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Joseph Zaman, un personnage mythique au 19e pour Wasseiges et
sa région.
La première partie de l’article parue lors de l’édition précédente nous a appris que, dès les années
1860, Zaman fait son apparition remarquée à Wasseiges et en devient le nouveau châtelain.
2ème
partie : « La sucrerie d’Embresin »
Création de la « sucrerie d’Embresin »
Zaman, qui est un homme de défis, s’intéresse aussi à l’industrie sucrière.
Les premières sucreries avaient été implantées en Hesbaye vers 1840 sous l’impulsion de quelques
fermiers entreprenants qui s’étaient lancés dans la culture de la betterave et désiraient pratiquer
l’extraction du sucre dans leurs propres installations. Il s’agissait de petits ateliers utilisant des
techniques artisanales assez rudimentaires.
Par la suite, vers les années 1860, le gouvernement encouragea le développement de l’industrie
sucrière par des primes à l’exportation. Les sucreries se multiplièrent.
Zaman qui disposait de plus de 400 ha de bonnes terres de Hesbaye propices, notamment, à la culture
de la betterave sucrière, ne pouvait rester insensible à cette opportunité.
En mai 1864, avec cinq Tirlemontois (dont Achille et Edouard Gilain), il constitue une association
pour la fabrication du sucre : « Zaman et Cie ». Par la suite, Zaman et Achille Gilain en deviendront
les seuls propriétaires.
Achille Gilain
L’association de ces deux ingénieurs fait de la « sucrerie d’Embresin » une des plus importantes de la
région et, sans doute, une des mieux équipées.
La sucrerie - fin 19e
La sucrerie au début du 20ème s
Malheureusement, deux ans après sa création, en septembre 1866, un terrible accident endeuille la
nouvelle sucrerie. Il fera trois morts. Le « courrier de Huy » fera le récit de cette tragédie.
Extrait du Courrier de Huy, septembre 1866
Par la suite, l’usine va prendre de l’extension. La famille Gilain qui possède une usine de construction
mécanique à Tirlemont y apporte, notamment, sa technologie en matière de machine à vapeur. C’est la
« Société des ateliers de construction J.- J. Gilain » (fondée par le père d’Achille) qui fabrique la
colossale machine à vapeur mise en fonctionnement vers 1880. Cette machine à cylindre vertical, du
modèle « à balancier », de 25 tonnes, développant une puissance de 120 CV, est une des références
européennes pour cette technologie
La fameuse "machine d'Embresin"
En 1871, cinq fermiers avaient uni leurs capitaux pour créer également une sucrerie à Boneffe. Zaman
fut aussi de la partie.
Un personnage incontournable
Au travers de ses acquisitions et de ses investissements, on peut constater que le châtelain Zaman est
devenu dès 1870 un personnage incontournable pour les gens de Wasseiges, d’Ambresin et des
environs.
Les activités de la sucrerie vont progressivement nourrir nombre de familles. En dépouillant les
registres d’état civil, on voit apparaître une nouvelle catégorie de métiers : les ouvriers de la sucrerie.
Durant les campagnes betteravières, celle-ci fait également appel à une importante main-d’œuvre
ponctuelle.
Zaman, quant à lui, partage ses résidences entre son château de Forest et celui de Wasseiges qu’il
affectionne particulièrement. Wasseiges est, en quelque sorte, devenu son fief.
Il y fait d’ailleurs enterrer sa mère, la douairière Zaman née Wyns de Raucourt, décédée en mars 1868,
au cimetière de l’église où une stèle est encore visible. Pourquoi à Wasseiges alors que la famille
possède une crypte dans l’ancien cimetière de Forest ? Souhaitait-il s’y installer durablement ?
Faire part du décès de la douairière Zaman
Anecdote
En 1867, Zaman est, incontestablement, un homme fortuné. Il aime d’ailleurs faire étalage de ses
richesses. Il possède plusieurs châteaux : Forest, Wasseiges, Limal et puis Bousval. Il vit sur un grand
pied. On peut dire qu’il est atteint d’une certaine mégalomanie. Fraichement décoré par
Léopold II, il est au faîte de sa notoriété.
Le château Zaman de Forest
Au travers d’un document inédit, nous découvrons de lui un autre aspect…
Il s’agit d’une note de sa plume datée de janvier 67 adressée à Achille Gilain.
« Mon cher monsieur Gilain,
Je vous envoie … une petite note pour le boucher que je vous prie de lui remettre et de lui dire …
qu’à chaque expédition de viande de mettre dans le panier un billet avec le poids de la viande expédiée
afin de permettre de faire la vérification à son arrivée.
En attendant … recevez mes salutations affectueuses et dévouées.
Zaman ».
Note du 7 janvier 1867
Cette petite note traduit-elle un état d’esprit tatillon ? Avait-il la hantise d’être trompé ?
En tout cas, elle prouve qu’il épluche jusqu’aux moindres notes de frais, n’hésitant pas à s’adresser à
son associé Gilain (à l’origine de l’envoi sans doute) pour lui faire part de ses doléances. Cette
anecdote confirme qu’il n’est pas homme à laisser les choses au hasard. Le contrôle de l’activité lui
appartient jusque dans les moindres détails.
Etienne Jacquemain, avril 2013
PS : L’histoire de Zaman et de la sucrerie d’Embresin sera éphémère comme nous le verrons par après.
Dès les années 80-90, ce sera la famille Gilain qui en assumera seule la direction et le devenir. Je
reviendrai plus en détails sur l’histoire de la « sucrerie d’Embresin » lors de deux prochains articles:
« La famille Gilain, ses origines et son parcours marquant à Wasseiges… »
La 3ème
et dernière partie : « Le « petit train Zaman » et la naissance d’un mythe ».sera publiée lors du
prochain bulletin communal.
Cet article et d’autres ayant trait au passé de Wasseiges sont visibles sur le site « Wasseiges mes
origines ». Pour ceux qui souhaiteraient devenir membres, ils peuvent demander l’accès gratuit à
Etienne Jacquemain : « [email protected] » (019.512550). Vous pouvez également
obtenir la version complète de l’article reprenant les nombreuses références qui ne sont pas publiées
afin de ne pas alourdir la publication.
Je reste toujours demandeur de photos, documents, renseignements sur le Wasseiges du passé.
N’hésitez pas à me contacter si vous en possédez et souhaitez les faire partager.