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Plus de la moitié (53 %) des tra- vailleurs de la santé avec qui la Protec- trice du citoyen s’est entretenue ont « souligné des lacunes dans les soins de base et de soutien ». Au Québec, 69 % des personnes décédées de la COVID-19 lors de la première vague étaient des résidents de CHSLD. Ces aînés sont-ils tous morts dans des conditions décentes ? « Mal- heureusement, non », a répondu M me Rinfret. En réaction, le premier ministre, François Legault, a écrit sur sa page Facebook que « tous les gouverne- ments qui se sont succédé sont res- ponsables de ça, incluant le mien ». Le ministre de la Santé, Christian Dubé, est allé plus loin. « On est responsables de ce qui est arrivé », a-t-il affirmé. VOIR PAGE A 2 : pendant plusieurs jours, parfois pendant plusieurs semaines », y est-il écrit. D’autres résidents ont obtenu « que des soins d’hygiène très partiels et ont subi des retards dans le changement des culottes d’incontinence ». D’au- tres encore « n’ont alors pas eu l’as- sistance nécessaire pour bien s’ali- menter et s’hydrater ». MARIE-MICHÈLE SIOUI À QUÉBEC LE DEVOIR Les aînés qui sont morts en CHSLD lors de la première vague de la COVID- 19 ne sont pas tous partis « dans la dignité », a constaté la Protectrice du citoyen, Marie Rinfret, en enquê- tant sur la gestion gouvernementale de la pandémie. « Il y a des endroits où on a consta- té que des personnes étaient décédées seules », a-t-elle dit jeudi, lors de la présentation du rapport d’étape de son enquête « indépendante et impartia- le », qui se poursuit jusqu’à l’automne. « Du personnel soignant a dû choisir entre deux résidents pour donner des soins de confort », a-t-elle ajouté. Dans le document qu’elle a présenté, M me Rinfret a noté que des « ruptures de soins de base » ont eu lieu dans cer- tains CHSLD. « Des personnes sont de- meurées alitées en jaquette d’hôpital, Avis légaux.............B5 Édito.......................A6 Grille TV..................B2 Idées.......................A7 Météo.....................B6 Mots croisés...........B6 Sports.....................B6 Sudoku...................B6 INDEX Pour suivre l’actualité en continu, consultez nos plateformes numériques Des personnes sont demeurées alitées en jaquette d’hôpital, pendant plusieurs jours, parfois pendant plusieurs semaines MARIE RINFRET » III ÉTATS-UNIS Trump fait le vide dans le couloir de la mort Avant de quitter le bureau ovale, le président républicain accélère le rythme des exécutions FABIEN DEGLISE LE LE LE E DEV DE DEV DE OIR R es peines capitales avant de partir. Les derniers jours de la présidence de Do- nald Trump vont être marqués par une accélération historique des exécu- tions de prisonniers condamnés à la peine de mort dans les pénitenciers fédéraux, avec cinq mises à mort programmées d’ici le 20 janvier prochain, soit le jour où Joe Biden va entrer en poste. Une première en période de transition entre deux gouvernements depuis 1896. En 2020 seulement, Donald Trump a présidé au plus grand nombre d’exécutions de prisonniers depuis la fin des années 1980, et ce, alors que l’application des peines de mort, dont le soutien est en baisse dans la population, a été mise sur pause dans les pénitenciers fédéraux de- puis 2003. Des défaillances dans le système d’injection létale, entraînant de longues agonies chez les prison- niers, ont en partie alimenté cette suspension. « Le gouvernement Trump a adopté la peine capitale avec enthousiasme, résume en entrevue au Devoir l’histo- rien américain Daniel LaChance, qui enseigne à la Emory University d’Atlanta en Géorgie. En la matière, on peut même dire que Donald Trump est le président le plus meurtrier depuis le XIX e siècle. Son adhésion provocante à la peine de mort a été un élément clé de sa plateforme Make America Great Again ». Et visiblement, il a l’inten- tion de mener son projet jusqu’au bout. D’ici la fin de la semaine, deux condamnés, Bran- don Bernard et Alfred Bourgeois, doivent venir allon- ger la liste des prisonniers amenés au bout du couloir de la mort par injection létale, portant à 10 le nombre d’exécutions fédérales depuis le début de l’année. Avant son arrivée en poste, il n’y en avait eu que trois depuis le rétablissement de la peine capitale fédérale en 1988 aux États-Unis. Trois autres prisonniers, actuellement dans le même couloir, sont menacés d’exécution entre le 12 et le 15 janvier prochain, soit quelques jours à peine avant l’arrivée à la Maison-Blanche du démocrate Joe Biden. L’ex-vice-président américain est opposé à la peine de mort et a annoncé en novembre dernier qu’il allait œuvrer pour y mettre un terme dans les pénitenciers sous autorité fédérale. VOIR PAGE A 4 : D SAUL LOEB AGENCE FRANCE-PRESSE LIRE AUSSI PAGE A 6 : MORTS INDIGNES, L’ÉDITORIAL DE ROBERT DUTRISAC « Comme si c’était de ma faute » Une adolescente dénonce les méthodes de l’enquêteur chargé de sa plainte pour agression sexuelle ANNABELLE CAILLOU LE DEVOIR Une adolescente de 17 ans dénonce la façon dont sa plainte pour agression sexuelle a été traitée par un enquê- teur de la Sureté du Québec. Son té- moignage, d’abord publié sur les ré- seaux sociaux et abondamment par- tagé, illustre les difficultés rencon- trées par nombre de plaignantes, se- lon des expertes et des intervenantes du milieu. « [L’enquêteur] m’a demandé si je trouvais [mon agresseur] attirant, s’il pouvait être mon genre même s’il était plus vieux. Il m’a demandé si j’avais eu une éjaculation féminine, si j’avais eu du plaisir quand il me violait », ra- conte Erika Vincent, à qui Le Devoir a parlé avec l’autorisation de sa mère puisqu’elle est encore mineure. La jeune fille de 17 ans a partagé son histoire sur les réseaux sociaux vendredi dernier après avoir appris de la procureure que sa plainte n’était pas retenue, faute de preuves. « J’ai be- soin de mettre sur papier et de donner une voix à ce qu’on m’a fait subir », écrit-elle. Dans la nuit du 10 au 11 août, Erika Vincent aurait été victime d’une agres- sion sexuelle qu’elle a tout de suite dé- noncée après que son agresseur présu- mé l’eut raccompagnée à son domicile, où elle vit avec son copain. Puisque les événements se seraient déroulés dans la banlieue de Québec, la Sûreté du VOIR PAGE A 5 : [L’enquê- teur] m’a demandé si je trouvais [mon agresseur] attirant ERIKA VINCENT » III CORONAVIRUS Des aînés morts dans l’indignité La Protectrice du citoyen dresse un portrait accablant de la situation dans les CHSLD lors de la première vague VOL CXI N O 283 / LE VENDREDI 11 DÉCEMBRE 2020 / 1,52 $ + TAXES = 1,75 $ WWW.LEDEVOIR.COM ZEITGEIST Un vaccin contre l’incertitude, la chronique de Josée Blanchette | B 8 ACTUALITÉS Les listes de lecture d’Odile Tremblay et de Jean-François Lisée | A 8 CULTURE Mammouth 2020, comme une fenêtre ouverte sur demain | B 1

« Comme de ma faute - Le Devoir

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Page 1: « Comme de ma faute - Le Devoir

Plus de la moitié (53 %) des tra-vailleurs de la santé avec qui la Protec-trice du citoyen s’est entretenue ont « souligné des lacunes dans les soins de base et de soutien ». Au Québec, 69 % des personnes décédées de la COVID-19 lors de la première vague étaient des résidents de CHSLD.

Ces aînés sont-ils tous morts dans des conditions décentes ? « Mal-heureusement, non », a répondu Mme Rinfret.

En réaction, le premier ministre, François Legault, a écrit sur sa page Facebook que « tous les gouverne-ments qui se sont succédé sont res-ponsables de ça, incluant le mien ». Le ministre de la Santé, Christian Dubé, est allé plus loin. « On est responsables de ce qui est arrivé », a-t-il affirmé.

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pendant plusieurs jours, parfois pendant plusieurs semaines », y est-il écrit.

D’autres résidents ont obtenu « que des soins d’hygiène très partiels et ont subi des retards dans le changement des culottes d’incontinence ». D’au-tres encore « n’ont alors pas eu l’as-sistance nécessaire pour bien s’ali-menter et s’hydrater ».

MARIE-MICHÈLE SIOUI

À QUÉBECLE DEVOIR

Les aînés qui sont morts en CHSLD lors de la première vague de la COVID-19 ne sont pas tous partis « dans la dignité », a constaté la Protectrice du citoyen, Marie Rinfret, en enquê-tant sur la gestion gouvernementale de la pandémie.

« Il y a des endroits où on a consta-té que des personnes étaient décédées seules », a-t-elle dit jeudi, lors de la présentation du rapport d’étape de son enquête « indépendante et impartia-le », qui se poursuit jusqu’à l’automne. « Du personnel soignant a dû choisir entre deux résidents pour donner des soins de confort », a-t-elle ajouté.

Dans le document qu’elle a présenté, Mme Rinfret a noté que des « ruptures de soins de base » ont eu lieu dans cer-tains CHSLD. « Des personnes sont de-meurées alitées en jaquette d’hôpital,

Avis légaux.............B5Édito.......................A6Grille TV..................B2Idées.......................A7Météo.....................B6Mots croisés...........B6Sports.....................B6Sudoku...................B6

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Des personnes sont demeurées alitées en jaquette d’hôpital, pendant plusieurs jours, parfois pendant plusieurs semaines

MARIE RINFRET»

III ÉTATS-UNIS

Trump fait le vide dans le couloir de la mortAvant de quitter le bureau ovale, le président républicain accélère le rythme des exécutions

FABIEN DEGLISELE LELEE DEVDEDEVDE OIRR

es peines capitales avant de partir. Les derniers jours de la présidence de Do-nald Trump vont être marqués par une accélération historique des exécu-tions de prisonniers condamnés à la peine de mort dans les pénitenciers

fédéraux, avec cinq mises à mort programmées d’ici le 20 janvier prochain, soit le jour où Joe Biden va entrer en poste. Une première en période de transition entre deux gouvernements depuis 1896.

En 2020 seulement, Donald Trump a présidé au plus grand nombre d’exécutions de prisonniers depuis la fin des années 1980, et ce, alors que l’application des peines de mort, dont le soutien est en baisse dans la population, a été mise sur pause dans les pénitenciers fédéraux de-puis 2003. Des défaillances dans le système d’injection létale, entraînant de longues agonies chez les prison-niers, ont en partie alimenté cette suspension.

« Le gouvernement Trump a adopté la peine capitale avec enthousiasme, résume en entrevue au Devoir l’histo-rien américain Daniel LaChance, qui enseigne à la Emory University d’Atlanta en Géorgie. En la matière, on peut même dire que Donald Trump est le président le plus meurtrier depuis le XIXe siècle. Son adhésion provocante à la peine de mort a été un élément clé de sa plateforme Make America Great Again ». Et visiblement, il a l’inten-tion de mener son projet jusqu’au bout.

D’ici la fin de la semaine, deux condamnés, Bran-don Bernard et Alfred Bourgeois, doivent venir allon-ger la liste des prisonniers amenés au bout du couloir de la mort par injection létale, portant à 10 le nombre d’exécutions fédérales depuis le début de l’année. Avant son arrivée en poste, il n’y en avait eu que trois depuis le rétablissement de la peine capitale fédérale en 1988 aux États-Unis.

Trois autres prisonniers, actuellement dans le même couloir, sont menacés d’exécution entre le 12 et le 15 janvier prochain, soit quelques jours à peine avant l’arrivée à la Maison-Blanche du démocrate Joe Biden. L’ex-vice-président américain est opposé à la peine de mort et a annoncé en novembre dernier qu’il allait œuvrer pour y mettre un terme dans les pénitenciers sous autorité fédérale.

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« Comme si c’était de ma faute »Une adolescente dénonce les méthodes de l’enquêteur chargé de sa plainte pour agression sexuelle

ANNABELLE CAILLOULE DEVOIR

Une adolescente de 17 ans dénonce la façon dont sa plainte pour agression sexuelle a été traitée par un enquê-teur de la Sureté du Québec. Son té-moignage, d’abord publié sur les ré-seaux sociaux et abondamment par-tagé, illustre les difficultés rencon-trées par nombre de plaignantes, se-lon des expertes et des intervenantes du milieu.

« [L’enquêteur] m’a demandé si je trouvais [mon agresseur] attirant, s’il pouvait être mon genre même s’il était plus vieux. Il m’a demandé si j’avais eu une éjaculation féminine, si j’avais eu du plaisir quand il me violait », ra-conte Erika Vincent, à qui Le Devoir a parlé avec l’autorisation de sa mère puisqu’elle est encore mineure.

La jeune fille de 17 ans a partagé son histoire sur les réseaux sociaux vendredi dernier après avoir appris de la procureure que sa plainte n’était pas retenue, faute de preuves. « J’ai be-soin de mettre sur papier et de donner une voix à ce qu’on m’a fait subir », écrit-elle.

Dans la nuit du 10 au 11 août, Erika Vincent aurait été victime d’une agres-sion sexuelle qu’elle a tout de suite dé-noncée après que son agresseur présu-mé l’eut raccompagnée à son domicile, où elle vit avec son copain. Puisque les événements se seraient déroulés dans la banlieue de Québec, la Sûreté du

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[L’enquê-teur] m’a demandé si je trouvais [mon agresseur] attirantERIKA VINCENT»

III CORONAVIRUS

Des aînés morts dans l’indignitéLa Protectrice du citoyendresse un portrait accablantde la situation dans les CHSLDlors de la première vague

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