Histoire et sociologie du numérique, chapitre 1

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M2 MASDI2016-2017

Julien PIERRE julienpierre@audencia.com

@artxtra

Histoire et sociologie du numériqueCHAPITRE 1

à l’origine des phénomènes sociaux observables sur le web

Phénomènes sociaux• Sites, Apps >

Entreprises• Routines numériques

Concepts• Auteurs• Théories

4 Séances (14,5h) – 6 Chapitres1. Séance introductive – le numérique comme média

• Aux origines : des théories de l’information à Internet2. Cyberespace, cyberculture et “Nouvelle économie”

• La sociabilité en contexte numérique3. Individualisme connecté et lien social

• Produire, échanger, partager des contenus numériques4. La circulation et l’organisation de l’information en milieu

numérique• Le numérique, entre transparence et surveillance

5. Vers un espace public en réseau ? • Citoyenneté et numérique

6. Le numérique comme environnement social• du big data aux humanités numériques

I, Le numérique comme médiaAux origines : des théories de l’information à Internet

Paradigmes de base

THÉORIE DE L’INFORMATION

+ HYPERTEXTUALITÉ =

CYBERNÉTIQUE

CYBERCULTURE&

CONTRE-CULTURE

Un projet politique dans un programme informatique ?

I.1, Le règne de l’information 1.2, Le régime de l’hypertexte 1.3, Socialisation de la technique

I.1, Le règne de l’informationChaos => Incertitude => Risques

2ème guerre mondialeShannon & WeaverMathematical Theory of Communication, 1949

Source : http://www.panarchy.org/weaver/communication.html

ciphering

incertitude

authentification

sauvergades multiples

systèmes d’information sécurisés

collecte de données personnelles

profilage

surveillance

chiffrement

calculmétriques

rationalité procédures

algorithmes

Is neoliberalism making you anxious? Metrics and the production of incertainty• 24/05/2016, London School of Economics• http://blogs.lse.ac.uk/politicsandpolicy/55395-2/

Cybernétique : tout est gouvernableVraiment ?

Et c’est une bonne chose ?

I.2, Le régime de l’hypertexteTout est relié

Définition Système de nœuds reliés par des liens• Nœud : un document• Hyperlien : artifice permettant de circuler d’un nœud à un

autre

OriginesMundaneum

Paul Otlet, 1920

OriginesLe Memex

Décrit dans “As We May Think”, Vannevar Bush 1949http://www.theatlantic.com/doc/194507/bush

OriginesXanadu

Ted Nelson 1965oNLineSystem (NLS)

Doug EngelbartHyperCard Apple

Bill Atkinson 1985World Wide Web

Tim Berners-Lee 1989

Les postulats de l’hypertexte Cerveau = Machine Tout est catégorisable L’accès aux connaissances conditionne l’autonomie individuelle

Vision cybernétique : • « Si la question existe, la réponse est déjà archivée quelque

part »

Conception techno-déterministe

définition du progrès

paradigme idéologie

modèle dominant

La MachineQu’est-ce qu’on fait avec ?

I.3, Socialisation de la techniqueQuelle réception sociale pour ces inventions et ces idéologies ?

Repartir d’une approche pragmatique Définition de la pragmatique• École de Palo Alto : Bateson, Watzlawick, Mead, Jackson,

Birdwhistle, Hall• Tout est relation

Le PARC• MRI, SRI > Xerox > Apple, Microsoft : interface graphique

Penser la relation des acteurs dans un environnement complexe, de manière systémique

L’informatisation de la société Rapport Nora-Minc, 1977• 19/05/1978, 20h de TF1• État• Administration• Service des

télécommunication• Convergence : télématique

Plan câble, 1982 Plan informatique pour tous, 1985

L’imaginaire social• Affaire SAFARI, 1974• Informatique & Libertés, CNIL

1978• US Privacy Act, 1974• Associations de défense

(CREIS/Terminal 1980, Free Software Fondation 1985, Duncan Campbell & Echelon 1988, Privacy International 1990, Electronic Frontier Fondation 1990)

Ridley Scott pour Apple Macintosh, 1984 – Accessible sur https://www.youtube.com/watch?v=vNy-7jv0XSc

Approches sociologiques Le modèle panoptique de Michel Foucault• Institution-Prison, Dispositif, Hétérotopie• Voir aussi l’institution totale de Goffman

« Ce que j’essaie de repérer sous ce nom, c’est, premièrement, un ensemble résolument hétérogène, comportant des discours, des institutions, des aménagements architecturaux, des décisions réglementaires, de lois, des mesures administrative, des énoncé scientifiques, des propositions philosophiques, morales, philanthropiques, bref : du dit, aussi bien que du non-dit, voilà les éléments du dispositif. Le dispositif lui-même, c’est le réseau qu’on peut établir entre ces éléments.

« Deuxièmement, ce que je voudrais repérer dans le dispositif, c’est justement la nature du lien qui peut exister entre ces éléments hétérogènes. […]. Bref, entre ces éléments, discursifs ou non, il y a comme un jeu, des changements de position, des modifications de fonctions, qui peuvent, eux aussi, être très différents »

« Troisièmement, par dispositif, j’entends une sorte – disons – de formation, qui à un moment historique donné, a eu pour fonction majeure de répondre à une urgence. Le dispositif a donc une fonction stratégique dominante […] devenu peu à peu le dispositif de contrôle-assujetissement de la folie, de la maladie mentale, de la névrose. » (p. 299)

« Maisons closes et colonies, ce sont deux types extrêmes de l’hétérotopie »

Approches sociologiques Le modèle panoptique de Michel Foucault• Institution-Prison, Dispositif, Hétérotopie

Réponse de Michel de Certeau• Lieux propres, Stratégie, Tactiques, Bricolages, Braconnages

« J’appelle stratégie le calcul (ou la manipulation) des rapports de force qui devient possible à partir du moment où un sujet de vouloir et de pouvoir (une entreprise, une armée, une cité, une institution scientifique) est isolable. Elle postule un lieu susceptible d’être circonscrit comme un propre et d’être la base d’où gérer les relations avec une extériorité de cibles ou de menaces (les clients ou les concurrents, les ennemis, la campagne autour de la ville, les objectifs et objets de recherche, etc.). Comme dans le management, toute rationalisation « stratégique » s’attache d’abord à distinguer d’un « environnement », un « propre », c’est-à-dire le lieu du pouvoir et du vouloir propres. (…) Le « propre » est une victoire du lieu sur le temps. Il permet de capitaliser des avantages acquis, de préparer des expansions futures et de se donner ainsi une indépendance par rapport à la variabilité des circonstances »(CERTEAU (DE), 2002, pp. 59-60)

« J’appelle tactique l’action calculée que détermine l’absence d’un propre. Alors aucune délimitation de l’extériorité ne lui fournit la condition d’une autonomie. La tactique n’a pour lieu que celui de l’autre. Aussi doit-elle jouer avec le terrain qui lui est imposé tel que l’organise la loi d’une force étrangère. Elle n’a pas le moyen de se tenir en elle-même, à distance, dans une position de retrait, de prévision et de rassemblement de soi : elle est mouvement “à l’intérieur du champ de vision de l’ennemi” (…), et dans l’espace contrôlé par lui. (…) Elle fait du coup par coup. Elle profite des “occasions” et en dépend, sans base où stocker les bénéfices, augmenter un propre et prévoir des sorties. (…) Ce non-lieu lui permet sans doute la mobilité, mais dans une docilité aux aléas du temps, pour saisir au vol les possibilités qu’offrent un instant »(CERTEAU (DE), 2002, pp. 60-61)

Usages sociaux• L’École française de sociologie

des usages (~1980)• Perriault, Jouet, Flichy• (cf. chapitre II)

Le cadre socio-technique La notion de cadre chez Goffman• Cadre interactionnel• Cadre interprétatif

Le socio-technique• Rapports entre le social et le technique :

− Rogers et la théorie de la diffusion (modèle linéaire : les early adopters)− Callon & Latour et la théorie de la traduction (modèle de l’acteur-

réseau)− Von Hippel, Flichy et la théorie de l’innovation (modèle de la co-

construction)

Déterminations croisées Techno-déterminisme versus Socio-déterminisme Idéologie politique et stratégies techno-économiques versus routines quotidiennes et engagements associatifs

Quand l’imaginaire des concepteurs croise celui des usagers• Logiques d’appropriation (chapitre II)

FLICHY Patrice• « L'individualisme connecté entre la technique numérique et la

société », Réseaux 2/2004 (no 124) , p. 17-51 BADILLO Patrick-Yves• « Les théories de l'innovation revisitées : une lecture

communicationnelle et interdisciplinaire de l'innovation ? Du modèle « Émetteur » au modèle communicationnel », Les Enjeux de l'information et de la communication 1/2013 (n° 14/1) , p. 19-34 URL : www.cairn.info/revue-les-enjeux-de-l-information-et-de-la-communication-2013-1-page-19.htm

À lire pour la prochaine fois

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