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Bamako

Tombouctou

Douentza

Gao

Kidal

Contrôle des accèset de l’aéroport

Reprise le 27 janvier

CÔTED ' IVOIRE

GUINEE

ALGÉRIE

NIGER

BURKINA FASO

MAURITANIE

Niger

MALI

SévaréKonna

Mopti

Zone échappantau contrôle de Bamakodepuis mars 2012

Avancée des arméesfrançaise et malienne

400 km

Diabali

Des soldats de l’arméemalienne, samedi 26 janvier àDiabali.ERIC FEFERBERG/AFP

Leplusdurresteàfaire:allerchercherAQMIdanssessanctuaires

Konna (Mali)Envoyé spécial

L es forces spéciales françaisesont pris, lundi 28 janvier aumatin, l’aéroport de Tom-

bouctou, la grande ville du nord-ouestduMali.Lesautresaccèsdelacitéétaientégalementsouscontrô-le, a annoncé l’état-major desarmées à Paris. De très importantsmoyens ont été engagés dans lanuit et quelque 250parachutisteslargués. Mais contrairement à cequi s’est passé samedi à Gao, oùune cinquantaine de combattantsislamistes ont été tués, les troupesfrançaises et maliennes n’ont pasétéaccrochées, selonParis.

Dansles joursécoulés, lescolon-

nes françaises et maliennes ontavancé de plusieurs centaines dekilomètres (près de 600 pouratteindreGao)depuis leurpointdedépart, à la charnière entre le nordet le sud dupays. Au cours de cettephase, les groupes armés islamis-tessemblents’êtreévanouis,brisésou déstabilisés par les frappesaériennes (plusieurs dizaines dansles derniers jours) ouvrant la voiepour les forces terrestres franco-maliennes.

Sur la route de Tombouctou, lesableaétéunobstacleplus sérieuxquelarésistanceausoldescombat-tants d’Ansar Eddine, d’Al-Qaidaau Maghreb islamique (AQMI) etde leurs alliés. Les dernierspick-uprebelles ont été signalés en villesamedi.Unegrandepartie de leursforces s’était déjà dispersée auxalentours de la ville, pour tenterd’échapperauxfrappes,tandisqued’autres,selondesinformationsdesources locales impossibles à véri-fier, semblaient avoir pris la routede l’extrême nord, notamment endirection du massif montagneuxde l’adrar des Ifoghas. A Tombouc-tou,même les points de contrôle àl’entrée de la ville ont été carboni-sés par des frappes. Dès le soir dudépart des rebelles islamistes, lespremiers pillages commençaient.AGao, ils battent leurplein.

Malgrélavitessedelapercéedestroupes françaises et maliennes,rejointes à Gao par un contingentde soldats tchadiens et nigériensappuyant les forces maliennes ducolonel touareg loyaliste El Hadjiag Gamou, les rebelles qui mena-çaient le sud du pays ne sont plusen mesure de retarder les convoissur la route de leurs «capitales». Ils’agitd’unepremièrevictoire.

Il est enrevancheencore impos-sible de déterminer si les combat-tantsd’AnsarEddine,ceuxduMou-vementpour l’unicitéet le jihadenAfriquede l’Ouest (Mujao)etd’AQ-

MI sont en pleine débandade, ous’ilssereplientauloinenvued’uneseconde phase de guérilla. Unesource au sein du renseignementmalien dit redouter bientôt «desattentats, y compris des attentats-suicides» dans les zones abandon-néespar les rebelles.

Des témoignages parcellaires,recueillis par téléphone, indi-quent qu’une partie des combat-tants recrutés par les groupesarmés localement, ont fait défec-tion. Sur les quelque 3000 hom-mes qu’avaient fini par réunir lesrebelles, peut-êtrene reste-t-il quele noyau dur, éléments les plus

aguerris appuyés par des «étran-gers». La proportion d’élémentstués dans les frappes ou ayantabandonné le combat est impossi-ble à vérifier demanière indépen-dante. A de rares exceptions près,la presse est tenue à l’écart de tou-tes les zones du nord où s’est opé-rée l’avancée de l’armée françaiseet de l’arméemalienne.

Samedi, les troupes françaisesont pris Gao, l’une des trois gran-des villes du nordduMali. Les pre-miers éléments français s’y trou-vaient, en toute discrétion, aumoinsdepuislaveille.Destémoinsont évoqué des échanges de tirs

dansplusieurszonesdelaville,spé-cialement aux abords de l’hôpital,oùleMujaoavait installésonquar-tier général. Selon lamême sourcedu renseignement malien, qui ajoint des hommes du contingentde l’armée régulière sur place, lespertesdesescollèguesselimitentàquelquesblessés légers.

Cette victoire par le vide n’a pasempêché que les pillages et débor-dements redoutés se produisent.Dansunpremiertemps,lesdomici-les des groupes associés auMujao,à commencer par la communautéarabe, ont été visés. Joint à Ouaga-dougou, au Burkina Faso voisin,Mohammed Ould Matali, unancienmembredeladélégationduMujao qui tentait des négocia-tions,et seréclameàprésent«de lasociété civile», crie dans le télépho-ne:«Onacassémamaison,onpilletoutes lesmaisons des Arabes. C’estlaFrancequiaprisGao.C’estlaFran-cequidoit sécuriserGao.»

ATombouctou,les«peauxblan-ches», arabes berabiche et touaregont déjà quitté la ville. «Quandc’est lamortquiarriveaunomdelacouleurde lapeau,mieuxvautpar-tir», résume, abattu, Sandy Haida-ra, députéde la régionet présidentdu collectif des élus du nord, réfu-gié àBamako.

Les soldats tchadiens, ainsi queles hommes du colonel Gamou,rejoints par des forces du Niger etcelles de pays participant à laMis-ma (Mission de soutien au Mali),devraient être chargés de fairerevenir l’ordre à Gao, et éviter lesvengeances. Pour Tombouctou,rien n’est clair. Le Mouvement

national de libération de l’Azawad(MNLA), la rébellion touareg quiavait lancé la conquête duNord etprovoqué l’effondrement de l’ar-mée début 2012, avec l’appui decombattants islamistes quil’avaient accompagné dans sonentrepriseavantde le chasserde larégion,asouhaitéêtreassociéàcet-te «sécurisation» des zones repri-ses à ses alliés de l’année passée. Ace stade, cette demande n’a pasabouti. La question se posera denouveau lorsqu’il s’agira de lancerl’assaut dans la plus septentriona-le des trois provinces du nord du

Mali, celle de Kidal, où la propor-tiondeTouareg est importante.

Tout n’est pas encore joué danslenordduMali.L’opérationmilitai-re, du reste,n’ya commencéqu’il yaunpeuplusdedeuxsemaines.Etc’est ici, à Konna, sur le bord de laroute goudronnée, que la Franceest entrée dans le conflit. Dans lapetitebourgadeoùpassaientenco-re, il y a deux ans, les voitures detouristes, les hélicoptères françaisont frappé de plein fouet, le 11jan-vier, une colonne de rebelles isla-mistesquiavaitpris laville laveilleet menaçait de poursuivre versSévaré, plate-formemilitaire loya-

liste et porte sud du pays. Sévaréprise, le sud du pays était ouvert,reconnaissent tous les militairesmaliens.

Mais ce vendredi-là, les«avions» (hélicoptères), commeles appellent les personnes restéesen ville, ont commencé à frapperdans lamatinée. Sous l’impact destirs, tout l’arrièrede la sous-préfec-ture, au bord de la grand-route quimèneversGao, s’est effondré. Il y adesboutsdetôledanstouslesenvi-rons, un grand chaos de débris etquelques pick-up calcinés. Maispasl’ombred’uncorps.C’esticiqueles rebelles avaient établi leur pos-tede commandement.

Leur autre point de concentra-tion se trouvait dans les bâtimentsrénovés du port de pêche, au bordd’un bras du Niger, où l’arméemalienne venait de décrocher, enabandonnant derrière ses unifor-mes en vrac sur le sol. Là aussi, lesfrappes ont fait unmalheur. Il y ades cratères dans lesquels onengloutirait un petit camion.Maispas plus de cadavres. Les envoyésspéciaux du Monde, arrivés àSévaré dans la foulée de la reprisedeKonna,ontdûattendresix joursavantd’être autorisés à s’y rendre.

Dansl’intervalle,lavilleaéténet-toyée.Unefossecommune,àl’exté-rieurdelaville,estinterdited’accèspar des soldats maliens. Des sour-ces en ville s’accordent pour direque trente-quatre corps y ont étéinhumés, soldats et rebelles pêle-mêle. Sur place, les habitants ontcompté entre onze et douze civilstués pendant les frappes et lesaffrontements. Dans quelles cir-constances? La presse n’est pas enmesure de l’établir avec certitude.Comme le résume le capitaineKeita, chargé de veiller à cequ’aucunjournalisteneparvienneà prendre la route de Gao: «Noussommesdes soldats.Onnepeutpastout dire. Onnepeut pas toutmon-trer. C’estunevisiteguidée.»

Il fautdonc s’échapper,dans lesruelles, pour recueillir des témoi-gnages.Celuid’unhabitantdontlamaison, à la façade calcinée, a ététouchée par un tir et qui a passéprèsdedeuxjours,tremblant,cou-ché par terre, urinant dans unebouteille, tandisquelareconquêtede la ville avait lieu,menée par lesforces au sol de l’arméemalienneet les soldats français dans la seulezone connue d’affrontementsdirects d’une guerre sans témoinsextérieurs.

Dans le quartier de Djamnat,non loin de la sous-préfecture, deshabitants affirment que des «tirsdes avions [hélicoptères] français»ont fait des victimes.Mais ils sem-blent confondre tirs d’hélicoptèresettirsdesforcesausol,quiontutili-sé des lance-roquettes BM21 pourreprendrelaville.Dansuneconces-sion (ensemble de maisons proté-gées par un enclos commun), unhomme montre l’endroit où ontété tuées quatre personnes, unemère, et ses trois enfants. Mais lestirs visibles sur lesmurs sont tousverticaux, et ont imprimé dans lesbriquesde terre crue les signesdis-tinctifs des RPG (lance-roquettes àchargecreuse).

Au fil des ruelles se recueillentplus facilement les témoignagessur la colonne rebelle. Menée parAmadouKoufa,unmaraboutde larégion,elleestentréeenvilleaprèsunepréparationminutieuse,qui apermis des infiltrations: les pre-miers rebelles sont arrivés enmoto, à vélo, et certains avaientpris place dans un bus qui relieGao à Bamako. Lors de l’arrêt aucheck-pointdel’armée,ilssontdes-cendus avant d’ouvrir le feu,ouvrant la route pour le gros deleur troupe, qui a pu compter jus-qu’à 150pick-up.

Une partie de ces pick-up a étédétruite par les frappes, d’autresont été touchés en brousse. Cer-tainsontétéabandonnés.Etlessur-vivants: où sont-ils àprésent?p

Jean-PhilippeRémy

SurlaroutedeTombouctou,lesable

aétéunobstacleplussérieuxquelarésistanceausoldes

combattantsislamistes

«Quandc’est lamortquiarriveaunomdelacouleurdelapeau,mieuxvautpartir»

SandyHaidaradéputé de la région

L’arméefrançaiseprendlecontrôledeTombouctouUneopérationd’envergureaétémenéedans lanuitdedimancheà lundiavec leconcoursdes forcesmaliennes

LAFRANCE ira-t-elle seuledélogerAQMIde ses sanctuairesmonta-gneuxde l’adrardes Ifhogas, à l’ex-trêmenordduMali, où se sontrepliés les terroristes islamistes?Laquestionétait à l’ordre du jourd’unnouveauconseil restreint, àl’Elysée, lundi28 aumatin, quel-quesheures après la reprise deGaoet Tombouctou,dont lesaccès ont été contrôléspar les for-ces spéciales au coursd’uneopéra-tionnocturned’envergure. Celle-ci a,mobilisé tous lesmoyensdis-ponibles, et notamment cinqavions tactiques transportantdesparachutistes.

Lundi, 3500hommesétaientainsi déployés sur le terrain, l’opé-rationServalmobilisant au total

4500militaires, un énormeeffortpour l’outilmilitaire français.

Jusqu’àprésent, le plan françaissedéroule commesouhaité, assu-rent les officiels à Paris. Aprèsavoir réussi à stopper l’offensivecoordonnée lancée le 10janvier àKonnaparAnsar Eddine, AQMIetleMujao, il s’agissait de repousserles groupes vers le nordduMali.Le présidentFrançoisHollandeavait donné, le 25janvier, l’objectifde «prendre la boucle duNigerenquarante-huitheures, c’est fait», aannoncé le porte-parolede l’état-major.

Dix-sept jours après lespremiè-res frappes aériennes françaises,le dispositifmilitaire internatio-nal se précise: les états-majors se

mettent enplace àBamakoetdans lespays voisinset lespremiè-resunités de la force africaine, laMisma, s’installent sur le terrain,BurkinabésàMarkala, TchadiensetNigériens (une centainedéjà,des renforts attenduspar la routeces jours-ci) à Gao.

Une centaine de bombesLes Européensontmis à dispo-

sitionunedizained’avions trans-porteurspour laMisma, les Emi-rats arabesunis, deux. L’aide amé-ricaine est conséquente, notam-ment en renseignement. Les ravi-tailleursont commencéà agirdimanchedepuis l’Espagne, cequi donnede l’assurance auxplansdesmilitaires français, jus-

qu’alorsdépendantsdemoyensnationauxen limited’âge.

L’arrêt des convois d’essenceenprovenanced’Algérie conju-gué à la centainede bombes lar-guées sur les dépôts logistiques etles rassemblementsde combat-tants islamiquesont désorganiséles groupes armés, indiquent lessourcesmilitaires.Mujao et AnsarEddineont essuyédespertesimportantes. L’opération auraitaussi provoquédes dissensions etdes défections. L’encadrementintermédiairea été touché. Ilman-quenéanmoinsdes sources indé-pendantespour en attester.

L’actionmilitaire, très rapide, afourniunpremier gain symboli-que, enpermettant aux institu-

tionsmaliennesde retournerdans les villes deGaoet Tombouc-tou.Mais elle est loin d’avoir«éra-diqué» le problèmeAQMI etn’apas sanctuarisé le territoiremalien, les buts affichés à Paris.

Les forces françaisesn’ont pasencore touchéKidal, auNord.Après avoir hésité sur la stratégie– ralentir les forces françaises etmaliennespar des combatsdirects ou se replier –, les groupesislamistes seblent avoir opté pourl’éparpillementet les actions ter-roristes. Aller dans leurs sanctuai-res seraplus long et plus compli-qué. Paris souhaited’ailleurs queles TouaregduMNLAdonnentdes gages en ce sens.p

NathalieGuibert

4 0123Mardi 29 janvier 2013

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