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� TOUT AU LONG DE L’ANNÉE, les hommes du Moyen Âge ont l’occasion de rire, mais certains
moments sont particulièrement favorables à la gaieté.
LA FÊTE DES FOUSLes fous de cour
divertissent princes et grands sei gneurs. Les gens du peu-
ple ne peuvent évi-demment entre tenir de
tels bouffons. Certes lors de quelques cérémonies,
comme la procession de la Fête-Dieu, le fou de la ville marche en tête du cortège et déchaîne l’hi-larité par ses gesticulations, ses
grimaces ou ses plaisanteries. Mais il existe des fêtes particulières, nommées fêtes des fous, où la folie
apparaît récupérée par
Certains jours, la ville médiévale change de visage et ses habitants s’emplissent de la gaieté ambiante. Intrusion dans ces atmosphères très particulières de la fête des fous et du carnaval.
m Jean VERDONProfesseur honoraire d’Histoire médiévale,
Université de Limoges
LA FÊTE BAT SON PLEIN
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Masque de carnaval de Vila Boa, Vinhais (région
de Tras-os-Montes, nord du Portugal).�
Homme sauvage, extrait du Nuremberg Schembart Carnival, XVIe s. – Nuremberg, Stadtbibliothek,K. 444 f° 72.
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ICÔNEMasque du carnaval
de Bâle, 1984
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la culture populaire ; elles permettent non seulement d’éva-cuer le sérieux de la vie quotidienne, mais aussi de contester l’ordre établi.
Le déroulementLa fête des fous, qui tire son origine de fêtes religieuses (la fête des Innocents le 28 décembre et la fête de l’âne le 1er janvier, jour de la Circoncision de Jésus), et des « jeux de diacre », se déroule en deux temps. À l’intérieur de l’église un rituel précis est observé. Mais des manifestations innocen-tes à l’origine, telles que des processions au cours de diverses cérémonies, fi nis sent par aboutir à des débordements dans l’enceinte même de l’édifi ce. En effet les petits clercs, comme lors de la fête des Innocents, choisissent l’un d’entre eux pour évêque. On imagine les scènes burlesques entraînées par
une telle élection, suivie de la bénédiction que donne l’évê-que des fous, revêtu d’habits sacerdotaux, coiffé de la mitre et tenant en main la crosse épiscopale. Du vin est généreu-sement distribué, de sorte que ce jour d’hiver – au Mans l’en-fant de chœur est choisi dès le 13 décembre –, rires et cris remplissent le sanctuaire. D’où, bien évi demment, de virulen-tes condamnations. Ainsi, en 1345, le concile provincial de Rouen réitère l’interdiction absolue, sous peine d’excommu-nication, de participer dans les églises et les cimetières à des « jeux vulgairement appelés des fous, où l’on porte des masques et où se pratiquent beaucoup de choses indécentes ». Au cours de cette fête, que de bouffonneries facilement imaginables… ou non ! Les clercs par exemple, dit-on, n’hésitent pas à faire des encensements avec la fumée de leurs vieux souliers qu’ils brûlent.
LES HOMMES LES HOMMES SAUVAGES SAUVAGES À côté des fous les
hommes sauvages
incarnent égale-
ment le burlesque.
Personnages
imaginaires, dont
seuls émergent
d’une épaisse
toison les mains, les
pieds et le visage,
ils apparaissent
comme des faibles
d’esprit, mais
violents et luxurieux.
Fréquemment
représentés sur les
tapisseries, tout
comme les dragons
ou les géants
inoffen sifs et drôles,
ils se manifestent
lors de certaines
entrées royales. À la
fontaine de Rouen,
pour la grande fête
de 1485, « pour rire
venaient puiser
à cette fontaine
des per sonnages
parmi lesquels un
personnage plus
haut et plus grand
qu’un géant qui
pouvait à peine se
baisser pour pui-
ser à la fontaine ».
Lors de ces fêtes,
rire permet de se
sentir serein face
à des monstres de
pacotille.
Homme de paille de Strobach (Forêt noire).
Hommes sauvages du Schleicherlaufen de Telfs (Tyrol autrichien).
Certaines régions rurales, montagneuses, sont considérées par les ethnologues comme des conservatoires de traditions ancestrales : pour carnaval, les masques de bois sont confectionnés par les artisans locaux et les costumes fabriqués en matériaux naturels.
Pour en savoir plus, voir l’ouvrage de Charles Henneghien, Les plus beaux carnavals d’Europe. Romorantin, Ed. CPE, 2006.
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LE FOLLE FOLÀ la fi n du Moyen Âge, la tradition représente le fou affublé d’un costume bien
particulier et d’attributs symboliques. L’élément essentiel de ce costume est
constitué par le capuchon, ou coqueluchon : muni de longues oreilles d’âne
garnies de grelots, il ne laisse entrevoir que la face du fol. Un long vêtement
pourvu de pans découpés en pointes manifeste l’instabilité. Dans la ceinture qui
enserre la taille, son passées une épée de bois doré et une baguette à laquelle
est accrochée une vessie de porc enfl ée remplie d’une poi gnée de pois secs.
Cette vessie de porc représente la tête vide du fol. Surtout, ce dernier tient une
marotte, bâton surmonté d’une tête burlesque. Cette marotte concurrence le
sceptre, attribut royal, car elle symbolise aussi un pouvoir ou plus exactement
un contre-pouvoir. Ce costume est jaune et vert, les couleurs de la folie.
Le jaune a mauvaise réputation au Moyen Âge en raison, notamment, de
l’infl uence néfaste attribuée au safran. Cette plante contiendrait une substance
qui, agissant sur le système nerveux, inciterait à rire, voire pourrait entraî ner
des accès de folie. Il arrive que le rouge se combine au jaune et au vert.
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Le coqueluchon aux oreilles d’ânes et grelots, la forme et les couleurs du vêtement sont des attributs caractéristiques des fous.
Seconde phase de la fête : le défi lé à travers les rues de la ville. L’évêque des fous est d’abord mené hors de l’église, sur le parvis ou près de l’édifi ce. Par des positions indé centes, des paroles cocasses et impies, les acteurs s’em ploient à faire rire le peuple qui se bouscule pour assister au burlesque spectacle. Puis le cortège s’ébranle et, sous les cris, les chants et plaisanteries salaces, les rires gras, il parcourt la cité. L’as-pect religieux disparaît.Avec la fête des fous la parodie s’installe dans l’église, dans les églises cathédrales, mais aussi dans bon nombre d’églises collégiales. Cette fête est rapportée essentielle ment par ceux qui la stigmatisent et par conséquent nous en possédons une vision déformée. C’est seulement au XVIe siècle que la notion de sacré s’impose vraiment avec la Contre-Réforme et que la fête des fous s’estompe pour laisser place à d’autres formes de comique, essentiellement profanes.
CARNAVAL « Des fous de carnaval.Je sais maints fous de carnaval qui gardent leur bonnetAvant le temps du saint Carême ils dérangent tous les braves gens.Tel va tout barbouillé de suie, tel va masqué et se déguise, défi le en carême-prenant, et son projet est fort scabreux Tel ne veut être reconnu, et tant il fait qu’il se désigne. Il s’est rendu méconnaissable, mais veut pourtant qu’on le remarque.[…]On fait un tapage par les rues, masqué, comme pour les abeilles. Il n ‘est pas un fou à demi, celui qui veut se faire couronner.A courir d’une porte à l’autre, se gaver de beignets gratis, on fait durer jusqu ‘à minuit […]Et tel se gave, en perd le sens, comme s’il devait jeûner tout l’an. […]Les femmes se montrent dans la rue sans crainte des éclaboussures.
Pour le saint lieu, plus de respect:on les poursuit par tout le chœur Celle qu’on attrape est barbouillée. On trouve cela fort courtois. En foule on sort l’âne fl euri ; on le course à travers la ville. Puis on va au bal et aux joutes, dans les concours et les tournois. On y voit accourir les fous. Hardiment vilains et bourgeois prétendent briser une lance sans savoir se tenir en selle.Un coup de lance est vite pris dans le dos ou bien dans l’aisselle. Comme on s’amuse et comme on rit ! Ensuite on se remplit de vin ; on en oublie que c’est Carême. Quinze jours durera ce train. […] »(Sébastien Brant, La Nef des Fous, trad. Nicole Taubes)
C’est précisément pendant le carnaval de l’année 1494 que paraît la Nef des Fous de Sébastien Brant. L’auteur, en dehors d’observations personnelles, évoque des coutumes locales, tel le carnaval qu’il peut observer tous les ans à Bâle. Avant les jeûnes du Carême, le carnaval constitue une sorte de défoulement. Il s’agit des derniers jours où l’on peut manger librement de la viande, boire, s’amuser, avant de se plier à la rigoureuse discipline du Carême – beaucoup mieux obser-vée alors que de nos jours. Passage entre la vie normale où le rire peut prendre place et la montée vers Pâques, introduite par le mercredi des Cendres où l’austérité est de rigueur.
Le défi léLa procession de carnaval ressemble à maints égards à celle des autres fêtes religieuses. Un joyeux cortège se dirige vers la place principale pour y recevoir victuailles ou argent. Des peintures sur un manuscrit de Nuremberg concernantles années 1450-1530 représentent des person nages, les uns portant des paniers d’où dépassent des têtes de poisson, d’autres munis d’une bourse fi xée à la cein ture. Ils deman-dent leur contribution aux spectateurs et frappent aux portes des maisons pour inciter leurs habi tants à verser une obole.En Allemagne, en France, carnaval prend possession de la
ville. Au milieu des rires, des danseurs lancent sur les pas-sants et les personnes accoudées aux fenêtres des coquilles d’œuf pleines d’eau fréquemment parfumée, ou des fl eurs. Les coureurs se fraient un passage parmi les spectateurs à l’aide de branchages, les menaçant parfois avec des piques émoussées. À la fi n du XVe siècle, les valets en Allemagne portent même des tubes à feu, usage qui sera interdit par les autorités municipales en raison du danger. Des musiciens jouent, cependant que la procession avance lentement, s’ar-rêtant de temps à autre aux carrefours.Les danseurs portent des clochettes autour de la taille et des genoux. Les fous sont en effet omniprésents. Précédant le cortège, ils signalent le spectacle : bourgeois, artisans, mar-chands qui, coiffés du coqueluchon, portant des vêtements colorés, se livrent à toutes sortes d’extravagances. Sur les chars : d’autres fous. Symbolique, le dernier jour, le plus beau char est brûlé.
Les spectaclesLors du carnaval, se déroulent de nombreux spectacles, tel saint Georges terrassant le dragon. Celui-ci, placé sur un char, crache du feu et, grâce à une mécanique camoufl ée, agite gueule et queue.
Au milieu de la place de l’Hôtel de ville, représentée avec précision, s’avance un char figurant une lourde nef montée sur des roues dissimulées par des vagues d’azur.
À son bord, ont pris place des personnages monstrueux, diaboliques, portant des masques ; parmi eux, un démon, tout en noir, muni d’une grosse seringue dont il se sert pour repousser les
assaillants ; leur présence désigne clairement cette embarcation comme la nef du Mal. Deux échelles sont dressées contre la coque de ce navire, sur lesquelles se pressent quelques-
uns des guerriers venant prendre d’assaut cette forteresse ambulante. Dans la foule, se sont immiscés des fous et des hommes sauvages portant chacun une énorme
massue qui va bientôt disparaître dans les flammes.
Fou de cour – Londres, British Library, Ms. Harl. 4380 f° 1.
Personnage de carnaval, Nuremberg, 1449, extrait du Nuremberg Schembart Carnival, XVIe s. – Nuremberg, Stadtbibliothek, K. 444 f° 3 v°.
Défilé de Carnaval avec un char à roue, Nuremberg, 1539, Nuremberg Schembart Carnival, XVIe s. – Nuremberg, Stadtbibliothek, K. 444 f° II.
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Le manuscrit de Nuremberg permet de constater que le cortège comporte trois ensembles : des coureurs, danseurs, valets portant un simple masque coloré ; de grands masques à fi gure ; enfi n des tableaux vivants sur des chars à roues.De nombreux thèmes se réfèrent à la vie de cour et, comme elle, attestent le goût de l’exotisme. Hommes et femmes sauvages issus d’un folklore ancien et remis au goût du jour, mais aussi personnages étranges inspirés par l’Orient.
LES JEUX DE CARNAVAL En Allemagne où la fête des fous ne connaît qu’un médio-cre développement, c’est le carnaval qui monopolise en quelque sorte le comique. Attestés dès 1426 au Tyrol, les jeux allemands de Mardi gras, ou jeux de carnaval, donnent lieu à Nuremberg à une production littéraire qui durera un siècle. Alors que les célébrations carnavalesques se dérou-lent à cette époque dans toute l’Allemagne, seules quel-ques villes connaissent vers 1430 ce divertissement théâtral.Ces textes de 40 à 800 vers mettent en scène de deux à six personnages, chargés de déclencher la gaieté d’un public, surtout d’artisans, confi nés dans les auberges de la ville.
Dans ces jeux le rire a partie liée avec la santé et la sexualité. Ainsi une femme intente un procès à son mari parce
que, volage, il ne la satisfait pas. Le seul juré qui ne propose point de châtiment farfelu veut interdire à l’époux oiseaux, poissons, gibier et vin, danse et bain, et enfi n le rire. Celui-ci apparaît donc aussi important pour le bonheur de l’homme que la nourriture et la boisson. C’est surtout lors des carna-vals qu’on l’apprécie. Comme le signale le héraut d’un autre jeu, le carnaval a pour fonc tion de lutter contre la morosité qui empêche les hommes de s’intéresser aux femmes et cel-les-ci de combler les hommes ; c’est pourquoi les femmes doivent savoir, grâce à leur rire, faire disparaître la tristesse de leurs maris. Inversement, lors d’un procès intenté à des maris infi dèles, plusieurs femmes regrettent de n’avoir plus dans leur lit un homme avec qui s’amuser et rire. Il ne s’agit pas d’un rire moqueur. Un personnage refuse de mettre une couronne qui se transforme en paire de cornes car « autrui, dit-il, ne tirera aucun profi t du fait qu’il soit un objet de risée ». Le rire ne se veut ni cri tique, ni contestataire. Il se situe au-delà de la réalité du temps, dans le cadre du jeu.Le but du jeu, lequel est généralement truffé d’invrai semblances, de plaisanteries salaces, est de susciter le rire. D’ailleurs dans l’un des rares jeux sérieux qui a pour thème la religion, les acteurs manifestent leurs regrets pour l’aspect peu cocasse de l’œuvre et affi rment qu’ils présenteront l’année suivante une pièce plus comique. Les spectateurs, en effet, ne vien nent assister à la représentation des jeux, assimilables à des farces, que pour se divertir. Une sorte de complicité s’établit d’ailleurs entre spectateurs et acteurs qui sont apparentés ou unis par des liens d’amitié. Dans les auberges où sont représentés ces jeux, les assistants sont eux aussi déguisés. Il s’agit avant tout de se retrouver, de manger, de boire, de s’amuser ensemble, en écoutant un récit plus ou moins obscène.
CARNAVAL : UNE CRITIQUE SOCIALE ?À la fi n du XVe siècle le carnaval pose problème sur le plan moral et religieux. Le carnaval, comme la fête des fous, entraîne évidem ment des débordements. En particulier le fait de se mas quer suscite la réprobation de l’Église, car il
CARNAVAL ET BOURGEOISCARNAVAL ET BOURGEOISLa ville s’empare de l’organisation de la fête. Philippe
de Vigneulles, dans sa Chronique, dépeint le cortège
de carnaval à Metz, en 1497. Lors du « Gras Temps »,
des groupes de déguisés déambulent à travers la
cité, attirant toute la population; des farces sont
représentées. Mais l’attraction principale est constituée
par un géant en osier qui sort de la maison d’un échevin.
Le jour de Mardi Gras il est fi ancé, puis marié à une
géante. « Et courait tout le peuple après pour les voir. »
Les géants sont ensuite ramenés en l’hôtel de l’échevin.
L’itinéraire de la proces sion atteste le rôle de la
bourgeoisie urbaine : départ de la demeure d’un échevin,
promenade à travers la ville, pas sage par l’église et
retour à la maison de l’échevin. De même à Saint-
Quentin les cloches du beffroi et de la col légiale sonnent
lors du départ de la procession qui passe par l’hôtel de
ville, la place du marché et la place de la cathédrale,
c’est-à-dire par les trois grands centres de la cité.
Vendeur d’indulgences, extrait du Nuremberg Schembart Carnival, XVIe s. – Nuremberg, Stadtbibliothek, K. 444 f° 76.
La danse, extrait du Nuremberg Schembart Carnival, XVIe s. – Nuremberg, Stadtbibliothek,K. 444 f° I.
© Stadtbibliothek Nürnberg
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semble évacuer en quelque sorte la responsabilité humaine. Or, les personnages masqués qui sont exclus des cérémo-nies religieuses dominent lors des grotesques cavalcades. Par-fois, comme à Munich, Constance ou Nuremberg, les pré-dicateurs réclament donc la suppression de tout défi lé. Par le rire qu’il suscite, le carnaval se borne-t-il à une critique des dirigeants, sans grande conséquence, ou sape-t-il les fon-dements du pouvoir ? Les cavalcades du carnaval s’attaquent moins à la hiérarchie que celles des fêtes des fous. Il s’agit uni-quement, dans une manifestation ouverte à tous, de s’amu-ser, de critiquer des personnes, tels les marchands présentés comme avares et cupides. Certes il arrive que des dignitaires ecclésiastiques soient mis en cause à la fi n du XVe siècle, en particulier en Allemagne. Parmi les danseurs du manuscrit
de Nuremberg, fi gure le Vendeur d’indulgences, à la tunique recouverte de billets et munis de lettres d’indulgence ponti-fi cale. Dérision, mais non contestation. Les gouvernements se doivent de ménager les uns et les autres. Pour ne pas déplaire à leurs administrés, ils acceptent des farces, sans grande conséquence sociale, ou politique. Mais il convient de rester dans certaines limites, pour ne pas perturber l’ordre public.
LE RIRE GRAS EST PROPRE À LA PÉRIODE carnavalesque et les débordements commis alors seraient prohibés à tout autre moment. Le rire du carnaval n’est nullement celui de la vie courante, il constitue un exutoire. Mais il ne sape pas les fondements de la vie sociale et de la règle chrétienne.
Déjà important à l’époque médiévale,
le carnaval de Bâle perpétue
chaque année cette tradition : à la nuit tombée, toutes les lumières de la ville
s’éteignent ; les unes après les autres, les
« cliques » sortent dans la rue, créant
une atmosphère magique. Les défilés
se poursuivent quatre jours durant.
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Heers J., Fêtes des fous et carnavals. Paris : Fayard, 1983 (réed. Hachette/Pluriel, 1997).
BIBLIOGRAPHIE �
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Cliques, carnaval de Bâle, 1984
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