Sélection médicale des candidats à un don de sang : prévention des risques pour le donneur

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Sélection médicale des candidats à un don de sang :prévention des risques pour le donneur

A. Beauplet *, B. Danic, F. Aussant-Bertel et les médecins de l’EFS-Bretagne

Établissement français du sang – Bretagne, rue Pierre-Jean-Gineste, BP 91614, 35016 Rennes, France

Reçu le 28 juillet 2003 ; accepté le 30 juillet 2003

Mots clés : Don de sang ; Prévention des risques ; Donneur de sang

Keywords: Blood donation; Risk prevention; Blood donor

* Auteur correspondant.Adresse e-mail : alain.beauplet@efs.sante.fr (A. Beauplet).

Transfusion Clinique et Biologique 10 (2003) 433–467

www.elsevier.com/locate/tracli

© 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.tracli.2003.07.002

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1. Prévention d’une décompensation respiratoire

1.1. Conduite à tenir devant une pathologiebronchopulmonaire non infectieuse

Résumé des risques encourus

Risque donneur Risque receveur• Déclenchement d’une crise d’asthme(stress)

• Transmission bactérienne

• Décompensation d’un état hypoxique • Allergie passive ?

(1) Classification de l’asthme selon les critères cliniquesde sévérité

Asthme léger Asthme modéré Asthme sévère• Symptômes brefs etintermittents

• Plus de deux crisespar mois.

• Crises fréquentes

Fréquence < 1 à2 crises par semaine.

• Crises pouvantaffecter l’activité et lesommeil

• Symptômes continus

• Symptômesnocturnes : rares(maximum : 1/mois)

• Plus de deuxsymptômes nocturnespar mois

• Symptômes nocturnesfréquents

• Asymptomatiqueentre deux crises

• Symptômeschroniques nécessitantdes b2-mimétiquespresquequotidiennement.

• Activité physiquelimitée par l’asthme

• DEPa ouVEMSb > 80 % de lavaleur théorique,

• DEP ou VEMS 60 à80 % de la valeurthéorique, variabilitéde 20 à 30 %.

• DEP ouVEMS < 60 % de lavaleur théorique

• Variabilité < 20 % • Variabilité > 30 %a DEP : débit expiratoire de pointeb VEMS : volume expiratoire maximum par seconde.

(2) • Bronchite chronique sévère• Emphysème sévère• Pneumopathies interstielles• Séquelles d’embolie pulmonaire, de tuberculose...

Cas particulier : les apnées du sommeil traitées ounon ne sont pas une contre-indication au don (ab-sence de risque hypoxique en état de veille).

(3) La sarcoïdose est une maladie générale granuloma-teuse dont l’étiologie est toujours inconnue. L’hypo-thèse infectieuse n’est pas écartée.

(4) Contre-indication de 7 jours après disparition dessymptômes infectieux et/ou l’arrêt du traitement anti-biotique.

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2. Prévention de l’aggravation d’une anémie

2.1. Conduite à tenir devant une pathologie digestive noninfectieuse

Résumé des risques encourus

Risque donneur Risque receveur• Aggravation d’une anémie • Transmission virale (endoscopie)

(1) Se reporter à « CAT devant un risque d’expositionnosocomiale ».

(2) Les pathologies tumorales et inflammatoires chroni-ques (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique)sont des contre-indications définitives.

Les hépatopathies chroniques, les pancréatites chroni-ques sont des contre-indications définitives.Tous les syndromes de malabsorption avec retentisse-ment clinique et/ou biologique sont des contre-indications définitives.Les pathologies curables non infectieuses ne sont pasdes contre-indications au don.

(3)• Ulcère gastroduodénal : douleur classiquement soula-

gée par l’ingestion alimentaire, et réapparaissant 2 à3 heures après le repas. Elle peut réveiller vers 1 à 2 hdu matin. Elle dure plusieurs semaines.

• Saignement digestif : rectorragies non explorées, mé-léna, signes évocateurs d’anémie associés à une symp-tomatologie digestive.

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2.2. Conduite à tenir devant une pathologie avecsyndrome inflammatoire aigu ou chronique

Résumé des risques encourus

Risque donneur Risque receveur• Aggravation d’une anémie inflammatoire • Principe de précaution

(1) Pathologies aiguës de l’appareil locomoteur(2) Néoplasies

Le risque pour le receveur ne peut être précisémentévalué. Les modifications des caractères des cellulescancéreuses (perte d’adhésion intercellulaire, dissémi-nation) imposent le principe de précaution, mêmeaprès rémission.

(3) Maladies auto-immunesLe déterminisme encore mal connu et l’hypothèsevirale soulevée dans certaines pathologies imposent leprincipe de précaution.• Maladies auto-immunes systémiques :

C lupus érythémateux disséminé ;C sclérodermie ;C dermatomyosites ;C certaines vascularites ;C polyarthrite rhumatoïde ;C syndrome de Sjögren.

• Maladies auto-immunes spécifiques d’organes ou detissus :

C thyroïdite d’Hashimoto ;C maladie de Basedow ;C diabète insulinodépendant ;C maladie d’Addison ;C myasthénie ;C pemphigus, pemphigoïde bulleuse ;C hépatites auto-immunes ;C cirrhose biliaire primitive ;C anémie de Biermer ;C cytopénies auto-immunes (anémie hémolytique

auto-immune, purpura thrombopénique idiopathi-que) ;

C syndrome de Goodpasture.• Maladies inflammatoires chroniques de mécanismes

physiopathologiques analoguesC sclérose en plaques ;C maladie de Crohn ;C rectocolite hémorragique ;C sarcoïdose ?

• Pathologies avec syndrome inflammatoire biologi-que : l’évolutivité de la maladie, et l’anémie due à laséquestration du fer sont des motifs de contre-indica-tion :C spondylarthrite ankylosante ;C rhumatisme psoriasique ;C maladie de Horton ;C néoplasies ;C hémopathies malignes.

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2.3. Conduite à tenir devant un antécédent d’anémieou un profil à risque d’anémie

Résumé des risques encourus

Risque donneur Risque receveur• Aggravation d’une anémie • Aucun

(1) Asthénie, pâleur conjonctivale et de la muqueuse in-terne des joues, pâleur des téguments, lipothymies.

(2) Rechercher une autre étiologie à l’asthénie et auxlipothymies. Le don est autorisé à condition que cessymptômes soient mineurs.

(3) Information donnée par le candidat au don ou détenuedans le dossier médical biologique du donneur.NB : les coureurs de fond pratiquant de façon intensivela course à pied sont exposés à des carences martialesavec risque majoré d’anémie. Chez ces personnes, ladétermination de l’hémoglobine pré-don est indiquée.

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2.4. Conduite à tenir devant une situation avec risqued’anémie en gynéco-obstétrique

Résumé des risques encourus

Risque donneur Risque Receveur• Aggravation d’une anémie • Principe de précaution (tumeur maligne)

(1) Sur initiative du médecin, le délai peut être ramené à5 mois à condition de vérifier que le taux d’hémoglo-bine (Hb pré-don ou numération récente) confirmel’absence d’anémie (Hb ≥ 12 g/dL).

(2) Ménorragies : règles abondantes ou de durée excessiveMétrorragies : hémorragies non menstruelles, ou inter-menstruelles.

(3) Les métrorragies fonctionnelles représentent 75 % dela totalité des métrorragies. Elles surviennent aux âgesextrêmes de la période d’activité génitale.Plus de 50 % concernent des femmes de plus de 45 ans,et 20 % des adolescentes.La contraception (orale ou par dispositif intra-utérin)peut provoquer des ménorragies.

(4) Fibrome, endométriose, adénomyose, kyste ovarienNB : les formes associées à une infection génitale sontévoquées dans l’algorithme « CAT devant une infec-tion de l’appareil génital ».

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2.5. Conduite à tenir devant une anomalie des globulesrouges avec risque d’hémolyse

Résumé des risques encourus

Risque donneur Risque receveur• Aggravation d’une anémie • Choc (transfusion d’hémoglobine libre)

(1) Le risque hémolytique doit être apprécié en raison dela durée de conservation du concentré de globulesrouges, et du risque de choc lors de la transfusion chezle receveur.Le risque est identique selon la nature homologue ouautologue du CGR.

(2) La drépanocytose hétérozygote est le plus souventasymptomatique. Cependant, il a été observé une into-lérance des hématies à la filtration et à la centrifugationqui peut représenter une contre-indication à touteforme de don.L’alphathalassémie hétérozygote (forme mineure) secaractérise par une microcytose sans anémie (voirepseudopolyglobulie microcytaire). Elle représente 1 %de la population européenne. Elle est asymptomatique.Les bêta et deltathalassémies hétérozygotes ont untableau clinique et biologique semblable.

(3) Exemple : déficit en pyruvate kinaseDans les formes hétérozygotes, la tare est asymptoma-tique, le déficit étant compensé par le chromosome sain.

(4) Exemple : déficit récessif lié à l’X : déficit en G6 PD(5) Les maladies constitutionnelles de la membrane du

globule rouge sont à transmission autosomique domi-nante.Le risque d’autohémolyse au cours de la conservationest particulièrement élevé.

(6) Le test de Coombs direct peut être détecté positif par lelaboratoire de qualification du don (RAE), ou le labo-ratoire immunohématologie–receveurs lors del’épreuve de compatibilité croisée avec le sérum dureceveur potentiel.Le résultat doit être contrôlé, et le donneur orienté versson médecin traitant afin d’éliminer une anémie hémo-lytique auto-immune (AHAI) sous-jacente (hémo-gramme avec numération réticulocytaire, bilirubinelibre, haptoglobinémie).Rechercher une cause médicamenteuse (alpha méthyldopa donnant une authentique AHAI, ou pénicilline,sulfamide, s’adsorbant sur la membrane et pouvantdonner une positivité du test de Coombs direct).Dans la majorité des cas, aucune pathologie sous-jacente n’est retrouvée.

(7) La persistance des auto-anticorps interfère avec lesexamens immunohématologiques (épreuve de comp-tabilité croisée ininterprétable).

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3. Prévention d’une décompensation cardio-vasculaire

3.1. Conduite à tenir devant un antécédent de douleurthoracique

Résumé des risques encourus

Risque donneur Risque receveur• Décompensation d’une insuffisancecoronarienne

• Infectieux (pleurésie, péricardite)

– par hypoperfusion (malaise, chute tensionnelle) ;– par hypo-oxygénation (anémie)

(1) Signes évocateurs d’une douleur neurotonique :• sujet jeune, terrain anxieux ;• douleur non liée à l’effort (survenue, arrêt) ;

• durée très brève ;• majorée par l’inspiration ;• à type de pincement, de picotement.

(2) Signes évocateurs d’une douleur pariétale :• provoquée ou majorée par la pression manuelle ;• rythmée par la respiration ;• notion de traumatisme récent.

Cas particulier : zona (brûlures latérales).(3) Embolie pulmonaire unique sans anomalie de la coa-

gulation et survenue dans un contexte favorisant lesthromboses veineuses : 6 mois.Péricardite virale ou pleurésie : trois mois après guéri-son.Péricardite tuberculeuse : deux ans après guérison.Pneumothorax spontané : deux mois après guérison.

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3.2. Conduite à tenir devant un trouble du rythmeou de la fréquence cardiaque

Résumé des risques encourus

Risque donneur Risque receveur• Trouble du rythme paroxystique • Effet pharmacologique (plasma)

(1) Sauf situations physiologiques particulières, le don desang homologue est réalisable chez un sujet dont lafréquence cardiaque est régulière, et comprise entre60 et 100 pulsations/min.Les situations physiologiques compatibles avec le dondu sang pour des valeurs différentes de la fréquencecardiaque sont les suivantes :

• situation post-effort immédiat, émotion au cours des-quelles une tachycardie sinusale est possible. Le donest possible à condition que la fréquence ne dépassepas 110 pulsations/min, et que la fréquence cardiaques’abaisse au-dessous de 100/mn après repos ;

• sportif entraîné, chez lequel une bradycardie sinusaleinférieure à 60 pulsations/min est possible. Dans cecas, la bradycardie (pouvant atteindre 45 à

50 pulsations/mn) est connue du candidat au don, carsignalée à chaque consultation médicale. Vérifier parprécaution l’absence d’antécédent de syncopes.

(2) Voir tableau annexe « anomalies de l’ECG »(3)

• Coronaropathie• Dégénérescence fibreuse des voies de conduction.• Myocardiopathies.• Myocardites.• Insuffisance cardiaque.• Valvulopathies.• Cas particulier : faisceau de réentrée (y compris Wolf–

Parkinson–White) : la guérison définitive peut êtreobtenue après traitement par radiofréquence, à faireconfirmer par le cardiologue traitant.En outre, les situations pathologiques suivantes peu-vent s’accompagner d’une tachycardie sinusale :

• hyperthyroïdie ;• hypoxie ;• hypotension artérielle ;• anémie ;• fièvre.

Principales anomalies de L’ECG

Signes ECG Remarques Étiologie CAT

Bloc de branchedroit : retard del’activation duventricule droit(BBD)

• QRS entre 0,10 et 0,11 s (blocincomplet) ou ≥ 0,12 s (bloccomplet).

Dans certains cas (rares), un blocde branche droit peut révéler unemyocardiopathie du ventriculedroit, très arythmogène.

Pas de contre-indication(CI).

• aspect RSR’ ou QRS en formede M en V1-V2

Habituellementphysiologique.

aspect RS avec S large et empâtéeen V5-V6

Par précaution, demanderavis cardiologique avant ledon.• sous-décalage ST et onde T

négative en D3, V1, V2.

• déviation axiale droite.

Bloc de branchegauche (BBG) :retard d’activation duventricule gauche.

• QRS entre 0,10 et 0,11 s (blocincomplet) ou ≥ 0,12 s (bloccomplet).

Cardiopathie ventriculaire gaucheacquise (rétrécissement aortique,insuffisance aortique,hypertension artérielle,cardiopathie ischémique oumyocardiopathie dilatée)

Contre-indication définitive

• QRS en forme de M en V5-V6aspect rS ou QS en V1-V2

• sous-décalage ST et onde Tnégative en D1, AVL, V5, V6.

• Déviation axiale gauche

Blocauriculo-ventriculaire(BAV) 1er degré

Espace PR sup. à 0,20 s restantinf. à 0,24 s

Toutes les ondes P sont suiviesd’un complexe QRS

Don possible après aviscardiologique, et àcondition que l’anomalieélectrique soitasymptomatique (sansconséquence chez unsportif entraîné).

BAV 2e degré Espace PR sup. à 0,20 s Survenue intermittente d’uneonde P non suivie de QRS

Cardiopathie souvent associée Contre-indication définitive

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Signes ECG Remarques Étiologie CAT

BAV 3e degré Espace PR sup. à 0,20 s Indépendance totale des ondes Pet des complexes QRS.

Correspond le plus souvent à unedestruction complète du tronc dufaisceau de HIS ou de sesbranches.

Contre-indication définitive

Les complexes QRS ont unefréquence plus lente que celle desondes P.

Cardiopathie souvent associée

Les complexes QRS sont d’autantplus fins que le BAV est haut situé

Fibrillationauriculaire

Activité auriculaire irrégulièreanarchique et très rapide (350 à600/min) ondes f réalisant desondulations continuelles et trèsirrégulières de la ligne de base quiremplacent les ondes P. Lescomplexes QRS sont trèsirréguliers mais de morphologienormale. L’espace PR n’est plusmesurable.

Maladie de l’oreillette gauche. Contre-indication définitiveCertaines cardiopathies :• rétrécissement mitral ;• cœur pulmonaire aigu ;• péricardites aiguës ouchroniques ;• myocardiopathie nonobstructive ;• myocardiopathie obstructive ;• intoxication digitalique ;idiopathique.

Flutter Flutter auriculaire : Les ondesauriculaires anormales (ondes F)sont régulières et toutesidentiques (fréquence 250 à350/min)

CI définitive

Morphologie en dent de scie

Les complexes QRS qui suiventsont normaux

Flutter ventriculaire : rythmeventriculaire rapide (> 200). Lesondes QRS et T ne sont plusdissociables : les ondes P ne sontplus visibles.

Bouveret(tachycardie de)

Crises de tachycardieparoxystique d’originesupraventriculaire.

Diagnostic souvent posé parexcès, sur la description cliniqued’une tachycardie paroxystique

CI définitive si le diagnostica été formellement posé parun cardiologue (risque dedéclenchement d’une crisepar le stress) Le don estpossible si les crises sontanciennes, rares, et nonobjectivées par un tracéélectrique

Wolf ParkinsonWhite

Un espace PR court < 0,12 s Diagnostic électrique par uncardiologue

Évolution soit vers lanormalisation de l’ECG de façonplus ou moins durable, soit vers lafibrillation ventriculaire avecrisque de mort subite (rare)

CI définitive : Anomaliearythmogène sauf guérisondéfinitive par uncardiologue

Un élargissement de QRS

> 0,11 s (empiétementuniquement sur PR)

Un empâtement du début de QRS(onde Delta)

Extrasystolesauriculaires

Onde P prématurée interrompantle rythme sinusal

QRS normal prématuré ouabsence de QRS (extrasystole enpériode réfractaire)

• Cardiopathie rhumatismale• Cardiopathie athéromateuse• Médicaments(sympathomimétiques)

Pathologie organiquesous-jacente : CI définitiveSinon, don autorisé aprèsavis cardiologique.

• Caféine

• Tabac

• Troubles du SNC

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Signes ECG Remarques Étiologie CAT

Extrasystolesventriculaires

QRS ectopique interrompant lerythme sinusal

Cœur normal : stress

Cœur pathologique :C MyocarditeC PéricarditeC insuffisance cardiaqueC ischémieC prolapsus mitral avec fuite

valvulaire

Demander aviscardiologiqueC ESV précoce

(sur onde T), en salves,ou associées à unepathologie organique :CI définitive

C ESV simples sur cœursain : Don autorisé.

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3.3. Conduite à tenir devant une pathologie vasculaireou une anomalie tensionnelle

Résumé des risques encourus

Risque donneur Risque receveur• Chute tensionnelle (hypoTA, hyperTAtraitée par hypotenseur)

• Effet pharmacologique(plasma)

• Décompensation d’une coronaropathielatente ou d’une insuffisance circulatoire

(1) Tout terrain artériopathe, quelle que soit la localisationdes lésions, doit faire suspecter une coronaropathielatente.

(2) Le don du sang est normalement bien toléré chez unsujet dont la tension artérielle systolique est compriseentre 100 et 180 mmHg, et la tension artérielle diasto-lique inférieure à 100 mmHgVérifier systématiquement la tension artérielle audeuxième bras.Vérifier l’absence « d’effet garrot » par les vêtements,et la position du brassard. Chez un candidat au donsans antécédent d’HTA, changer de brassard.

(3) Se méfier des bi, tri, voire quadrithérapies masquéespar l’utilisation de spécialités combinant plusieursprincipes actifs.

(4) Les personnes traitées par diurétiques sont en hypovo-lémie relative et ne doivent pas être prélevées paraphérèse, quel que soit le type de séparateur.Les b-bloquants et les inhibiteurs de l’enzyme deconversion agissent sur les mécanismes d’adaptationtensionnelle. En cas d’hypovolémie (réelle ou relativelors d’un malaise vagal), la prise en charge d’un ma-laise peut s’avérer délicate. Ces personnes ne doiventpas être prélevées sur des séparateurs à flux discontinu.Les autres traitements antihypertenseurs incitent, parprécaution, à ne pas orienter ces personnes vers desprélèvements sur séparateurs à flux discontinu.

(5) Tenir compte des chiffres tensionnels habituels. Latolérance du prélèvement dépend davantage du diffé-rentiel avec la tension artérielle habituelle que de lavaleur mesurée.Vérifier systématiquement la tension artérielle audeuxième bras.Chez un candidat au don sans antécédent d’hypoten-sion artérielle, changer de brassard.Chez une personne traitée pour hypertension arté-rielle, le seuil systolique doit être ramené à120 mmHg. En dessous de cette valeur, l’hypovolémierelative induite par le prélèvement de sang total majorele risque de bas débit de la circulation cérébrale.

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3.4. Conduite à tenir devant l’existence d’un soufflecardiaque

Résumé des risques encourus

Risque donneur Risque receveur• Angor (rétrécissement aortique) • Aucun• Troubles du rythme• Difficultés d’adaptation du débit cardiaque

(1) Contexte du souffle anorganique :• sujet jeune dont le souffle a été découvert de façon

fortuite par un médecin, ne nécessitant pas une ex-ploration spécialisée ;

• il s’agit d’un souffle systolique d’éjection, à type debourdonnement ou de vibration, maximal en bordureparasternale gauche. Il disparaît généralement à lapuberté.

(2) Antécédent de rhumatisme articulaire aiguApparition ou persistance du souffle à l’âge adulte.Signes associés.

(3) Cas particulier : le prolapsus valvulaire mitralLe prolapsus valvulaire mitral est un diagnostic écho-graphique posé par un cardiologue sur des critèresprécis.Seul le prolapsus mitral avec fuite valvulaire associéeest considéré comme une valvulopathie contre-indiquant le don, en raison d’un risque arythmogène.Le prolapsus mitral simple n’est pas une contre-indication au don. Si besoin, contacter le cardiologueayant réalisé l’échographie.

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4. Prévention d’une complication en post-don

4.1. Conduite à tenir devant une activité post-don avecrisque en cas de malaise

Résumé des risques encourus

Risque donneur Risque receveur• Danger vital en cas de malaise post-don • Aucun

(1) Déconseiller la reprise d’une activité sportive de loi-sirs dans les 2 heures après le don.

Donner des conseils élémentaires d’hydratation parboisson non alcoolisée, et de repos allongé en cas defatigue, ou de lipothymie.

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4.2. Conduite à tenir devant un antécédent de comitialité

Résumé des risques encourus

Risque donneur Risque receveur• Déclenchement d’une crise • Aucun

(sauf intervention neurochirurgicale :principe de précaution)

(1) En général, la première crise n’est pas traitée lorsquel’EEG est normal, et en l’absence d’agression céré-brale.

(2) La notion de plusieurs crises n’ayant jamais été trai-tées est suspecte et probablement liée à l’absence desuivi médical, ou à l’inobservance du traitement par lepatient.

(3) L’arrêt du traitement peut être décidé par le neurolo-gue après cinq années sans crise.La récidive apparaît toujours dans la première annéeaprès l’arrêt de la thérapeutique.Le don est envisageable après un délai de 3 ans sanscrise.

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5. Prévention d’une décompensation endocrienneou métabolique

5.1. Conduite à tenir devant une pathologie endocrinienne

Résumé des risques encourus

Risque donneur Risque receveur• Décompensation de lapathologie

Principes de précaution :• Transmission d’ATNC (chirurgie del’hypophyse, traitement par hormone decroissance avant 1989).• Cancérologie/auto-immunité

(1) Pathologies auto-immunes :• thyroïdite d’Hashimoto ;• maladie de Basedow ;• maladie d’Addison ;• diabète insulinodépendant

Tumeurs :Les adénomes sont des tumeurs bénignes. 95 % desphéochromocytomes sont bénins.Lorsque le caractère bénin est confirmé par l’histolo-gie, le don est autorisé après stabilisation de la patho-logie.

(2) L’insuffisance surrénalienne chronique est susceptibled’évoluer vers une crise aiguë à l’occasion de multi-ples évènements intercurrents.

(3) Pathologies de la thyroïde et de la parathyroïde, dia-bète insipide, diabète non insulinodépendant.

(4) Exemple : complications cardiovasculaires du diabète,des dysthyroïdies.L’association diabète–tabac, ou diabète–HTA, est àhaut risque cardiovasculaire.

(5) Se reporter à l’algorithme correspondant : « Conduiteà tenir devant un traitement par hormone de croissancehypophysaire ».

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5.2. Conduite à tenir devant une maladie métabolique

Résumé des risques encourus

Risque donneur Risque receveur• Décompensationde la pathologie

• Risque bactérien(hémochromatose et Yersinia enterocolitica)• Choc par transfusion d’hémoglobine libre(porphyrie érythropoïétique congénitale)

(1) En France, l’hémochromatose génétique est essentiel-lement représentée par le portage homozygote de lamutation C282 Y du gène HFE.D’autres mutations peuvent être associées à une hémo-chromatose génétique (H63D, S65D...).Seules les hémochromatoses avec surcharge en ferreprésentent une contre-indication à l’utilisation théra-peutique du sang pour deux raisons :• éthique : le bénéfice secondaire lié à la saignée est

contradictoire avec les principes du bénévolat et devolontariat imposés par la loi du 4 janvier 1993 ;

• médicale : l’hypothèse d’un risque majoré de sensi-bilité aux infections bactériennes (notamment Y. en-terocolitica) n’a pas été formellement écartée.En revanche, la notion d’une mutation génétique àl’état hétérozygote ou homozygote, mais sans ex-

pression phénotypique (paramètres du métabolismedu fer normaux), n’est pas une contre-indication àl’utilisation thérapeutique du sang.

(2) Les porphyries sont des maladies présentant des trou-bles de la biosynthèse de l’hème.Les manifestations cliniques majeures sont des attein-tes intermittentes du fonctionnement du système ner-veux (neuropathie périphérique, troubles psychiatri-ques), et de la sensibilité de la peau au soleil.L’expression métabolique du déficit enzymatique (ac-cumulation de métabolites intermédiaires), se mani-feste dans les cellules érythroïdes (porphyrie érythro-poïétique congénitale, protoporphyrie) ou dans le foie(porphyrie aiguë intermittente, coproporphyrie hérédi-taire, porphyrie variegata, porphyrie cutanée tardive,protoporphyrie).La porphyrie cutanée tardive s’accompagne d’une sur-charge en fer lors des crises.La variété d’expression est très grande et même nulledans certains cas.

(3) L’aspect lactescent du plasma contre-indique l’aphé-rèse et peut perturber certaines analyses de la qualifi-cation du don.

(4) Pathologies familiales graves avec manifestations car-diovasculaires précoces.

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6. Divers

6.1. Conduite à tenir devant une pathologie de l’œil nonchirurgicale

Résumé des risques encourus

Risque donneur Risque receveur

• Décompensation d’une artériopathie • Transmission d’un agentpathogène(occlusion de l’artère centrale de la rétine,

rétinopathie vasculaire).

(1)• Conjonctivite• Kératite• Plaie, corps étranger, brûlures• Cellulite orbitaire• Dacryocystite• Blépharite• Orgelet• Zona ophtalmique• Choriorétinite toxoplasmique (lors des poussées).

(2) Se reporter à « CAT devant une rhinorrhée et/ou uneobstruction nasale ».

(3) Glaucome/cataracte : don autorisé.Lésions du SNC : CI définitive.Autres : se reporter à la maladie sous-jacente.

(4) L’occlusion de l’artère centrale de la rétine correspondà une cécité brutale due à une embolie, ou à la throm-bose de l’artère centrale sclérosée, ou à une artéritetemporale.

(5) La découverte d’une thrombose veineuse spontanées’accompagne d’un bilan étiologique à la recherched’une anomalie cardiovasculaire emboligène, d’unehyperviscosité sanguine, ou d’une prédisposition gé-nétique aux thromboses ; la découverte d’une telleanomalie génétique déclenche parfois des enquêtesfamiliales. La notion d’un contexte familial prédispo-sant aux thromboses veineuses doit inciter à la pru-dence, et contre-indiquer par précaution les dons enaphérèse (risque d’hémoconcentration).

(6) Risque d’hémoconcentration

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7. Règles générales

7.1. Conduite à tenir devant la découverted’une contre-indication au don chez un donneur connu

(1)• Transmission d’agents pathogènes connus ou émer-

gents• Terrain allergique entraînant une contre-indication dé-

finitive• Traitement à effet tératogène démontré• Néoplasies• Maladies chroniques

(2) Le motif de la contre-indication existait à l’occasiondu (des) don(s) précédent(s) et n’était pas connu dudonneur ou n’avait pas été signalé à l’occasion du(des) don(s) précédent(s), ou n’avait pas été pris encompte (exemple : mise en place d’une nouvellecontre-indication).

(3) Si la contre-indication concerne un risque avéré d’ex-position à un virus connu, demander l’autorisation deprélever un tube sec pour réalisation d’un contrôlebiologique (sécurité des receveurs des produits san-guins issus du don précédent).

(4) Deux conséquences possibles :• retrait des produits sanguins en stock (EFS, LFB) ;• enquêtes transfusionnelles descendantes.

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