Quoi de neuf du côté d’Hyères ? Lorsque la nuit … 121.pdf · Comme toujours plonger la nuit...

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XENOPHORA N° 12110

R E C O L T E S

Texte : David TouitouPhotos : Laurent Kbaier

Ce texte fait suite aux précédentsarticles publiés sur le sujet(Xéno N°118, 119 et 120). Lau-

rent, célèbre photographe sous-marin(http://www.bluesun.fr) et moi-même som-mes à la recherche de la belle et rareCypraea pyrum Gmelin, 1791, espèceque nous n’avons pour le moment puimmortaliser.

Voici donc le résumé de nos derniè-res plongées varoises.

Plongée N°6 – Porquerolles, Août2007

Pour cette nouvelle sortie, nous chan-geons d’atmosphère. En effet nous déci-dons d’effectuer une plongée de nuit.Habitué à plonger la nuit outre-mer, c’estcependant la première fois que je le faisen Méditerranée.

Nous arrivons sur le spot choisi audernier moment. Nous ancrons puis nousnous attelons à préparer le matériel. Lespréparatifs sont plus longs qu’à l’accou-tumée. On y voit moins et on doit s’occu-per de beaucoup plus de choses. Aprèsun gros retard nous nous immergeonsenfin dans l’obscurité la plus totale. Ren-dez-vous au pied du mouillage pour unevérification de la qualité de l’ancrage.Nous commençons alors notre prome-nade nocturne.

Comme toujours plonger la nuit est unvrai bonheur. Le calme ambiant est sai-sissant, les poissons sont endormis pourla plupart et nous essayons de ne pasles gêner dans leur sommeil. C’est enéclairant la roche que nos sens s’activent.En effet de nombreuses espèces de mol-lusques et de crustacés sont de sortie.

C’est un pur régal de pouvoir obser-ver tant de vie autour des failles, dansles herbiers de posidonies et sur lesgorgones. Du côté des mollusques, nousrencontrons de nombreux Calliostoma

conulum Linné,1758 en vadrouille, uneespèce vraiment magnifique que Laurentimmortalisera de fort belle manière. Tout

au long de la plongée,nous croiserons égale-ment des spécimens dela gracieuse Luria luridaLinné,1758. Sur unegorgone dans la zonedes 20 mètres sera re-péré Neosimnia speltaLinné,1758. Nous contournons un énième

éperon rocheux puis décidons de re-brousser chemin. Le courant semble plusétabli et de fait nous essayons de nousen protéger en rasant la roche. Je suisLaurent qui est sensé maîtriser la confi-guration de la zone. Nous nageons dansla zone des 10 mètres et devons contour-ner une énorme roche. Arrivés de l’autrecôté, nous sommes face à un autre épe-ron mais entre les deux sévit un courantd’une force plus que surprenante. Le plusennuyeux c’est que je ne reconnais pasdu tout la zone et il semblerait que Lau-rent non plus à la vue des signes qu’ilm’adresse. Je lui fais signe de faire sur-face afin que l’on se repère. Nous remon-tons le long de la roche, littéralement pla-qués à celle-ci par le courant. En surfacele courant passe pardessus le sec et defait est encore plus fort qu’en profon-deur… nous sommes malmenés et em-portés. Tout en luttant contre lui nous es-sayons de repérer l’embarcation. Dans unpremier temps nous ne voyons rien puisla lumière à éclat est détectée sur notredroite. Le bateau semble loin, ce qui mesurprend énormément et le fait que lecourant nous pousse vers le large réveilleen moi ce petit instinct de survie qu’on atous connu. J’essaie alors de plonger denouveau mais le courant est si violent àla pointe que je sens que je risque de mefatiguer en pleine eau. Nous regagnonsdonc le bord à la palme en surface dosau courant. Finalement nous atteignonsassez rapidement le bateau qui n’était passi loin (une illusion d’optique car la lampeà éclat s’est décrochée), tant mieux ! Enarrivant à l’échelle nous nous apercevonsque l’ancre s’est déplacée et que lesmoteurs sont à moins d’un mètre de laroche… Le temps presse. Nous nous his-sons frénétiquement sur le bateau etaprès s’être rapidement changés, nous

relevons l’ancre. Constat immédiat : elleest bloquée… Quelle poisse ! Après 15minutes de manœuvres nous finirons pardécrocher l’ancre. Nous rentrerons avecde belles images plein les yeux et quel-ques idées pour sécuriser nos futuressorties nocturnes.

Plongée N°7 – Presqu’île de Giens,Septembre 2007

Nous décidons bien évidemment deplonger de nouveau la nuit. Nous chan-geons de lieu pour un mouillage beau-coup plus sécurisé et une zone plus ri-che encore. Le trajet est assez long, 45minutes à fixer l’horizon en quête d’unéventuel obstacle nocturne (bateau nonéclairé, bouée, palangre, filet, roche,…).Nous nous immergeons entre les médu-ses et longeons le bord en direction dela pointe. Nous éteignons nos lampes afinde conserver leur pleine autonomie pourla plongée. Arrivés au bord de l’abrupttombant nous allumons nos torches etdescendons le long de la paroi tapisséede gorgones. Sur les gorgones nombreuxsont les Bernard l’ermite qui nous obser-vent. Laurent commence ses clichés pen-dant que je visite l’éboulis en contrebasdans la zone des 25 m.

J’alterne fouille des blocs rocheux etinspection des petites grottes. Je rencon-tre une Luria lurida adulte sous une ro-che d’une très petite taille. Sur unegorgone je rencontre un petit murex roséd’une dizaine de millimètres qui sembleappartenir à l’espèce Muricopsis cristatus(Brocchi, 1814). Autour des failles serontprésents de nouveau quelques jolis spé-cimens de Calliostoma conulumLinné,1758. La plongée touche à sa finet le retour au bateau s’impose. Arrivésau mouillage, je traîne un peu autour dubateau dans la zone des 6 mètres enquête du cône de Méditerranée. Serontrepéré : Mitra nigra Gmelin, 1791 &Buccinulum corneum Linné,1758.

Plongée N°8 – Presqu’île de Giens,Septembre 2007

Même lieu même tempo… Nous ré-pétons l’histoire précédente. Nous pous-sons un peu plus profond et atteignonsle pied du tombant à 32 mètres. Seul

Quoi de neuf du côté d’Hyères ?Lorsque la nuit s’éclaire…

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Buccinulum corneum Linné,1758 y estrencontré. Nous remontons d’une dizainede mètres. Je décide de fouiller de nou-veau les éboulis. Je remarque cette foisque de nombreux coquillages sont desortie. J’aperçois même Haliotislamellosa Lamarck, 1822 hors de sa ca-chette !

Les crustacés sont aussi nombreux cesoir. C’est le cas aussi des pieuvres quiglissent de leurs huit tentacules le long

du tombant. Elles pâlissent lorsqu’ellessont éclairées. Il semble que nous ayonschoisi le bon jour, c’est la grande paradece soir ! Conscient de mon erreur du dé-but de plongée (fouiller les éboulis alorsque tout le monde se promène…), je re-monte encore afin de retarder la venue

des paliers et je décide d’inspecter avecattention les parois du tombant. Rapide-ment plusieurs spécimens de Luria luridasont décelés. Nous sommes sur le che-min du retour et après avoir pris quelquesclichés de gros spécimens de Neosimniaspelta Linné,1758, je m’arrête devant unefaille dans la zone des 10 mètres. J’aper-çois une Luria lurida de nouveau. Puisj’en vois une autre. La faille verticale esttraversée par deuxième faille horizontale,l’ensemble formant une sorte de croix.Dans cette faille une troisième lurida yest dissimulée derrière une éponge grise.J’essaie de l’observer d’un autre angleet stupéfaction j’aperçois une Erosariaspurca Linné,1758 immobile, totalementcamouflée par son manteau. C’est la pre-mière fois que j’aperçois cette espècesans avoir à retourner des blocs rocheux !Je m’étonne encore d’avoir pu la décelercar son mimétisme est parfait ! Jamais jene l’aurais détectée sans avoir fixé lazone… Je regarde de nouveau dans lapremière faille et là encore… une

deuxième spurca, manteau sorti, glissesur la roche… C’est comme pour leschampignons, une fois que l’on a l’espècedans l’œil, on en voit partout ! On peutdire que je suis tombé sur « la faille auxporcelaines »… C’est à ce moment là quej’ai le plus regretté de m’être focalisé surles éboulis alors qu’il aurait fallu ce soirlà visiter les alentours des failles rocheu-ses, la porcelaine orangée aurait peut-être été enfin rencontrée… De retour aubateau Laurent prendra en photo LimaLima Linné,1758 et Mitra nigra Gmelin,1791.

Le Mot de la fin

Cette dernière plongée sera finale-ment la dernière de la saison. Rendez-vous pris avec Z. pyrum l’année pro-chaine… la quête continue !

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