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@ Éditions Assouline 26-28, rue Danielle-Casanova, Paris 75002 France

Tél. : 01 42 60 33 84 Fax : 01 42 60 33 85

Accès Internet : http://www.imaginet.fr/assouline

Dépôt légal : 1er semestre 1998 Tous droits réservés ISBN : 2 84323 053 5

Photogravure : Gravor (Suisse) Imprimé par Partenaires (France)

Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est interdite

sans l'autorisation préalable de l'éditeur.

Achevé d'imprimer : mars 1998.

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PAR FARID CHENOUNE 0

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Brioni : l'an 1 de la mode masculine italienne

"J'aurais voulu me fa i re passer pour un Italien. Je désirais être chic. " HENRI CALET, Ullalie à la paresseuse, 1950

"Rome est à vous !" Lorsqu'en mai 1963 le magazine Adam, vieille

institution de l 'élégance à la française, invite ses lecteurs à s'aban-

donner aux charmes futiles de la Ville éternelle, il y a déjà des lunes

que l'Italie a fait son entrée sur la scène de la mode masculine inter-

nationale. Dès la fin de la seconde guerre mondiale, dans les cercles

mondains des deux rives de l'Atlantique, la nouvelle s'est répandue

comme une traînée de poudre : là-bas, sur le flanc méditerranéen

d 'une Europe vivant depuis près de deux siècles dans l 'ombre de

Londres, s 'épanouit une autre façon de s 'habiller pour les hommes,

légère, souple, colorée, aisée, osée. On ne tarde pas à lui donner un

nom. Un nouveau pôle de référence vient de naître dans la géogra-

phie de l 'élégance masculine : "l 'élégance italienne".

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Le succès international des stylistes italiens des années soixante-dix

et quatre-vingt — la génération de Giorgio Armani — a fait oublier

l 'engouement des années cinquante pour cette élégance née sur les

rives du Tibre. Engouement pourtant bien réel : on pourrait faire une

ronde autour de Rome en mettant bout à bout les éloges tressés en

son honneur par la presse occidentale, avant tout américaine. En

France, en 1956, les ombrageux tailleurs parisiens, jaloux de leur

clientèle, devront même reconnaître, ne serait-ce que du bout de

l 'aiguille, l ' indéniable influence dont jouissent leurs collègues et

rivaux transalpins depuis le début de la décennie1. Bientôt — disons

dans les années 1957-1962 —, à Paris, il ne sera plus de mode

qu'italienne. Italiennes, les chaussures à bouts pointus, italiens, les

pantalons tuyaux de poêle, italiens encore, "à la romaine" même, les

vestons courts aux épaules tombantes des jeunes gens qui cousinent

avec la Nouvelle Vague, tricheurs, dragueurs et blousons noirs de la

génération de la guerre d'Algérie.

"Vente d 'étoffes via de Baullari. Ces marchands de tissus (...)

parcourent l'Italie en camions, organisés p a r petites équipes,

s 'approvisionnant au petit bonheur, achetant des stocks de

magas ins en fa i l l i te , ou bien écoulant des marchandises

volées. (. . .) Le vendeur faisai t son boniment, s 'échauffant de

plus en plus, puis arrivé au bout, portait l'estocade — quatre

mètres de quello li, plus deux de quello la, plus ceci, plus cela,

pour le prix ridicule, publicitaire, qui ne sera jamais égalé, de

trois fois rien. Et l'on achetait des kilomètres. Qui était dupe,

qui roulait qui ? Publicité ? Faillite ? Recel ? On ne cherche

pas à savoir. L 'achat de tissus est sûrement d 'une g rande

importance pour le Romain. Encore sa préoccupation de fa i re

bella figura. Pour lui, vêtement passe avant nourriture. "

WILLIAM KLEIN, Roma, 1959.

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Il suffit de lire les récits des écrivains, des journalistes et des voya- geurs qui après 1945 visitent cette Italie isolée du tourisme après quelque vingt années de fascisme pour se rendre compte de la fasci- nation qu'exerce sur eux la manière de se vêtir de ses habitants. "Le torse un peu serré dans des complets de bonne étoffe, dressés sur leurs escarpins étroits et à hauts talons, les hommes ont fière allure avec leur chemise blanche et leur cravate de soie2", admire le cor-

respondant du Monde en 1952. "Les Italiens attachent une impor- tance extrême à leur accoutrement, tout au moins à celui qu'ils mon- trent dans la rue (...). L'effet recherché n'est pas de passer inaperçu. Les hommes portent souvent des tissus bigarrés, ils chaussent des souliers pointus et cambrés3", enchérit un autre observateur l'année suivante. Fare bella figura, "faire belle figure" : l'expression revient comme un cliché, comme un refrain napolitain, pour résumer ce goût (cette obsession) de la toilette, cet enchantement (cet enragement) à se parer, ce plaisir (cette jouissance) de la pavane, aux antipodes de la distinction effacée du gentleman britannique, qui font de l'élé- gance italienne une sorte de passion publique, histrionique, à son zénith à l'heure de la passegiata (de la "promenade") dans ce théâtre à ciel ouvert qu'est la rue. Que "l'Italien se considère comme le peuple le plus élégant du monde"' ne vaudra pas que des amis au chic péninsulaire. Cette prétention à l'élégance suscite lazzis, philippiques, affrontements où les insolentes prouesses vestimentaires des mâles italiens, leur penchant pour les coupes appuyées, leur faible pour les tissus voyants sont sans cesse jugés à l'aune étriquée et rassurante du "bon" et du "mauvais" goût. Vulgarité, mièvrerie, préciosité vani- teuse, coquetterie de garçon-coiffeur, chic m'as-tu-vu, tape-à-l'œil nouveau riche : les mots ne manquent pas sous les plumes ennemies pour condamner ce qui, au regard de la loi fondamentale de l'élé- gance masculine édictée par Brummel (paraître oubliée), apparaît

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Croquis pour la collection "ceylanaise" (1963-1964). @ Archives Brioni.

S. M. le maharadja de Sahana en compagnie de membres de la famille royale (1916). @ Hulton Getty/Fotogram-Stone Images. L'un des modèles de style "maharadja", très populaires dans le Swinging London des années soixante, alors que la mode est au mouvement hippie, à la philosophie oriantale et au voyage à Katmandou. Absents de la garde-robe masculine depuis la fin du XVIIIe siècle, l'or et l'argent refont ici leur apparition. @ Archives Brioni.

Veste en astrakan teint couleur cognac avec finitions cuir (début des années soixante-dix). @ Archives Brioni.

Peter Sellers, portant un manteau Brioni en astrakan clair. @ Archives Brioni.

Ensemble à grands carreaux composé d'une cape et d'un pantalon (début des années soixante). @ Archives Brioni. Une chemise et un nœud papillon en dentelle (fin des années soixante). @ Archives Brioni.

Gaetano Savini entouré de ses mannequins, dans les coulisses d'un défilé ( 1967). @ Archives Brioni. Défilé Brioni, milieu des années soixante-dix. @ Archives Brioni.

Un "costume de l'espace", composé d'une tunique zippée, avec découpe sur fond hachuré, et d'un pantalon (1970). @ Archives Brioni.

Duffle-coats à grands carreaux, modèle Criollo, avec finitions en cuir clair (1970). @ Archives Brioni. Veste jacquard croisée avec surpiqûre décorative (1967). @ Archives Brioni.

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Veste de voyage dotée de seize poches, réalisée à la demande d'un client cali- fornien (1968). @ Archives Brioni. L'écrivain américain Gay Talese en costume Brioni trois pièces, dans les années soixante-dix. @ Archives Brioni.

Boutonnière Brioni cousue main, collection "ceylanaise" (1963). @ Archives Brioni. Le prince Raimondo Orsini, habillé en Brioni, dans les ruines du Forum, à Rome (1982). @ Hulton Getty/Fotogram-Stone Images.

Un professeur et ses élèves, à l'école de couture Brioni - ouverte à Penne en 1980. @ Archives Brioni. Pardessus croisé en cachemire, à chevrons (1947). @ Archives Brioni.

Costume à trois boutons en laine (stade du bâtissage), à chevrons. Chemise en voile de coton réalisée par Burini (département du groupe Brioni). © Archives Brioni. L'Italie des années cinquante : paparazzi. @ The New Roma Press Photo.

La dolce vita italienne. L'acteur italien Sol Mine, découvert dans La Fureur de vivre ( 1955), au Café de Paris, à Rome, en juillet 1960. @ The New Roma Press Photo. Costume Brioni à trois boutons en flanelle. Chemise en voile par Burini. @ Archives Brioni.

Checchino Fonticoli, maître tailleur chez Brioni, assemble un costume sur Pierce Brosnan, dans l'atelier de Rome ( 1995). @ Archives Brioni. Pierce Brosnan en costume Brioni trois pièces, lors de la conférence de presse donnée avant le tournage de Goldeneye, au Leavesdon Studio (Angleterre), en jan- vier 1995. @ Archives des Productions Eon.

Vêtements de soirée Brioni. Croquis de Luigi Tarquini. @ Archives Brioni. Pierce Brosnan en smoking droit cousu main, avec revers satin en pointe, envers uni et gilet croisé échancré, en laine peignée bleu nuit. @ Archives Brioni, photo : John Stoddart. e %