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Musées d'Amazonie en réseau – bilan du séminaire « Démarche participative et interculturalité », Kourou, 5-7 avril 2016 - p. 1/ 40 « Démarche participative et interculturalité : des enjeux pour le patrimoine » Séminaire d’actualisation des connaissances organisé dans le cadre du projet de coopération Musées d’Amazonie en réseau 5 – 7 avril 2016 Bilan qualitatif et comptable .

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« Démarche participative et interculturalité : des enjeux pour le

patrimoine »

Séminaire d’actualisation des connaissances organisé dans le cadre du projet de coopération Musées d’Amazonie en réseau

5 – 7 avril 2016

Bilan qualitatif et comptable

.

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Sommaire I – Contexte du séminaire II – Description 1- Le thème 2- Le programme

a- 1ère journée : Initiatives participatives, panorama territorial b- 2ème journée : Valorisation des savoirs culturels, partage et transmission, les apports du

participatif c- 3ème journée : Perspectives

III – L’organisation

1- Formalités administratives 2- Le transport 3- L’hébergement 4- La restauration

IV – Finalités

1- Les objectifs principaux 2- Les publics bénéficiaires

V – Bilan qualitatif

1- Résultats obtenus 2- Retours des participants

VI- Conclusion Annexes

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I. Contexte du séminaire

Musées d’Amazonie en réseau vise à initier et structurer la coopération entre les institutions muséales du plateau des Guyanes, pour que soit mieux pris en compte, dans le domaine patrimonial, le caractère transfrontalier de la plupart des populations de la région. Initiée à l’origine par trois musées ( le Musée des cultures guyanaises de Cayenne, le Museu Paraense Emílio Goeldi -MPEG de Belém- et le Stichting Surinaams Museum -SSM de Paramaribo-), cette opération de coopération transfrontalière répond à l’un des objectifs du projet scientifique et culturel de la Maison des cultures et des mémoires de la Guyane (MCMG), qui prévoit une meilleure insertion du musée régional dans son environnement international. Les objectifs des Musées d’Amazonie en réseau sont de :

- créer un catalogue des collections ethnographiques des musées de la région, en démarrant par les collections amérindiennes et bushinenge ;

- organiser des séminaires professionnels d’actualisation des connaissances et des « rencontres patrimoniales » transfrontalières visant plus largement les acteurs culturels du territoire.

En plus de l’investissement de ces trois musées, le projet a obtenu le soutien de plusieurs partenaires pour sa mise en place: le Fonds de Coopération Régionale, la Région Guyane1, la Direction des Affaires Culturelles de Guyane et le dispositif européen LEADER, via les quatre Groupes d’Action Locale de Guyane. La première phase du projet (2010 - 2013) a rendu possible la création d’un site internet commun permettant l’accès au catalogue des collections des musées partenaires, également accessible hors ligne grâce à une déclinaison, téléchargeable sur tout ordinateur. Deux séminaires professionnels (Belém, en 2011 ; Cayenne, en 2012) et deux rencontres patrimoniales transfrontalières (Saint-Laurent-du-Maroni, en 2011 ; Saint-Georges-de-l’Oyapock, en 2012) ont été organisés. Forts de ces expériences, les musées du réseau ont en 2013 saisi l’opportunité de participer au festival caribéen des Arts et de la Culture (CARIFESTA) à Paramaribo (Suriname) pour produire une toute première exposition collaborative. Linked Heritage (17 août - 20 octobre 2013) a rassemblé 140 objets, mêlant pièces archéologiques et ethnographiques, chefs d’œuvres représentatifs des cultures amérindiennes et bushinenge issus des collections des trois musées fondateurs et du Musée Alexandre-Franconie, qui a adhéré au réseau à cette occasion. Depuis, le réseau a diffusé et valorisé ses productions (plaquette de communication, catalogue d’exposition) et ses outils (site internet, déclinaison hors ligne), lui permettant ainsi de mettre en place différents projets sur le territoire avec plusieurs partenaires : le Rectorat de Guyane (création d’un service éducatif au Musée des cultures guyanaises), le Parc Amazonien de Guyane ou encore le Centre Régional de Ressources Kaleda avec lequel le projet collaboratif et participatif « Objets de musées –objets partagés » a été réalisé. Dans ce contexte de communication-diffusion, le nouveau séminaire professionnel devait s’intéresser aux pratiques participatives et collaboratives pour insérer, toujours plus efficacement, le réseau dans sa démarche de partage, de « restitution » des collections aux populations.

1 Devenue Collectivité Territoriale de Guyane, ci-après dénommée CTG

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II. Description de l’action

1. Le thème

Lors du précédent séminaire (Cayenne, 2012), les participants avaient convenu que le suivant devrait leur permettre de réfléchir aux moyens de « concevoir et réaliser une exposition participative ». Six mois plus tard, l’opportunité de participer au festival CARIFESTA s’est présentée et Linked heritage, la première exposition commune du réseau, a été réalisée. Après réflexion, il a été proposé pour cette nouvelle semaine d’actualisation des connaissances d’interroger les notions de « participatif » et d’interculturalité. Le thème principal a été défini en collaboration avec les partenaires du réseau : le Stichting Surinaams Museum, le Museu Emílio Goeldi et le Musée Alexandre-Franconie. Les intervenants invités et les sujets présentés ont également fait l’objet d’une concertation entre les membres du réseau et la Direction des Affaires Culturelles de Guyane. Au vu de l’ensemble des propositions, le titre retenu a donc été « Démarche participative et interculturalité : des enjeux pour le patrimoine ». Le monde des musées a connu un développement spectaculaire durant ces trois dernières décennies. Cependant, depuis quelques années, on a assisté à un questionnement sur l’avenir des institutions, confrontées à des changements majeurs de la société : populations, nouvelles technologies, méthodes d’éducation, politiques économiques, etc. Une réflexion sur la finalité du musée et de ses collections a été menée : comment renforcer les liens de celui-ci avec la société dans laquelle il est inséré ? Comment procurer à ses visiteurs un accès à la culture plus démocratique, participatif et interactif ? C’est pourquoi le sujet du « participatif » a interpellé les professionnels de la culture et a été l’objet de nombreux colloques et rencontres ces derniers temps. On peut reprendre les écrits d’Hugues de Varine, instigateur du mouvement de la muséologie participative et père fondateur (avec Georges-Henri Rivière) des écomusées. Le concept de muséologie participative repose sur la promotion des cultures locales et l’association de la population au projet. Par exemple, la démarche de collecte de mémoire permet à chacun de participer à la connaissance de son territoire de vie (comme collecteurs, informateurs, témoins...) et engendre une réelle appropriation (ou réappropriation pour certains) du patrimoine local par les habitants. D’un point de vue théorique, le participatif dans les institutions culturelles peut être scindé en trois grandes tendances :

- l’implication contributive : faire appel à des personnes pour collecter des données. Celles-ci pourront ensuite servir à alimenter des contenus, des expositions… Il s’agit de la tendance la plus massive ;

- l’implication participative : permettre à des publics de s’impliquer pour produire un certain nombre de séquences. Dans ce type d’implication, le propos général est toujours porté par le chef de projet ou par l’institution. L’investissement des publics est donc calibré en fonction de l’action menée ;

- l’implication collaborative : l’action est définie depuis le départ avec les publics et conduite de A à Z avec eux. On parle alors de co-construction ou de co-commissariat lorsque cela se fait entre plusieurs structures. Cette forme plus engageante pose néanmoins la question de la légitimité des propos et de la modération de ces derniers.

L’importance du participatif et du contributif ne semble pas être un effet de mode, mais bien plus un nouveau paradigme qui s’appuie sur une histoire commune, une longue histoire d’éducation populaire et de démocratie culturelle, ainsi que sur une société et un rapport au savoir et à l’expert qui évoluent. On revient alors à la notion même de culture en rappelant que tout le monde est un producteur de savoir à un moment ou un autre.

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Les différentes interventions du séminaire ont permis d’illustrer cette évolution des musées vers une démarche participative et ce nouveau rapport avec les publics.

2. Le programme2

a. 1ère journée : Initiatives participatives, panorama territorial

L’ouverture du séminaire a été réalisée le mardi 5 avril par Mme Rolande CHALCO-LEFAY, 11ème Vice-présidente de la Collectivité Territoriale de Guyane, déléguée à la culture, au patrimoine et aux identités et M. Paul LEANDRI, Directeur des Affaires Culturelles de Guyane. Mme Rolande CHALCO-LEFAY a rappelé le fort engagement de la Collectivité Territoriale de Guyane et s’est félicitée de la dynamique mise en place depuis maintenant 5 ans. M. Paul LEANDRI a salué ce projet exemplaire de coopération entre les musées du plateau des Guyanes et a invité les participants à poursuivre l’effort vers la professionnalisation, la mutualisation des connaissances et la consolidation des pratiques. Mme Marie-Paule JEAN-LOUIS3 a ensuite introduit le séminaire en rappelant l’historique et les objectifs du programme ainsi que les dernières rencontres.

Figure 1 Mme Jean-Louis, Mme Chalco-Lefay, M. Leandri

Cette première journée a servi à dresser un panorama territorial des initiatives participatives. 8 interventions se sont succédé : Mme Alegria BENCHIMOL a commencé en présentant un projet participatif sur la documentation de la collection aparai du Museu Paraense Emílio Goeldi (1915/1937). Mme Lucia HUSSAK VAN VELTHEM a poursuivi par la présentation de deux programmes : un premier favorisant l’accès aux documents et aux collections des musées aux populations amérindiennes, le second visant l’enregistrement et la documentation des répertoires musicaux de 6 sociétés amérindiennes. M. Jean-Paul FEREIRA, maire de la commune d’Awala-Yalimapo, a présenté la politique culturelle de sa commune.

2 Le programme complet et un résumé de toutes les interventions sont présentés en annexe 1 et 2 (p.18 et 21).

3 Les qualités, grades et fonctions des intervenants sont précisés dans le programme, cf. annexe 1 p. 18.

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Figure 2 Mme Lucia Hussak Van Velthem et Mme Alegria

Benchimol

Figure 3 M. Jean-Paul Fereira

M. Thomas MOUZARD a exposé le programme d’inventaire participatif de la commune d’Awala-Yalimapo. Mme Josy JOSEPH a, quant à elle, présenté la politique culturelle de cette commune dans le cadre du label « ville ou pays d’Art et d’Histoire ».

Figure 4 M. Thomas Mouzard et Mme Josy Joseph

Figure 5 Les participants du jour

M. Patrick LACAISSE a dressé un inventaire des expériences participatives et collaboratives de l’association « Chercheurs d’art » à Mana. M. Jean-Pierre JOSEPH, de l’association Kalawachi de Kourou, a présenté le Centre Kalawachi : sa construction, son financement et son fonctionnement. Il a ensuite fait une présentation générale sur les amérindiens de Guyane.

Figure 6 M. Jean-Pierre Joseph

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M. Damien DAVY, de l’Observatoire Hommes/Milieux « Oyapock » et du CNRS, a expliqué le projet de cartographies réalisées en langues teko et wayãpi dans la commune de Camopi, entre 2009 et 2013. L’objectif de ces cartes est de permettre aux habitants de Camopi de consigner leurs savoirs historiques et géographiques, de transmettre aux jeunes générations la mémoire des lieux et de servir d’outils pour faire valoir les droits fonciers et d’usages.

Figure 7 M. Damien Davy

La journée a été conclue par M. David REDON, modérateur. Ces démarches participatives s’inscrivent dans un renouveau des institutions muséales, dans une volonté générale de mieux redéfinir les politiques culturelles, de mieux associer la société civile aux projets patrimoniaux. L’ensemble des participants a ensuite été invité à suivre une visite guidée du Centre d’interprétation des roches gravées de la Carapa, assurée par Mme Bérénice VALOT.

Figure 8 CAAK visite de l'exposition permanente

Figure 9 CAAK visite du site, groupe A

b. 2ème journée : Valorisation des savoirs culturels, partage et transmission : les apports du participatif.

Le mercredi 6 avril a compté 11 interventions. Le Capitaine KAGO et son assistante Mme Nicole WALIKE ont démarré en présentant l’association Libi Na Wan et les ateliers participatifs menés dans son cadre comme des tremplins pour la transmission intergénérationnelle du patrimoine.

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L’association a été créée en 1994 et a pour but de promouvoir l’art bushinenge et de permettre une transmission des savoir-faire traditionnels. Mme Rachel MERLET et Mme Janine OUEMPI, de l’Association ADER, ont proposé un retour d’expérience sur une démarche participative autochtone autour d’un projet d’activités de perles en village amérindien sur le haut Maroni. L’association Action pour le Développement, l’Education et la Recherche (ADER), créée en 2009, soutien, développe et coordonne des stratégies de promotion du bien-être, de prévention du suicide et d’accès aux soins afin d’assurer le vivre mieux des habitants des villages du haut Maroni tout en respectant la culture et l’identité.

Figure 10 Mme Rachel Merlet et Mme Janine Ouempi

Mme Monique BLERALD, du Laboratoire MINEA et de l’Université de la Guyane, a présenté l’association « Karnacampus » et sa mission de transmission du patrimoine carnavalesque guyanais à l’université. L’association a été créée en 2015 et a pour but l’inscription au patrimoine immatériel de l’UNESCO du personnage du Touloulou. Mme Léa CASTIEAU, du Service patrimoine-CIAP de Saint-Laurent-du-Maroni, a exposé le projet « Les voix de la ville ». Cette mémoire orale est au cœur du projet du Centre d'Interprétation de l'Architecture et du Patrimoine (CIAP), qui a ouvert en janvier 2015 et a pour objectif de valoriser et restaurer le patrimoine, initier et sensibiliser les habitants. Il diffère d’un musée, c’est plus une porte vers la ville, un outil de médiation vers les habitants.

Figure 11 Mme Léa Castieau au second plan

M. Benoît POITEVIN a, pour sa part, présenté la Fédération des écomusées et des musées de société (FEMS). Il s’agit d’un réseau d’établissements innovants à but non lucratif impliqués dans l’économie sociale et solidaire et le développement local. M. Marcel PINAS, du Contemporary Art Museum Moengo (Suriname) a présenté son Musée d’Art Contemporain, la manière dont il utilise l’art et la culture pour le développement de sa communauté et les projets collaboratifs réalisés. M. Donovan PRAMY, son collaborateur de la Fondation Kibii a présenté, quant à lui, le centre de recherche Kibii wi Koni. Ce centre de recherche permet d’éviter la perte de connaissance des

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traditions authentiques, de promouvoir l’auto-identité noir-marron. Il démontre que la participation favorise la transmission.

Figure 12 M. Donovan Pramy et M. Marcel Pinas

Mme Florence FOURY, du Centre Régional de Ressources Kaleda et Mme Lydie JOANNY, du Musée des cultures guyanaises, ont proposé un retour d’expérience sur le projet Objets de musées - objets partagés . Cette intervention a montré le lien entre l’alphabétisation et le patrimoine culturel, la base commune de leur démarche envers et avec les publics puis comment s’est déroulé le projet jusqu’à la présentation des résultats. Mme Evelyne SAGNE, du Service de l’environnement, de la recherche et de l’éco-tourisme, de la Collectivité territoriale de Guyane, a abordé la problématique de réappropriation du patrimoine archéologique autour du projet de valorisation du site de Montravel. La valorisation des sites est un atout pour la participation du public et la préservation. Les espaces naturels et les sentiers de randonnées sont propices à une réappropriation dynamique et ludique, complémentaire aux musées. M. Bertrand GOGUILLON, du Parc Amazonien de Guyane (PAG), a expliqué l’approche participative du PAG sur la question de la gestion de la chasse. La charte du PAG met au cœur de son dispositif la prise en compte et l’implication des populations locales pour adapter les politiques publiques.

Figure 13 M. Bertrand Goguillon

Mme Claire COULY, elle aussi du Parc Amazonien de Guyane, a présenté les rencontres transfrontalières wayãpi entre la Guyane et le Brésil, qui ont lieu en 2015. Le PAG s’est positionné en appui et en relai. Ce travail de médiation et de co-construction de projet s’est réalisé avec les associations amérindiennes sur une période de 6-8 mois.

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La journée a été conclue par M.Michel Dispagne, modérateur.

c. 3ème journée : Perspectives

Cette dernière journée, consacrée aux perspectives, a compté 3 interventions et une synthèse par les 2 modérateurs du séminaire. Les interventions concernaient une future structure culturelle et des projets concernant l’éducation (l’éducation artistique et culturelle à l’école et les outils des intervenants en langue maternelle). Mme Isabel NOTTARIS, chef de projet de la Maison des Cultures et des Mémoires de Guyane, a présenté les perspectives et les politiques participatives de la future structure. Mme Isabelle HIDAIR, de l’ESPE4 de Guyane, a présenté plusieurs projets d’éducation artistique et culturelle dans les écoles autour des arts amérindiens, bushinenge et hmongs. Elle propose d’utiliser l’interculturalité comme facteur d’inclusion scolaire. Mme Patricia Prost- Tabournel, de l’ESPE de la Guyane et M. Didier Maurel, de l’Académie de la Guyane, travaillent sur la formation des Intervenants en Langue Maternelle5 pour la partie didactique et pédagogique. Ils présentent les outils mis en place et expérimentés par les ILM. Les deux modérateurs M. David REDON, de la Direction des Affaires Culturelles de Guyane et M. Michel DISPAGNE, du laboratoire MINEA et de l’Université de la Guyane, ont choisi de proposer une conclusion collective, en invitant M.Benoît Poitevin de la FEMS à nous livrer son regard extérieur et en invitant tous les participants à réagir autour de cette notion de participation. Le détail de toutes les interventions, ainsi que les discours d’ouverture et les conclusions de chaque journée sont annexées en fin de bilan (annexe 2).

III. L’organisation

D’un point de vue logistique, l’organisation du séminaire a été prise en charge par deux agents du Musée des cultures guyanaises : Marion DE GEYER, chargée de communication et de coopération et Lydie JOANNY, chargée de coopération. La ville de Kourou a été choisie pour des raisons diplomatiques, logistiques et financières. En effet, les précédents séminaires avaient eu lieu à Bélem et à Cayenne. Ce 3ème séminaire devait idéalement se dérouler au Suriname. Toutefois devant l’incapacité de l’équipe du Surinaams Museum à prendre en charge une telle organisation et, par la suite, les difficultés à obtenir des documents comptables compatibles avec la procédure de mise en paiement publique française (les fonds nécessaires étant versés au Musée des cultures guyanaises, établissement public territorial) proposés par les partenaires du CNAMM à Moengo6, le réseau a choisi d’organiser ce nouveau rassemblement en Guyane. Une étude comparative a donc été menée entre les communes de Sinnamary et Kourou. Kourou proposait finalement plus de prestataires en mesure de répondre aux contraintes du projet que Sinnamary qui n’avait pas de structures avec la capacité d’accueil suffisante aux dates souhaitées et par rapport au nombre de participants prévus. De plus, les propositions tarifaires de Kourou étaient meilleur marché que celles de Sinnamary. 8 prestataires ont été sollicités pour l’hébergement, la restauration, les transports, les traductions et visites sur trois jours de séminaire.

4 Ecole supérieure du professorat et de l'éducation

5 Ci-après écrits ILM

6 Qui avait proposé de prendre le relai du Stichting Surinaams Museum

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70 personnes ont été invitées. 61 participants (24 intervenants, 2 modérateurs, 3 traducteurs, 32 invités) ont été reçus contre 28 en 2011 à Bélem et 50 en 2012 à Cayenne. Ce nouveau séminaire a par ailleurs permis aux membres du réseau de se retrouver pour une journée complète de travail consacrée au projet. L’organisation a intégralement été prise en charge par le musée organisateur. L’objectif de cette séance était de relancer le dynamisme du réseau par une formalisation du partenariat, de répondre aux questions liées aux outils communs pour les maintenir et contribuer à leur valorisation. L’ordre du jour comprenait donc:

- la présentation de l’équipe dédiée au projet pour le Musée Alexandre-Franconie et un rappel des changements opérés au Musée des cultures guyanaises ;

- un rappel des outils à faire vivre, des référents et de leurs rôles pour chaque musée partenaire, ainsi qu’un rappel des principes de fonctionnement adoptés pour l’import des collections et la publication de contenus éditoriaux ;

- un point sur la situation financière des musées partenaires ; - les questions d’adhésion au réseau et de formalisation du partenariat avec l’étude d’une

convention. Une partie a été réservée aux questions plus techniques (thésaurus…). Cette journée a confirmé l’importance et la nécessité de se réunir régulièrement entre techniciens pour, d’une part, échanger autour des collections (l’un des buts initiaux du projet) et, d’autre part, travailler en commun sur les outils du réseau, leur développement, leur valorisation… Les objectifs du projet Musées d’Amazonie en réseau ont aussi été réaffirmés : avant tout en faire un véritable outil de valorisation, de diffusion et de « restitution » des collections aux populations du plateau des Guyanes. Enfin, les membres ont souhaité appuyer le fait qu’ils désirent faire vivre les outils créés de manière individuelle comme collaborative dès qu’ils le peuvent.

1. Formalités administratives

Le réseau a une nouvelle fois bénéficié du soutien de l’Ambassade de France au Suriname et au Guyana, grâce à laquelle le réseau a pu recevoir Monsieur Jabaun Correia du Guyana National Museum à Georgetown. Des demandes de visa ont été adressées au Consul de France à Paramaribo pour les invités surinamais et au Consulat de Macapà pour un invité du Brésil, les 3 participants brésiliens du MPEG jouissant d’un passeport de service. M. Fabrício Narciso Dos Santos Karipuna, invité du Museu Kuahí dos Povos Indígenas de Oiapoque, ne possédant ni passeport à jour, ni visa, avait entreprit de renouveler son passeport en parallèle de la demande de visa à son attention. Les démarches n’ont finalement pas abouti en raison de l’impossibilité d’obtenir une assurance voyage Shengen dans les temps. Les agences de voyage vendent cette assurance seulement couplée à un billet d’avion et la venue de notre participant était déjà organisée et prise en charge par pirogue depuis Oiapoque puis par la route jusqu’à Kourou. Certaines compagnies d’assurance acceptaient de la vendre pour une courte période mais sur présentation de pièces justificatives (passeport) que le Musée ne possédait pas et par règlement par carte bleue, ce que le Musée ne peut faire. La liste des invités ayant été fixée définitivement en février, les invitations ayant été envoyées fin février et début mars, les visas ont été demandés dans le même temps, ce qui s’est révélé tardif pour le Brésil. Le comité d’organisation du prochain séminaire devra impérativement anticiper ces questions et prévoir de fixer la liste des invités plus en amont afin de procéder aux demandes de visas le plus tôt possible.

2. Le transport

Les transports des invités hors du territoire guyanais ont également été pris en charge par le musée organisateur. Le voyage des 3 participants du MPEG a été pris en charge par avion de Belém à Cayenne via une agence de voyage. Le vol aller-retour a été effectué par la compagnie low cost Azul et les retours des

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voyageurs ont été positifs. Pour le transport routier de Cayenne à Kourou, ainsi que pour les déplacements intra-muros à Kourou, ils ont été conduits par les agents du Musée des cultures guyanaises avec les véhicules de service réservés pour l’occasion. Le voyage de l’invité du Museu Kuahí avait été préparé et réservé mais compte tenu de l’impossibilité de finaliser l’obtention d’un visa, il a dû être annulé. Côté Suriname, un 1er transport a été effectué le dimanche 3 avril de Paramaribo à Kourou pour Madame Erienne Lourens, qui devait être présente dès le lundi 4 pour la journée de travail de l’équipe projet. Un 2ème transport pour le même trajet a été réalisé le lundi 4 avril pour Monsieur Jabaun Correia depuis Paramaribo et Monsieur Donovan Pramy, depuis Moengo, jusqu’à Kourou. Un 3ème trajet imprévu, par conséquent organisé à brûle-pourpoint, s’est déroulé le mardi 5 avril matin de Saint-Laurent-du-Maroni à Kourou pour Monsieur Marcel Pinas qui arrivait de Hollande la veille et n’avait pu rejoindre le départ commun initialement prévu. Il s’est déplacé de Moengo à Albina par ses propres moyens. Le transport a été assuré par la société Alamau Transport avec qui le Musée des cultures guyanaises avait déjà travaillé. Les frais de transport du participant du Guyana jusqu’à Paramaribo ont été pris en charge par l’Ambassade de France au Suriname et au Guyana. Ensuite, le musée a pris en charge le passager jusqu’à Kourou (aller-retour), en même temps que les participants surinamais, via la société Alamau Transport. Les participants de Guyane ont quant à eux été invités à venir par leurs propres moyens (véhicules de service, personnels…) et à co-voiturer. Les mises en relation pour le co-voiturage ont été facilitées par le Musée des cultures guyanaises.

3. L’hébergement

L’ensemble des participants a été hébergé à l’hôtel Altantis à Kourou. Quinze chambres ont été réservées pendant la durée du séminaire :

- 1 simple la nuit du 3/04 - 3 simples et 5 doubles la nuit du 4/04 - 3 simples et 12 doubles la nuit du 5/04 - 3 simples et 12 doubles la nuit du 6/04

L’Hôtel Atlantis a mis à disposition la salle initialement prévue pour les petits déjeuners comme salle de séminaire car d’une plus grande capacité que sa petite salle de réunion. La capacité maximale de la salle était de 40 personnes et a été respectée, il y a eu :

- 39 participants le mardi 5/04 matin - 34 participants le mardi 5/04 après-midi - 40 participants le mercredi 6/04 matin - 40 participants le mercredi 6/04 après-midi - 32 participants le jeudi 7/04 matin

Le vidéo-projecteur, le papier et les stylos ont été fournis par l’Hôtel. La délégation brésilienne, arrivée la veille du séminaire, a été logée à Cayenne au Central Hôtel :

- 1 chambre simple et 1 chambre double ont été réservées.

4. La restauration

Les petits déjeuners ont été pris à l’Hôtel Atlantis (inclus dans la réservation des chambres). Les déjeuners ont également été pris sur place en raison de la courte pause de midi. Des « lunch box » ont été livrées à l’Hôtel par un prestataire extérieur (la Boulangerie du Fournil du Bourg).

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Le déjeuner de clôture a eu lieu au centre Kalawachi pour permettre aux participants de le visiter. Le dîner de l’équipe projet a eu lieu au restaurant de l’Hôtel Mercure qui offrait l’avantage d’être accessible à pied depuis l’Hôtel Atlantis. Les deux autres dîners se sont déroulés au restaurant l’Ancre Bleue situé près du marché à Kourou, à 5 minutes en voiture de l’Hôtel Atlantis. Ce changement de décor permettait un cadre plus convivial et une aération par rapport au lieu des séances de travail.

IV. Finalité 1. Les objectifs principaux

Ce troisième séminaire avait pour buts de : - actualiser les connaissances des professionnels du patrimoine du territoire ; - poursuivre la fructueuse coopération transfrontalière entreprise depuis 2010 entre la

Guyane, le Brésil et le Suriname, dans le cadre de ce projet ; - présenter le projet de coopération Musées d’Amazonie en réseau et renouer des liens avec le

Guyana depuis le départ des référents précédents ; - diffuser et valoriser les projets menés sur le territoire en suscitant des partenariats locaux et

transfrontaliers ; - préfigurer les activités transfrontalières de la future « Maison des Cultures et des Mémoires

de la Guyane» à Cayenne.

2. Les publics bénéficiaires

Le séminaire ciblait principalement: - les professionnels du patrimoine membres du réseau ; - les professionnels du patrimoine du territoire ; - les professionnels travaillant autour des thématiques principales du séminaire.

La plupart des professionnels de Guyane invités sont également enseignants à l’université. Ce séminaire leur a donc permis de mettre à jour leurs connaissances des projets menés sur le territoire en matière de démarche participative et dans un cadre interculturel. Malgré la capacité d’accueil limité de la salle, deux étudiants du master « société et interculturalité » à l’Université de Guyane ont pu s’inscrire aux trois journées de séminaire: Roberto Reddy, stagiaire au Centre Régional de Ressources Kaleda à et Roseman Robinot, artiste plasticienne.

V. Bilan qualitatif et financier 1. Les résultats obtenus

Les objectifs fixés pour ce troisième séminaire ont été atteints puisqu’il a permis de : - réunir des professionnels du patrimoine et des professionnels expérimentés en matière

d’interculturalité et de méthodes participatives venus du plateau des Guyanes : le Brésil (Brasilia et Belém), le Suriname (Paramaribo et Moengo), le Guyana (Georgetown) et la Guyane (Régina, Cayenne, Kourou, Mana, Awala-Yalimapo, Saint-Laurent-du-Maroni) étaient représentés;

- actualiser les connaissances des professionnels du patrimoine du territoire sur un sujet particulièrement pertinent pour ses institutions : des cas concrets participatifs et interculturels ont été présentés ;

- échanger et débattre autour de questions telle que la propriété intellectuelle des arts et graphismes dits traditionnels, leur valorisation et transmission ;

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- présenter à un membre de la nouvelle équipe du Guyana National Museum le projet de coopération Musées d’Amazonie en réseau et ainsi de renouer des liens ;

- découvrir et visiter deux structures implantées dans la ville de Kourou : le Centre d’interprétation des roches gravées de la Carapa et le centre amérindien Kalawachi ;

- poursuivre le dialogue engagé depuis 2010 entre la Guyane, le Brésil et le Suriname, dans le cadre de ce projet ;

- motiver des collaborations entre les équipes présentes. Ce séminaire a souligné l’importance de la prise en compte des populations et la nécessité de leur permettre d’interagir avec les institutions culturelles. L’impact majeur des actions collaboratives et participatives dans un cadre interculturel a été largement mesuré. Plusieurs participants ont émis le souhait que le prochain séminaire permette d’exposer les résultats de projets menés collaborativement avec des invités présents. Nous pouvons en retirer tout l’intérêt que représente le projet de réseau des musées d’Amazonie.

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2. Retours des participants Lors de la synthèse, les rapporteurs ont proposés de résumer les trois jours passés par le mot participations, à la manière d’un acrostiche et en insistant sur le pluriel. Voici un tableau reprenant les commentaires et mots fournis par les participants à partir de ce même et unique mot.

P A R T I C I P A T I O N S

Partage Action Retour Territoire Implication Construc-tion

Intérêt Passage Associa-tion

Tension Illusion Oppor-tunité

Neutrali-té

Savoir -faire

Pratique Apprentis-sage

Réunion Temporali-té

Identité Compréhen-sion

Patience Adaptabili-té

Tansmédia Invitation Offrir Narration

Savoir -être

Passeur Représen-tation

Création Passeurs Accueil Transfronta-lier

Invention Numéri-que

Séduc-tion

Potentialité Rendez-vous

Communica-tion

Pédagogie Transmis-sion

Ingéniosité

Partenariat Réactivité Concept Partenariat Innovation

réseau

participações en portugais pour remplacer le « n» de neutralité par le « e » de engagement

« e » en portugais comme e-culture pour impulser le désir des jeunes à venir dans les musées

Les discussions engagées autour de ces mots, de ces conceptions du réseau, des actions et plus particulièrement de ce séminaire, ont permis de confronter les opinions. Le mot neutralité, par exemple, a fait réagir :

- Lucia Hussak van Velthem a suggéré de partir du mot en portugais participações pour effacer le « n » de neutralité » et le remplacer par le « e » de engagement qui lui semble plus approprié au projet ;

- David Redon a quant à lui souhaité conserver le mot neutralité en lui conférant une dimension positive et affirmer la nécessité de neutraliser les grands sachants au profit du crowdsourcing.

A l’issu des trois jours de séminaire, de nombreux participants sont revenus vers l’équipe organisatrice pour qualifier l’évènement de: - « riche en échanges et en brainstorming » ; - « instructif » ; - « Moment d’échanges intéressant » ; - « interactions entre musées et autres participants […] révélant des problèmes communs tels que le manque de ressources financières et de personnel dans les

musées» ; - « les échanges et interventions démontent la qualité du service fourni par les musées / artistes / chercheurs au sein du plateau des Guyanes » …

D’autres ont aussi déclaré « avoir été enrichis », avoir pu identifier et « mieux connaître le milieu culturel professionnel». .

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Ce séminaire est donc apparu comme une nouvelle occasion de confronter les conceptions des professionnels de musées, de la formation, des associations, des plasticiens… en partant d’expériences menées sur le territoire. Il a mis à nouveau en avant l’intérêt de travailler ensemble pour concevoir des nouveaux outils et surtout le désir de voir le réseau continuer à vivre. Madame Jean-Louis a souligné qu’il est « forcément un enjeu pour tous, très important pour le plateau des Guyanes». Effectivement, le réseau est un enjeu d’un point de vue collaboratif, financier, comme des possibilités d’accompagnement des projets sur le plateau des Guyanes. Marcel Pinas a aussitôt proposé que la prochaine rencontre des membres du réseau, sympathisants et aspirants, présente des projets réalisés avec un partenaire présent dans la salle. Une conclusion parallèle s’est imposée: bâtir et réaliser des projets participatifs dans un cadre interculturel demande du temps, de prendre son temps et d’accepter d’être patient. Lors d’une prochaine rencontre (table ronde, séminaire ou atelier, la question est ouverte), les participants ont proposé de se concentrer sur les moyens de travailler avec les populations autochtones et leurs instances. En effet, sur un même territoire, il y a différents moyens de travailler avec les populations, il serait par conséquent nécessaire d’échanger selon les points de vue du Brésil, du Suriname, du Guyana et de la Guyane.

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VI. Conclusion Comme les participants l’ont exprimé : ce séminaire a permis de confronter les expériences sur le territoire des différents acteurs de la culture et de ceux qui œuvrent avec et par le biais de la culture et du patrimoine. Il en ressort l’importance de travailler ensemble pour concevoir de nouveaux outils. Il a également montré les limites du participatif. En zone rurale très éloignée des pôles d’activités, dans un contexte social où la diversité n’est pas toujours présentée comme un atout et où le bénévolat a du mal à trouver un sens quand le taux de chômage est plus élevé que la moyenne nationale, l’implication des habitants dans des projets communs peut se révéler être très complexe à mettre en place. La motivation et l’extrême implication des acteurs culturels dans ce type de projet basé sur la participation des communautés locales peuvent conduire à une dérive du collaboratif et du participatif, à savoir le paternalisme. La notion de « participation » peut en être éprouvée et il faut être conscient des intérêts et des limites de cette méthodologie. Le participatif signifie “prendre part à”, il s’agit donc d’une action longue et progressive. Pour y parvenir, il faut s’inscrire dans une démarche de mise en relation, de connaissance de l’autre et de confiance réciproque. Le participatif est un processus qui implique un savoir-faire afin de permettre à tout le monde d’amener sa propre brique pour construire ensemble un ensemble ! D’ailleurs Nelson Mandela disait “Ce qui est fait pour nous sans nous, est fait contre nous”. Les institutions culturelles doivent s’inspirer de cette citation car le travail se fait trop souvent pour les publics sans les publics. Au final, cela peut s’avérer contre-productif. Il faut tendre vers une culture qui se fait en impliquant les gens, en les rendant acteurs et ainsi s’approcher d’une forme d’émancipation et de désaliénation des consciences. Le participatif nous plonge dans une nouvelle ère où les médiateurs deviennent des activateurs et des acteurs de mise en synergie, plutôt que des êtres de transmission de contenu. Mais ce changement de modèle n’est pas simple. En effet, co-construire est sans doute plus difficile que de produire seul. Cela pose également la question de la professionnalisation des acteurs de la culture. Mais le participatif, le décloisonnement et le travail dans l’universalité semble être une des clés pour faire avancer le monde culturel aujourd’hui. L’existence des Musées d’Amazonie en réseau prend tout son sens et permet de continuer à échanger et partager les expériences, à mutualiser les outils de médiation et de démocratisation culturelle, à progresser ensemble pour améliorer l’accès à la culture pour tous. Longue vie au réseau !

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Annexe 1 : programme

Démarche participative et interculturalité :

des enjeux pour le patrimoine

Séminaire d’actualisation des connaissances organisé dans le cadre du

projet de coopération Musées d’Amazonie en réseau

5 – 7 avril 2016

Informations pratiques

Le séminaire se tiendra à l’hôtel Atlantis de la ville de Kourou : Hôtel Atlantis Lac Bois du Diable 97310 Kourou 0594 32 13 00 www.kouratis.com

Contacts organisation : Marion DE GEYER : +594 5 94 31 41 72 - [email protected] Lydie JOANNY : +594 5 94 31 41 72 – [email protected]

Entrée libre sur réservation, dans la limite des places disponibles. Une manifestation organisée avec le soutien de la Direction des affaires culturelles de la Guyane, de l’Ambassade de France au Suriname et au Guyana, l’Ambassade de France au Brésil, de la Collectivité territoriale de Guyane, de la ville de Kourou et des musées du réseau.

Logo MDAF ?

Logo CNAMoengo

Ou pas de logo du tout ?

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Mardi 5 avril : Initiatives participatives : panorama territorial Modérateur : David REDON, Direction des Affaires Culturelles de Guyane, Cayenne

08h30 Accueil des participants

8h45-9h15 Ouverture du séminaire : discours de Mme Rolande CHALCO-LEFAY, 11ème

Vice-présidente de la Collectivité Territoriale de Guyane, déléguée à la culture, au patrimoine, et aux identités et de M. Paul LEANDRI, Directeur des Affaires Culturelles de Guyane

9h15-9h30 Introduction générale et présentation du programme: Marie-Paule JEAN-LOUIS, Musée des cultures guyanaises, Cayenne

9h30 -10h15 Collaboration with the community, Marcel PINAS, Contemporary Art Museum Moengo, Moengo

10h30-10h50 Politique culturelle de la commune d’Awala-Yalimapo. Jean-Paul FEREIRA, Commune d’Awala-Yalimapo

10h50- 11h10 Inventaire participatif du patrimoine culturel et Pays d’Art et d’Histoire des Estuaires Maroni-Mana. Josy JOSEPH, commune d’Awala-Yalimapo et Thomas MOUZARD, Direction des Affaires Culturelles de Guyane, Cayenne

11h25-12h10 Les expériences participatives et collaboratives de Chercheurs d’art, Patrick LACAISSE, Chercheurs d’art-CARMA, Mana

Déjeuner

13h30 -14h15 Centre Kalawachi – Amérindiens de Guyane. Jean-Pierre JOSEPH, Association Kalawachi, Kourou

14h30-15h15 Patrimoine et territoire : retour sur les cartographies en langues teko et wayãpi dans la commune de Camopi. Damien DAVY, Observatoire Hommes/Milieux « Oyapock », CNRS, Cayenne

15h30-16h15 Art et histoire Wayana et Aparai: projets culturels participatifs aux musées et aux villages. Alégria BENCHIMOL et Lucia HUSSAK VAN VELTHEM, Museu Paraense Emilío Goeldi, Belém

16h30-16h45 conclusion de la journée, David REDON

17h00 visite du Centre d’interprétation des roches gravées de la Karapa par Bérénice Valot, Ville de Kourou

Mercredi 6 avril : Valorisation des savoirs culturels, partage et transmission : les apports du participatif

Modérateur : Michel DISPAGNE, Laboratoire MINEA, Université de la Guyane, Cayenne

8h-8h45 Ateliers participatifs, un tremplin pour la transmission intergénérationnelle du patrimoine. Capitaine KAGO, Association Libi Na Wan, Kourou

9h00 -9h45 Activités perles en village amérindien sur le haut Maroni : retour d’expérience sur une démarche participative autochtone. Rachel MERLET et Janine OUEMPI, Association ADER, Cayenne

10h-10h15 pause

10h15-11h00 Karnacampus ou la transmission du patrimoine carnavalesque guyanais à l’université. Monique BLERALD, Laboratoire MINEA, Université de la Guyane, Cayenne

11h15 -12h00 Les voix de la ville, la mémoire orale au cœur du projet du Centre d'Interprétation de l'Architecture et du Patrimoine. Léa CASTIEAU, Service patrimoine-CIAP, Saint-Laurent-du-Maroni

12h15-12h30 Présentation de la Fédération des écomusées et des musées de société, Benoît POITEVIN, FEMS

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Déjeuner

13h30-14h15 Le centre de recherche Kibii wi Koni ou comment la participation favorise la transmission, Marcel PINAS et Donovan PRAMY, Fondation Kibii

14h30-15h15 Objets de musées - objets partagés : retours d’expérience. Florence FOURY, Centre Régional de Ressources Kaleda et Lydie JOANNY, Musée des cultures guyanaises, Cayenne.

15h30- 16h15 Problématique de réappropriation du patrimoine archéologique amérindien autour du projet de valorisation du site de Montravel. Evelyne SAGNE, Service de l’environnement, de la recherche et de l’éco-tourisme, Collectivité territoriale de Guyane, Cayenne

16h30-16h50 Approche participative sur la question de la gestion de la chasse au sein du Parc Amazonien de Guyane. Bertrand GOGUILLON, Parc Amazonien de Guyane, Rémire-Montjoly

16h50-17h15 Co-construction et réalisation de rencontres thématiques amérindiennes : l’exemple des rencontres transfrontalières wayãpi (Guyane/Brésil). Claire COULY, Parc Amazonien de Guyane, Rémire-Montjoly

17h30-17h45 conclusion de la journée

Jeudi 7 avril : Perspectives Rapporteurs : David REDON et Michel DISPAGNE

8h-8h45 Perspectives et politiques participatives pour la Maison des Cultures et des Mémoires de Guyane. Isabel NOTTARIS, Maison des Cultures et des Mémoires de Guyane, Collectivité territoriale de Guyane, Cayenne

9h00 -9h45 L'interculturalité comme facteur d'inclusion scolaire : l'exemple des arts amérindien, businenge et hmong. Isabelle HIDAIR, ESPE de Guyane, Cayenne

10h00-10h15 pause

10h15-11h00 Les outils mis en place et expérimentés par les Intervenants en Langue Maternelle. Patricia Tabournel, ESPE de la Guyane et Didier Maurel, Académie de la Guyane, Cayenne

11h15-12h30 Synthèse, conclusion. David REDON, Direction des Affaires Culturelles et Michel DISPAGNE, laboratoire MINEA, Université de la Guyane

Déjeuner

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Annexe 2 : détails des interventions Mme Rolande CHALCO-LEFAY a rappelé le fort engagement de la Collectivité Territoriale de Guyane, par l’action de son Président Rodolphe ALEXANDRE, qui a fait de la coopération et de la dynamisation des échanges politiques, économiques, culturels et sportifs avec le Plateau des Guyanes, l’une de ses priorités. Cette volonté est renforcée par le PO Amazonie, programme européen dont la CTG est autorité de gestion et qui a pour objectif majeur de contribuer à l’insertion de la Guyane dans son environnement régional, et de favoriser son développement et celui des pays limitrophes grâce à une coopération transfrontalière efficace et à des moyens de stratégie conjoints. Musées d’Amazonie en réseau s’inscrit pleinement dans cette démarche et Mme Chalco-Lefay se félicite de la dynamique mise en place depuis maintenant 5 ans. M. Paul LEANDRI a salué ce projet exemplaire de coopération entre les musées du plateau des Guyanes, qui remporte un vif succès depuis 5 ans. Ce programme permet de mieux connaître et de faire connaître les aspects communs des cultures qui caractérisent nos territoires d’appartenance. Après avoir rappelé les thématiques des deux dernières rencontres transfrontalières, il présente le thème de ce nouveau séminaire : la logique participative au cœur de la muséologie contemporaine. Nos patrimoines sont un formidable vecteur de mobilisation de nos peuples car la culture est au centre de la construction de nos identités particulières, partagées et spécifiques. Sur le plateau des Guyanes tout particulièrement, nous sommes invités à penser l’interculturalité et le plurilinguisme. M. Leandri rappelle que nous ne sommes pas que des conservateurs d’un patrimoine ancien mais bien des consolidateurs d’un patrimoine vivant. Nous visons l’appropriation de ce patrimoine vivant par nos publics qui ne sont pas seulement des visiteurs mais aussi des acteurs de nos musées. Les musées sont bien un lieu du lien social interculturel au service d’une valorisation d’un patrimoine commun. Il propose de se doter d’un comité scientifique pour bénéficier du regard externe de scientifiques. Pour conclure, M .Leandri invite les participants à poursuivre l’effort vers la professionnalisation, la mutualisation de nos connaissances, la consolidation de nos pratiques à l’échelle du plateau des Guyanes. Mme Marie-Paule JEAN-LOUIS a ensuite introduit le séminaire en rappelant l’historique et les objectifs du programme ainsi que les dernières rencontres. Ce nouveau rendez-vous met l’accent sur l’interculturalité et les initiatives participatives menées sur le plateau des Guyanes. La notion de participatif, aujourd’hui largement encouragée pour changer le rapport des musées avec leurs publics, recouvre un large panel d’actions et d’acteurs que ce séminaire propose de mettre en lumière. Les projets participatifs permettent-ils de mieux appréhender, de mieux comprendre et partager la culture de l’autre ? Peuvent-ils devenir un outil de cohésion sociale, de reconnaissance et de valorisation de l’interculturalité, un moyen efficace de diffusion des cultures et des patrimoines? A l’heure où les musées cherchent de nouveaux moyens pour fidéliser les publics et en acquérir de nouveaux, le participatif est devenu un véritable enjeu de médiation. Qu’en est-il pour notre territoire ?

Art et histoire Wayana et Aparai: projets culturels participatifs aux musées et aux villages. Mme Alegria BENCHIMOL a commencé en présentant un projet participatif sur la documentation de la collection aparai du Museu Paraense Emílio Goeldi (1915/1937). L’objectif de ce projet est l’étude de la documentation d’une collection aparai composée de 206 objets réunis par les allemands Otto Schulz-Kampfhenkel et Curt Nimuendajú. Les collections ethnographiques du musée constituent des sujets de recherche privilégiés pour les étudiants, chercheurs, artistes et conservateurs, mais aussi pour les peuples dont elles sont issues. Elles sont un terrain fertile pour la production de monographies, mémoires, thèses, livres et articles.

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Plusieurs disciplines sont également sollicitées pour l’étude de ce fonds : histoire, anthropologie, ethnologie, sciences de l’information, biologie, zoologie. Mme Lucia HUSSAK VAN VELTHEM a poursuivi par la présentation de deux programmes : un premier qui favorise l’accès aux documents et aux collections des musées aux populations amérindiennes et un second visant l’enregistrement et la documentation des répertoires musicaux de 6 sociétés amérindiennes. Ce programme d'inscription, de systématisation et de diffusion des savoirs est mené avec la participation directe des wayana et aparai, sur le long terme. Le projet rassemble 15 jeunes chercheurs amerindiens des villages : Suïsuimëne, Jolokoman, Kurupohpano, Bona, Murey, Maxipurimoh et Parahparah. Les thèmes choisis sont:

• production, transformation et consommation des aliments, • art graphique et savoir- faire technique: vannerie... • la mythologie, les rituels, • l´écriture de la langue.

La formation des jeunes chercheurs wayana et aparai se poursuivra au sein d´un nouveau programme: Plano de Gestão Territorial (Plan de Gestion du Territoire). M. Jean-Paul FEREIRA, maire de la commune d’Awala-Yalimapo a présenté la politique culturelle de la commune d’Awala-Yalimapo. Il a tout d’abord insisté sur le paradoxe que vit la communauté Kali’na entre la reconnaissance d’une culture millénaire, d’une occupation ancestrale du territoire français et la non-reconnaissance officielle de l’Etat français. 60% du budget communal est consacré à la politique culturelle, un choix assumé depuis 15 ans, qui permet de faire valoir leur patrimoine matériel et immatériel. M.Fereira rappelle certaines dates historiques qui ont forgé la particularité de cette commune, labellisée en 2013 « territoire d’art et d’histoire » par le Ministère de la culture. La mise en place d’une commission mixte, réunissant les chefs coutumiers, les représentants de la communauté et les élus de la municipalité, ainsi que la mise en place du Conseil de la Culture s’inscrivent dans la continuité de l’engagement à poursuivre cet effort de manière concertée, de contribuer à la reconnaissance de la culture amérindienne kali’na de Guyane, au travers de l’expérimentation originale menée sur le territoire de Awala-Yalimapo. M. Thomas MOUZARD a présenté le programme d’inventaire participatif de la commune d’Awala-Yalimapo comme une action collective menée sur 2 ans, qui comprenait plusieurs types d’opérations interdépendantes : - la documentation et l’inventaire - la formation et l’insertion professionnelle - l’écriture du dossier de candidature pour le label « ville d’art et d’histoire » - le projet scientifique et culturel d’un futur Centre d’Interprétation - l’animation culturelle Ce projet d’inventaire participatif s’inspire de l’Ecomuséologie (née dans les années 1970 et appliquant un processus de prise en charge de son patrimoine par une communauté sur un territoire donné). On oppose à la triade « Musée / Collections / Conservateurs », la triade « Territoire / Patrimoine / Communautés » pour atteindre un idéal de démocratie culturelle. La méthodologie était de se référencer à l’Inventaire Général mais le partenaire du projet, le service régional de l’inventaire fonctionne de manière topographique. La commune d’Awala-Yalimapo n’ayant pas de cadastre, cette méthode topographique n’était pas adaptée. La volonté de la commune était de faire émerger des compétences locales, d’où le recrutement de 4 jeunes et 2 anciens. Cette équipe de 6 personnes s’est lancée dans son propre réseau social de parenté pour collecter des informations et travailler sur différentes thématiques (se guérir, se vêtir, se loger, ses croyances, ses rites funéraires…). Ce processus est long et passe par la communication et la confiance.

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Mme Josy JOSEPH a elle présenté la politique culturelle de la commune dans le cadre du label « ville ou pays d’art et d’Histoire ». En décembre 2013, obtention du label Pays d’Art et d’Histoire attribué au Pays des estuaires Maroni-Mana, territoire transfrontalier de Guyane et du Suriname, représenté par la commune d’Awala-Yalimapo en partenariat avec le village de Galibi. En juillet 2014: signature de la convention Pays d’Art et d’Histoire entre l’Etat et la commune d’Awala-Yalimapo, qui formalise un partenariat pour 10 ans et un accompagnement financier pendant 5 ans, un soutien scientifique et technique pour la mise en place des axes structurants du projet culturel du Pays des estuaires Maroni-Mana. Mme Jospeh précise que le dispositif de coopération transfrontalière est un moyen de transmission et de partage. Le pays des Estuaires Maroni-Mana est le 1er Pays d’Art et d’Histoire transfrontalier extra-européen parmi les 184 VPAH7. Le projet culturel du Pays des estuaires Maroni-Mana est de prolonger et renforcer les acquis de la politique culturelle, en s’appuyant sur les savoir-faire et l’oralité qui restent des forces vitales à disposition, de faire connaître un patrimoine culturel encore trop méconnu pour développer une offre de qualité, de prolonger les partenariats, développer une coopération avec les institutions culturelles et administratives surinamaises, et surtout d’impliquer les acteurs associatifs et habitants. Un service de promotion et de valorisation de l’architecture et du patrimoine est créé en avril 2016 et une étude pour la création du Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine, la Maison des Estuaires, est lancée en partenariat avec le CAUE8. Programmation de promotion et d’animations culturelles: évènements culturels, participation aux journées nationales, rendez-vous du patrimoine Préfiguration du 1er projet transfrontalier, le projet pila, qui vise la sauvegarde d’un patrimoine culturel maritime. L’ambition est aussi de faire découvrir un art de naviguer, propre à un groupe de population et qui complètera le patrimoine de la Guyane, du Suriname et de la France.

M. Patrick LACAISSE a dressé un inventaire des expériences participatives et collaboratives de Chercheurs d’art. Il revient sur l’historique de l’association et du site. Cela fait 30 ans qu’il vit en Guyane. Il a expérimenté l’immersion complète comme source d’inspiration pour son art. Il a rencontré les artisans de la région de Mana (tailleurs, sculpteurs, constructeurs de pirogues, production céramique…) et de cette rencontre est née l’association « Chercheurs d’art ». Composée de 5 artistes au début, ils sont 150 aujourd’hui : enseignants, chercheurs en sciences humaines, ethnologues, anthropologues… Les écoles sont les premiers lieux d’exposition. Le Centre d’Art (le Carma) est inauguré en 1994. La manière « villageoise » d’aborder les choses se retrouve dans la scénographie. C’est un accrochage « comme à la maison » qui diffère de la muséographie classique. L’association a mis en place de nombreux ateliers scolaires où les cultures locales sont au cœur de la pédagogie. Les résidences d’artistes permettent la rencontre artistes / artisans locaux. L’ancrage territorial et social du Carma est très important. M. Lacaisse présente de nombreux projets participatifs et interculturels dont celui de « la route de l’Art » : 150 artistes et artisans, 50 sites, 1 ouvrage publié. L’objectif du Carma est aussi de désanonymiser ces arts « ethniques », ces arts « premiers », d’identifier les artistes locaux. Plus que le « participatif », M. Lacaisse parle de « collaboratif » pour son travail artistique avec les communautés. Centre Kalawachi – Amérindiens de Guyane. M. Jean-Pierre JOSEPH, Association Kalawachi, Kourou Le projet a pu se faire grâce à des financements européens et à des financements du CNES. L’association a embauché de jeunes amérindiens Rmistes de Kourou pour les aider à la construction du carbet. Ils ont d’abord commencé par une offre d’hébergement puis de restauration puis l’Ecomusée s’est monté et aujourd’hui ils ont même une offre de séjour (à la journée ou sur plusieurs

7 Villes et Pays d'Art et d'Histoire

8 Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement

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jours). M. Joseph se positionne en professionnel du tourisme et parle de « produits ». Il évoque son besoin de clientèle pour obtenir des recettes. En effet, ils sont autonomes dans leur fonctionnement. Grâce à la proximité du CNES, de nombreux touristes viennent (lors des lancements de fusées). Ils reçoivent aussi les scolaires qui viennent de toute la Guyane pour découvrir la culture amérindienne. Ils manquent de temps et de moyens pour former des médiateurs culturels.

Patrimoine et territoire : retour sur les cartographies en langues teko et wayãpi dans la commune de Camopi. M. Damien DAVY, Observatoire Hommes/Milieux « Oyapock », CNRS, Cayenne. Ce projet a été mené en collaboration avec les habitants teko et wayãpi et les agents du PAG9, sur une durée de 4 ans (2009-2013) en s’appuyant sur 40 ans de travail anthropologique. On peut parler de « géo-histoire », une histoire inscrite dans le territoire. Les villages amérindiens ont gardé la mémoire des lieux : ils sont dépositaires de cette mémoire. Quand l’IGN10 décrit une douzaine de toponymes, les teko eux en ont une trentaine pour le même territoire. L’IGN écrit ses cartes en français et l’objectif de ce projet est de faire accepter qu’en Guyane il existe des zones où il n’y a pas de toponymie en français mais uniquement en langues teko ou wayãpi. Ce sont certes des langues « minoritaires », au même titre que le breton, le créole ou le basque mais elles sont tout de même reconnues comme « langues de France ». Une forte demande des populations pour la réécriture des cartes en langues teko ou wayãpi est constatée. Le projet commence par le recensement puis la correction et la mise à jour des relevés anciens. L’équipe effectue des relevés de terrain avec des Teko et Wayãpi permettant un géo-référencement de tous les toponymes. Des réunions participatives sont organisées sur des cartes intermédiaires avec les anciens et les chefs coutumiers, avant de concevoir des cartes de travail avec les géomaticiens du PAG. Puis l’équipe retourne sur le terrain pour des corrections et ultimes ajouts. On arrive à la production et à la diffusion de ces cartes qui seront régulièrement actualisées (co-gestion PAG-CNRS). L’analyse linguistique des toponymes permet de savoir ce qu’ils disent :

• Criques, sauts, villages, lieux-dits, monts, bassins, anciens villages… • Témoins d’épisodes mythiques (Caz calé ou Yeloikeae…) • Mémoire historique (anciens villages amérindiens, mais aussi créoles) • Des lieux magiques (takulu tsĩng…) • Témoins d’anecdotes récentes • Des références à la présence de végétaux et d’animaux

Ces cartes offrent un moyen aux habitants de Camopi de consigner leurs savoirs historiques et géographiques. Elles permettent la transmission de la mémoire aux jeunes générations. Elles peuvent également servir d’outils pour faire valoir les droits fonciers et d’usages. Enfin, ces cartes apportent une meilleure connaissance commune de cette partie de la Guyane et sont utilisées par le PAG, l’ARS11… Ces cartes seront suivies d’ouvrages didactiques. Conclusion de la journée par M. David REDON, modérateur. Une question s’est fait jour : un public acteur mais quel bénéfice pour ce public ? Pour l’institution muséale elle-même ? Pour le territoire ? Ces démarches participatives s’inscrivent dans un renouveau des institutions muséales, dans une volonté générale de mieux redéfinir les politiques culturelles, de mieux associer la société civile aux projets patrimoniaux.

9 Parc Amazonien de Guyane

10 Institut National de l’Information Géographique et Forestière

11 Agence Régionale de la Santé

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Les populations du plateau des Guyanes sont dans une situation complexe sur un plan politique : des appartenances multiples dans un cadre républicain qui a du mal à bouger au regard de la diversité culturelle. Ce cadre complexe rend cette notion de participatif délicate. On note un engagement social des musées, un rôle social du Patrimoine. Les lieux de patrimoine deviennent des outils de développement social. La participation encourage l’émancipation du public. Celle-ci peut se faire par une autonomisation des publics dans leur rapport au patrimoine. Apparaît une réappropriation des moyens de transmission et du partage des savoirs dans un principe de connaissance / reconnaissance. Le lien participation / patrimoine vivant fait sens : rendre vivant le patrimoine, faire vivre les collections font partie des missions des musées. Documenter une collection d’hier avec les populations d’aujourd’hui pour leur donner du sens. A l’échelle des territoires, on peut parler d’une approche économique: multiplication des partenaires, multiplication des financements (par exemple le crowfounding), création d’emploi culturel (art, tourisme, hébergement…) et développement de la formation professionnelle dans le secteur culturel, association des acteurs locaux aux grands projets patrimoniaux (chantiers-écoles)… La notion de « contre-culture » a été abordée : on note une inadaptation des normes françaises aux lieux du patrimoine expérimentaux, l’indivisibilité de la République face à la diversité culturelle. C’est pour cela que la participation peut engendrer de nouvelles formes de transmission. Bibliographie recommandée :

- Serge Chaumier : http://sergechaumier.blogspot.com/ - Joëlle Le Marec : http://joellelemarec.fr/ - Hugues de Varine : http://www.hugues-devarine.eu/

Structures ressources : - La FEMS : http://www.fems.asso.fr/ - L’OCIM : http://ocim.fr/

Visite du Centre d’Archéologie Amérindienne de Kourou Kalapa (CAAK) par Mme Bérénice VALOT. La visite s’effectue en trois parties :

- Une exposition permanente présente l’origine des civilisations amérindiennes ainsi que leurs modes de vie liées à l’habitat et à l’artisanat. Découverte de l’art rupestre et des méthodes de l’archéologie.

- Un espace dédié aux expositions temporaires : lors de notre visite, il s’agissait d’une exposition sur les chauves-souris.

- Un carbet situé après les bâtiments d’exposition, marque l’entrée dans l’espace protégé au titre des Monuments Historiques

Le site des roches gravées de la Carapa comprend 5 bancs rocheux émergeant au milieu d’un secteur marécageux nommé localement « pri-pri ». Trois sortes de tracés rupestres peuvent être distinguées : les gravures figurées, les cupules et les polissoirs. Le site est connu dès 1775 – au vu de la date gravée à même la roche – figure ensuite sur un relevé cadastral en 1904. En 1992, il est localisé par le service régional de l’archéologie de Guyane et classé aux Monuments Historique en 1993. Le CAAK a été inauguré en 2014. Ateliers participatifs, un tremplin pour la transmission intergénérationnelle du patrimoine. Le Capitaine KAGO et son assistante Mme Nicole WALIKE ont présenté l’association Libi Na Wan et les ateliers participatifs menés dans son cadre comme des tremplins pour la transmission intergénérationnelle du patrimoine. L’association a été créée en 1994 et a pour but de promouvoir l’art bushinenge et de permettre une transmission des savoir-faire traditionnels. Libi NaWan comprend 22 stagiaires et 4 formateurs. Ils ont recruté des personnes éloignées de l’emploi (chômeurs de longue durée, bénéficiaires du RSA, jeunes de la Mission Locale de Kourou…) Il y a eu des chantiers-écoles permettant à des jeunes de devenir par la suite sculpteurs. Actuellement,

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l’association est porteuse de 2 chantiers d’insertion : 1 sur la menuiserie avec 12 salariés et 1 sur les techniques constructives dans le bâtiment avec 10 salariés. L’association a également une salle d’exposition, propose des ateliers et a publié un ouvrage sur l’art bushinenge et leur savoir-faire traditionnel. Une gazette est régulièrement diffusée pour promouvoir l’association au sein du village et pour valoriser le village saramaka auprès des habitants de Kourou. Les participants posent la question de la protection et des droits de la propriété intellectuelle. Un débat s’en suit sur le partage, la transmission d’un côté et la protection, la valorisation de l’autre. Avec Internet et les réseaux sociaux, les motifs bushinenge peuvent être diffusés très rapidement. Il faut se méfier de l’exploitation commerciale sans accord ni convention avec l’association. Un artiste peut s’inspirer d’une œuvre mais pas la copier, d’où l’importance de la protéger. Une autre vision est proposée : la diffusion, la commercialisation, la réappropriation de l’art tembé par exemple peuvent être perçues comme positif pour la culture des noirs-marrons. Elle circule, elle vit, elle se développe : ça évite de la figer, de la perdre. Marcel Pinas donne l’exemple de sa fondation d’art contemporain : au lieu d’enfermer la culture marron dans un musée où peu de gens se rendent, il préfère la réutiliser dans la vie quotidienne. Il souligne par ailleurs l’intérêt qu’elle soit reprise ailleurs dans le monde. L’association Libi Nawan et la fondation de Marcel Pinas proposent de travailler ensemble, d’échanger et de s’inspirer l’un de l’autre. Trop de protection peut aussi être contraignant : risque de figer l’art, d’empêcher la transmission et le développement. La question des droits d’auteurs se pose : qui va recevoir l’argent ? C’est un art qui appartient non pas à un artiste mais à toute une communauté. Activités perles en village amérindien sur le haut Maroni : retour d’expérience sur une démarche participative autochtone. Mme Rachel MERLET et Mme Janine OUEMPI, Association ADER, Cayenne L’association Action pour le Développement, l’Education et la Recherche (ADER), créée en 2009, soutien, développe et coordonne des stratégies de promotion du bien-être, de prévention du suicide et d’accès aux soins afin d’assurer le vivre mieux des habitants des villages du haut Maroni tout en respectant la culture et l’identité. L’association essaye d’être à l’écoute des besoins exprimés et d’adapter les connaissances et les expertises. Dans ces échanges, est apparu le besoin pour des femmes d’Antécume Pata et de Kayodé de refaire des activités perles. Il s’agit d’impliquer les femmes dans les différentes étapes et activités du projet, de favoriser le développement de ressources individuelles et sociales (ex : confiance et estime de soi et lien social) comme la transmission intergénérationnelle, de valoriser les connaissances et les compétences individuelles et collectives, de sensibiliser aux problématiques locales notamment en santé. Cet atelier se veut inter et trans-générationnel et être un lieu d’échange et de partage des savoirs et savoir-faire ainsi qu’un lieu d’écoute et de parole. Il est avant tout animé et porté par les femmes qui sont accompagnées par une médiatrice d’ADER et une personne- ressource du groupe. Il concerne une vingtaine de femmes de 16 à 30 ans vivant dans les villages amérindiens d'Antécume Pata et de Kayodé et notamment des femmes en souffrance psychique, mais aussi des femmes personnes ressources et reconnues comme telles. Ces femmes maîtrisent et/ou s’intéressent entre autre à l’art du tissage et de la perle et souhaitent échanger et partager autour de ces activités. Les principes fondamentaux du projet sont :

- La participation - La démarche ascendante - L’entente partenariale : L’objet d’une entente est de clarifier les modalités de collaboration

ainsi que les attentes et les engagements mutuels des deux parties. Elle repose sur 4 principes directeurs fondamentaux que sont les PCAP (Propriété, Contrôle, Accès et Possession)

- La santé communautaire / le bien-être - « Empowerment » (Processus qui confère aux populations le moyen d’exercer un plus grand

contrôle sur leur propre santé)

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Le groupe de femmes a participé au marché artisanal de Maripasoula en juin 2015 pour exposer et vendre leurs productions de perles.

Karnacampus ou la transmission du patrimoine carnavalesque guyanais à l’université. Mme Monique BLERALD, Laboratoire MINEA, Université de la Guyane, Cayenne L’association a été créée en 2015 et a pour but l’inscription au patrimoine immatériel de l’UNESCO du personnage du Touloulou. Le concept du carnaval présent sur le campus de l’université existe depuis 1996. Il s’inscrit officiellement dans la programmation annuelle de l’université, participe aux enseignements sous la forme de travaux pratiques dispensés dans le cadre du département des Lettres Modernes. Il s’appuie sur le programme de recherche « Mémoire vivante des cultures guyanaises » développé au sein du laboratoire CADEG. Cette pratique avant-gardiste n’est pas toujours bien perçue : perception des collègues enseignants, regards des étudiants pas toujours en phase avec le carnaval, réticences sur la musique, refus par rapport à certaines conceptions religieuses, contraintes administratives, juridiques et financières… Il y a un travail de transmission à faire. L’approche méthodologique est pluridisciplinaire : littéraire, historique, artistique, anthropologique, géographique… Une réflexion est menée avec l’Ecole Supérieure de Professorat et de l’Education (ESPE) sur la pratique didactique ou ethno-éducationnelle. Des questionnements se font sur le fondement historique du carnaval, la disparition des chants de rue, l’évolution des costumes, la perte de l’anonymat, l’apparition du Tololo, les enjeux économiques et touristiques… Karnacampus permet de multiplier les partenariats avec d’autres institutions culturelles : le Musée des cultures guyanaises, la DAC, la CTG, le MUCEM de Marseille et d’autres musées, d’autres universités travaillant sur le carnaval (au Canada, en Louisiane…)… Dans le cadre de l’Observatoire Régional du Carnaval, la caravane Karnacampus est passée dans toutes les communes pendant le carnaval et a recueilli 6700 signatures. Tout doit être terminé fin 2017-début 2018. Les voix de la ville, la mémoire orale au cœur du projet du Centre d'Interprétation de l'Architecture et du Patrimoine. Mme Léa CASTIEAU, Service patrimoine-CIAP, Saint-Laurent-du-Maroni Le CIAP a ouvert en janvier 2015 et a pour objectif de valoriser et restaurer le patrimoine, initier et sensibiliser les habitants. Il diffère d’un musée, c’est plus une porte vers la ville, un outil de médiation vers les habitants. Pour bien comprendre le contexte de création du CIAP, Mme Léa Castieau fait une présentation historique de la ville :

- L’avant-période coloniale : implantation de villages semi-sédentaires ; - La période carcérale (1854-1953) : l’administration pénitentiaire va construire la ville et la

diviser en quartiers (le quartier officiel, le quartier carcéral et le village colonial pour la réinsertion des forçats). En parallèle à cette période du Bagne, on a la ruée vers l’or : Saint-Laurent devient une base avancée pour atteindre les placers du Maroni. Cette ruée vers l’or amène une vie civile avec différents corps de métiers qui s’installent.

- Fin du Bagne : en 1953 la commune pénitentiaire devient une commune comme les autres avec un maire et des élus. Le départ des forçats rassure les populations autochtones et entraîne l’installation des amérindiens et des noirs-marrons.

- La guerre civile au Suriname entraîne un exode massif de réfugiés : 12 000 personnes s’installent dans la ville et dans des camps de réfugiés. La ville s’étend à la périphérie mais ces quartiers initialement pensés provisoires n’ont pas accès à l’eau ou à l’électricité. La ville est difficile à maîtriser et connaît un retard de développement urbain dans les années 1990. La population ne cesse de croître : 3019 en 1962, 13 616 en 1990, 34 149 en 2007, 55 000 en 2016 et plus de 140 000 en 2035. Le centre-ville est peuplé de créoles, asiatiques, métropolitains. Il concentre les services, les commerces et l’administration. L’aménagement urbain est dégradé. La population est très jeune (50% a moins de 25 ans), en grande précarité (50% des plus de 15 ans est sans emploi). Aucune usine ou entreprise ne s’est installée : la ville est dépendante de Cayenne pour

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l’approvisionnement et l’administration. De plus, une économie informelle voit le jour avec le Suriname (à Albina). La précarité engendre un sentiment de repli et d’exclusion. C’est dans ce contexte particulier qu’il a fallu créer le CIAP. C’est en 2007 qu’une collecte d’archives orales est mise en place. Le but est de connaître le passé des Saint-Laurentais, de se souvenir, de valoriser les langues locales et la parole de ceux qui n’ont pas accès à l’écrit. 70 entretiens sont menés par 17 bénévoles qui ont été formés pendant une semaine par David Redon de la DAC12. Le CIAP a réussi à avoir un panel de témoins variés (âge, communauté, sexe, histoire…) Cette collecte de témoignages étant très chronophage, l’idée de l’habitant enquêteur est arrêtée. Le CIAP fait finalement appel à des professionnels pour la captation, la traduction, la transcription, l’archivage, le montage… L’exposition se tient dans la case 11 qui est une ancienne cellule collective où dormaient 70 forçats et qui a été transformée en 1863 en cellules individuelles : dans chaque cellule on trouve un témoin. Les cellules se composent de portraits photos fait par David Damoison, de captation sonore, d’objets données par les témoins. Les témoins ont tous été d’accord pour donner leur témoignage comme participation à la mémoire collective mais se mettre en scène a été plus compliqué pour eux. Les autres cellules inoccupées sont réservées à la restitution des artistes en résidence. Cela permet de faire du lien entre le patrimoine et l’art contemporain. Dans les outils pédagogiques, le CIAP propose des audio-guides fait par « les Voix de la Ville » dans lesquels les habitants racontent leur ville. Depuis 2013, un service éducatif en partenariat avec le Rectorat, propose au jeune public la collecte orale comme outil de médiation. Plusieurs projets sont présentés : « Faisons parler notre histoire », « Femmes de Guyane »… La fréquentation du CIAP pour cette 1ère année a été de 15 000 personnes. Le défi est de s’assurer que le lien créé avec les habitants perdure et d’adapter le projet à l’évolution de la ville. Un programme de recherche sur l’histoire contemporaine (par exemple sur la guerre civile du Suriname) est mis en place dans cette optique.

Présentation de la Fédération des écomusées et des musées de société (FEMS), M. Benoît POITEVIN. La FEMS est un réseau d’établissements innovants à but non lucratif impliqués dans l’économie sociale et solidaire et le développement local. Ce réseau fédère des structures existantes ou en préfiguration plaçant l’homme et le territoire au centre de leur projet et s’intéressant aux faits de société tels que l’évolution du monde rural, les cultures urbaines, la recomposition des territoires, le développement durable … L’écomusée allie trois composantes (Population - Territoire - Temps) et sa mission est d’être le reflet de leurs interactions passées, présentes et futures. Ses collections sont composées de biens immobiliers, mobiliers, fongibles et immatériels. L’objet est un témoignage des pratiques et des modes de vies. Il est le témoin d’une culture, d’une activité - industrielle ou artisanale. Les musées dits de société sont apparus au cours des années 1990 dans la terminologie culturelle. Ils ne se veulent alors ni de nouveaux musées ni les conservatoires de ce qui serait un nouveau patrimoine. Ils désignent l'ensemble de ce qui s'intitule, en France, écomusées, musées d'Arts et Traditions Populaires, musées d'Ethnographie, d'Histoire, d'Industrie ou musées de plein air. Plus que centenaires pour certains (Musée breton, Quimper) ou en préfiguration (Maison des Cultures et des Mémoires de la Guyane), ces lieux composent un panorama infiniment varié de la mémoire collective. En 2004, le réseau s’ouvre aux musées de synthèse, centres d’interprétation et toute autre institution de valorisation patrimoniale à but non lucratif ayant l’homme et le territoire pour objet quel que soit leur statut ou leur situation (existants ou en préfiguration).

12

Direction des Affaires Culturelles

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Aujourd’hui, 123 membres soit 169 structures (écomusées, musées de société, centres d’interprétation) composent le réseau. La FEMS se positionne aussi comme :

- un organe de représentation ; - une plateforme de travail collaboratif ; - un organisme de formation agréé ; - un centre d’expertise.

La FEMS est le premier et seul réseau national qui a été missionné et agréé par un Etat pour mettre en place et gérer un processus de qualité pour les lieux de visite. La FEMS en Guyane comprend aujourd’hui l’Ecomusée Municipal d’Approuague Kaw et le Musée Alexandre-Franconie. Elle espère pouvoir mettre en place un réseau de sites dans toute la Guyane.

Collaboration with the community, M. Marcel PINAS, Contemporary Art Museum Moengo, Moengo M. Marcel Pinas présente son Musée d’Art Contemporain de Moengo, la manière dont il utilise l’art et la culture pour le développement de sa communauté et les projets collaboratifs réalisés. Il insiste sur l’importance de la collaboration entre les partenaires à niveau égal et sur la participation de la communauté. Dans la communauté où vous travaillez, il faut obtenir les bonnes informations pour comprendre les besoins de la communauté. Avant de lancer un projet, on se pose ces deux questions :

- Quel est l’objectif du projet ? - Est-ce que le résultat correspond à des besoins de la communauté ?

En dehors de la communauté, les répercussions des projets touchent les finances, l’éducation et le réseau. Marcel Pinas présente plusieurs projets participatifs : le projet Marowijne qui a commencé en 2001 et le projet Moiwana. Les artistes travaillant à Moengo sont inspirés par la culture marron, retournent à la source pour la collecte d’informations, travaillent avec les habitants, conservent les traditions et vivent eux-mêmes dans la communauté. Le Centre essaye d’identifier les besoins de la communauté qui a souffert de la guerre civile :

- la criminalité a augmenté ; - crise d'identité ; - chômage ; - discriminations ; - stigmatisations.

En travaillant sur les besoins de la communauté, on a rencontré des difficultés : - les habitants ne savent pas ce qu'ils veulent ; - ils ne savent pas qu'il y a un problème. La situation est très complexe et nécessite de travailler avec la communauté en utilisant sa propre histoire. D’autres projets participatifs sont présentés :

- Le TAS (Tembe Art Studio) ; - Une installation de chaussures ; - Des installations d'art dont des œuvres d’art en plein air.

Le centre d’Art Contemporain de Moengo a aménagé un restaurant (le Masanga) et des centres de formation (Moengotapoe, Olivia-Olo, Ricanau-Mofo). Il propose également du mobilier design à la vente et essaye de développer une offre touristique. Les difficultés rencontrées sont essentiellement dûes :

- aux influences politiques (les politiques ne comprennent pas l’intérêt de collaborer) ; - aux influences de l'Église (les disciples ne sont pas autorisés à participer à des activités) ; - au manque d’intérêt dû à la méconnaissance.

Le Centre a initié plusieurs festivals : le Festival de musique de Moengo, le Festival de Théâtre et Danse de Moengo et le Festival des arts visuels de Moengo. Ce dernier a permis de former 750 enfants et 20 artisans. Il proposait 80 ateliers avec la participation de 12 artistes locaux, une peinture

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de rue de 600 mètres, 4 lieux d’exposition, 52 artistes internationaux, 2 jours de séminaire, 30 stands de nourriture et 35 représentations. Ce festival a accueilli 12 000 visiteurs. Les projets collaboratifs et participatifs entre la communauté et le centre ont des effets positifs sur les habitants :

- la reprise de confiance en soi ; - la réappropriation de la culture ; - l’apprentissage de l’organisation ; - le goût du succès ; - le partage ; - le fait de gagner de l'argent avec la culture.

La communauté peut s’exprimer à travers le centre d’art contemporain qui participe au développement de celle-ci, à son bonheur et à sa durabilité. Les objectifs futurs du Centre sont la création d’un studio d’enregistrement, la formation et le recrutement de techniciens locaux, l’enregistrement de la musique et des spectacles sur le festival, l’aménagement d'un espace de répétition extérieur pour le théâtre et la danse, permettre l’accès aux répétitions et développer des compétences locales. Le prochain Festival de musique de Moengo (en 2016) durera 3 jours et aura plus de 50% de musiciens locaux. Grâce aux fonds Prince Claus, le Centre va pouvoir améliorer la formation des employés, développer le programme du musée et la gestion des collections, proposer un programme de résidence et anticiper le prochain Festival de Moengo. Le centre de recherche a pour but la conservation et le transfert des connaissances de la communauté. Le centre de recherche Kibii wi Koni ou comment la participation favorise la transmission, M. Donovan PRAMY, Fondation Kibii Pourquoi ce centre de recherche existe ? C’est la partie la mieux préservée de l'Afrique en dehors de l'Afrique. Il permet d’éviter la perte de connaissance des traditions authentiques et de promouvoir l’auto-identité noir-marron. Kibii wi Koni préserve les traditions culturelles authentiques des Marrons, en augmentant la prise de conscience de leur valeur auprès des jeunes générations et en rendant leur culture plus accessible à un plus large public. L’objectif est de devenir un centre d'excellence dans le domaine de la conservation du patrimoine matériel et immatériel de la culture marron grâce à la recherche, la formation et l’expertise. Le centre va développer la recherche, les archives et va s’engager dans le conseil et l’éducation. L’impact de ses actions se traduit par : - le développement d’une culture qui symbolise la survie ; - la capacité de transmettre cette culture aux nombreuses générations suivantes ; - des études pourraient être utilisées en tant que références ; - se poser en exemple pour les autres pays ; - Contribuer au plan stratégique de l'UNESCO. Plusieurs partenaires (Prins Claus Fonds (Hollande), le ministère de la Culture au Suriname, Celos (Suriname), Suralco (Suriname), VUB) soutiennent le centre. L’équipe est composée de professionnels :

- Alex van Stipriaan (historien et restaurateur) ; - Thomas Polime (anthropologue noir-marron) ; - Olivia Cuncha (anthropologue au Brésil) ; - Tom Vanwing (Professeur à Vrije Universiteit Brussel).

Le centre a pour projet de monter des Programmes d'échanges et une Université de Moengo. “Foo na wataa fu dingi, fa sa gi dokisie wataa fu wasi sikin?”

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Objets de musées - objets partagés : retours d’expérience. Mme Florence FOURY, Centre Régional de Ressources Kaleda et Mme Lydie JOANNY, Musée des cultures guyanaises, Cayenne. Le projet « Objets de musées-objets partagés » est né de la rencontre du centre de ressources Kaleda avec le musée des cultures guyanaises et le musée Alexandre-Franconie lors du précédent séminaire organisé dans le cadre de Musées d’Amazonie en réseau. Ces trois acteurs ont collaboré avec quatre groupes d’adultes en formation de base à Apatou, Saint-Laurent-du-Maroni, Kourou et Cayenne dans le but de les former à travers un projet patrimonial. Les participants ont reçu en parallèle une formation en français valorisant leurs savoirs et leurs langues et une initiation à la muséologie. Il a s’agit lors du premier semestre d’identifier des objets patrimoniaux, de composer une collection, d’apprendre à l’inventorier à la manière d’un professionnel de musée et lors du second semestre de documenter des objets de collections appartenant aux musées pour finalement réaliser une exposition itinérante. Cette intervention a montré le lien entre l’alphabétisation et le patrimoine culturel, la base commune de leur démarche envers et avec les publics puis comment s’est déroulé le projet jusqu’à la présentation des résultats. Problématique de réappropriation du patrimoine archéologique amérindien autour du projet de valorisation du site de Montravel. Mme Evelyne SAGNE, Service de l’environnement, de la recherche et de l’éco-tourisme, Collectivité territoriale de Guyane, Cayenne. Le législateur a dévolu aux Départements et donc maintenant à la CTG plusieurs compétences stratégiques dans le domaine de l’environnement : la valorisation des espaces naturels et des sentiers de randonnée. Bien des sites "naturels" en Guyane témoignent de la dynamique présence de peuples amérindiens , comme par exemple à Rémire-Montjoly :

- Le Mont Mahury-Montagne à colin (Roches Gravées, hâches, poteries et peut être montagne couronnée) ;

- Le sentier Mondélice-Vidal : histoire de l'esclavage et passé colonial : traces archéologiques d'un village amérindien et vestiges de 2 à 3 habitations coloniales.

De nombreux sites patrimoniaux sont également présents à Rémire-Montjoly : - 51 vestiges amérindiens : 31 sites d'habitats amérindiens ;

11 roches gravées ; 9 polissoirs ;

- 20 habitations coloniales. Dans certains villages importants, on a retrouvé des tessons de céramiques, des ateliers de polissage et des pétroglyphes. Une montagne couronnée a également été localisée à Rémire. Les sites d’habitat des populations amérindiennes sont localisés dans divers lieux : - Les cordons dunaires côtiers : par exemple l’Anse de Chemin, les Ames Claires, la Plage de Montravel … ; - Les berges du Mahury : par exemple les rives près du Dégrad des Cannes … ; - Les sommets des collines ou monts en position stratégique défensive ou dominante : par exemple la Montagne à Colin, le Mont Cabassou, la Montagne de Mahury, le Morne Coco, le Mont Caïa, le Site à fossé du Mahury,..... Des zones funéraires ont également été mises au jour. La plus ancienne datation au radiocarbone relevée sur la commune de Rémire date autour de 1000 ans avant notre ère. Pour le territoire de Rémire-Montjoly, les résultats d’analyse radiocarbone attestent d’une importante occupation de cette zone littorale du début de notre ère jusqu’à la Conquête française (1664-1672). Les amérindiens ont longtemps résisté à l’invasion des français dans ce secteur. Des résistances amérindiennes à la disparition de la présence amérindienne sur Rémire-Montjoly : les spécialistes ont dénombrés plus 74 ethnonymes en Guyane. Selon les estimations de 20 000 à 50 000 amérindiens vivaient là avant l'arrivée des colons. Plusieurs batailles ont eu lieu de mai à juillet 1653 et le départ des français date du 14 décembre 1653.

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Les résistances à Rémire-Montjoly (1643/1653) se sont concentrées à Bimon, Taoua, Apoto, Trompette, Noury... Le site Mondelice-Vidal est un exemple de réappropriation par le public. Le service environnement souhaiterait en faire un concept de “site mémoriel”. Aujourd’hui, malgré les 200 ans d’histoire de l’esclavage, il n’existe aucun site mémoriel sur l’esclavage en Guyane. Le parcours du site Mondelice-Vidal est né d’une élaboration participative et a été inauguré en juin 2015. Le projet de Montravel comporte :

- des enjeux écologiques (espèces endémiques, paysage extraordinaire, géologie inédite) ; - des enjeux patrimoniaux (archéologie amérindienne avec les polissoirs et poteries, les

vestiges de la période coloniale avec un projet de maison des gouverneurs) ; - des enjeux sociaux : valorisation de la présence amérindienne.

Ce site accueille 7000 à 8000 visiteurs par an (site actuellement fermé). Le projet consisterait à construire un chalet d’accueil, des espaces d’exposition (archéologie amérindienne /histoire coloniale), une terrasse couverte, une boutique, un bureau, un local gardien, une buvette et des équipements d’interprétation pédagogiques comme des panneaux, des bornes ou des expositions ( sur la flore, faune, géologie, archéologie amérindienne, histoire coloniale,…), des passerelles dans les arbres, une aire de pique-nique, un mini-accrobranche, un espace ludique et un parking. Pour animer le site, des ateliers seraient proposés au public, comme par exemple un atelier vannerie animé par un amérindien. Ce projet demande une dynamique de réappropriation. Pour cela, un travail autour de représentations positives est en cours. La valorisation des sites est un atout pour la participation du public et la préservation. L’appui des partenaires institutionnels est nécessaire. Les espaces naturels et les sentiers de randonnées sont propices à une réappropriation dynamique et ludique, complémentaire aux musées. Approche participative sur la question de la gestion de la chasse au sein du Parc Amazonien de Guyane. M. Bertrand GOGUILLON, Parc Amazonien de Guyane (PAG), Rémire-Montjoly. La Guyane est un territoire multiculturel avec une interpénétration entre le périmètre du PAG et les territoires de vie des habitants. Cette particularité amène tout naturellement à faire du participatif. La charte du PAG met au cœur de son dispositif la prise en compte et l’implication des populations locales pour adapter les politiques publiques. C’est une co-contruction avec deux mondes différents qui se rencontrent : un mode occidental avec un outil de gestion étatique (même si une gouvernance locale) et sa vision de la protection de la nature face à des populations locales qui ont une toute autre perception de la nature. Le défi est donc de réussir à protéger la nature tout en veillant au respect du mode de vie des habitants et à la sauvegarde d’un patrimoine naturel. Le projet a débuté en 2009 en s’appuyant sur différents partenaires (OHM-CNRS13, ONCFS14 et les communautés d’habitants) avec pour objectifs de connaître:

- les besoins en gibier (nourriture, culture, cultes) ; - les pratiques de chasse (saisonnalité, effort de chasse…) ; - les modes de gestion coutumiers des types de chasse ; - l’état des populations de gibier.

Il faut conjuguer les réalités et les attentes du territoire avec les missions du PAG. La chasse est une pratique nécessaire pour se nourrir (subsistance) mais est aussi une pratique liée à la culture et aux rites cultuels pour les communautés locales. Les missions du PAG sont d’assurer la préservation de l’environnement, la conservation des espèces, de faire appliquer la réglementation, tout en préservant et valorisant les pratiques culturelles.

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Observatoire Hommes-Milieux – Centre National de la Recherche Scientifique

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Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage

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Le PAG recherche des solutions garantissant la préservation des espèces et l’équilibre écologique en respectant les modes de vies des populations et assurant la durabilité des pratiques de chasse. L’approche participative s’avère fondamentale pour ce projet. Un vaste dispositif basé sur des enquêtes et des groupes de travail est mis en place, avec un objectif de connaissances partagées et de sensibilisation des acteurs en présence (scientifiques, gestionnaires, populations) à leurs attentes réciproques. Des agents du PAG issus des communautés, ainsi que 22 enquêteurs recrutés sur l’ensemble du territoire ont pu recenser plus de 650 chasseurs et plus de 5000 chasses. C’est la plus grosse base de données sur la chasse dans toute l’Amérique du Sud. Cette participation s’est faite grâce à la confiance acquise en étant dans une animation constante et dans une transparence totale avec les populations. C’est pour cela que des temps de restitution intermédiaires ont été faits dans chaque village permettant d’assurer une dynamique d’animation et de rendre plus concrets pour les habitants les résultats attendus et leur utilité pour les prochaines étapes et la finalité du programme. Il y a eu un véritable partage des interprétations et une co-construction des conclusions qui ont ensuite fait l’objet d’une restitution finale plus large auprès des populations locales. A la demande des autorités coutumières aluku et wayana, le PAG a été sollicité pour l’accompagnement dans l’élaboration de propositions de mode de gestion prenant en compte leurs modes de vie, leurs savoirs ancestraux et leurs règles coutumières. Ce travail s’appuie sur les résultats des enquêtes relatives aux pratiques de chasse ; ceux-ci venant illustrer des situations et nourrir ainsi les réflexions et discussions. Ce n’est pas un rapport du PAG mais bien une contribution de la population locale pour bien prendre en compte ses modes de vie et adapter les politiques publiques à celles-ci. Un groupe de travail constitué d’une dizaine de personnes (chefs & chasseurs, hommes & femmes, anciens & jeunes…) dans chaque village, a suivi des réunions mensuelles thématiques. Il y a ensuite eu un partage des discussions inter-villages, une mise en commun des résultats par 2 à 3 grandes réunions intercommunautaires puis une validation des propositions communes de gestion par les autorités coutumières. Les communautés sont acteurs et moteurs et les agents PAG mettent leurs compétences au service des populations locales : médiateurs culturels issus des villages, équipe scientifique (écologie et sciences humaines) et responsable de la protection des patrimoines. Ils interviennent comme facilitateurs : préparation des réunions, animation et traduction, restitution, rédaction des documents de référence… Ce caractère participatif s’impose de lui-même et doit être considéré comme un facteur de réussite. Il vient permettre une convergence de conceptions « différentes » et la co-construction de règles d’usage de la nature. En retour d’expériences :

- Compréhension/Confiance/ Appropriation ; - Animations régulières ; - Restitution / Transparence ; - Partage des interprétations ; - et co-construction des conclusions.

Cela demande du temps, de se former aux méthodes participatives, de s’entourer de compétences en sciences sociales, d’adapter les méthodes de travail et de se mettre au service de la population. Co-construction et réalisation de rencontres thématiques amérindiennes : l’exemple des rencontres transfrontalières wayãpi (Guyane/Brésil). Mme Claire COULY, Parc Amazonien de Guyane, Rémire-Montjoly. La terre indigène wayãpi, peuplée d’amérindiens de l’ethnie homonyme, de nationalité brésilienne, se situe au sud du parc national brésilien montanhas tumucumaque, dans l’état de l’Amapa. Elle a été délimitée en 1980 mais homologuée en 1996 (FUNAI15). Elle se compose d’environ 100 villages (non fixes pour la majorité) et de 1200 habitants en 2014 (150 en 1973). Le territoire mesure environ

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Fondation nationale de l'Indien

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6000 km2 (600 000 hectares soit 1/5ème du PAG). Des liens historiques de parenté existaient déjà entre le wayãpi de Guyane (vivant le long de l’Oyapock et de la Camopi) et du Brésil. Ce projet de rencontre transfrontalière est une demande locale. Le PAG s’est positionné en appui et en relai, sous réserve d’un projet entre associations amérindiennes et d’une co-construction de projet. Ce travail de médiation et de co-construction s’est fait sur 6-8 mois : des réunions sur Camopi, recherche de financement, contact avec les partenaires brésiliens, l’envoi du projet aux associations brésiliennes, démarches pour obtenir les passeports… Pendant les réunions de préparation, on détermine les thématiques qui seront abordées aux rencontres transfrontalières : - Culture: transmission de la culture entre générations/artisanat et savoirs associés/ kusiwa/ histoire des Wayãpi/ danses, chants et musique/école et culture - Renforcement politique : autonomie et gouvernance/associations culturelles amérindiennes/chercheurs amérindiens - Santé: maladies/ pollution de l’eau/orpaillage/problèmes liés à l’alcool /rapport à la ville - Terre et environnement: situation foncière et accès aux ressources naturelles/cartographie participative/abattis et savoirs associés. Le voyage s’est déroulé du 17 novembre au 2 décembre 2015. Pendant ces 8 jours en terre indigène wayampi, ils ont visité 3 villages. Les journées se composaient de réunions thématiques pour un échange d’expérience en matinée et des activités dans l’après-midi. Tout a été capté et filmé. Les wayampis ont joué le jeu. L’équipe a reçu un très bon accueil des Wayãpi, de la Funai et des associations. Les Wayãpi ont apprécié la diversité des thématiques abordées et les gens rencontrés, plus largement que le cercle familial habituel. Il y a une forte demande par les 2 groupes de pérenniser ces échanges pour la conservation de la culture. Ils souhaitent se réunir à nouveau pour pérenniser ce genre de rencontres en alternant des visites en Guyane et au Brésil. L’outil vidéo s’est révélé très efficace : les films ont été diffusés au sein de chaque village pour rediscuter des rencontres. Les difficultés rencontrées :

- difficulté à identifier les bons contacts (dans les associations amérindiennes au Brésil et dûes au turn over de la Funai)

- problèmes liés aux moyens de communication (Macapá/TIW) et à la langue écrite différente - besoin d’accompagnement des acteurs locaux pour le montage du projet - nombreux changements dans les participants de Camopi et Trois Sauts, désistements au

dernier moment. - Problème de la participation des femmes (en raison des gardes de bébés) - Difficulté à mobiliser les gens pour refaire leur passeport - Organisation de terrain chronophage (PAG) - Gestion compliquée des dépenses au Brésil (régie du PAG)

Les perspectives : - Prévision de la venue d’une délégation Wayãpi sur Oyapock en février 2017 autour des

thématiques ciblées (invitation) - Intérêt des wayana, voire des Teko de participer à ces rencontres thématiques

(danses/chants) - Quel partenariat pour appuyer ce type de rencontres de façon pérenne et alternée?

Perspectives et politiques participatives pour la Maison des Cultures et des Mémoires de Guyane16. Mme Isabel NOTTARIS, Maison des Cultures et des Mémoires de Guyane, Collectivité territoriale de Guyane, Cayenne La MCMG est un musée du XXIème siècle, actuellement encore en gestation, mais qui se projette dans l'avenir. Les principes fondamentaux de la MCMG qui sont inscrits dans le PSC17 et dans sa charte déontologique sont : un public cible qui est le public jeune de la Guyane et ancrer la MCMG dans une

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Ci-après dénommée MCMG 17

Projet scientifique et culturel

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réalité territoriale complexe qui est celle des publics éloignés et empêchés. Par muséologie participative, nous parlons à la fois d'interactivité et d'appropriation des contenus par différents publics et plus particulièrement ceux qui en sont les plus éloignés (pour des raisons diverses). Il s'agit donc de créer du lien entre le contenu du musée et ses publics : oser, inviter à créer la rencontre. La MCMG compte s’inspirer de la mission « Vivre ensemble », créée en 2004 et pilotée par le ministère de la Culture et de la Communication. L'objectif est d'aller à la rencontre des publics peu familiers des institutions culturelles et d'amplifier la synergie entre les établissements culturels afin d'établir une politique commune d'élargissement des publics et ainsi lutter contre les discriminations dans le domaine de la culture. Par le biais de la mutualisation des ressources et des contacts, les établissements travaillent avec des personnes–relais intervenant dans le champ social. En se penchant sur les difficultés de publics très variés et en adaptant leur offre pour mieux les accueillir. Le numérique avec les réseaux sociaux et les plateformes de partage de contenus constituent autant d'outils potentiel d’appropriation du contenu de l’exposition par les visiteurs. C'est aussi la possibilité pour eux de s’exprimer, de communiquer, de créer des contenus qui viennent compléter le propos de l’exposition. Ils participent ainsi à la médiation en créant eux-mêmes des contenus. Le moyen d'allier les deux outils précédent : la mission vivre ensemble et le numérique est l’un des objectifs possible de la narration transmedia. Il s'agit de créer une expérience coordonnée et unifiée pour le visiteur. Ces dispositifs permettent un engagement qualifié et important de la part des publics visés. Ces trois dispositifs participatifs (Vivre Ensemble, réseaux sociaux et le transmedia) s'appuient sur une forte composante sociale : la possibilité de commenter, de partager son expérience. C’est une première porte pour entrer dans le musée.

L'interculturalité comme facteur d'inclusion scolaire : l'exemple des arts amérindien, bushinenge et hmong. Mme Isabelle HIDAIR, ESPE18 de Guyane, Cayenne. Une quinzaine d’universitaires en sciences humaines et lettres se sont réunis pour créer un laboratoire de recherche : MINEA (Migration – Interculturalité – Education en Amazonie) qui devrait voir le jour le 1er janvier 2017. Ils ont identifié 3 axes de recherche, voués à évoluer avec le temps :

- Education, inégalités, exclusion - Construction identitaire, interaction - Représentation, préjugés, émergence de discriminations

Dans le cadre de ce laboratoire en cours de création, Mme Isabelle Hidair présente un projet de recherche mené avec des étudiants du Master II sur le thème de l’interculturalité comme facteur d’inclusion scolaire. Elle rappelle tout d’abord que l’Education Artistique et Culturel (EAC) fait l’unanimité et cite une phrase d’Emmanuel Fraisse de 2008 : « l’art à l’école modifie les perceptions et les comportements face aux savoirs, aide à construire une méthode différente des méthodes d’apprentissage et contribue à l’acte d’apprendre à penser ». Les 3 piliers fondamentaux de l’EAC sont la rencontre avec un artiste, la pratique artistique et culturelle, la connaissance de l’histoire des arts. L’EAC a une influence positive sur les aptitudes rédactionnelles, la compréhension d’un texte et même sur le dossier scolaire global. Un rapport de 2013 sur l’EAC met en évidence que malgré la richesse et la diversité des propositions EAC, il y a un manque de moyens financiers, un manque de motivation des professeurs, peu de jeunes qui se sentent concernés et une difficile coordination sur le terrain. En Guyane, en plus de ces contraintes générales, il faut aussi faire face aux inégalités d’accès à la culture et aux représentations négatives sur les apports culturels (perçus comme une simple distraction). Le projet s’est déroulé dans une école de Cayenne avec une classe de 22 élèves dont 4 en situation de handicap. Les élèves ont travaillé sur les arts amérindiens, bushinenge et hmong en respectant à chaque fois les 3 étapes liées à l’EAC : l’histoire (re-contextualiser), des exercices pratiques (faire le

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Ecole supérieure du professorat et de l'éducation

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lien entre les arts et les autres matières enseignées) et la pratique culturelle et artistique. Le but est de se réapproprier les techniques, les savoir-faire, de créer par soi-même. C’est cette situation d’apprentissage qui permet à l’enfant de rencontrer la culture à travers une discipline scolaire. Le constat de cette expérience en classe : une émotion esthétique palpable, une baisse des moqueries, une amélioration des échanges et une hausse de curiosité. L’Art est porteur d’histoire et d’identités. Il permet de mieux comprendre les différences culturelles. Les outils mis en place et expérimentés par les Intervenants en Langue Maternelle19. Mme Patricia Prost- Tabournel, ESPE de la Guyane et M. Didier Maurel, Académie de la Guyane, Cayenne Ces deux intervenants travaillent sur la formation des ILM pour la partie didactique, pédagogique et les outils en classe. Le patrimoine s’insère souvent dans les classes des ILM. Un rappel historique est fait : le dispositif est né en 1998 grâce au partenariat entre le rectorat de Guyane et le centre d’étude des langues indigènes d’Amérique. La loi Aubry sur les contrats emplois jeunes a permis à l’époque de recruter des médiateurs bilingues. Depuis, le dispositif a évolué : on est passé de 16 à 41 classes. 9 langues et 2500 élèves ont été pris en charge par les ILM. 25 écoles sont concernées, réparties sur tout le territoire. Les ILM pour être bien identifiés doivent marquer leur porte (panneaux en langue maternelle ou travaux des élèves affichés) et doivent utiliser des objets de culture intégrés dans le quotidien des élèves (calebasse, pirogues, poupons noirs…). La maîtrise d’ouvrage de ce projet de 1998 à 2007 a été confiée à l’IRD20 puis un audit a démontré que les ILM avaient des lacunes en pédagogie. Le rectorat a ensuite récupéré la maîtrise d’ouvrage et a travaillé sur la méthodologie à appliquer, en s’inspirant d’un ouvrage méthodologique des années 1980 imprimé au Chili et écrit par des auteurs colombiens. Les habitudes alimentaires et les représentations du monde des élèves sont différentes. Le stock lexical mis à disposition des élèves est corrélé à l’expérience de vie qui diffère selon sa culture. 3 exemples sont présentés :

- La méthode de l’énumération Les ILM à la place de l’énumération traditionnelle, utilise le principe d’itération de l‘unité et le principe « décomposition-composition ». Par exemple, l’énumération palikur désigne le chiffre 8 comme « 7 et 1 », le chiffre 9 comme « 7 et 2 ». L’énumération teko utilise le principe d’énumération d’unité (chaque mot dit « le précédent plus un »). Souvent à l’école classique, les élèves de maternelle récitent les nombres par cœur sans comprendre l’énumération. Cette méthode permet de mieux comprendre. L’accès au contrôle sémantique du nombre est facilité.

- Les représentations dans le temps Les calendriers des différentes communautés ne sont pas tous les mêmes que notre calendrier occidental. Par exemple, les wayanas ont des repères visuels ou auditifs pour rythmer la vie agricole (le cri de la cigale va annoncer la coupe de certains arbres). Les ILM vont utiliser des repères pertinents pour les élèves (saison des pluies, saison sèche, repères agricoles. De même, le découpage des jours est différent : il y a 9 périodes sur une journée.

- L’utilisation des entités graphiques En utilisant des graphiques palikur par exemple (à base d’arabesques), les élèves apprennent les gestes de l’écriture. Cette motricité fine permet de travailler les gestes scripteurs. Les outils pédagogiques créés pour les ILM sont accessibles sur le site du rectorat et bientôt sur le site de Canopé21 (ex CNDP22). Synthèse, conclusion par M. David REDON, Direction des Affaires Culturelles de Guyane et M. Michel DISPAGNE, laboratoire MINEA, Université de la Guyane

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Ci-après écrits ILM 20

Institut de recherche pour le développement 21

https://www.reseau-canope.fr/ 22

Centre national de documentation pédagogique

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Les deux modérateurs ont choisi de proposer une conclusion collective, en invitant Benoît Poitevin de la FEMS à nous livrer son regard extérieur et en invitant tous les participants à réagir autour de cette notion de participation. P : Partage, partenariat, potentialité, pratique, passeur A : Action, apprentissage R : Retour, réunion, RDV, réactivité T : Territoire, temporalité, transmission I : Implication, identité C : Construction, compréhension, communication, création I : Intérêt P : Passage, pédagogie, patience A : Association, adaptabilité, accueil T : Tension, temporalité, transmedia, transfrontalier, transmission I : Illusion, invitation, ingéniosité O : Opportunité, offrir N : Narration, numérique S : Savoir-faire, savoir-être, séduction

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Annexe 3 : liste des participants

NOM PRENOM STRUCTURE FONCTION EMAIL

ALLANIC Isabelle CNES - Musée de l'Espace responsable tourisme industriel [email protected]

Benchimol Alegria Museu Paraense Emilio Goeldi (Brésil) [email protected]

Bialik Jacques Alliance Française Interprète anglais-français [email protected]

Blérald Monique Université Guyane Présidente de l'ORCG [email protected]

Borges Barbier Claudia Traduction Interprète portugais-français [email protected]

Bouju Typhanie CNES - Musée de l'Espace documentaliste [email protected]

Cabarrus Marie-Lys Service des Affaires Culturelles de Kourou- Pôle culturel

Responsable Administratif et Financier [email protected]

Carita David MDAF-MCMG responsable [email protected]

Castieau Léa Service patrimoine SLM responsable du CIAP [email protected]

Chalco-lefay Rolande CTG 11e vice-présidente, déléguée à la culture, au patrimoine et aux identités

[email protected]

Claire-Eugenie Clarisse Musée des cultures guyanaises médiatrice-animatrice [email protected]

COLIN PELLERIN Stéphanie CNES - Musée de l'Espace Responsable adjoint [email protected]

CORREIA Jabaun Guyana National Museum (Guyana) jaburn_tyson @yahoo.com

Couly Claire PAG chargée de mission service Patrimoines Naturels et Culturels

[email protected]

Davy Damien CNRS [email protected]

de Geyer d'Orth Marion Musée des cultures guyanaises Chargée des relations publiques et de coopération

[email protected]

Delafosse Aline Graine Guyane [email protected]

Dispagne Michel Université Guyane [email protected]

Dos Santos Karipuna Fabrício Narciso Museu Kuahí (Brésil) Chefe de Unidade do Museu Kuahí dos Povos Indígenas do Oiapoque

fabrí[email protected]

Edwige Michelle Musée des cultures guyanaises responsable du service des publics [email protected]

Fereira Jean-Paul Ville d'Awala-Yalimapo Maire [email protected]

Foury Florence CRRK Responsable [email protected]

Goguillon Bertrand PAG Chef du service Patrimoines Naturels & Culturels

[email protected]

Guedon Camille Graine Guyane Directrice [email protected]

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Hidair Isabelle Université Guyane Maitresse de conférences HDR [email protected]

Hussak van Velthem Lucia Museu Paraense Emilio Goeldi (Brésil) chercheur au SCUP/MCT, coordinatrice du projet MAR pour le Brésil

[email protected]

JACOB Fabio Museu Paraense Emilio Goeldi (Brésil) régisseur des collections MPEG, coll MAR [email protected]

Jean-Louis Marie-Paule Musée des cultures guyanaises directeur [email protected]

Joanny Lydie Musée des cultures guyanaises chargée de coopération et des collections [email protected]

Joseph Josy Mairie d'Awala - Service patrimoine chargée de mission [email protected]

Joseph Jean-Pierre Centre Kalawachi Fondateur et directeur [email protected]

Jurie David Ville de Saint-Laurent-du-Maroni directeur culture, patrimoine et animation [email protected]

Kago Capitaine Association Libi Na Wan Président de l'association et capitaine des Alukus

[email protected]

Lacaisse Patrick Chercheurs d'art / Carma plasticen et membre fondateur [email protected]

Leandri Paul DAC Directeur [email protected]

Lelouard Caroline CNES - Musée de l'Espace archiviste [email protected]

Lobelt Tchisseka Collectivité territoriale [email protected]

Lourens Erienne Stichting Surinaams Museum [email protected]

Maurel Didier Académie de Guyane chargé de la coordination pédagogique des classes de langues maternelles

[email protected]

Merlet Rachel Ader Responsable des Programmes territoire isolé

[email protected]

Michaut Aurélie CRRK [email protected]

Mouzard Thomas DAC Guyane conseiller politiques territoriales et interministérielles - ethnologie

[email protected]

Nottaris Isabel CTG-MCMG cheffe de projet MCMG [email protected]

Odonne Guillaume CNRS ethnopharmacalogue au CNRS [email protected]

Ouempi Janine Ader Médiatrice

PINAS Marcel Contemporary Art Museum Moengo et Fondation Kibii (Suriname)

artiste, plasticien, fondateur du CAMM [email protected]

Poitevin Benoît FEMS Chargé de mission Guyane [email protected]

Poux Marion Graine Guyane [email protected]

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PRAMY Donavan Contemporary Art Museum Moengo et Fondation Kibii (Suriname)

[email protected]

Privat Gilles MDAF régisseur des collections [email protected]

Reddy Roberto CRRK [email protected]

Redon David DAC Guyane Conseiller musées et arts plastiques [email protected]

Robinot Roseman Université de la Guyane étudiante en master II sociétés et interculturalités

[email protected]

Sagne Evelyne CTG-DIRECTION DE L’AMENAGEMENT ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE (DADD)

responsable du service de l’environnement, de la recherche et de l’éco-tourisme (SERE)

[email protected]

Saint Aimé Tania Emak [email protected]

Sarfati Daniel D.S.traduction Interprète néerlandais-français [email protected]

Tabournel Patricia Université Guyane - ESPE chargée de la professionalisation des enseignants

[email protected]

Tareau Marc-Alexandre doctorant [email protected]

Valot Bérénice Centre d'Archéologie Amérindienne de Kourou Assistante de conservation du patrimoine [email protected]

Zamor Monia CNES spécialiste relations extérieures [email protected]