pierre-Auguste Renoir, co-inventeur del’impressionnisme
Renoir (1841-1919) compte parmi les peintres français qui ont inventé l’Impressionisme audébut des années 1870. Le Kunstmuseum Basel présente une grande exposition rétrospectiveconcentrée sur les premières années de la production du peintre jusqu’à ses premiers tableauximpressionnistes : cinquante peintures, portraits, paysages et natures mortes - sur les 6 000
tableaux produits en 60 ans - œuvres majeures issues des collections de grands musées, tels quele Musée d’Orsay, Paris, la National Gallery, Londres, le Metropolitan Museum, New York, leArt Institut de Chicago. On apprécie l’accrochage des toiles, laissant libres un panneau dans
chacune des salles, ce qui améliore grandement la mise en valeur des œuvres.
Marie-ZélieLaporte (1864)
ÀBâle, Renoir est exposé seul pour la seconde fois.
En 1943, la Kunsthalle montra 6 toiles rassem-
blées durant la Première Guerre mondiale. L’ex-
position actuelle du Kunstmuseum débute par deux
toiles représentant les sœurs Trehot, Clémence diteMa-
dame Jules Lecœur, et Lise, la femme au jardin et mo-
dèle du peintre.
À l’origine, la formation de Pierre-Auguste Renoir est
celle d’un peintre décoratif sur porcelaine. Ses véritables
débuts d’artiste peintre sont largement influencés par le
réalisme de Gustave Courbet, les techniques de pein-ture en plein air de l’école de Barbizon, ainsi que lestyle de ses amisÉdouardManet et ClaudeMonet, dontil est artistiquement très proche durant ces années-là.
Renoir : descendants égarés, modèles déposés
Le modèle favori de Renoir durant ces premières an-nées était sa maîtresse Lise Tréhot, jeune femme re-plette à la morphologie grossière et à la carnation
pâlichonne que l’on retrouve avec plus ou moins de
bonheur dans de nombreuses toiles comme la Diane
Chasseresse - largement inspirée du travail de Courbet
- ou la Nymphe à la source dont les formes alanguies,
voire avachies, peinent à provoquer une réelle émotion
- avis personnel -. Cependant, les goûts et les couleurs
ne se discutant pas, Renoir et sa Lolita (18 ans au mo-
ment de leur rencontre) se sont unis avec une telle
conviction, entre 1865 à 1872, que deux enfants, nés,
puis aussitôt donnés à l’adoption puisqu’illégitimes,viennent aumonde, Pierre et Jeanne - épisodes que l’ar-tiste gardera soigneusement secrets sa vie durant et
même largement au-delà ; le pot-aux-roses n’en fut ré-
vélé qu’en 2002 dans le catalogue de l’exposition “Re-noir, O Pintor da Vida” qui a eu lieu à São Paulo (Brésil)
grâce à deux communications signées respectivement
Marc Le Cœur pour Pierre, le fils caché, et Jean-Claude
Gélineau, lequel sut tirer parti de l’abondante docu-
mentation constituée pour l’essentiel de lettres de Re-noir à sa fille.Si vous voulez entrer dans la confidence, plongez-vous
dans l’ouvrage de Gelineau Jeanne Tréhot, La Fille Ca-chée De Pierre-Auguste Renoir Jeanne Tréhot est lademi-sœur du grand acteur Pierre Renoir - fils légitime
de Renoir et d’Aline Charigot -, et du cinéaste Jean Re-
noir, auteur de tant de films inoubliables.
On peut noter que, contrairement à sa fille Jeanne, née
à Paris le 21 juillet 1870, tout juste deux jours après l’en-
trée en guerre de la France contre l’Allemagne, funeste-
ment marquée par la perte de l’Alsace et de la Lorraine,
germanisées jusqu’au conflit suivant, que Renoir a fini
par coucher sur son testament, le sort de Pierre n’a pas
croisé celui de son illustre père. Marc Le Cœur, raconte
ainsi que Jules Le Cœur et Renoir, tous deux peintres et
amants des sœurs Tréhot devinrent pères pratiquement
simultanément, mais alors que le premier reconnaît
l’enfant, Renoir nie l’existence de Pierre et il ne sera plus
jamais question de la famille Le Cœur ou de ce fils né en
1868. Pourquoi ce traitement différent ? Mystère pour
un secret de famille qu’aurait pu exploiter Jean Renoir le
réalisateur si tant est qu’il en eût connaissance de son
À gauche :ClaudeMonet(1873).À droite :Allée
cavalièreau bois deBoulogne- détail -(1873)
>FRANCE MAGAZINE N°37
ÉTÉ 201261
chef de file de ces peintres rejetés et est, pour les futurs
impressionnistes, après Corot et Courbet, un exemple
d’une nouvellemanière de peindre et un nouveau guide.
Manet est donc beaucoup plus le chef des novateurs que
le chef des impressionnistes, le chef de tous les refusés,
le “tribun” du café Guerbois, vaste cercle hétérogène et
mélangé, où se confrontent, aux Batignolles, toutes
sortes de tendances.
Rapidement, d’autres liens se nouent : Monet se lie en
1862 aux Beaux-Arts avec Renoir, Bazille et Sisley, alors
que Degas se lie, la même année, avec Manet. Le Salondes Indépendants de 1863 “cristallise” tous ces jeunesartistes (ils ont, pour la plupart, entre 20 et 30 ans) au-
tour de Manet et ils prennent l’habitude de se réunir le
vendredi soir au café Guerbois, au 11 avenue de Clichy,
non loin de l’atelier de Manet. Ces peintres sont dési-
gnés sous le nom d’“école des Batignolles”. Aux pre-miers participants, Émile Zola, Cézanne, Monet,s’ajoutent peu à peu Renoir, Sisley, Bazille qui a son ate-
lier tout proche, rue Condamine, puis, à partir de 1866,
Degas et Pissarro, amis de Manet, Fantin-Latour, Ste-vens, Zacharie Astruc, les critiques Duranty et Théodore
Duret, le photographeNadar, les graveurs Bracquemondet Desboutin, le dessinateur Constantin Guys, le paysa-
giste Guillemet… Manet se joint régulièrement à ces
réunions en 1868 et 1869. Les “Piliers du groupe” sontles quatre amis, Monet avec Renoir, Bazille, Sisley.Ensemble, ils échangent des idées et des théories cen-
trées sur le réalisme de Courbet et des peintres de Bar-
bizon en peignant “sur lemotif” à la recherche des effets
de lumière et de couleurs ; lier davantage la peinture à
la vie moderne et élaborer des techniques picturales
rendant mieux compte du mouvement.
La technique nouvelle autour de laquelle travaille et
aboutit ce mouvement consiste dans l’emploi de
touches juxtaposées, qui forment une sorte de texture
aux tons purs et d’où le noir est pratiquement exclu.Alors que, pendant l’été 1869, Renoir et Monet peignent
à la Grenouillère, petite île de la Seine dans la banlieue
de Paris prisée de la bourgeoisie parisienne et où se
pressent canotiers et baigneurs. Ils essayent de capter le
mouvement papillonnant et lumineux des eaux du
fleuve, celui des taches du soleil, les personnages à l’état
d’esquisse ou les vaporeuses toilettes des femmes, s’at-
tachant principalement à traduire l’“impression” qui se
dégage de ce lieu…
C’est de toutes ces réunions et de ces recherches que va
Peinture
62FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
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vivant ! Lire les travaux deMarc Le Cœur, historien d’art
Renoir au temps de la bohème l’histoire que l’artistevoulait oublier ou les comptes rendus de laGazette dela Fournaise.
Artistes Anonymes Associés : du Salon officiel au Salon desrefusés Amitiés d’artistes dès 1860
Renoir, membre fondateur du mouvement impression-
niste, inséparable de Claude Monet, Alfred Sisley, Ba-
zille, partage avec ses amis peintres les années difficiles,
voire misérables, des prémices de ce mouvement, sa-
chant que les chances d’être reconnu, pour un jeune ar-
tiste de cette époque, dépendaient des tableaux qu’il
parviendrait à imposer au Salon officiel et que la chosen’allait pas de soi, loin de là. Il fallait d’abord être agréé
par l’Académie des beaux-arts pour être admis dans le
saint des saints, successivement nommé “Salon del’Académie royale des beaux-arts”, puis à la Révolution“Salon de peinture et de sculpture”, à nouveau “Salon del’académie royale” sous la Restauration, et reprend sonnom de “Salon de peinture et de sculpture” sous laDeuxième République, jusqu’en 1881, ensuite ce sera le
“Salon des artistes français”, destiné à présenter l’art of-ficiel, ce qui vous a un petit air de Chine Populaire.
Enfin, sous l’impulsion de Napoléon III, les artistes in-dépendants sont regroupés dans le “Salon des Refu-sés”.Édouard Manet est la première figure tutélaire de cesrejetés. Bien que n’étant pas lui-même impressionniste,
il est lié aux dissidents par son frère Eugène Manet,
époux de l’artiste peintre Berthe Morisot, intégrée à la
bande Renoir, Sisley, Monet, sous le pseudonyme AAA
(pas de confusion : AAA = Artistes Anonymes Associés).
En 1863, le jury du Salon officiel refuse le “Déjeuner surl’herbe” deManet, prétextant la nudité d’une femme aupremier plan associée à des messieurs fort vêtus, sho-
king pour la bourgeoisie bien pensante de l’époque et,
à vrai dire, plutôt incongru à l’œil, quelle que soit la pé-
riode. Comme, par ailleurs, le jury refuse de nombreuses
œuvres de jeunes peintres, l’empereur Napoléon III dé-crète la tenue d’un “Salon des Refusés” regroupant lesœuvres n’ayant pu être présentées au salon de Paris. Ce
salon obtient un immense succès, mais les critiques
sont très violentes, et Manet devient le peintre que la
presse, les pouvoirs académiques et le public vouent à
l’exécration. Il devient donc presque naturellement le
À gauche etau centre :MadameChoquet- détail -(1875).À droite :ClémenceTruhotMadameJules LeCœur- détail -
>
naître le mouvement appelé par la suite impression-nisme. L’association devient officielle le 17 janvier 1874,lorsque Claude Monet publie dans “La Chronique des
arts” l’annonce de la création de la “Société Anonymecoopérative d’artistes-peintres, sculpteurs, graveurs etlithographes” dont lesmembres sont ClaudeMonet, Au-guste Renoir, Alfred Sisley, Camille Pissarro, Edgar
Degas et BertheMorisot. Le 15 avril suivant, la première
exposition du groupe se tient dans l’ancien atelier de
Nadar.
Renoir, peintre du bonheur et de la légèreté
On a un peu demal à concevoir comment le jeune Pierre
Auguste Renoir, pourtant engagé, puis dégagé du conflit
franco-prussien de 1870, a pu à ce point être détaché de
cette période sombre pour habiller ses toiles d’une telle
douceur de vivre, comme on le voit dans “Le chemin àLouveciennes” ou “La femme à la perruche” ou encore“La Promenade”. Cette guerre n’a pourtant pas épargnéses amis. Tandis que Monet et Pissaro se réfugient à
Londres, Manet, Degas et Bazille s’engagent dans les
Zouaves ; ce dernier, avec qui Renoir partageait l’appar-
tement de la rue des Beaux-Arts, décède au combat, à
seulement 29 ans. Il faut croire que Renoir trouvait la
joie dans sa peinturemême, sûrement pas dans les évé-
nements désastreux de la Commune de Paris qui en-
deuillèrent la décennie.
Renoir, et la lumière fut !Impressions et reflets
Alors queMonet s’adonne surtout à
l’étude de la lumière tamisée, c’est
l’éclat du soleil et ses incidences sur
la figure humaine placée en plein air
qui attire Renoir. Si l’on peut dire
que l’intérêt de Monet se concentre
sur le rapport eau-lumière et brume-
lumière, Renoir se passionne sur-
tout pour le rapport verdure-soleil et
les transformations que subit, sous
cet effet, un groupe humain ou un
beau corps de femme. La toile Enété représentant Lise Trehot, le vi-sage enserré d’un feuillage que l’on
imagine mis en mouvement par les
rayons du soleil, en est un exemple
(1er tableau salle 1).
« Le bleu est très présent dans les toiles
de Renoir, parfois aussi éclatant que le
bleu outremer breveté par Yves Klein dans les années 50. Re-
noir place son bleu chaque fois que lui en vient l’inspiration :
dans les rubans qui retiennent la robe de Lise (Lise tenantun bouquet de fleurs 1867), au front du poney de la fa-meuseAllée Cavalière au bois de Boulogne 1873 Salle7 ; l’ensemble de la toile figurant leCafé concert ou la pre-mière sortie 1876 Salle 6, est parsemé de touches bleutéesjusque dans les cheveux de la jeune fille de premier plan. La
robe de Lise dans la Femme dansun jardin ou femme à la mouette1868 Salle 1, est d’un bleu profondtirant sur le violet ; même les ombres
sont souvent bleu vif et non pas
noires, couleur abandonnée par prin-
cipe par les impressionnistes au profit
d’une palette bigarrée focalisant la lu-
mière par des jeux de cache-cache op-
portunistes autour du blanc et du
bleu, (voir le portrait de CharlesLeCœur 1871 salle 4 ou La confi-dence 1875) ».Renoir est avant tout le peintre
des femmes dont il parvient tou-
jours à débusquer la sensualité,
fût-elle mise àmal par des regards
peu expressifs, voire d’une morni-
tude totale et des formes char-
nelles un peu trop largement
épanouies. Cet exploit stylistique,
Renoir le doit à sa capacité de cap-
ter et isoler la lumière sur un point
précis de son travail valorisant, de fait, l’ensemble du
motif ou dumodèle ; voyez le portrait deMarie-Zélie La-
porte réalisé en 1864, assez austère, baigné dans une at-
mosphère sombre oscillant du gris au noir et dont bras
et visage sont les seules attaches lumineuses de la
toile ; le miracle, c’est la pétillance de l’œil - bleu natu-
rellement- la nacre des boutons de la robe, le reflet sur
la boucle d’oreille, qui donnent l’impression générale
63 FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
En haut :Vue deBougival- détail -(1873).Ci-dessus :La lecturedu rôle
(1876-1877). >
de tableau vivant seulement par l’utilisation du blanc en
touche délicate.
Renoir par lui-même : petites phrases
La femme chez Renoir semble donc être magnifiée si
tant est qu’elle ne s’autorise pas à sortir du rôle que l’ar-
tiste lui a assigné : il disait qu’il voulait peindre lesfemmes “comme de beaux fruits”, et une autre fois qu’ilpeignait les femmes “comme il peindrait des carottes”.
Il affirmait que ses modèles ne pensaient pas et il répé-
tait souvent son critère pour choisir un modèle : il fal-lait que sa peau “prenne bien la lumière.” (JohnHouse)Est-ce vraiment critiquable ? C’est bien ce que disent les
photographes de leurs modèles, même au 21e siècle !
Renoir cherchait à fusionner forme et couleur ; il s’atta-
chera à réaliser cette unité entre le dessin et la couleur
jusqu’au bout : « Je me bats avec mes figures jusqu’à ce
qu’elles ne fassent plus qu’un avec le paysage qui leur sert de
fond, et je veux qu’on sente qu’elles ne sont pas plates, ni mes
arbres non plus. »
«Moi, j’aime les tableaux qui me donnent envie de me bala-
der dedans, lorsque c’est un paysage, ou bien de passer ma
main sur un téton ou sur un dos, si c’est une figure de
femme. »
« Un sein, c’est rond, c’est chaud. Si Dieu n’avait créé la
gorge de la femme, je ne sais si j’aurais été peintre. »
« Je sais bien qu’il est difficile de faire admettre qu’une pein-
ture puisse être de la très grande peinture en restant joyeuse.
Parce que Fragonard riait, on a eu vite fait de dire que c’était
un petit peintre. On ne prend pas au sérieux les gens qui
rient. L’art en redingote, que ce soit en peinture, en musique
ou en littérature, épatera toujours. » Reaction probable aux
critiques de Degas qui lui reprochait son art pictural
joyeux.
« Un matin, l’un de de nous manquant de noir, se servit de
bleu : l’impressionnisme était né. »
« Regarder simplement un tableau donne du plaisir. C’est
comme regarder des fleurs, on ne leur cherche pas un sens. »
(Jackson Pollock) �
Peinture
64FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
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VÉRONIQUE BIDINGER vero.bidinger@bluewin.ch
St.Alban-Graben 16 - CH-4010 BaselTelefon : 0041 (0)61 206 62 62 • Fax : 0041 (0)61 206 62 52Horaires :Mardi au dimanche : 10 h 00 – 18 h 00http://www.kunstmuseumbasel.ch/fr/expositions/actuel/À l’occasion de l’exposition, paraît aux éditions Hatje Cantz Verlag en deux versions,allemande et anglaise, un catalogue exhaustif avec des contributions de Michael F. Zimmer-mann, Sylvie Patry, Augustin de Butler, Marc Le Cœur, Peter Kropmanns, David Pullins,Stefanie Manthey et Nina Zimmer.Un vaste programme de médiation culturelle pour enfants, écoles et familles, ainsi qu’uncolloque scientifique international les 29 et 30 juin 2012 sont en préparation.
Kunstmuseum Basel[
Ci-dessus :Lise tenantun bouquetde fleurs des
champs (1867).Ci-contre :
Nature morteau bouquet(1871).
>
Le Billet de Dany
DanielSwarovski
Sous leCygne de la réussiteFRANCE MAGAZINE N°37
ÉTÉ 2012 66
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En1895, Daniel Swarovski, fils d’un lapidaire bo-
hémien, fonde la cristallerie Swarovski àWattens,
dans le Tyrol autrichien, à quinze kilomètres
d’Innsbruck. Il imagine alors une machine révolution-
naire destinée à tailler et polir les pierres de cristal de
manière industrielle.
Dès lors, il ne cesse d’améliorer les procédés de fabri-
cation et la qualité du cristal produit dans ses usines.
Un perfectionnisme et un esprit d’entreprendre qui se
transmettent de génération en génération pour aboutir,
aujourd’hui, à un empire familial employant desmilliers
de salariés et sublimant sans cesse la beauté, la couleur
et la brillance de ses cristaux.
En 1989, Rosemarie Le Gallais est embauchée pour di-
riger la création de la ligne Daniel Swarovski, destinée à
conquérir l’univers de la mode. Tout en blondeur et en
tranquillité, cette créatrice d’origine allemande nous re-
çoit dans ses bureaux de la rue de Marignan, près des
Champs-Élysées. La touche Glamour de Swarovski, c’est
elle. L’impulsion de la marque vers le monde du luxe et
de la haute couture, c’est encore elle. « Une femme a tou-
jours envie de séduire, annonce-t-elle d’emblée avec une
douceur déterminée.Or, ce qui compte, c’est le détail. C’est
ce qui fait toute sa différence. » Quand elle arrive chez Swa-
rovski, après plusieurs années passées chez Chloé aux
côtés de Karl Lagerfeld, elle a cette intuition visionnaire
que les accessoires vont connaître une ascension iné-
dite : « La vie féminine était de plus en plus active. Sur des
vêtements qui demandaient confort et simplicité, j’ai senti que
le détail allait devenir essentiel. » Un pari risqué à l’époque
du total look et du minimalisme : alors que le vêtement
est roi, Rosemarie Le Gallais met
les accessoires au premier plan.
Les plus grandes stars adoptent
la ligne Daniel Swarovski, au
cours de grandes cérémonies
telles le Festival de Cannes ou la
remise des Oscars. Chaque
année, lors de ces deux grand-
messes du cinéma, Rosemarie Le
Gallais crée un sac "Star Collec-
tor ", produit en quatre-vingts
exemplaires numérotés. Quand
Sharon Stone choisit de le porter,
en 2005, c’est tout un symbole
qui consacre la touche glamour
apportée à la marque par sa di-
rectrice artistique.
Le pari est ainsi largement gagné.
Il suffit de voir, aujourd’hui, la
place prise par les accessoires
dans la mode féminine pour sa-
luer l’audace de cette conceptrice
visionnaire. Mais il est hors de
question pour elle de céder à une
surcharge visuelle : « le cristal
étant très brillant, il peut très vite
tomber dans de la surenchère. Je pré-
fère rester dans la simplicité et dans
la pureté, d’autant plus que l’une
des forces de Swarovski réside dans
l’immense étendue de sa palette de
couleurs et d’effets. » On l’aura donc
compris : la patte de Rosemarie
Le Gallais, c’est la simplicité au
service de la séduction. Pour
preuve, les deux bagues my-
thiques que nous découvrons
avec émerveillement : « Au delà >
La maison Swarovski s'est affirmée, depuis la fin duXIXe siècle, comme le leader mondial du cristal taillé.Rosemarie Le Gallais, conceptrice talentueuse debijoux et d'accessoires haut de gamme, nous ouvre lesportes de la ligne Daniel Swarovski, qui a propulsé lepetit cygne emblématique de la société dans l'universde la mode et de la haute couture.
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 201267
légères et féminines. L’hiver 2006 -2007, la collection
“Poetic Night” a consacré, quant à elle, l’époque du créa-
teur, Daniel Swarovski, s’inspirant d’éléments d’Art nou-
veau réactualisés par des influences asiatiques. Magique
et mystérieuse, imprégnée par des tonalités sombres et
des reflets moirés, cette collection restituant les am-
biances du monde de la nuit entérina également le
grand retour de l’or.
Dans cette entreprise familiale à dimension humaine,
Rosemarie Le Gallais a ainsi pu révéler tout son talent
« on m’a donné du temps et de l’espace. » Les pièces, créées
par la directrice artistique et son équipe de designers,
sont assemblées à la main dans de petits ateliers d’ar-
tisans parisiens. Le luxe serait-
il ce mariage de savoir-faire
haut de gamme et d’imagina-
tion ? Pour nous répondre, Ro-
semarie Le Gallais emprunte
volontiers quelques mots à
Coco Chanel : « Pour moi, le
luxe, c’est rendre la simplicité re-
marquable. » �
de ma collaboration avec Swarovski, j’ai eu la chance de pou-
voir accéder à toutes les archives de la marque. Charmée par
la magie des pierres anciennes, j’ai rêvé d’une bague entière-
ment en cristal, taillée en un bloc . » C’est ainsi que nais-
sent les bagues “Glacier” et “Nirvana”, bijoux épurés et
spectaculaires qui, sans ostentation, illuminent la main
d’une femme. «À l’époque, le cristal était encore utilisé pour
imiter les vraies pierres, et c’est ce que je voulais surtout évi-
ter. Or, j’avais une vraie innocence par rapport au cristal. Je
n’en connaissais pas les limites d’utilisation, ce qui m’a tou-
jours poussée un peu plus loin dans la création. » Dès son ar-
rivée chez Swarovski, notre Candide aux idées
cristallines utilise ainsi ce minéral comme une matière
à part entière, jouant sur les contrastes en l’associant à
des matériaux bruts tels le bois ou le raffia. Chaque col-
lection comprend d’ailleurs plusieurs éditions limitées
et propose des pièces sur commande : de quoi satisfaire
toutes les demandes, des plus sobres aux plus excen-
triques.
Pour la collection été 2006, joliment nommée “Poetic
Journey”, Rosemarie Le Gallais s’est essentiellement ins-
pirée desmondes végétal et animal, puisant dans la na-
ture une poésie marquée par des couleurs pastel,
Le Billet de Dany
>
DANY VINET
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Rencontre
KarlLagerfeldLE NOIR ET LE BLANC ENMAJESTÉDANS LA CRÉATIONDU COUTURIER ET PHOTOGRAPHE
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 70
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Le Persan.
Couturier brillant, photographe de talent, la création sous toutes ses formesest un moteur. Qu’il l’exprime chez Chanel, pour une marque de soda ou ungrand château du Bordelais, Karl Lagerfeld peut agacer parfois, tant l’imagequi lui est donnée semble distante, froide, voire hautaine. Bien loin dupersonnage raffiné et affable qu’il est.
COORDINATION DES TEXTES : BÉATRICE DELAMOTTE >
Chaque saison, ses collections pour Chanel font sensation dans le monde pourtant très critique de la
mode. Directeur artistique depuis 1983 de lamaison de haute-couture de la rue Cambon, il dirige éga-
lement les créations de la maison italienne Fendi. Volontiers touche-à-tout, Karl Lagerfeld est aussi
un photographe renommé.
«Mon seul mérite est d’avoir du caractère, explique Karl Lagerfeld. Au début de ma carrière, j’ai eu la chance de
travailler sur un projet commercial où j’étais très exigeant en tant que styliste. Les conditions de réalisation n’étaient
pas très bonnes et j’avais pris du retard dans le projet. Le directeur est venu pour me passer un savon parce que je
grondais les photographes qui avaient dû se plaindre. Il m’a dit que si les photos n’étaient pas bonnes, je n’avais qu’à
les faire ! C’est ce que j’ai fait, je me suis appliqué et j’ai obtenu ce que je voulais. »
Depuis, il réalise lui-même les campagnes publicitaires de Chanel, de Fendi et de sa propre maison, colla-
bore régulièrement à de nombreuses publications de mode, news magazines et revues spécialisées. Son
œuvre a d’ailleurs fait l’objet de plusieurs installations à Berlin, New York et Tokyo. En septembre dernier,
En modecomme en
photo, le noiret le blancne souffrentrien moinsque la
perfection.
»
«
Stéphane Bern, Vincent Lindon, José Garcia et Frédéric Mitterrand, autant de per-sonnalités épicuriennes qui ont accepté de répondre aux questions de FranceMagazine.
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 201271
au Salon de la Photo, il a conçu et réalisé une vaste ex-
position rassemblant, d’une part, une série de photo-
graphies inédites réalisées par lui, et, d’autre part, une
trentaine d’images de légende choisies dans les collec-
tions de la Maison européenne de la Photographie.
Amoureux de la photographie en noir et blanc, il y voit
un lien évident avec sa mode, ses créations. « Le noir et
le blanc sont devenus emblématiques de mon style et ils tra-
duisent ma vision de la modernité, confie Karl Lagerfeld.
En mode comme en photo, ils ne souffrent rien moins que la
perfection. Travailler la photo en noir et blanc est donc un
choix exigeant, mais passionnant. » Perfectionniste, il tra-
vaille ses images comme des créations mûrement réflé-
chies : « Tout commence par un dessin. Je compose une photo
de la même manière que je fais un dessin. Mais le jeu de lu-
mière lui donne une dimension nouvelle. » Même son stu-
dio photo fonctionne un peu comme à la manière d’un
atelier de haute couture : le travail est collectif, chacun
a un rôle bien défini et apporte quelque chose, un sa-
voir-faire, une compétence.
Et lorsqu’on lui demande s’il pourrait encore concevoir
la vie sans photographie, la réponse est claire : « La
photo fait partie de ma vie. Je ne vois plus la vie sans sa vi-
sion. Je regarde le monde et la mode avec l’œil de la caméra.
Cela me donne, dans mon travail de base, un détachement
critique qui aide plus que je ne l’aurais soupçonné. »
Aujourd’hui, Karl Lagerfeld passe à une nouvelle étape
en faisant ses premiers pas en tant que réalisateur. Son
dernier projet s’intitule The Tale of a Fairy, un film de
trente minutes destiné à promouvoir la collection Cha-
nel Croisière 2012. �
Rencontre
Àl'occasion de son 350e anniversaire,le Château Rauzan-Ségla a
demandé à Karl Lagerfeld d'imaginer unhabillage très haute-couture pour sabouteille. D'un trait faussement
simple, voire naïf, le créateur a sutraduire toute la magie de cechâteau légendaire, grand cru
classé de Margaux, en redessinantl'étiquette et la collerette. Propriétéde la famille Wertheimer, qui dirige
également le groupe Chanel, leChâteau Rauzan-Ségla s'offre ainsi
un relooking de luxe. Quant aumillésime 2009, déjà considéré
comme un millésime d'exception, ilpourrait bien devenir exceptionnelgrâce au talent de Karl Lagerfeld et
s'imposer rapidement sur lesmarchés comme pièce de collection.
>INSTANTS AVEC PATRICK BRUEL
VOTRE PREMIER SOUVENIR LIÉ AU VIN ?Lors de déjeuners chez la belle-famille de ma mère, à Niort. Jedevais avoir à peu près douze ans lorsque mon grand-pèred'adoption m'a fait goûter, pour mon premier vin, un château La-fitte 1929 ! Tout le monde a crié au scandale, mais j'ai vraimenttrouvé cela pas mal…
VOUS SOUVENEZ-VOUS DES PREMIÈRES BOUTEILLES ACHETÉES ?La première caisse que j'ai achetée était fantastique. Elle était
composée de bourgognes avec de superbescrus comme Echezeaux, Grand Echezeaux,La Tâche, Romanée-Saint-Vivant, etc. Et sur-tout de Romanée-Conti. Il n'y en a d'ailleursqu'une par caisse, tellement le domaine estpetit.
LES PLUS BELLES BOUTEILLES DE VOTRE
CHOIX ?Un Pétrus 1970, un Margaux 1959, et enfinun Romanée-Conti 1989. Je pense aussi à unChâteau-Latour 1959. C'est d'ailleurs assezmarrant car je possède de nombreuses bou-
teilles de ce millésime… C'est mon année de naissance ! Heu-reusement que je ne suis pas né en 1973…
Pour le 350e
anniversairedu ChâteauRauzan-Ségla, KarlLagerfeld aimaginé uneétiquetteoriginale pourun millésimed’exception,2009.
Pour la première fois, Patrick Bruel se confie dans un livred’entretiens, “Conversations avec Claude Askolovitch”, qui vient
de paraître chez Plon.
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 72
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[Une étiquette haute-couturepour le château Rauzan-Ségla
>
Acteur de renom, homme de théâtre, Pierre Arditi est un artiste épicurien qui a pour Bacchus les yeux de Chimène. « J’aime le vin,à partir du moment où il me met en état de quiétude et de rêverie, mais pas jusqu’au domaine de l’inconscience », confie-t-il.
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 201273
Ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand estaussi un fin gastronome qui n’hésite à se mettreaux fourneaux, lors de la fête de la gastronomie.
QUEL AMATEUR DE VINS ÊTES-VOUS ?J’ai la chance de posséder quelques beaux millésimes de
Mouton-Rothschild et de Lafite Rothschild. Par ailleurs, par
mes origines charentaises, j’ai une vieille collection de co-
gnacs et une affection particulière pour le château Paulet.
AVEC QUI AIMERIEZ-VOUS ORGANISER UNE DÉGUSTATION ?J’aimerais déguster un vin allemand avec Helmut Kohl pour
qu’il me parle de sa carrière politique. Un vin californien avec
Richard Gere, car il s’occupe de défendre la liberté des peu-
ples opprimés. Un bourbon avec Bill Clinton, un alcool de riz
avecmonsieur Lee, l’homme qui a fait Singapour et dont l’in-
fluence est incontestable en Chine aujourd’hui. Et, pour finir,
un vin blanc italien avec Madonna, que je trouve extraordi-
naire. Mais la liste est longue...
CÔTÉ GASTRONOMIE ?Je regrette qu’en France, aujourd’hui encore, la cuisine,
comme de nombreux autres domaines, soit le privilège des
hommes. La “cuisine bourgeoise” des mamans, des grands-
mères est une cuisine qui m’est finalement très proche.
Rencontre
INSTANTS AVEC FRÉDÉRIC MITTERRAND
À l’affiche de Toutes nos envies, aux côtés de MarieGillain, Vincent Lindon donne un nouvel exemplede son talent dans un drame émouvant.
Neveu de Jérôme Lindon, directeur des Éditions de Mi-
nuit, Vincent Lindon a débuté au cinéma dans un film
d’Alain Resnais en tant… qu’aide costumier. Un voyage aux
États-Unis et une expérience de journaliste plus tard, il se
lance pleinement dans une carrière d’acteur. Longtemps ha-
bitué des seconds rôles, il décroche le prix Jean Gabin en
1988, pour un rôle de musicien bohème, fou amoureux de
Sophie Marceau dans L’Étudiante.
Dès lors, les rôles s’enchaînent avec les plus grands réalisa-
teurs : Claude Lelouch, Mathieu Kassowitz, Étienne Chatiliez
ou Claude Sautet. Aussi à l’aise dans les comédies que dans
les drames, Vincent Lindon est aussi un épicurien qui aime
s’occuper du vin lorsqu’il est invité. Exigeant et généreux, il
apprécie de se retrouver avec son frère Sylvain, dans le res-
taurant de ce dernier, Al Dente, à Paris. Bon vivant, il aime
partager de bons repas et de belles bouteilles entre amis. En
perpétuel mouvement, il reste attentif aux petits détails qui
font les plaisirs : la couleur d’un vin, l’arôme d’un plat, la sim-
plicité d’un goût.
INSTANTS AVEC VINCENT LINDON
Gourmet devant l’Éternel, Pierre Arditi est àl’affiche du Théâtre Montparnasse, avantd’enchaîner au Théâtre du Rond-Point.
VOUS DIRIEZ-VOUS ÉPICURIEN ?Les femmes ne sont jamais dupes d’elles-mêmes et nous ap-
prennent à ne pas nous complaire dans une certaine facilité.
Elles possèdent au fond d’elles-mêmes une vérité qui est
plus tranchante. En quelque sorte, la véritable différence
entre l’homme et la femme, c’est le courage.
LES FEMMES ONT JOUÉ UN RÔLE IMPORTANT DANS VOTRE VIE ?Je ne suis que ce que les femmes ont fait de moi. Celles qui
ont traversémon existence ont sculpté, petit à petit, souvent
doucement, violemment quelquefois, ce que je suis devenu,
n’ayant pas, comme tous les hommes, le courage de le faire
tout seul.
VOTRE DEVISE ?Dans mon métier, il faut être très gentil avec les gens quand
on monte, car ce sont les mêmes que l’on croise en redes-
cendant.
LA FAUTE QUI VOUS INSPIRE LE PLUS D’INDULGENCE ?Le désir de plaire.
QU’AIMERIEZ-VOUS QUE SAINT-PIERRE VOUS DISE LORSQU’IL VOUS
ACCUEILLERA AU PARADIS ?Vous vous êtes trompé d’adresse. Redescendez !
INSTANTS AVEC PIERRE ARDITI
Monstre du cinéma français, Jean Reno enchaînecomédies (On ne choisit pas sa famille), en salle, etfilms d’action (Margaret, sortie en août 2012).
ÊTES-VOUS PLUTÔT BORDEAUX OU BOURGOGNES ?Les bordeaux sont, de loin, mes vins préférés. Mais je ne suis
pas comme Christian Clavier, prêt à faire des kilomètres pour
le plaisir de déguster l’un d’entre eux. Mais je suis l’un de
leurs ardents défenseurs. Aux États-Unis, je ne me permets
pas de critiquer ou d’imposermes goûts. Simplement, je bois
du vin rouge dans un pays où le vin blanc a longtemps régné
en maître. Lorsque j’ai joué avec Robert De Niro, il m’a de-
mandé un soir s’il pouvait goûter mon vin. Par la suite, s’il
commandait toujours son verre de vin blanc, nous finissions
ensemble ma bouteille de grand vin de Bordeaux !
ÊTES-VOUS PLUTÔT GRANDS CRUS OU PETITS VINS ?Je déteste l’expression « j’ai trouvé un petit vin ». Il n’y a pas de
“petit vigneron” qui propose un vin extraordinaire pour trois
francs six sous. Le jour où je ferai du vin, ce sera un “grand”
vin, et il faudra rémunérer les efforts consentis pour arriver à
ce résultat.
INSTANTS AVEC JEAN RENO
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“Monstre” du cinéma français, star appréciée aux États-Unis, où il a déjà tourné avec Robert de Niro et Matt Damon(dans “Maragaret” de Kenneth Lonergan, qui sortira l’année prochaine en salle en France), Jean Reno est un épicurien de cœur,
qui apprécie particulièrement les grands vins de Bordeaux. >
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Rencontre
Radio, télé, édition, presse, théâtre... StéphaneBern est un fou de travail. Une vie menée tambourbattant, avec de belles pauses épicuriennes.
VOUS DIRIEZ-VOUS ÉPICURIEN ?J'apprécie les belles et bonnes choses, les bons restaurants,
Apicius, Le Divellec, Le Plaza, Pétrus, la Maison du caviar, Mo-
vrommatis, Maison Blanche Paris...
LE SOUVENIR D’UN DÎNER MÉMORABLE ?J'avoue que j'ai un faible pour les dîners de gala. Du temps de
François Mitterrand, j'étais souvent invité à l'Élysée, un réel
plaisir. J'aime aussi les dîners d'État à Versailles. Tout est fan-
tastique, les Sèvres, la verrerie de Baccarat et Saint-Louis,
l'argenterie, les fleurs, les grands vins, la gastronomie fran-
çaise. Je me souviens ainsi d'un dîner fabuleux présidé par
Mme Giscard d'Estaing. J'étais placé tout près de Souha Ara-
fat, l'épouse de Yasser Arafat, Leila Chahid, déléguée de la
Palestine en France, face à la reine Rania de Jordanie. Notre
conversation roulait bon train. Tout le monde pensait que
nous parlions politique et dissertions sur la situation de la
Palestine. En réalité, je venais de suivre un régime protéiné
qui intéressait ces dames et nous échangions sur sesmérites
et ses aléas. Ces situations insolites me réjouissent…
INSTANTS AVEC STÉPHANE BERN
Acteur comique parmi les plus doués de sa généra-tion, José Garcia était à l'affiche, en février dernier,dans le troisième volet de La vérité si je mens ! 3.
VOUS CONSERVEZ, PARAÎT-IL, DES SOUVENIRS D’ENFANCE LIÉS À LA
GASTRONOMIE ET AU MONDE DU VIN…En effet, mes parents étaient employés de maison dans une
famille qui produisait du calvados et du champagne. Les ré-
ceptions que cette famille donnait étaient nombreuses et j'ai
eu la chance d'évoluer et de grandir dans cet univers. Je me
souviens de la préparation des mets, des moments d'effer-
vescence. Aujourd'hui encore, j'ai de nombreux souvenirs,
odeurs de cuisine, parfums de femmes, cigares qui remon-
tent de cette époque.
VOS PLUS GRANDES ÉMOTIONS LIÉES À LA DÉGUSTATION D’UN VIN ?Elles restent liées à l'univers du bordeaux. Même si j'ai passé
beaucoup de temps à découvrir le vignoble français pour af-
finer mon palais, au final, je reviens toujours sur des vins du
Bordelais.
PLUS PRÉCISÉMENT ?Des vins dont les cépages sont composés principalement de
cabernet sauvignon et de merlot, comme les Pauillac, Saint-
Estèphe et Saint-Julien, ou à très forte dominance de merlot
comme les Saint-Émilion. Dois-je le dire, mon cépage pré-
féré est le merlot.
INSTANTS AVEC JOSÉ GARCIA
INSTANTS AVEC CHARLES BERLING
Épicurien attentif, Charles Berling apprécie les petitsplaisirs, sans ostentation.
On connaît l'acteur, le comédien, mais Charles Berling estaussi chanteur, directeur de théâtre et écrivain.Un personnage complet qui sait prendre le tempsd'apprécier les bonnes choses.
QUELLES ÉMOTIONS VOUS PROCURENT LE VIN ET LE CHAMPAGNE ?Des émotions très profondes, liées aux éléments. J'aime beaucoup
écouter Pierre Lurton lorsqu'il parle de la nécessaire souffrance de la
vigne pour faire un bon vin. Parler avec lui permet de comprendre que
dans la viticulture, il faut canaliser le sauvage, le primitif pour aboutir
au raffinement extrême. Côté émotions, il ne faut pas oublier le côté
enivrant. Mais attention, les bons vins apportent une bonne ivresse.
SI VOUS DEVIEZ DÉCERNER UN OSCAR À CHEF ?Thierry Marx parce que c'est un type curieux, qui n'hésite pas à cham-
bouler l'image du cuisinier, les pratiques. Il va sur des terrains biscor-
nus tout en étant un vrai pro. Et puis, il est éclectique, il fait plein de
choses en même temps.
VOTRE DERNIÈRE GORGÉE ?Comme le disait le philosophe Gilles Deleuze, l'important, ce n'est pas
tant la dernière gorgée, mais l'avant-dernière. On pense toujours qu'il
y en aura une autre.
BACCHUS SIGNE VOTRE ÉPITAPHE. QUELLE EST-ELLE ?« Il a tout bu ! »
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INSTANTS AVEC MARC LÉVY
ÉPICURIEN ?J'adore cuisiner, préparer des plats pourmes amis. Je pique des
recettes à ma cousine, Julie Andrieu, et n'hésite pas à lui de-
mander des conseils personnalisés.
LE VIN TIENT UNE PLACE IMPORTANTE DANS VOS ROMANS ET DANS
VOTRE VIE ?Oui, mes personnages boivent et moi aussi, avec modération.
Mes préférences vont au rouge, au pomerol, au margaux,
comme le Château Labégorce, aux côtes rôties, mais aussi à
certains blancs, tels le pouilly-fumé de Ladoucette.
LA BONNE ET FRANCHE CUISINE, LES BONS VINS, MAIS ENCORE ?Les alcools forts comme la vodka pour accompagner la cuisine
du Nord. Un excellent alcool de mirabelle, de prune ou de
poire. Mais mon vrai péché mignon, c'est le chocolat. Addict
total. J'ai transformé une cave à vins en cave à chocolat, bourré
de tablettes de crus différents, mais aussi de spécialités de
grands maîtres français ou anglais. Quant à la cuisine au cho-
colat, elle est d'une sensualité folle.
Gourmand et gourmet, Marc Lévy n’hésite pas à se mettre en cuisine pour le plaisir de ses amis.
Depuis dix ans, Marc Lévy ne quitte pas le classement des meilleures ventes de romans.Pas de quoi entamer la gourmandise de l'auteur, qui préfère croquer du chocolat que de l'or.
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Rencontre
SI VOUS DEVIEZ ATTRIBUER UN TRAIT DE CARACTÈRE À VOTRE
CUISINE, QUEL SERAIT-IL ?La générosité ! C'est très important qu'une cuisine soit à
l'image de l'homme. Alors, puisque je suis quelqu'un de géné-
reux, il est important que ma cuisine le soit aussi.
COMMENT DÉFINIRIEZ-VOUS VOTRE CUISINE ?Je suis très attaché à la cuisine française, avec ses grands clas-
siques et ses traditions. J'essaie donc de magnifier cette cui-
sine de terroir, qui représente nos vraies racines, en préservant
son côté authentique, mais en la rendant tout de même créa-
tive et aérienne.
OÙ PUISEZ-VOUS VOTRE INSPIRATION ?Partout, tout le temps, pas une seconde ne passe sans que je
pense à un produit, une association, un mariage ou un dres-
sage.
VOUS IMAGINEZ UN PLAT EN NOIR ET BLANC, LEQUEL ?Un plat que j'aime beaucoup, le “Caviar de Sologne, mousseline
de pommes rate fumées au haddock”. Le contraste entre blanc
et noir dans toute sa splendeur…
QUEL ARTISTE POURRAIT RETRANSCRIRE LE MIEUX VOTRE CUISINE ?Bruno Catalane, un sculpteur que j'admire profondément.
J'aime les valeurs qu'il véhicule à travers ses créations.
LES CONVIVES RÊVÉS POUR UN DÎNER IDÉAL ?Ma femme et mes amis proches, ces gens avec qui je partage
ma vie d'homme, pas de chef.
SI VOUS NE DEVIEZ RETENIR QU’UNE SEULE DATE, LAQUELLE ?Mon titre deMeilleur ouvrier de France enmars 1993. La consé-
cration d'un travail acharné pour y parvenir.
VOTRE DÉFINITION DU LUXE CULINAIRE ?L’élégance, le raffinement et la simplicité. Car le meilleur est
toujours le plus simple.
QUELS SONT VOS PROJETS ?Je viens de commencer un partenariat avec Aéroports de Paris
dans les boutiques de duty free. Je suis leur ambassadeur pour
les produits gastronomiques français. J'ai sélectionné quelques
incontournables de notre patrimoine culinaire proposés à Orly
et Roissy. J'aime les aventures humaines et celle-ci fait partie
d'une belle rencontre avec une équipe de passionnés. Je suis
très fier de travailler avec eux. Sinon, un nouveau livre avec des
recettes de tous les jours, car j'aime donner l'envie de cuisiner
au quotidien. Et un autre beau projet de très grande envergure.
Mais c'est encore secret…
À la tête des cuisines du palaceparisien Le Bristol, le chef normands’applique à offrir une cuisine deterroir, savoureuse et authentique.Mais avec toujours cette créativité etcette légèreté qui ont fait son succès.
ÉRIC FRÉCHON,AUTHENTIQUE ETGÉNÉREUX
Éric Fréchona obtenu satroisièmeétoile auGuide
Michelin en2009 aurestaurant“Le Bristol”.
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atria-cum-patria.ch
Jumeaux les plus célèbres de la gastronomie frrançaise, Jacques et LaurentPourcel ont eu l’honneur de représenter notre patrimoine culinaire sur lepavillon France de l’Exposition universelle de Shangaï, en 2010.
JACQUES ET LAURENT POURCEL, DUO DE CHOC
Devenus, enquelques
années, deuxdes meilleursambassadeurs
de lagastronomiefrançaise,Jacques et
Laurent Pourcelont obtenu troisétoiles au GuideMichelin de1998 à 2006.
SI VOUS DEVIEZ ATTRIBUER UN TRAIT DE CARACTÈRE À VOTRE
CUISINE, QUEL SERAIT-IL ?Généreuse, c'est une envie de partager qui nous anime en per-
manence.
ET COMMENT DÉFINIRIEZ-VOUS VOTRE CUISINE ?C'est un jeu entre tradition et audace. Surprendre, mais rassu-
rer. La cuisine, c'est de la séduction et un univers à créer.
SI VOUS DEVIEZ COMPOSER UN METS S’INSPIRANT DU BLANC ET DU
NOIR, QUEL SERAIT-IL ?Il se construirait sur les contrastes, une idée que nous affec-
tionnons particulièrement. Elle crée de l'émotion… Le chaud
et le froid, le moelleux et le croquant, le doux et l'amer, le sucré
et le salé, le blanc et le noir…
DANS VOTRE CUISINE, QUEL INGRÉDIENT VOUS EST LE PLUS CHER ?Les légumes. Ils font partie des fondamentaux de notre cuisine.
Sans eux, elle serait triste.
ÊTES-VOUS BULLE DE CHAMPAGNE OU LARME DE BORDEAUX ?Bulles pour la fête et terroir pour les vins du Languedoc.
QUEL ARTISTE POURRAIT RETRANSCRIRE LE MIEUX VOTRE CUISINE ?Gérard Depardieu. Il a une parfaite connaissance des produits
et il aime aller à l'essentiel.
LES CONVIVES RÊVÉS POUR UN DÎNER IDÉAL ?Il y a quelques années, unmagazine féminin avait demandé au
topmodel Gisèle Blundchen avec qui elle aimerait dîner et elle
avait répondu le Dalaï Lama, Bill Clinton et les frères Pourcel.
Alors, nous lui rendons la pareille !
SI VOUS NE DEVIEZ RETENIR QU’UNE SEULE DATE, LAQUELLE ?Plus qu'une date, le numéro 13. Il a émaillé toute notre vie, en
commençant par notre naissance, le 13 septembre 1964.
DANS L’UNIVERS CULINAIRE, QUELLE EST VOTRE DÉFINITION DU
LUXE ?Le raffinement à tous les niveaux. Le luxe n'est pas forcément
ce qui se voit, mais plutôt ce qui se ressent.
QUELS SONT VOS PROJETS ?Ils sont nombreux ! L'agrandissement de notre hôtel Le Jardin
des Sens à Montpellier, l'implantation d'affaires au Qatar, le dé-
veloppement d'un concept de restaurant cuisine “modern
asian” et quelques autres encore secrets…
>FRANCE MAGAZINE N°37
ÉTÉ 201279
Rencontre
SI VOUS DEVIEZ COMPOSER UN METS S’INSPIRANT DU BLANC ET DU
NOIR, QUEL SERAIT-IL ?Un damier de coquilles saint-jacques de la côte d'Émeraude et
de truffes noires du Périgord.
COMMENT DÉFINIRIEZ-VOUS VOTRE CUISINE ?Elle doit être sans définition de façon à pouvoir voyager tout
au long d'une carrière.
ÊTES-VOUS BULLE DE CHAMPAGNE OU LARME DE BORDEAUX ?Que veut dire cette restriction ? Pourquoi me pénaliserais-je
alors que les deux sont mon quotidien ?
SI VOUS DEVIEZ ATTRIBUER UN TRAIT DE CARACTÈRE À VOTRE
CUISINE, QUEL SERAIT-IL ?Pour moi, en cuisine, le caractère c'est comme la définition.
J'aime brouiller les pistes de façon à ce qu'on ne la reconnaisse
pas. Dans le fond de la casserole, j'adore me déstabiliser de
façon à retrouver un ancrage nouveau et briser les habitudes
qui, effectivement, peuvent être le piège d'une cuisine de ca-
ractère.
QUEL ARTISTE POURRAIT RETRANSCRIRE LE MIEUX VOTRE CUISINE ?Stan Getz, pour la précision du geste, la souplesse des doigts,
l'agilité de la main sur le cuivre.
LES CONVIVES RÊVÉS POUR UN DÎNER IDÉAL ?J'adore dîner seul. C'est pour moi un véritable rendez-vous et
presque une rencontre.
SI VOUS NE DEVIEZ RETENIR QU’UNE SEULE DATE, LAQUELLE ?La vie est à elle seule une date, un calendrier truffé d'événe-
ments merveilleux.
À L’IMAGE D’UN ARTISTE, OÙ PUISEZ-VOUS VOTRE IMAGINATION ?Le plus beau livre de cuisine a été écrit par la nature. Réappre-
nons à tourner les pages de cet ouvrage inclassable .
DANS L’UNIVERS CULINAIRE, QUELLE EST VOTRE DÉFINITION DU
LUXE ?Le mot luxe existe-t-il encore ? Dans cet univers bouleversant
que l'on côtoie au quotidien ? Dans des matières parfois ba-
nales ? Toujours est-il que c'est un mot que je n'emploie ja-
mais.
À L’INSTAR D’UN APPAREIL PHOTO, QUEL PLAT GARDERIEZ-VOUSPRÉCIEUSEMENT DANS UNE CHAMBRE NOIRE ?Aucun , je ne suis ni conservateur ni collectionneur.
VOS PROJETS ?Regarder le fond de la casserole et conjuguer mes légumes.
ALAIN PASSARD,LE MAGICIENDU VERT
Alain Passardn’aura eu
besoin que detrois annéespour obtenirses trois étoilesau restaurant“L’Arpège”,à Paris.
Les légumes dans toute leur majesté.Dans son restaurant L’Arpège, AlainPassard fait découvrir et redécouvrirla magie d’une duisine toute enlégèreté et en inventivité. Centrée surles légumes de ses jardins potagers,elle magnifie petits pois et betteraves,carottes et haricots au fil des saisonset de l’humeur du chef.
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C’est à l’hôtel Meurice, à Paris, et maintenant Dubaï, Hong Kong, Beyrouth… que le chefYannick Alléno met en valeur les pouvoirs qu’il aime tant. Ceux que sa régio natale,l’Île-de-France, qu’il remet au goût du jour et valorise dans sa cuisine, inventive et généreuse.
YANNICK ALLÉNO, FIER DE SON TERROIR
COMMENT DÉFINIRIEZ-VOUS VOTRE CUISINE ?J'aime réinventer les plats de la cuisine traditionnelle. C'est
dans ces produits du terroir de l'Île-de-France que je puisemon
inspiration. Je souhaite faire découvrir au plus grand nombre
ses valeurs, ses saveurs et ses secrets qui m'inspirent tant.
DANS VOTRE CUISINE, QUEL INGRÉDIENT VOUS EST LE PLUS CHER ?Tous les produits sont les bienvenus. Je cuisine au gré des sai-
sons et j'aime tester, innover et intégrer des produits d'ailleurs.
SI VOUS DEVIEZ COMPOSER UN PLAT NOIR ET BLANC,QUEL SERAIT-IL ?Je prendrais le blanc pour l'art de la table, de la porcelaine très
fine et raffinée. Ma création, tout aussi élégante etmystérieuse,
aurait besoin d'être admirée puis découverte et dégustée d'une
façon généreuse… Une terrine de noix de saint-jacques aux
truffes, beurre blanc mousseux ! Un régal pour les yeux et pour
les papilles.
DANS VOTRE CUISINE, QUEL INGRÉDIENT VOUS EST LE PLUS CHER ?Les légumes. Ils font partie des fondamentaux de notre cuisine.
Sans eux, elle serait triste.
ÊTES-VOUS BULLE DE CHAMPAGNE OU LARME DE BORDEAUX ?Ah, là, c'est comme si vous me demandiez si je préfère les
truffes ou le foie gras ! Le champagne, comme le bordeaux,
nous proposent des produits d'exception. Mais si vous insis-
tez, je pencherais pour les bulles etme laisserais volontiers ten-
ter par une Cuvée Louise de Pommery.
QUEL ARTISTE POURRAIT RETRANSCRIRE LE MIEUX VOTRE CUISINE ?Je pencherais pour la sculpture en ce qu'elle a de plus fascinant
par la transformation de lamatière et le jeu des volumes. Rodin
pour la puissance de ses œuvres et la sensualité des courbes.
LES CONVIVES RÊVÉS POUR UN DÎNER IDÉAL ?Alain Chapel et Jean Delaveyne, deux des meilleurs chefs fran-
çais. Erik Orsenna pour sa joie de vivre. Roger Federer pour son
accomplissement. Charlize Theron pour ses rôles de composi-
tion. Et mes deux fils !
DANS L’UNIVERS CULINAIRE, QUELLE EST VOTRE
DÉFINITION DU LUXE ?Je m'efforce de donner du luxe une définition
affective. C'est avant tout un moment authen-
tique, dépourvu d'arrogance, une expérience
esthétique.
QUELS SONT VOS PROJETS ?Après Pékin, Beyrouth, Taipei, Courchevel en
2011, le Terroir parisien ouvrira à Paris. Un véri-
table bistrot, reflet de ma cuisine, résultat de
ces trois dernières années où j'ai constitué un
réseau de producteurs d'Île-de-France, réper-
torié les produits - pour certains en voie de dis-
parition.
Yannick Alléno, cheftriplement étoilé, a étéélu chef de l’année parses pairs, en 2008.
>FRANCE MAGAZINE N°37
ÉTÉ 201281
Rencontre
Àlui seul, l’homme représente neuf étoiles au Guide Miche-
lin 2010 : trois étoiles pour le restaurant du Plaza-Athénée
à Paris, le Louis XV àMonaco et celui du Dorchester, à Londres.
« Mon centre de gravité, c’est la cuisine, reconnaît-il. Mon terroir
mental est la réunion du Sud-Ouest, d’où je viens, et de la Méditer-
ranée qui m’a séduit très tôt. Mais je suis aussi un cuisinier curieux
et émancipé : mes racines me portent, mais ne doivent en aucun cas
m’attacher. Je voyage donc beaucoup, toujours à l’affût de nouvelles
découvertes. » Des voyages qui l’ont tout d’abord conduit à ap-
prendre auprès des plus grands chefs français : Michel Guérard,
Roger Vergé et Alain Chapel, qui sera son maître spirituel, lui
transmettra le culte du produit, le souci de la perfection et « le
bonheur de cuisiner, c’est à-dire de susciter le plaisir de ses hôtes. »
Miraculé de la vie - il a échappé à 27 ans à un accident d’avion
dont il sera le seul survivant -, Alain Ducasse n’en a que plus
d’appétit pour s’améliorer toujours et encore. Six ans plus tard,
il obtiendra la prestigieuse troisième étoile pour le Louis XV,
le restaurant de l’Hôtel de Paris àMonte-Carlo, qu’il a créé trois
ans auparavant. Pressé d’aller de l’avant, il quitte ses fourneaux
quelque temps après et devient ainsi le premier grand chef à
assurer trois étoiles et le succès de grandes tables sans être
personnellement en cuisine. Pour cela, il sait s’entourer d’une
équipe de fidèles, à l’instar de Franck Cerutti, chef de cuisine
au Louis XV, Christophe Saintage, chef au Alain Ducasse au
Plaza-Athénée ou encore Christian Julliard, chef exécutif.
Et lorsqu’on demande à Alain Ducasse sa définition du luxe, la
réponse fuse : « parvenir à l’essence de l’essentiel. C’est l’opposé du
bling-bling. C’est le fond et non l’effet. Aujourd‘hui, le luxe doit s’abs-
traire de tout effet et viser le brut, le radical. Le luxe, c’est d’enlever
tous les accessoires, tout l’apparat, pour ne garder que l’essentiel. »
Une apparente facilité qui impose avant tout beaucoup de tra-
vail pour atteindre la perfection. Un stade qu’Alain Ducasse ne
confond jamais avec sophistication.
ALAIN DUCASSE, “CHEF D’ORCHESTRE”
Alain Ducasse,chef étoilé,
globe-trotteuret ambassadeur
de lagastronomiefrançaise.
En près de quarante ans de carrière, Alain Ducasse a su créer un empire àl’image de sa cuisine : diverse, exigeante, internationale (dans le bon sensdu terme), toujours dans le plus strict respect des produits.
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FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 82
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À l’instar des touches d’un piano, le blanc domine sur le noir dans l’assemblage des différentescuvées Taittinger. Un jeu entre ombre et lumière, élégance et pureté, masculin et féminin, àl’image de Vitalie Taittinger qui porte haut, et avec brio, les couleurs de la maison familialle.
TAITTINGER : UN CONDENSÉ DE LYRISME
QUEL PRINCIPAL TRAIT DE CARACTÈRE ATTRIBUERIEZ-VOUS À VOS
CHAMPAGNES ?La vitalité apportée par le chardonnay donne à la cuvée Comtes
de Champagne une fraîcheur que le vieillissement n'entame
pas. Ses mots sont précis, frais, fusants, mais avec toute la
gourmandise d'un breakfast de vieille anglaise, le toast, le ci-
tron confit, le tilleul…
ASSOCIERIEZ-VOUS VOS VINS PLUTÔT AU BLANC OU AU NOIR ?Pourquoi choisir ? Comtes de Champagne est à la fois l'ombre,
celle des racines, des caves, du silence, du temps, et la lumière
dans ce qu'elle a de plus éclatant et optimiste.
AVEC QUEL METS L’ASSOCIER ?La minéralité, la douceur et la pureté d'un poisson à chair
blanche. Un bar de ligne nappé d'une fine émulsion crémeuse
et légèrement iodée, parsemée de noisettes grillées, marrons et
truffe noire concassés pour charger de gourmandise, de cro-
quant ce poisson délicieux, mais légèrement austère.
LE PHOTOGRAPHIERIEZ-VOUS EN COULEUR OU EN NOIR ET BLANC ?En couleur, avec beaucoup de contrastes, une lumière assez
brutale pour rythmer l'image par le vide et la matière.
QUEL ARTISTE SAURAIT LE MIEUX L’ÉVOQUER ?Nicolas de Staël pour la lumière, transpercée par la grâce. Vin-
cent Van Gogh pour la passion flamboyante. Les couleurs et la
chaleur des œuvres d'Édouard Vuillard.
UNE SEULE PHOTO POUR REPRÉSENTER VOTRE MAISON ?Les crayères. Elles portent cette idée que quelque chose de
grand ne peut se faire seul, mais dans le respect du temps.
QUELLE PERSONNALITÉ INVITEZ-VOUS À UNE DÉGUSTATION ?Sœur Emmanuelle. Elle connaissait le plaisir, la grâce,
l'Homme et savait les retrouver à chaque instant.
SI VOUS NE DEVIEZ RETENIR QU’UNE SEULE DATE ?Le 15 juin 1940. Le jour où mon grand-oncle Michel Taittinger,
âgé de 20 ans, s'est battu pour ce qu'il avait de plus sacré, en
défendant un pont contre l'avancée allemande. Il nous a appris
à épouser les causes qui nous sont chères, à prendre
le risque de perdre. Avec peur, mais pas sans cou-
rage.
Vitalie Taittinger,ambassadrice de
charme à la maisonTaittinger.
[Jeune officier de liaison pendant laguerre de 14-18, Pierre Taittinger
découvre la Champagne. Il yreviendra quelques années plus tardet mettra toute son énergie audéveloppement de la jeune maisonqui, dès 1932, deviendra Taittinger.Après le rachat de l'entreprisefamiliale en 2006, Pierre-EmmanuelTaittinger s'entoure d'une équipe dedirection jeune, dans un esprit deconquête et de continuité, où sa filleVitalie et son fils Clovisl'accompagnent.
Carte d’identité
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ÉTÉ 201283
Rencontre
Depuis plus de deux siècles, l’excellence et l’élégance non-conformiste deschampagnes Pier & Charles Heidsieck assurent, au-delà des soubresauts dumonde, la réussite internationale de la maison dirigée par Cécile Bonnefond.
P&C HEIDSIECK : L’ÉLÉGANCE INDOCILE
À QUEL METS, BLANC OU NOIR, ASSOCIERIEZ-VOUS VOTRE
CHAMPAGNE ?Piper Heidsieck rosé Sauvage apportera une touche de sophis-
tication à des coquilles saint-jacques, très charnues et cro-
quantes à la fois, servies avec une petite sauce aux fruits
exotiques, décorées de caviar noir et une petite cocotte de riz
sauvage de Camargue.
RELIEZ-VOUS VOTRE CHAMPAGNE AU BLANC, QUI ÉVOQUE PURETÉ,INNOCENCE, IRRÉEL, OU AU NOIR, SYMBOLE DE SOBRIÉTÉ,D’ÉLÉGANCE, DE MYSTÈRE ?Au noir car le rouge s'associe bien avec lui et ce dans tous les
domaines en lui apportant sa note de passion et d'intensité.
LE PHOTOGRAPHIERIEZ-VOUS EN COULEUR OU EN NOIR ET BLANC ?En noir et blanc, avec une touche de rouge et de rose ! Pour-
quoi choisir ?
QUEL ARTISTE POUR L’ÉVOQUER ?Sûrement Jean-Paul Gaultier. Il a plusieurs fois associé son nom
à notre maison avec un vrai talent d'artiste : on se souvient du
corset rouge et noir, créé en 1999.
QUELLE PERSONNALITÉ INVITERIEZ-VOUS À UNE DÉGUSTATION ?Marylin Monroe, qui déclarait commencer toutes ses journées
avec une coupe de Piper Heidsieck… Élégance indocile… Et
puis j'aimerais la rencontrer.
QUELLE DEVISE INSCRIRE AU TABLEAU NOIR AU STUDIO HARCOURT ?« Avant une photo, dégustez une coupe de Piper Heidsieck, un vin
créé très sérieusement, qui fait sourire. » La photo n'en sera que
plus réussie…
JUSTEMENT, VOUS NE PRENEZ QU’UNE SEULE PHOTO, LAQUELLE ?Nos crayèresmillénaires, dans la butte Saint-Nicaise de Reims,
candidates au Patrimoine mondial de l'Unesco.
SI VOUS NE DEVIEZ RETENIR QU’UNE DATE DE LA
MAISON P&C HEIDSEICK, QUELLE SERAIT-ELLE ?1785, son année de naissance.
LE MILLÉSIME MYTHIQUE QUE VOUS GARDEZ
PRÉCIEUSEMENT ?2004, car il est magnifique et qu'il est encore
possible d'en trouver. Il pourra rester encore
quelques années dans la chambre noire de
votre cave ou être, dès maintenant, partagé
avec bonheur.
Cécile Bonnefond,présidente de Piper etCharles Heidseick.
[Créée en 1785 par Horens-Louis Heidsieck, la maison
présente ses champagnes àMarie-Antoinette et devientrapidement fournisseur des plusgrandes cours européennes.C'est en 1851 que Charles-Ca-mille Heidsieck, petit-neveu deFlorens-Louis, fonde sa propremaison. Dès 1852, il est un despremiers dirigeants d'une maisonde champagne à se rendre à NewYork où il sera surnommé“Champagne Charlie”.
Carte d’identité
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Pourtant, l’histoire des familles royales qui ont
régné sur l’Europe et dirigé les affaires du conti-
nent mérite que l’on s’y attarde un instant, et
qu’on les regarde autrement que lors desmariages prin-
ciers ou royaux célébrés par la vidéo-sphère mondiale
des médias internationaux qui n’en retiennent que la
face « people » dans son immédiateté.
Un livre de Ghislain de Diesbach, publié aux éditions
Perrin, a le grandmérite de jeter une lumière bienvenue
sur une partie du passé de ces familles qui ont façonné
l’histoire du continent européen - et parfois au-delà - et
qui, comme dans le cas de la défunte Autriche-Hongrie,
ont pu suivre des voies et créer des cadres qu’il pourrait
ne pas être inutile de connaître pour que le futur de la
construction européenne évite certaines ornières et
puisse s’engager franchement dans les voies les plus fa-
vorables aux populations de notre continent.
En une succession de chapitres, qui se lisent comme un
roman d’aventures au long cours, le lecteur croise des
personnages éminents, porteurs de grandes causes -
comme les souverains bourguignons de lamaison d’Au-
triche régnant sur l’Espagne tels Charles Quint et son
fils Philippe II - ou, a contrario, s’entend conter de plus
petites intrigues, menées par des personnalités médio-
cres, au service d’intérêts mineurs, comme ses souve-
rains de tant de principautés, dont les stratégies
matrimoniales ont pour seule ambition de réaliser un
mariage prestigieux pour leur couronne. Dans son ou-
vrage, Ghislain de Diesbach fait revivre avec talent et
conviction l’histoire de ces grandes maisons que sont
les Habsbourg, les Wittelsbach, les Hohenzollern, les
Bourbon et de toutes ces familles dont l’histoire a laissé
la trace et le nom dans les siècles passés.
S’attardant sur les personnalités les plus éminentes ou
les plus caractéristiques de ce Gotha européen, nous
permettant d’entrer dans ce monde aux codes si parti-
culiers, à l’élitisme assumé, ce livre fait aussi la part
belle à de nombreux traits d’esprit et de bonsmots dont
l’humour souvent caustique fait ressentir la crainte de
déchoir et l’angoisse d’être dévalorisé. Ne nous laissant
rien ignorer des mariages morganatiques, qui s’accom-
pagnent d’autant de renonciations aux trônes pour soi
ou sa descendance, et qu’il faut s’empresser de tenter
de recouvrer lorsque la situation s’est rétablie, l’auteur
nousmontre combien il importe à ses membres de pré-
server leur monde comme une société refermée sur elle-
même. On prend alors conscience à quel point la
Révolution française de 1789 et la période napoléo-
nienne ont fracassé irrémédiablement un univers qui
devra composer avec les nouvelles forces en présence
pour ne pas disparaitre corps et âmes. On constate com-
bien la France a pu choquer l’aristocratie européenne
qui ne voulait plus - sauf à y être forcée - multiplier les
Iphigénie modernes, en sacrifiant par mariage à des
princes français de nouvelles archiduchesses.
Sans doute, dans cette histoire du gotha, les Habs-
bourg-Lorraine méritent-t-il la première place. Sans
doute sont-ils représentatifs de la réussite d’une famille
Littérature
L’histoire de la haute noblesse et des familles royaleseuropéennes est sans doute devenue un pan del’histoire que l’on méconnaît et que l’on sous-estimevolontiers. Cinq Républiques et trois Révolutions enFrance ont, depuis deux siècles, relégué au rang decuriosités les familles de la maison de France.L’influence des Lumières et le vent de l’Histoire enEurope ont depuis longtemps acté la disparitionprogressive du modèle monarchique, qui ne survit plusque dans de rares pays et sous une forme effective sidiminuée, qu’elle ne retient que marginalementl’attention de populations habituées à élire leurs« monarques » modernes.
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ÉDITIONS PERRIN
Les secrets du GothaGhislain de Diesbach
dont les armes n’étaient pas les plus nombreuses, a
priori, lorsque celle-ci commença au XIe siècle depuis le
canton d’Argovie en Suisse sa formidable destinée, que
seule la Première Guerre mondiale et la volonté des
puissances de l’époque stopperont. Quel empire en
effet, que celui qui se constituera grâce à l’acharnement
de quelques souverains d’exception et d’une politique
d’alliances toujours renouvelée. On dit que l’immensité
de son domaine contraignit Charles Quint à ne guère
passer plus de quatre nuits d’affilée dans un même lit,
lui qui devait constamment être présent dans les nom-
breuses parties de son empire. Jacques Bainville, dans
samagistrale histoire de France qui s’achève aux lende-
mains de la Première Guerre mondiale, rappelle que,
s’inclinant devant le tombeau deMaximilien et deMarie
de Bourgogne à la Crypte des Capucins à Vienne, Louis
XV avait dit à sa suite, avec fatalisme et perspicacité :
« toutes nos guerres viennent de là ». Signifiant en cette
brève formule tout ce que cette alliance de la fille de
Charles Téméraire et de la maison d’Autriche avait eu
de funeste pour la France, Louis XV avait en outre
aperçu ce qu’elle aurait d’irréconciliable et de tragique
pour l’avenir des deux monarchies. Car dans la lutte
entre la France et la Maison des Habsbourg, la Prusse
des Hohenzollern s’invitait comme une nouvelle puis-
sance dans le combat pour la domination de l’Europe.
Et que les Habsbourg sous François-Joseph, comme la
France du Second Empire, seraient incapables de faire
alliance pour résister à la politiquemenée par Bismarck.
Politique, dont le double résultat fut, d’une part, d’ex-
clure les Habsbourg du monde allemand, pour en faire
une puissance de plus en plus tournée vers sa sphère
danubienne, et, d’autre part, d’agréger toutes ces prin-
cipautés allemandes, sans que ni l’Autriche ni la France
- qui avait pourtant toujours eu tellement intérêt à y
exercer son influence et à leur morcellement - songent
réellement à s’y opposer, laissant les souverains des pe-
tits États germaniques totalement abandonnés aux am-
bitions de Bismarck. À l’instar des Wittelsbach et de
l’emblématique Louis II de Bavière qui, lucide observa-
teur des événements, enrageait de n’être plus que le pre-
mier vassal de la Prusse et de son Kaiser Guillaume,
après les fatidiques victoires contre l’Autriche à Sadowa
en 1866 et contre la France de Napoléon III à Sedan, en
1870, scellant à tout jamais le triomphe des héritiers du
grand Frédéric sur ceux de Maximilien comme de Na-
poléon 1er.
LaMaison de France est elle aussi à l’honneur dans l’ou-
vrage de Ghislain de Diesbach, avec des chapitres pas-
sionnants sur la Maison Bonaparte et celle de
Bourbon-Orléans. Quelle histoire peut en effet se vanter
d’avoir autant hésité, balancé, que l’histoire de France
sur la forme du régime politique dont il convenait de se
doter, entre la monarchie qui venait à la France de ses
origines et la République chère aux héritiers de 1789 ;
sans parler de sa forme intermédiaire que constituèrent
les deux Empires. Quelle histoire peut aussi montrer au
monde à quel point sa population s’est déchirée lors des
restaurations effectives ou présumées, entre des prin-
cipes opposés et des familles ou des branches de famille
rivales. Ghislain de Diesbach montre bien à quel point
le règne de Louis XIV, son incroyable longévité et les dif-
ficultés de sa succession, ont ouvert la voie à des dis-
cussions et des contestations sans fin. Philippe
d’Orléans, imposant finalement sa Régence et la péren-
nité des Bourbons à travers le futur Louis XV, n’empê-
chera pas les rivalités fortes et les futurs affrontements
entre les deux branches de la famille. Un membre de la
famille d’Orléans (Philippe-Egalité) votant la mort de
Louis XVI son cousin, deux Restaurations, en 1814 puis
en 1815, au profit du frère cadet du Roi défunt, Louis
XVIII, puis le remplacement de Charles X, son succes-
seur, le dernier roi Bourbon, par Louis-Philippe d’Or-
léans, le propre petit-fils de Philippe-Égalité, par la grâce
d’un soulèvement populaire, sans oublier d’obscures af-
faires d’argent entre les deux branches de la famille, al-
laient créer lorsque le Second Empire s’effondrerait en
1870 et qu’une restaurationmonarchique paraissait pos-
sible, une scission terrible entre les légitimistes, parti-
sans des Bourbons, et les Orléanistes. Ghislain de
Diesbach a raison d’insister sur le caractère violent de
cette scission à l’intérieur de la famille de Bourbon-Or-
léans car cette querelle ne s’est jamais véritablement
éteinte depuis et chaque prétendant conserve ses parti-
sans aujourd’hui encore.
Au terme de ce voyage dans le gotha, dont l’almanach
qui cessa d’être édité en 1944 renvoie à unmonde qui a
disparu et ne survit que minoritairement, le lecteur de-
vrait sans doute avoir apprécié cette immersion dans ces
temps révolus où le pouvoir était sacralisé et où les fa-
milles régnantes étaient encore préservées.
Au final, si elle n’est pas encore accomplie, il
semble bien que la prédiction du Roi Farouk
d’Egypte - faite à ses officiersmédusés, lors d’une
partie de cartesmémorable, dans un de ces soirs
d’Orient qui incitent au rêve et à la mélancolie -
soit proche d’être réalisée quand il leur déclara,
en hommage indirect à cet Empire sur lequel le
soleil ne se couchait jamais : « Messieurs, il n’y
aura bientôt plus que cinq Rois à travers le monde, le
Roi de cœur et de carreaux, ceux de Pique et de Trèfle
et bien sûr le Roi d’Angleterre ». �
dominique.ortiz@bcv.ch
DOMINIQUE ORTIZ
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JACQUES BAINVILLE, DANS SA MAGISTRALEHISTOIRE DE FRANCE QUI S’ACHÈVE AUXLENDEMAINS DE LA PREMIÈRE GUERRE
MONDIALE, RAPPELLE QUE, S’INCLINANTDEVANT LE TOMBEAU DE MAXIMILIEN ET DEMARIE DE BOURGOGNE À LA CRYPTE DESCAPUCINS À VIENNE, LOUIS XV AVAIT DIT À SASUITE, AVEC FATALISME ET PERSPICACITÉ :« TOUTES NOS GUERRES VIENNENT DE LÀ ».
Qui était le père de La Tosca ?
Giacomo Antonio Domenico Michele Secondo
Maria Puccini, plus simplement appelé Giacomo
Puccini, montra très jeune des dons pour la mu-
sique qu’il hérita de ses ancêtres, fiers de comp-
Les escapades culturelles de Kathereen Abhervé
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ch ter quatre générations de compositeurs et demaîtres de
chapelle. Giacomo senior, le chef de cette dynastie de
musiciens né en 1712, s’était établi à Lucques pour sa
longue tradition musicale. Son arrière-arrière petit fils,
Giacomo junior y vit le jour le 22 décembre 1858. Très
jeune, il perdit son père, Michele, importante person-
Balade au pays de
Giacomo PucciniLe pays de Giacomo Puccini, celui où il naquit et auquel il resta fidèle toute sa vie,se situe au nord-ouest de la Toscane, dans un triangle délimité par les blanches AlpesApuanes, les longues plages de sable blond de la Versilia au bord de la mer Ligureet la grande plaine de Lucques (Lucca). Au cœur de ces paysages variés s'étalent leseaux giboyeuses du lac de Massaciuccoli qui, malgré la présence d'un festival estivaldédié au maestro depuis les années 50, a conservé le caractère sauvage, la paixet la tranquillité qui avaient jadis attiré Puccini.
nalité musicale de la ville. Malgré une situation fami-
liale difficile, le jeune Giacomo entreprit des étudesmu-
sicales qui lui permirent, diplôme en poche, d’entrer au
Conservatoire de Milan. Après avoir composé avec suc-
cès plusieurs œuvres symphoniques, il choisit la voix
royale de l’opéra. Son premier ouvrage, Le Villi fit augu-
rer un très grand compositeur. Serait-il le successeur de
Verdi ? Il avait vingt-cinq ansmais il dut attendre encore
dix ans, avant que son troisième opéra, Manon Lescaut
(1893) ne remporte un véritable triomphe. Puis, avec ses
librettistes Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, il signa des
chefs-d’œuvre comme La Bohème (1896), La Tosca (1900)
etMadame Butterfly (1904) qui devinrent des succès pla-
nétaires. Malgré unmariage
malheureux entaché par le
suicide d’une servante qu’il
aurait séduite, Puccini
composa La Fanciulla del
West (1910). Suivirent La
Rondine (1917) et Il Tritico
(1918) constitué de trois opéras
en un acte : Il Tabarro, Suor Angelica
etGianni Schicchi. En novembre 1924, le
compositeurmourait à Bruxelles d’un cancer de la gorge
sans avoir achevé le duo final de Turandot, qui malgré
tout remporta une gloire posthume. Il fut le dernier mu-
sicien de la famille.
Des chefs-d’œuvre immortels
Depuis leur création, le succès de ses opéras, depuis
leur création, ne s’est jamais démenti et ces chefs-d’œu-
vre sont toujours plébiscités sur les plus grandes scènes
lyriques du monde. Cet engouement populaire vient
sans doute de l’intensité émotionnelle de ses mélodies
qui parlent au cœur des hommes et les touchent très
souvent jusqu’aux larmes. Par ailleurs, la tristesse qui
émane de samusique reflète le paradoxe de cet homme
qui, malgré sa passion pour les sports violents, la chasse
et son goût pour les femmes, était un être profondément
solitaire cachant une grande sensibilité.
Lucques, la ville natale de Puccini
Maintenant que vous connaissez un peu mieux le père
de La Tosca, partez à la découverte du berceau de sa fa-
mille et de la région où il a vécu toute sa vie en dehors
des nombreux voyages qu’il fit en Europe et aux États-
Unis à l’occasion de la création de ses opéras. De
Lucques, vous apercevrez tout d’abord, dépassant des
fortifications médiévales, les campaniles blancs ou
roses de ses nombreuses églises, la Tour de l’horloge
édifiée au XIVe siècle (Torre delle ore) et une très haute
tour de briques de style Renaissance (Torre Guinigi) cou-
ronnée de chênes verts. >
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Ci-dessus,à gauche :
Paysage de laVersilia.À droite :Maisonnatale deGiacomoPuccini àLucques.
© Photos Archivio Fotografico Provincia di Lucca
Peuplée aujourd’hui d’environ 85 000 habitants, la pai-
sible cité toscane n’oublie pas qu’un jour, elle fut la ca-
pitale de la principauté souveraine du duché de Lucques
dont elle a gardé un formidable héritage culturel vieux
de près d’un millénaire. Une promenade à l’intérieur de
son enceinte de briques (Mura di Lucca) percée de six
portes historiques, vous révèlera un patrimoine archi-
tectural riche d’une cathédrale romane dédiée à Saint-
Martin (Duomo di San Martino), bâtie entre les XIe et XVe
siècles, d’oratoires et d’églises aux belles façades de
marbre blanc et de marqueterie de pierre, de villas, de
palais et de places reliées par un lacis de rues étroites.
La fascinante Piazza dell’Anfiteatro, de forme elliptique,
ceinturée de petites boutiques et d’échoppes d’artisans,
vous rappellera que jadis les Romains y organisaient des
spectacles. La tradition perdure et chaque été des
concerts y sont programmés. Cette vaste place accueille
également de pittoresquesmarchés colorés et parfumés
dont le célèbre marché aux fleurs dédié le 27 avril à
Sainte Zita, patronne de la ville. Mais l’archange Saint
Michel veille également sur la cité et sa statue de 4 mè-
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© Photos Archivio Fotografico Provincia di Lucca
© Pho
otos Archivio Fotografico Provincia di Lucca
tres de haut déploie ses ailes protectrices au somment
de l’imposante façade de marbre blanc de l’église San
Michele in Foro. Si vous aimez les curiosités, outre l’ex-
traordinaire jardin à l’italienne du Palais Pfanner qui
vous fera penser au célèbre jardin Boboli du Palais Pitti
de Florence, n’oubliez pas de chercher, sur l’un des pi-
liers du portique de la façade de la cathédrale, le plus
petit labyrinthe d’église jamais gravé dans la pierre
(50 cm de diamètre).
Lucques, berceau d’une dynastie de musiciens
Cette balade dans Lucques, patrie de nombreux com-
positeurs comme Alfredo Catalani et Luigi Boccherini,
vous permettra de vous immerger dans l’enfance de Gia-
como Puccini qui, après son père Michele, son grand-
père Dominico, son arrière-grand-père Antonio
Benedetto Maria, fils de Giacomo, devint le cinquième
organiste de la famille. À l’époque de Puccini, les orgues
nemanquaient pas à Lucques qui comptait quatre-vingt
seize églises contre trente aujourd’hui. Le jeune musi-
cien fit ses premières armes sur celui, très modeste à
clavier unique, de l’église San Paolino e Donato.
Quelques années plus tard, ce lieu saint accueillit la
création de sa première Messe pour quatre voix et or-
chestre (Messa di Gloria) aux accents résolument pro-
fanes annonçant déjà le compositeur d’opéra qu’il allait
devenir. Ici à Lucques, chaque pierre a conservé sa mé-
moire comme la basilique Saint Jean (Batisttero dei Gio-
vanni e Reparata) où il fut baptisé, l’Instituto Musicale
Pacini où il étudia la musique conserve de nombreux
souvenirs. Ne manquez pas le ravissant petit théâtre à
l’italienne (Teatro del Giglio) qui, dès 1891, programma
régulièrement toutes sesœuvres. Mais le clou de ce pè-
lerinage est assurément sa maison natale sise Corte S.
Lorenzo, à l’angle de la place San Michele. Vous serez
touché par le trésor d’objets lui ayant appartenu comme
des livres, des lettres, une galerie de photos de sa fa-
mille, mais surtout par le piano Steinway sur lequel il
composa Turandot. À quelques pas de là, vous le re-
trouverez assis sur un piédestal de pierre, figé dans le
bronze dans une attitude pleine de calme et de gravité.
Entre ses doigts, une éternelle cigarette. Pour finir, que
diriez-vous d’un succulent capuccino au Caffè Di Simo,
via Fullingo, que Puccini et son ami d’enfance Alfredo
Caselli fréquentaient, entourés de camarades artistes et
poètes avec lesquels ils refaisaient le monde ? >
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 201291
1. Le piano de G. Puccini à Lucques.2. Vue aérienne de Lucques.
3. La cuisine rustique de la maison familiale de Celle.4. Labyrinthe sculpté de la cathédrale Saint Martin.
5. Jardin du palais Pfanner.6. Théâtre de Lucques (Teatro del Giglio).7. Reflet de l'archange Saint Michel
(église San Michele in Foro).
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8. Villa Puccini à Torre del Lago.9. Villa di Camigliano dans la plaine de Lucques.
Les vacances à Celle
Après avoir quitté Lucques, vous enjamberez quelques
collines dominant la mer Ligure, pour faire une halte
dans le petit village de Celle constitué d’une poignée de
maisons au crépi imparfait, blotties autour d’une an-
tique église blanchie à la chaux. L’une de ces vieilles de-
meures a appartenu à la famille du compositeur qui,
lorsqu’il était enfant, venait en compagnie de ses cou-
sins et ses huit frères et sœurs y passer les vacances
d’été. Plus tard, il y revint avec son beau-frère pour chas-
ser dans les bois environnants.
Aujourd’hui transformée enmusée (Museo Celle Puccini),
cette maison au confort sommaire où naquit Giacomo
senior en 1712, abrite de nombreux souvenirs et objets
de famille tels que deux pianos, des tableaux, des let-
tres, des portraits de ses aïeux musiciens, ainsi que le
petit lit et le fauteuil du compositeur enfant.
Un âme de bâtisseur
Outre sa passion pour la composition et pour la chasse,
Puccini aimait passionnément sa terre natale où il se fit
bâtisseur. Ses succès lui permirent de faire construire de
luxueuses villas. C’est ainsi qu’après le triomphe de ses
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suader d’abandonner cette demeure retirée qu’ils
croyaient peuplée de fantômes et de revenants...
La villa Puccini à Torre del lago
Gand chasseur de canards sauvages, sarcelles et faisans,
Giacomo Puccini habitait depuis 1891 dans le village de
pêcheurs de Torre del Lago, dans une modeste maison
où il composa la plus grande partie de Manon Lescaut
qui allait le mener vers la gloire. Après ce premier suc-
cès, il fit bâtir une somptueuse villa au bord de ce lac
sauvage dont seules quelques barques de pêcheurs dé-
chiraient les brumes matinales. Cette maison transfor-
mée en musée (Villa Puccini) abrite en sa chapelle les
restes du compositeur, de son épouse Elvira, de son fils
Antonio et de sa belle-fille. Dans cette maison qu’il ai-
mait pour sa proximité immédiate avec les eaux du lac,
il composa tous ses opéras à partir de La Bohème, à l’ex-
ception de Turandot. Les pièces du rez-de-chaussée ont
conservé leur ameublement d’origine et le piano sur le-
quel il composa Manon est toujours ouvert. Aux murs,
des dessins, peintures et photos du compositeur et ses
amis, de ses bateaux et de ses voitures. Dans un petit
salon, ses bottes, ses fusils et ses trophées de chasse il-
lustrent la passion pour ce sport qu’il pratiquait très fré-
quemment. Dans des vases, des
hortensias séchés proviennent du
beau jardin entourant la villa.
Au delà de la grille, le sculpteur russe
Paolo Troubetzkoy a saisi le composi-
teur dans le bronze, debout en par-
dessus, fumant une de ses
quatre-vingts cigarettes journalières,
le visage austère et le regard lointain.
Viareggio,la dernière demeure du maestro
Chassé par le bruit que produisait
l’extraction de la tourbe du lac et
peut-être par le scandale provoqué
par le suicide de sa servante, Puccini
quitta sa maison de Torre del Lago
pour celle, imposante, qu’il avait faite
construire dans les années 20 par l‘ar-
chitecte Pilotti à Viareggio, à
quelques mètres de la mer, au milieu
d’une pinède que vous trouverez à la
Via Buonarroti.
Cette magnifique et vaste demeure
dont la façade de briques rouges s’en-
richit d’une frise en bas-relief repré-
sentant des masques grecs anciens et
des lyres, était, paraît-il à l’époque de
Puccini, luxueusement meublée et
abritait trois pianos. Durant les trois
dernières années de sa vie, il s’atta-
cha énormément à ce petit palais où
il composa la plus grande partie de >
10. Maisonde GiacomoPuccini àViareggio.11. Plage dela Versilia.12. Caffè
Margherita àViareggio.13. Le portde Viareggio.
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 201293
opéras Manon Lescaut et La Bohème, il fit restaurer à
Chiatri, une ancienne demeure de briques rouges aux
fenêtres de style vénitien. Le panorama qui s’étend
jusqu’à la mer est exceptionnel. « Par temps clair, on peut
voir la Corse » écrivait-il à l’un de ses amis. Malgré la tran-
quillité et la sérénité qui émanaient de ce lieu isolé et
calme propice à la composition, Puccini qui habitait
également à Torre del Lago, a très peu séjourné dans
cette magnifique villa bâtie au cœur d’un parc planté de
grands arbres. Sa femme et son fils finirent par le per-
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Turandot, au point de ne plus vouloir s’en éloigner pour
quelque durée que ce fut. Cette maison reposant triste-
ment au fond d’un parc ombragé et sombre cerné de
grands immeubles, ne se visitant pas, vous vous rendrez
sur la promenade longeant la plage, pour y chercher la
magnifique façade Art déco du Caffè Margherita qui,
dans les années 1900, attirait les intellectuels et les ar-
tistes en villégiature. Puccini y avait fondé le « Club
Gianni Schicchi ». Le grand chef d’orchestre Toscanini
aimait y retrouver le compositeur. Ici l’ambiance n’a
guère changé. Instants suspendus !
Ne quittez pas Viareggio, l’une des stations balnéaires
les plus réputées d’Italie pour son carnaval, ses régates,
ses magnifiques hôtels, ses restaurants et... son célèbre
prix littéraire, sans avoir profité des plaisirs de la plage.
L’été venu, elle devient un immense champ de parasols
alignés comme des tournesols. Si vous souhaitez vous
protéger de l’ardeur du soleil, vous pourrez toujours en
louer un sous lequel la chaleur reste étouffante. Une
bonne affaire pour les vendeurs de glaces et de sodas
qui arpentent les plages brûlantes à longueur de jour-
née !
Le campane (les cloches) de Bargecchia
Votre pèlerinage Puccini s’achèvera au pied du campa-
nile de l’église romane de San Martino de Bargecchia,
petit village perché dans les collines à sept kilomètres à
l’est de Viareggio. Invité par ses amis, le compositeur se
rendait souvent en ce lieu fleurant bon les plantes aro-
matiques et offrant une vue imprenable sur la mer, la
côte de la Versilia et les Alpes Apuanes. Mais ce qui l’at-
tirait secrètement, c’était le magnifique concert des qua-
tre cloches de l’église du village reconstruite au XIXe
siècle sur des ruines romanes. La légende dit que la so-
norité exceptionnelle de ces cloches provenaient de l’or
et de l’argent que l’on versa dans le bronze en fusion lors
de leur fabrication en 1885. Sensible à leur polyphonie
considérée comme l’une des meilleures du monde, Gia-
como Puccini s’en inspira pour le carillonnement précé-
dant le duo de Scarpia et Tosca à la fin du premier acte
de La Tosca.
Selon la tradition qui se transmet de père en fils, ces
cloches se jouent toujours en tirant les cordes à la force
des bras. Cinq hommes sont nécessaires pour les ac-
tionner, dont deux uniquement pour la plus grosse qui
pèse plus d’une tonne ; les trois autres, quant à elles,
pesant tout de même entre 550 et 834 kilos. Durant la
Seconde Guerre mondiale, ces cloches si rares auraient
été coulées pour faire des canons, sans l’intervention ef-
ficace du prêtre de la petite église !
Durant toute sa vie, Puccini s’est nourri des sons de sa
terre natale dont il s’inspira pour colorer ses composi-
tions. Peut-être votre oreille avertie saura-t-elle déceler
dans ses œuvres, la musicalité des cloches de Bargec-
chia ou celle des orgues et des harmoniums qu’il avait
joués à Lucques dans sa jeunesse ?
La Versilia, entre mer et montagnes
Ce séjour estival, s’il vous permet
d’entrer dans l’intimité de Puc-
cini, saura également vous livrer
les secrets d’une région bénie des
dieux pour la douceur de son cli-
mat, la richesse de ses paysages
et ses spécialités culinaires. Dans
un rayon d’une trentaine de kilo-
mètres autour de Lucques, vous
passerez de sa grande plaine aux
longues plages de la Versilia, des
collines couvertes d’oliviers aux
coteaux plantés de vigne. En
poussant dans la Media Valle del
Serchio, renommée pour ses oli-
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14 et 15. Paysages d'oliviers de la Versilia.16. Pont du Diable à Borgo a Mozzano.
17. Village de Bagni di Lucca.18 et 19. Les Thermes de Bagni di Lucca.
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© Photos Archivio Fotografico Provincia di Lucca
viers centenaires, ses vins et sa cuisine traditionnelle,
vous pourrez profiter des bienfaits des célèbres bains
thermaux de Bagni di Lucca e dintorni très appréciés à
la fin du XIXe siècle pour la qualité de ses eaux et son en-
vironnement. Giacomo Puccini s’y rendait régulièrement
depuis sa jeunesse où il y avait été pianiste. Plus tard, il
y composa une partie de son opéra La Fanciulla del West.
Si vous préférez le calme et les charmes de la plaine de
Lucques à la cohue qui règne à Pise (Pisa) situé à peine
à vingt kilomètres, vous pourrez découvrir de magni-
fiques villas perdues au creux d’une campagne paisible.
Fermes, simples maisons de campagne ou véritables pa-
lais entourés de parcs et de jardins à la française, cer-
taines de ces quatre cents villas bâties aux XVIe et XVIIe
siècles par de riches marchands de Lucques, sont ou-
vertes au public comme les villas Oliva et Padina. La
Villa Reale à Marlia vous révélera l’un des plus beaux jar-
dins d’Italie. À la période du carnaval, quelques-unes
d’entre elles se parent de toutes les fééries et organisent
de grandes fêtes costumées.
Montagnes de glace ou de marbre
Mais si vous préférez longer la côte ligure entre la mer et
les contreforts des Alpes Apuanes, en direction de Pie-
trasanta (la petite Athènes), vous découvrirez d’étranges
glaciers.
Leur blancheur miroitant au soleil révèle de longues et
béantes écorchures taillées non pas dans la glace, mais
dans le marbre. Deux millénaires d’exploitation ont
transformé ces montagnes aux parois taillées comme
des escaliers de géants, en un gigantesque chantier.
Le marbre de Carrare, puisqu’il s’agit de cela, est re-
cherché depuis l’antiquité pour ses qualités statuaire et
décorative. Son aptitude à prendre un poli brillant était
très apprécié sous la Renaissance italienne. Michel-
Ange venait lui-même choisir les blocs qu’il destinait à
ses sculptures monumentales. La plupart des façades
des églises de Lucques et de Pise sont recouvertes de
ce précieux matériau travaillé parfois en alternance avec
des marbres de couleurs différentes permettant d’éton-
nantes marqueteries. Aujourd’hui le marbre blanc n’a
rien perdu de sa réputation et sert toujours pour la sta-
tuaire, la décoration, l’art funéraire et l’architecture. Les
trois millions de tonnes extraites annuellement sont ex-
pédiées dans tous les pays du monde. � >FRANCE MAGAZINE N°37
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18 19 © Photos Archivio Fotografico Provincia di Lucca
>
Le rêve d’un compositeur
Selon le souhait que le compositeur formula quelque
temps avant de mourir, une petite scène sur pilotis édi-
fiée sur le lac, face à sa belle demeure, accueillit le 24
août 1930, une représentation de La Bohème. Son ami
Pietro Mascagni était au pupitre.
Ce n’est qu’en 1955 que commença véritablement la
grande aventure festivalière qui attira rapidement tous
les inconditionnels de Puccini et ceux que cette scène
lacustre intriguait. Le succès fut tel qu’en 1966, un nou-
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 96
Le Festival Puccinide Torre del Lago
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Il est des lieux dont la simple évocation fait surgir degrandes figures de musiciens qui leur sont intimementliés par la naissance ou par l’œuvre qu’ils y ont créée.Or, si Pesaro évoque le souvenir de Rossini, Salzbourgcelui de Mozart et Bayreuth le génie de RichardWagner, le petit village toscan de Torre del Lago, bâtiau bord du lac de Massaciuccoli, est, quant à lui,intimement lié au compositeur italien Giacomo Pucciniqui rêvait d’y créer, à l’extrémité de son jardin, unthéâtre lacustre pour y faire jouer ses œuvres. Sonrêve est devenu réalité et Torre del Lago s’apprête àaccueillir du 20 juillet au 25 août prochain, la58e édition du Festival Puccini.
Les escapades culturelles de Kathereen Abhervé
20 21
22© Photo : Fondazione Festival Pucciniano
veau théâtre en plein air pouvant accueillir plus de 3 000
spectateurs remplaça la scène sur pilotis. Puis durant
l’été 2005, les mélomanes purent découvrir le théâtre
complètement métamorphosé : une technologie de
pointe pour la scène facilitant l’alternance des specta-
cles, un accueil du public amélioré par la réalisation
d’un parc embelli de sculptures commandées chaque
année par le festival. Ce musée en plein air sera honoré
cet été par le sculpteur japonais Kan Yasuda. Malgré les
nombreux aménagements réalisés, les gradins ne peu-
vent recevoir que 3 370 spectateurs, ceci afin de rester
Office de tourisme de Luccawww.luccaturismo.it • Tél. +39 0583 919931
Office de tourisme de la Versiliawww.versilia.turismo.toscana.it • ++49 0584 4962233
Festival Puccini Torre del Lagowww.puccinifestival.itBilletterie : +39 0584 353304 - 359322
Renseignements
dans les limites d’accueil de la petite ville de Torre del
Lago et ainsi préserver l’esprit des lieux. Lorsque Puccini
s’enticha de ce coin de paradis, il n’y avait qu’une dou-
zaine de maisons de pêcheurs. Un siècle plus tard, le lac
qui sert de toile de fond aux spectacles a conservé son
caractère sauvage. Il fait d’ailleurs partie du Parc naturel
de Migliarino-San Rosore-Massacuoccoli qui abrite
daims, sangliers et près de 200 espèces d’oiseaux. Vous
constaterez qu’ici, le temps semble s’être arrêté au-des-
sus du lac dont les rives ourlées d’un délicat feston de
joncs et d’herbes folles dans un beau désordre roman-
tique, appellent à la rêverie. Quelques barques, parfois,
rident la surface de ses eaux lisses comme du marbre
d’où s’élève souvent une brume légère qui, comme un
tulle, tamise les collines environnantes.
Le 58e Festival Puccini
Pour sa 58e édition dédiée en partie aux femmes sacri-
fiées, le Festival Puccini fait une infidélité au composi-
teur en invitant un opéra de Verdi. Ainsi La Traviata (28
juillet, 4, 11 et 18 août) prendra place aux côtés de La
Tosca (les 20 juillet, 3, 16 et 25 août), Madama Butterfly
(21, 27 juillet, 10 et 17 août) et La Bohème (9, 10 et 24
août). Exceptée cette œuvre signée par le metteur en
scène Maurizio Di Mattia et le scénographe Maurizio Va-
ramo, les trois autres ouvrages seront le résultat de co-
productions engageant des scènes locales, européennes
et... japonaises commeMadama Butterfly qui arrivera du
NPO de Tokyo. La soprano dramatique italienne Donata
D’annunzio Lombardi interprètera Cio Cio San, tandis
que Silvana Froli dans le rôle de Tosca donnera la ré-
plique au ténor chinois Warren Mok.
Vous aurez remarqué que cet été, le festival, en pro-
grammant quelques-uns des plus “grands tubes” de l’art
lyrique, n’a pris aucun risques. Alors n’attendez pas trop
longtemps pour réserver vos places. �
20. La statue de Puccinià Torre del Lago.
21. Le lac de Massaciuccoli.22. Donata D'AnnuzioLombardi (Cio Cio San)
Fondazione Festival Pucciniano.23. Le théâtre en plein air de
Torre del Lago.
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 201297
KATHEREEN ABHERVÉ
k.abherve@geneveopera.ch
[23
© Photo : Fondazione Festival Pucciniano
© Photo : Fondazione Festival Pucciniano
Pendant cinq siècles, Menton a été la propriété des
princes de Monaco. Les habitants vivaient alors
de la pêche et de l'agriculture, se spécialisant dans
les agrumes, le jasmin, les oliviers. Proclamée ville libre
sous protection sarde, en 1848, Menton choisira son rat-
tachement à la France en 1860. Charles III de Monaco
abandonne ses droits sur la ville à l'empereur
Napoléon III. Menton est alors rattachée au départe-
ment des Alpes-Maritimes.
Les Hivernants de la Belle Époque
En 1859, le médecin anglais Henry Bennett, malade des
poumons, décida de s’installer à Menton où son état de
santé s’améliora considérablement. Deux ans plus tard,
complètement guéri, il installa un cabinet médical dans
la ville (l’écrivain Robert Louis Stevenson fut l’un de ses
patients) et écrivit des ouvrages sur le climat méditerra-
néen, forgeant une belle réputation à Menton.
Le développement de la ville doit beaucoup aux Britan-
niques qui ont contribué à la naissance d’un tourisme
hivernal (de novembre à mai) et très aristocratique. 80%
des hivernants étaient sujets de sa Majesté britannique.
Durant les hivers de la Belle Époque, têtes couronnées,
riches Européens, phtisiques se côtoient dans les pa-
laces et villas de luxe. Menton devient une station cli-
matique appréciée des touristes anglais et de la
noblesse russe. L'impératrice Eugénie, le roi Albert 1er
de Belgique, Alexandre de Russie, la reine Victoria d'An-
gleterre, Auguste Rodin, Franz Liszt, Charles Gounod y
viennent en villégiature. Les hôteliers organisent des ba-
tailles de fleurs… C'est au géographe Elisée Reclus que
Menton doit son appellation de « Perle de la France ».
En 14-18, hôtels et palaces se transforment en hôpitaux.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la ville est an-
nexée par les Italiens puis par les Allemands. Elle sera
libérée le 8 septembre 1944.
Le cœur historique de la cité
Le vieux Menton forme un labyrinthe dont les ruelles
étroites dévalent la colline pour rejoindre le quartier du
vieux port. Il est dominé par le Cimetière du Vieux-Châ-
teau, dernière demeure de nombreux aristocrates russes
et britanniques dont l’inventeur du rugby, William Webb
Ellis. Avec sa façade, son clocher, son parvis formé d’une
mosaïque de 250 000 galets, la Basilique Saint-Michel
Archange est un joyau de l'art baroque qui accueille
chaque année, en août, le magnifique Festival de Mu-
sique de Menton.
Autre monument historique, le monastère de l'Annon-
ciade, à 230 mètres au-dessus de la mer, d’où l’on dé-
couvre un magnifique panorama sur la baie de Menton,
le Cap Martin, Castellar, St-Agnès...
Dans la lumière de la Côte d’Azur
perle rare dans unécrin couleur citron
MentonEntre Monaco et l'Italie, la jolie ville de Mentonbénéficie d'un microclimat à tendancesubtropicale. L'ensoleillement y est de 316 jourspar an et la végétation - palmiers, citronniers,orangers, jasmin - traduit cette douceur touteméditerranéenne.
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Paradis des botanistes
Au cours du XIXe siècle, des botanistes ont introduit à
Menton des espèces tropicales qui se sont magnifique-
ment acclimatées dans des jardins d'exception :
Villa Maria Serena dont l’architecture est attribuée à
Charles Garnier. Réputé pour être le plus tempéré de
France, le jardin abrite plusieurs raretés, dont un des
trois Draceana drago d'Europe vivant en plein air.
La Serre de la Madone renferme une riche collection d’es-
sences rares, rapportées d’Asie. Fontana Rosa, aux dé-
cors de céramique rappelant l'atmosphère des jardins
andalous, est l’œuvre du romancier espa-
gnol Vicente Blasco-Ibañez.
Le Jardin botanique exotique du Val Rah-
meh, créé par des Anglais passionnés de
botanique, rassemble une collection de
plus de 700 espèces tropicales et subtro-
picales. On y trouve le seul exemplaire du
Sophora toromiro, l'arbre mythique de
l'île de Pâques, qui pousse en pleine terre.
Le Palais Carnolès : Jardin d'agrumes et Po-
tager des Princes : la plus importante col-
lection d'agrumes en Europe, 100 variétés
différentes pour 340 arbres !
La Citronneraie, composée d'oliviers, ci-
tronniers, orangers, pamplemoussiers,
kumquatiers, mandariniers, clémentiniers,
pomelos, cédratiers, bigaradiers, et le fameux cédrat
“main de Bouddha”. Le Clos du Peyronnet s’enorgueillit
d’un escalier d'eau constitué de bassins successifs, dont
la dernière marche est... la Méditerranée. Superbe pa-
norama sur la vieille ville et la baie de Garavan, depuis
Le Jardin des Colombières, classé monument historique.
Charme rétro et douceur de vivre
Menton est une destination de plus en plus prisée par
une clientèle internationale. Les Japonais, en particu-
lier, pour lesquels confirmer leurs noces dans la Salle
des mariages décorée par Jean Cocteau,
est devenu le “must” !
La ville est riche en joyaux architectu-
raux du début du siècle : demeures cos-
sues ; hôtels 2 et 3 étoiles aux noms à
consonance anglaise, Prince de Galles
d’où la vue sur Menton est magnifique,
Royal Wesminster, Claridge's; palaces
pour la plupart transformés en apparte-
ments privés ou locatifs ; sans oublier
le kiosque à musique, l'église orthodoxe
édifiée en 1892, avec des fonds prove-
nant de riches familles russes, le Palais
Carnolès, jadis propriété d'un riche
américain, le Casino Kursaal - actuel Pa-
lais de l'Europe qui accueille colloques,
© Françoyse Krier
© Françoyse Krier
La basiliqueSaint-Michel,joyau de l'artbaroque du
paysmentonnaisoù poussentoranges etcitrons,symbolesde la ville.
100FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
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Dans la lumière de la Côte d’Azur
séminaires, soirées de gala… Quel plaisir de flâner dans
les rues bordées d’orangers et de citronniers dont les
fleurs embaument l’air, profiter de la belle plage des Sa-
blettes, s’arrêter au marché pour déguster une pichade
ou une fougasse mentonnaise en savourant l’accent qui
s’y promène, boire une citronnade sous les platanes…
Car ici, le citron est roi, et on fête dignement chaque
année, à la fin de l’hiver, cet emblème de Menton, capi-
tale Française de l'Orange et du Citron non Traités !
Pour encourager le développement de sa production,
plus de 5 000 arbres ont été plantés dans les années 90
et une quinzaine d’agrumiculteurs installés dans la ré-
gion produisent chaque année environ 150 tonnes de ce
fruit d’or, riche en acides et en essences.
Bâtie à flan de montagne, la ville ocre et rose semble
descendre à pic pour s’enfoncer dans les eaux bleues de
la Méditerranée. Et la beauté touche au sublime lorsqu’à
la nuit tombée, la baie de Menton s’illumine, faisant mi-
roiter la mer de mille reflets… �
FRANÇOYSE KRIERwww.tourisme-menton.fr
Le marché couvert.
Plantestropicales etsubtropicalesà la villaMariaSerena,construitepar CharlesGarnier.
© Photos Françoyse Krier
101 FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
Musée Cocteaunouveau lieu de vie au cœur deMenton« Menton, c’est le luxe et la simplicité », disait JeanCocteau. Posé face à la mer en plein centre ville, leMusée Jean Cocteau Collection Séverin Wunderman,inauguré en novembre 2011, rend hommage à sonœuvre. Le poète aurait apprécié.
Jean Cocteau (né en 1889 et mort en 1963) aimait bien
Menton. Ce poète avant tout, mais aussi romancier,
auteur de théâtre, dessinateur, était très attaché à
cette région et avait réalisé des affiches pour le Festival
de musique.
« Je suis un poète qui dessine » (Jean Cocteau)
Jean Cocteau séjournait souvent à Saint-Jean Cap-Fer-
rat, chez son amie Francine Weissweiller. Il aura un véri-
table coup de coeur en découvrant Menton, en été 1955,
et le poète y séjournera régulièrement. En 1956, Francis
Palmero, maire de Menton, lui demande de décorer la
Salle des Mariages de l’Hôtel de Ville. Durant deux ans,
l’artiste se consacrera à ce décor grandiose. Tout a été
conçu par la main du maître : peintures murales, portes
peintes façon bois d’ébène, tapis style léopard, candé-
labres en forme de feuilles de figuiers de barbarie, co-
lonnes semblant sorties d’un temple crétois, sièges et
rideaux grenat, sans oublier le profil de Marianne gravé
sur les miroirs de l'entrée et se reflétant à l’infini. Au
fond de la salle, faisant face aux mariés, les portraits des
amoureux éternels sont tracés dans un méandre de
lignes - « art de l’écriture déliée jusqu’à devenir dessin » ex-
pliquait l’artiste. Elle, coiffée de la capeline menton-
naise, lui, du bonnet de pêcheur méditerranéen. Au fond
du panneau, le bleu et le blanc, couleurs mariales de
Menton, et les éclats jaunes et orangé du soleil. Sur les
murs et au plafond, sont représentées les légendes d’Or-
phée et Eurydice, Cupidon, Pégase et autres histoires
allégoriques…
L’ensemble fut bien accueilli par la population menton-
naise et donna un nouvel essor à la ville. On demanda
à Jean Cocteau d’être le témoin au premier mariage
ayant lieu dans « sa » salle. En 1958, Jean Cocteau fut
nommé citoyen d’honneur de la ville de Menton.
Le Bastion, premier musée Jean-Cocteau à Menton
Lors d’une de ses promenades, Jean Cocteau découvrit
le Bastion, fortin abandonné datant du XVIIe siècle, en
bord de mer. Il le fit restaurer et transformer en petit
musée abritant une partie de ses œuvres méditerra-
néennes datant de la période de 1950 à 1963. L’artiste
apporta sa touche personnelle en l'ornant de calades
- mosaïques de galets - décorant le sol, et de vitrines en
fer forgé qui conservent précieusement ses céramiques.
Ce musée du Bastion ouvrira ses portes en 1966, trois
ans après sa mort.
Un lien entre Menton et la mer
Alors âgé de 19 ans, Séverin Wunderman, mécène et phi-
lanthrope juif d'origine belge, rencontre le poète et s'en- >
©Vi
llede
Men
ton
tiche de son oeuvre. Il s'offre un premier dessin, portrait
de Dargelos, héros des « Enfants Terribles », part faire
fortune dans l'horlogerie aux Etats-Unis. Au fil des an-
nées, il enrichira sa collection et fondera en 1985 à Ir-
vine (Californie) un musée dédié à Jean Cocteau. Son
souhait le plus cher est de faire venir en France une
grande partie de sa collection. Il choisit Menton et fait
affaire avec le député-maire, Jean-Claude Guibal : sa col-
lection en contrepartie de la construction d’un musée.
1 800 œuvres, dont 990 de l'artiste, seront ainsi ache-
minées depuis leur dépôt aux États-Unis, vers la France.
Face au rivage, presque les pieds dans l'eau, le bâtiment
conçu par Rudy Ricciotti accueille, sur 2 700 m2, l’en-
semble des œuvres issues de la donation Séverin Wun-
derman. L’architecture du musée en béton blanc étalée
Dans la lumière de la Côte d’Azur
102FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
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À l’intérieur dumusée Jean Cocteau
1 - Le Jeune Aviateur (Roland Garros), 1915.2 - Opium, St-Cloud, 1929.
3 - Dargelos, les Enfants Terribles, 1935.4 - Portrait de Picasso, 1917.
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© Keystone France
© Ville de Menton
Mosaïque de galets, réaliséepar Jean Cocteau au Bastion,
sur le port de Menton
103 FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
en de multiples tentacules, épouse la forme du terrain.
La hauteur de l’édifice ne devait pas cacher le joli clo-
cheton-belvédère du marché couvert centenaire. Sur le
parvis, une grande calade en forme de lézard, animal af-
fectionné par Cocteau et qui symbolise la « belle pa-
resse méditerranéenne ». En bas de la port, une
inscription invite les visiteurs à entrer, précisant qu'il est
inutile de frapper.
Portraits et témoignages des amis artistes
La donation de Séverin Wunderman comprend toutes les
périodes traversées par Jean Cocteau, depuis les pre-
miers autoportraits des années 1910 jusqu’à la période
méditerranéenne de la fin de sa vie, peu connue du grand
public : tableaux, dessins, céramiques, tapisseries, bi-
joux, photographies, documents sonores, extraits de
films. Mais également 450 œuvres de grands maîtres de
l’art moderne, ayant fait partie de l’entourage du poète,
élu à l’Académie Française en octobre 1955 et comman-
deur de la Légion d'honneur en 1961 : Picasso qui en-
couragea Cocteau à publier ses dessins, Modigliani, De
Chirico, Miro, Foujita… ainsi qu’un fonds exceptionnel
de 360 œuvres liées à Sarah Bernhardt, premier « mons-
tre sacré » de Jean Cocteau. La projection d’extraits de
films dont La Belle et la Bête qui révéla son jeune compa-
gnon, Jean Marais, permet de découvrir l’homme de
spectacle mué en cinéaste et décorateur.
Muséographie au fil de la vie de Jean Cocteau
Le parcours de visite retrace, en sept séquences, les
grandes étapes et rencontres de la vie et de l’œuvre de
Jean Cocteau :
Section 1 : Le théâtre de la chambre - jeunesse de Jean
Cocteau, milieu dans lequel il forme sa sensibilité artis-
tique. Ses deux figures mythiques : Sarah Bernhardt et
Nijinsky.
Section 2 : L'Imposteur - expérience de la Première
Guerre mondiale. Création d’oeuvres majeures telles
que Le Potomak ou Thomas l’Imposteur.
Section 3 : Parades - période créative : Cocteau se lance,
avec Diaghilev et Satie, dans une aventure chorégra-
phique et musicale. Rencontre avec
Raymond Radiguet.
Section 4 : Jean l'Oiseleur - très af-
fecté par la mort de son ami Raymond
Radiguet, Jean Cocteau crée un uni-
vers poétique et tortueux. La consom-
mation d’opium « cet
empoisonnement exquis » le ratta-
chait à la réalité et a donné naissance
aux dessins révélateurs de son mal-
être intérieur perceptibles dans les al-
bums Maison de Santé et Opium. Dans
ses dessins, ses veines sont transfor-
mées en pipes à opium.
Section 5 : Le sang du poète - Jean
Cocteau réalise son premier moyen
métrage. Naissance des Enfants Terri-
bles et de La Machine Infernale.
Section 6 : Mystères - œuvres du len-
demain de la Seconde Guerre mon-
diale, dont les fameuses productions
cinématographiques La Belle et la Bête
et Orphée..
Section 7 : Testaments - travail méditerranéen de l'ar-
tiste, œuvres visuelles au tracé vigoureux, avec irruption
de pigments colorés.
« Il faut être un homme vivant et un artiste posthume »(Jean Cocteau, 1926)
Une donation récente a permis de mettre en valeur 240
photographies originales de Lucien Clergue qui ren-
contra Jean Cocteau en 1956 et fit les photos du tour-
nage lors du dernier long-métrage de l’artiste, le
« Testament d'Orphée », en 1959.
Riche de plus de 2 000 oeuvres dont presque 1200 si-
gnées de Jean Cocteau, le musée représente la plus im-
portante collection publique sur cet artiste dans le
monde. Chaque année, un accrochage renouvelé consti-
tué de 150 à 200 œuvres permettra de se rendre compte
du génie et de la densité de l’œuvre de « l'enfant terri-
ble des arts et poète multirécidiviste ». �
Musée Jean-Cocteau - collection Séverin Wunderman2, quai de Monléon - F - 06500 Mentonwww.tourisme-menton.fr/Musee-Jean-Cocteau-Collectionwww.cotedazur-tourisme.com
Renseignements
La salle desmariages del'Hôtel de
ville, décoréepar JeanCocteau.
© Office de Tourisme de la ville de Menton
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Dans la lumière de la Côte d’Azur
Entre Grasse et le parfum existe une véritable histoire d’amour. Lespremières distilleries de fleurs y ont vu le jour au XVIe siècle. ClasséVille d’art et d’histoire par le Ministère de la Culture, ce lieu privilégié
allie beauté du site et intérêt culturel.
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 104
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Des fleurs et des parfums...Grasse
© Françoyse Krier
Grasse, entre Méditerranée et Alpes du Sud, au cli-
mat doux et ensoleillé, a développé la culture
des fleurs - rose, jasmin et tubéreuse - pour ré-
pondre à la demande des parfumeurs. Ville industrielle
aussi qui annonce un chiffre d’affaires de 556 millions
d’euros pour 3 000 employés, soit 48% du chiffre d’af-
faires national. Trente usines de parfum et d’aromatique
envoient leurs productions dans le monde entier.
La capitale des Parfums accueille chaque année un mil-
lion et demi de visiteurs qui flânent dans le lacis des
ruelles étroites et pittoresques du centre historique. Et
qui se laissent guider au Musée international de la Par-
fumerie (MIP) et dans les trois parfumeries ouvertes au
public où la technique de fabrication du parfum leur est
enseignée : Galimard, Fragonard, Molinard. La cathé-
drale, au style roman à l’extérieur et gothique à l’inté-
rieur, abrite une belle collection de tableaux de
Fragonard, Rubens et Louis Bréa. À la Villa-Musée Fra-
gonard, sont accrochés des originaux et des reproduc-
tions du peintre Jean-Honoré Fragonard, un des plus
fameux maîtres du XVIIIe siècle, célèbre enfant du pays.
Autrefois, les tanneurs étalaient leurs peaux sur la Place
aux Aires, agrémentées d’arcades.
En mai, 50 000 roses sont présentées à Expo Rose et
pendant quatre jours, le cœur de ville bat au rythme de
la reine des fleurs. En août, on célèbre le Jasmin avec
corso fleuri et bataille de fleurs.
Savoir-faire grassois unanimement reconnu
Connue au Moyen-Age pour son artisanat de tannerie, la
ville évoluera vers celui des gantiers-parfumeurs qui se
consacrent au parfum. À la Renaissance, la mode des
gants parfumés est lancée : les tanneurs grassois parfu-
ment donc cuirs, sacs, éventails et ceintures avec des
graisses et huiles odoriférantes, pour leurs nobles
clients. En 1614, le Roi crée le titre de « Maître Gantier-
Parfumeur ». Les paysans de la région cultivent la Ja-
cinthe, la Rose Centifolia appelée Rose de Mai, le Jasmin
et la Tubéreuse, dans leurs champs idéalement situés
entre mer et montagne. Dès 1825, les conditionnements
des parfums et autres produits dérivés (poudres, savons)
sont fabriqués industriellement et des précurseurs,
comme Antoine Chiris, fondent les premières parfume-
ries de Grasse.
En 1806, Jean Marie Joseph Farina crée pour Napoléon
un flacon en forme de rouleau pour qu’il puisse le glis-
ser dans ses bottes. L’empereur sera toujours fidèle à
l’Eau de Cologne. Il en utilisait 40 litres par mois. La
maison Farina fut reprise en 1862 par Armand Roger et
Charles Gallet sous le nom de « Roger & Gallet ». La
maison Guerlain sera le fournisseur de Napoléon III.
Les huiles essentielles contenues dans les pétales de
fleurs, dans les feuilles, les tiges, les boutons, les ra-
cines, les graines, les fruits, le bois, l’écorce donnent aux
fleurs et aux fruits leur parfum, aux épices et aux herbes
leur senteur et leur saveur spécifiques. Toutes les
plantes ne contiennent pas des huiles essentielles à pro-
fusion, raison pour laquelle il faut, par exemple, une >
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012105
La statue dupeintre
Jean-HonoréFragonard, né àGrasse, devantle Musée de laParfumerie oùDominique,guide
conférencier,connaît toutesles plantes àl'origine desparfums.
© Françoyse Krier
sations : les rituels égyptiens, les fards grecs, les flacons
de verre romains, les pots pourris du Moyen-Âge entre
autres, et aborde également le parfum contemporain.
De nombreux collectionneurs privés firent don de leurs
importantes collections (étiquettes, flacons) au musée
créé en 1918 par François Carnot - lequel avait présenté
le parfumeur François Coty au verrier René Lalique.
Agrandi et inauguré en 1989, année
du bicentenaire de la parfumerie
française, il sera rénové en 2008. Sur
les 50 000 objets relevant des arts
décoratifs, de la botanique, de l’in-
dustrie, de l’ethnographie de la so-
ciologie, 3 000 seulement sont
présentés.
Souvenir précieux et
émouvant : le très
beau nécessaire de
voyage de la
reine Marie-
Antoinette
qui a ac-
compa-
tonne de pétales de roses pour produire 300 grammes
d’essence de rose. Le Parfumeur-Créateur doit donc jon-
gler avec des essences, concrètes et absolues d’origine
naturelle obtenues à partir d’environ 400 végétaux et de
5 matières animales ; des essences d’origine synthé-
tique (environ 4 000), obtenues chimiquement. Desmil-
liards de combinaisons possibles parmi lesquelles
quelques-unes seulement deviendront
de grands succès !
Le “Nez”, les fragrances
Le Parfumeur-Créateur - appelé plus fa-
milièrement “nez” - est capable de re-
connaître environ 3 000 odeurs. Son art
consiste à les associer de façon harmo-
nieuse. Installé face aux ta-
blettes de l’orgue à
parfums où sont
rangées des
centaines
de petites
fioles aux
contenus
différents,
il note la liste des matières pre-
mières qui lui semblent convenir,
les proportions de chacun des
composants et un nombre repré-
sentant son poids en centi-
grammes. L’addition doit totaliser
mille centigrammes, soit dix
grammes. À l’aide de mouillettes,
il peaufine chaque étape de sa
composition, additionnant, sous-
trayant… La création d’un parfum
demande des mois, voire des an-
nées de recherche. Trois étapes
principales sont indispensables: la
création olfactive (fragrance), la
création plastique (flacon et em-
ballage) et la création concep-
tuelle (nom et publicité).
Le parfumeur travaille dans le se-
cret. Sa formule n’est connue que
de lui et de la société pour laquelle
il travaille. Seules trois grandes maisons de parfum ont
leur propre Parfumeur-Créateur : Chanel, Guerlain et
Patou. Chanel et Dior sont deux des rares sociétés de
parfum à entretenir et produire de la fleur à Grasse (rose
de mai et jasmin). Les plus grandes sociétés de parfu-
meurs sont aujourd’hui basées en Suisse - Firmenich,
Gévaudan - ou aux USA.
Le MIP labellisé Musée de France
Un tel musée ne pouvait trouver sa place qu’à Grasse !
Le MIP - Musée International de la Parfumerie - retrace
4 000 ans d’histoire de la parfumerie, à travers les civili-
>
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 106
www.exp
atria-cum-patria.ch
Dans la lumière de la Côte d’Azur
Céline dansl'atelier detarinologie deMolinard :orgue àparfumsancien,essencesdiverses,
mouillettes...
Le nécessairede voyage deMarie-An-toinette avectiroirs secretset objetsprécieux.
©Muséesde
Grasse,C.
Barbiero
gné la reine lors du dernier trajet de la famille
royale interrompu à Varennes.
Situés au pied de la cité aromatique, les jar-
dins botaniques du MIP, cadre unique dans lequel on
découvre ces espèces qui fournissent les précieusesma-
tières premières de la parfumerie. Promenade délicieuse
dans le monde des plantes odorantes, avec, flottant
dans l’air, de doux effluves que distillent les champs de
roses de mai, jasmin, violettes, tubéreuses, géraniums,
orangers, lavande …
Vertes étapes, leçons de saveurs
Côté gastronomie, Grasse n’est pas en reste, loin de là !
Les bonnes tables ne manquent pas dans la région. La
Bastide Saint-Antoine à Grasse, a reçu le 2e prix des
« Trophées 2011 de la clientèle des hôtels 4 et 5 étoiles
français ». Acteur majeur en matière de l’éducation aux
sciences du goût et des saveurs, son chef Jacques Chi-
bois ouvrira en septembre une École du Goût afin de
mieux faire comprendre les mécanismes sensoriels et
les transformations gustatives des ingrédients alimen-
taires. Cette école s’adressera aussi bien aux étudiants
qu’aux professionnels (métiers de bouche, industrie
agro-alimentaire) et aux personnes désireuses de dé-
couvrir le patrimoine culinaire français.
À quelques kilomètres de Grasse, Le Rouret. Dans ce
charmant village, l’Hôtel du Clos���, demeure de
charme et de naturel, est une occasion unique de vivre
l'esprit de la Provence, dans deux bastides restaurées
du 19e siècle. Les 11 chambres sont toutes différentes :
style néo provençal ; convivial-chic; design, à la literie
aux couleurs “flashy”… Dans le parc de 5 000 m² planté
d'oliviers et d’arbres fruitiers, piscine et jeux de boule.
Au restaurant Le Clos Saint Pierre, décoré d’une étoile
au Guide Michelin en 2003, tous les sens sont à la fête.
Daniel Ettlinger, Chef de Cuisine inventif et propriétaire,
préconise l’authenticité et la simplicité : bonne table,
raffinée, mais dans l’esprit d’une Auberge de Campagne.
Le menu change chaque jour, en fonction des produits
frais du marché et de la saison. La pêche est exclusive-
ment du pays, y compris la langouste. En cas de temps
maussade, si les bateaux ne sortent pas, le poisson ne
figurera pas au menu. Son épouse Catherine, diplômée
d’études supérieures en Hôtellerie & Restauration de
Lausanne, fait valoir ses talents
conjugués d’hôtesse souriante,
d’aide au chef, et d’artisane
bienheureuse du décor. Une
adresse que l’on aimerait
presque garder pour soi…�
www.cotedazur-tourisme.comwww.museesdegrasse.comwww.grasse.frwww.hotel-du-clos.com
© OT Grasse
Photos Françoyse Krier
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012107
Le Rouret, Hôtel du Clos��� :une chambre "flashy" dans
un hôtel de charme
FRANÇOYSE KRIER
francoyse.krier@bluewin.ch
Les débuts sont difficiles et ce n’est qu’à partir de 1830
que la consommation d’absinthe va réellement prendre
son essor, grâce à l’appui, involontaire, des troupes co-
loniales françaises ; ces soldats utilisent en effet l’ab-
sinthe pour purifier l’eau. De retour en France,
victorieux, ils vont conserver leurs habitudes de
consommation en dégustant leur absinthe dans les
Extrait du message de la Route de l’Absinthede Pierre-André Delachaux
Je cite : « Voyageur assoiffé, épicurien ou simplement cu-
rieux, amateur de belles histoires, friand d’interdit, de trans-
gression, vous qui savourez avec gourmandise l’esprit de
fronde, de résistance à l’ordre établi, venez arpenter cette route
de l’absinthe. Elle vous fera cheminer de Noiraigue dans
le Val de Travers et berceau de la fée verte jusqu’à Pon-
tarlier, la capitale mondiale de l’absinthe… Vous voya-
gerez en compagnie de poètes et d’artistes ; vous côtoierez
Verlaine et Rimbaud, Manet et Van Gogh, le Picasso
des années bleues.... Aujourd’hui le temps est venu de
vous livrer sans crainte aux effluves d’un breuvage fée-
rique. »
Absinthe histoire Franco-Suisse
Variété d’armoise, l’Absinthe est une plante vivace, for-
tement aromatique qui pousse dans toute l’Europe
jusqu’à une altitude de 2 000 mètres. Néanmoins, il est
établi que les plantes du Jura franco-suisse dégagent des
senteurs incomparables et bien supérieures à celles
d’autres régions. Ses vertus médicinales et thérapeu-
tiques liées aux troubles digestifs sont reconnues dès
l’antiquité.
À la fin du XVIIIe siècle, en Suisse, dans le Val-de-
Travers, l’absinthe, mélangée avec d’autres plantes telles
que l’hysope, la mélisse, l’anis vert et le fenouil, devient
une boisson macérée ou distillée. Puis, confrontés à un
problème de forte taxation douanière à l’exportation, les
distillateurs suisses décident de s’installer à Pontarlier,
capitale voisine du Haut-Doubs, située à 837 mètres
d’altitude.
L’absinthene sera pas absente de sa route
Carte Route de l’absinthe.
Carte desituation dela Route del’absinthe.
Affiches del’absinthe
Pernod suisseet de laRoute del’absintheFleurierPontarlier.
Champ de Grande absinthe.
Écho d’Absinthe
108FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
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atria-cum-patria.ch
109 FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
cafés des
grands boule-
vards parisiens
et les bistrots des villes de garnison.
L’absinthe s’invite dès lors à toutes les tables à l’heure
de l’apéritif. Le pic de consommation se situe vers 1900
avec, à Pontarlier, 25 distilleries, 111 bistrots, cafés et
bois-debout et quelques 15 millions de litres produits
dont 7 uniquement par la Distillerie Pernod. L’heure
verte sonne aussi dans les milieux artistiques et litté-
raires. C’est l’époque des cabarets, duMoulin Rouge, du
Chat Noir, du Mirliton d’Aristide Bruand, c’est l’âge d’or
du french-cancan, le règne de la Goulue, de Jane Avril,
Yvette Guilbert, Lucien Guitry... toute une époque !
Malheureusement, la dérive de consommation plus
communément appelée « l’absinthisme », la virulence
des ligues antialcoolique, le corps scientifique, le lobby
viticole et le monde politique auront raison de l’ab-
sinthe à l’occasion de la première guerre mondiale. Le
17 mars 1915, la loi interdisant la fabrication et la
consommation est votée à l’unanimité par le Parlement
français. L’absinthe aura subi le même sort un peu plus
tôt en Suisse, le 7 octobre 1910, suite au vote du peuple.
L’absinthe le mythe
Ce fut la fin de la consommation mais bel et bien le
début du mythe de la boisson interdite et… du trafic
clandestin. Après l’interdiction, le Val de Travers conti-
nue de produire une absinthe clandestine, appelée “lait
de vache”, “lait de tigre”, que des distillateurs, nommés
bientôt résistants, vendent un peu partout en Suisse…
et ailleurs. Cette production, qui fait la joie des ama-
teurs et des médias, dure jusqu’au 1er mars 2005, date à
laquelle intervient la libéralisation de la Fée verte en
Suisse.
La réapparition de l’absinthe s’effectue en France grâce
à l’Union Européenne qui, par une directive de 1988, au-
torise à nouveau sa fabrication, à condition de limiter
son taux de thuyone à 35 milligrammes par litre. La
thuyone est unemolécule contenue dans la plante d’ab-
sinthe qui, à très haute dose, attaque le système ner-
veux. La fabrication est autorisée sous deux conditions :
l’absence de fenouil dans la fabrication ainsi qu’une ap-
pellation spécifique (« apéritifs » à base de plantes d’ab-
sinthe ou «spiritueux» à base de
plantes d’absinthe).
Tandis que l’absinthe tenait toujours
une table discrète dans l’arrière salle
des bistrots, elle entrait dans l’his-
toire officielle au sein des musées, à
Môtiers d’abord, puis à Pontarlier et
à Auvers-sur-Oise, alors que depuis
1983, les ouvrages traitant de l’ab-
sinthe se multipliaient sous la
plume de spécialistes et collection-
neurs comme Marie-Claude Delahaye, Benoît Noël et
Pierre-André Delachaux.
Quelques dates
En 1997, le Comité des Fêtes du village de Boveresse,
sous la houlette de Nicolas Giger et Eric-André Klauser,
organise la 1ère fête de l’absinthe en Suisse.
En 2004, la Ville de Pontarlier lance la Fête de l’absinthe,
manifestation cette fois à vocation touristique et lu-
dique, autour de la cueillette, qui se déroule le dernier
week-end de juillet.
En 2006, Thomas Cantagrill, jeune étudiant stagiaire, ré-
dige un cahier des charges servant de base à la création
d’une route de l’absinthe franco-suisse entre Pontarlier
et le Val de Travers.
En 2012, la Route de l’Absinthe s’ouvre sans se troubler.
Quelques lieux et idées de sortie
La source de la Fontaine froide au bas des éboulis du
cirque du Creux du Van, présente une spécificité unique
dans le Jura. Tout au long de l’année, son eau se main-
tient à une température moyenne de 4 degrés. Un sous-
sol gelé depuis la dernière grande glaciation, un
permafrost, explique cette fraîcheur constante. Une
“troublante” particularité, dans un cadre féerique, ap-
préciée des amateurs d’absinthe. “Troubler votre Bleue”
Une bouteilled’absintheKubler.
Étiquettes de bouteilles françaisessur la suppression de l’absinthe.
Ci-dessus : distillerie Guy Absintheà Pontarlier. Ci-contre : distillerieKubler Absinthe à Môtiers.
>
110FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
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Écho d’Absinthe
Françoise Gomes-Bovet dans sadistillerie deMôtiers.
Séchoir à absinthe à Boveresse (Suisse).
à la Fontaine froide demeurera un instant mémorable
dans votre recherche de la Fée verte.
Le village de Boveresse peut s’enorgueillir de posséder
une des merveilles du monde, unique en son genre sur
la planète: un imposant séchoir en bois !
Autrefois haut lieu de la culture de cinq des plantes aro-
matiques essentielles à la fabrication de la Fée verte
(grande et petite absinthe, hysope, mélisse citronnée et
menthe poivrée), Ce bâtiment, classé en 1998 monu-
ment historique, a été édifié en 1893 au lieu-dit Aux
Cises par les fils de Félix-Alexis Barrelet-Dubois, ancien
distillateur d’absinthe à Môtiers, cultivateur et com-
merçant de plantes aromatiques. On y séchait lente-
ment les plantes cultivées tout alentour qui, achetées
par les distilleries, entraient dans la composition des
différentes absinthes vendues sur le marché. En re-
vanche, l’anis et le fenouil, produits dans le sud de la
France et en Espagne, ne figuraient pas parmi les
plantes séchées à Boveresse.
Si vous n’avez pas pu aller au 1er Rallye de la Route de
l’Absinthe le 13 mai, vous pourrez certainement aller en
Suisse à la Fête de l’Absinthe à Boveresse le 16 juin (tél.
0041 32 889 68 96) ou en France au week-end des Ab-
sinthiades le 6 et 7 octobre 2012 (tél. 0033 3 81 46 48 33).
Sur la Route de l’Absinthe, n’oubliez pas de vous enivrer
des odeurs, des paysages et des lieux avec les 79 parte-
naires, musées, distilleries, ferme, séchoir, confiseries,
charcutiers et restaurants qui vous parlerons de l’his-
toire de l’ABSINTHE avec amour.
(http://www.paysdelabsinthe.comTél. 0041 32 889 76 06)
Cette route a reçu le Prix du Tourisme Suisse “Milestone
2011”.
Précédent reportage sur l’absinthe en 2005 sur
http://www.boum.info > Voyage et Échos à travers lanouvelle vie de l’Absinthe. �
ALAIN BARRIÈRE
a.barriere@romandie.com
>
112FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
www.exp
atria-cum-patria.ch
promouvoir le métier d’écailler en Suisse, en vue d’une
qualification à la Coupe du Monde.
Ce concours est né à l’instigation de Jacks Kolher à Sa-
lavaux et Marcel Lesoille, consultant et conseiller culi-
naire en produits de la mer, membre cuisinier de
l’association Euro-Toques France, écailler, champion du
monde d’ouverture d’huîtres creuses.
Cyrille Desgeorges de la Brasserie Lipp à Genève est 1er
au classement, mais ce n’est que le 5e Richard Zürcher
deMarincentre àMarin ayant la nationalité Suisse qui a
représenté à la Suisse à la Coupe du Monde à Nice en
janvier, malheureusement, il n’a pas gagné.
Au classement, le 2e est Xavier Caille de l’Hôtel Restau-
rant Élite à Bienne, le 3e est Daniel Riveti de l’Hôtel Res-
taurant Palace de Lausanne, le 4e est Thierry Bréhonnet
de l’Auberge Communale à Saint Légier et le 6e - Olivier
Quirici du Restaurant du Lac à Vallamand.
En 2012, le Championnat aura lieu à Lausanne en No-
vembre pendant Gastronomia. Bienvenue à tous les
écaillers de Suisse Romande et Alémanique qui veulent
participer.
Le 2e Championnat Suisse des Écaillers a eu lieu
en novembre 2011 à Payerne. Le fournisseur de
fruits de mer et principal sponsor était "Gastro-
mer" de Genève et Saxon représenté par Laurent Isoux.
L’objectif du concours “Championnat Suisse des Écail-
lers”, est, dans un premier temps, de développer et de
Écho des Prix et Trophées suisses
2e Championnat Suisse des ÉcaillersCyrille Desgeorgeset Laurent Isoux.
Xavier Caille,Cyrille
Desgeorgeet DanielRiveti.
113 FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
Contact : ecaillers@romandie.comGastromer : A Plan-les-Ouates (GE)Tél : 022 794 39 10Email : info@gastromer.ch et à Saxon (VS)Tél.: 027 747 15 15
Guiness Book de la plus longue Cuchaule
Thierry Grand pour les 10 ans deMaillard Gourmandises
et Traditions à Châtel-St-Denis, Oron-la-Ville, et Atta-
lens, par goût du défi, a établi sur le Stade du Lussy à
Châtel-St-Denis un nouveau record dumonde, avec une
cuchaule (ou ligne de cuchaules) de plus de 973,30 mè-
tres de long. Ce record a été authentifiée sur place, par
un juge officiel Guiness World Record.
Dans cette catégorie, il y avait un record du monde éta-
bli le 24 juillet 2011 aux USA, avec une ligne de cake de
571,50 mètres.
La vente des morceaux de cuchaule a été fait en faveur
de la “Fondation Loisirs pour Tous” avec comme parrain
le quintuple Champion duMonde deHandbike, M. Jean-
Marc Berset.
Qu’est-ce que la cuchaule ? Lemot cuchaule vient de “ku-
chôla” (patois fribourgeois). La version gruyérienne est
"kouka”. Kuchôla : pain de bénichon pétri avec de la fine
farine fleur, du lait, du sucre et du safran, du sel et du
levain. Pour les 20 ans, peut-être fera t-il le plus gros pot
de moutarde de Bénichon ?
Contact : Tél. 021 948 70 35 - http// www.cuchaule.comGastro Trophy de Pfyn-Finges
Le Gastro Trophy doit motiver les clients d’ici et d’ail-
leurs à prolonger leur séjour dans le parc naturel de
Pfyn-Finges (VS) et ses environs et il s’adresse aux res-
taurateurs. L’objectif du Gastro Trophy est de mieux
mettre en valeur les produits indigènes et saisonniers.
Surtoutmaintenant que le parc naturel s’appellera “Parc
Suisse des Vins” qui ira de la ville de Sierre et de Mol-
lens jusqu’à Gampel sur la rivière Lonza.
Du 1er mai au 15 octobre, le parc naturel Pfyn-Finges a
cherché à désigner le meilleur “menu du parc” de la ré-
gion. Sept restaurants se sont affrontés présentant cha-
cun un menu du parc. Les menus devaient être
composés pour au moins 80% de produits Valaisans
dont 30% de produits régionaux et satisfaire les prin-
cipes de la Fourchette verte. Le jury était composé des
célèbres cuisiniers tel que Didier de Courten, Meta Hil-
tebrand et Pascal Schmutz.
Lors de l’Award Night de décembre 2011, parmi les 3 fi-
nalistes dont le Restaurant-Camping Bella-Tola à la
Souste, le Wellnesshôtel Grichting et Badnerhof de
Loëche les Bains, le jury a choisi le plus méritant du
Gastro Trophy, Maya et René de l’Hôtel-Restaurant Fla-
schen à Albinen. �
Contact : 027 452 60 60 - http://www.pfyn-finges.chet l’Hôtel-Restaurant Flaschen à Albinenhttp://www.restaurant-flaschen.ch
ALAIN BARRIÈRE
De haut en bas : l’hôtel Restaurant Flaschen à Albinen.Record Guiness Book de la plus longue Cuchaule, avec Thierry Grand.
Thierry Grand et l'Inspecteur du Guiness Book.
Les Carnets de Voyage de Pierre Croux
Quand leGlobe-trotteurnous est conté...La Provence nous offre, de temps à autre, desFemmes et des Hommes pleins de talent. Mistral,Giono, Pagnol… et que Dieu me pardonne de nepas les citer tous.
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 114
www.exp
atria-cum-patria.ch
>
L’Égypte - Le Nil3e ÉTAPE
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012115
Les Carnets de Voyage de Pierre Croux
>
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 116
www.exp
atria-cum-patria.ch
>FRANCE MAGAZINE N°37
ÉTÉ 2012117
Les Carnets de Voyage de Pierre Croux
>
Pierre Croux, le Globe-CroqueurLe Rayol F - 84 160 LourmarinTél. 04.90.68.07.83Courriel : croux.pierre@wanadoo.frSite : www.carnetsdevoyage.org[À SUIVRE…
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 118
www.exp
atria-cum-patria.ch
Plus précisément encore, le bénévolat est la situation
dans laquelle un individu fournit, à titre gratuit, une
prestation de travail pour une personne ou un orga-
nisme. Il se distingue donc de la situation de travail (ou
salariat) essentiellement par les critères suivants :
• Le bénévole ne perçoit pas de rémunération. Il peut
être dédommagé des frais induits par son activité (dé-
placement, hébergement, achat de matériel).
• Le bénévole n'est soumis à aucune subordination ju-
ridique. Sa participation est volontaire : il est toujours
libre d'y mettre un terme sans procédure ni dédom-
magement. Il est en revanche tenu de respecter les sta-
tuts de l'association, ainsi que les normes de sécurité
dans son domaine d'activité.
Ces quelques éléments de définition montrent qu'il
n'existe pas une seule définition, mais une série de no-
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 120
Boulisme
«On n'a plus de bénévoles dans la pétanque. Le
jour où il y a une grippe, on n'a plus personne pour
faire tourner les comités. » Eugène Rampin n'est pas
le genre à laisser sa langue dans la poche. Lors du der-
nier congrès national de la Fédération française, réuni
début janvier à Épinal, le président du comité du Var
avait tenu à tirer la sonnette d'alarme sur l'état de santé
du bénévolat en France. Une nécessité. Mais au fait : le
bénévolat, c'est quoi ?
« Le bénévole est celui qui s'engage librement pour mener à
bien une action en direction d'autrui, action non salariée, non
soumise à l'obligation de la loi, en dehors de son temps pro-
fessionnel et familial ». Dans son rapport au conseil éco-
nomique et social sur l'essor et l'avenir du bénévolat,
paru en juin 1989, Marie-Thérèse Cheroutre pose la si-
tuation.
www.exp
atria-cum-patria.ch
Comme pour l'ensemble des autres disciplinessportives et de loisirs, la pétanque et le jeu provençalne peuvent se passer des bénévoles. Le bénévolat quise détériore, menaçant la survie des clubs, a pourtant
encore des armes à faire valoir.
Pas de tables de marque sans les bénévoles des clubs...
Qui sont lesbénévoles ?
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 121
[D'après une enquête réalisée par Viviane Tchernonog,chercheur au CES/Université Panthéon-Sorbonne/CNRS
(parue aux éditions Dalloz, 2007), la répartition du bénévolatpar domaines d'activités est la suivante :- Sports : 29 %- Culture et loisirs : 28 %- Action sociale, Santé, Humanitaire : 23 %- Défense des droits : 14 %- Éducation, formation, Insertion : 4 %- Autres : 2 %
Repères
tions caractérisant le bénévolat, dans lesquelles on peut
souligner les notions d'engagement libre et gratuit.
Les bénévoles en chiffres
On estime à environ 14millions le nombre de bénévoles
qui mettent leurs compétences, leur temps libre, leur
engagement au service des autres. Ils constituent le
cœur et le fondement de la vie associative, sans lesquels
les associations n'existeraient pas.
Dans l'enquête réalisée par le Centre de recherche pour
l'étude et l'observation des conditions de vie (CREDOC)
pour les assises nationales de la vie associative de fé-
vrier 1999, 96 % des personnes interrogées pensent que
c'est lemot bénévolat qui correspond lemieux à l'image
d'association.
En 2002, une enquête réalisée par l'Institut national de
la statistique et des études économiques (INSEE), ré-
vèle notamment que les associations comptent 21,6mil-
lions d'adhérents de 15 ans et plus soit, avec les
adhésionsmultiples, environ 35,6 millions d'adhésions.
Parmi celles-ci, on en compte 7,3 millions dans le do-
maine du sport et 4,9 millions dans celui de la culture.
La principale motivation invoquée par 81 % des béné-
voles se sentir utile à la société et faire quelque chose
pour les autres.
• Pour 45 % d'entre eux : rencontrer des personnes par-
tageant les mêmes goûts.
«Définition Bénévole : de “bene” bienet “volo” je veux, le bénévole est un
“bienveillant”.(LE ROBERT)»
Pierre Chave,15 ans de
bénévolat auxRestos du Cœur.
• Pour 28 % : défendre des droits ou des causes.
• Les bénévoles sont majoritairement des hommes
(55 %).
• 40 % d'entre eux ont un diplôme de niveau bac ou
plus.
• 27 % de ceux qui ont une activité professionnelle sont
bénévoles dans une association, alors que seuls 21 %
des retraités le sont. Cependant, 50 % de ces mêmes
retraités se déclarent réguliers, alors que seuls 29 %
des actifs disent s'engager autant.
• 1/3 des bénévoles déclarent être des bénévoles régu-
liers.
• 2/3 des bénévoles consacrent 2 heures par mois au
plus à l'association.
• Le bénévolat dans les associations représente environ
935 000 équivalents temps plein.
Les retraités et les associations
L'investissement des plus de 60 ans dans les associa-
tions est très important. Ils sont 47 % à adhérer à une
association, et la moitié d'entre eux est membre d'au
moins deux associations.
Cette présence se retrouve dans tous les secteurs, et pas
seulement dans les clubs du 3e âge.
Pour cette tranche d'âge, l'adhésion à une association
permet de créer des liens et une sociabilité qui va rem-
placer ceux de la vie professionnelle passée. Les trois
principales raisons de participer à la vie associative
sont : pratiquer des loisirs, se retrouver entre soi et agir
pour autrui. �
MARC PHEULPIN
Championnat de France à pétanque en 2005.
Dans le même ordre de grandeur, si l’on peut dire,
ce n’est qu’après cinquante trois ans de Fédération
Internationale que les Provençaux auront la possi-
bilité de voir sur leurs terres les joutes d’un Cham-
pionnat du monde alors que la France a pourtant déjà
organisé une bonne demi-douzaine d’éditions de cette compé-
tition.
Cette fois l’initiative est venue de purs Marseillais convain-
cus, vite appuyés par toutes les instances de la FFPJP : comité
des Bouches-du-Rhône, ligue PACA et fédération nationale.
Grâce à leurs efforts et au sérieux du dossier élaboré durant
plusieurs mois, toutes les collectivités locales
se sont engagées derrière ces dirigeants bé-
névoles qui n’auront d’autre satisfaction que
celle d’une complète réussite de la manifes-
tation pour faire honneur à leur discipline et
à la France. »
L’actualité en bref
"L'actualité en bref" revient sur les der-
nières informations de la pétanque et du
jeu provençal en France et à l'étranger.
Cette semaine en région Midi-Pyrénées,
Ile-de-France et en Suisse.
Boulisme
122FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
Événement majeur de la saison 2012de pétanque, les Championnats du
monde auront lieu, pour la première foisde leur histoire, à Marseille. Les
Français y seront chez eux, mais pasforcément intouchables.
Àvoir défiler tant demédailles, on avait fini par ces-
ser de se poser la question. La France est-elle
bien la première nation de la pétanquemondiale
? Sur le papier, l'affaire semble entendue. Vainqueurs
des neuf derniers titres de champions du monde tri-
plettes chez les hommes, les bleus trustent le palmarès
depuis 2001.
Sur les 45 disputés depuis l'origine, l'or a ainsi terminé
dans l'escarcelle tricolore à 26 reprises. En août dernier,
avec une équipe remaniée et rajeunie, la sélection na-
tionale a poursuivi samoisson, dominant largement les
Championnats d'Europe, comme deux ans auparavant
lors de la première édition.
La menace malgache
Pour autant, est-elle réellement intouchable ? Sérieuse-
ment menacée par les deux têtes de listes de l'opposi-
tion, Madagascar et la Thaïlande, souvent ballotée par
des pays plus modestes mais pas sans idées - Suisse et
Belgique, levez le doigt ! -, la France commence à sentir
un souffle sur sa nuque. Sa dernière couronnemondiale,
décrochée en 2010, n'a même tenu qu'à un point face
aux Malgaches.
La bascule, c'est à Marseille qu'elle pourrait s'effectuer.
La cité phocéenne, retenue comme ville d'accueil des
prochains Championnats dumonde, en octobre de cette
année, sera le terrain de la grande explication, à
quelques pas de La Ciotat, le berceau officieux de la dis-
cipline. Idéal pour caresser l'espoir d'une pétanque enfin
internationale...
Azéma : faire honneur à la France
Président de la Fédération internationale de pétanque et
jeu provençal, Claude Azéma (photo) se félicite de voir
enfin les Championnats du monde être disputés à Mar-
seille.
« Si, aux yeux du monde, Marseille est le berceau de la pé-
tanque, notoriété oblige, au détriment de la petite cité de La
Ciotat, il aura fallu attendre soixante ans de Fédération Fran-
çaise pour que la capitale phocéenne accueille son premier
www.exp
atria-cum-patria.ch
les yeux vers2012Marseille
L'équipe de France depétanque lors desChampionnatsd'Europe 2011
remportés en Suède.
Suisse / Canton de VaudOrganisés le 8 janvier dernier par
le Mouvement jeunes de l’asso-
ciation vaudoise de pétanque, le
Bouchon d’Or Juniors de Mon-treux et le Critérium internationalCadets de la Tour-de-Peilz ont
connu un succès étendu au-delà
des frontières de la Suisse.
Ces concours, réservés aux Juniors et Cadets, ont ainsi
vu la participation de formations locales, mais égale-
ment issues de France et d'Allemagne, invitées à repré-
senter leur canton ou département. Cet affrontement
international entre les trois nations a d'ailleurs large-
ment tourné à l'avantage des Français, victorieux des
Bouchons d'Or grâce à une triplette du Doubs (Steven
Blanchot, Florent Boudoux et Clément Teixeira).
Un succès tout aussi net chez les Cadets, avec la victoire
finale de la Pétanque franc-comtoise (Besançon), devant
deux autres équipes hexagonales : la Pétanque salinoise
et Champvans.
Plus d'infos sur : www.boulodrome-montreux.ch
Midi-Pyrénées / AveyronUne autre grande compétition de
boules à Millau. Voilà en tout cas
l'espoir de la poignée de clubs lo-
caux qui ont lancé un événement
original en Aveyron : le quintath-
lon.
Ce nouveau concept, pensé de
concert par la Pétanque joyeuse, la Pétanque des Coo-
pérateurs, la Boule du Petit Montmartre, la Boule coo-
pérative Montplaisir, le club de quilles de huit et le
bowling de la ville, réunira en un même événement et
pour chaque équipe inscrite, la pétanque, le jeu pro-
vençal, la boule lyonnaise, les quilles de huit et le bow-
ling.
La manifestation, programmée le samedi 3 mars et ou-
verte à tous, proposera des épreuves sur quatre sites :
pétanque et jeu provençal aux Coopérateurs, lyonnaise
au boulodrome du Petit Montmartre, quilles de huit à
Millau-Plage (quillodrome couvert), et au bowling.
Plus d'infos au 05 65 60 10 41 (date limite : 31 janvier).
Ile-de-France / Seine-et-MarnePour la saison 2012, la commis-
sion pétanque du Comité régional
du sport adapté d'Ile-de-France
renouvelle le Championnat régio-
nal des associations affiliées à la
Fédération française du sport
adapté (FFSA).
L'épreuve, qui se déroulera sur trois journées, débutera
à Meaux, en Seine-et-Marne, le 25 février, au boulo-
dromemunicipal (de 09 h 30 à 17 h 30). Les deux autres
journées étant programmées le 12 ou 19 mai (lieu en-
core à déterminer) et le 30 juin à Chilly-Mazarin, en Es-
sonne.
« L'idée est de faire se rencontrer les associations de la région
autour de la pétanque et proposer un partage et un échange
basés sur la convivialité », explique Sylviane Auguste, la
directrice sportive nationale (pour la pétanque) de la
FFSA. Inscriptions par mail avant le 21 février au plus
tard : sylviane_auguste@yahoo.fr. �
123 FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012
[ Lieu :Marseille (Palais des Sports)Dates : du jeudi 4 octobre au dimanche 7 octobre 2012Les 48 pays qualifiés :Afrique : Algérie, Bénin, Cameroun, Côte-d’Ivoire, Guinée,Maroc, Mali, Madagascar, Sénégal et Tunisie.Amérique : qualificatif à venir.Asie : Cambodge, Chine, Malaisie, Singapour, Taiwan,Thaïlande, Vietnam.Europe : Allemagne, Andorre, Angleterre, Belgique,Bulgarie, Danemark, Ecosse, Espagne, Estonie, Finlande,France, Irlande, Israël, Italie, Lituanie, Monaco, Pays-Bas,Portugal, République tchèque, Russie, Saint-Marin,Slovénie, Suède, Suisse, Ukraine (1 pays non encoredéterminé).Océanie : Australie, Nouvelle-Zélande et Tahiti.Plus d'infos sur le site officiel de la compétition :www.petanque-marseille2012.fr
Tout sur les Championnats du monde 2012
MARC PHEULPIN
mpheulpin@bo
ulism
e.com
La pétanquetrouve son échoauprès des
jeunes Suisses.
lain sait trouver les mamelles de samère, et se tient sur
ses pattes. Et nous ? Les humains… que savons-nous
faire ? Rien, moins que rien, nous sommes des "larves"
dont il faut prendre soin, dès la première minute de
notre existence.
Nous devrons tout, absolument tout, apprendre, et cet
apprentissage va durer toute notre vie, certes, il sera dif-
férent au fil de notre évolution, mais constant.
La première partie de notre vie, l'enfance, suivie de
l'adolescence, est la phase la plus importante du déve-
loppement physique et mental c'est aussi, très souvent,
pour beaucoup, une période de "mal-bouffe". Puis vient
l'âge adulte ; c'est la voie vers la maturité, et ensuite le
troisième âge, la sénescence, un processus physiolo-
gique qui entraîne une lente dégradation des fonctions
de l'organisme et une progression de façon irréversible
vers la mort. Notre vie est tracée ainsi.
À chacune de ces périodes, va correspondre un besoin
différent de nourriture.
Les animaux se nourrissent par instinct. L'homme est
doué d'une intelligence qui va lui permettre d'être su-
périeur aux autresmammifères dont il fait partie, en tout
cas il le croit. Ses facultés instinctives sont annihilées
par cette "supériorité" qui va l'entraîner dans des excès
dont il n'a même pas conscience. Tout au long de sa vie,
il va avoir beaucoup de peine à gérer la façon de se nour-
rir en fonctions des besoins spécifiques imposés natu-
rellement. Il sera pourtant, au bout du compte, le seul
Gastronomie
Quel régime supporter ?
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 124
C'est notre cerveau qui nous incite à boire et à
manger et bien que nous y trouvions du plaisir,
ce ne sont pas là de simples désirs, mais bien des
besoins vitaux, au même titre que dormir et respirer.
Trop de sommeil ou accélérer sa respiration ne portent
pas à conséquence, en revanche, il n'en est pas de
même en ce qui concernent les plaisirs de la boisson et
de la nourriture, l'exagération laisse des traces d'em-
bonpoint difficiles à se débarrasser.
Sur cette terre, l'homme, l'être humain n'est-il pas l'ani-
mal le plus doué ? Mais contrairement à ce dernier, il
doit tout apprendre ?
Le jour de sa naissance, le poussin sait marcher et pi-
corer, après quelques heures, l'agneau, le veau, le pou-
www.exp
atria-cum-patria.ch
Nous avons vécu, et vivons encore, unepériode électorale intense, qui nousrappelle qu'une démocratie est unrégime politique dans lequel le peupleest souverain, alors je vais, moi aussi,vous parler de régime ?...Mais derégimes alimentaires, bienentendu, où c'est le corps qui estsouverain !
responsable de son état !
Si un quelconque besoin de contrôler notre nourriture
n'effleure même pas notre intellect dans les premières
années de notre existence, au début de l'adolescence, à
la puberté, le garçon se soucie plus de ne pas voir sa
musculature se développer autant qu'il la voudrait. La
fille est fière de voir ses seins commencer à pointer, elle
s'inquiète pourtant quand son corps se modifie, quand
ses hanches s'élargissent, et que des rondeurs appa-
raissent, elle qui est obnubilée par la morphologie des
mannequins qu'elle découvre dans les magazines de sa
maman.
Déjà, à cet âge, germe dans l'esprit de ces adolescents
l'idée de trouver une solution à ces problèmes. Bien que
nous ayons tous et toutes les solutions en soi, nous al-
lons nous tourner vers la société qui, elle, n'est pas avare
de (faux) conseils, le plus souvent intéressés.
Dans notre culture, l'adolescent est vulnérable, il a be-
soin d'un éducateur, quand ce n'est pas d'un psycho-
logue, voire d'un psychiatre pour passer à l'âge adulte.
Nous vivons l'ère de l'assistanat dans tous les do-
maines.
Où sont les principes des sociétés ancestrales ?
Cela existe encore dans certains pays qui gardent leurs
traditions et marquent le passage de l'enfance à l'âge
adulte au moment de la puberté, à travers un rite, une
épreuve, une cérémonie, ils engagent directement le
jeune dans ses responsabilités sociales.
Nous, par notre système de protection, de solidarité mal
placées, en voulant tout réguler, nous évitons à l'ado-
lescent de se prendre en main, en récoltons les effets
pervers et sommes à la porte de la décadence.
Puis nous avançons en âge, et, avec l'exercice que l'on
ne pratique plus, la sédentarité imposée par la société
actuelle, le tailleur devient trop étroit, le smoking trop
petit. Quant à la robe du soir, n'en parlons pas.
On peut boire de l'eau, un élément vital, autant qu'on
le veut, le corps humain est aux deux-tiers composé
d'eau, mais dès que l'on remplace l'eau par des bois-
sons alcoolisées, sucrées, nourrissantes, énergisantes,
il est inutile de vous donner des explications sur le
sujet… tout devient différent, et il y a tellement d'occa-
sions !
Il en est demême pour la nourriture, la tentation est per-
pétuel, le plus gros problème, c'est que bien que ce soit
un besoin vital, c'est devenu pour beaucoup un plaisir.
Il est si facile de se trouver des excuses et d'y croire, mais
nous seuls sommes responsables de ce qui advient !
C'est à cemoment qu'il nous faut trouver un remèdemi-
racle et très facilement, nous tombons dans le filet des
régimes.
Pour "vendre" ces régimes, il existe aujourd'hui de gen-
tils spécialistes appelés nutritionnistes ou diététiciens,
la diététique étant la science de l’alimentation.
Pour se donner de l'importance et vous prouver les
longues études qu'ils ont faites, ils vont s'adresser à
vous en utilisant des termes spécifiques, scientifiques,
médicaux, techniques afin de vous aider à ne rien com-
prendre ! Si vous leur parlez de ce dont vous savez… les
calories par exemple, ils vous diront qu'aujourd'hui, la
calorie est désuète, l'énergie générée par les nutriments
se calcule en joules… C'est beaucoup plus simple !!
Le sucre… Alors là, ils vous expliqueront que c'est un
nutriment de la famille des saccharides, terme qui ser-
vait autrefois à désigner les glucides, appelés aussi hy-
drates de carbone. Peut-être que dans la foulée, ils vont
vous préciser qu'il vous faut absolument différencier les
monosaccharides des polysaccharides… enfantin !
Tout cela pour en arriver à vous conseiller de faire un ré-
gime sérieux, efficace, pour faire disparaître toute cette
graisse superflue afin de rapidement retrouver la plas-
tique de vos vingt ans.
Alors les régimes… Comment aborder le problème ? Il
y en a tous les jours des nouveaux, comment faire son
choix ? Toute bonne librairie qui se respecte a un nom-
bre impressionnant d'ouvrages sur le sujet à vous offrir.
Sur internet, c'est pire ou plutôt encore plus complet,
c'est un marché en pleine expansion.
Quelle définition donner au terme régime (alimentaire) ?
C'est simplement créer un déséquilibre pour en corriger
un autre ! Voici quelques exemples au hasard :
Le régime dissocié, une pratique alimentaire consis-tant à ne pas mélanger tous les aliments entre eux.
Le régime hypocalorique très restrictif, avec de nom- >
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012125
breux interdits permettant une perte de
poids rapide et qui dure 14 jours.
Le régime hyperprotéiné, super amai-grissant, fondé sur l'absorption de pro-
téines aussi pures que possibles. C'est
un régime fortement hypocalorique.
Le régime Hollywood, régime alimen-taire amaigrissant à base de fruits, no-
tamment de fruits tropicaux.
Il y a des régimes réputés pour acqué-
rir un certain bien-être :
Le régime Okinawa, inspiré par laforte proportion de centenaires sur
l'île d'Okinawa au Japon.
Le régime méditerranéen (ou ré-gime crétois), consommation en
abondance de fruits, légumes, cé-
réales et huile d'olive.
Il y a aussi des façons de se nourrir
influencées par la culture ou la reli-
gion. Les restrictions alimentaires
religieuses.
Le régime crudivore, consommation
de nourriture crue, non raffinée, le
régime végétarien, le régime végé-
talien.
Le spectre alimentaire d'un être humain est l'éventaildes objets qu'il va reconnaître comme aliments. Cet
éventail va forcement être différent en fonction de la ré-
gion, du pays où il vie, de sa culture et viendront s'ajou-
ter les restrictions alimentaires imposées par les
religions, cela n'a alors rien à voir avec de quelconques
régimes.
Il y a cependant une catégorie de régimes qu'il faut pren-
dre très au sérieux, ce sont les régimes imposés par la
médecine en cas de maladie.
Le corps humain n'est qu'une simple machine qu'il fau-
drait simplement alimenter avec ce qu'elle a besoin, ne
pas lui en donner trop car elle a la fâcheuse habitude de
Gastronomie
jjpoutrieux@bluewin.ch
JEAN-JACQUESPOUTRIEUX
>
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 126
www.exp
atria-cum-patria.ch
stocker. De tous ces quelques ré-
gimes cités, je n'oserai vous en ga-
rantir l'efficacité, mais j'aimerais
simplement vous donner un double
conseil : l'important est de brûler ce
que l'on consomme et le meilleurrégime serait de manger de tout,un peu. On pourrait appeler cela unehygiène alimentaire parfaite.
Cela semble simple, évident, facile et
pourtant, nous n'y arrivons pas ! Ras-
surez-vous, je ne suis pasmieux qu'un
autre, le surpoids que j'ai acquis
quand j'ai arrêté mon activité, je l'ai
gardé et quand je me regarde dans un
miroir, je pense simplement à ma
grand-mère qui me disait : «Mongamin, dans la vie, il vaut mieuxfaire envie que pitié ! » Et celame sertd'excuse, quand on me fait la re-
marque ! �
UNE FERVENTE LECTRICECher Monsieur,
Depuis le temps que je reçois France Magazine et que je
vois votre photo, j’ai l’impression d’écrire à un ami. Bien
que je sois née à Paris et aie vécu à Paris, je suis restée
vendéenne à 100%. Mon père était professeur au petit
lycée de Jeanson de Sailly et j’ai passé les ving-deux pre-
mières années de ma vie rue Molitor dans le XVIe aron-
dissement… Cela fait un certain bout de temps, car j’ai
80 ans. Depuis 57 ans maintenant, j’ai l’impression que
c’était hier. Je suis, ou plutôt j’étais mariée à un Suisse,
médecin, qui est décédé il y a trois semaines. Nous ne
sommes pas trop tristes car il est resté trois ans dans
un home, souffrant de démence sénile. J’ai eu largement
le temps deme faire à la vie en solitaire. Enfin, je dis so-
litaire, mais cela n’est pas tout à fait vrai, car nous avons
eu 6 enfants, et maintenant 9 petits-enfants.
Je me suis vraiment faite à la vie en Suisse, mais je ne
suis pas suissesse pour un sou… et je ne pourrais plus
habiter en France, surtout à Paris où j’ai presque tout le
reste de ma famille.
En tant que Vendéen, vous devez connaître la pointe de
l’Aiguillon, et en face, La Faute-sur-Mer. Mon frère ha-
bite là et jusqu’à l’année dernière, nous possédions une
petite maison que j’ai dû vendre. Malheureusement, car
monmari idéaliste n’a pas su mettre de l’argent de côté
pour nos vieux jours.
Mon Dieu, quel roman ! Je suis artisane et fait, entre
autre, de la peinture sur bois, sur œufs, etc.
Je viens juste de recevoir une invitation pour exposer à
Genève l’année prochaine à l’exposition des œufs
peints.
Chère Madame,
Je suis absolument enthousiamée par le dernier France
Magazine. Surtout votre article sur les musiciens véni-
tiens, et Vivaldi que j’ai beaucoup joué au clavecin, bien
que Bach soit mon préféré.
Venise a été, pour mon ancêtre direct, un lieu de pas-
sage de quelques années. Il a combattu àMarignan avec
François 1er, s’est établi là-bas et, est-ce le mal du pays,
je veux parler de la Vendée. Son petit-fils, armurier, est
venu s’installer à Simon La Vineuse, près de Sainte Her-
mine. J’ai dû hériter de certains gènes, car Venise, où
nous sommes allés des années durant, fait partie de
mon cœur.
Il fallait que je déverse mon enthousiasme et mon ad-
Courrier des Lecteurs
Vous nousécrivez� Nous inaugurons, dans ce numéro, une nouvelle
rubrique : Le Courrier des Lecteurs. À vos plumespour nous faire part de ce qui vous tient à cœur, de voscritiques, bonnes ou mauvaises, de vos suggestions, ousimplement de nous parler de vous…
HOMMAGE À PETITE SŒUR MARIE-PAULE DE JÉSUS(� 21-02-2011)
Que vous dire de notre Petite Sœur Marie-Paule ? Qu’a-t-elle vécuavant son arrivée ici ? Elle était française, de Chambéry.Jeune, c’est par le scoutisme qu’elle a cherché sa voie. Elle estentrée en 1946, à 20 ans dans une toute nouvelle congrégation : lespetites sœurs de Jésus : Elle est la 20e. En 48, elle part avec2 petites sœurs fonder la 1ère fraternité en Orient, à Beyrouth. Ellesapprennent l’arabe et s’insèrent dans l’église melchite, grecquecatholique. C’est pour elle le début de la découverte d’un universnouveau : langue, coutumes, histoire, vie ecclésiale.Suivant l’intuition de notre fondatrice, ps Magdeleine : êtreorientales en Orient, le cœur de notre vocation étant l’unité dansl’amour, c’est l’occasion d’une rencontre naturelle avec desmusulmans, puis des juifs à Nazareth en 49, et Jérusalem en 50 ; leconflit entre eux est déjà présent. Dans Jérusalem, il y a2 fraternités, une en milieu juif et une en milieu arabe, et l’uniquemission est de travailler à ce qu’il y ait plus d’unité, plus d’amourfraternel entre les enfants d’un même Père. L’impossibilité pourMarie-Paule de choisir les uns et non les autres, la pousse à reveniren Europe.Après un temps à la fraternité générale à Rome, elle doit aller prèsde son papa très malade. Elle sera alors pendant 15 ans trèsattentive à toute sa famille. Ils étaient 8 frères et sœurs, dont7 encore vivants à cette époque.Ses 4 frères prêtres, Gabriel, Lucien, Noël et André, et sa jeunesœur Nary sont maintenant décédés, dont le dernier, André dans lapériode de Noël. Sa sœur Madeleine est parmi nous, ainsi queMichel, époux de Nary, parents de Myriam qui a 3 enfants :Mathilde, Pierre et Noé.Après la mort de son papa en 83, elle rejoint Aubonne où vousl’avez connue : elle était très présente aux rencontres de toutessortes organisées dans la commune, présente aussi à la vie deséglises catholique, réformée, évangélique, essayant d’accueillir lesnouveaux venus de notre paroisse, soucieuse d’aider à tisser desliens entre communautés. Elle était aussi très présente à l’hôpitalet en particulier par des visites dans le service des soins palliatifsoù elle vient de nous quitter.
MARIE-PAUL BUGNARD
TÉMOIGNAGE
miration tout de suite après la lecture de votre article qui est plus qu’un bil-
let ! Non seulement pour votre style si léger, si fluide, mais pour le savoir que
vous nous transmettez à chaque édition du journal.
J’ai omis de vous dre que je suis vendéenne et vis depuis plus de 60 ans en
Suisse. La Faute-sur-Mer était notre port d’attache depuis ma naissance à
Paris.
Merci, Chère Madame, pour vos articles toujours passionnants, et recevez,
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012 128
www.exp
atria-cum-patria.ch
ainsi que votre mari, l’expression amicale de mes meil-
leures pensées.
MICHELLE PEYER-GRATTAN
LES DANGERS DE L’ISLAM RADICALMonsieur le Président,
En lisant FranceMagazine, j’ai l’impression d’être face à
un beau décor de théâtre : l’envers, on n’y a jamais
accès. Ainsi, votre magazine ne reflète pas toute l’ac-
tualité, celle notamment pour laquelle les citoyens en
France souffrent du chômage et de la précarité de son
pouvoir d’achat.
Une France qui souffre aussi d’un changement de so-
ciété par une immigration massive, et qui sera bientôt
opprimée par un pouvoir islamiste qui deviendra majo-
ritaire. Le réveil sera d’autant plus pénible qu’il sera tar-
dif. Nouvelle rassurante, lesmosquées sont des lieux de
prière et de paix ! Évidemment, c’est un mythe si, par-
fois, certains prêchent la haine et embrigadent pour les
djihads violents d’Al-Qaïda.
Recept Tayyip Erdogan, actuellement Premier ministre
turc, a déclaré en 1997, lorsqu’il était encore maire d’Is-
tambul, ce qui suit concernant les minarets en citant un
poème turc : « Notre démocratie est uniquement le train
dans lequel nous montons jusqu’à ce que nous ayons atteint
notre objectif. Les mosquées sont nos casernes, les minarets
sont nos baïonnettes, les coupoles nos casques et les croyants
nos soldats. »
Les banques françaises détiennent 52,9% de la dette
grecque, qui est de 370 milliards d’euros. Elles détien-
nent également une partie de la dette italienne.
N’étant plus à même de couvrir sa dette et d’en payer
les intérêts, la Grèce sollicite un nouvel emprunt de 8
milliards d’euros pour assurer les affaires courantes.
Alors que les banques françaises n’ont plus un poil de
sec, devant un fonds de réserve qui est inférieur à 2 mil-
liards d’euros, on imagine ce qui pourrait arriver aux pe-
tits épargants, si la Grèce faisait faillite. L’État français
avait déjà une dette de 14 890 milliards d’euros en dé-
cembre 2010, il ne pourra certainement pas venir au se-
cours des banques. Voici un aspect de la situation, la
liste n’est pas exhaustive.
L’ancien Premier ministre australien John Howard, qui a
représenté avec succès la première force politique de
son pays, a déclaré, lors d’un discours officiel : « Les mu-
sulmans qui veulent vivre selon la loi de la sharia se sont fait
dire tout récemment de quitter l’Australie, dans le but de
parer à d’éventuelles attaques terroristes le gouvernement
ayant ciblé les radicaux. » Apparemment, John Howard a
choqué quelques musulmans australiens en déclarant :
« Les immigrants non australiens doivent s’adapter. À pren-
dre ou à laisser, je suis fatigué que cette nation s’inquiète de
savoir si nous offensons certains individus ou leur culture.
Notre culture s’est développée en luttes, d’habileté et de vic-
toires par millions d’hommes et de femmes qui ont recherché
la liberté.
Notre langue officielle est l’anglais. Pas l’espagnol, le liba-
nais, l’arabe, le chinois, le japonais ou n’importe quelle autre
langue. Par conséquent, si vous désirez faire partie de notre
société, apprenez-en la langue !
Ici, c’est notre pays, notre terre et notre style de vie, et nous vous offrons
l’opportunité de profiter de tout cela. Mais si vous en avez assez de vous plaindre,
de vous en prendre à notre drapeau, notre engagement, nos croyances chrétiennes,
ou notre style de vie, je vous encourage fortement à profiter d’une autre grande li-
berté australienne, le droit de partir.JAMES GIRARDAT
LE FILS DE FRANÇOIS DURAFOURMadame, Monsieur
À la lecture de votre revue, j’ai été particulièrement heureuse de découvrir
l’article sur l’aviateur François Durafour. Mais, le saviez-vous, son fils est tou-
jours de cemonde. Il est actuellement à l’EMS, se porte àmerveille et j’ai eu
la chance de faire de longues balades à ses côtés. Ce monsieur, très sympa,
m’a souvent parlé de son père.
NICOLE ODDONE
QUELQUES APPRÉCIATIONS ADRESSÉES À ALAIN JUPPÉMessieurs,
J’ai reçu votre numéro 34 et vous félicite pour sa présentation et son contenu.
Vous publiez des notes sur les réformes de la nationalité française. Cela me
donne du grain à moudre. Le vieux juriste bien amorti que je suis à 89 ans
y a cherché en vain une disposition qui me semble indispnsable. Peut-être
existe-t-elle dans d’autres textes de loi ? Pour que vous compreniez mon
souci, je préciserai que je suis une “vieille bête” assez particulière.
Double national par le sang versé (EVDG pendant WW2, campagnes d’Italie
et de France, pension invalidité pour blessure), diplômé d’Études Supé-
rieures en France, d’où mon engagement par reconnaissance, élevé par un
père calviniste qui m’a inculqué des notions rigides de patriotisme envers la
Suisse, mais aussi de devoirs envers un pays d’accueil, actif professionnel-
lement pendant 58 ans hors d’Europe en voyageant à travers lemonde avant
les foules des vols low cost, je me suis accordé le privilège d’exprimer ce
que je pense lorsque je l’estime nécessaire ou plus simplement utile.
En l’occurence, je m’étonne de ne pas trouver dans la nouvelle loi un article
prévoyant qu’un délinquant perd tout droit à la naturalisation. Atteintes aux
personnes ou à la propriété, déliquance économique y comprise devraient
barrer l’accès à ce privilège important qu’est la nationalité.
Ce n’est pas une formalité banale comme un permis de conduire. Ne pas
prendre de précautions conduira à créer une population de loubards, de vo-
leurs, de trafiquants de drogues, de proxénètes, de chômeurs profession-
nels. Ce n’est pas pour une France pareille que j’ai quitté hypokhâgne en
novembre 1942. J’aimerais être rassuré.
Merci, à l’occasion, de m’aider.
Autre sujet : j’apprécie que votre interview avec Alain Juppé ne soit pas trop
hygiographique, avec une tendance à le rendre “présidentiable”. L’homme
m’a déçu. Si je lui pardonne ses faiblesses de l’ère chiraquienne, si j’aime
son “Montesquieu”, écrit pendant son temps de “mise au coin”, je n’ai pas
compris sa virée de bord pour rejoudre l’équipage du “bateau corsaire Sar-
kozy” et s’y faire humilier par des gens peu recommandables, sans parler de
l’ineffable BHL. Eût-il attendu quelque peu qu’il aurait fait un acceptable
Président de la République, une bonne alternative au titulaire. Français de
bonne souche et… érudit.
Malgré ses écarts passés, j’aurais voté pour lui. Me voilà sans candidat fré-
quentable. Ce qui, évidemment, n’a aucune espèce d’importance.
Mais j’ai voulu vous faire part d’une pensée peut-être iconoclaste pour les
fidèles de l’UMP. Les quelques amis survivants dema génération - nous res-
tons en contact - en font partie et sont déjà assez mal à l’aise avec les diri-
geants arrivistes du moment. Nous sommes un peu des enfants perdus.
G. J. HUGUENOT
FRANCE MAGAZINE N°37ÉTÉ 2012129
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