Prévention chez le coronarien : il reste du chemin…

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http://france.elsevier.com/direct/ANCAANAnnales de Cardiologie et d’Angéiologie 57 (2008) S1–S1

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Editorial

Prévention chez le coronarien : il reste du chemin…

Coronary artery disease prevention: still a long way to go…

N. Danchin

Division Maladie coronaire et Soins Intensifs Cardiaques, Hôpital Européen Georges Pompidou, 20, rue Leblanc, 75015 Paris, France

La maladie coronaire est une dame bien compliquée.C’est quand on croit l’avoir vaincue qu’on s’aperçoit qu’elleresurgit parfois, malgré tous nos efforts.

A travers une brillante synthèse, Simon Weber nousexplique les grandes lignes de la physiopathologie de l’athé-rosclérose coronaire et de ses complications. On constatevite que rien n’est simple : les complications surviennentbien souvent là où on ne les attend pas, c'est-à-dire en prati-que sur des plaques relativement peu serrées et souvent res-tées jusque là totalement asymptomatiques, alors que les sté-noses les plus serrées, volontiers génératrices de symptômesinvalidants, risquent moins de provoquer des complicationsgraves. Dès lors, on comprend mieux, comme le montrentLuc Lorgis et Yves Cottin, que les traitements de revascula-risation aient du mal à démontrer un effet favorable sur lepronostic des coronariens. Une conclusion s’impose : vou-loir améliorer la survie des coronariens nécessite des mesu-res susceptibles de toucher l’ensemble de l’arbre artériel etnon pas seulement ses segments les plus rétrécis. C’est toutl’enjeu de la prévention, qui associe des mesures touchant aumode de vie et l’utilisation au long cours de médicamentsdémontrés efficaces à cet égard.

Parmi ceux-ci, les statines figurent au premier plan,comme nous le rappelle Jean Ferrières. Les grandes étudescliniques publiées au cours des 15 dernières années en ontdocumenté l’efficacité pour réduire la mortalité et les com-plications cardiovasculaires graves chez les coronariensdéclarés, quel que soit le niveau initial de la cholestérolémie.Les données des grands essais sont corroborées par celles

des registres d’observation, qui notent également une asso-ciation favorable entre la prescription de statines et la mor-talité. Les registres confirment aussi que les statines peuventêtre administrées très tôt en cas de syndrome coronaire aiguou d’infarctus. Reste encore en suspens la question de ladose optimale et de son corollaire, la cible de LDL-choles-térol à atteindre. Actuellement, les recommandations fran-çaises prônent l’obtention d’un LDL < 1,00 g/l.

Enfin, la prescription ne sert à rien si les médicamentsprescrits ne sont pas acceptés et pris par le patient. C’esttoute la problématique de l’observance et de l’adhérence autraitement médicamenteux, qui sont essentielles pour obte-nir des résultats cliniques satisfaisants. L’adhérence au trai-tement est une alchimie complexe, qui mélange la toléranceindividuelle de chaque médicament et l’approche psycholo-gique de chaque individu face à sa maladie. Tous les effortsconsacrés à améliorer l’observance sont importants. A cetitre, la mise à disposition d’associations fixes regroupantdans un même comprimé deux classes thérapeutiques essen-tielles à la prévention secondaire, devrait permettre de faci-liter l’acceptation du traitement. C’est sans doute le premierpas vers la mise à la disposition des patients de véritables« polypills » qui fourniraient en un seul comprimé l’ensem-ble des classes thérapeutiques dont le bénéfice aura pu êtreprouvé en prévention de la maladie coronaire. Portonsl’espoir que de tels « outils thérapeutiques » puissent nousaider à faire passer dans la « vraie vie » les résultats remar-quables des essais cliniques.

Auteur correspondant.Adresse e-mail : nicolas.danchin@egp.ap-hop-paris.fr

edito.fm Page 1 Mercredi, 27. février 2008 11:55 11

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