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P A G E 2
La Petite roussette !
Ouf! Il est parti! Nos élus ont enfin pu desserrer leurs ceintures. Il faut dire qu'il leur en a fait baver, le petit Manu. Exit les découpages de rubans roses et autres accolades échangées sous le badamier. Il a chamboulé tout le programme ce renard de Valls. Du coup, quand il est rentré dans le poulailler, et ben, ça ne sentait pas très bon! Dommage, parce que la façade était super chouette. Faut dire que les coqs ont fait bosser toute la cour, pendant des semaines. Résultat : ils n'étaient pas très contents. Mais les poules, elles, ont haussé les épaules et ont répliqué : « comment qu'on aurait pu savoir, qu'il allait renifler les œufs ? »
Brousse Wéyni
UNE VISITE PAS COMME LES AUTRES
Coup de tonnerre sur le tar-mac de Pamandzi. Le Premier Ministre devait arriver dans la soirée du 12 juin 2015, c'est avec 24 heures d'avance qu'il s'est présenté avec son équipe composée de Najat Vallaud-Belkacem, Ministre de l’éduca-tion nationale, et Patrick Kan-ner, ministre de la ville. Pre-mières poignées de main échangées avec Saïd Omar Oili, maire de Dzaoudzi-Labattoir, puis avec Maan-four Saidali, maire de Pamand-zi, tout deux à l’origine de la première intercommunalité de Mayotte. Un ministre dé-contracté, tout sourire, heu-reux d'être enfin arrivé à desti-nation, et s’offrant déjà son premier bain de foule.
Visite surprise du
quartier de la Vigie
Première étape de ce long parcours : le quartier de la Vigie, un secteur prioritaire de la Politique de la ville en 2015. Rien n’était prévu, les 2 élus respectifs ont accompagné l’équipe ministérielle où les habitants sur place en ont profité pour évoquer, face caméra, leurs difficultés quo-tidiennes (absence d’éclaira-ge public, accès à l'eau et à l’électricité difficile).
Visite du « Gaza » de
Kawéni
Aux alentours de 15h30, direc-tion la Grande Terre. Le minis-tre a souhaité découvrir ce que les médias nationaux ap-pellent « le premier bidonville de France », « Gaza » pour les intimes. L’amphidrome a quit-té le quai Ballou à 15h42 : pe-tit moment de détente et séance photos pour les minis-tres et les journalistes émer-v e i l l é s p a r l e « métro mahorais ».
Arrivé à Mamoudzou à 16h, heure de pointe, il aura fallu 20 minutes au cortège pour se rendre à Kawéni. Contre toute attente, le Premier Ministre est descendu le premier de la voiture et a accosté les pre-miers jeunes à l’entrée du vil-lage. L’image était forte, les jeunes se sont rassemblés, le Préfet craignait le pire. Les jeunes n’avaient certainement pas anticipé l’audace de Ma-nuel Valls. Les premières criti-ques ont fusé : « y’a rien à faire ! » C’est pourtant dans
une ambiance bon enfant que les échanges se sont poursui-vis.
Le ministre rencontre deux organisations citoyennes : le CAP (collectif des agriculteurs pillés) et le CCP (collectif des commerçants pillés) pour s’en-quérir des difficultés des en-trepreneurs en général à Mayotte.
En coulisse, après avoir visité deux des trois quartiers classés sensibles (La Vigie, Kawéni), le maire de Koungou a rappelé tous ses agents en catastrophe pour un nettoyage express de Koropa, 3ème quartier priori-taire.
ZSP pour Mayotte ?
Pas de bol, Manuel Valls a fait sa dernière halte sur Mamoud-zou pour y rencontrer Ibra-him Bahédja, maître de confé-rences, et président de l'UD-MAM, l'Union pour le Déve-loppement de Mayotte avec les Mahorais. Ce dernier avait interpellé Manuel Valls en
2013, alors que l’homme était encore ministre de l'in-térieur, au sujet de la néces-sité du classement de Mayotte en zone de sécurité prioritaire. Les deux hom-mes se sont retrouvés au Camion Blanc où les médias n'étaient pas conviés. Le maître de conférences sem-
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« Manuel s’est bougé pour Mayotte », voilà ce qu’il faudra retenir de la visite du Premier Ministre en terre mahoraise. Manuel Valls a complètement bousculé le protocole. Il est allé au plus près des problématiques locales, avec un sang-froid déconcertant. Retour sur la visite mouvementée d'un homme au taquet.
Quartier de Lazérévouni (Kawéni)
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19 heures, la délégation a pris ses quartiers à l’hôtel Sakouli.
Le lendemain, levé aux aurores Ma-nuel Valls en a profité pour s’isoler et apprécier la douceur de l’une des plages les plus populaires de l’île. Mais tel un habitant lambda, le mi-nistre a lui aussi été victime d’un vol (l’épisode est relaté page 7).
Une barge entre Dembéni et
Mamoudzou ?
Après cet épisode « anecdotique », le cortège ministériel s'est préparé pour Mamoudzou. Le directeur de cabinet du préfet a suggéré d’em-prunter le bateau de la préfecture pour s’y rendre afin d’éviter les kilo-mètres d’embouteillages. Le minis-tre s’interroge : « alors pourquoi les transports maritimes ne sont-ils pas plus développés, dans ce cas ? Mayotte est une île ! »
« Un Kwassa ?
C’est quoi ça ? »
Sur le chemin, le Préfet est informé de l’interception d’une embarca-tion de type « kwassa » avec à son bord 27 passagers, dont 4 enfants en bas âge et une femme enceinte. Il a murmuré l’information au ministre qui était attendu par les journalistes de la place pour une conférence de presse. Le pilote du bateau de la préfecture a révélé à son tour : « c’est comme ça tous les jours ou presque, Monsieur le Premier Minis-tre. Ces hommes et ces femmes ne se rendent pas compte du danger que cela représente ». Le ministre est resté de marbre. Les visites se sont enchainées, aux alentours de 10 heures, le ministre a fait un passage remarqué au com-missariat. « Manque de moyens hu-
mains », « les délinquants libres le jour même », chuchotaient des poli-ciers, grévistes il y a encore quel-ques mois. Le ministre a indiqué qu'il ferait un point en fin de jour-née.
La conférence de presse à
l’école primaire de Doujani
Il a ensuite pris la direction de l'éco-le primaire de Doujani. C'est Rivo-malala Rakotondravelo, secrétaire départemental SNUIPP FSU Mayot-te, qui l'a accueilli. L'homme « à la chèvre » lui fait visiter l’établisse-ment, l’un des plus vétustes de l’île.
La conférence de presse démarre, les journalistes sont prêts et ce dia-ble de Patrick Millan passe à l'atta-que. L’actualité du moment c’est évidemment ce kwassa intercepté à l’entrée de la passe en S. Le direc-
teur de Kwézi TV, a donc interrogé le ministre sur cette situation qui per-dure. M. Valls a laissé entendre qu’une coopération avec les Como-res était en cours de finalisation.
Déjeuner ministériel aux
brochettes
À l'heure du déjeuner, bloquée dans les embouteillages, l’équipe du mi-nistre s’est arrêtée aux brochettes de M’gombani et a pu apprécier l’une des spécialités mahoraises. Les
bouénis étaient ravies, les ministres également. Il était 13h30 lorsque la délégation ministérielle a bargé.
Elle appelle son fils :
Manu Ali M’Vatssi
En Petite Terre, Manuel Valls a exigé de faire une halte au CRA (centre de rétention administrative) de Pamand-zi. A son arrivée, l’homme politique est redevenu un homme comme les autres, son regard n’a pu qu’apporter de la compassion pour ces hommes, femmes et enfants dévastés par la traversée. Ses premiers mots furent pour une femme enceinte se faisant ausculter par une infirmière : « bonjour madame, je m’appelle Ma-nuel, vous êtes entre de bonnes mains ». Un médecin urgentiste sur place a demandé l’évacuation en ur-gence au CHM de Mamoudzou, faute de place à Dzaoudzi. Il est à noter que la fin de l’histoire est heureuse, en effet la jeune maman a donné naissan-ce à Manu Ali M’Vatssi né le 13 juin 2015.
Un discours « de ouf »
A 15h25, le Premier ministre a rejoint l’aéroport de Pamandzi où la foule l’attendait et l’a acclamé dès son arri-vée. A 15h42, M. Valls a prononcé son discours que beaucoup ont comparé à celui du Général de Gaulle. Il a annon-cé des mesures clés, et le changement tant attendu pour Mayotte. Après deux journées de marathon, au plus près de la réalité mahoraise, Ma-nuel Valls et son équipe ont embarqué à 16h30 à bord de l’avion présidentiel pour un retour à Paris dans le plus grand calme, avec le sentiment du devoir accompli. L’aigle des Açores
Ecole primaire de Doujani
P A G E 4
« Ces jeunes que l’on dit
être des voleurs, ont des
compétences évidentes
pour forcer les portes.
Pourquoi ne pas envisager,
une formation de
serrurier... »
Allocution du 12 juin
2015, Pamandzi,
Mayotte.
L’éducation pour lutter contre la délinquance
DISCOURS DU 12 JUIN : UNE VALSE GAULLIIENNE
Il ne s’empresse pas de donner des solutions à l’emporte-pièce mais prend le soin d’exposer la problématique de l’insécu-rité: « La situation n’a que trop perduré, elle ne peut plus rester en l’état. Les cambriolages incessants, les agressions récurrentes font beaucoup de tort à Mayotte et à sa popula-tion. La délinquance, et je l’ai bien compris, inquiète les Mahorais qui n’aspirent qu’à la tranquillité, et je
n’oublie pas les entrepre-neurs, les petits commer-ces, eux aussi, victimes de vols et d’agressions répré-hensibles. La délinquance n’est donc pas isolée, elle se propage, elle deviendra contagieuse si on ne la jugule pas ». C’est avec une lucidité éclatante qu’il indique que la délinquance est le fait de plusieurs fac-teurs dont « l’immigration irrégulière, des structures familiales éclatées et l'échec scolaire particuliè-
rement important », pro-pos qu’il avait également tenu le 8 mars 2013 en Guyane. Ancien ministre de l’intérieur rompu à l’exercice, Manuel Valls conscient des préoccupa-tions des Mahorais, pro-met que des mesures coercitives seront mises en place pour dissuader, si-non endiguer le fléau de l’insécurité.
Le Pigeon Biset
et pour les multirécidivis-tes proposer une valida-tion des acquis de l’expé-rience qui leur permettrait d’obtenir un diplôme en vue d’exercer un métier qui les passionne ? Ils courent vite, parait-il, voilà une compétence indéniable pour en faire des cham-pions du 400m ! On me dit qu’ils ne craignent pas d’escalader les murs pour commettre leurs larcins, voilà des jeunes alpinistes qui s’ignorent ». Le Pre-
Accompagné de sa minis-tre de l’Éducation nationa-le, Valls, ne dissocie pas la question de l’éducation de celle de la délinquance. Ainsi il rappelle que « la répression n’est pas la pa-nacée, il faudra envisager des mesures de prévention et insister sur l’éducation ». « Ces jeunes que l’on dit être des voleurs, ont des compétences évidentes pour forcer les portes. Pourquoi ne pas envisager, une formation de serrurier
mier Ministre connait aussi les difficultés que ren-contre le système éduca-tif : les filières engorgées, les infrastructures scolai-res insuffisantes... et sou-haite désormais investir sur des établissements scolaires à taille humaine, mettre en adéquation les besoins de main d’œuvre des entreprises mahorai-ses et les formations desti-nées aux jeunes.
LPB
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« La République française ne saurait tolérer qu’il y ait, dans ces départements, des zones de non-droit. La République française ne transigera pas, elle rétablira le droit là où certains ont décidé de se moquer de la loi. » Le ton est martial et inflexible, nous sommes le 12 juin 2015, il y a comme le souffle galvanisant du Général qui lançait son appel le 18 juin 1940. Le Premier Ministre, Manuel Valls, donne la mesure de sa déter-mination qui ne cède en rien à celle de Charles de Gaulle.
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Les jeunes délinquants dans le viseur du Premier Ministre
Le Premier minis-tre rappelle que la politique de sécurité et la poli-tique pénale de-vront davantage s’intéresser aux
cas des mineurs délinquants « la loi doit tenir compte de cette délinquance juvénile qui opère sous l’impunité de leur âge. J’ai décidé, avec la Garde des sceaux de réfléchir à des mesures qui tiennent compte de cette réalité. La violence des coups portés par un mineur ne cause pas moins de dégâts que celle d’un adulte. La loi devra le considérer».
LPB
Des solutions audacieuses
« Je veux m’adresser aux forces de l’ordre dont je connais les attentes, et je voudrais leur dire, que nous augmenterons les effectifs pour ren-forcer les dispositifs de sécurité. Je ferai livrer des tanks anti-caillassage et quoi de mieux pour affronter ces gamins que des chars à bonbons qui projettent des confiseries et qui présentent l’avan-tage de faciliter l’appréhension de ces bambins pen-dant qu’ils se ruent sur les friandises au sol. Une criti-que, une solution. » Voilà qui sur-prend, déstabilise, et tout le long de son dis-cours historique le Premier Ministre, égrenait son chapelet de mesures insolites pour rassu-rer les habitants de Mayotte.
LPB
Micro-trottoir : Temps de paroles des élus
« Je ferai livrer
des tanks anti-
caillassage et
quoi de mieux
pour affronter
ces gamins
que des armes
à bonbons qui
projettent des
confiseries »
Issoufi Ahamada dit Mhoko, 2ème vice-président du Conseil départemental de Mayotte.
Tsi jiviwa vo circal avaho doimana ma cadi haou wana kignoumé na potévou mana izo dé zi mégoni ya ziguidzo yadine yatrou zit so risahidiyaho. (Je suis content que l’état accorde plus de responsabilité aux cadis dans cette lutte contre la délinquance parce que les valeurs et les prin-cipes de notre religion pourront aussi nous aider).
Said Ahamadi dit Raos, ancien conseiller général de Koungou.
« Le gouvernement a ramené son super héros. Et lui a ramené la lumière. Tous les foyers de Mayotte verront plus clair… C’est comme si vous étiez dans le désert, vous marchez, vous êtes fatigués, essoufflés… Il fait chaud et soudain un bédouin et une cruche d’eau se tiennent devant vous : Valls est venu étancher notre soif ».
Jacques Martial Henri, ancien vice-président du conseil général de Mayotte.
« C’est fini le temps des élus locaux... notre principauté a tout renversé. Il est venu nous mon-trer de quoi nous étions incapables ».
Suite au discours de Manuel Valls du 12 juin 2015, le Perroquet a recueilli les premières réactions des élus lo-caux.
P A G E 6
En 2014, 2035 agressions
recensées, une
augmentation de 15,45%
concernant les
cambriolages des
entreprises, +21,28%
d'agressions gratuites et
+25 % de vols avec
violence.
MAMOUDZOU, 81ème ZONE DE SECURITE PRIORITAIRE DE FRANCE
Après Mayotte, 101ème département, place à Mayotte, 81ème ZSP. En-fin, seule la commune de Mamoudzou va être clas-sée, dans quelques mois. Si les nombreuses associa-tions implantées locale-ment souhaitaient voir le dispositif s'appliquer sur tout le territoire, la popu-lation, elle, n'a pas caché sa joie de se sentir enfin entendue et écoutée. L'an-nonce a été faite à sur le parking de l'aérogare de Pamandzi, lors du discours officiel du Premier Minis-tre, juste avant que celui-ci ne reparte pour Paris.
Une ZSP comme
espoir de paix
Manuel Valls a été ova-tionné, comme rarement un homme politique ne l'a été. Il faut dire que ce clas-sement était attendu par les habitants, qui dénon-çaient le manque de réac-tivité des autorités locales, face à des faits de violence et de délinquance qui ne cessent d'augmenter.
On rappelle que lors du dernier Etat-major de la sécurité qui s'est tenu le 10 avril 2015, les chiffres de l'année précédente ont été dévoilés. Ils sont plutôt
inquiétants : 2035 agressions recensées, une augmentation de 15,45% concernant les cambriolages des entreprises, +21,28% d'agressions gratui-tes et +25 % de vols avec vio-lence. Des chiffres qui pour-raient être bien en deçà de la réalité, quand on sait que beaucoup de victimes décou-ragées par les lenteurs admi-nistratives et par un manque de résultat, selon elles, ne déposent plus plainte.
Un commissariat à
Kawéni Le premier ministre a montré qu'il connaissait la réalité du terrain, indiquant qu'il fallait « une action de longue durée, en profondeur, pour lutter efficacement contre cette délinquance ancrée dans le territoire. Policiers et gendar-mes doivent agir dans plu-sieurs directions, pour lutter contre la délinquance qui concerne aussi les mineurs ». Ainsi, Manuel Valls a annoncé qu'une annexe du commissa-riat serait construite, à Kawe-ni. Le chantier devrait démar-rer sous peu. Une centaine de fonctionnaires viendront ren-forcer les rangs de la police nationale d'ici fin septembre.
Une brigade à
Koungou
La zone gendarmerie n'a pas été oubliée. Le premier minis-tre a indiqué que le feu vert a été donné pour la construc-tion des locaux d’une brigade à Koungou. Premier coup de pelle, avant la fin de l'année 2015. Les gendarmes quitte-raient donc la « zone police » pour être au plus près de la « zone gendarmerie ». Enfin, le premier ministre a indiqué qu'une campagne de recrute-ment au niveau local sera me-née dans les prochaines se-maines.
Alouette Aloueste
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Il aura fallu attendre plus de 2 ans, mais après d'innombrables courriers, des centaines de communiqués de presse, des pétitions à n'en plus finir, de nombreuses marches blanches, des dizaines de créations de collectifs contre la violence, d'opérations coup de poing pour interpeller les autorités et de blocages de routes... Mayotte va enfin avoir droit à sa ZSP !
P A G E 7 B T M Y T H O — 1 5 J U I N
L’union fait la force Des réponses durables et
concrètes Education, lutte contre l'exclu-
sion, lutte contre l'insécurité... Le
Premier Ministre a évoqué toutes
ces questions. Il a par ailleurs rap-
pelé qu'une mesure forte avait
été prise, il y a quelques mois,
lorsqu'il avait été confirmé que le
département de Mayotte tout
entier serait classé en réseau
d'éducation prioritaire, dès sep-
tembre.
Les cadis : médiateurs reconnus
Autre annonce d'importance : les cadis qui se voient attribuer de nouvelles responsabilités. Leur rôle pacifica-teur dans de n o m b r e u x conflits inter-villages est a u j o u r d ' h u i reconnu. Un c h a n g e m e n t de statut est-il envisagé ? Rien n'est moins sûr. On rappelle que les cadis réclamaient il y a quelques mois, plus de clarté, quant à la nature de leur fonction.
« La création des zones de sécuri-
té prioritaire a pour objectif d'ap-
porter des réponses durables et
concrètes aux territoires souffrant
d'une insécurité quotidienne et
d'une délinquance enracinée,
ainsi qu'à ceux qui connaissent
depuis quelques années une dé-
gradation importante de leurs
conditions de sécurité », voilà ce
qu'on peut lire sur le site du mi-
nistère de l'intérieur. Une défini-
tion froide et impersonnelle que
Manuel Valls s'est empressé de
rectifier, par des mesures claires
et concrètes.
Alouette Aloueste
visage de Manuel Valls, légèrement
irrité par l’insolence du bambin.
C’est alors qu’aussi irréel qu’enri-
chissant, un dialogue s’est installé
entre le jeune voyou et le minis-
tre :
MV : Nous verrons bien ce que
vont dire tes parents lorsque je te
ramènerai personnellement chez
eux et leur expliquerai ce que tu
as fait. Pourquoi n’es-tu pas à l’é-
cole à cette heure-ci ? Ce ne sont
pas encore les vacances scolaires,
que je sache !
J : Mes parents ? Même moi je ne
sais pas où ils sont...? Pourquoi
j’irai à l’école?
MV : Ah... hé bien, qu’à cela ne
tienne, je n'ai pas de temps à per-
dre. Je dois aller à Mamoudzou, je
vais demander qu’on te dépose au
commissariat, ça te mettra peut-
être un peu de plomb dans la tête.
C’est après sa promenade matina-
le au bord de la plage de Sakouli
que Manuel Valls s’est aperçu avec
stupeur que son iPhone 6 et son
Macbook avaient disparu de sa
table de chevet. Il ne fallut pas plus
qu’un sérieux savon passé au chef
de la sécurité, pourtant posté avec
ses hommes tout autour du bun-
galow ministériel pour que le mal-
frat soit interpellé en moins de 15
minutes. Etonnement général,
il s’agissait d’un enfant, pas plus
haut que trois pommes, âgé à vue
d’œil de 10 ans, mais en réalité
adolescent de 14 ans. Le jeune
s’était introduit dans la chambre
par la baie vitrée laissée naïvement
ouverte. Pas effrayé pour deux
sous par les mastodontes em-
ployés par le gouvernement pour
protéger le ministre, un témoin de
la scène rapporte que le jeune
aurait balancé un « d’façon, vous
pouvez rien contre moi ! » au
J : Lahilaaaa, woyééééé… pas de
soucis, ça fait longtemps que je
n’ai pas vu le capitaine Chamassi !
La gardàv’ c’est mieux que les
heures de colle. A chaque fois, on
me relâche avant la fin de la jour-
née !
Manuel Valls ne surenchérit pas, il
se retourne et chuchote à voix
haute : « il ne sait pas qui je suis ».
Après un aller-simple pour le
commissariat, le voyou a reçu une
convocation devant un officier de
police judiciaire pour le mois de
juillet prochain avant d’être relâ-
ché dans la foulée. Une source
proche de l’enquête révèle qu’en
apprenant cela, Manuel Valls aurait
ordonné un rapport parlementaire
sur l’état de la délinquance, no-
tamment chez les mineurs, dans le
101ème département.
Pigeon Plumé
Insolite : Manuel Valls victime d’un vol Alors que le ministre faisait une brève balade en bord de mer, un malfaiteur a eu l’audace de s’introduire dans son bungalow pour lui dérober son téléphone et son ordinateur. Les services de sécurité de Matignon ont immédiatement rattrapé le coupable.
« L a h i l a a a a ,
w o y é é é é é …
La gardàv’ c’est
mieux que les
heures de colle. A
chaque fois, on me
relâche avant la fin
de la journée ! »
P A G E 8
Micro-trottoir : temps de paroles des citoyens
Mes fidèles clients : les délinquants
Salim a un grand sens du partage. Une
fois par mois, il invite amis et famille à
un repas dominical. C’est avec son
bétail qu’il prépare le grand festin. Mais
bientôt il va devoir s’y résoudre, les
moyens deviennent rares pour nourrir
sa famille. Il ne fait plus de bénéfices
puisque d’autres personnes s’appro-
prient sa marchandise. Du personnel
non qualifié, non engagé s’occupe
de son bétail. « Un mois plus tôt je
venais d’acheter un mouton. La
semaine d’après, il n’était plus là …
ou du moins plus de la façon dont
je l’avais laissé. Derrière l'enclos
principal, il restait des cendres.
Sous les mouches se cachaient des
os. Ils m’ont refait le coup, les
salauds ! Ils ont fait un méchoui
avec Zack! Là sur mon exploita-
tion ! Vous vous rendez compte que
tous les 2 jours je vais de surprise en
surprise sur ma ferme, et même en
dehors. Dernièrement, la police a re-
trouvé une de mes vaches dans le cof-
fre d’une Saxo à Mamoudzou », se dé-
sespère Salim.
Entre vol et maltraitance de ses
bêtes, Salim était sur le point de
déposer le bilan. Cette entreprise,
il l’a menée à perte pendant 2 ans.
Il a vu ses économies, chaque
jour, brûler, s’envoler. Et c’est à
l’Etat qu’il en voulait. Lors de la
venue de Manuel Valls, il y a quel-
ques jours, Salim a pu s’exprimer
et exposer ses problèmes.
« Monsieur le ministre, je ne vais
plus travailler, plus m’acharner.
Aujourd’hui je comprends la tran-
quillité d’être bénéficiaire du RSA
sans faire le moindre effort. Selon mes
premières estimations, je gagnerai plus à
ne rien faire qu’en essayant de travailler et
faire évoluer l’agriculture mahoraise. C’est
l’Etat… votre Etat qui m’encourage dans
ce choix. Et je fais abstraction de nom-
breux problèmes que bon nombre d’agri-
culteurs rencontrent à Mayotte, comme
par exemple le foncier, l’absence d’abat-
toir. Mon travail c’est ma vie. Aujourd-
’hui je prends plus de risques que
vous... Alors lorsque vous aurez sué à
trouver des solutions pour notre île
aux parfums, comme vous dites… je
suerai aussi pour faire partie de cette
élite qui veut une Mayotte meilleure. »
Quelques mots échangés, avec celui
qu’il a trouvé réceptif, ont rendu le
sourire et l’espoir à notre agriculteur.
Après une vague hésitation, Salim s’est
décidé à reprendre son activité. Il dit qu’il
n’a plus de crainte à avoir et que
la République va l’aider…
Le Président du CAP (Collectif des Agriculteurs Pillés) dit Salim « Z’allimette » en rapport à son visage émacié et son corps amaigri nous livre son quotidien. Depuis 3 mois, ce jeune entrepreneur reçoit des visiteurs peu scrupuleux : « on vole mon bétail, mes bananes, mes légumes enfin tout le kit de tchak quoi ! A Mayotte il y a deux façons d’entreprendre dans l’agriculture : il y a ceux qui travaillent la terre pour survivre et ceux qui enterrent votre travail pour s’enrichir ».
Le Perroquet
Daniel, 28 ans
« J’ai rêvé de ce moment. Aujourd’hui je peux déballer mes cartons et me projeter encore un bout de temps sur cette île. Si demain le premier ministre tient toutes ses promesses, je demanderai pardon à Mayotte pour ce lot de mauvaises pensées que j’ai pu avoir à son égard ».
Suite à la visite du Premier Ministre à Mayotte, le Perroquet a recueilli les réactions des Mahorais.
Ahmed, 43 ans
« Il n’y aura pas que nous les Mahorais qui auront la paix… les touristes pourront profiter de notre île belle et propre… Enfin on verra naître une économie mahoraise. Mais c’est la promesse de for-
mation et d’accès aux études pour les jeunes qui fera l’élan de ce jeune département. »
Ma-Sitti, 51 ans
« Il a quand même passé beaucoup de temps à Mayotte, quasiment deux journées entières. C’est l’un des plus longs séjours passé par un élu national sur notre île ! Il s’est confronté aux réalités
mahoraises, à ces incivilités que nous rencontrons ici. Manuel a été mahorais pendant 48h ».
Julien, 34 ans
« Depuis la métropole
j’ai eu écho des
problèmes d’insécurité
à Mayotte. Et le constat
à mon arrivée fut
accablant. Je suis
professeur au lycée de
Mamoudzou. Dans un
an, je devrai rejoindre
une autre académie.
Avant l’intervention de
Valls, je comptais les
jours avant le départ.. Il
a apporté un souffle
nouveau, un « ouf » de
soulagement dont tout
le monde avait besoin.
Si on s’en tient à son
discours, je pense
même reconduire mon
contrat pour plusieurs
années encore! »
B T M Y T H O — 1 5 J U I N 2 0 1 5 — N ° 1 5 4 2
les poches, les yeux rebondissent
devant, derrière, mitraillent ici et là,
à l’affût : la vigilance dans toute son
acuité. Ma démarche n'est pas celle
d'un badaud mais prend plutôt l'allu-
re olympique d'une marche rapide.
Sans embûche je retrouve mon lieu
d'habitation, l'ultime étape : j'ouvre
la grille faisant office de première
porte blindée, mon trousseau de
clés assez lourd en main pourrait
aussi m’être utile comme arme de
défense dans le cas où je me fai-
sais accueillir par « un malotru »,
j'ouvre tour à tour les cadenas qui
protègent ma maison. Enfin, le der-
nier tour de clé de la « vraie » porte
d'entrée ! Autant vous dire que
quand une envie pressante se pré-
sente, mes sphincters mis à rude
épreuve dans ces moments
là, n’ont heureusement pas encore
failli à leurs fonctions. Une fois en-
Vous avez enfreint le protocole
pour découvrir sans fard la vie des
habitants de Mayotte. Un choix qui
vous honore et sous la lumière crue,
vous expose à votre avantage.
Je n'ai rien manqué de votre passage
à Mayotte. Votre présence nous a
rendu un peu de notre liberté, la
même qui sera remise en péril main-
tenant que vous quittez le territoire.
Je regarde autour de moi et j'aper-
çois les policiers, les services de
sécurité, défaire soigneusement leur
dispositif. Réglés comme du papier à
musique, les voilà qui regagnent leur
caserne, un départ qui sonne la fin
de leur ronde.
L’accalmie cède aux « démons » qui
ressortent de l'ombre. Nos mécanis-
mes de défense se réactivent. Le
sac à main se repositionne en ban-
doulière, les bijoux s’encoffrent dans
trée, je me réjouis de voir que tout
est en place, rien n'a bougé avant de
lâcher « un soupir de satisfaction ».
Enfin cloîtrée, je gagne ma liberté en
brandissant une citronnade dans
l'admiration de cette vue magnifique
qu'offre Mayotte, derrière mes bar-
reaux.
Merci de votre visite,
courte, mais rien d'éton-
nant car c'est le même
temps imparti que l'on
accorde aux visites dans
les parloirs. Vous nous
quittez et moi je regagne
ma cellule, que dis-je, ma
maison. A quand votre
prochaine visite?
L'oiseau en cage.
Après le beau temps, la pluie… P A G E 9
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Téléphone : 06.39.07.25.83
Tous les articles relatés ici sont faux (jusqu’à
preuve du contraire) et rédigés dans un but
humoristique. L’utilisation de noms de per-
sonnalités ou d’entreprises est ici à but pure-
ment satirique.
BOUGE TOI MAYOTTE
¤ BTMerci ¤
Un BTMerci à tous les oiseaux qui ont contribué à la rédaction de ce BTMytho...
Merci d’y avoir laissé vos plumes !
P A G E 1 0
B T M Y T H O — 1 5 J U I N 2 0 1 5 — N ° 1 5 4 2
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