YVONNE-AIMÉE de Malestroit TELLE QUE JE L’AI CONNUE · 2016-07-14 · 2 PORTRAIT PHYSIQUE Voilà...

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YVONNE-AIMÉE

deMalestroit

TELLEQUEJEL’AICONNUE

OUVRAGEDUMÊMEAUTEURSURMÈREYVONNE-AIMÉE

Yvonne-AiméedeJésus,mamèreselonl’esprit.UneamitiévoulueparDieu.

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PORTRAITPHYSIQUE

Voilàune trentained’années (depuis sonentréeaucouventetunpeuauparavant),queMèreYvonne-Aiméeavaitabandonnélesportetladanse.SousleblanccostumedesAugustines,elledemeuraitsensibleàl’harmonieetaurythme.

Jadis, jeune fille svelte, légère et bondissante sur le stade,elleétaitdevenuevolumineuse.

«Parcequejesouffredesreins,plaisantait-elle,etquej’aide“l’enfle”,il y a des gens qui disent en me voyant « C’est une bonne sœur qui senourritbien!»

Etsonrireclairsoulignaitlagratuitédecejugement.Malgré l’œdème albuminurique, séquelle d’une scarlatine,

elle avait conservé deux ans avant sa mort « cette étonnantedémarcheoùlapesanteurn’existaitpas»,etquoiquedeplusenplusforte,enraisondel’aggravationdesanéphritechroniqueetde l’évolution d’un cancer appelé à se généraliser, « ellemarchait encore d’un pas si léger, qu’elle touchait à peine laterre.»1

Detaillemoyenne,elleavaitunair imposantquiintimidaitcertains, dont parfois sa propre mère. Cela tenait à sacorpulence,àl’effortcontinuelqu’elledevaitconsentirpoursetenir droite, à sa distinction naturelle, à sa réserve, à sonéducation raffinée, peut-être à son prestige personnel, à sonmystère.Maissasimplicitéavaittôtfaitdevousmettreàl’aise.

Danssajeunesse,elleavaiteubeaucoupdecharme.Elleenpossédait toujours. Plus encore, il y avait souvent, dans sadémarcheetsonattitude,unedouceuretunemajesté,tantilestvrai « que la majesté divine s’imprime aux âmes qui ont uneconnaissance expérimentaledeDieu (…) et que la douceurdeDieuserépanddanslesâmesàquiIls’unit…»2

Sous le voile religieux et la guimpe d’alors, son visagerespirait la paix des profondeurs. Il était ouvert, dilaté, bienétagé, avec des pommettes légèrement saillantes qui luidonnaient la forme d’une étrave de navire. Il révélait untempéramentactif,extraverti,émotif.

Aucun portrait ne rendait lamobilité des traits. Seuls, desfilms de court métrage, tournés à l’occasion de cérémonies,restituaient lavivacitéet ledynamismedesonêtre, ladroitudedel’attitudeetl’harmoniedesgestes.

Malgré tantdesouffrancesaccumulées, iln’yavaitpassurcevisagedeplisamers.Labouchetrèspureetletimbreargentinde lavoix (plushautequecellede sa sœuraînée,plusenfant)exprimaient la spiritualisation. Le sourire était bonté sansnaïveté.Lajoiedel’Espritl’éclairaitaussi.

Lorsqueleregardgrisbleuoubleupurseposaitsurvous,ilétait attentif et loyal ; il brillait quelquefois d’une soudaineflamme, il s’immobilisait jusqu’à donner le sentiment depénétrer les cœurs ou d’assister à une scène très lointaine, deliredansl’aveniroudansl’éternité,dedépasser,entouscaslesapparences.

Plusieurs des films ont saisi ce regard lorsqu’il se portait,

semblait-il, sur un interlocuteur invisible et lui souriait.Échappéesfugitivesquin’interrompaientpaslaconversationetqui,mêmedanslaviecourante,passaientinaperçues.

Ilyavaitaussileregardgravedesmomentsdelassitude;leregardconcentréetfermedelasupérieurequiprenaitlamesuredessituationsetdespersonnes;leregardrecueilli, tournéversle Maître intérieur dans une prière incessante, même enmarchantetquis’illuminaitd’unsourireàvotrerencontre.

Aux heures de grande souffrance, (celle-ci contenue enpublic se libérait dans l’intimité) il s’embuait, il exprimait« l’immense solitude terrestre », l’agonie, la détresse ; etlorsqu’il contemplait les ravages du péché ou la Passion duSauveur,ildemeuraitextatique,agrandiparladouleur, laissantmêmecoulerdeslarmesdesang.End’autrescircontances,uneextasedebonheurtransfiguraitetrajeunissaitlestraits.

Les jours de fête ou de récréation, en communauté, c’étaittour à tour le regard d’une enfant joyeuse et d’une mèreheureuse.

1.DrSergeOberlin,chirurgiendesHôpitauxdeParis,1958.2. J.J.Surin (†1665) :Lesvoiesde l’amourdivin. Textes

choisis par Mme Daniélou, Éditions de l’Orante, 1954, page135.

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médecinconsultant,LeMans,Consultation,1922DrO.Pasteau,Paris,Consultation,1925Dr S.W. Loth, ancienne interne des Hôpitaux de Paris,

Témoignage,1972,surlapériode1924–1951Dr S. Oberlin, chirurgien de Hôpitaux de Paris,

Témoignage,1958,aprèsrencontreen1940.Cesconstationsmédicalesdevisuconvergentavecl’analyse

psycho-graphologiquepar J.Monnot,op.cit. et lanote sur lestyle et la syntaxe deMèreYvonne-Aimée par J. Rolland,op.cit.(AMM).

9.J.Rolland,professeuràl’Universitécatholiqued’Angers,Témoignage.

10.J.Monnot,op.cit.11.Carnetd’Yvonne-Aimée,1925.12. Jeanne Boiszenou, l’une de ses amies à Paris, 1923-

192713.LettreàMèreStanislas,UrsulinedeRome,19novembre

1931.14.Témoignageenregistré,1956,A.M.M.15.DrS.W.Loth,op.cit.16.J.Monnot,op.cit.17. Un fait parmi d’autres : en 1930, alors que jeune

religieuse, elle était employée à la cuisine, un monsieur s’yintroduisit sous prétexte de visiter les installations mais enréalitépourvoirdesesyeux«lamystique».Ilenfutpoursesfrais. Sr Yvonne-Aimée l’ayant repéré, ne répondit que parmonosyllabes et fit la nigaude, la Bécas-sine. Si bien que levisiteur s’en alla déçu, disant : « C’est bien çà, Sr Yvonne-

Aimée?Cen’étaitpaslapeinedesedérangerpoursipeu!Est-elleseulementintelligente?»(SouvenirsdeMèreMarie-Anne).

18.Général deCorps d’Armée ; L.Audibert (1874-1955),ancienprofesseuràl’Écoledeguerre,chefdel’Arméesecrètedel’Ouest(Résistance1941-1944),arrêtéen1944àlacliniquedeMalestroit, où depuis plusieurs mois, il avait établi son Q.G.clandestin,déportéàBuchenwald.Correspondance.A.M.M.

A propos de cette hospitalité offerte par la clinique deMalestroit, un coiffeur deMalestroit,M.Huguet, interrogé enpleineboutique,surMèreYvonne-Aimée,s’arrêtadecouperlescheveuxetrépondit:

–«çaMonsieur,c’étaitunefemme!».Ilnel’avaitjamaiseuepourclientemaisilsefaisaitl’écho

del’opinionpopulaire.(ProposrecueillietcitéparleP.XavierMorel,Eudiste,Malestroit,30décembre1973)

19.DomCozien,Témoignage,1957.20. Son tempérament n’expliquait pas toujours ses

réactions : « Je m’aperçois (me dit-elle, au cours d’uneconversation, en 1941) que certaines de mes réactionssurprennent la communauté.Telle grosse fauteneme fait rien,telle petite fauteme fait réagir, parce que chez une religieuse,c’estune fautecontre l’amour.Dans lesexcusesqu’onme fait(après une de mes observations) je vois très bien qu’on estdésoléedem’avoir faitde lapeine.Ehbienon se trompe.Maréactionn’estpasdemoi.J’ailamêmeréactionqueleSeigneurJésusdevantcettefautecontre l’amour,voireuneréactionplusdouloureuse que la sienne. Je ne puis pas le dire, vouscomprenez… Oui, il y a une union qui subsiste dans lespériodes de noir… Je suis parfois une énigme pour celles quim’entourent,jelesens.Jenepuispasm’exprimer…direceque

je sais, ce que je vois. Le pauvre vocabulaire humain estimpuissant…»Surlemêmesujet,cf.infra,p.123-126.

21.J.Monnot,op.cit.,Carnetsd’Yvonne-Aimée,1922,29,passim,B.X.1.

22. Aldric Brûlé (1842-1913), tempérament de savant,d’animateurdesociétésetdemilitantpolitique,sortipremierdel’ÉcoledePharmaciedeStrasbourg,ancienneinterneduValdegrâce, pharmacien militaire, devenu plus tard pharmacien auMans et inspecteur des pharmacies de la Sarthe, radical degauche, adjoint au maire du Mans, passionné de progrèsscientifique et de justice sociale, non pratiquant, non sectaire.Ayant hérité des bustes deVoltaire et deRousseau, il en ornasonescalier.

A Noël 1905, sa femme érigea entre ces deux bustes unecrèchepourlapetiteYvonne-Aimée:«Encoreunebondieuseriede ta grand-mère ! » déclaraM. Brûlé. Sans doute grâce auxprièresdesapetitefille,ilretrouverasursonlitdemortlafoidesonenfanceenseveliesoussaculturedesavantetsonactivitédepolitique.

23.Mgr.Duchemin (1886-1965), l’un de ses amis, recteurdu Collège anglais Béda, à Rome, ancien élève de Trinitycollège,deCambridge.Témoignage,1951.

24.PaulBoudet(1871-1949)Vicairegénéral,SupérieurdugrandSéminaireduMans.Témoignage,1931.

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ENFANTDUROYAUME

ElleétaitsaisieavanttoutparlemystèredeJésus,maisc’estpar«Lui»qu’elleallaitauPèredesCieuxetqu’elleselivraitàl’EspritSaint.

UnieàJésus,ellevivaitlapaternitédeDieu.D’année en année, elle « devenait » une enfant « du

Royaume».Qu’est-ce, au sens de l’Évangile, que l’enfance spirituelle,

sinon–«lamaturitéchrétienne»?

Chaqueannée,le18juillet,elledemandaitàsesprochesdel’aiderà remercier« leSeigneur»«d’une trèsgrandegrâce»,celledesonbaptême.

Aunesœurqui,l’undecesjours-làétaitfrappéedesonairjoyeux,ellerépondit:

«Ilyaaujourd’huitrenteetunansquejesuisfilledeDieu!»

Uneautrefois,depassagedanssaparoissenatale,ellefitunpèlerinageauxfontsdel’égliseoùelleavaitétébaptisée…

Ahuitouneufans,elleeutavecsamèrecedialogued’unelogiqueparfaite:

– « Alors, ma petite maman, tes affaires ne s’arrangentpas?»

–«Pasencore…»–«Tudistagrandeprièretouslesjours?»–«Maisoui!»–«Tudis:JecroisenDieulePèreTout-Puissant?»–«Bien-sûr.»–«Alors,maman,pourquoi tu t’inquiètes,dis,puisque tu

asunPèreTout-Puissant?Ilpeuttoutarranger!»Au même âge elle connaissait la seule vraie joie qui est

d’élever son âme vers le Seigneur et de laisser éclater lalouange:

Un jourque jem’étaiséloignéedugroupede famillepourpartirà ladécouverte, j’entrai dans un rond-point de lilas. Jeme sentais infinimentheureuse.Et,dansmasolitudeembaumée,jeparlaisàDieu,jeLeremerçiaid’avoirfaitd’aussibelleschosespournous.

JenesaistropcequejeLuidisais,maiscedevaitêtredestendresses…

Jeunereligieuse,elleécriradanslemêmesens:

HospitaliseentoilatendressedeDieu.Rayonne-làautourdetoi.Elletereviendradoubleenretour.

Elle avait assimilé les textes du Nouveau Testament surl’enfance spirituelle, sur la demeure deDieu dans le chrétien,surladocilitéauSaint-Esprit,quiestlamarque«desenfantsdeDieu».

LemystèredelaSainteTrinitél’attiraitparcequ’ilestdansleprolongementdumystèredeJésus.

Au«catéchisme»desonenfance,elleeutàapprendreparcœurlaleçonfortabstraite:«Dieuuniqueentroispersonnes».

Aucoursdesvacances–elleavaitenvirondixans–elleentirauntableauvivant.Cefutmémorable.L’édredondelagrand-mère,installéenhautdumagnoliadujardin,figuraitlesnuages,où se tenait le Père (Suzanne, la sœur aînée). Yvonne, trèsrecueillieetlesbrasencroix,faisaitleFils.PourreprésenterleSaint-Esprit,elleavaitcapturé,danslabasse-cour,unepouletteblanchequi, attachéepar les pattes et suspendue au-dessusduPèreetduFils,criaitetbattaitdesailesavecdésespoir.

–«Grand-maman!viensvitevoir!»

Madame Brûlé qui devait « deviner » hésita avantd’identifier le mystère, mais il y avait tant de foi dans ce jeud’enfantsqu’ellen’yvitaucuneirrévérence,aucontraire.

A l’âge de vingt-quatre ans et demi, des grâcesintellectuelles,suivantouaccompagnantdesgrâcessensiblesetalternant avec de terribles pénitences pour les pécheurs et desnuits de l’esprit, embrasèrent l’âme d’Yvonne-Aimée, « jeunefilledumonde».C’étaitunnouvelépanouissementdubaptême,un degré élevé d’union, une expérience nouvelle,«inexprimable»:

«Mais,écrit-elle,j’entassedesmotsetlesmotssontvides,lesmotssontvains,lesmotssontdunéantdevantl’infini.».

13février1926Je sens dans mon cœur un incompréhensible amour, mis là par Dieu

Tout-Puissant.Etcetamourilluminamonespritdetellefaçonquejecrois

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Il aimait. Il croyait. Quand on aime, on croit. La foi est un degré del’amour.

…Lesautresapôtresn’aimaientpasaumêmedegréque lui.Certainsraisonnaient,commeStThomas.Ilsontétésecoués.

…LaChananéenne,quelexemple!Ilfautdemanderlafoi,onl’obtient.

(D’uneconversation,1941)

Elle-même,en1946,lorsdesonderniervoyageàRome,ensortant de l’audience de Pie XII, dit à la sœur quil’accompagnait:

– «Maintenant, allons nous agenouiller au tombeau de Saint Pierre.Nousyimploreronsuneaugmentationdenotrefoi.»

Rester des enfants. Ceux qui veulent raisonner les mystères de Dieujouentaupersonnage.

Dieun’aimepas ces gens-là.Ladiscussion fait perdre lemérite de lafoi.L’abandon(pleindefoi)estlepropredel’enfant.Personnenetrompeunenfant.Dieunetrompejamais.(1942)

Souventelleavaitàvivredespériodesdefoipureetaride.

–«Alors,disait-elle,jenemerappelleplusriendesfaveursduSeigneurJésus.Jesuisdanslenoir…»

Il lui fallait également une foi poussée jusqu’à l’abandonpourobéirauxordresdemissionsprophétiquesqu’elleavait àremplir,pourpartirdansl’inconnuenacceptantdenerecevoirlalumière divine qu’au fur et à mesure du déroulement de cesmissions ; pour partir même sans savoir, sur le moment, cequ’elleauraitàfaireouàdireparlasuite2.

Fut-elletentéededouterdeceprophétismepersonneletdelafoicatholique?

Danssescarnetsdejeunesse,elleécritsanspréciser:

J’aipasséunenuitaffolante!Tentationscontre laFoiet l’Amour! (4mars1926)

On trouve quelques autres annotations de ce genre. Ilsemble, toutefois, que certaines tentations se produisaient aucours d’états mystérieux, où elle assumait, en quelque sorte,l’angoisse, le cheminement ou les troubles de chrétiens etd’athées,dontellesesentaitétroitementsolidaire3.

Enfait,safoicatholiqueaété«intrépide»4.Demême,malgré« sapente» rationnelle, a-t’elle toujours

cruàsonétoile,c’est-à-direauxappelsparticuliersduSeigneur.CommeJeanned’Arc,elleauraitpuaffirmer«quesesvoixnel’avaientpastrompée».

Avingttroisans,elleécrivitàceproposauPèreCrété:

20janvier1924…Sidansmavie, ilya,pour leprésentetdans l’avenir,desombres,

despointsd’interrogation,ceserapouraugmentermafoi,maconfiance…etcelledesautres.

Il y aura pour les humbles, dont vous serez toujours, des preuvesirréfutablesdesamiséricordieuseBontéàmonégard.

Ledémonserasouventbienméchantetchercheraàmediscréditermaisil ne serapas toujours le plus fort. Je nedis pasque je ne souffrirai pasavantquelavéritésedécouvre,maistoutevéritésesauraunjour.

MonPère,croyez-lebien,voussavezbienquejenevoustrompepas.VotrepauvrepetiteenfantYvonne.

Dans la logique de sa foi, elle avait « une espérancequ’aucunedérélictionn’aébranlée»5.

Jeunefille,ellecitaitvolontierscetteparoledeStFrançoisdeSales:

–«AuservicedeDieu, jepréfèremesentir faiblequefortparcequ’Ilportelesfaiblesetlaissemarcherlesforts.»

Etellecommentait:–«C’estsibondeselaisserporterparLui!»Elle«sefiait»surtoutàceProverbedelaBible(3,5-6):–

« Repose-toi sur Yahvé de tout ton cœur… en toutes tesdémarches,reconnais-leetIlaplaniratessentiers.»

La faiblesse et les fautes n’étaient à ses yeux, qu’unargument de plus pour espérer le salut deDieu qui apporte ledesserrementdel’angoisse,laguérisondupéché,lalumièredevie,laforce,lapaix,lesecourspermanent,latransformationdetoutl’être,lecœurnouveau.

–«Ah!vousneconnaissezpasleBonDieu!»Cette exclamation lui avait échappé en écoutant une

personneanxieusedesonpassécoupable.

Dans la perspective de la destinée, l’espérance faisait « lefonddesavie»6.

Aceuxquilarencontraientoulavoyaientvivre,elledonnaitl’impression vraie d’être présente aux réalités de la terre. Elleparlait peu de Dieu, mais elle respirait en Lui. On pouvaitdeviner qu’elle portait au fond du cœur un désir du ciel, quidataitde sonenfance,pénétréede laViedesSaints.En1927,jeunenoviceoppresséepar l’amourdeDieu, elle avait frôlé legranddépart.Guérieinextremis,elleditauSeigneur:

«Tonamourseramoncielsurlaterre.»

Pourtantilsubsistait,dece«départmanqué»,unenostalgiedelapatriecéleste,maisaussil’espéranced’yparvenirbientôt,car«lavieestcourte,c’estunebrèveépreuveparrapportau

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CONDUITEPARL’ESPRIT-SAINT

(lesseptDons)

Les dons du Saint Esprit qui perfectionnent les vertusmorales et théologales et qui leur apportent un surcroît depuissance et de rayonnement, tenaient une place primordialedanssavie1.

17 janvier 1943 –Me tenir sous l’impulsion du Saint Esprit afin quetoutdansmaviesoitvrai,sincère,droit,profond.

Agir sous l’impulsion de l’Esprit-Saint dans l’harmonie de tout monêtre,toutaccordéauVouloirDivin,sansmedemandersicelaestconformeàcequejefaisaishierouàcequejeferaidemain…

Elleavaitcomprisque«lavolontédeDieu»n’étaitpasuncommandement abstrait, mais Dieu agissant en son cœur parl’Esprit-Saint.

Dèslors,désobéiràlaVolontédivineauraitété«résister»,«attrister»,«éteindre»cetEsprit.

Chaque jour, elle l’invoquait et lui remettaitdenouveau laconduitedesavie,selonl’enseignementdeStPaulauxGalatesetauxRomains2.

L’unedesprièresqu’elleavaitcomposéejadis,àl’usagedesesnovices,pourcondensercettedoctrine,revenaitsouventsurseslèvres:

EspritdeJésus,éclaireznosâmes

EspritdeJésus,fortifieznosâmesEspritdeJésus,sanctifieznosâmes

Le Veni Sancte Spiritus et le Veni Creator lui étaientégalementfamiliers.

La Liturgie de la Pentecôte l’émerveillait. Ce jour-là, aucours de l’office de Tierce, chanté au chœur avant lagrand’Messe,ellefaisaittirerausortparchacunedesessœurs,lesimagesdesseptdonsduSaint-Esprit,telsquelesétudientStAugustinetStThomasd’Aquin,d’aprèsIsaïe3.

En1942,toutejoyeuse,elles’écria:

– « J’ai tiré le don de piété quim’assure d’une spéciale tendresse deDieu!»

Cet innocent procédé ne doit pas cacher la profondeurinsondableet ledynamisme inouïdecesdonsduSaint-Esprit,déposésentoutchrétienparlebaptêmeetlibérésparlaprière.

Lepremierdecesdonsquiaffleuraitdanssaproprevieétaitceluideforce,sanslequeljamaisellen’auraitpuaccomplir,defaçonaussiinlassableetjoyeuse,lavolontédivine,nisupporterlasommedesessouffrancesetdesesentreprisesquidépassaitla communemesure et la capacité de la seule vertumorale dumêmenom.

Ledondel’EspritdeforcelarevêtaitalorsdelaforcemêmedeDieuetellepouvaitdireenvéritélepsaume17:

«Jet’aime,Seigneur,maforce…AvecToi,jepasserailesmurailles.»

Au témoignage de Mgr. Picaud, qui l’entendit souvent enconfession4, elle manifestait une extrême délicatesse deconscience.

–« Il faut, dit-elle,détester les plusminimes péchés véniels délibérés,carceux-ci,chezuneconsacrée,seraientdesfautescontrel’Amour.»

Larecherched’unetellepuretédecœurétaitl’effetdudonde crainte filiale de Dieu. Cemême don développait aussi enelle le respect admiratif du divin, l’espérance du Royaume,l’habitude de ne s’appuyer que surDieu et d’avoir sans cesserecoursàLui,selonl’exempled’ungrandnombredepsaumes.

Le don de piété lui donnait le sens de la transcendancedivine.IlaccroissaitensoncœurlacertitudejoyeusequeDieuestPère,AbbaPater:

JetevoisTendressedeDieu,surgie,aujourd’huiencore,pourmoi,desprofondeurs sans regards. Je Te vois et je me fonds en Toi, Tendressecachée,Tendresseenfouie.

… Je sais Ta Tendresse adorablement délicate. Je ne cesserai de Tesuivre, Tendresse de Dieu, éternelle et renouvelée, grande inconnue quetropsouventl’hommeniepoursedispenserd’aimer…(7juillet1941)

Le regard qu’elle portait sur les personnes et sur la naturetouteentièreétaitcertainementéclairédudedanspar ledondesciencequi lui faisait dépasser les apparences et s’élever, sanseffort, des créatures au Créateur, dans une contemplationsilencieuse.

Dans tout homme, elle considérait un destin éternel qui

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paix et l’action de grâce, demandant que l’on chante leMagnificatpendantsonagonie.

Témoignages:SœursManson,PottieretGrosse,religieusesdel’ÉducationchrétiennedeFlers,ÉcoleStJoseph,1942–etdePaulLabutte,1942.

5.Témoignages:deMelleY.Bato,FilledeStFrançoisdeSales, du service social de l’archevêché de Paris, 1924 – deMelleM.Villemont,FilledeStFrançoisdeSales,etdeMelleJ. Boiszenou, du Foyer Marguerite Mignard, 128 Avenue deVersailles,Paris16e,1924-1926,deMgr.Picaud,BX1,deMèreMarie-Anne,deMalestroit,1956.

6.JetienscetélogeduCardinalLarraonoa(Rome,1966),etdu Cardinal Philippe (Rome, 1972), tous deux ancienssecrétairesgénérauxdelaS.CongrégationdesReligieux.

7.Mgr.Jacquemin,ÉvêquedeBayeuxetLisieux(1960),quitenaitcetteexpressiondeMgr.Picaud,sonprédécesseur.

8.B.X.1.9.Enjuillet1941,j’aiététémoin,auxcôtésdeMgr.Picaud,

de plusieurs de ces sévices sanglants, à l’occasion d’unexorcismesolennel.

Yvonne-Aimée, jeune fille, répondit avec enjouement à samèrequis’étonnaitdetantdegrâcesexceptionnellesdanslaviedesafillecadette:

–«Mapetitemaman, leSeigneuraccomplitdesmerveillesinvisibles,etmêmedeplusgrandes,danstouteslesâmes.Chezmoi,ilarrivequeçasevoie:c’esttouteladifférence!»

10. P. Marie-Eugène, O.C.D. Je veux voir Dieu. Éd. duCarmel,1956,p.100.SteThérèsed’Avila,VieXXXI

11.J.H.Marrou,professeuràlaSorbonne,inSatan,Études

Carmélitaines,1948.10.Math.13,24-25etsuivants.13.PaulVI,29juin1972Yvonne-Aimée à sa sœur qui, comme sa mère, lui

demandait : – «Pourquoi tant de faits suprarationnels dans tavie?»,répondaitensubstance:

–«Quandonsaura toutceque ledémonm’afaitsouffrir,onnepourrapasniersonexistence.»

Etelleajouta:– «Quand on saura lesmerveilles que Jésus a faites pour

moi, onnepourrapasdouter deSaTendressepour chacundenous…»

(TémoignagedeMmeJ.Favrot,néeBeauvais,1968).Decetteréponsesedégagebienunefinalitécharismatique,

ecclésiale. Le P. de Tonquédec, S.J. exorciste du diocèse deParis, admettait aussi, de son côté, l’origine satanique desblessures que portait Yvonne-Aimée, et qui avaient forme decoupsdegriffes.

14. Sr. Marie de la Croix m’a dit : – « Ah ! tout sonextraordinaire, elle l’aurait bien passé à ceux qui en auraientvoulu!»–1975.

15.Témoignage,1972.16.Témoignage,1974.17.B.X.1.18. In La Religion personnelle, Paris, Gabalda, 1927, p.

169.19. Paul VI au Congrès International du Renouveaus

CharismatiqueCatholique,Rome,19mai1975.

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PORTANTSACROIX

La petite Yvonne avait été saisie par une grâce decompassion pour Jésus. Vers l’âge de six ou sept ans, ellevoulait arracher par ses sacrifices les grosses « z’épines » quicouronnaientunestatuettedel’Eccehomo.

Lelendemaindesapremièrecommunion,elledemanda«aupetit Jésus » de souffrir beaucoup en silence et d’être unemartyre. Cette prière sera exaucée sans retard. Alors, touts’explique. A partir de cette date, sa vie ne sera plus qu’unelonguesuited’épreuves:

– « Depuis l’âge de onze ans, je n’ai jamais cessé desouffrir.»

L’enfant avait compris que les radieuses apparitions dutempspascalnedoiventpas faireoublierque« toute lavieduChristfutcroixetmartyre.»1

Trèstôtégalement,elleeutl’intuitiongrandissante(quiseraaussi celle de son contemporain Pierre Theillard de Chardin)queDieurecréelecœurdel’homme,ravagéetvieillidessuitesdupéché2 et fait réussir lemondepar leMystère de laCroix.D’étapeenétape,ellesesavaitappeléeàsuivreleChristcrucifiépourlesalutdumonde.

Souffrir prenait alors à ses yeux le sens d’une mort auxpuissances du mal, d’un enfantement à la vie nouvelle selonl’Esprit, d’une promotion inouïe de l’humanité, appelée àdevenirjeunedelajeunessemêmedeDieu.

Souffrir, c’était, en même temps, entrer davantage dansl’existencedeJésusettémoignerd’unamourdedisciple:

Jesaisqueladouleurestlasuprêmeexpressiondel’amour.Jesaisquec’est elle qui me conduira au sommet où l’amour transfiguré n’est plusqu’adorationparcequelecœurn’estplusqu’hostie.

Etc’estpourquoi,Jésus,monÉpouxBien-Aimé,monRoi,monSeigneur,jenetediraijamaisnon.(21ans–1923)

Ainsi déjà faisait-elle écho au cri de St Paul, où l’apôtreexprime,avecquelleprofondeur!lesecretdelacharitétotale:

–«JesuisàjamaiscrucifiéavecleChrist.Jevis,maisnon,cen’estplusmoi,c’estleChristquivitenmoi!»

Elleécrivit,en1939,audosd’uneimagequ’elleoffritàunesœurdel’Hôtel-DieuduPrécieuxsang,deQuébec,cesparolesdontellenementionnapaslasource:

Cenesontpaslescréaturesquitefontsouffrir,maisMoiàtraverselles,et,quandlacréatures’enmêle,c’estencoreMoiquilepermets.

Plusuneâmecroitcela,pluselleestdanslavéritéetdanslechemindelasanctification.

Lesoccasionsdeporterlacroixderésurrectionetdegloires’étaient succédéeset souvententremêlées : incompréhensions,travaux, voyages et démarches ; missions et responsabilités ;«momentsdegrandeanxiété»,sansdouteenfacededécisionsà prendre ; état constant de souffrance physique ; « solitudeimmense»dueauxsecretsdeDieuqu’ilfallaitgarderetàuneviecharismatiquetellementspécialequecelle-cinepouvaitêtrepartagée en communauté ; désir brûlant du ciel et sentimentd’exil terrestre ; « martyre du cœur » devant la défection

momentanéed’amistrèschers.Etpourfinir,cetteaccusationd’êtreune«faussemystique»

dontj’aidéjàparlé3.C’estàceproposqu’ellem’écrivit:

Monâmequoiquedouloureusepossèdenéanmoinsunegrandepaixetmêmeunecertainejoie.

Le calme s’est fait et j’adhère pleinement aux volontés du SeigneurJésus,medéfendantdelesraisonner.

Ilveutquejesoishumiliée,tantmieux.Ilveutquejesoissoupçonnée,tantmieux.Accuséedemanquededroiture,tantmieux.Aprèstout–Ilaétéaccusé,Lui,d’êtreunorgueilleux,unhypocrite,un

menteur,unbuveuretc…Lui,leSaintdessaints.Jepuisbienaccepter,moiquinesuisquemisère,d’êtresoupçonnée…(lettreàP.L.1943)

A toutes ces épreuves, s’ajoutaient encore « des angoissesinconnuesdudomainenormal»4etdesténèbresenpleinjour:

–«Sivoussaviezcequec’estqued’avoirvuleSeigneuretdeneplusLevoirpendantdelonguespériodes!»

Êtresiseuleaprèsavoirétésicomblée,se trouverd’autantplus « désolée » que « la consolation » avait été audessus detoutejoiehumaine,nesesouveniralorsderiendemerveilleux,s’asseoir,elleaussi,àlatabledespécheurs,éprouverl’abandonapparent de Dieu, tenir bon, « être forte dans la foi » etcourageusedanslasolitude,alorsquele«diablerôdait»5,quela souffrance physique, elle-même parfois inexplicable, venaits’ajouter à la nuit de l’esprit, que la sensibilité exquise etprofonde faisait que rien ne pouvait échapper à la souffranced’amour.

En somme, estimait Mgr. Picaud, « une vocation de

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13

LAFOIDANSL’EUCHARISTIEETLARÉCONCILIATION

MèreYvonne-AiméeavécuavecintensitécetteoraisondelaLiturgie que, très souvent, elle entendait chanter dans lemonastère:

ODieuqui,sousunsacrementadmirable,nousas laisséunmémorialdeTaPassion…donne-nousdevénérerd’unsigrandamour lesmystèresdetonCorpsetdetonSang…

C’est à l’âge de vingt deux ans que pour la première fois,« le Seigneur » l’envoya à la recherche d’hosties jetées à lavoirie ou profanées dans des réunions secrètes par descommuniantsindignes.

Mission insolite, prophétique, parfois angoissante etdangereuse,qu’ellecontinuerapresquejusqu’àlafindesavie,ensecret.

Danscecharisme,MgrPicaudétaitalorsportéàvoir«unserviced’honneur»,unerécompensedesafoihéroïque»1.Aveclereculdutemps,nepourrait-onpasydécouvriraussiunrappelde laTraditionaffirmantque laprésenceréelleduCorpsetduSang du Seigneur subsiste dans le pain consacré en dehorsmêmedelacélébrationliturgique?Peut-êtreaussiunrappeldece respect extraordinaire dont les chrétiens, fût-ce au péril deleurvie, sedoiventd’entourer« l’admirable sacrement»oùserévèle le plus, écrivit-elle, « la Miséricorde de Jésus » ? On

songeàTarcicius.Onévoqueaussidespersécutionspossibles.

Dans la célébration eucharistique, elle voyait d’abord lesacrificed’actiondegrâcesoffert par toute l’Église à lagloireduPèredansl’Esprit-Saint–etensuiteunrepas–maisunrepassacré et festif – où se construit l’unité des communautéschrétiennes.

A cet égard, rien n’était trop beau dans la Liturgie, àcommencerparlesvêtementsetleschants.

C’est aumomentde la consécrationdupainetduvin,quirenouvellentsacramentellementcequis’estpassé,unefoispourtoutes, historiquement à Jérusalem,qu’elle portait, sur l’hostieetlecalice,ceregarddroit,prolongéetbrillantquitraduisaitsafoi catholique et laissait supposer, qu’à certains jours, voyantl’invisible,ellesetenaitaupieddelaCroix.

Mêmeregardimpressionnantaumomentdecommunier.A la bénédiction du Saint-Sacrement, alors que toute

l’assistances’inclinait,elleétaitladernièreàlefaire,ellefixaitlepluslongtempspossiblesonregardsurl’ostensoir.

C’est la raison pour laquelle, laMesse n’étant pas encorecélébréefaceaupeuple,elledemandaàdesprêtresdebienfaireetdeprolongerunpeul’élévation.

Elle trouvait aussi l’autel trop éloigné des fidèles et dessœursdelacommunauté:

–«Jesuisloin…là-bas…aufondduchœur!»disaitelle.Souvent, son état de santé l’empêchait de participer aux

messesmatinales.Ellesoupirait:– « Quand donc y aura-t-il des Messes du soir ? Les

malades, lespersonnesâgées, les travailleurspourraientplusfacilements’yrendre!»

C’était plusieurs années avant que Pie XII en accordâtl’autorisation. Nul doute : elle appelait de ses vœux desréformesliturgiques.

On a vu combien elle aimait venir prier le soir ou la nuitdevantletabernacle,àlalueurdelaveilleuse.

Chaque jour, elle ne pouvait « se passer » de recevoirl’Eucharistie.Cependant,vers la finde savie, lorsqu’elleétaittrès malade, elle ne se tourmentait plus d’être privée decommunier.

Elleendonnaàsoninfirmièreuneexplicationémouvante:–«Maintenant, dit-elle en substance,« notre » union est

devenuetelle…»

Avant même sa première Communion, elle avait reçu lesacrement de la Réconciliation et ç’avait été une étapeimportantedesaviechrétienne.

Trentecinqansplustard,elleécrira:

L’absolutionestunmagnifiquesacrement.Bien des chrétiens, hélas, ne savent pas en profiter ni en retirer les

grâcesquipourraient,s’ilslevoulaient,enfairedessaints.

A un prêtre, qui, sachant sa clairvoyance et sa sagessesurnaturelles, l’interrogeait sur la manière dont lui-mêmerecevaitcesacrement,ellerépondit:

–«Vosconfessionsontété loyales.Cequi leuramanqué,àplusieursreprises, c’est une plus ardente contrition et un vrai ferme propos. Vous

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« Le Lundi-Saint (1948), raconte cette jeune fille, jedébarque à Malestroit, non sans une certaine appréhension.L’accueil des sœurs est si chaleureux que mes craintesrapidement s’évanouissent. La Très Révérende Mère Yvonne-Aiméevientmevoirdèsmonarrivéeetrevientplusieursfoisparjour, le plus souvent aux heures des repas pour me tenircompagnie.

LeMercredi-Saintausoir,jem’apprêteàmereposer,quandj’entendsunpetitcoupdiscretàmaporte:c’estlaMèrequi,serappelant que je n’ai pas de livre pour suivre l’office dulendemain,vientelle-mêmem’enapporterun.Ellem’embrasseetseretirebienvite.

Je me souviens combien sa simplicité exquise m’avaitfrappéecesoir-là,commesiellen’avaitpasd’autrechoseàfaireetàpenserqu’apporterunlivreàunepostulantehypothétique!

Avecelle,j’entreenclôturepourvisiterlemonastèreetpourassister aussi, le Jeudi-Saint, à la cérémonie du Lavement despiedsqu’elleaccomplissait.Avecelleencore, je fais le tourdujardindeclôtureet je la revois toujoursaufonddupotager, aumoment où elle me dit ces quelques mots que je n’oublieraijamais:

–«DieuestessentiellementJOIE.»

Pendantmon séjour, elleme gâte vraiment de sa présence,elle me fait connaître le monastère… Je suis conquiseévidemment(onyrespiretellementlajoie,lapaix,lacharité)etd’autantplusque jenemesenspas forcée,bienaucontraire :combiendefoisnem’a-t’ellepasdit:

–«Ceséjournevousengageàrien,vousêtesentièrementlibre…»

Ellemedonneuneimageécritedesamain.

Quelquessemainesplustard,jeluifaispartdemadécisiond’entreràMalestroitetellemerépond:

–«Mapetite fille,c’estvraimentvotre titremaintenantquevousavezdécidéd’êtremiennedanscegrandmonastèredeMalestroit.»

Quelquesmoisplus tard,est fixé levoyagedemonpèreetde mamère àMalestroit.Mère Yvonne-Aimée les reçoit, leurfaitvisiterelle-mêmelamaison…»2

Ce n’était pas par attrait humain que vingt et un ansauparavant, le 19 mars 1927,Mère Yvonne-Aimée, à l’âge devingt six ans et au « scandale » de ses amis, était entrée « àMalestroit».

Jeuneparisienne spontanée,de styleetdegoûtsmodernes,ayant la liberté totale d’agir et de circuler, la pensée d’êtrecloîtrée toute sa vie, dans ce petit couvent breton délabré, luiinspiraitunesorted’oppressionphysique.Lesoirdesonentrée,mangeantauréfectoiresapremièresoupe,elleeûtlatentationdereprendrelelendemainl’expresspourParis.Siellen’enfitrien,c’est que, depuis plusieurs années, à des signes, elle avaitreconnuqueleSeigneurlavoulaitici:

Ah!c’estbienuniquementpourLuiqu’onentreaucouvent!Sanscela,onn’auraitjamaislecouraged’yrester!–Mars1927

Aplusieurs reprises, la tentationd’escalader lesmursetdes’enfuirlareprit.Ellesesentait«unpauvreoiseauencage».

RudeétaitlatransitionentreParisetMalestroit.Nonmoinsrude (mais très bonne) la maîtresse des novices, Mère Ange-

Gardien. Par surcroît, Sr.Yvonne-Aimée, « toujours souffranted’un bout ou de l’autre » essayait de suivre la Règle, n’yparvenaitpas,craignaitd’êtrerenvoyée:

Cettevoieesttrèscrucifiante.Maisjel’aime,parcequec’estLuiquimel’achoisie.

Au fil des jours, elle réussit à s’adapter. Le dix septembre1927,jourde«saprised’habit»oùellerevêtitlarobedelaineblancheetlevoiledesAugustines:

CefutunejournéeduCiel.Commej’étaisheureuse,quedegrâces,quedesoleildansmonâme!(àMgr.Picaud,10septembre1928)

C’estenselivrantsansréserveàlaviecommunautaire,selonlaRègledeSt.AugustinetlesConstitutionsdel’Ordre,qu’elleendécouvritlesrichesseshumainesetchrétiennes.

L’idéald’unecommunautéaugustinienne,c’estl’exempledela première communauté des croyants de Jérusalem qui avaitfascinél’Évêqued’Hippone3.

–«Notrevieestbienéquilibréeentre lacontemplationetl’action»commentaitYvonne-Aimée4.

Depuistroissiècles,d’abordàVannespuisàMalestroit,enpleine communion avec l’Église, les Augustines hospitalières« de laMiséricorde de Jésus » avaient conservé l’essentiel deleur tradition ; les trois vœux d’obéissance, de chasteté et depauvreté, qui libèrent le cœur pour un plus grand amour ; lacélébrationquotidiennede l’Eucharistieetde l’Officedivin, lesilence propice à la prière personnelle ; la lectureméditée duNouveauTestament,duMissel,despsaumes,de l’ImitationdeJésus-Christ et de laviedesSaints ; la conversion incessante,enfin le service des pauvres et des malades auquel elless’engageaientparunquatrièmevœu.

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13.Confessions,LivreVII, 10 : «O éternelleVérité !Ovraie

Charité!TuesmonDieu!AprèsToi,jesoupirejouretnuit…»4. DomGajard, lettre du 23 avril 1960. Dans cette même

lettre, il notait encore : « … A ce que je lui disais de cettedoctrine (de Dom Delatte) profondément chrétienne ettraditionnelle, si vigoureuse aussi dans sa forme, je suis sûrqu’elle la « buvait » avidement et s’en remplissait l’âme et lecœur, qu’elle y adhérait à plein. Seulement, elle l’écoutait etl’absorbait encontemplative, sansmanifester rienà l’extérieur,«leregardtournéendedans»,exactementcommeDomDelattelui-même, quand au Chapitre, il nous livrait ces splendeurs…(…) Je suis sûr que Mère Yvonne-Aimée accueillait cettedoctrine comme une sorte de révélation de sa propre vieintérieure…»

5.Souvenirsd’enfance,1923.6.LettreàP.L.,octobre1941.7. Les Épîtres de St. Paul II, Mame 1928, page 276. Cf.

Corinth.IetII;Math.11,25.8.DomDelatte,op.cit.9.St.Augustin,DeVivendoDeo,VI.88.Psaume16:«Tu

mevisiteslanuitetTumebrûles…»10.AYvonneBato,Paris,novembre1950.11.Psaume24.12.P.Régamey,O.P.13. « … Quelle vie intérieure suppose ce pacte… » P.

Monier-Vinard,o.p.page7.14.«LeSeigneurl’aconduite.»Antienned’ouverturedela

MessedeSteThérèse,le1eroctobre.(TiréedeDeut.32,10-12)15.B.X.1.

17

CULTUREETSAGESSE

Danslesdernièresannéesdesavie,elleavaitàportéedesamain, des ouvrages assez hétéroclites qui, pour la plupart luiavaientétéofferts,entreautres:

–Leguidedel’annéeliturgique,dePiusParch,– Le Saint Joseph, de Claude Quinard (elle en admirait

l’analysepsychologiqueetspirituelle;elleypuisaduréconfortdans une période d’épreuve ; elle envisagea d’en remercierl’auteur),

–LarechercheduDieuvivant,deMauriceZundel,–LesNotes,delaBienheureuseMarie-ThérèsedeSoubiran(elleensoulignadespassagesquirejoignaientouéclairaient

soncheminementpersonnel),–SouslesoleildeSatan,deBernanos–LaRègle,lessermonsetleshoméliesdeSt.Augustin,–Lesmotsd’ordredeSt.JeandelaCroix,–LesplusbeauxtextessurlaViergeMarie,rassembléspar

leP.Régamey…ettoutbonnement–l’AlmanachHachette.Avraidire,peudelivresfaitsdemaind’homme,arrivaientà

l’intéresser1. Un jour, elle s’exclama, en parlant de Jésus-Christ:

«Lelivrequej’ailepluslu,c’estSonCœur!»(Aujourd’hui),j’aiécritunpeu,priébeaucoup,penséàcequej’ailuet

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… Nous dirons ensemble au Seigneur Jésus des mots nouveaux, destendresses nouvelles. Et Lui nous maintiendra dans son Amour etcontinueradenousétonnerparSesdivinesinventions7.

–«Jeneluidemandaispasdeconseils,témoigneuneamie,jenelatraitaisnicommeunesupérieuregénéralenicommeunesainte;jesavaisqu’elleétaitl’uneetl’autremaiscelan’entraitpas dans mes relations avec elle et cela la rendait heureuse.Quelquefois,entredeuxchosesimportantes,nousn’étionsplusquedeuxpetitesfillesquijouaientetquiriaient.»

Il arrivait aussi qu’elle demeurât silencieuse en présenced’amis:

…SansosernouscompareràlaSainteFamilleetàsonsilence,ilestvraiquenouscomprenonsunpeu lavaleurdecesilenceet l’impuissancedesmots.(15novembre1945)

Plusieursdesesvisiteursetdesessœursontsentiseposer,à son contact, le problème de l’éternité dans le temps. Ils sesouviennent de minutes où la conversation tombait, laissantplace à un silence de contemplationdivine, de joie spirituelle,depaixinexprimable.Expérience,pourainsidire,delégèretéetde vol de l’âme.Alors, le temps leur paraissait suspendu et laterrebienloin.

L’échangeépistolairetenaitunegrandeplacedanssavie.Acertaines périodes, ses lettres amicales se faisaient brèves ourares : elle devait donner la priorité au courrier « d’affaires ».«LeSeigneur» lui demandait parfois le sacrificede rester unlongtempssansécrireàtellepersonnetrèsamie:elleobéissait.Il y avait des êtres qui lui étaient très chers et auxquels ellen’écrivait presque jamais : c’est dans la prière qu’elle lesrejoignait.

Ladistanceetletempsnecomptaientpasdansl’amitié:

…Quandtuterecueillerasenallantetvenant,penseetpriepourmoi,nousunifieronsainsinosâmesenLui,nousnousrejoindrons.

Et ensemble, nous Lui offrirons notre volonté, notre raison, notreintelligence,toutnotreêtreparlesmainsetlecœurdelaSainteVierge.

Alors,notreespritpossèderacettelibertéprécieused’âme,siétrangèreà la tensionanxieuse,à la tristesse,à ladépression,à lacontrainte,à lapetitessed’esprit.

Nousnavigueronsdans l’abandon,nous libérantdenous-mêmespournousattacheràLui,l’Infini…(lettreàP.L.vers1942)

Une amitié de cette qualité transcendait les ressourceshumaines : c’était vraiment un don de l’Esprit, une desmanifestations les plus exquises de l’Agapé, une desanticipationsprophétiquesduRoyaume,oùiln’yauraplus,enChrist,quedescréaturesnouvellesdans la libertéde lagloire.« Ces amitiés saintes des mystiques complets sontelles autrechoseque l’Amourpur rétabli dans sonordre et sabeautéparunegrâcepleinementparticipée?»8

…Etbienheureux sommes-nousqui avonsDieudans le fonddenotrevie… Dieu entre nos âmes pour les rapprocher, pour les unir par Saprésence qui comporte tant d’infini, de profondeur et de stabilité et quienlèvecequeletrophumainadefragileetdecorruptible.

L’humain est la source de toutes nos petitessesmais leDivin apporteavec luisesgrandeursetnousbénéficionsdeses trésors. (lettre àP.L.24octobre1942)

…Aucune parole ne peut exprimer ce qui se passe en la plénitude denotrebonheur.

Toutdevientsilenceetprière.N’étoufferions-nouspaslapuissancedenosjoiesenlesformulant?Neserait-cepasleslimiterpuisqu’ellessontd’uneessenceàpart,d’un

vouloir Divin unique et mystérieux, laissons-nous emporter dans cetteascensionquifiniraenDieu.(lettreàP.L.1942)

Ses amies et ses amis, proches ou dispersés en diversmilieux, formaient, autour d’elle, une invisible famille.Lorsqu’ils se rencontraient, fût-ce pour la première fois, ils se

reconnaissaienttoutdesuiteetd’emblée,tantelleétaitleurlien,ilsfraternisaient.Ilspouvaients’interrogeretpenser:

«Si l’amitié deMèreYvonne-Aimée pour chacun de nousest une merveille unique, que doit donc être son amour pourJésus-Christ?»

1.J.Maritain,Carnetdenotes(amouretamitié),DescléedeBrouwer,1965,pages301-354.

2.JournaldeRaïssa,DescléedeBrouwer,1963page149.3. Dom P. Miquel, abbé de Ligugé, De l’amitié, in

CollectaneaCisterciensa1975,pages269-277.4.ParMarieAquinasMcNamara,Lethielleux,1965.«Cequejeconfiedemesidées,demespensées,àunami

fidèle, remplide la«caritas»chrétienne, jene leconfiepasàunhomme,maisàDieu,parcequecethommedemeureenDieu,parcequ’ilestfidèleparDieu».Lettre73,6,10(TraductionT.VanBavelO.S.A.)

Au-delàdelaviecommunautaireetecclésiale,dontilparleavectantdebonheur,au-delàmêmedesgrandesamitiésqu’ilanouées, St. Augustin réserve une solitude d’amour avec leSeigneur où se réalise le Solus soli indicible. Cf. Enarr. inpsaume132/5.

5. Par analogie : « Sur les amis cachés de Jésus ». Cf.Bossuet, Méditations sur l’Évangile : La Cène, premièresemaine.

6.Sous-entendu:«pourlegarderàJésus».Decetteascèseconstante, elle était récompensée au centuple par une libertéintérieure qui lui permettait d’aimer Jésus « d’amour fou » etd’entretenir,soussonregard,degrandesamitiéshumaines.

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venirdeplushaut.Je vis aussi son don d’épanouir les âmes et de les

pacifier…»7

Sanslavenued’Yvonne-Aimée,lemonastèredesAugustinesdeMalestroit,diviséparunaumônierquiempiétaitsurl’autoritéde laMèreSupérieure, etdotéd’une troppetite clinique, étaitvouéàladisparition,sinonàlamortlente.Déjà,ungroupedesœurs envisageait de partir pour une autreMaison de l’Ordre.C’est alors qu’intervint, avec une extrême discrétion, Yvonne-Aimée.Enéquipedeprièreetdesacrificesavecquelquessœursamies qui étaient sur place, elle agit de loin, elle échange unecorrespondance suivie, elle fait des brefs séjours àMalestroit.Ainsi,peuàpeu,soussonimpulsion,l’unitédelacommunautése rétablit autour de la Supérieure. Dans lemême temps, « lajeune Parisienne » (ainsi l’appelait-on) entreprend desdémarches pour la mise en chantier d’une grande clinique,assurant que les ressources viendront, en temps voulu, sousformededons:ilenfutainsi8.

Quelques années plus tard, devenue à Malestroit, « SœurYvonne-Aimée»,elleest,aufildesannées,aidede l’économe(etàce titrechevilleouvrièrede laconstructionde lanouvelleclinique, de la restauration de la ferme et des bâtimentsconventuels,organisatriceduservicehospitalier,descuisinesetdesjardins,dessinatriceduparcréservéauxmalades),secrétairedu Chapitre général qui révisa les Constitutions de 1665,maîtresseduJuvénatetduNoviciat…

Élue à trente quatre ans supérieure, elle fait appel à la

conscienceetàlaresponsabilitédessœurs,d’autantqu’elledoits’absenter pour les affaires de l’Ordre ou, souvent malade,garderlachambre;elleimprimeunespritlarge,paisibleetfort;elle dilate la vie de famille au point que l’on y sent un fondpermanentdejoie:

Qu’une jeune fille « laïque » soit chargée de sauver unmonastèrealorscloîtré,c’étaittoutdemêmeunparadoxe.AyantdemandéàMèreYvonne-Aiméepourquelleraison«leSeigneurl’avait envoyée au secours de la communauté deMalestroit »,elle me répondit : – « C’est en récompense de la charité desanciennesMèresetSœurs.»

Voiciletémoignaged’unereligieused’unautreOrdre«J’aieu l’occasiond’entendredifférentsmonastèresdeBénédictinesetautresOrdres.LechantdesmonialesdeMalestroitmeparaîtde loin supérieur à tout autre chœur féminin que j’ai puentendre. On y sentait tant d’unité, de jeunesse surtout(impression dominante) que j’en étais ravie. Si j’insiste sur cepoint, c’est que le chant d’un monastère est extrêmementrévélateurdesondegrédecharité,desaphysionomiespirituelleet de l’unité de ses membres. Ceci est du domaine affectif etcependantnetrompepas.»(1960)

(Cetémoignaged’unepostulantecarmélitedeLisieux,alorsen convalescence à Malestroit en 1950, exprime l’atmosphèrequeMèreYvonne-Aiméeavaitcrééeautourd’elle.)

–«Elleépanouitlacommunauté,commelesoleilouvreunefleurtroplongtempsenbouton.»9

Danslesadaptationsqu’elleeffectueaprèsavoirexpliquéetfait désirer celles-ci à ses sœurs, elle dégage l’essen-tiel de latraditionaugustienne;ellevaaussiloinquelalégislation,alorstrèsstricte,lepermet;elleposedesjalonspourl’avenir.

En avance sur son temps, il ne fait aucun doute qu’elle

aurait accueilli avec foi, étudié et compris, appliquéniplusnimoins,lesdécretsdeVaticanIIrénovantlaliturgie,ouvrantpluslargementlessourceschrétiennes,faisantprendreàl’Égliseuneconscienceplusprofondedesonpropremystèreetdesamissiondesalutpourleshommesd’aujourd’hui.

Ce Concile qui offre une grâce de fécondité nouvelle,répondra à ses efforts précurseurs de rénovation de la viereligieuse, ainsi qu’à plusieurs de ses intuitions et de sesaspirations10.

En 1925, jeune fille, reprenant le mot de Ste Thérèsed’Avila,elleavaitécritdeRomeàMgr.Picaud:

–«Jesuisfilledel’Église.»11

Sa seconde tâche semble s’être inscrite dans leprolongement de la mission qu’elle avait reçue en 1922 desauveretderénover«Malestroit».

Vers 1935, dès son élection de supérieure, ayant observédepuis plusieurs années, l’isolement, parfois mortel, desmonastères augustiniens « de laMiséricorde de Jésus », dontcelui deMalestroit faisait partie depuis 1635, elle entreprit derassembler ceux-ci dans une fédération qui présenteraitl’avantage de respecter leur autonomie séculaire, de leurapporteruneaidefraternelleetdedévelopperentreeuxuneâmecommune.

ARome, en 1940, aumoment où sesmultiples démarchesallaient aboutir, elle se heurta au veto du Cardinal La Puma,alors Préfet de la S. Congrégation des Religieux. Elle obéit,patienta,pria.

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TABLEDESMATIÈRES

PréfacedeMgrGaucher

Aperçuchronologique

Guidesspirituelsd’Yvonne-Aimée

Sources

Sigles

Travauxconsultés

1.Prédestination

2.Portraitphysique

3.Unbeléquilibre

4.SolusSoli:Jésus-ChristetYvonne-Aimée

5.EnfantduRoyaume

6.Libresouslagrâce(lesvertushumaines)

7.Libresouslagrâce(lesvertusthéologales)

8.Conduiteparl’Esprit-Saint(les7dons)

9.Charismatique10.Priantsanscesse11.Portantsacroix12.LaSainteBibledanssavie13.Lafoidansl’EucharistieetlaRéconciliation14.Lafoidanslesacerdoceministériel15.Viereligieuseetcommunautésaugustiniennes..

16.Lesinfluencesreçuesetl’itinérairesuivi17.CultureetSagesse18.Lesamitiéshumaines19.Lesamitiéscélestes20.L’œuvreaccomplieetl’influencechrétienneexercée21.Unevieaufondtoutesimple22.LepointuniqueoùfairetombertoutesleslumièresÉpilogue

Ouvragesdel’abbéLaurentin

aveclacollaborationdeDomBernardBilletetd’uneéquipedeSœursAugustinesdeMalestroit

—Unamourextraordinaire.Yvonne-AiméedeMalestroit,O.E.I.L.(F.-X.deGuibert),Paris1985,224p.

—PrédictionsdeSœurYvonne-AiméedeMalestroit.Unevérificationexceptionnelledansl’histoiredececharisme.O.E.I.L.(F.-X.deGuibert),Paris1987,152p.

—Écritsspirituelsd’Yvonne-AiméedeMalestroit.O.E.I.L.(F.X.deGuibert),Paris1987,264p.

—Yvonne-AiméedeMalestroit:PrioritéauxpauvresenzonerougeetdanslaRésistance,O.E.I.L.(F.-X.deGuibert),Paris1987,172p.

—Yvonne-AiméedeMalestroit:lesstigmatesdanslesillagedeFrançoisd’Assise*,O.E.I.L.(F.-X.deGuibert),Paris1987,174p.

—Yvonne-AiméedeMalestroit:Maîtredeviespirituelle,O.E.I.L.(F.-X.deGuibert),Paris1990,284p.

—BilocationsdeMèreYvonne-Aimée*,O.E.I.L.(F.-X.deGuibert),Paris2cédition1995,164p.

—L’amourplusfortquelasouffrance*,F.-X.deGuibert,Paris1992,306p.

—Biographied’Yvonne-AiméedeMalestroit.1.Lasainteenfance,

F.-X.deGuibert,Paris1996,304p.2.L’essormystiqueet

l’impossiblevocation,1922-1927,F.-X.deGuibert,Paris1999,500pages.

Cassettevidéo:filmdeLaurentDesprez

coproductionFR3Ouest/F.X.deGuibert

—LesnocesduCieletdelaTerre,Yvonne-AiméedeMalestroit1901-1951.

*EncollaborationavecleDrMahéo.

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