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GROUPE SUP DE CO MONTPELLIER BUSINESS SCHOOL Programme Executive MBA Groupe accrédité AACSB Programme accrédité AMBA Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon Thèse professionnelle MBA présentée par Laurent GARNIER Sous la direction du Professeur Walid A. NAKARA Octobre 2013 « Le Groupe Sup de Co Montpellier Business School n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans ce mémoire ; ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur. »

Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

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Cette étude exploratoire a pour objet, dans le contexte de la création des Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologie (SATT), de recenser les attentes des parties prenantes du transfert de technologie : chercheurs, entrepreneurs, organismes de transfert de technologie ; d’en identifier les convergences et divergences, de définir des axes de rapprochement et d'amélioration des processus existants. Pour y parvenir, nous avons mené dix entretiens semi-directifs avec un chercheur académique, quatre organismes intervenant dans le transfert de technologie et cinq entrepreneurs créateurs de spin off universitaires. Il ressort de l'analyse des résultats que l'amélioration de l'efficacité du transfert de technologie repose sur les compétences des organismes chargés de sa mise en œuvre, en particulier sur leur capacité à détecter les inventions susceptibles d'avoir un avenir industriel et à mobiliser les moyens financiers nécessaires à leur développement. Mais cette étude montre que le succès dépend aussi de l'évolution des mentalités des acteurs, d'une meilleure prise de conscience des intérêts communs, traduite par le développement de logiques de partage, dans le cadre de partenariats équilibrés et équitables, respectant les spécificités de chacun. A cet égard, les SATT auront également une mission de facilitateur, notamment en communiquant sur les bonnes pratiques et les succès obtenus.

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GROUPE SUP DE CO MONTPELLIER BUSINESS SCHOOL

Programme Executive MBA

Groupe accrédité AACSB Programme accrédité AMBA

Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

Thèse professionnelle MBA

présentée par Laurent GARNIER

Sous la direction

du Professeur Walid A. NAKARA

Octobre 2013

« Le Groupe Sup de Co Montpellier Business School

n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans ce mémoire ; ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur. »

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REMERCIEMENTS

J’adresse mes remerciements à Walid Nakara, Docteur en Science de Gestion,

Professeur en Management Stratégique & Entrepreneuriat, pour avoir accepté de

diriger ma thèse de MBA. Ses conseils et son écoute m’ont été très précieux.

Je tiens à remercier Anne, Françoise, Marie, François, Philippe, Luc, Fabien,

Philippe, Jean-Marc, Antoine, Franck, pour avoir accepté de partager leurs

expériences sur ce sujet passionnant. Je leur suis très reconnaissant de l’accueil

qu’ils m’ont réservé, du temps qu’ils m’ont consacré et de la qualité des échanges

que nous avons eu. Ces entretiens ont beaucoup apporté à ce travail, j’espère avoir

su rester fidèle à leur témoignage.

Merci à mes parents pour leur aide et leurs encouragements.

Merci à mes enfants, Emma et Félix, qui ont compris l’importance de cette année

pour moi et ont su accepter mon manque de disponibilité.

Enfin, mes remerciements les plus chaleureux s’adressent à mon épouse, Cyrille,

pour son soutien tout au long de l’année. Elle a su me donner la confiance et

l’énergie nécessaire et faire face aux sacrifices qu’a impliqué cette année de

formation.

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TABLE DES MATIERES

TABLE  DES  MATIERES  ....................................................................................................................  3  

INTRODUCTION  ................................................................................................................................  5  

1.   Revue  de  littérature  ...............................................................................................................  9  

1.1.   Le  processus  d’innovation  ............................................................................................  9  

1.2.   La  valorisation  de  la  recherche,  son  évolution  ...................................................  12  

1.3.   Les  différentes  formes  de  Transfert  de  Technologie  ........................................  13  

1.3.1.   Vente  de  licences  exclusives  d’exploitation  de  brevet  ............................................  14  

1.3.2.   La  recherche  partenariale  ...................................................................................................  15  

1.3.3.   La  prestation  de  services  .....................................................................................................  15  

1.3.4.   La  création  de  spin-­‐off  universitaires  ............................................................................  15  

1.4.   L’implication  des  parties  prenantes  dans  les  processus  de  transfert  de  

technologie  .................................................................................................................................  16  

1.4.1.   Les  organismes  de  transfert  de  technologie  ...............................................................  17  1.4.1.1.   L’importance  de  l’ancienneté  et  de  la  taille  des  organismes  de  valorisation  .........................  17  1.4.1.2.   L’influence  de  l’environnement  économique  ......................................................................................  17  1.4.1.3.   Le  staff  des  organismes  de  valorisation  .................................................................................................  18  1.4.1.4.   Les  moyens  financiers  ....................................................................................................................................  18  1.4.1.5.   L’implantation  régionale  et  les  liens  avec  l’université  .....................................................................  19  1.4.1.6.   La  question  de  la  rentabilité  de  la  valorisation  ...................................................................................  19  

1.4.2.   Les  chercheurs  .........................................................................................................................  19  1.4.2.1.   L’impact  des  modes  d’évaluation  ..............................................................................................................  20  1.4.2.2.   L’importance  des  liens  passés  avec  l’industrie  ...................................................................................  20  1.4.2.3.   Une  évolution  des  mentalités  nécessaire  ..............................................................................................  21  1.4.2.4.   L’importance  des  mesures  incitatives  ....................................................................................................  21  

1.4.3.   Les  entreprises  .........................................................................................................................  22  1.4.3.1.   L’importance  de  l’innovation  ouverte  .....................................................................................................  22  1.4.3.2.   Les  motivations  des  entrepreneurs  pour  le  transfert  de  technologie  ......................................  22  1.4.3.3.   Les  obstacles  ......................................................................................................................................................  23  

2.   Méthodologie  .........................................................................................................................  25  

2.1.   Mode  de  collecte  et  de  traitement  des  données  .................................................  25  

2.2.   L’échantillon  ...................................................................................................................  25  

2.3.   Guides  d’entretien  ........................................................................................................  28  

Page 4: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

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3.   Résultats  ..................................................................................................................................  29  

3.1.   Chercheurs  –  Organismes  de  transfert  de  technologie  ....................................  30  

3.1.1.   Une  entraide  nécessaire  .......................................................................................................  30  

3.1.2.   Une  entraide  à  développer  ..................................................................................................  32  

3.2.   Chercheurs  –  Entreprises  ...........................................................................................  32  

3.2.1.   Une  collaboration  nécessaire  et  fructueuse  ................................................................  32  

3.2.2.   Une  collaboration  qui  se  manage  .....................................................................................  34  

3.3.   Organismes  de  transfert  de  technologie  –  Entreprises  ....................................  36  

3.3.1.   Des  objectifs  antagonistes  qui  évoluent  vers  une  démarche  

gagnant  /  gagnant  ...................................................................................................................................  36  

3.3.2.   La  nécessité  d’un  guichet  unique  .....................................................................................  39  

3.3.3.   Une  prospection  commerciale  à  réaliser  ......................................................................  40  

3.3.4.   Faciliter  sans  interférer  ........................................................................................................  41  

3.3.5.   Logique  d’investissement  financier  ou  de  développement  économique  ?  ....  42  

4.   Discussion  ...............................................................................................................................  45  

4.1.   Les  apports  théoriques  ...............................................................................................  45  

4.2.   Les  apports  managériaux  et  préconisations  .......................................................  47  

4.3.   Les  limites  et  perspectives  .........................................................................................  51  

CONCLUSION  ..................................................................................................................................  53  

BIBLIOGRAPHIE  ............................................................................................................................  55  

ANNEXES  ..........................................................................................................................................  59  

Annexe  n°1  :  Dépenses  intra-­‐muros  de  R&D  en  pourcentage  du  PIB,  2011  .........  60  

Annexe  n°2  :  Dépenses  intérieures  de  R&D  en  millions  de  dollars,  2011  .............  60  

Annexe  n°3  :  Dépôts  de  brevets  par  pays,  2012  .............................................................  60  

Annexe  n°4  :  Classement  des  nations  les  plus  innovantes,  2013  .............................  60  

Annexe  n°5  :  Guide  d’entretien  n°1  –  Transfert  LR  .......................................................  61  

Annexe  n°6  :  Guide  d’entretien  n°2  –  SATT  AxLR  ..........................................................  62  

Annexe  n°7  :  Guide  d’entretien  n°3  –  Chefs  d’entreprise  ............................................  66  

Annexe  n°8  :  Enseignants-­‐chercheurs  et  intervenants  en  MBA  ................................  68  

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INTRODUCTION

« Tous les indicateurs le confirment : la compétitivité de l’industrie française régresse

depuis 10 ans et le mouvement semble s’accélérer1 » (Gallois, Lubin, & Thiard, 2012).

Le lien est fort entre la compétitivité industrielle et la santé de l’économie française.

Les pays qui résistent le mieux à la crise sont ceux dont le secteur industriel est le

plus développé. Aujourd’hui, les pays émergents comme la Chine, le Brésil, l’Inde ou

certains pays d’Europe de l’Est innovent. Leur force ne réside plus seulement dans le

coût de leur main d’œuvre, la concurrence que subit la France est donc plus forte.

C’est cette capacité à innover qui doit permettre de relancer la compétitivité

industrielle, elle est devenue capitale pour faire face à l’évolution de l’économie

mondiale (Beylat & Tambourin, 2013). Les exemples de réussite en terme d’innovation

sont nombreux, ils reposent toujours sur la qualité de la recherche et une

collaboration forte entre la recherche publique et le secteur privé. La valorisation de

la recherche publique par le transfert de technologie vers les entreprises françaises

est donc une des clés du développement économique de la France.

Les crises économiques et financières de 2008 et 2009 ont débouché, en 2010, sur

le lancement du « Programme d’Investissements d’Avenir » (35 milliards d’euros)

pour financer de nouveaux investissements dans des secteurs d’avenir. Parmi les

actions prises, un « Fonds national de Valorisation » est créé et 900 millions d’euros

sont attribués à la création d’une dizaine de Sociétés d’Accélération du Transfert de

Technologie (SATT). Ces SATT, dont une AxLR est mise en place en août 2012 pour

la Région Languedoc-Roussillon, ont pour objectif de stimuler le transfert de

technologie de la recherche publique vers le secteur privé.

Henry Chesbrough (2003) est le premier à utiliser le terme d’Open Innovation pour

décrire un processus d’innovation adapté à un contexte de plus grande diffusion du

savoir et de ressources limitées. Les entreprises ne comptent plus seulement sur

leurs ressources pour innover mais s’appuient sur des partenariats avec l’extérieur

comme par exemple la recherche académique.

1 Louis Gallois – Commissaire Général à l’Investissement – « Pacte pour la compétitivité de l’industrie française – Rapport au Premier ministre » 2012 – 5

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En 2000, l’Europe, qui perçoit son retard en terme de croissance et d’emploi, adopte

la « stratégie de Lisbonne », suivie en 2010 de la « stratégie Europe 2020 ». Ces

stratégies de coordination des politiques économiques au sein de l’Union

européenne, dont un des piliers est Recherche-Développement et Innovation (RDI),

fixent l’objectif de 3% du PIB investit en R&D pour 2020.

Le taux de dépense en R&D en pourcentage du PIB de la France fait partie des

meilleurs des pays de l’OCDE2. La France se classe 6ème au monde au classement

des montants investis en R&D3. En nombre de brevets déposés, la France est

classée 6ème dans le monde4.

Par contre la France ne se situe seulement qu’au 20ème rang du classement des

nations les plus innovantes5. Il y a un net décalage entre d’une part les efforts

réalisés en terme de R&D, leurs concrétisations en dépôt de brevet et d’autre part la

performance en matière d’innovation.

Ces données montrent qu’au delà des montants investis en R&D, la capacité à

innover dépend de nombreux facteurs tel que la culture de l’innovation et de

l’entrepreneuriat, des financements publics et privés pour la croissance des

entreprises innovantes et un transfert des résultats de la recherche vers le monde

économique (Beylat & Tambourin, 2013).

Ce décalage entre les efforts de R&D et les résultats en terme d’innovation doit être

rapproché de l’écart entre le bon niveau des instituts de recherche européen et leur

difficulté à en faire bénéficier l’économie. Ce phénomène fut décrit dans les années

90 sous le nom de « paradoxe européen » par opposition à la situation aux États-

Unis, pays plus performant en matière de transfert de technologie des instituts de

recherche vers le secteur privé (Conti & Gaule, 2011).

De plus en plus, en France, l’université se voit donc confier, en plus de

l’enseignement et de la recherche, une mission de développement économique par

2 Annexe n°1, page 60 - Dépenses intra-muros de R&D (DIRD) en pourcentage du PIB, 2011 ; Source OCDE 3 Annexe n°2, page 60 - Dépenses intérieures de R&D (DIRD) en millions de dollars, 2011 ; Source OCDE 4 Annexe n°3, page 60 - Dépôts de brevets par pays, 2012 ; Source : Office européen des brevets 5 Annexe n°4, page 60 - Classement des nations les plus innovantes, 2013 ; Source : Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI)

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une intensification de la valorisation de sa recherche (dont la qualité est reconnue)

par le transfert de technologie.

Le sujet du transfert de technologie entre les laboratoires de recherche et l’industrie

est très présent dans la littérature. De nombreux auteurs (Debackere & Veugelers,

2005), (Mowery & Sampat, 2005) ont décrit ses atouts en terme de développement

économique et de source de financement pour la recherche publique. D’autres

auteurs (D’Este, Mahdi, & Neely, 2010), (Siegel, Waldman, & Link, 2003), (Warren, Hanke,

& Trotzer, 2008) ont étudié les meilleures approches pour le stimuler en étudiant les

facteurs de motivation des chercheurs, les environnements économiques les plus

favorables ou en décrivant les meilleures organisations pour les organismes chargés

du transfert de technologie.

Toutefois, il existe peu d’étude qui traitent du transfert de technologie en se plaçant

du point de vue des entrepreneurs (Timsit, 13-16 Juin 2006), (Lockett, Kerr, & Robinson,

2008). Or, le transfert de technologie est une transaction commerciale entre un

fournisseur : le laboratoire de recherche et un client : l’industriel. Il s’agit de vendre

des découvertes issues de la recherche publique à des industriels qui recherchent

une solution à une problématique d’innovation. Le transfert de technologie doit

générer des profits via la cession de licences d’exploitation de brevets, le

développement de la recherche partenariale et la prise de participation (et l’aide à la

création) dans les start-up qui naissent des inventions des laboratoires de

recherches.

Le contexte du transfert de technologie est en train d’évoluer en France. La création

des SATT, avec des budgets importants et une position centrale, vise à renforcer

l’efficacité du processus.

L’objectif de l’étude sera donc de mieux connaître les attentes, les points communs

et divergents, des parties prenantes dans ce contexte d’évolution.

Nous allons dans un premier temps, décrire les facteurs clés de succès du transfert

de technologie et les obstacles existant du point de vue de ces trois parties

prenantes, tel qu’ils sont décrits dans la littérature.

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Dans un second temps, nous allons décrire notre étude exploratoire et les résultats

obtenus sur les attentes des acteurs du transfert dans la région de Montpellier, dans

un contexte d’évolution, lié à la mise en place des SATT.

Dans une dernière partie, nous confronterons ces résultats et tenterons de mettre en

lumière les points divergents et convergents entre les attentes des parties prenantes

et proposerons des voies d’améliorations.

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1. Revue de littérature

1.1. Le processus d’innovation

Le lien est clair entre valorisation de la recherche, innovation, compétitivité

industrielle et développement économique. Le succès de cet enchaînement repose

sur les synergies qui peuvent naitre de la collaboration de 3 parties prenantes : l’État,

l’industrie et la recherche.

o L’État, par l’intermédiaire des organismes de valorisation qu’il met en place,

recherche le développement économique, le développement de l’emploi ;

o Le chercheur qui est à l’origine de découverte ;

o L’industriel qui crée de la richesse à partir des inventions issues de la recherche

académique.

De nombreux auteurs se sont penchés sur l’organisation de cette relation entre ces

trois parties prenantes, sur l’étude de l’économie fondée sur le savoir.

Il existe plusieurs modèles qui décrivent la relation universités-industrie-

gouvernement :

o L’État peut y avoir un rôle central comme ce fut le cas en Europe de l’est avant la

chute du communisme.

o Le modèle dit de « laissé faire », dans lequel l’entreprise occupe une place

décisive, ce modèle ayant souvent pris le relais du précédent, après la chute des

régimes communistes en Europe de l’est, dans le but de réduire le rôle de l’État.

o Il existe la thèse de la « triple hélice »6 où les sphères d’influence de chaque

partie prenante se chevauchent (Etzkowitk & Leydesdorff, 2000) (Figure 1).

Chaque partie prenante peut jouer le rôle de l’autre tout en jouant son propre

rôle. Par exemple, l’État peut agir comme capital risqueur, l’entreprise s’implique

dans le travail des laboratoires de recherche et l’université peut jouer un rôle

(université entrepreneuriale) de développement économique, par exemple, via la

création de spin-off ou la cession de licences de commercialisation de

6 Le concept de la Triple Hélice fut reprit par différentes instances internationales, en France la création des pôles de compétitivité repose sur ce concept.

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découverte (McAdam, Miller, Maura, & Teague, 2012). Dans ce modèle, l’université

détient le rôle moteur dans le processus d’innovation en facilitant le transfert de

technologie de l’université vers l’industrie.

Figure 1 : Modèle à triple hélice entre l'université, l'industrie et le gouvernement ; (Leydesdorff & Etzkowitz, 2000)

Les enjeux de cette collaboration sont donc les suivants :

o Financer une recherche de qualité qui sache tenir compte des besoins sociaux ;

o Inciter les chercheurs à participer à ce rôle de développement économique par

une divulgation de leur recherche ;

o Mettre en relation les entreprises qui fondent leur développement sur l’open

innovation avec le savoir académique qui convient, aider au financement de

sociétés issues de découverte scientifique ;

o Trouver les meilleurs arrangements financiers pour les transactions entre

industriels et organismes de recherche ;

o Combler le gap (réduire le risque pour l’industriel) entre une découverte issue de

la recherche et son application pour l’industrie en vue d’assurer le continuum de

la recherche vers l’industrialisation (maturation des inventions : besoin de

financement et de gestion de projet).

Ces enjeux illustrent bien le concept de la triple hélice puisqu’ils impliquent les trois

parties prenantes avec des responsabilités qui se chevauchent.

Industrie État

Milieu Universitaire

Réseaux trilatéraux et organismes hybrides

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Ce processus est complexe, il ne relève plus du modèle d’innovation linéaire où les

phases, recherche / développement / production / marketing s’enchainent de

manière séquentielle. Aujourd’hui, nous constatons que les rétroactions sont

nombreuses et nécessaires. Par exemple, le chercheur peut être amené à faire

évoluer son travail en fonction des demandes de son partenaire industriel et lui

même peut être amené à revoir son projet en fonction des retours du travail du

chercheur. L’autre argument qui va à l’encontre de ce processus linéaire est l’écart

entre les résultats de la recherche académique qui, bien qu’à potentiel de

développement, peuvent encore être à un stade embryonnaire, trop risqué pour

l’industriel (valley of death) (Figure 2) et les attentes des industriels (Hudson &

Khazragui, 2013).

Figure 2 : Représentation de la "valley of death"

Il faut donc une intervention pour rapprocher ces deux parties prenantes, il s’agit d’un

« modèle linéaire assisté » (Etzkovitz & Goktepe, 2005). Ceci illustre encore le concept

de la triple hélice et le chevauchement des responsabilités des parties prenantes.

Trois colloques internationaux se sont penchés sur cette question (Amsterdam 1996,

New York 1998, Rio 2000). Ce modèle de coopération « Triple hélice » a convaincu

les pouvoirs publics et des organismes reconnus comme le CNRS ou la Commission

européenne. En France, la mise en place des pôles de compétitivité, qui regroupent

laboratoires, sociétés privées et pouvoirs publics, correspond à l’intégration de cette

notion. L’idée, grâce aux synergies induites par ce triple partenariat, était d’accélérer

le développement des entreprises intégrées à ces pôles.

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1.2. La valorisation de la recherche, son évolution

L’apport de la science pour le bien des nations est reconnu depuis longtemps. Au

lendemain de la révolution de 1789, la France subit de nombreuses attaques et elle

manque d’ingénieurs. En 1794, Lazare Carnot, Jacques-Elie Lamblardie et Gaspard

Monge fondent l’école centrale des travaux publics, renommée un an plus tard École

polytechnique. Durand la Seconde Guerre mondiale et pendant la guerre froide, les États-Unis ont placé les relations entre la science et le gouvernement au centre de

leurs efforts militaires et médicaux (Etzkovitz & Goktepe, 2005).

Aujourd’hui la valorisation de la recherche se définit de la manière suivante :

o Définition par le Comité national d’évaluation (CNE) : la valorisation correspond

aux moyens de « rendre utilisables ou commercialisables les résultats, les

connaissances et les compétences de la recherche » ;

o Rapport dit Guillaume7 sur la technologie et l’innovation : la valorisation concerne

les relations entre les acteurs de la recherche (grands organismes,

établissements d'enseignement supérieur..) et le monde économique. La

valorisation suppose ainsi une mise en relation du monde de la recherche et du

monde socio-économique. Elle n'est pas un processus automatique : elle doit

être organisée et faire l'objet d'actions concertées et réfléchies ;

o Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la

recherche : la valorisation « offre la possibilité de tirer le meilleur parti de

l'engagement de l'État en faveur de la recherche en faisant en sorte que la

société bénéficie des résultats de cette recherche ».

Cette valorisation de la recherche passe donc par des actions qui visent à faciliter le

transfert de technologies (et leur utilisation) depuis la recherche vers le privé. Ces

dernières années ont vu se mettre en place un certain nombre de mesures qui visent

cet objectif.

Pour transformer les résultats de la recherche en avantage compétitif, les États-Unis

ont adopté en 1980 le Bayh-Dole Act qui accordait à des organismes à but non

lucratif, financés par l’État, la propriété intellectuelle de leurs découvertes. Ils

7 Rapport de Henri Guillaume sur la technologie et l’innovation

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pouvaient en outre les transférer sur la base de licences exclusives. Le résultat fut un

important renforcement des liens entre université et milieu industriel, concrétisé par

une forte augmentation des transferts de technologie. Cette loi est souvent présentée

comme une des causes du succès des États-Unis en terme de valorisation de sa

recherche (Mowery & Sampat, 2005).

En France, en 1982, l’université, en plus de ses missions de formation et de

recherche se voit confier une mission de valorisation. Les premières cellules de

valorisation voient le jour. La loi de 1999 sur l’innovation accélère le mouvement. En

2010, le réseau de Coopération des services Universitaires de Relations Industrielles

et Economiques (C.U.R.I.E.)8 évalue à 163 le nombre d’organismes de valorisation

en France. Ce réseau, trop morcelé, est souvent jugé manquant d’efficacité.

1.3. Les différentes formes de Transfert de Technologie

Le transfert de technologie passe par une transaction commerciale entre un

industriel et un organisme de recherche. Les revenus générés sont une source de

financement de la recherche publique et de motivation pour les chercheurs. Plusieurs

auteurs se sont penchés sur les différents modes de commercialisation de la

recherche.

Shane (2012) présente quatre dimensions de la collaboration entreprise-université :

o Le licensing ;

o La recherche contractuelle ;

o Le consulting ;

o Le développement et la commercialisation de technologies.

L’article apporte des enseignements sur l’impact de la nature de l’entreprise

partenaire (grande entreprise installée ou jeune entreprise innovante) sur le mode de

transaction choisi. Markman, Siegel et Wright (2008) développent une taxonomie des

modes de commercialisation de la technologie issue de la recherche. Selon les

auteurs cette classification est importante puisqu’à chaque mode de

commercialisation, il faut une organisation adaptée. Dottore, Baaken et Corkindale

8 Association qui fédère les acteurs de la valorisation de la recherche publique française.

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(2010) s’appuient sur l’étude du succès de la valorisation de la recherche au sein de

l’université de Münster en Allemagne. Ils présentent les différentes voies de

commercialisation et les facteurs clés de succès d’un point de vue organisationnel.

Enfin, Mets (2009) dans son étude du business model de la commercialisation de la

recherche de l’université, propose une représentation qui permet de bien visualiser

l’implication des différentes parties prenantes (Figure 3).

Figure 3 : Business model de la commercialisation de R&D par l'université entrepreneuriale dans le cadre Université-Industrie-Gouvernement ; (Mets, 2009)

1.3.1. Vente de licences exclusives d’exploitation de brevet

Les universités et organismes de recherches en France restent propriétaires des

brevets déposés sur leurs découvertes. Compte tenu des coûts de dépôt de brevet,

les organismes de recherche tendent à breveter leurs inventions lorsque un

partenaire est identifié (Lallement, 2013). Ces organismes peuvent ensuite céder une

licence d’exploitation exclusive de leur brevet contre le versement de royalties

accompagnées, ou non, de success fees9. En 2008, le CNRS a perçu plus de 46

millions d’euro de redevance10. En Allemagne, en 2011, les instituts Fraunhofer11 ont

9 Commission de succès versée en cas de réussite d’un projet 10 Sur les 46 millions perçus, 42 proviennent de la licence d’exploitation du Taxotere, médicament de chimiothérapie.

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perçus 125 millions d’euro. Ces sommes bien qu’importantes sont à rapprocher des

budgets de ces organismes. Ainsi les 17 millions d’euro de redevances perçus par

l’INRA en 2011 ne représentent que 2% de son budget total.

Selon Macho-Stadler et Pérez-Castrillo (2010), il semble que deux paramètres

entrent en jeux dans la génération de profit par la cession de licences. D’une part, un

flot important de découverte accroit la réputation d’un établissement et permet de

faire des transferts de technologie de plus grand profit ; d’autre part, les

organisations de transfert pourraient avoir intérêt à « stocker » certaines de leur

inventions à moins fort potentiel pour augmenter la perception de qualité et ainsi

vendre moins d’invention, mais à des prix plus élevés.

1.3.2. La recherche partenariale

Il s’agit d’une activité de recherche menée en partenariat entre un laboratoire de

recherche et une entreprise, pour répondre à un besoin de celle-ci, exprimé dans un

cahier des charges. Ce partenariat génère un revenu pour le laboratoire, il y a une

copropriété des résultats de cette recherche. En France, les instituts Carnot12 ont

généré 302 millions d’euro de revenu grâce à la recherche partenariale soit 15% de

leur budget (contre 44 millions d’euro grâce au licencing, 2,2% de leur budget)

1.3.3. La prestation de services

Dans le cadre d’une prestation de service, le laboratoire fournit un travail pour une

entreprise (mesure, analyse, test, expertise…) en utilisant son savoir faire et ses

équipements. Ces contrats engendrent une obligation de résultat, l’entreprise est

propriétaire des résultats.

1.3.4. La création de spin-off universitaires

Une spin-off universitaire est une nouvelle entreprise créée au départ d’une

université aux fins d’exploiter des connaissances qui y ont été développées, par le

biais d’activités commerciales (Pirnay, 2001). Le département des affaires

11 Organisme spécialisé dans la recherche appliquée. 57 instituts employant 13 000 personnes. 2/3 de son budget est financé par des contrats de recherches avec l’industrie. 12 Le label Carnot est créé en 2006, il est décerné à des laboratoires de recherche français. Ils s’inspire des instituts Fraunhofer allemand et vise à favoriser la recherche partenariale. En 2011, il y avait 34 laboratoires labélisés qui regroupent 25 000 chercheurs

Page 16: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

16

économiques de la banque de Boston a calculé en 1997 que les start-up issues du

MIT13 apportent chaque année 232 milliards de vente à l’économie américaine

(O’Shea, Allen, Chevalier, & Roche, 2005).

Selon les pays ou l’orientation des organismes de recherche, l’activité de cession de

licence ou de création de spin-off peuvent être privilégiés. Aux États-Unis les

organismes de valorisation se concentrent beaucoup plus sur la cession de licence

alors qu’en Italie la création de spin-off est la priorité. De même, le Royaume-Uni a

plus favorisé que la France le mode de transfert de technologie par la création de

spin-off (Lallement, 2013).

L’institut de recherche, dont est issue la découverte à l’origine de la création

d’entreprise ou sa cellule de valorisation, peut avoir des parts dans cette société

et/ou percevoir des revenus des licences d’exploitation des brevets. (Markman, Siegel,

& Wright, 2008). Cette forme de transfert de technologie peut permettre de cumuler

toutes les sources de revenu. En effet, la création de l’entreprise peut avoir lieu à un

stade encore peu avancé de développement de la technologie. Celle-ci aura encore

souvent besoin des ressources de son laboratoire d’origine. Il peut donc s’ajouter

aux revenus de licence et à la prise de participation, des accords de recherche

partenariale et/ou de prestation de service.

Les revenus, selon les politiques des instituts de recherche sont répartis entre le

chercheur, son laboratoire et l’institution.

1.4. L’implication des parties prenantes dans les processus de transfert de technologie

Les organismes de valorisation, les chercheurs et les industriels participent à chacun

de ces modes de transfert de technologie. Nous allons faire le point sur leur

implication dans ces processus à travers une analyse de la littérature. Même si nous

allons décrire séparément leurs participations, il faut rappeler qu’il s’agit d’un travail

collaboratif qui fonctionne selon le principe de la triple hélice, il y a une

interdépendance des actions.

13 Massachusetts Institute of Technology

Page 17: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

17

1.4.1. Les organismes de transfert de technologie

Le rôle des organismes de valorisation de la recherche est central. En plus de la

négociation des modalités de transfert de technologie, c’est à eux que revient la

tâche de rapprocher une industrie et une recherche séparées par ce que l’on appelle

la vallée de la mort. De nombreux auteurs ont travaillé sur la meilleure organisation

pour les bureaux chargés du transfert de technologie à travers le monde. Plusieurs

paramètres sont analysés :

1.4.1.1. L’importance de l’ancienneté et de la taille des organismes de

valorisation

Plusieurs études, notamment en France (Curi, Daraio, & Llerena, 2012), démontrent

l’importance de l’âge des structures de valorisation de la recherche. De même Conti

et Gaule (2011) trouvent une corrélation entre une meilleure performance de

l’organisation de transfert de technologie (OTT) aux États-Unis par rapport à

l’Europe, et leur plus grande expérience. Ces données confirment l’existence d’un

effet courbe d’expérience pour les organismes de transfert de technologie.

Au même titre que la taille des instituts de recherche est importante, grâce au

bénéfice de l’effet d’offre (effet techno push) induit par le volume de découvertes

qu’elle produit, l’efficacité des organismes de valorisation est influencée positivement

par leur taille (aussi bien en termes de moyens humains ou financiers). L’importance

d’une masse critique est démontrée. (Conti & Gaule, 2011).

Toutefois, l’effet taille n’est pas linéaire, il est sujet à des rendements d’échelle

décroissants. Ainsi, la taille ne peut compenser le manque d’expérience d’une

structure récente (Lallement, 2013).

1.4.1.2. L’influence de l’environnement économique

Au même titre qu’une production importante de la recherche scientifique favorise le

transfert de technologie (effet techno push), un environnement économique dense

sera également favorable en augmentant la demande (effet market pull) (Lallement,

2013).

Chapple, Lockett, Siegel et Wright (2005) ont montré dans leur étude menée au

Royaume-Uni, que les régions avec un faible niveau de R&D et d’activité

économique, présentaient des résultats de commercialisation de technologie moins

Page 18: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

18

bons. Warren, Hanke et Trotzer (2008) arrivent à la même conclusion aux États-Unis

et recommandent aux universités isolées de lever le plus possible les barrières à la

création de spin-off autour de ces établissements, considérant que les OTT

demandent trop souvent des conditions excessives à la cession de licences

d’exploitation.

1.4.1.3. Le staff des organismes de valorisation

Ils semble que les OTT (Organismes de Transfert de Technologie) recrutant des

profils à la fois de juriste, de scientifique et de business développeur, sont plus

efficaces dans les phases marketing du transfert de technologie (Siegel, Waldman, &

Link, 2003).

Conti et Gaulle (2001) couplent l’importance de la taille des staffs avec l’importance

d’expériences antérieures dans l’industrie. Ils considèrent que des personnes issues

du milieu privé seront plus capables de comprendre le fonctionnement des

entreprises partenaires et plus compétentes pour négocier les contrats de licence.

De même, Chapple et al. (2005) insistent sur l’importance des compétences des

équipes des OTT pour gérer au mieux les accords de licence avec les partenaires

industriels les plus appropriés.

Cette expérience de l’entreprise est importante car il arrive que les universités

surestiment la valeur de leurs technologies et rendent plus difficile l’implication

d’investisseurs (Markman, Siegel, & Wright, 2008).

1.4.1.4. Les moyens financiers

Selon le degré d’avancement de la technologie, la recherche et l’industrie peuvent

être séparés par un gouffre (« death valley »). Les OTT ont un rôle clé pour faciliter

le franchissement de ce gouffre14. Comme nous l’avons vu précédemment, Il existe

des indicateurs qui définissent la meilleure organisation (taille, expérience,

localisation, compétences) pour faciliter cela. Reste que combler ce gap ne relève

pas seulement d’un travail technique pour rapprocher l’offre d’un laboratoire du

besoin d’un industriel. C’est aussi un risque financier pour l’industriel qui se lance

14 Ce travail, qui vise à produire un prototype proche des attentes de l’industrie à partir des résultats de la recherche, s’appelle la maturation.

Page 19: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

19

dans le projet. Il est donc important que l’OTT puisse aussi participer financièrement

à cette phase de maturation afin de réduire le risque pris par l’industriel et ainsi

favoriser le transfert de technologie.

O’Shea et al. (2005), dans leur étude sur la création de Spin-off à partir des

universités américaines, mettent justement en avant l’importance d’un partenariat

actif et d’un soutien financier entre l’industrie et les dispositifs de financement

publics. La capacité des SATT à entrer au capital des Start-up qu’elles contribuent à

créer pourrait répondre à cette problématique.

1.4.1.5. L’implantation régionale et les liens avec l’université

Les organismes de valorisation, pour remplir leur double mission d’identification des

découvertes à fort potentiel de développement économique et d’accompagnement

des chercheurs pendant les phases de maturation des projets, doivent être localisés

à proximité des centres de recherche. Ceci est confirmé par Chapple et al. (2005)

dans leur étude des OTT en Angleterre. Lallement, dans son rapport de 2013

« Valorisation de la recherche publique : une comparaison internationale », confirme

cela en rappelant que des structures centralisées ne favorisent pas l’instauration des

liens étroits nécessaires entre OTT et laboratoires de recherche.

Il est aussi important que les cellules de valorisation bénéficient d’un certain niveau

d’autonomie vis à vis des universités pour permettre une spécialisation de ces

services et réduire leurs coûts (Debackere & Veugelers, 2005).

1.4.1.6. La question de la rentabilité de la valorisation

L’équilibre économique de la valorisation de la recherche est un objectif difficile à

atteindre. Les institutions les plus performantes comme les grandes universités

privées américaines n’y parviennent pas. Lallement (2003) suggère plutôt d’évaluer

la valorisation de la recherche en prenant en compte son apport pour la société au

sens large.

1.4.2. Les chercheurs

La valorisation de la science pour le bien des sociétés est ancienne. Il y a de

nombreux exemples de chercheurs qui ont su transformer leurs découvertes en

développement économique tel que Louis Pasteur en France (ses travaux de

Page 20: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

20

recherches sur des problématiques industrielles débouchant sur des innovations

dans la microbiologie) ou James Watt au Royaume-Uni (qui a innové sur la

puissance des machines en collaborant avec des chercheurs et des hommes

d’affaires).

1.4.2.1. L’impact des modes d’évaluation

Le milieu de la recherche académique est souvent décrit comme une tour d’ivoire, la

valorisation de la recherche n’est pas une mission naturelle. Les grands organismes

de recherche fondamentale comme le CNRS ont longtemps craint l’influence du

secteur privé dans leurs choix d’orientation de leur recherche (plus protection que

valorisation). Pourtant cette évolution est clé. La prise de conscience existe puisque

les chercheurs ne sont plus seulement évalués sur leurs publications mais aussi sur

les liens qu’ils parviennent à créer avec l’industrie. Toutefois, l’introduction de cet

élément d’évaluation reste peu efficace. La publication reste l’élément d’évaluation

premier, la priorité pour les chercheurs (Lockett, Kerr, & Robinson, 2008). De plus,

l’importance grandissante des classements type Shanghai, qui reposent en grande

partie sur le nombre et le prestige des publications des chercheurs, risque de

détourner les chercheurs de leur objectif de partenariat avec le privé (Leydesdorff &

Meyer, 2010).

1.4.2.2. L’importance des liens passés avec l’industrie

Les études montrent que cette communication est favorisée par les expériences

passées des chercheurs avec le privé. Or en France, plus que dans d’autres pays,

cela reste deux mondes bien séparés (D’Este, Mahdi, & Neely, 2010), (Harmon, et al.,

1997). Au contraire, dans d’autres pays comme l’Allemagne, il est fréquent qu’un

étudiant, après une expérience dans le privé, retourne à l’université pour faire un

doctorat, ce qui crée des liens, une compréhension mutuelle des enjeux de la

recherche fondamentale et de l’industrie. Martin et Pujol (2008) dressent le portrait

de « l’académique réticulaire » qui est le profil le plus capable de valoriser un projet

de transfert de technologie. Ces chercheurs « réticulaires » sont à la fois reconnus

sur le plan académique et ont une capacité à créer du réseau entre les acteurs

privés et publics de la recherche.

Page 21: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

21

1.4.2.3. Une évolution des mentalités nécessaire

Au final, il ressort que les chercheurs français sont très en retard par rapport aux

américains sur leur capacité à divulguer spontanément leurs découvertes aux

organismes de valorisation dont ils dépendent. C’est un critère de succès important

pour le transfert de technologie (Siegel, Waldman, & Link, 2003). Cela est clairement

un frein à l’avancée du processus d’innovation (Etzkovitz & Goktepe, 2005).

Dou (2010) avance que le succès du transfert de technologie passe avant tout par

une prise de conscience, une évolution de l’état d’esprit des chercheurs qui leur

permettra de prendre le recul suffisant sur leur travail et de prendre conscience du

potentiel économique de leur recherche. Le succès, selon l’auteur, repose en

premier lieu sur un changement de mentalité du chercheur. Pour favoriser cette

évolution chez les diplômés, Beylat et Tambourin, dans leur rapport de 2013,

suggèrent de renforcer la formation à l’innovation et à l’entrepreneuriat (pas

seulement ceux des écoles de management).

1.4.2.4. L’importance des mesures incitatives

Chapple et al. (2005) évoquent dans leur étude sur l’évaluation de la performance

des organismes de transfert de technologie au Royaume-Uni, le lien entre défaut de

mesure d’incitation et barrière au transfert de technologie. Debackere et Veugelers

(2005) suggèrent que les laboratoires et les chercheurs, individuellement, puissent

percevoir une part significative des royalties issues de leur recherche. Ceci est

confirmé par l’étude de Siegel et al. (2003) qui constatent une corrélation entre le

nombre de divulgations de découvertes et le mode de répartition des royalties

versées aux chercheurs.

Une ouverture au monde de l’entreprise ainsi que des systèmes d’évaluation et

d’incitations adaptés, sont autant de facteurs qui facilitent une implication proactive

des chercheurs, une évolution vers un statut de porteur de projet, vers l’université

entrepreneuriale. L’objectif est de faciliter la transition pour que le chercheur sorte de

sa tour d’ivoire et se comporte d’avantage en négociant de savoir.

Page 22: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

22

1.4.3. Les entreprises

1.4.3.1. L’importance de l’innovation ouverte

L’innovation est considérée comme la réponse à la crise économique actuelle. C’est

un des thèmes principaux à promouvoir dans les stratégies européennes dites de

« Lisbonne » et « E.U 2020 ». Dans leur rapport de 2013, Beylat et Tambourin,

reprennent les résultats d’études15 qui présentent l’innovation comme un moteur de

croissance, le premier levier de compétition hors coût.

Si l’innovation est décrite comme d’une importance stratégique pour les États, il en

est de même pour les entreprises dont la compétitivité en dépend. Or les évolutions

technologiques, le besoin de créativité, complexifient l’innovation. En outre, les

entreprises, en période de crise, sont confrontées à une baisse de leurs ressources

financières. Elles doivent donc s’ouvrir à de nouvelles sources externes d’innovation.

Les résultats de la recherche académique sont une des sources de cette innovation

ouverte (open innovation).

Bien que le point de vue de l’entreprise, parmi les parties prenantes du transfert de

technologie, soit moins souvent traité, certains auteurs se sont penchés sur le

transfert de technologie de la recherche vers l’industrie en étudiant plus

spécifiquement l’entreprise. Ils nous permettent de mieux connaître les objectifs,

attentes et les obstacles rencontrés (cf. chapitres suivants).

1.4.3.2. Les motivations des entrepreneurs pour le transfert de

technologie

Timsit (2006) a interrogé des entrepreneurs ayant fait appel au transfert de

technologie pour connaître leurs motivations. Il ressort de son étude trois raisons

principales qui les poussent à faire appel au transfert de technologie :

o Utiliser une ressource externe pour résoudre un blocage non lié au cœur de

métier technologique ;

o Consolider les compétences de l’entreprise par intégration de connaissances ;

o Générer de la créativité.

15 Rapport de Christian Blanc « Pour un écosystème de la croissance » (2004) ; Rapport publié par l’Office Parlementaire de Choix Scientifiques et Technologiques – Claude Birraux et Jean-Yves Le Deaut (2012)

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23

Dans le même esprit, l’entreprise qui achète des licences d’exploitation de brevets

issues de la recherche cherche à :

o Exploiter des idées et talents externes ;

o Réduire les risques de R&D ;

o Augmenter la portée et l’impact de leurs innovations.

(Markman, Siegel, & Wright, 2008).

Nous pouvons constater que les buts avancés sont cohérents avec le principe

d’innovation ouverte. Confrontés à des ressources limitées, aussi bien humaines,

matérielles, que financières, les entrepreneurs se tournent vers l’extérieur (la

recherche académique) pour atteindre cet objectif crucial d’innovation.

1.4.3.3. Les obstacles

Toutefois, même si les personnes interrogées considèrent avoir tiré partie de ces

partenariats, ils évoquent plusieurs difficultés et contraintes. Les différences de

culture entre milieux de la recherche et de l’industrie sont souvent mises en avant

comme facteurs négatifs (Markman, Siegel, & Wright, 2008). Lockett et al. (2008), dans

leur étude sur les facteurs clés de succès du transfert de technologie, parlent de

barrière culturelle. Ils citent des entrepreneurs qui reprochent aux chercheurs d’être

trop détachés du monde réel, les situant dans une tour d’ivoire. Plus précisément,

ces deux parties prenantes ont chacune leurs propres langages, normes,

environnements. L’écart entre ces paramètres est aussi une source de difficultés

(Siegel, Waldman, & Link, 2003).

Conséquence de ces différences, il existe un écart entre l’échelle de temps des

chercheurs et celle des entreprises. Les entreprises cherchent des solutions

rapidement opérationnelles mais les chercheurs ne se sentent pas assez concernés

par cette logique de performance. Les logiques de performance des entreprises

s’opposent à celles de connaissance des chercheurs (Timsit, 13-16 Juin 2006).

Siegel et al. (2003), dans leur étude sur l’impact des pratiques organisationnelles des

offices de valorisation, évoquent comme facteur limitant du point de vue des

entrepreneurs, la lourdeur bureaucratique, le manque de flexibilité de ces

organismes. Ces témoins reprochent aussi aux universités une attitude trop

agressive dans la protection de la propriété intellectuelle. Dans cette même étude,

Page 24: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

24

les chefs d’entreprises interrogés souhaiteraient que les compétences des

organismes de valorisation en matière de marketing et de négociations soient plus

développées.

Même si la place des organismes de valorisation est centrale, il ne faut pas négliger

l’importance d’une relation directe entre les chercheurs et leurs interlocuteurs du

monde de l’entreprise. Les acteurs industriels, dans l’étude de Siegel et al. (2003),

mettent l’accent sur l’apport d’une relation personnelle et informelle dans ce

processus.

Enfin, la présence au sein des partenaires privés d’un service de R&D est décrite par

Martin et Pujol (2008) comme un élément favorable qui donne aux entreprises la

capacité nécessaire d’absorber les brevets. En effet, l’achat d’une licence

d’exploitation ne correspond pas à l’acquisition d’une solution clé en main, cela

s’accompagne souvent d’une phase de maturation de la technologie que l’entreprise

devra mener en partenariat avec les chercheurs à l’origine de la découverte.

L’existence dans l’entreprise d’un service de R&D est donc un atout pour transformer

une invention en produit innovant.

Même si le travail de recherche sur le transfert de technologie est important, il traite

rarement spécifiquement du cas de la France. Dans la littérature, les situations des

États-Unis et du Royaume-Uni sont largement les plus fréquemment abordées.

Parmi les parties prenantes impliquées, les auteurs ont aussi beaucoup plus travaillé

sur les organismes de valorisation de la recherche, qu’ils soient dépendants ou non

des universités et là encore rarement sur le cas de la France. Enfin, il existe moins

d’articles qui abordent le point de vue des entrepreneurs, français en particulier.

Nous allons donc explorer le système de la valorisation de la recherche régionale

dans un contexte d’évolution impacté par la création des SATT. L’enquête sera

orientée en priorité sur des entreprises locales ayant fait appel au transfert de

technologie et sur les organismes qui œuvrent au transfert de technologie. Notre

objectif sera d’identifier les attentes, motivations, objectifs, blocages de ces parties

prenantes, d’en cerner les divergences et convergences et de réfléchir à des pistes

d’améliorations.

Page 25: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

25

2. Méthodologie

2.1. Mode de collecte et de traitement des données

Nous l’avons vu, le processus de transfert de technologie est en évolution. Nous

pouvons faire l’hypothèse que ces évolutions déboucheront sur une amélioration si

elles conduisent à un accroissement des convergences entre les attentes des

chercheurs, entrepreneurs et intervenants du transfert de technologie.

Pour tenter de répondre à cette question, notre enquête devait nous permettre de

traiter les points suivants :

« Où en sont les relations entre les entrepreneurs et le milieu de la recherche ? »

« Quels sont les nouveaux objectifs et moyens mis en place pour stimuler le transfert de technologie ? »

« Quel est le retour d’expérience des chefs d’entreprise ayant déjà fait appel au transfert de technologie ? »

« Comment le chercheur perçoit la valorisation de sa recherche ? »

Pour cela, nous avons réalisé une étude qualitative qui s’est appuyée sur des

entretiens semi-directifs auprès des différentes parties prenantes du transfert de

technologie en Languedoc-Roussillon.

Les entretiens se sont déroulés sur une période de deux mois, de la fin du mois de

juillet à la fin du mois de septembre. Tous ont été réalisés en face à face sur le lieu

de travail des personnes interrogées. Ils ont été enregistrés, avec l’accord de nos

interlocuteurs, puis retranscrits intégralement.

Les données recueillies ont ensuite été analysées manuellement.

2.2. L’échantillon

Nous avons conduit dix entretiens (Tableau 1) ciblant :

o 4 Acteurs du transfert de technologie ;

Page 26: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

26

o 5 Chefs d’entreprise avec une expérience du transfert de technologie ;

o 1 Chercheur académique.

Ces entretiens se sont déroulés sur la base des points à traiter :

« Où en sont les relations entre les entrepreneurs et le milieu de la recherche ? »

Le premier contact devait nous permettre d’accroitre notre connaissance du sujet du

transfert de technologie d’un point de vue global. Il s’agissait donc de compléter une

connaissance théorique obtenue à travers l’analyse de la bibliographie. Pour cela,

nous avons rencontré la directrice de Transfert LR, organisme qui œuvre depuis

plusieurs années au niveau régional pour stimuler les partenariats recherche /

industrie. Cet entretien a servi à la construction des guides d’entretiens pour les

chefs d’entreprise et les interlocuteurs du transfert de technologie rencontrés par la

suite.

« Quels sont les nouveaux objectifs et moyens mis en place pour stimuler le transfert de technologie ? »

Nous avons ensuite rencontré le président et le directeur du business

développement de la SATT AxLR. Ces 2 entretiens devaient nous permettre de

préciser en quoi la valorisation de la recherche est amenée à évoluer, quels sont les

objectifs, les moyens mis en place.

Nous avons également rencontré une personne travaillant au sein du département

relation avec l’industrie, d’un organisme de recherche public montpelliérain.

« Quel est le retour d’expérience des chefs d’entreprise ayant déjà fait appel au transfert de technologie ? »

Les critères de ciblage des entreprises16 étaient les suivants :

− Une expérience de partenariat avec la recherche académique ;

− Une localisation dans le Languedoc-Roussillon, pour faciliter l’accès aux

personnes ;

16 Par souci de confidentialité le nom des entreprises et des personnes ne sont pas communiqués

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27

− Une activité dans le secteur de la santé rendant plus facile la communication

compte tenu de notre formation et de notre expérience professionnelle.

Les cinq entreprises contactées sont des spin-off universitaires. Leurs fondateurs

sont tous issues de la recherche académique. Cette orientation s’explique par le

ciblage des entreprises grâce à l’aide d’un acteur de l’accompagnement à la création

d’entreprise.

Quatre de ces entreprises travaillent dans le domaine des biotechnologies et une

dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) pour

le secteur de la santé.

« Comment le chercheur perçoit la valorisation de sa recherche ? »

Trois des cinq dirigeants d’entreprise rencontrés étaient encore récemment d’anciens

chercheurs académiques. Les entretiens menés avec eux nous ont donc aussi

permis de progresser sur le point de vue du chercheur sur le transfert de technologie.

Pour compléter, nous avons rencontré un chercheur en chimie, actif dans la

recherche partenariale avec l’industrie.

Tableau 1 : Tableau de synthèse de l'échantillon et des entretiens

Partie'prenante

Organisme Secteur'd'activité Fonction'de'l'interlocuteur DateDurée'

(minutes)Retranscription'

(pages)

Transfert'LRDéveloppement'économique'et'innovation

Directrice 22/07/13 47 11

SATT'AxLRTransfert'de'technologie

Président 06/08/13 40 9

SATT'AxLRTransfert'de'technologie

Dir.'Business'Developpement 06/08/13 34 9

Cellule'du'partenariat'

industrie'd'un'organisme'de'recherche

Partenariat'recherche/industrie

'Resp.'Contrats'de'recherche'Industriels/chercheurs

12/09/13 35 7

Société'A Biotechnologie Président,'CoSfondateur 28/08/13 46 11

Société'B Biotechnologie Président,'CoSfondateur 02/09/13 38 8

Société'C Biotechnologie Manager 06/09/13 44 10

Société'D NTIC'Santé CEO,'CoSfondateur 16/09/13 43 10

Société'E Biotechnologie CEO,'CoSfondateur 20/09/13 54 8

ChercheurLaboratoire'de'recherche

Recherche'en'chimie Chercheur 12/09/13 39 8

Acteur'de'la'valorisation

Industrie

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28

2.3. Guides d’entretien

Nous avons réalisé trois guides d’entretien :

Le premier guide d’entretien (annexe n°5, page 61), basé sur notre recherche

bibliographique, a été utilisé pour notre échange avec la directrice de Transfert LR

pour approfondir notre connaissance des relations entre l’industrie et le milieu de la

recherche :

− La vision du transfert de technologie ;

− Profil des entreprises en contact avec Transfert LR (taille, secteur, attentes).

Le second guide d’entretien (annexe n°6, page 62) est spécifique à la SATT AxLR.

Son élaboration repose sur la recherche bibliographique et sur les résultats tirés de

l’entretien avec Transfert LR :

− La vision du transfert de technologie ;

− Organisation et Business modèle des SATT ;

− Objectifs ;

− Moyens (humains, financiers, légaux) ;

− Démarche commerciale auprès des entreprises et des chercheurs.

Le troisième guide d’entretien (annexe n°7, page 66) concerne les entreprises. Les

données tirées de la littérature ont servi à sa conception, les résultats des échanges

avec AxLR et Transfert LR ont permis de l’affiner :

− Profil de l’entreprise, activité ;

− Profil de l’interlocuteur, vision pour l’entreprise ;

− Relations actuelles et passées avec le milieu de la recherche ;

− Retour d’expérience de transfert de technologie (réussites, échecs, difficultés

rencontrées, attentes d’améliorations).

Page 29: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

29

3. Résultats

Nous allons décrire les résultats obtenus en étudiant le processus de transfert de

technologie par paire de parties prenantes (Figure 4). Dans un premier temps nous

évoquerons la relation entre le chercheur et sa cellule de valorisation : la

transmission de l’invention à l’organisme qui est responsable de sa valorisation.

Ensuite, nous aborderons la relation entre le chercheur et l’entreprise, le passage de

l’invention à l’innovation qui nécessite très souvent une collaboration étroite entre ces

deux parties prenantes. Enfin nous terminerons par la phase suivante : comment les

cellules de valorisation traitent avec les entreprises « acheteuses » de la technologie.

Figure 4 : Représentation des relations étudiées

D’un point de vue général, il ressort de ces entretiens que le transfert de technologie

n’est pas un processus simple. Pour chacune des parties prenantes interrogées

l’expérience s’est avérée longue et semée d’embuches. Toutefois, l’apport de ce type

de partenariat est présenté par tous comme nécessaire et bénéfique.

Lorsque nous évoquerons le point de vue des chercheurs, ce sera celui du chercheur

en chimie sélectionné pour l’enquête ainsi que celui des trois entrepreneurs anciens

doctorants (entrepreneur/chercheur). En effet, durant leur parcours universitaire, ils

ont été amenés à collaborer avec des entreprises dans le cadre de partenariat privé /

recherche publique. Leur passé récent dans la recherche leur permet donc d’évoquer

à la fois les positions des parties prenantes entreprises et chercheurs.

Quatre des cinq entreprises interrogées sont des spin-off universitaires. C’est la

découverte scientifique d’un des co-fondateurs, dans le cadre de ses travaux

Entreprise

OTT Chercheur Rela%on(1(

Rela%on(3(Rela%on(2(

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30

académiques, qui est à l’origine de la création de ces entreprises. Elles sont donc

nées d’un transfert de technologie. Cette situation a un impact sur la relation de ces

entrepreneurs avec les chercheurs. De même, cette situation, associée à leur

fragilité d’entreprise naissante, les rend plus sensibles, plus dépendantes aux

conditions de mise en œuvre de ce transfert de technologie. La cinquième entreprise

n’est pas issue directement de l’appropriation de la recherche de ses fondateurs. Si à

l’origine elle en était le motif, l’échec du transfert a conduit ses dirigeants à revoir leur

stratégie et s’appuyer sur d’autres partenariats avec la recherche pour développer

leur société.

3.1. Chercheurs – Organismes de transfert de technologie

C’est de cette interaction que nait le transfert de technologie.

« Le marketing push c’est le résultat de la maturation académique, nous disposons

d’innovations, nous devons les placer, transformer l’essai dans le monde

économique vers des entreprises existantes ou à créer » (président de la SATT

AxLR).

3.1.1. Une entraide nécessaire

La littérature décrit l’importance de la divulgation des inventions issues de la

recherche académique, et parfois un manque d’implication de la part des chercheurs

dans cette divulgation. Les chercheurs/entrepreneurs interrogés ne correspondent

pas à cette description. Ayant la volonté de créer leur entreprise, communiquer sur

leurs découvertes était naturel.

Au delà du cas de ces chercheurs/entrepreneurs, l’implication des chercheurs dans

la nécessité de trouver des débouchés économiques à leur recherche et de

nouvelles sources de financement a semble-t-il évolué favorablement depuis

quelques années. Toutefois, selon le responsable d’un organisme de valorisation, le

chercheur ne peut pas être le seul actif sur ce plan : « Nous ne pouvons pas

demander aux chercheurs de faire de la recherche, d’être de bons négociateurs, de

bon marketeur, de faire tous les métiers alors que le citoyen français attend du

chercheur qu’il fasse une bonne recherche […] Si nous essayons de couvrir tout le

champ seul nous ne pouvons être que médiocre. ».

Page 31: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

31

Ces propos sont confirmés par un des chefs d’entreprise, à l ‘époque chercheur

souhaitant créer sa société : « Mon associé, dans le cadre de ses travaux, découvre

une molécule et notre directeur de thèse décide de la breveter. Il s’organise donc

avec l’organisme de valorisation et là, alors que cela devrait être le travail de

l’organisme de valorisation, c’est le chercheur qui doit rédiger toutes les fiches de

présentation, faire presque l’étude de marché, voir qui cela peut intéresser etc. […]

les chercheurs aimeraient bien se concentrer sur leur recherche, c’est déjà bien

qu’’ils soient conscients des marchés ce n’est pas leur métier de savoir qui sont les

acteurs etc. ils ne peuvent pas tout faire. ».

Dans le même sens, lorsqu’il s’agit d’organiser des rencontres

chercheurs/industriels, un autre responsable d’OTT confirme que tous les chercheurs

ne sont pas tous aptes à assumer ce rôle : « Nous ne travaillons qu’avec des gens

qui sont volontaires pour ce rôle. […] à force de côtoyer la recherche nous sommes

capable de qualifier les chercheurs par rapport à leur capacité à travailler avec des

PME. ».

Les liens passés des chercheurs avec l’industrie se confirment comme un facteur

facilitant l’implication des chercheurs, le réseau de ces chercheurs « réticulaires »

pouvant être une ressource pour les OTT à la recherche de débouchés industriels. A

cette question, un acteur de la valorisation répond : « Nous nous rendons compte

que les gens les plus actifs dans les laboratoires sont souvent les gens qui ont déjà

des contacts avec les industriels. C’est un fait. Vous aurez des gens qui n’ont jamais

travaillé avec des industriels, c’est un peu plus difficile car ils ont une vision plus

abstraite. ».

Concernant l’aptitude du chercheur à évaluer ses découvertes, les avis divergent.

Néanmoins, un des chefs d’entreprise, ancien chercheur, considère qu’ils sont

parfaitement capables d’initier le processus : « Je pense que c’est le chercheur qui

voit le mieux le potentiel de sa découverte. Parce qu’il vit avec tout le temps, parce

qu’il gamberge toute la journée avec son bébé, il réfléchit, c’est son métier ».

Toutefois, là aussi, nous constatons que par la suite il aura besoin d’un relais, d’un

soutien : « mais au départ, parce qu’ensuite il faut moduler, il faut mettre de

l’économique ».

Page 32: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

32

Cette forte implication du chercheur dans son travail est d’ailleurs un facteur de

motivation qui peut le pousser à transmettre ses travaux aux OTT. Deux des

chercheurs/entrepreneurs interrogés évoquent ce besoin du chercheur de voir sa

recherche se concrétiser : « ce qui motive les scientifiques c’est la science, c’est que

le projet avance, qu’ils aient des moyens pour le faire avancer […] parce que la

motivation s’étiole au cours du temps. Ce qui est important pour un scientifique c’est

le retour d’information, qu’il ne se retrouve pas à un moment « le projet est parti »

sans savoir ce qu’il devient ».

3.1.2. Une entraide à développer

Malgré tout, même si la situation a évolué, on ne peut uniquement compter sur la

démarche spontanée des chercheurs et/ou sur leur capacité à déceler le potentiel

économique de leurs découvertes. Les chercheurs eux même attendent pour cela

une aide des cellules de valorisation de leur laboratoire de tutelle, or certains

regrettent que celles-ci ne jouent pas toujours suffisamment ce rôle : « Ils sont

complètement coupés de leurs chercheurs, ils ne parlent pas le même langage »,

« Eux-mêmes font très mal des études de marché, ils ont une méconnaissance de ce

sur quoi leurs laboratoires travaillent, de ce sur quoi leurs chercheurs peuvent faire

des choses intéressantes, ils sont incapables de savoir s’il y a un potentiel de

brevets ».

Si certains reprochent aux OTT un manque de proximité avec leurs chercheurs, ces

organismes eux même peuvent parfois reconnaître cette situation : « Effectivement,

ce ne sont pas les chercheurs qui vont venir nous voir en disant qu’ils ont quelque

chose d’intéressant ». Le manque de moyens humains et financiers peut limiter ce

soutien aux chercheurs de la part des OTT.

3.2. Chercheurs – Entreprises

3.2.1. Une collaboration nécessaire et fructueuse

Nous avons vu qu’une expérience du chercheur dans le monde de l’entreprise

favorisait son implication dans le transfert de technologie. De même, une

connaissance du milieu de la recherche par le chef d’entreprise favorise grandement

la réussite d’une collaboration entre ces deux parties prenantes. Dans notre étude,

Page 33: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

33

les chefs d’entreprise étaient d’anciens chercheurs. Le développement de leur

produit s’est fait en collaborant avec leur ancien laboratoire, avec leurs anciens

collègues ou directeur de thèse. Les dirigeants d’entreprises rencontrés avaient une

vision claire des problématiques de leurs partenaires académiques. La relation avec

les chercheurs en était grandement facilitée.

« de façon générale lorsque l’on veut collaborer avec des chercheurs cela se passe

toujours bien, nous avons le même langage, nous savons ce qui peut se passer ».

« Un dirigeant qui est un docteur, qui a travaillé dans la recherche, aura une facilité à

travailler avec la recherche que n’aura pas du tout une équipe dirigeante qui n’a

jamais travaillé avec la recherche publique ».

« Dans certains secteurs du type des Biotech par exemple, ce sont les mêmes

personnes des deux côtés, dans les équipes ils sont quasiment tous des docteurs,

quasiment tous issus de la recherche publique, ils ont généralement leur propre

réseau scientifique ».

Du point de vue de l’entreprise, cette collaboration est indispensable ; au démarrage

de l’entreprise, le produit a encore besoin d’une phase de développement plus ou

moins longue. De cette collaboration dépend le futur de l’entreprise, un des dirigeant

exprime clairement ce besoin « Il est clair que l’expertise se trouve dans les

laboratoires publics, nous avons besoin d’eux » ou « Nous avons de la chance d’être

hébergé ici et de travailler au sein du laboratoire de notre fondateur, nous

bénéficions de toute l’expertise du laboratoire ».

Dans les situations que nous avons rencontré, le partenariat industrie/recherche

naissait du projet de création d’entreprise. Or, nous l’avons vu, le processus de

transfert de technologie n’est pas toujours linéaire, il est assez rare qu’une offre (une

découverte) rencontre spontanément une demande (un blocage technologique d’une

entreprise innovante). Il faut donc souvent provoquer cette rencontre entre l’industriel

et le chercheur pour faire naître de nouveaux projets. Un des acteurs régionaux

impliqué dans l’accompagnement des entreprises innovantes décrit bien cela, en

considérant que des rencontres informelles entre ces parties prenantes sur des

thématiques communes créent un foisonnement intellectuel propice au démarrage

de nouveaux partenariats fructueux. Par exemple, cette personne cite le cas d’un

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34

industriel qui découvre une nouvelle opportunité de développement de son entreprise

à l’occasion d’une visite de laboratoire de recherche : « tiens, mais ça, cela pourrait

me permettre de faire ça, je n’y avais pas pensé parce que je ne savais même pas

que cela existait ».

A l’inverse, ces échanges peuvent aussi être sources d’inspiration pour les

chercheurs qui, en rencontrant des entreprises, peuvent trouver de nouveaux

débouchés pour leur travail : « le chef d’entreprise avait une problématique qui était

beaucoup plus futuriste, beaucoup plus lointaine, alors le chercheur a réagi « ça,

cela peut nous intéresser ! » Les chercheurs n’avaient pas imaginé que leurs

connaissances pouvaient répondre à ce type de problème ».

Ces exemples illustrent bien l’intérêt réciproque des échanges entre industriels et

chercheurs, ceux-ci pouvant générer de nouvelles collaborations.

3.2.2. Une collaboration qui se manage

Même si le passé en tant que chercheur des industriels rencontrés facilite la

communication avec leurs interlocuteurs académiques, ce travail collaboratif n’est

pas toujours simple. Tous les dirigeants d’entreprise rencontrés ont évoqué une

difficulté liée aux différences d’objectifs, indissociable de leur statut propre : « Le

chercheur est dans la connaissance, l’industriel est dans le produit ». Ainsi,

culturellement la démarche du chercheur peut être difficilement compatible avec les

objectifs de l’entreprise. Le chercheur aura tendance « à explorer l’inconnu, à aller

sur des voies qui n’étaient pas celles prévues », il y a une notion de « curiosité, de

liberté ».

Cette approche, consommatrice de temps du chercheur, peut poser un problème aux

entreprises partenaires. Par nature, le chercheur peut avoir tendance à traiter le

projet de manière séquentielle quand l’industriel préfèrerait avancer plus vite d’une

manière peut être moins satisfaisante scientifiquement : « Dans la démarche

scientifique on essaye d’aller le plus loin possible… à un moment, moi, ça ne

m’intéresse pas, je n’en aurai pas besoin pour mon dossier ».

Ces propos illustrent bien la différence de perception du facteur temps entre

l’industrie et la recherche, un des chercheur/entrepreneur rencontré oppose

le : « temps industriel et le temps académique ».

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35

Nos interlocuteurs industriels considèrent donc que malgré leurs rapports privilégiés

avec leurs partenaires académiques (anciens collègues chercheurs), cette relation

doit être managée, ils évoquent parfois « le besoin de les recadrer ».

Cette différence culturelle ne relève pas uniquement d’une gestion du temps, elle

peut avoir un impact financier pour l’entreprise. Une entreprise qui a instauré un

partenariat avec un laboratoire le finance. Un défaut de suivi du travail du laboratoire

peut entrainer des dérives comme nous l’a décrit un industriel se rendant compte que

l’argent versé au laboratoire partenaire ne servait plus seulement à l’avancée de son

projet mais également au fonctionnement général du laboratoire. De son côté, le

chercheur, confronté à ces propos, évoque lui l’impossibilité de mener une

comptabilité analytique aussi précise, « comment parvenir à quantifier au quotidien

que tel réactif est strictement réservé à telle expérience pour telle entreprise ».

Se pose également la question de la gestion hiérarchique des personnes travaillant

au sein des laboratoires mais financées par l’entreprise. Dans le cadre d’une

recherche partenariale, un industriel peut être amené à financier un emploi au sein

d’un laboratoire. Cette personne, bien que travaillant dans le laboratoire, est censée

rendre des comptes à son employeur, l’industriel. Ce type de situation si elle est mal

gérée peut conduire à des dérives. Un des chercheur/entrepreneur en a été témoin

lorsque dans son laboratoire un stagiaire financé par une entreprise, s’est retrouvé à

travailler sur un autre projet pour une autre entreprise également partenaire de ce

laboratoire.

« si personnellement l’individu n’a pas une vision très claire de qui est son

employeur, qui est son supérieur, qui a le droit de lui donner des ordres, de lui

demander des choses à faire, on peut très vite se faire dépasser et faire n’importe

quoi ».

Selon lui cette situation s’explique par un défaut de suivi de l’industriel. Il explique

que le contrôle de la situation passe par un suivi régulier, une proximité physique de

l’entrepreneur dans le laboratoire.

Nous constatons qu’une bonne entente, un passé commun ne suffisent pas à

garantir un partenariat sans accroc. L’expérience vécue par un des chef d’entreprise

illustre l’importance de cadrer cette relation. Cette société issue d’un transfert de

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36

technologie est installée, contre le versement d’un loyer, dans le laboratoire d’un des

co-fondateurs. Cette entreprise a une licence d’exploitation d’un brevet mais n’a pas

encore contractualisé la recherche partenariale dont dépend le développement du

produit. Malgré les liens forts qui unissent cette entreprise à son laboratoire d’origine,

des différences culturelles persistent entre une entreprise qui recherche le profit et

un laboratoire de recherche publique. Parfois cette personne regrette que le travail,

qui en l’absence de contrat, repose encore sur la volonté des chercheurs, soit freiné,

certains dans le laboratoire percevant encore l’entreprise comme un « privé qui va

nous prendre tout ce que l’on a ». D’autres propos illustrent cette idée : « les

laboratoires publics sont persuadés que l’on croule sous l’argent, ce n’est pas

toujours très facile à gérer ».

Malgré les embuches, cette relation est indispensable aux deux parties. L’entreprise

y trouve la connaissance dont elle a besoin et le chercheur des débouchés gratifiants

pour son travail et des sources de revenu indispensables, ce que confirme un acteur

de la valorisation d’un institut de recherche : « Évidemment cela permet d’avoir des

apports pour la recherche, pour le laboratoire. Je pense qu’ils ne peuvent pas se

permettre de renoncer à cela ».

3.3. Organismes de transfert de technologie – Entreprises

C’est l’interaction entre l’organisme de transfert de technologie et l’entreprise qui va

permettre de concrétiser la valorisation de la recherche. Cette collaboration est

déterminante puisque c’est en fonction de ses conditions d’application que pourra se

dégager un accord profitable à la fois pour l’entreprise (compétitivité, attrait pour les

investisseurs) et le chercheur (crédits de recherche, renommée, satisfaction de

participer au bien de la société). Les cinq chefs d’entreprise consultés ont tous décrit

leur expérience d’échange avec les organismes de transfert de technologie comme

longue et difficile.

3.3.1. Des objectifs antagonistes qui évoluent vers une démarche gagnant / gagnant

La finalité de cette collaboration est en premier lieu de trouver l’accord financier qui

accompagnera une cession de licence d’exploitation d’un brevet, contractualisera

une recherche partenariale, ou traitera de l’entrée au capital d’une start-up par

Page 37: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

37

l’organisme de valorisation. Nous pouvons considérer que les objectifs des parties

prenantes sont antagonistes, l’entrepreneur cherchant à minimiser le coût de la

transaction quand l’organisme de valorisation vise à maximiser ses profits.

Quatre des cinq industriel interrogés estiment que les exigences des OTT sont

excessives : « ils imposent des conditions aux start-up qui ne sont pas acceptables,

les conditions de licence, les conditions de royalties, ne sont pas acceptables pour

des petites boîtes parce qu’ils mettent le couteau sous la gorge ».

Plusieurs explications sont données pour comprendre cette approche :

! Dans cette négociation, l’industriel peut se sentir en situation de vulnérabilité : « ils

sont en position de force car si nous n’avons pas le brevet nous ne pouvons rien

faire ».

! Un des chefs d’entreprise regrette l’époque qui a précédé le renforcement de

l’objectif de valorisation de la recherche. Pour lui, à ce moment, le transfert de

technologie se faisait de manière plus apaisée, depuis il constate que les OTT « ont

commencé à appliquer aux petites entreprises ce qu’ils n’arrivaient pas à appliquer

aux grandes ». Aujourd’hui, il décrit le prix des licences d’exploitation comme

« Beaucoup trop cher, ridiculement cher ». Dans le même temps, il reconnaît que

cette évolution a aussi rendu les chefs d’entreprise plus durs : « les personnes de la

valorisation sont exposés à beaucoup de pseudo chefs d’entreprise qui ne sont là

que pour piquer des trucs, juste pour take the money and run ». Il considère que

cette dérive pénalise celui qui vient chercher un deal honorable mais qui subit cet

historique.

! Une autre explication aux fortes exigences subies par les chefs d’entreprise

résiderait dans une méconnaissance de la part de certaines OTT des réalités de

l’entreprise et du marché : « Ils ont des attentes complètement irréalistes sur les

retours financiers » ou encore : « ils sont persuadés d’être assis sur une montagne

d’or. Oui, il y a une montagne d’or mais elle n’est pas sur le marché et c’est nous qui

allons le faire ». L’importance d’une maitrise des problématiques du monde des

affaires semble en effet décisive. Un de nos interlocuteurs qui nous a fait un retour

positif sur cette négociation, l’explique par les compétences de son contact qui

« comprenait les problématiques de marché ».

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38

Cette intransigeance parfois constatée conduit les partenaires industriels à accepter

des conditions qu’ils jugent difficiles, avec en tête la perspective de rediscuter ces

accords : « Donc nous signons des contrats et nous savons très bien que nous ne

les ferons pas fonctionner et que nous les renégocierons ».

Un de nos interlocuteur est parvenu à instaurer un échange constructif. Il explique

cette réussite grâce à « l’écoute des problématiques des entrepreneurs » par l’OTT

et à leur attitude « extrêmement adaptable ». Il considère aussi que cette attitude

constructive vient de sa propre approche : « si tu arrives en te disant j’ai un conflit à

gérer, en te disant je vais essayer de tirer mon épingle du jeu sans tenir compte des

autres c’est forcément difficile ». Il a pris le parti d’aborder la négociation en

argumentant de façon transparente : « je leur ai dit je peux vous faire ça (très haut)

et nous faisons un deal là dessus ou je peux vous faire ça (raisonnable), qui sera

surement la réalité, et ils m’ont dit d’accord, nous dealons là-dessus (raisonnable). Je

pense que ça leur a plu comme discours ». Il considère que le chef d’entreprise a

une part de responsabilité dans le niveau financier de la discussion : « si tu viens

avec un prévisionnel en spatule de ski, ils vont dealer sur une spatule de ski ». Enfin,

la considération qu’exprime le chef d’entreprise pour la recherche est selon lui aussi

un facteur de succès : « j’ai une bonne considération de votre recherche puisque je

vais prendre le brevet et je vais créer une boîte dessus, en plus je vais mettre de

l’argent sur le laboratoire donc je ne peux pas tout payer ».

Les dirigeants d’entreprise rencontrés ont beaucoup insisté sur l’importance d’un

accord financièrement favorable qui ne pénalise pas leur recherche

d’investisseur : « avec les conditions qu’ils nous demandent, aucun investisseur ne

veut s’engager en disant : vous aller devoir payer trop de royalties à x, cela ne vaut

pas la peine, vous ne serez jamais rentables ».

Cette situation semble évoluer, au cours de notre enquête nous avons pu échanger

avec un acteur de la SATT AxLR, issu du privé qui a une longue expérience dans la

gestion de la propriété industrielle. Sa vision de la négociation avec les entreprises

correspond plus aux attentes des industriels. En effet, selon lui, la négociation doit

s’appuyer sur une vraie analyse économique du potentiel de l’invention : « il faut

comprendre la technologie, comment s’imbrique la technologie dans le produit […]

C’est toute une question de négociation et d’intérêts communs, une bonne

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39

négociation, c’est une négociation gagnant-gagnant […] c’est vraiment le business

modèle que vous mettez en face de la technologie ». Son objectif est clairement

d’adapter les conditions de l’accord au marché potentiel de l’invention et aux

capacités de l’entreprise.

3.3.2. La nécessité d’un guichet unique

Si le coût de la transaction a un impact sur le bénéfice tiré du transfert de technologie

par l’entreprise, le temps consacré à cette négociation peut aussi en amoindrir

l’intérêt. Ainsi, une des entreprises rencontrées travaille sur le développement de

nouvelles molécules à visée thérapeutique. Dans ce domaine, le temps consacré à la

négociation des conditions de cession des licences d’exploitation puis au

développement du produit se déduit de la durée d’exclusivité du brevet donc de

l’attrait de cette molécule. Le dirigeant de cette entreprise décrit cette course contre

la montre ainsi : « lorsque nous déposons un brevet c’est un chronomètre qui se

déclenche. Et donc plus les discussions vont être longues avec eux (les OTT), plus

nous allons être en difficulté pour aller chercher des fonds auprès d’investisseurs et

plus la valeur du brevet va diminuer. Car, plus nous perdons de temps sur le

développement, plus nous en perdons en années de commercialisation ».

Or les chefs d’entreprise rencontrés ont souvent fait état d’une durée de négociation

trop longue. Plusieurs raisons sont évoquées : manque de moyens humains pour les

OTT, fonctionnement trop bureaucratique ou multiplicité des interlocuteurs.

En France, la plupart des laboratoires dépendent de plusieurs tutelles (CNRS,

Université, Inserm…). Théoriquement, il existe des accords qui déterminent, dans

ces situations de multi-tutelles, un interlocuteur unique. Malgré cela, certains font état

de difficultés : « Le gros souci, c’est que souvent les brevets ont été faits par des

chercheurs qui dépendent à la fois de tutelle CNRS, hôpital public, Inserm etc. et

donc on se retrouve avec des brevets qui sont multi-tutelles et il faut que les petites

sociétés négocient avec tout le monde » ou : « nous avions réussi à trouver un point

d’accord avec l’OTT x et l’OTT y arrive et dit non, il faut que nous rediscutions tout ».

La création des SATT vise entre autre à résoudre ce problème, l’objectif, à terme, et

d’aller vers ce guichet unique de la valorisation. En la matière, les attentes des

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40

dirigeants d’entreprises rencontrés sont fortes, mais aujourd’hui ils expriment des

doutes quand à la mise en place à court terme de ce guichet unique.

3.3.3. Une prospection commerciale à réaliser

« Pour apporter de la valeur ajoutée au système, il faut aller chercher des clients à

l’extérieur de notre environnement, de notre écosystème. Et ces clients là, ce sont

bien évidemment les entreprises privées ». Les propos de cet acteur du transfert de

technologie illustrent le fait qu’une invention n’aura de débouché économique que si

un client, une entreprise, prend le relais de son développement. Au cours de notre

enquête, les chercheurs-entrepreneurs (les clients) rencontrés était eux même à

l’origine des découvertes, mais le transfert de technologie ne se fait pas toujours via

une création d’entreprise, il concerne souvent des entreprises existantes.

Les organismes de transfert de technologie comme la SATT participent

financièrement à la maturation technologique des inventions. Cet investissement est

un argument commercial fort vis à vis de l’industriel qui verra sa prise de risque

réduite. Cette capacité d’investissement des SATT doit s’accompagner d’une

identification précoce des clients pour deux raisons.

D’une part, un partenaire industriel identifié assez tôt pourra ajouter sa participation

financière à la maturation du projet, nous parlons de co-maturation.

D’autre part, cette co-maturation permettra un développement du projet plus en

phase avec les besoins du marché. L’objectif est d’éviter ce qu’un acteur de la

valorisation nomme les projets « orphelins », pour lui : « la technologie pour la

technologie cela ne sert pas à grand-chose. […] il faut passer du pur brainstorming à

du concret et le concret c’est une technologie, comment elle peut être utile pour une

entreprise sur le marché et comment cela va l’aider à être plus compétitive, moins

chère, à aller exporter, ou à bloquer ses compétiteurs ».

Les responsables du transfert de technologie constatent que les entreprises n’ont

pas forcément le réflexe d’aller chercher spontanément des solutions à leurs

problématiques techniques vers la recherche. Pour eux : « les industriels ont la tête

dans le guidon, la solution peut être juste à côté et ils ne la voient pas […] c’est lié au

fait que parfois les gens sont en situation délicate, […], pourquoi investir 200 000 €

alors qu’ils ont du mal à finir les fins de mois. […]. Et c’est là où nous devons être

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proactif, essayer d’avoir un rôle de dissémination de ce que nous faisons, de dire,

nous sommes là, nous pouvons financer une partie importante du développement qui

ne sera pas pris en charge par l’entreprise… ».

Ces résultats montrent l’importance d’une action de prospection auprès des

industriels. Il ne s’agit pas d’une démarche de porte à porte mais de communication

sur le potentiel des découvertes et sur l’apport des structures de valorisation pour le

développement des projets.

3.3.4. Faciliter sans interférer

Nous l’avons vu, l’investissement des cellules de valorisation pour la maturation des

projets, le passage d’un stade de recherche embryonnaire à une preuve de concept

est nécessaire pour attirer l’industriel. Il l’est aussi pour adapter le projet au marché

visé par l’entreprise.

Ici le concept de triple hélice est clairement mis en application entre un industriel qui

devra préciser son besoin au chercheur, un chercheur qui adaptera son approche

aux attentes de l’entreprise partenaire et l’organisme de transfert de technologie qui

gèrera et financera l’avancée du projet : « je pense que cela ne suffit pas de mettre

de l’argent pour que cela fonctionne. Il faut un vrai accompagnement ». Cela

nécessite une prise en compte simultanée des aspects technique, marché et

financier. L’enjeux est important : « si nous n’avons pas un minimum déjà la

perception d’un marché, d’un besoin d’utilisateur, nous risquons de complètement

nous planter dans le cahier des charges sur cette étape de maturation ». Les

investissements peuvent être importants autant pour l’OTT que pour l’entreprise

partenaire, la conception d’un cahier des charges est, selon un de nos contact

entrepreneur, capitale : « Mettez de l’essence dans une voiture si vous ne savez pas

où aller, vous allez arroser un moment. Il faut plutôt prendre d’abord le temps de

savoir où on va ».

Cette action, que les SATT pourront mener et financer, est jugée nécessaire pour

favoriser le transfert de technologie. Certains considèrent que cette étape faisait

défaut jusqu’à maintenant : « C’est cette étape là, qu’en France, nous savions très

peu faire ».

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42

Toutefois, deux des industriels rencontrés se disent préoccupés par un mode de

gestion qui positionne l’OTT comme co-investisseur dans la phase de maturation. Il

craint une interférence de l’OTT entre lui et le laboratoire de valorisation : « Ce serait

quelqu’un qui interférerait dans la relation. Non, ce que nous attendons des cellules

de valorisation c’est de parler le même langage en termes de marché, qu’est-ce qui a

un potentiel de marché, quel est le degré de maturation de vos technologies, qu’est-

ce qui reste à faire etc. Peut-être aussi que les cellules de valorisation sachent quels

sont les chercheurs qui entendent les contraintes des industriels, qu’elles fassent le

tri ». Cette personne, qui connaît bien le milieu académique considère que l’OTT doit

être « un facilitateur, ce n’est pas aux scientifiques de s’occuper de marché, du

business mais par contre moi industriel, je veux rencontrer le scientifique ».

De même, un autre chef d’entreprise s’inquiète d’une éventuelle perte de contrôle du

processus : « avec un chercheur que je ne connais pas ou certains que je connais, je

sais que je vais entendre l’argument : c’est de la subvention dont tu profites, c’est de

l’argent de l’État […] ce n’est pas ta société qui paye, donc ces personnes sont là à

ma disposition et moi je te rends compte de la mission que je fais. Mais eux, ce sont

mes employés ».

De ces échanges il ressort que cette maturation, avec le budget qui l’accompagne,

est un vrai plus pour l’industriel, à la condition qu’il puisse garder un certain

leadership sur l’aspect technique. Ces propos sont toutefois à pondérer puisqu’il

s’agissait là d’entrepreneurs très liés au milieu de la recherche locale. Nous pouvons

imaginer qu’à l’inverse, une entreprise moins intégrée au secteur de la recherche

académique, émettrait moins de réserves sur ce point.

3.3.5. Logique d’investissement financier ou de développement économique ?

Nous conclurons la présentation des résultats obtenus par la question de la finalité

du transfert de technologie perçue par les entreprises et les OTT. Les chefs

d’entreprises qui ont émis le plus de critiques sur les exigences financières des

cellules de valorisation qu’ils ont rencontrées, s’interrogent sur le vrai objectif de ces

organismes. Si l’objectif affiché est le financement de la recherche et le

développement économique, deux de nos interlocuteurs regrettent que l’approche de

certaines OTT relève plus d’une logique d’investisseur financier : « Je ne sais pas si

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43

c’est un problème de méconnaissance du coût ou si c’est juste la volonté comme

tout financier de récupérer leur mise le plus rapidement possible […] le problème

c’est que les gens qui gèrent ça le font comme des fonds d’investissement privé ».

D’ailleurs certains, pour éviter d’être confrontés à ces exigences, envisagent une

forme de transfert de technologie qui les dispense de ce type de redevance : « tout

ce qui est découvert par le CNRS doit appartenir au CNRS et rapporter des royalties.

Donc nous, ce que nous avons aujourd’hui comme partenariat avec le CNRS, c’est

du conseil, ils ne produisent rien. Donc, comme ils ne produisent rien, ils n’ont pas de

propriété ».

Un autre attend des OTT une attitude qui relève plus du service public : « Je pense

que la seule position viable c’est une position de générosité vis-à-vis des entreprises.

[…] il faut que ça se passe dans une volonté de création d’emplois, d’amélioration de

l’industrie. Et la générosité, elle ne peut venir que de l’État ».

Les responsables de la SATT rencontrés ont une vision qui semble compatible avec

les attentes de ces chefs d’entreprise. Car selon eux, il n’est pas incompatible d’avoir

une approche professionnelle et financière de la gestion de portefeuille de

propriété : « pour valoriser la propriété intellectuelle, il faut déjà la considérer comme

un actif » tout en visant le développement économique : « il faut que ce soit un

accord gagnant/gagnant sur l’ensemble de la chaîne […] la start-up prend un risque

qui est partagé avec nous ».

D’autres propos confirment cet état d’esprit constructif lorsqu’est évoqué le

comportement de la SATT en tant qu’investisseur dans les start-up qui naissent d’un

transfert de technologie : « il y a toujours un moment opportun pour sortir d’une

société, le moment opportun ce n’est pas forcément le moment du premier tour de

table cela peut d’ailleurs être très mal perçu qu’un investisseur initial se retire dès le

premier tour de table parce que ça peut être un signe de non intérêt pour le projet ou

de manque de confiance ».

Page 44: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

44

Nous pouvons résumer les résultats de cette enquête de la manière suivante, en

mettant en évidence les attentes mutuelles des parties prenantes :

Figure 5 : Attentes mutuelles des parties prenantes du transfert de technologie

•  Une expertise scientifique •  Une connaissance des problématiques

de l’entreprise •  Une gestion du temps et des priorités •  Des approches innovantes

•  Une divulgation des découvertes plus spontanée

•  Une ouverture au monde de l’entreprise

•  Une connaissance de leur recherche

•  Une expertise dans l’évaluation des découvertes

•  Un soutien pour les créateurs d’entreprises

•  Des débouchés pour leur recherche •  Une source de financement

•  Un business plan cohérent •  Un soutien à la recherche

•  Un processus plus rapide •  Un guichet unique •  Une connaissance et une prise en compte

des réalités du marché •  Un soutien financier •  Faciliter sans interférer (pour les spin-off)

Entreprise

OTT Chercheur

Page 45: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

45

4. Discussion

4.1. Les apports théoriques

Sur le plan théorique, cette étude nous a permis de confirmer un certain nombre

d’éléments traités dans la littérature.

! Le principe de la triple hélice, décrit par Etzkovitz et Leydesdorff (2000), comme

représentation du processus de transfert de technologie, est ici bien mis en

évidence. Selon ce modèle, les trois parties prenantes, OTT, chercheurs et

entreprises ont des sphères d’influence qui se chevauchent. Les enquêtes menées

ont effectivement mis en évidence ce principe lorsque le chercheur influence le

développement du produit d’une entreprise, lorsque les organismes de transfert de

technologie s’impliquent financièrement dans la création d’entreprise ou quand

l’entreprise influe sur l’orientation du travail de recherche d’un laboratoire.

! Nous avons également pu illustrer l’idée que le succès du processus d’innovation

dépend de l’assistance qui lui est fournie (modèle linéaire assisté). Les situations que

nous avons rencontré, même si les relations entre entrepreneurs et chercheurs se

sont révélées faciles, ont révélé ce besoin d’accompagnement. Ainsi les chercheurs

ont besoin d’une aide pour évaluer le potentiel économique de leur travail. Ils ont

également besoin d’un soutien lorsqu’ils souhaitent trouver des débouchés à leurs

découvertes. De même, nous avons pu mettre en évidence qu’une entreprise

souhaitant collaborer avec un laboratoire, recherche une assistance pour identifier

les équipes qui conviennent, combler la « vallée de la mort » ou contractualiser cette

relation.

Plus spécifiquement, ayant pu interroger les trois acteurs de la valorisation de la

recherche, nous sommes en mesure de rapprocher nos résultats des points

déterminants mis en lumière dans la revue de littérature, pour chacune de ces

parties prenantes.

! Nous avons constaté l’écart entre les cultures industrielle et académique que

regrettent parfois les chefs d’entreprise comme l’avaient évoqué Markman et al.

(2008) ou Lockett et al. (2008).

Page 46: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

46

! Nous pouvons mettre ce point en parallèle avec la nécessaire évolution des

mentalités des chercheurs abordée par Dou (2010), qui permettra une divulgation

plus spontanée des découvertes et un rapprochement des priorités du chercheur de

celles de l’entreprise. Ceci passant par le développement des relations avec

l’industrie que recommandent Martin et Pujol (2008). Ce sont des résultats que là

encore nous avons pu confirmer.

Concernant le fonctionnement des OTT, nous avons pu conforter l’importance de

plusieurs paramètres mis en avant dans la littérature :

! Une surestimation de la valeur des découvertes scientifiques, décrite par Markman

et al. (2008), qui s’explique souvent par un manque de connaissance des marchés. Il

est intéressant de constater qu’une plus grande expérience des affaires de la part

des membres des OTT profiterait à la rentabilité de ces organismes, comme l’ont

démontré Dottore et al. (2010), mais aussi à celle des entreprises partenaires.

! L’importance d’une organisation décentralisée, que recommandent Chapple et al.

(2005). Le contact avec la recherche apparait nécessaire à une meilleure

identification des découvertes et à une meilleure gestion des phases de maturation.

! L’apport d’un soutien financier aux initiatives de création de spin-off ou aux phases

de maturation que suggèrent O’Shea et al. (2005).

! Nous pouvons aussi faire le lien entre les attentes en terme de générosité de

certains dirigeants, dont la survie de l’entreprise peut dépendre, et les

recommandations de Warren et al. (2008) qui vont dans ce sens, en particulier dans

les régions à faible développement économique.

L’apport théorique de cette étude réside dans le fait qu’elle permet d’élargir à la

France un certain nombre de constats qui avaient été jusqu’à maintenant souvent

faits dans le monde anglo-saxon.

En outre, elle nous permet de mettre en avant l’importance d’un soutien des OTT à la

maturation, tout en nous alertant sur un risque d’interférence entre les chercheurs et

les dirigeants des spin-off universitaires sur l’aspect scientifique de ce partenariat.

Ceci pourrait être perçu comme une limite au « modèle linéaire assisté »

d’innovation. En effet, il semble que l’assistance ne puisse s’étendre à toutes les

Page 47: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

47

phases du processus, dans certains cas elle pourrait même être vécue comme une

ingérence contre-productive.

4.2. Les apports managériaux et préconisations

Il existe des synergies fortes mais aussi des écarts entre les attentes des parties

prenantes ; mais pour certains d’entre eux ces écarts sont naturels voire

souhaitables. Les évolutions qui accompagnent l’arrivée d’un nouvel acteur du

transfert de technologie vont dans le sens d’un plus grand rapprochement des

attentes. Enfin, nous pouvons tenter d’imaginer des voies d’amélioration qui

permettraient de rapprocher les intervenants de la valorisation de la recherche.

En reprenant la démarche analytique précédente, par paire d’intervenants, nous

allons chercher à mettre en évidence :

! Les convergences entre leurs attentes respectives ;

! Les divergences et face à elles, les initiatives et solutions pouvant être proposées

ou envisagées.

o Relation Chercheurs - OTT

Convergences

Une recherche de financement Un objectif de financement de la recherche

Divergences

Une meilleure compréhension de leurs travaux

Une divulgation plus spontanée des résultats

Une aide dans l’évaluation du potentiel Une ouverture au monde de l’entreprise

Ces deux parties prenantes appartiennent aux mêmes établissements et partagent

les mêmes objectifs de financement. Mais chacune d’elle doit progresser pour un

meilleur travail en commun. Les OTT doivent se rapprocher du travail des

Chercheurs( OTT(

Chercheurs( OTT(

Page 48: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

48

chercheurs, mieux s’informer de la nature de leurs avancées et développer leur

aptitude à en juger le potentiel. En cela les SATT sont un progrès : les compétences

de leurs staffs en matière de business développement, doivent permettre une

avancée dans ce sens.

De leur coté, les chercheurs doivent mieux répondre aux attentes de leur OTT en

étant plus proactifs dans la remontée de leurs inventions et en développant leur

capacité à créer des partenariats avec l’industrie. Cela passe par une plus grande

ouverture au monde de l’entreprise.

Une plus grande convergence repose donc, au delà du renforcement de certaines

compétences, sur plus de partage et de proximité entre les chercheurs et leurs OTT.

o Relation Chercheurs - Entreprises

Convergences

Une connaissance à la pointe Une recherche d’expertise Une source d’innovation

Un besoin de financement Une capacité d’investissement

Divergences

La connaissance comme priorité Le produit comme priorité Le temps académique Le temps industriel

La relation entre ces acteurs a cela de particulier que c’est de leurs différences que

naît l’intérêt de leur partenariat. L’entreprise se nourrit de la créativité et de la liberté

dont bénéficie la recherche, et le chercheur peut tirer profit de l’ancrage de l’industrie

dans la réalité économique pour orienter sa recherche. Il peut donc sembler

inopportun de chercher à faire coller le fonctionnement de la recherche à celui de

l’industrie. Toutefois, la réussite de cette collaboration dépend de la capacité de

chacun à comprendre, accepter et s’adapter au mieux aux priorités de l’autre. Là

Chercheurs( Entreprises(

Chercheurs( Entreprises(

Page 49: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

49

encore, c’est la multiplicité des rencontres formelles et informelles entre la recherche

et l’industrie qui favorisera cette évolution, chaque nouvelle collaboration faisant

progresser leur compréhension mutuelle. L’amélioration de ces échanges passe

donc par un développement des passerelles entre ces deux mondes.

o Relation OTT - Entreprises

Convergences

Une offre Une demande

Divergences

Générer des profits Minimiser le coût du transfert

Sur ce point, les divergences constatées existent dans toute négociation

commerciale ; il est naturel qu’acheteur et vendeur s’opposent pour tirer le meilleur

profit de cet échange. Toutefois, les constats portant sur les exigences financières

parfois excessives des uns et des autres, et sur le manque de connaissance des

réalités du marché de la part de certaines OTT, semblent montrer qu’il existe des

leviers pour faire progresser la relation commerciale entre ces deux intervenants,

d’autant qu’ils visent un même objectif de développement économique.

Là encore, par leur approche de la négociation plus orientée sur le développement

des entreprises, et leurs expériences passées dans le secteur privé, les acteurs des

SATT semblent à même de pouvoir atteindre cet objectif.

Pour progresser dans leur collaboration, entreprises et OTT doivent donc se fixer

l’objectif d’une recherche commune d’équité.

OTT# Entreprises#

OTT# Entreprises#

Page 50: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

50

Figure 6 : Axes d'améliorations du transfert de technologie

Nous pouvons dire que les SATT apporteront des solutions aux difficultés que

rencontre le processus de transfert de technologie. Reste que ces structures sont

naissantes. C’est d’ailleurs une des raisons à la position réservée de certains

dirigeants d’entreprise vis-à-vis de ces organismes. En effet, deux de nos

interlocuteurs attendent la communication des premières « success stories » qui

confirmeront l’intérêt de ces nouveaux organismes.

Par ailleurs, l’apport des SATT repose sur une simplification et une accélération des

démarches, qui dépendent des conditions de la collaboration entre les SATT et les organismes de transfert de technologie déjà en place.

Les SATT, au nombre de onze en France, n’ont pas toutes la même approche en

terme d’organisation et de communication. Il serait intéressant, dans un an ou deux,

de comparer leurs réussites et de chercher l’origine des éventuels écarts de

performance dans ces différences d’approche. L’objectif est donc que les SATT partagent et se réapproprient les bonnes pratiques.

Enfin, le cas particulier des spin-off universitaires illustre le lien entre les modalités

du transfert de technologie et l’accompagnement financier de ces entreprises.

L’impact financier de ces accords les rendent indissociables de la stratégie de

financement de ces jeunes entreprises. Il est donc important qu’existe une

coordination du travail des OTT avec celui des incubateurs et autres structures d’accompagnement des nouvelles entreprises.

Entreprise

OTT Chercheur

Recherche&commune&d’équité&Développement&des&passerelles&

Plus&de&partage&et&de&proximité&

Page 51: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

51

Figure 7 : Suggestions futures pour le développement des SATT

4.3. Les limites et perspectives

Ce travail de recherche présente trois limites :

D’une part, il s’agit d’une étude qualitative, le nombre de cas étudié est limité. Il faut

donc prendre du recul sur les conclusions que nous avons pu tirer. Il serait donc

intéressant de valider nos analyses sur un échantillon plus vaste.

D’autre part, nous avons traité du cas du transfert de technologie par la création

d’entreprise. Cette option est liée au mode de sélection des entreprises. Cet

échantillon présente l’intérêt de nous avoir permis de rencontrer des chercheurs /

entrepreneurs qui connaissent les deux cotés de la collaboration entreprise /

recherche. Toutefois, il nous manque la vision du transfert de technologie vers des

entreprises existantes, leur perception de la situation pourrait sans doute être

différente en fonction de leur taille, de leur organisation, de la nature et de

l’ancienneté de leurs liens avec la recherche. Un développement de ce travail

pourrait donc être d’explorer le cas du transfert de technologie vers des entreprises

existantes sachant que la confidentialité qui entoure ce genre de partenariat rend

plus complexe leur identification.

SATT

Communica)on*/*Success*stories*

Collabora)on*entre*OTT*

Partage*et*réappropria)on*des*bonnes*pra)ques*

Collabora)on*avec*les*incubateurs*

Page 52: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

52

Enfin, nous sommes au commencement de l’action des SATT. Même si leurs

moyens et organisations sont connus, ceux-ci, ainsi que leurs stratégies, peuvent

être amenés à évoluer, à s’ajuster au fil du temps. Dans ce cas, les corrélations que

nous avons identifiées entre les attentes des parties prenantes et ce que proposent

ces organismes pourrait être modifiées. C’est pourquoi, il serait pertinent de

reprendre cette analyse lorsque nous aurons un recul plus significatif sur leurs

actions.

Page 53: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

53

CONCLUSION

L’objectif de cette étude était d’explorer le processus de transfert de technologie à

travers une analyse du point de vue et des attentes de ses trois acteurs, les

chercheurs, les organismes de valorisation de la recherche et les entrepreneurs.

Dans un contexte de prise de conscience de l’apport sociétal de cet échange et

d’évolution lié à la création des SATT, notre but était d’évaluer les chances

d’amélioration de ce processus et de proposer des voies de progrès

Notre point de départ était la littérature sur ce sujet puis nous nous sommes appuyés

sur une analyse du cas du Languedoc-Roussillon. Nous souhaitions connaître et

comprendre les causes d’un manque d’efficacité de ce processus fréquemment

évoqué pour le cas de la France. Nous avons pu confirmer un certain nombre

d’enseignements tirés des travaux précédents et apporter de nouvelles notions.

En premier lieu, nous pouvons dire que la réussite du transfert de technologie repose

sur des compétences qui permettent de juger du potentiel économique d’une

découverte ou de valoriser celle-ci à sa juste valeur sur un marché. Certaines de ces

compétences existent et/ou sont en cours de déploiement. De ce point de vue, nous

pouvons être optimistes sur les perspectives d’amélioration.

Toutefois, au delà de cette question de compétence, il ressort de notre étude que la

réussite du transfert de technologie repose avant tout sur une envie commune de

réussir. Par exemple, l’entreprise doit accepter la démarche du chercheur qui lui

apporte une source externe d’innovation et, à l’inverse, celui-ci doit faire sienne la

recherche de compétitivité de l’industriel. De même, l’organisme de transfert de

technologie doit viser le succès de l’entreprise, qui elle, doit partager son objectif de

valorisation de sa propriété intellectuelle.

Il nous a semblé que le succès de cette démarche reposait avant tout sur la qualité

de la collaboration entre les différents acteurs et sur l’appropriation des buts des uns

par les autres. Or, nous pouvons considérer qu’il existe un dénominateur commun à

ces objectifs, le succès de l’un dépendant de celui de l’autre. L’organisme de

valorisation percevra des royalties à la hauteur de la réussite de l’entreprise,

Page 54: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

54

l’entreprise améliorera son produit grâce à la latitude accordée à la recherche qui elle

verra sa production se concrétiser grâce au travail des organismes de valorisation.

Reste que ce qui pourrait sembler évident et naturel nécessite parfois une évolution

des modes de pensée. Malgré le lien qui unit ces objectifs, les différences de culture

qui existent entre ces acteurs, occultent chez certains, l’apport de ce partage.

A l’avenir, l’enjeu sera donc une évolution des mentalités. Nous pouvons espérer que

le renforcement des moyens mis en œuvre pour amplifier la valorisation de la

recherche porte ses fruits. Dans ce cas, le succès conduira naturellement à cette

évolution, à un partage plus grand d’un même objectif.

Le transfert de technologie pourra alors accroître son impact positif sur le

développement économique de la France.

Page 55: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

55

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Page 59: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

59

ANNEXES

Annexe n°1 : Dépenses intra-muros de R&D (DIRD) en pourcentage du PIB, 2011 ;

Source OCDE

Annexe n°2 : Dépenses intérieures de R&D (DIRD) en millions de dollars, 2011 ;

Source OCDE

Annexe n°3 : Dépôts de brevets par pays, 2012 ; Source : Office européen des

brevets

Annexe n°4 : Classement des nations les plus innovantes, 2013 ; Source :

Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI)

Annexe n°5 : Guide d’entretien n° 1 – Transfert LR

Annexe n°6 : Guide d’entretien n° 2 – SATT AxLR

Annexe n°7 : Guide d’entretien n° 3 – Chefs d’entreprise

Annexe n°8 : Enseignants-chercheurs et intervenants en MBA

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60

Annexe n°1 : Dépenses intra-muros de R&D en pourcentage du PIB, 2011

Tableau 2 : Dépenses intra-muros de R&D (DIRD) en pourcentage du PIB, 2011 ; Source OCDE

Corée Suède Allemagne USA OCDE France RU 4,03 3,37 2,88 2,77 2,37 2,24 1,77

Annexe n°2 : Dépenses intérieures de R&D en millions de dollars, 2011

Tableau 3 : Dépenses intérieures de R&D (DIRD) en millions de dollars, 2011 ; Source OCDE

USA Chine Japon Allemagne Corée France 6ème

366 299 183 099 133 225 81 538 55 288 43 963

Annexe n°3 : Dépôts de brevets par pays, 2012

Tableau 4 : Dépôts de brevets par pays, 2012 ; Source : Office européen des brevets

USA Japon Allemagne Chine Corée France 6ème

63 504 51 693 34 167 18 812 14 491 12 159

Annexe n°4 : Classement des nations les plus innovantes, 2013

Tableau 5 : Classement des nations les plus innovantes, 2013 ; Source : Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI)

1er Suisse 2ème Suède 3ème Royaume-Uni 4ème Pays-Bas 5ème USA 15ème Allemagne 20ème France

Page 61: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

61

Annexe n°5 : Guide d’entretien n°1 – Transfert LR

Question ouverte sur votre vision du transfert de technologie Type d’entreprise en contact avec Transfert LR ?

• Secteur d’activité • Taille (start-up, PME, ETI) • Localisation (Dép., Région, France)

Qui déclenche la rencontre ? • Visites spontanées des entreprises • Prospection de Transfert LR

Profil type des demandeurs ? • Taille, secteur, personnalité dirigeant

Pour les demandeurs, quel est l’état d’esprit ? • Font-ils face à situation de blocage (urgence…) • Plutôt curiosité, envie de trouver de nouvelles solutions techniques, de

s’enrichir Pour les demandeurs, que cherchent-ils concrètement ?

• Demande précise ou mal formulée (qui aide à formuler, clarifier) • Ont-ils un besoin en terme de timing • Ont-ils déjà des contacts dans le milieu de la recherche

Pour les prospects, pourquoi ne viennent-ils pas ? • Pas besoin • Ne connaissent pas le transfert de technologie • N’y croient pas (différence de culture entreprise / recherche, timing…) • Crainte de diffusion d’informations confidentielles

Profil type des prospects qui adhèrent au TT ? • Taille, secteur, personnalité dirigeant

Qu’est ce qui amène les prospects à participer au TT • Symposium, visite face à face, rencontre avec le chercheur (démarche

commerciale intéressante ?) Dans l’entreprise, qui est l’interlocuteur, qui déclenchera l’implication ?

• Dirigeant ou responsable recherche, gestionnaire ou scientifique Qu’ils participent à accompagnement individuel ou collectif (comme HPC LR) au final l’intérêt est-il :

• Purement R&D ou Economique (innovation, gain de temps, différenciation) La question de la rentabilité est-elle présente ?

• comme motif de sollicitation • comme argument commercial de Transfert LR • comme élément d’évaluation • Chiffrée par l’entreprise ou par Transfert LR

Page 62: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

62

Annexe n°6 : Guide d’entretien n°2 – SATT AxLR

Business Model Parties prenantes

o Région o Europe o Etat o Actionnaires (qui sont aussi clients) o Chercheurs o PME, ETI, grandes entreprises o organismes (transfert LR, LRI, BIC, CR2I, Eurobiomed, Euromediag…)

Sources de revenus :

• Licence • Participation à la Création de spin off (qui fait l’incubation,

accompagnement…) • Recherche partenariale • Prestation de service pour les actionnaires et/ou entreprises privée et/ou

clusters, pôles compétitivités, incubateur, pépinières… Les coûts :

• Maturation o Grosse prise de risque (pas encore de partenaire industriel ?) o Maturation si déjà client ou non ? o Co-maturation (partage de la charge financière, augmentation des

dépenses R&D) • Fonctionnement • Entrée au capital • Brevet

AxLR a un objectif d’autonomie financière, a quel terme ? La littérature évoque la difficulté de cet objectif qu’en pensez vous ? Certains articles évoquent les effets pervers d’une recherche systématique de la rentabilité, contradictoire avec un objectif plus large de progrès socio-économique

• Qu’en pensez vous • Equilibre mission de service public / rentabilité • Que penser de l’alternative modèle ouvert vs exclusivité

Comment se fait l’arbitrage entre les priorités des actionnaires ?

• Les actionnaires tentent ils de s’accaparer les services de AxLR • Y a t’il collaboration ou compétition entre AxLR et les organismes de

valorisation de la recherche des actionnaires ?

Page 63: Transfert de technologie et attentes des parties prenantes : étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon

63

Il semble qu’un des facteurs clé de succès du TT est la mise en place d’une collaboration à long terme entre privé et public, le TT se faisant rarement de manière linéaire ?

• Retour sur investissement plus long, à quel terme pensez vous avoir des retours financiers ?

Un autre facteur clé de succès est l’implication du milieu de la recherche, comment la jugez vous

• Publication ou brevet • Motivation pour Spin off • Evolution de la culture (tour d’ivoire)

La région LR est riche par sa recherche moins par la présence de grandes entreprise. La SATT pense-elle possible de favoriser l’implantation de centres de recherche privée de grandes entreprises ?

• Augmentation des investissements en R&D source de développement économique

• Comment augmenter la part des investissements privés en R&D Les entreprises clientes Aujourd’hui votre activité est-elle plus tournée vers le milieu de la recherche, les entreprises sont elles déjà contactées ?

• Est ce une prise de contact direct ou cela passe t’il par la participation aux cluster et autres pôles de compétitivité. ?

Type d’entreprise en contact avec AxLR ?

• Secteur d’activité • Taille (start-up, PME, ETI) • Localisation (Dép., région, France, étranger)

Qui déclenche la rencontre ?

• Visite spontanée des entreprises • Prospection de AxLR

Profil type des demandeurs ?

• Taille, secteur, personnalité dirigeant Pour les demandeurs, quel est l’état d’esprit ?

• Font-ils face à situation de blocage (urgence…) • Plutôt curiosité, envie de trouver de nouvelles solutions techniques, enrichir

Pour les demandeurs, que cherchent-ils concrètement ?

• Demande précise ou mal formulée (qui aide à formuler, clarifier) • Ont-ils un besoin en terme de timing • Ont-ils déjà des contacts dans le milieu de la recherche

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Pour les prospects, pourquoi ne viennent-ils pas ? • Pas besoins • Ne connaissent pas TT • N’y crois pas (différence de culture entreprise / recherche, timing…) • Crainte diffusion d’info

Profil type des prospects qui adhèrent au TT ?

• Taille, secteur, personnalité dirigeant Qu’est ce qui amène les prospects à participer au TT

• Symposium, visite face à face, rencontre avec le chercheur (démarche commerciale intéressante)

Dans l’entreprise, qui est l’interlocuteur, qui déclenchera l’implication ?

• Dirigeant ou responsable recherche, gestionnaire ou scientifique La question de la rentabilité est-elle présente ?

• comme motif de sollicitation • comme argument commercial de AxLR • comme élément d’évaluation

La recherche publique cliente   Y a t’il un profil de laboratoire /chercheur client type ?

• Age • Discipline • Individuel ou collectif (impact du directeur du labo) • Y a t’il un profil recherche fondamentale pur vs ouverture à la R&D ?

Qui déclenche la rencontre ?

• Visite spontanée des laboratoires • Prospection de AxLR

Profil du demandeur Pour les demandeurs, quel est l’état d’esprit ?

• Contraint par le responsable, administration de la fac/labo • Recherche de financement • Souhait de création d’entreprise • Volonté de développement économique

Pour les demandeurs, que cherchent-ils concrètement ?

• Demande précise ou mal formulée (qui aide à formuler, clarifier) o Partenariat, licence, création

• Recherche de financement • Ont-ils un besoin en terme de timing • Ont-ils des notions des besoins de l’industrie, ont ils la notion du marché

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Pour les prospects, pourquoi ne viennent-ils pas ? • Pas besoin (restent purs chercheurs fondamentaux) • Ne connaissent pas le transfert de technologie • N’y croient pas (différence de culture entreprise / recherche, timing…) • Préfère la publication • Opposé aux démarches commerciales, craintes du privé

Profil type des prospects qui adhèrent au TT ? Qu’est ce qui amène les prospects à participer au TT

• Symposium, visite face à face, rencontre avec l’entreprise (démarche commerciale intéressante), argument financier, prestige, intérêt financier

Dans le labo, qui est l’interlocuteur, qui déclenchera l’implication ?

• Le responsable, une équipe ou démarche individuelle La question de la rentabilité est-elle présente ?

• comme motif de sollicitation • comme argument commercial de AxLR • comme élément d’évaluation

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Annexe n°7 : Guide d’entretien n°3 – Chefs d’entreprise

Société : • Age société • Domaine d’activité • Marché (local, national, international)

Dirigeant :

• Age dirigeant • Cursus dirigeant • Relations antérieures du dirigeant avec la recherche publique (formation,

ancien partenariat, relation des collaborateurs…) Vision du développement de l’entreprise :

• Objectif : pérennité, croissance, internationalisation, spécialisation, diversification, valorisation et revente

• Place de l’innovation technologique dans la stratégie de développement de l’entreprise

• Investissement en R&D (R&D/CA) • Qui a la responsabilité du développement technologique des produits

(dirigeant, responsable R&D…) • Quelles sont vos ressources internes en matière de développement des

produits (niveau technologique, de formation des collaborateurs, budget R&D) le jugez vous suffisant, que manque t’il (moyens matériels, financiers, humains, compétences…)

Racontez votre expérience de TT : Quand Pourquoi : Appel au transfert de technologie pour :

• Résoudre un verrou technologique précis • Hasard d’une rencontre (quel en est le contexte) • Manque de ressource interne, technique ou financière • Saisir une opportunité par exemple un travail de recherche pour lequel vous

percevez un potentiel économique • Dans ce cas, comment l’avez vous vous su :

o veille technologique o rencontre avec des chercheurs o pôle de compétitivité o journée porte ouverte labo o salon o conférence o lecture de publication

• Comment avez vous évalué la pertinence économique de ce TT

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Comment : Comment en êtes vous arrivé à une collaboration avec la recherche publique

• Spontané (pourquoi si pas précisé dans la partie précédente, connaissiez vous le principe, saviez-vous vers qui vous orienter)

• Orienté par un tiers (qui, comment) • On vous a sollicité (qui, comment)

Qu’elles ont été les parties impliquées :

• Intermédiaires (transfert LR, SATT, Pôle de compétitivité, Cluster, Pépinière, Oséo, BPI, Incubateur)

• Les chercheurs (les connaissiez-vous, qui avez vous rencontré) • Les administratifs pour la partie contrat (Transfert CNRS, INSER, INRA…)

Bilan Quel bilan tirez vous de ce TT :

• Succès/échec, trop tôt pour le dire • Pensez vous que cela vous permet ou permettra d’atteindre votre objectif :

o Business o Technique o Innovation o Différenciation o Valorisation de l’entreprise…

• Considérez-vous l’opération rentable ou pensez vous qu’elle le sera Facteurs de succès Barrières Administratif :

• Manque ou inefficacité des structures de TT (pourquoi) • Administratives, protectionnisme, pas de démarche win/win

Culture recherche/industrie :

• Différences de langage • Différence de timing business/entreprise • Manque d’une vision business des chercheurs • Manque d’implication des chercheurs • Résistance interne de la R&D

Coût :

• Recherche trop embryonnaire : coût du développement • Coût du TT (licence, success fee…) • Durée du processus qui minimise la rentabilité

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Annexe n°8 : Enseignants-chercheurs et intervenants en MBA

Groupe Sup de Co Montpellier Business School

Oct 2012 / Oct 2013

DEPARTEMENT

Enseignement & Recherche Droit, Comptabilité, Finance

Dr ANDRIEU Guillaume DEPARTEMENT Enseignement &

Recherche Management, Stratégie, Organisation

Dr AYTAC Beysül

Dr BAGNERIS Jean Charles

Dr BECQUE Philippe Dr ANDIAPPAN Meena

Dr BESSIEUX-OLLIER Corinne Dr BOURDIL Maryline

Dr HILLARD HOANG Thi Hong Van DE CRECY Renaud

Dr LAGUIR Issam Dr DANA Léo-Paul

Dr Li Li Dr DUFOUR Lucas

Dr LOUBET Guylaine Dr GERAUDEL Mickaël

Dr MANDOU Cyrille Dr GHERRA Sandrine

Dr ROUBAUD David Dr GRANATA Julien

Dr ROUX-GUILLEMAIN Monique Dr GUNDOLF Katherine

Dr STAGLIANO Raffaele Dr JAECK Mélanie

DEPARTEMENT

Enseignement & Recherche Marketing

Dr JAOUEN Annabelle

Dr KESSARI Myriam-Emilie

Dr LASCH Frank

Dr BALBO Laurie LORANG Joseph

Dr CELHAY Franck Dr MARAIS Magalie

FONTANIVE Jean-Claude MARLIER Catherine

Dr GURAU Calin MARTIN Paul

Dr HANNIN Hervé Dr MEYER Maryline

Dr JOLY Cédrine Dr MISSONIER Audrey

LE BELLAC Agnès Dr NAKARA Walid

Dr MERDJI Mhamed Dr ROBERT Frank

Dr VILLEMUS Philippe Dr ROBERT Marc

DEPARTEMENT Enseignement &

Recherche Technologie, Innovation & Management

Dr SCHOETTL Jean Marc

SCHOTT Jean-Louis

Dr BARLETTE Yves

Dr BELBALY Nassim

Dr BENBYA Hind

Dr DEN BESTEN Matthijs

GIULIANI Philippe

Dr KHEDHAOURIA Anis

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Groupe Sup de Co Montpellier Business School Thèse Professionnelle MBA Programme Executive MBA Auteur Nom : GARNIER Date : Octobre 2013 Prénom : Laurent Titre, sous-titre

Transfert de technologie et attentes des parties prenantes :

étude empirique dans la Région Languedoc-Roussillon Résumé Cette étude exploratoire a pour objet, dans le contexte de la création des Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologie (SATT), de recenser les attentes des parties prenantes du transfert de technologie : chercheurs, entrepreneurs, organismes de transfert de technologie ; d’en identifier les convergences et divergences, de définir des axes de rapprochement et d'amélioration des processus existants. Pour y parvenir, nous avons mené dix entretiens semi-directifs avec un chercheur académique, quatre organismes intervenant dans le transfert de technologie et cinq entrepreneurs créateurs de spin off universitaires. Il ressort de l'analyse des résultats que l'amélioration de l'efficacité du transfert de technologie repose sur les compétences des organismes chargés de sa mise en œuvre, en particulier sur leur capacité à détecter les inventions susceptibles d'avoir un avenir industriel et à mobiliser les moyens financiers nécessaires à leur développement. Mais cette étude montre que le succès dépend aussi de l'évolution des mentalités des acteurs, d'une meilleure prise de conscience des intérêts communs, traduite par le développement de logiques de partage, dans le cadre de partenariats équilibrés et équitables, respectant les spécificités de chacun. A cet égard, les SATT auront également une mission de facilitateur, notamment en communiquant sur les bonnes pratiques et les succès obtenus. Mots-Clefs Transfert de technologie, valorisation de la recherche, organisme de transfert de technologie, SATT, recherche publique, spin-off universitaire.