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CONFÉRENCE / ÉDITION #2 } ANGLET / ESPACE DE L’OCÉAN } Littoral aquitain : destination tourisme durable * GROUPEMENT D’INTÉR^ÊT PUBLIC 10 NOVEMBRE 2010 } ACTES }

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CONFÉRENCE / ÉDITION #2 }

ANGLET / ESPACE DE L’OCÉAN }

Littoral aquitain : destinationtourisme durable

* GROUPEMENT D’INTÉR^ÊT PUBLIC

10 NOVEMBRE 2010 }

ACTES }

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Littoral aquitain : destination tourisme durable

# 1 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Littoral Aquitain : Destination tourisme durable. Actes de la conférence du 10 novembre 2010

Mot du Président du GIP Littoral Aquitain J’ai le plaisir de vous adresser les actes de la conférence intitulée « Littoral aquitain : destination tourisme durable ». La première édition de la conférence du Littoral Aquitain qui s’était tenue à Moliets en 2009 avait rencontré un vif succès et il avait été demandé que ce type de rencontre soit renouvelé. Ainsi, l’équipe du GIP Littoral Aquitain a organisé cette deuxième édition sur le thème du tourisme. La manifestation a réuni 200 participants élus, techniciens, chercheurs et professionnels du littoral. L’étude prospective tourisme, actuellement en phase de consultation, sera lancée en début d’année prochaine et sera grâce aux échanges qui ont eu lieu tout au long de la journée du 10 novembre 2010, plus riche et plus adaptée aux enjeux complexes de notre littoral. Le Président du GIP Littoral Aquitain

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Littoral aquitain : destination tourisme durable

# 2 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Préambule

Le littoral Aquitain, un espace attractif à préserver, à valoriser et à développer

Chaque été, deux millions de touristes viennent séjourner dans les stations balnéaires de la Côte Aquitaine. A la recherche de repos ou d’activités, les équipements et les ressources naturelles constituent une offre complète pour tous. Cependant, le littoral aquitain est aujourd’hui face à un défi touristique qui nécessite de requalifier l’offre aquitaine dans un contexte de plus en plus concurrentiel. L’enjeu pour le littoral est de conforter son potentiel touristique en renforçant sa dimension durable, d’identifier et de prendre en compte les enjeux touristiques d’avenir et leurs conséquences spatiales et sociales.

La « 2ème conférence du littoral aquitain » du 10 novembre 2010, lancement officiel du chantier prospectif sur l’avenir du tourisme sur le Littoral Aquitain

Si cette partie du littoral français a su être préservée, les pôles balnéaires touristiques et les stations plus récentes sont confrontés à des enjeux économiques, sociaux et environnementaux majeurs : les acteurs publics et privés du littoral se rencontrent pour envisager le tourisme de demain. Une organisation par le Groupement d’Intérêt Public Littoral Aquitain

La maîtrise d’ouvrage de la conférence a été exercée par le GIP Littoral Aquitain, la maîtrise d’œuvre par l’agence AGGELOS qui a assuré l’accueil des participants et les relations de presse. Le GIP s’est appuyé sur la participation de l’ensemble de ses membres. Le Groupement d’Intérêt Public Littoral Aquitain

Des partenaires qui s’unissent pour assurer conjointement une gestion commune et une vision cohérente du territoire. Une volonté collective du Conseil Régional, des services de l’Etat, des Conseils Généraux de la Gironde, des Landes et des Pyrénées Atlantiques, des 2 communautés d’agglomération et des 9 communautés de communes du littoral de s’unir dans une gouvernance commune formalisée dans un groupement d’intérêt public. Le Groupement d’Intérêt Public : une formule juridique opérationnelle existant depuis 1982 permettant aux collectivités locales et à l’Etat de travailler ensemble dans un cadre simple et désormais rodé. Le GIP Littoral Aquitain : un instrument de gouvernance doté d’un conseil d’administration de 11 membres présidé par Renaud Lagrave, Vice Président du Conseil Régional d’Aquitaine en charge du tourisme, et d’une assemblée générale de 37 membres (où sont représentés les collectivités locales et l’Etat, le Préfet de région en étant le commissaire du gouvernement) et d’un conseil d’orientation de 41 membres (associations, acteurs socio-économiques, experts, établissements publics) ; un outil de synthèse et de coordination doté d’une structure légère (4 personnes aujourd’hui, 5 à terme) basé à Mérignac et s’appuyant sur les techniciens de toutes les structures membres, créé pour élaborer et mettre en œuvre un plan de développement durable du littoral aquitain.

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Littoral aquitain : destination tourisme durable

# 3 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Sommaire

INTRODUCTION - OUVERTURE / Discours de M. Jean ESPILONDO, Maire d’Anglet Discours de M. Jean Jacques LASSERRE - Vice-président du Conseil Général des Pyrénées Atlantiques Introduction de M. Renaud LAGRAVE, Président du GIP Littoral Aquitain

p. 5 p. 7 p. 8

Echanges introductifs

CONFÉRENCE DE JEAN VIARD / 1 | Etat des lieux du tourisme sur le Littoral Aquitain 2 | Facteurs d’attractivité du Littoral Aquitain

p. 11 p. 20 p. 23

Table ronde # 1 : Le tourisme durable : un défi social, environnemental et économique 1 | Compétitivité du secteur touristique : entre opportunités et menaces 2 | De la pratique du tourisme durable ….

2.1 | Démarches environnementales vers de nouvelles pratiques ? 2.2 | Normalisation, certification : un pas en avant pour l’environnement ? 2.3 | Témoignage sur le programme de coopération « Ecotourisme » avec la province d’El Hajeb au Maroc

3 | … au développement durable

3.1 | Schéma Plans Plages et Schéma Directeur Vélo : des projets structurants à l’échelle régionale 3.2 | De nouveaux modes de déplacement au service du développement durable 3.3 | Le plan plage d’Ondres : un aménagement durable au service de la station

> | Débats avec la salle

p. 27 p. 32 p. 34 p. 36 p. 39 p. 41 p. 43 p. 45

Table ronde # 2 : Le Littoral Aquitain, un territoire de projets ?

1 | Stations en tension 2 | Regards croisés sur les projets d’aménagement touristique intégré

2.1 | Une approche innovante et globale d’aménagement de trois communes littorales 2.2 | Schéma de développement touristique : l’exemple de Port Leucate 2.3 | Littoral Aquitain : terrain propice au tourisme durable ?

3 | Tourisme : une gestion territorialisée des ressources humaines

3.1 | Le cluster Goazen : un plan d’action commun pour les acteurs touristiques 3.2 | Maison des saisonniers : analyse, conseil et accompagnement 3.3 | Emploi : management de la saisonnalité

> | Débats avec la salle

p. 51 p. 55 p. 58 p. 61 p. 63 p. 65 p. 68 p. 71

SYNTHÈSE - CONCLUSION / BILAN

p. 77

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# 4 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Introduction – ouverture

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# 5 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Introduction – ouverture

Discours de M. Jean ESPILONDO {Maire d’Anglet}

Bienvenue à Anglet. Je suis satisfait d’accueillir la deuxième conférence du GIP Littoral Aquitain à Anglet. Je vous y accueille en tant que Maire d’Anglet, mais aussi en tant que membre du GIP Littoral, pour le compte de la communauté d’agglomération du BAB.

Deux mots sur la ville d’Anglet, que beaucoup d’entre vous connaissent. Anglet est une ville de 40 000 habitants, sixième ville d’Aquitaine, troisième du département et première ville du littoral aquitain. Avec ses 4,5 kilomètres de plage et 250 hectares de forêts protégées, quasiment en plein centre, Anglet offre de grands espaces. Son cadre de vie privilégié ne tient pas simplement à la nature, mais aussi à de nombreux équipements et services publics de qualité, une offre culturelle et sportive riche et diversifiée.

Anglet est également une ville équilibrée. Elle a une activité touristique forte, mais aussi des entreprises industrielles importantes. Ainsi, comme je le rappelle souvent, parce que peu le savent, la première entreprise de la Côte basque, et même du Pays Basque, est à Anglet. Il s’agit des usines Dassault Bréguet, qui emploient 1 000 à 1 100 personnes. Anglet a aussi un tissu commercial extrêmement fort et riche, des zones artisanales importantes et un commerce de proximité dans les quartiers, loin d’être négligeable.

Anglet est aussi une ville universitaire, avec un campus universitaire de 800 étudiants, une résidence universitaire, une autre en construction, de même qu’un restaurant universitaire. Les formations universitaires proposées sont orientée sur les thèmes liés à l’océan et à la mer. Toute une partie de l’activité économique, sociale et intellectuelle d’Anglet est tournée vers l’océan et vers la mer. Ces atouts et ce dynamisme sont appréciés par les locaux, mais aussi par les touristes.

Notre ville regroupe, à mon sens, la quasi-totalité des problématiques de l’ensemble du littoral aquitain. En effet, en référence aux six défis du Plan de développement durable du littoral aquitain 2007-2020, Anglet connaît des problématiques démographiques qui imposent des solutions durables de logement et de mixité sociale. Il s’agit d’un des objectifs essentiels de l’activité de notre municipalité, que nous mettons en place au travers d’un projet urbain et dans le futur Plan Local d’Urbanisme.

Anglet doit gérer des risques d’érosion du littoral et d’affaissement des falaises. Parce que la commune se situe à l’intersection entre le littoral landais et celui de la Côte basque. Nous connaissons donc les dernières plages – d’ailleurs, notre forêt s’appelle « Forêt du Pignada » - anciennement bordées de dunes – et nous attaquons tout près d’ici, les falaises de la Côte basque, qui se déroulent jusqu’à Hendaye. Anglet cherche à préserver ses espaces naturels remarquables, ses écosystèmes et la qualité des eaux de baignade. Anglet veut relever, comme vous tous ici aujourd'hui, le défi touristique, la requalification de son offre dans un contexte de plus en plus concurrentiel. Anglet est enfin pleinement engagée dans des enjeux sociaux qui consistent à conforter l’emploi - le secteur touristique est extrêmement important – et à offrir les services et logements nécessaires à sa population. En effet, malheureusement, nous assistons à une migration de la population active de notre agglomération vers ses alentours, la ville d’Anglet s’agrandit : en l’espace de 50 ans, elle est passée de 10 000 à 40 000 habitants.

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Littoral aquitain : destination tourisme durable

# 6 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Alors, vous comprendrez que cette deuxième conférence trouve ici pour nous sa pleine justification, d’autant plus - et je le répète - que la thématique choisie est le tourisme durable.

Un mot sur l’importance du tourisme à Anglet. C’est une activité économique importante, puisqu’elle représente 23 % de l’emploi angloy. 2 800 emplois, ici, sont directement liés au tourisme. Elle correspond à un poids économique important, avec 150 millions d’euros de chiffre d’affaires par an, plus ou moins dépendants de notre activité touristique. Comprenez que ce n’est pas négligeable !

Je suis bien entendu Maire d’Anglet et aussi Président de l’Office de tourisme et il est évident que je suis très attentif à l’évolution de ce secteur économique. Je suis donc à l’écoute, au travers de nos structures, de tous les professionnels qui vivent. Car, et vous le savez, l’internationalisation de cette activité est un défi qui demande une adaptation, mais surtout de notre part, une anticipation permanente. Alors, pour Anglet, l’enjeu du tourisme durable recoupe totalement notre action pour une ville durable. Nous sommes ici, avec la municipalité, depuis les dernières élections, très fortement engagés dans cette dynamique. Or, nous sommes perpétuellement à la recherche d’un mode de développement innovant et durable, qui serait pertinent pour Anglet. Nous avons mené déjà plusieurs actions dans ce sens. Nous avons offert des modes de transport alternatifs et durables pendant l’été, avec des navettes et des prêts de vélo gratuits, qui ont connu un énorme succès. Nous disposons déjà d’un transport en commun et nous sommes en train d’en aménager un en site propre. Nous avons créé une Maison de l’environnement et du développement durable : sur la commune d’Anglet et à proximité de l’Adour, il s’agit de la Maison Izadia, conservatoire du littoral et des milieux humides. Nous avons orienté et rééquilibré l’activité de parc, car nous voulions en faire un objet touristique, dans l’objectif de travailler sur le développement durable, l’Agenda 21 et l’environnement.

Bien sûr, nous souhaitions atteindre un objectif : faire d’Anglet une ville durable, c’est-à-dire qui respecte l’équilibre entre l’environnement, l’économique et le social. Nous souhaitons arriver à un nouveau projet de ville cohérent. L’enjeu reste de taille, mais il n’est pas simplement le nôtre. Il est important pour nombre d’élus ici présents, de savoir concilier développement, notamment urbanistique, durable et solidaire, pour renforcer la ville, sa mixité sociale et générationnelle, tout en préservant la qualité de vie des habitants.

Ce bref rappel de l’intense travail que nous avons engagé depuis notre élection ne pourra qu’être conforté par les résultats des travaux de ce jour. Comme vous certainement, nous avons besoin de réflexions, d’idées, d’exemples pour aider à la décision et anticiper. Nous avons besoin de prendre les initiatives qui nous permettront de rester des leaders de l’activité touristique européenne, parce qu’au fond, le véritable enjeu est là. C’est vraiment l’enjeu d’un tourisme qui prend en compte, aujourd'hui, les nouvelles exigences environnementales. Dans ce contexte d’un tourisme durable, l’Aquitaine, avec son environnement exceptionnel, a des atouts considérables. Sachons en profiter ! Cette conférence doit nous y aider.

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# 7 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Introduction – ouverture

Discours de M. Jean Jacques LASSERRE {Vice-président du Conseil Général des Pyrénées Atlantiques}

Le Conseil général que je représente aujourd'hui est très heureux d’être parmi vous pour différentes raisons : bien entendu, pour l’objet de la conférence annuelle, mais aussi parce qu’elle constitue un moment de rencontre extrêmement intéressant.Je suis très heureux de répondre à votre invitation, Monsieur le Président. C’est votre première conférence, je vous souhaite bonne chance. Nous nous connaissons depuis peu, mais comme nous, vous partagez l’amour de ce pays, vous avez détecté les raisons ou les endroits sur lesquels il faut travailler pour effectivement nous engager dans un développement qui ne soit pas frappé demain d’obsolescence : le développement durable, le tourisme durable.

Monsieur le Maire, vous nous avez dit qu’Anglet était la première commune du littoral aquitain. Je me souviens d’un temps où l’un de vos prédécesseurs - aujourd'hui disparu – disait : « Dans ce pays, sur le triptyque Bayonne, Anglet, Biarritz, il y a tout de même des scandales : les abattoirs de Bayonne sont à Anglet, l’aéroport de Biarritz est à Anglet ! ».

Nous sommes réunis autour d’un sujet que le Département essaie de faire avancer à sa façon et en tant que partenaire du GIP Littoral Aquitain. En quelques mots, je voudrais vous dire combien nos grands soucis recoupent ceux que vous allez évoquer durant cette journée. Je voudrais mettre l’accent sur deux ou trois éléments forts qui, à nos yeux, sont fondateurs de la notion de durabilité du tourisme. Nous sommes très préoccupés par la qualité des eaux de baignade. La particularité de notre département est d’avoir un bassin versant qui s’écoule sur 25 kilomètres de côte. Celui-ci est à prendre en compte au même titre que la façade littorale lorsque l’on parle de tourisme sur la Côte basque.

Nous avons identifié l’importance des chantiers à développer, au niveau de chaque collectivité les sommes d’argent en jeux, pour accéder en 2015 et en 2020, aux normes qui nous serons donc imposées, notamment par les directives européennes. J’en parle aujourd'hui parce que je crois que cela méritera un effort important de solidarité des collectivités locales. Nous avons souvent l’occasion d’en parler très sereinement. Nos points de vue convergent avec les représentants de l’Agence de l’Eau et les services de l’État. Nous considérons cet aspect de la qualité des eaux de baignade très engageant sur les plans technique et financier. Il y a urgence, selon moi, tant vous savez que les exigences se manifestent d’une façon très rapprochée dans le temps.

S’agissant de la durabilité, elle doit s’inscrire dans le respect des valeurs que nous avons dans le territoire côtier et de l'intérieur et dans la conduite de politiques. Nous sommes très attachés à maintenir et développer nos valeurs et nous savons que des politiques publiques en urbanisation, en équipements, mais aussi au niveau de certaines animations touristiques, qui ne sont pas respectueuses des valeurs auxquelles nous sommes attachées, peuvent porter certaines altérations. Celles ci peuvent enlever à des territoires les raisons pour lesquelles des personnes viennent y passer quelques jours. Nous pensons véritablement dans ce département, comme sans doute dans les Landes ou en Gironde, que l’aspect culturel marque les esprits des touristes. Cela s’inscrit dans la durée des opérations que nous allons engager. Aussi, nous devons réfléchir aux politiques d’urbanisation, d’équipement public, à la politique de préservation des cultures. Je vous souhaite une très bonne journée. Nous ne manquerons pas de regarder attentivement vos conclusions.

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# 8 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Introduction – ouverture

Discours de M. Renaud LAGRAVE {Président du GIP Littoral Aquitain et Vice-président de la Région Aquitaine}

D’abord, je voudrais évidemment vous dire que je suis particulièrement heureux d’ouvrir cette deuxième conférence annuelle du GIP Littoral ici à Anglet et remercier Jean Espilondo et Jean-Jacques Lasserre pour leur accueil. Le GIP Littoral Aquitain a souhaité organiser cette deuxième conférence annuelle sur le littoral dans le Pays Basque.

La première conférence, à laquelle beaucoup d’entre vous ont participé, avait réuni près de 230 personnes. Elle s’était tenue en 2009 à Moliets. À l’époque, il avait été demandé que ce type de rencontre soit renouvelé. C’est ce que nous faisons aujourd'hui.

Je voulais adresser mes remerciements à Jean Viard, notre grand témoin aujourd’hui, sociologue et directeur de recherche CNRS au Centre de Recherches Politiques de Sciences PO Paris, il nous apportera tout au long de la journée son regard extérieur sur nos pratiques locales. Pour celles et ceux qui aujourd'hui réfléchissent à l’avenir du tourisme, il fait parti des acteurs incontournables en la matière. Jean Claude Guicheney du Conseil Economique Social et Environnemental d’Aquitaine sera notre animateur tout au long de cette journée.

Je remercie également les services de l’Etat et notamment le sous-préfet qui viendra conclure la journée. Je voulais enfin remercier tous les intervenants et vous tous qui êtes présents ce matin: élus, techniciens, professionnels, associations.

Cette conférence est organisée par le Groupement d’Intérêt Public Littoral Aquitain. Ce GIP, auparavant présidé par Alain Rousset, auquel j’ai succédé il y a quelques mois, travaille depuis deux ans, sur le plan de développement durable du littoral aquitain. La conférence annuelle de l’année dernière portait sur ce point. Ce document est aujourd'hui finalisé et constitue une feuille de route pour l’ensemble des collectivités membres du GIP. À travers toute la concertation sur ce document, nous avons réussi à avancer sur de nombreux dossiers et notamment sur la question du tourisme.

La dynamique entretenue par l’équipe et surtout par ses membres, qui contribuent au jour le jour à l’évolution du groupement ont permis le lancement de plusieurs études aujourd’hui terminées ou en cours de finalisation telles que le schéma plans plages, le schéma directeur vélo, ou encore la définition d’une stratégie régionale de gestion du trait de côte. Les membres du groupement s’appuient sur les travaux du GIP pour la réalisation de leurs aménagements. Certains de ces travaux commencent à être reconnus et font aussi aujourd’hui référence au niveau national. Ils sont rendus possibles grâce à de nombreux partenariats, notamment avec le Conservatoire du littoral, les Universités d’Aquitaine, l’Observatoire de la Côte Aquitaine, les services de l’État et tous les techniciens, élus des collectivités territoriales sur ce littoral, qui travaillent avec nous.

Cette deuxième conférence s’intitule « Littoral aquitain : destination tourisme durable ». Dans le Plan de développement durable était inscrite la volonté, de la part de tous les acteurs du littoral, de réfléchir ensemble à l’avenir du tourisme sur le littoral aquitain. Cela signifie d’abord, partager un certain nombre de constats. C’est ce que nous avons commencé à faire avec l’ensemble des territoires. C’est ce que nous allons faire, aujourd'hui, lors de cette conférence, parce que nous croyons qu’il y a nécessité d’assurer un développement et une gestion durable du secteur touristique. Cette prise de conscience est totalement partagée par les élus du littoral.

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# 9 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Aujourd'hui, beaucoup d’entre nous s’accordent pour convenir que l’héritage de la MIACA, nous permet, par comparaison avec d’autres littoraux, de disposer d’un espace relativement protégé, avec un environnement exceptionnel.

Je définirais le tourisme durable comme la préservation et la mise en valeur des ressources patrimoniales, aux niveaux naturel, culturel ou social. Un territoire attentif aux touristes accueillis paraît aller de soi, mais il faut y travailler, de même qu’à la cohabitation avec les habitants, les industries afin de faire en sorte que nous puissions avoir un développement harmonieux.

Cette définition doit répondre au mieux à tous les enjeux de demain sur ce littoral : les enjeux environnementaux, mais aussi économiques et sociaux.

En tant que Président du GIP, mais aussi au titre de vice-président de la Région chargé du tourisme, je crois pouvoir partager avec nombre d’élus sur ce territoire, l’idée que nous avons besoin d’outils de prospective. Cette conférence marque donc le début d’un travail de moyen terme sur l’avenir du tourisme, non seulement sur le littoral, mais aussi au niveau du tourisme intérieur. C’est la raison pour laquelle, nous avons décidé, à l’occasion de cette conférence, de vous présenter les éléments de cette étude que nous allons lancer, mais surtout de vous écouter pour connaitre les contenus que nous pourrions y rajouter.

Pourquoi une étude ? Les collectivités territoriales (Région, Département, communautés de communes et d’agglomérations, etc.) disposent de moins en moins de moyens financiers. Dans le domaine touristique, nous devrons faire des choix stratégiques de développement, d’investissement. Pour ce faire, les élus ont besoin d’être éclairés. Ensuite, à eux de faire leurs choix, voire d’inventer des choses. C’est la raison pour laquelle, nous avons décidé de faire un « mariage de raison » entre le GIP Littoral Aquitain et le Conseil Régional, pour lancer une étude prospective touristique à l’horizon 2020-2040. Le contenu de cette étude est aujourd'hui téléchargeable sur Internet.

Nous avons des interrogations un peu naturelles sur l’avenir du tourisme. Nous en parlions encore hier soir : y a-t-il des investissements forts à faire ? Personnellement, j’ai tendance à répondre par l’affirmative. Lesquels ? Beaucoup de questions se posent. Comment faire en sorte qu’aujourd’hui, le nombre de touristes continue d’augmenter ? Que le développement de notre littoral puisse être un développement harmonieux ?

Voilà pourquoi nous avons décidé de nous réunir autour de cette thématique. Cette conférence sera marquée par plusieurs temps. Deux tables rondes porteront sur le tourisme durable et ses pratiques. Des projets locaux seront présentés. Au cœur de ces questions, nous avons aussi souhaité faire en sorte qu’il y ait un débat, afin que chacun puisse s’exprimer, poser des questions aux intervenants. Nous souhaitons engager une recherche collective sur le modèle du tourisme durable.

C’est la raison pour laquelle je voudrais toutes et tous vous remercier pour votre présence aujourd'hui et vous dire que nous comptons sur votre participation active tout au long de la journée.

Merci à nouveau et bonne journée.

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# 10 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

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# 11 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Conférence introductive de Jean VIARD Directeur de recherche CNRS au Centre de Recherches Politiques de Sciences PO Paris Grand témoin de la journée

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# 12 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Je ne voudrai pas ce matin vous parlez du tourisme comme secteur économique spécifique. Je voudrai insister sur son rôle de marqueur, sur son rôle de « metteur en désir » des territoires comme on dit metteur en scène.

Pour penser l’empreinte du tourisme sur un territoire, on peut dire que dans les pays développés, là où il n’y a pas de tourisme, il n’y a quasiment plus de développement. Car c’est le tourisme qui désigne les lieux attractifs des sociétés développées depuis cinquante ans. Prenez l’Europe, les États-Unis, l’Espagne, les territoires touristiques se développent plus vite que les autres. C’est la première idée.

Il ne faut donc pas enfermer le tourisme dans un champ particulier d’activités périphériques. Il est devenu le marqueur central des territoires. Comme avant les territoires valorisés ont été ceux des mines – modèle Lorraine Nord – ou les grandes régions agricoles. Chaque époque a un marqueur central des territoires valorisés. Pensons le tourisme comme un levier de développement et d’attractivité territoriale qui porte le cœur de l’économie résidentielle, elle-même liée à la part productive des économies. Il faut, je crois, cesser les guerres productions/loisirs/consommation et penser en terme d’équilibre et de spirale de transformation.

Prenez le nombre de résidences secondaires par canton, il est très parallèle au nombre de créations d’entreprises. C’est-à-dire que là où les propriétaires de résidences secondaires – les bourgeoisies urbaines – ont investi dans le domaine du foncier privé, on le retrouve en termes de création des entreprises. Pas forcément du nombre d’emplois, ce qui montre bien que cela ne concerne que certains types d’entreprises plutôt de service et de nouvelles technologies.

En conséquence, ne regardons plus le tourisme comme « une niche » où l’on compte le nombre de lits, etc. Cela est important, mais élargissons notre perspective.

La question prospective

Ensuite, la prospective. Ce n’est pas d’abord l’art de regarder ce qu’il va se passer demain, c’est surtout l’art de regarder aujourd'hui, avec l’œil d’aujourd’hui. Quand vous faites de la formation de Préfet – cela m’est déjà arrivé – ils n’ont pas lu un texte de sociologie depuis trente ans, ils n’ont pas regardé les dernières recherches, ils parlent de ce qu’ils ont fait à l’ENA. Sauf qu’entre temps, le monde change. Aussi, je poserai une première question aux élus : qui avez-vous lu, cette année, comme chercheur sur ces questions ? Si vous n’avez lu personne, lisez-les ! Des personnes sont payées pour produire des livres sur les changements de la société ; c’est là que sont les clés de la prospective de votre territoire. Parce que votre œil a vieilli. On regarde tous, toujours la société avec l’œil d’hier or la décision publique porte sur demain.

Prenons un seul exemple, 53 % des bébés naissent hors mariage : est-ce votre vision de notre société ? Posez-vous simplement cette question. Moi qui suis un vieux soixante-huitard, jamais nous n’avions pensé que nous irions aussi loin, en une seule génération, dans la transformation du rôle de la famille et de sa recomposition. Je donne tout le temps ce chiffre des bébés nés hors mariage en posant la question de la vision de cette société, parce que je sais comment nos regards sur monde sont décalés de bien des réalités de nos sociétés. Je me permets de le dire extrêmement simplement, mais je crois qu’il faut aussi le dire extrêmement vigoureusement.

Penser le tourisme aussi comme sens

Pourquoi partir ? Soit pour visiter un référentiel déjà connu, soit parce qu’on pense qu’ailleurs c’est différent. Pendant longtemps, on s’est déplacé dans le monde religieux. Il fallait aller à Rome, à Saint-Jacques-de-Compostelle, les musulmans à La Mecque, etc. Il fallait faire les trajets initiatiques. Puis, on en est sorti, aux XVI° et XVII° siècles, parce qu’on voulait aller vérifier qu’il y avait des sociétés non chrétiennes, non monarchiques, qui avaient laissé des traces physiques.

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# 13 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Ce que l’on cherchait été la possibilité d’en sortir pour le futur. On peut dire que l’on a préparé la Révolution Française en contemplant des ruines ! C’est là l’origine du tourisme, une question philosophique. On est allé à Rome, à Athènes, en Égypte voir les ruines, où il y avait des traces qui donnaient du sens.

Après, au moment de la Révolution industrielle, le tourisme était un « à côté » sociale, refuge d’une classe qui ne servait plus à rien, l’ancienne aristocratie européenne. Elle a alors inventée le monde rentier qui a construit notre modèle touristique : les lieux, les territoires, les imaginaires, parce qu’ils avaient perdu le pouvoir économique et politique. C’est le triomphe de la rente foncière et du Franc Or !

Ensuite, petit à petit, le tourisme est rentré dans la société, autour de la Guerre de 1914. Jusqu’à l’invention des congés payés en 1936, il s’est avéré être une espèce de fenêtre du quotidien. On était travailleur, salarié et puis, il y avait une fenêtre : cela a été 15 jours, un rêve des milieux populaires,… une petite fenêtre. Mais aujourd'hui, ce n’est plus une fenêtre.

Le temps libre coproduit la société avec le monde du travail. Et il nous faut comprendre que nous sommes dans des sociétés à deux dynamiques, deux pieds, avec d’un côté le temps de travail, d’un côté le temps de non-travail. Je discute souvent avec les grands DRH, il faut voir le nombre de jeunes qui arrivent en souhaitant discuter en premier lieu des 35 heures et des temps libres avant de parler travail. Quel sera le mode de vie si je travaille ici ? Après seulement nous verrons ce que je produis… Cela est totalement légitime. Nous sommes dans de telles sociétés, ce que certains comprennent mal, notamment dans les plus hauts étages du pouvoir.

Cela ne veut pas dire que le travail n’a plus d’importance, qu’il n’est pas constructeur de richesses, d’identité, etc., mais il n’est plus le seul constructeur. Prenez simplement la structure des mariages : avant, à la Poste, on épousait la postière etc. Aujourd’hui, les mariages se sont mélangés, beaucoup plus par territoires que par groupes sociaux d’ailleurs – ce qui est un autre indicateur.

Nous devons garder ces questions en mémoire et comprendre que nous sommes entrés dans une société de mobilité entre le travail et le non-travail. Cela peut se faire en allant habiter dans la région où l’on rêve de partir en vacances et y chercher du travail. Cela peut se faire par la double résidence : 11 % du parc est constitué de résidences secondaires. Ce qui pourrait d’ailleurs se discuter, parce quand on voit le nombre de personnes sans maison, on pourrait peut-être interdire les résidences secondaires dans les grandes villes – c’est ma position personnelle – comme l’ont fait les Hollandais. Il ne s’agit pas d’un discours gauchiste de considérer que dans les grandes villes, on ne peut pas bloquer du logement quand il manque. Il s’agit d’une position raisonnable pour détendre le marché foncier et donc les loyers dans une époque mondialisée où les salaires sont limités en Europe.

Le désir touristique comme moteur de changement

Un certain nombre de questions se posent, notamment sur les rapports entre vie active et vie retraite. 48 % des retraités rêvent de s’installer dans les régions touristiques pour leur retraite. Quelles sont vos politiques, quels sont vos choix ? Cela entraîne des concurrences entre nouveaux habitants productifs, touristes, retraités, résidences secondaires, problèmes du foncier, sanctuarisation des terres agricoles. Tous ces enjeux sont là.

Avez-vous pris la décision de sanctuariser les terres agricoles ? C’est absolument fondamental. C’est le premier territoire à protéger. Ensuite, nous pourrons discuter. Mais, si nous ne le sanctuarisons pas, nous ne répondrons pas aux questions du futur, c’est-à-dire d’une nouvelle économie qui va faire reculer l’économie fossile par rapport à l’économie de production du vivant. Donc, comment se posent toutes ces questions ?

Tourisme, loisirs, vacances se sont complètement télescopés. Les touristes ont toujours été considérés, dans les comptes, en fonction des nuitées. Mais, les Français vont s’installer dans les régions touristiques par millions pour avoir toute l’année des pratiques de vacances.

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# 14 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Pourquoi Grenoble se développe ? Pourquoi Chambéry se développe ? Pourquoi la Côte d’Azur est-elle encombrée ? Pourquoi Montpellier fonctionne bien ? Pourquoi augmentez-vous vos populations ? Parce que chacun aspire à des pratiques de vacances toute l’année sans découcher. Il y a beaucoup plus de personnes qui se baignent à partir de chez elles que de personnes qui vont dans les régions touristiques pour se baigner.

À titre d’exemple, 50 000 personnes quittent Paris tous les ans pour leur retraite. 120 000 Français s’installent tous les ans entre Perpignan et Nice, à l’année, dont 60 000 sont des actifs. Que font-ils une fois installés ? Ils reçoivent leur famille et leurs amis chez eux. Ce qui fait que le premier lieu de séjour sur la façade méditerranéenne sont les maisons de l’intrafamiliale. Mais, ce ne sont pas les vacances chez la grand-mère, à la campagne, quand on était pauvre, dans les années 1950, où l’on n’avait rien d’autre à faire. Ce sont des vacances intrafamiliales modernes, dans des maisons qui ont été pensées pour cela, où un membre de la famille migre et les autres viennent en vacances. Ils s’installent en périurbain, la logique des piscines, etc.

Bien sûr, cela ne concerne qu’une partie de la société. Tous les milieux n’y accèdent pas. Mais, regardons l’ensemble de ces mouvements, comprenons ces transformations. Un de vos grands enjeux est Bordeaux. Cette ville est une destination touristique potentielle qu’elle n’est pas encore, quoi qu’elle en dise, même si elle a beaucoup travaillé dans ce sens, depuis quelques années. Bordeaux est une des villes du XXI° siècle potentielle en matière touristique. À condition qu’elle soit un petit peu plus amusante ! C’est une autre question, mais elle est importante, parce que le tourisme nécessite aussi d’avoir des marqueurs, notamment vis-à-vis de la jeunesse, de créativité, d’un certain délire social. Nous en parlions hier soir, j’en ai aussi parlé à Bordeaux avec les élus. Je le redis ici très gentiment. Mais il faut aussi se poser la question. Que prévoyons-nous pour les nouvelles générations ? Quelle politique pour les nouvelles clientèles ? Car il s’agit des enfants d’aujourd’hui. Le taux de départ en vacances des étudiants a reculé. D’accord, ils sont plus pauvres, mais pas seulement. C’est aussi parce qu’on a rendu les villes tellement agréables, on a tellement fait de politiques culturelles, avec tout l’enjeu des circulations virtuelles sur Internet. Que faites-vous pour être une destination de la jeunesse ? C’est-à-dire vis-à-vis de vos clients de demain ?

Vie longue et travail court

Nous devons regarder l’ensemble de ces questions. Plus fondamentalement, je voudrais vous donner quelques chiffres de ma réflexion sur le fond. La vie a augmenté de 40 % au XX° siècle. On a augmenté l’espérance de vie autant que pendant les 1 000 ans précédents. 40 %, c’est 200 000 heures de plus : vous vivez 700 000 heures, quand vos grands-parents vivaient 500 000 heures. Dans l’histoire de l’humanité, c’est un progrès gigantesque.

Mais, en même temps, la richesse a été multipliée par dix. C’est donc une augmentation beaucoup plus rapide de la richesse que de l’espérance de vie. De ce fait, le nombre de choses que vous pouvez faire, l’opportunité de faire, le nombre de destinations touristiques, de films, de livres, de relations amoureuses, etc., a explosé. Et donc, le nombre de ce que l’on ne fera jamais a augmenté beaucoup plus vite que le nombre de ce que l’on fera. Nous sommes donc dans une société de course de vitesse, de sentiment de manque de temps.

Quand vous dites aux gens que la durée du travail a été divisée par trois en trois générations : « ce n’est pas possible ! Je suis complètement surbooké ». Oui, ils le sont, y compris parce qu’ils courent pendant leur temps libre, ils font énormément de choses, ils veulent que leurs enfants aient six activités en plus de l’école, qu’ils fassent du piano, du jogging, etc. Nous sommes complètement surdensifiés, parce que nous n’avons pas pris le pouvoir sur cette accélération du temps, sur cette société de la vitesse, l’ensemble de ces éléments. Nous devons comprendre cette société.

Une partie de la société reste totalement sédentaire ; l’essentiel de la société est devenu profondément mobile. C’est sa nouvelle culture, des êtres mobiles entourés d’objets nomades et en quête de lien aux lieux et aux identités.

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# 15 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Tout est mobile : la durée moyenne de vie des couples est de huit ans ; 10 % des Français déménagent tous les ans ; on change d’employeur tous les onze ans, 53% des bébés…. Nous pourrions multiplier les chiffres. On fait 6 000 fois l’amour pour faire 2 bébés et la productivité sexuelle s’est effondrée. Avant 1914, on faisait 1 000 fois l’amour pour 10 bébés : l’effondrement de la productivité est absolument gigantesque ! Comment expliquez-vous à vos enfants pourquoi vous faites l’amour aussi souvent ? Vous ne pouvez pas leur dire que c’est pour faire des bébés… Donc, comment penser ces changements sociaux ? Dans quel récit les inclurent ? Il est essentiel de comprendre les vitesses de ces changements.

Les brevets scientifiques sont multipliés par deux, sur la planète, tous les dix ans. Nous étions à douze ans, nous sommes à dix et nous devrions être à six d’ici vingt ans. Cette accélération des sciences et des techniques, ce bouleversement de temps, nous n’en sommes jamais complètement conscients quand nous le vivons. Si je vous dis que vous avez 200 000 heures de vie en plus que vos grands-parents, si vous calculez un peu, vous allez vous dire qu’Untel est mort à tel âge, encore qu’il puisse y en avoir un qui ait été très vieux. Mais, nous n’avons pas le sentiment de cela. Et, dans cette société, il y a eu deux grands lieux d’innovation depuis cinquante ans : la télévision et l’ensemble du processus touristique. Ce sont deux lieux profonds d’innovation et pour bien les comprendre, je vais vous donner encore deux ou trois chiffres.

Vous vivez 700 000 heures ; la durée légale du travail, après la réforme que notre Président a fait passer cette nuit, est de 62 800 heures, pour avoir droit à la retraite (41 ans et demi à 35 heures). Vous allez dormir 200 000 heures, vous allez faire 30 000 heures d’études – si vous avez la chance de dépasser le baccalauréat – donc en gros, vous allez passer 100 000 heures à travailler ou à étudier, 200 000 heures à dormir : il vous reste 400 000 heures pour faire autre chose !

Si je prends le même modèle avant 1914, vous viviez 500 000 heures, la durée moyenne du travail était de 200 000 heures, le sommeil était à peu près le même, parce qu’on dormait deux heures de plus par jour, mais on vivait moins longtemps, donc quand on avait fini de dormir et de travailler, on avait 100 000 heures de temps libre et donc, forcément, on a multiplié le temps libre disponible par quatre en trois générations. Donc, quoi que vous proposiez, il y a du monde. Le succès n’est donc plus un gage de qualité.

Le sens du temps et des séjours

Cela pose un problème de temps absolument gigantesque dans l’ensemble de la société, avec un enjeu de plus en plus fort, celui de donner du sens à ce temps. Le temps libre, le tourisme, ce ne sont pas des gens dans des transats qui ne font rien ou qui passent leur vie au lit. Ce sont des personnes qui se déplacent, qui regardent des films, la télé ; ce sont des personnes qui oeuvrent pour que leur productivité reste constante et que leurs plaisirs de vivre augmentent.

C’est durant ces temps libres qu’on a appris à conduire, nager, se servir d’Internet, du téléphone portable, etc. Il faut bien comprendre que l'augmentation du temps libre correspond à une productivité qui n’a de cesse d’augmenter, parce que les technologies changent à toute vitesse. Ainsi, un couple s’est mis en place entre l'augmentation de la productivité dont la France est deuxième au niveau mondial, parce que nous sommes aussi un des pays qui a le plus investi sur le temps libre. Mais, de ce fait, la demande des personnes qui viennent chez vous, c’est sous jacent à leurs récits de vacances « qu’est-ce que j’ai appris pendant mon séjour ? ». En Languedoc, dans les années soixante-dix les habitants parlaient en regardant la Grande Motte parlaient de « machines à sperme », excusez-moi pour la vulgarité. Il faut comprendre cela. Et comprendre l’évolution des attentes et les nouvelles demandes de contenu. Le besoin de sens des vacances, le besoin qu’il se passe des choses, de mémoriser.

Rendez-vous compte que les personnes qui partent le plus en vacances, ceux qui partent quatre à cinq fois par an pendant soixante-dix ans, seront partis 350 fois : comment marquer le temps ? Que s’est-il passé pendant les vacances ?

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# 16 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Comment construire des choses uniques pour chaque séjour, pour que l’on puisse se repérer ? Demandez-vous ce que vous avez fait en 2004. Vous avez des marqueurs : le voyage du Pape, une coupe du monde de foot, une élection présidentielle… Demandez-vous comment l’on marque le temps et comment, au fond, les mobilités sont des marqueurs de temps ?

Si je repars en vacances, si je reviens, qu’est-ce que la fidélité – je ne parle pas du couple, mais d’un lieu - ? 50 % des individus se baignent toujours sur la même plage. Parce qu’on a peur de l’eau, parce qu’on a besoin de savoir où sont nos enfants, parce qu’on ne veut pas les perdre et que l’on préfère un endroit que l’on connaît déjà. Il y a ces fidélités, mais en même temps, elles se transmettent de génération en génération. On va généralement en vacances là où allaient nos parents. Les gens de Nancy et Metz ne vont pas en vacances au même endroit, parce qu’au moment où on a lancé le tourisme, Metz n’était pas français. Donc, Nancy a trouvé des arrangements avec la Côte d’Azur ; Metz est rentré sur les pratiques du Languedoc bien plus tard, d’où le très long terme des choses et la rapidité des changements.

Là est le fond de la question : nous étions dans une société sédentaire avec une classe mobile ; nous sommes entrés dans une société de mobilité. Et donc, le tourisme n’est plus un plus de la dynamique locale, mais un des éléments de la mutation de nos territoires. Et il faut faire très attention, parce qu’en France, on continue à considérer le productif comme le plus important.

Le nouvel équilibre du travail

Je vous rappelle simplement la structure de l’emploi dans ce pays : 17 % des individus fabriquent des objets ; 40 % s’occupent des soins du corps : santé, tourisme, éducation, etc. (contre 5 % il y a un siècle) ; 10 % des individus s’occupent du sol (urbanisme, agriculture) ; le reste fait de la logistique sociale (commerce, politique, sécurité, etc.). En général, on ne se rend pas compte que la production des objets ne représente que 17 %. Certes, cela est très important, mais ne nous trompons pas d’objectif. Les sociétés où il y a le moins de chômage sont celles où l’économie du corps a dépassé les 45 %, notamment les pays scandinaves, parce qu’ils ont socialisé le corps des enfants et des vieilles personnes. Nous ne l’avons pas encore fait complètement. Donc, ne nous trompons d’objectif ; n’ayons pas pour demain, les objectifs de la société d’hier, ce qui est quand même généralement le cas quand on pense les sociétés.

Une société de trajet

Une société de mobilité, cela signifie des choses simples. Les Français font en moyenne 45 kilomètres par jour. Un tiers est consacré aux vacances et week-ends, un tiers au travail, un tiers à la vie urbaine. Qu’est-ce qu’un voisin ? Qu’est-ce qu’un citoyen ? 61 % des électeurs ne votent pas dans la commune où ils travaillent. Si j’y rajoute les retraités, cela signifie que la base du corps électoral ne s’intéresse ni à la production, ni à la solidarité. Elle s’intéresse à la tranquillité, à la qualité de l’éducation et à l’homogénéité sociale. Tels sont les enjeux et on le sait bien quand on est élu. Je suis élu à Marseille dans le deuxième arrondissement, où vivent 200 000 musulmans : comment gérer cette question ? Comprenons l’ensemble de ces mouvements et, si vous voulez, comprenons, pour aller vite là-dessus, qu’on est dans une société qui a associé de manière indélébile mobilité, individualité et liberté. Dans la nouvelle époque, aujourd'hui, ces trois termes sont trois valeurs positives, les acquis de notre société démocratique. La preuve en est que dès qu’un régime devient autoritaire, il commence à s’attaquer au droit à la circulation.

En Chine, des intellectuels vous disent parfois : « Je préfère le passeport et la connexion à Internet au bulletin de vote » et il faut le comprendre. Arrêtons de ne voir que par le bulletin de vote dans les droits de l’homme dans une société de mobilité. C’est un droit essentiel mais il n’est pas unique. Le droit à la mobilité, à la circulation, est un enjeu aussi déterminant et peut-être que même ici, on préfèrerait le passeport et internet au bulletin de vote, dans bien des cas.

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# 17 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Posons-nous ces questions, pour comprendre comment nous avons associé tout cela et comprendre que le tourisme a été le vecteur humain de la mondialisation. 10 % des hommes franchissent une frontière tous les ans. C’est un événement fondateur d’une mondialisation humaine et pas seulement des objets, des imaginaires et de la finance.

Une perspective dite durable

Aujourd'hui, nous sommes dans une nouvelle période. Le développement durable, tout le monde en parle ; mais je dis : « attention aux idéologies, attention aux discours néo religieux ». Ne faisons pas du développement durable, le mot à la mode d’une écologie commune.

Parce que derrière cela, il y a des choix sociaux. Nous sommes dans une société où nous savons très bien faire la ville bobo, la ville lente, la ville du vélo. Pour les classes dominantes, nous sommes bons, à droite et à gauche, nous savons faire les villes qu’il faut, à Nantes, à Bordeaux… La ville populaire, nous ne savons la faire nulle part ; le périurbain, nulle part. La protection des territoires nous ne sommes pas mauvais. 30% de la France est dans des Parcs. Nous sommes donc sur un modèle urbain et territorial qui est intéressant mais, pour l’instant, non généralisable à la majorité de la population.

Sur les questions de développement durable, je pense qu’il faut se fixer des objectifs chiffrés plutôt que des pressions idéologiques. À Copenhague, il a été dit que la pollution en vingt ans serait divisée par quatre. Il s’agit de faire des chiffres, pas de l’idéologie ! Ainsi, je suis très content d’être assis sur une chaise en carton… Mais quelle est l’empreinte écologique globale d’une telle réunion ? Comment réfléchir cela ? Comment se posent de telles questions ? Sortons un peu du décor pour aller au fond des choses.

Les seuls modèles de développement durable en matière de transport que je connaisse en matière touristique sont ceux qui ont été faits à Lyon. Leur objectif est de favoriser les écarts de vitesse entre autoroutes / TGV et avions. Si on baisse la vitesse sur les autoroutes à 100 km/h et q’un favorise le TGV et surtout l’avion qui est beaucoup mois cher en investissement public on diminue très rapidement par quatre la pollution transport passager. Cet indicateur-là fait baisser l’empreinte écologique du tourisme de façon majeure. Les chaises en carton, c’est bien, mais augmenter les écarts de vitesse et diminuer les vitesses sur autoroute, c’est beaucoup plus important, si nous voulons avoir un impact en termes de chiffres.

En Belgique, lors d’une de mes conférences, ils avaient fait un petit film. Au début, on voyait le « beauf » classique, l’ouvrier, la vieille bagnole, le frigo qui pue, il buvait des bières devant la télévision, il avait une très mauvaise empreinte écologique. À côté, le jeune cadre roulait à vélo, parfait… Le week-end, le jeune cadre va à Marrakech avec une nouvelle copine, son empreinte écologique explose. Le prolétaire continue à boire beaucoup de bières devant la télévision, son empreinte écologique reste constante. Alors, faisons attention aux modèles… ne soyons pas dans cette idéologie.

Conclusion

D’abord n’oublions jamais une chose : 40 % des Français ne partent pas en vacances ; 70 % des enfants qui ne sont pas partis l’année dernière vivent seuls avec leur maman. Que serait du tourisme non bâti sur le couple et l’amour ? Comment cela fonctionne-t-il ? Qu’est-ce qu’une femme seule en vacances ? Un « objet sexuel » à draguer ? Une femme un peu désorientée ? N’empêche que dans la plupart des cas, elles ne partent pas, quel que soit leur niveau de revenu, qui est généralement mauvais. Sauf en tribut familial dans les catégories sociales moyennes et aisées. Le tourisme durable doit aussi être un tourisme démocratisé.

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# 18 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Deuxièmement, on a effectivement un groupe de très gros consommateurs. Ils constituent le cœur des pratiques touristiques. Ils partent cinq ou six fois par an. Ils sont en léger recul, parce qu’il y a un phénomène de répétition. Si nous voulons travailler sur cette niche, le problème est comment produire du renouvellement du désir de faire. Quand on est venu cent fois à Anglet, qu’est-ce qu’on fait pour la cent-unième fois ? Comment travailler sur ces questions ?

Nous sommes sur plusieurs enjeux. Une gigantesque régulation sociale a pris un siècle et demi pour être instauré : 1848/1998. Le cœur de notre modèle de société européenne est une régulation sociale concertée, qui a permis à la vie d’augmenter en durée - et qui nous pose alors aujourd’hui les questions de l’équilibre des retraités, de la sécurité sociale et de l’achèvement de cette démocratisation. Ce modèle n’est pas pour l’essentiel remis en question sur le fond.

Par contre, il y a deux régulations nouvelles en question : la régulation des identités collectives et la régulation de la prédation des hommes sur la nature. Nous ne pouvons pas les séparer. La mondialisation, c’est la réunification de l’humanité. Toutes les identités que nous avons construites pour conquérir la planète, les uns après les autres et souvent contre les autres, à un moment historique donnée se retrouvent voisiner quotidiennement. La conquête est terminée. On se voit tous les jours à la télévision ; 55 % des restaurants à Paris sont étrangers…

Nous sommes dans cette société mondialisée et donc, nous avons des angoisses identitaires fortement légitimes. « Ils » viennent chez nous ? « Ils » restent ? on les visite ? comment faire, etc. Ce sont des questions légitimes, les mêmes que dans une commune. Qu’est-ce un habitant ? Est-ce un vrai natif ? Qu’est-ce qu’un natif ? Où est la limite dans cette affaire ? Car cette question pose un vrai problème. C’est la question des identités collectives, des identités locales, avec des cartes politiques fondamentalement archaïques. Quand je vous dis que nous faisons 45 km par jour, je dis que les seuls qui connaissent encore les cartes politiques sont les élus et que la plupart des habitants ne savent même pas quand ils changent de commune, de territoire ou de canton. Après, on leur dit que ce sont les bases de l’organisation citoyenne. Je pense qu’elles sont dépassées et que d’une certaine façon, sur tous ces sujets, nous avons à comprendre la société d’aujourd’hui, qui est une société fantastique, mobile, qui crée de la grande pauvreté, etc. et à comprendre l’ensemble de ses processus, à savoir ce qu’est une société mobile et ce que sera sa citoyenneté. Nous avons à ré-enraciner la démocratie dans la proximité des territoires vécus tout en comprenant le mouvement de la réunification de l’humanité sur une toute petite planète perdue dans l’univers. Le développement durable doit être tout cela. Sinon il sera une mode passagère et ne nous servira pas à penser et organiser autrement le monde.

C’est ainsi je crois que nous devrions regarder les choses. Mais en restant avec du doute. Beaucoup de doute. Car demain n’est pas écrit ? Ce sont les hommes qui écrivent l’histoire ce qu’il ne faut jamais oublier même quand on fait de la prospective.

Merci.

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# 19 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Echanges Introductifs

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# 20 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Etat des lieux du tourisme en Aquitaine Par Brigitte BLOCH – Comité Régional du Tourisme Aquitain Directrice Comité Régional du Tourisme Aquitain 23 Parvis des Chartrons 33000 Bordeaux Tel : 05 56 01 70 00 E-mail : [email protected] Mon rôle n’est pas facile, après une telle intervention. Revenir à des données chiffrées n’est peut-être pas extrêmement enthousiasmant, mais d’une certaine manière, elles constituent des illustrations des propos de Jean VIARD. Nous allons commencer par la fréquentation touristique en Aquitaine, sur laquelle nous avons un peu de recul. En 2009 (changement de méthodologie), 94,8 millions de nuitées (en hébergement marchand et non marchand) ont été enregistrées en Aquitaine, sachant que 50 % d’entre elles sont effectuées en hébergement non marchand. Dans le tourisme, quand on perd en fréquentation, on perd d’un coup, beaucoup, et quand on remonte, on remonte tout doucement. Entre 2002 et 2003, une chute assez importante (-11% dans la région) n’a pas concerné que l’Aquitaine, mais toutes les régions touristiques françaises. Chez nous, cette baisse a été accentuée par la canicule, le naufrage du Prestige, la tempête qui a touché notamment Biscarrosse. Après plusieurs années, nous sommes revenus à une fréquentation soutenue, mais qui n’a pas retrouvé le niveau de 2002 (en 2008, nous étions encore à -7% par rapport à 2002). La fréquentation touristique du littoral est essentielle à l’économie régionale. 50 % de la fréquentation touristique de l’Aquitaine a lieu sur le littoral, mais sur 10 % du territoire, et les autres 50 % sur tout le reste du territoire de l’Aquitaine. Sur les 94 millions de nuitées, 44,8 millions sont réalisées sur le littoral dont 35 millions l’été. C’est donc principalement une fréquentation estivale, dont la diapositive suivante précise la saisonnalité. En Aquitaine, 50 % de la fréquentation se fait en juillet et août, 72 % entre mai et septembre. C’est à peu près pareil sur le littoral, de manière encore plus concentrée. Si nous réalisons un zoom sur la clientèle estivale et l’hébergement, 59 % des touristes qui séjournent sur le littoral choisissent un hébergement marchand. C’est une proportion légèrement supérieure au reste de l’Aquitaine, avec une prédominance forte du camping, qui génère 4 nuitées marchandes sur 10, versus 34 % à l'intérieur de l’Aquitaine. Sur le littoral, les touristes ont peu recours à l’hôtellerie, puisqu’elle ne représente que 6 % des nuitées de l’hébergement marchand, contre 25 % dans l'intérieur. Il y a aussi beaucoup plus de fréquentations en meublé sur le littoral que sur le reste du territoire aquitain. En ce qui concerne les origines des clients, en Aquitaine, 80 % des clients sont Français, 20 % étrangers. Sur le littoral, la proportion des clients français est légèrement supérieure puisqu’elle atteint 85%. S’agissant de la provenance, nous avons un très gros bassin sud-ouest. Environ deux touristes sur dix viennent d’Aquitaine, deux autres du grand sud-ouest, deux d’Ile-de-France, deux des autres régions françaises, deux de l’étranger. Parmi ces derniers, on trouve surtout la Grande-Bretagne, l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Espagne, avec une clientèle espagnole en progression.

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# 21 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Au Pays Basque, cela se vérifie depuis longtemps, mais désormais, la clientèle espagnole ne se voit pas seulement dans les zones frontalières, mais aussi dans toute l’Aquitaine et d’ailleurs en France, en général. Si nous continuons sur le type de groupe de la clientèle estivale, ce sont principalement des familles. C’est sur le littoral que nous trouvons les plus gros groupes familiaux, avec une moyenne de 3,3 personnes par groupe. On a toujours tendance à penser que partir en vacances sur le littoral, ce n’est pas cher et donc, que l’on peut y trouver des CSP-. Or, ce n’est pas le cas. Sur le littoral, ce sont également les CSP+ qui peuvent partir en vacances et qui représentent 51% de la fréquentation ; l’hébergement n’est pas nécessairement bon marché, même si la proportion de CSP- y est légèrement supérieure que dans l’intérieur. Il y a moins d’inactifs sur le littoral que dans l'intérieur de la région. Sur l’accès aux destinations, 92 % des personnes viennent en voiture sur le littoral. Les parts du train et de l’aérien sont faibles. Aujourd’hui, de plus en plus de clients souhaiteraient prendre le train, mais il existe une rupture de charge entre l’arrivée à la gare et l’arrivée à destination finale. Il existe donc une attente de plus en plus grande – elle reste toutefois mesurée – d’une possibilité alternative. L’avion peut avoir une importance pour certains territoires, mais il est peu utilisé pour venir sur le littoral ou la clientèle familiale préfère transporter tout ce dont elle a besoin en voiture. Nous avons souvent des discussions sur l’influence du low cost. S’il est vrai qu’il transporte beaucoup de touristes, il est souvent difficile de pérenniser les lignes. Enfin, l’avion commence à avoir une image moins positive qu’autrefois (pollution). C’est un argument que l’on doit aujourd'hui prendre plus en considération. En ce qui concerne les motivations du séjour, sur le littoral, les touristes viennent principalement pour leurs vacances. Il existe seulement une toute petite part de tourisme d’affaires l’été (elle est un peu plus importante en hiver proportionnellement à la fréquentation totale). De manière générale, les touristes veulent pouvoir « tout faire » pendant leurs vacances. Aussi, une manière de les faire venir dans nos territoires consiste à leur donner envie d’y faire « quelque chose ». Après, la plupart se reposent, ne font rien, profitent du soleil et de la mer. Ce n’est pas étonnant, c’est comme au Club Med : on veut avoir accès à de nombreuses activités, mais l’on fait souvent moins de choses que ce que l’on avait imaginé. La clientèle hors saison (novembre à mars) représente une très faible part (22 %) de la fréquentation totale, avec un recours à l’hébergement non marchand plus fort qu’en été. Certains territoires d’Aquitaine sont très marqués par cela. Ils représentent environ un quart de la fréquentation l’été, mais 8 % seulement en période hivernale. En hiver, il y a donc plus de tourisme affinitaire (45 %) et un peu plus de tourisme d’affaires. Au niveau du poids économique et des retombées sur l’emploi, on constate aussi une forte saisonnalité, avec une moyenne de 45 000 emplois à l’année, dont 42% sont situés sur le littoral. Ces emplois se répartissent, en Aquitaine, en 30 000 emplois permanents et 60 000 emplois dans la période haute de la fréquentation touristique. Du côté des saisonniers, un peu moins de 48 % ne vivent pas sur le littoral. Mais, si l’on additionne ceux qui vivent sur le littoral et à proximité, ils représentent 72 % des saisonniers. Nous avons essayé d’évaluer les dépenses des touristes en Aquitaine. Au total, sur l’année, elles représentent aujourd’hui 4,3 milliards d’euros, dont près de 2,3 milliards d’euros pour le littoral et 80 % en été. En euros constants, en 1980, on était à 1 milliard de dépenses effectuées en Aquitaine pour 3,4 milliards d’euros en 2009. Je voudrais faire un rappel sur l’importance d’internet, non seulement dans la consommation touristique, mais aussi dans l’information touristique. 35 % des Français partis en vacances les ont achetées en ligne, soit 4 points de plus que l’année dernière (source Raffour interactive).

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# 22 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Pour s’informer sur les vacances aujourd'hui, 58 % des personnes interrogées ont consulté un site marchand, 33 % un site donnant des conseils de voyage (source Opinionway). C’est donc un challenge pour des structures comme les nôtres de s’adapter à ces évolutions. Aujourd’hui, on cherche l’information sur Internet, on achète ses vacances sur Internet. Cela vaut bien sûr pour les Français, mais aussi pour les Européens et, si nous regardons les types de dépenses effectuées, de prestations touristiques achetées sur Internet, nous retrouvons les billets de train, l’hôtellerie, les transports en général et les locations de vacances. Aujourd’hui, tout ce qui est de l’ordre de l’hébergement et du séjour peut être trouvé sur internet, avec le sentiment de liberté qu’ont gagné les touristes – « je peux faire comme je veux, je m’organise comme je veux, je choisis en fonction de mes désirs » - avec une immédiateté de la réponse. Aujourd’hui, sans réponse au-delà de 24 heures sur Internet, vous allez chercher un autre type d’hébergement ou de séjour.

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# 23 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Facteurs d’attractivité du Littoral Aquitain par Antoine CACHIN – Directoire de FRAM Président du Directoire FRAM 1 rue Lapeyrouse 31008 Toulouse Cedex 06 Je vais vous raconter la même chose, mais d’une manière différente. De la deuxième présentation, je confirme que les individus recherchent avant tout la mer, le soleil, le climat, la détente et le repos. Je vous parlerai aussi d’un marqueur du temps, notre installation dans cette région. Fram est un tour operator à l’origine, 500 000 clients, dont près de 2 % en France. Que venons-nous faire ici ? C’est complètement à l’opposé de ce que fait toujours Fram. Alors, pourquoi créer un village-vacances ici ? D’abord, Fram n’est pas tout à fait comme les autres, parce que nous sommes tour operator, mais nous faisons aussi tous les métiers du tourisme et notamment, nous sommes hôteliers. Nous gérons une vingtaine d’hôtels de vacances à l’étranger. Il n’était donc pas complètement aberrant de venir gérer des installations ailleurs. Quant à pourquoi la France, au-delà du fait que la France soit la première destination des Français, de ses vertus, etc., tout simplement, avant tout, pour gagner un nouveau type de clientèle, les jeunes familles ; pour répondre aux tendances actuelles du marché – tourisme durable, nature, etc. ; pour diversifier nos risques. Ce n’est pas la même chose d’être dans le sud de la Méditerranée et d’être en France. Cela change et crée de nouveaux relais de croissance. C’est la raison pour laquelle nous avons ouvert un nouveau village de vacances à la mi-juin et que nous voulons créer une nouvelle gamme de villages de vacances de cette nature en France. Pourquoi à Soustons et pourquoi ici ? Trois raisons principales l’expliquent. D’abord, le site : nous avons trouvé un site de 14 hectares, boisé, vallonné, exactement tel que nous le recherchions. Le deuxième est l’environnement dans lequel il se trouve, la région qui se prête de manière exceptionnelle à toute une série d’activités, de loisirs, de tourisme, avec une dominante nature (proximité de la mer et arrière-pays extraordinairement intéressant). Le troisième élément fondamental pour nous réside dans le fait que nous avons eu d’extrêmement bonnes relations avec les collectivités locales (conseil général ou commune). Enfin, le montage retenu nous a permis de louer un terrain et de mettre tous nos efforts financiers sur l’ensemble de l’investissement, en dehors du foncier que nous payons sur la durée. Voilà pourquoi nous nous sommes développés en France. Voilà pourquoi nous nous sommes retrouvés à Soustons et nous en sommes fort contents. Sur le produit, nous le prétendons nouveau, mais nous pourrons toujours en discuter. Il s’agit d’un village de vacances essentiellement tourné vers la nature, ni en dur, ni camping et qui repose sur six valeurs. D’abord, l’harmonie, car ce site est parfaitement intégré à son environnement naturel, que nous avons préservé au maximum. Il s’agissait de ne pas le détruire, de ne pas le polluer. Nous n’avons fait que de l’habitat horizontal. Il n’y a pas de voiture sur le site.

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# 24 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Le deuxième élément fondamental est l’espace. Vous nous avez décrit une société de frustrés permanents, qui n’a jamais le temps de faire assez de choses. Elle est de plus en plus mobile, de plus en plus active. Dans cette société où le temps est un élément important, l’espace est aussi un élément fondamental. Et, sans reprendre une publicité pour une automobile il y a quelques années, je pense que le luxe, c’est réellement l’espace ! Il suffit de regarder les villes d’où nous venons et les endroits où nous allons en vacances, l’espace est un élément déterminant que beaucoup d’opérateurs touristiques ont oublié au fur et à mesure. Nous avons donc là un terrain de 14 hectares, nous avons créé des structures de hameaux, avec des espaces minimums de 150 à 200 m² qui, dans ce monde, sont des espaces importants. Nous verrons que 3 hectares ont été complètement préservés pour des activités tournées vers la nature. Deux autres valeurs sont beaucoup plus techniques : le confort et le service. Nous avons choisi trois catégories d’hébergement : de la toile, du chalet et du bungalow – manière marketing de dire mobile home en bois. Il s’agit de mobiles homes bardés de bois pour préserver le style naturel de l’ensemble du système. Chacun a une terrasse. Le système a été conçu avec un grand confort (salle de bain, cuisine et la totalité de ce qui fait le confort moderne d’un système à l’heure actuelle). Dernier élément, des valeurs liées à la durabilité et à la nature. Dans ce domaine, nous avons utilisé des matériaux de construction renouvelables, des toiles recyclables, des colles non polluantes, du bois provenant de filières écogérées, aucun goudronnage sur le site, le recours à l’énergie solaire, le tri des déchets et une politique d’achats et de recours à des produits durables. En disant cela, j’ai l’impression de faire du marketing de bas étage, c’est-à-dire de me tourner vers de la durabilité pour dire quelque chose de bien. Tout simplement, nous avons voulu faire un site qui respectait un certain nombre d’éléments naturels et qui faisait que nous pouvions donner à l’activité de ce site un aspect naturel extrêmement important. C’est ce que nous avons fait sur le côté nature. Sur 3 hectares, nous n’avons que des activités naturelles et tournées vers la nature. Avoir un programme d’animation, des pistes cyclables vers la plage, fait que nous avons beaucoup informé l’ensemble de nos clients, et notamment les enfants, sur tout ce qui tournait autour de la nature et qui a fait le fondement du produit. Il est intéressant qu’un acteur tel que nous soit venu développer ce type d’activité. Vous avez ici le résumé de ce que nous avons fait. Il s’agit d’un projet innovant et totalement tourné vers la nature, respectueux de l’environnement. C’est un investissement de 10 millions d’euros qui a été réalisé par des entreprises locales. Nous l’avons fait en deux tranches. Une première s’est tenue en juin, où pendant trois mois, nous n’avons ouvert que 150 hébergements. Nous sommes en train de mettre en place 100 hébergements supplémentaires. Nous emploierons alors près de cent personnes sur le site, à compter de Pâques prochain. Notre « saison » durera six mois. Nos résultats ont été plutôt meilleurs qu’espérés, avec un problème fondamental : la saisonnalité. Tout l’enjeu de ce type d’équipement est de le remplir au-delà des deux mois et demi ou des trois mois où cela le sera de façon quasiment automatique. Cela me semble être le plus gros enjeu, pour un opérateur tel que nous, mais aussi pour l’ensemble des personnes ici présentes, car ce sera le seul moyen de rentabiliser ce type d’équipement. Et quand je parle des problèmes de la saisonnalité, ils sont de deux types : le comportement de nos clients et le fait qu’une partie des stations ne soient pas animées au-delà d’une très courte période de temps. Même si l’on considère que chez nous, l’animation est suffisamment forte pour accueillir des clients.

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# 25 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

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# 26 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Table ronde n°1 : Le tourisme durable : défi social, environnemental et économique

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# 27 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Introduction table ronde Compétitivité du secteur touristique : entre opportunités et menaces Par Patrick VICERIAT - AFEST Consultant 26 Rue de la Pépinière 75008 Paris E-mail : [email protected] Tel : 06 09 91 00 51 Les métiers du tourisme regroupent un ensemble d’activités très diverses. Nous raisonnons sur une multitude de marchés. Ainsi, nous n’avons pas parlé des soirées. Le loisir nocturne est extrêmement important, mais on n’en parle jamais. Nous sommes ici dans le Sud, que faisons-nous le soir ? Qu’est-ce qui est organisé pour les touristes ? Le bien-être est quelque chose d’également important. A mon avis, beaucoup d’équipements doivent évoluer. Aussi, quand vous allez réfléchir sur la prospective du tourisme, ce sont tous ces marchés sur lesquels il va falloir essayer de réfléchir. On a parlé tout à l’heure de saisonnalité. Nous avons regardé comment se déplacent les familles françaises. Je suis parti dans l’hypothèse d’une famille qui avait les moyens de consommer, c’est-à-dire deux adultes, deux enfants. Jean Viard a rappelé que l’on divorce au bout de huit, neuf ans, aujourd'hui. D’ailleurs, la première chose que l’on fait quand on divorce, c’est la revente de la résidence secondaire. C’est déjà en lien avec le tourisme. Voilà comment se déroule l’agenda d’une famille française. En février, on part en général à la montagne. En avril, on envoie les enfants chez les grands-parents, qui ont un rôle de plus en plus important. Une série de week-ends allongés a été renforcée par les RTT. Puis les séjours linguistiques. On part ensemble en vacances pendant l’été. Je rappelle ici qu’une grosse réflexion est actuellement lancée sur les rythmes scolaires, qui pourrait aussi avoir un impact et dont il faudra tenir compte, notamment si les vacances d’été étaient zonées, conformément à l’une des pistes envisagées. En septembre, on a envie de repartir en vacances. En novembre, on a de nouvelles vacances autour de la Toussaint. En décembre, il y a des événementiels. Ainsi, à Strasbourg, les hôtels sont plus pleins pendant la période des marchés de Noël que pendant la période de haute saison d’affaires. Le couple va partir à l’étranger pour un grand voyage. Ensuite, c’est un peu sujet tabou, mais nous travaillons sur « l’amour et le tourisme » pour essayer de réfléchir aux marchés que nous pourrions développer autour de ce concept. Car, quand on est amoureux, on ne se déplace pas de la même façon que si l’on est en famille, en individuel ou en groupe. Une vraie question se pose et tout à l’heure, dans les questions qui ont été soulevées, on parle du littoral, des musées… j’aimerais que l’on me parle des hommes et des femmes du territoire. De plus en plus, les touristes veulent rencontrer les hommes et les femmes qui sont dans le territoire. Je peux venir ici, dans cette région et dans cette commune, sans jamais rencontrer un seul habitant local. Pour moi, c’est une vraie question sur l’avenir du tourisme. Concernant les grandes tendances de la consommation touristique. Nous pouvons dire que certains éléments changent, d’autres moins. Par exemple, il semble évident que ceux qui ont de l’argent partent plus que les autres ! Le marché est donc bien sous influence économique et c’est un item très important. Nous le voyons bien avec la crise dans laquelle nous sommes encore toujours.

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# 28 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Cela joue fortement sur les dépenses des touristes, même s’ils ont continué à partir en vacances et à consommer. Il y a des choses fondamentales : se retrouver en famille, se reposer ; si je revenais dans dix ans, je vous dirais encore cela. Il suffit d’aller passer un week-end à Bruxelles pendant l’hiver pour comprendre que l’année d’après, les habitants du nord vont avoir envie d’aller dans le sud, profiter de la mer, du soleil et de tout cela. C’est un marché sûr pour les années à venir. Ce qui bouge, c’est que nous avons de nouvelles clientèles touristiques étrangères, qui viennent sur le marché, les « bricks », plus les nouveaux « bricks », maintenant les Chinois, les Indiens. Ce sont des clientèles importantes pour demain. Ce qui bouge, ce sont aussi les prix. Aujourd'hui, plus personne ne connaît le prix d’un produit touristique puisqu’il évolue tout le temps. C’est aussi le développement de l’Internet, donc avant, pendant et après le séjour, sur toutes les applications qui peuvent se développer, avec notamment l’Internet mobile. L’environnement, c’est la fragmentation des ménages, la progression des monoménages, les femmes… Dans votre réflexion prospective, vous devez vous interroger sur ces clientèles : Qu’est-ce qu’une femme aujourd'hui ? Une femme seule ? Une femme divorcée ? Qu’est-ce qu’un couple de divorcés ? Un couple de jeunes ? Aller beaucoup plus vers une segmentation démographique qui est le fondement même des produits touristiques qu’il faudrait faire évoluer demain. C’est aussi la question du vieillissement de la population. Nous le voyons bien, nous avons des clientèles de plus en plus âgées, qui ont de l’argent pour partir en vacances et on n’ose pas trop leur proposer des choses. C’est-à-dire que l’on aimerait bien les avoir, mais pas trop. Par exemple, nous travaillons sur des produits d’un nouveau genre, autour du bien vieillir, de l’antiâge. Cela explose dans plein de secteurs d’activité, tout simplement parce que nous vieillissons et que nos populations vieillissent. Quand vous rentrez dans une pharmacie, aujourd'hui, la moitié des produits vendus ne concerne plus des médicaments remboursés par la Sécurité sociale, mais des compléments alimentaires, de l’antirides. 50 % des crèmes aujourd'hui vendues sur le marché sont destinées à vous aider à rester jeune. Il y a là sûrement une terre de mission et de réflexion pour votre prospective, pour faire évoluer vos produits bien-être qui, aujourd'hui, sont peut-être un peu ringardisés et les orienter vers des choses qui soient beaucoup plus en harmonie avec ce que cherche la clientèle. Dans les publicités des centres de thalassothérapie, vous voyez beaucoup de filles de 25 ans qui ont besoin d’entretenir leur santé ; c’est plutôt la femme ou l’homme de 40-45 ans jusqu’à 65 ans voire plus qu’est le cœur du marché. C’est là qu’il faut faire évoluer nos produits. Autres éléments : la mobilité et le nomadisme. Notamment, les jeunes se déplacent beaucoup aujourd'hui. C’est un élément important. La transformation des valeurs de consommation est une vraie question, car il existe un décalage croissant entre ce que l’on prétend vendre et ce que l’on achète au départ sur Internet. Ainsi, je peux voir de super belles photographies, plein d’informations techniques puis, quand j’arrive sur le site, ce n’est pas exactement ce que l’on m’a décrit. Ainsi, des sites comme TripAdvisor explosent aujourd'hui, parce que « j’ai besoin de savoir ce que pensent les autres au-delà de la publicité ». Le développement durable, je voudrais savoir combien, dans cette commune ou dans cette région, il y a d’habitat durable aujourd'hui. Je pense qu’il n’y en a quasiment pas. On parle beaucoup du développement durable. Je voudrais savoir où sont les habitats écologiques. Il y a deux ans, je suis allé sur Internet et j’ai essayé de trouver un habitat écologique pour passer mes vacances. Cela remonte à deux ans. Probablement les choses ont-elles évolué depuis. Mais, je n’en ai quasiment pas trouvé. Moi, je suis abreuvé toute la journée de développement durable, mais où sont les actes, où sont les équipements ? C’est une vraie question pour demain.

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# 29 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Vous l’avez dit, l’essentiel de nos touristes vient en voiture (plus de 80 % d’entre eux), à deux heures de nos frontières pour les étrangers (Allemands, Belges, Anglais). Le pays se déforme. Nous ne le ressentons peut-être pas, mais aujourd'hui, les deux conditions sont un accès aérien low cost – vous l’avez en partie – et un TGV rapide. Autre élément qui structure ce paysage, mais on a tendance à parler des nouvelles technologiques comme du développement durable : aujourd'hui, les individus veulent une connexion permanente. Il est donc très important d’assurer ce service. Pierre&Vacances, par exemple, va investir plusieurs dizaines de millions d’euros pour offrir une offre Triple Play dans ses villages, alors qu’aujourd’hui, dans les villages construits il y a une dizaine d’années, il n’y a pas Internet dans les appartements. Or, les individus le réclament, de même que des écrans plats, de retrouver ce qu’ils ont à la maison. Mais, ce sont souvent des investissements importants. Les personnes veulent donc utiliser tous les avantages du haut débit, notamment suite à la convergence entre les réseaux sociaux Facebook, par exemple. Ce qu’il se passe sur Meetic ou sur Match est également très important pour comprendre comment les flux vont se déplacer. Dans la concrétisation de la rencontre en ligne, partir en week-end avec la personne identifiée est un élément qui peut vous concerner. Cette convergence entre des nouvelles applications (Web 2.0, Web 3.0) et toutes ces applications qui sont aujourd'hui rentrées dans les faits, comme la géolocalisation, les puces RFID, les tags, la réalité augmentée, évidemment qu’il faut y réfléchir. Mais, cela ne va pas chambouler votre offre de manière fondamentale. Cela va la faire évoluer, lui donner un look plus moderne, sans forcément la transformer. Bien entendu, il convient surtout d’avoir du contenu. Car il est bien de parler de réalité augmentée ou autres, mais il faut avoir du contenu à y mettre. Aussi, il est intéressant d’étudier ce qu’il se passe du côté des opérateurs de contenus. J’en ai cité deux : « Thevisit ou Citizeum », qui arrivent également sur internet. Sur les hébergements, ils doivent évoluer de façon très sensible. Ils doivent être séduisants sur un plan architectural. Les centaines de milliers de bungalows que l’on retrouve partout dans le nord ou dans le sud de la France, cela va bientôt être terminé et personnellement, j’en serai ravi, parce que je retrouve partout les mêmes. Allez vers quelque chose de plus typique, plus fonctionnel, plus architectural ; vers des habitats écologiques – le village de Fram en est un bon exemple -, pédagogiques. Ainsi, moi-même, j’aimerais bien installer des panneaux solaires sur ma maison, mais avant, j’aimerais savoir comment cela fonctionne ailleurs. Est-ce vraiment aussi intéressant ? Cela pourrait avoir une fonction pédagogique au niveau de l’utilisation. Mais, attention, le problème du financement demeure. Tous les nouveaux produits qui sortent aujourd'hui sont d’abord des produits financiers autour de la résidence de tourisme. C’est donc une vraie question pour savoir, en termes d’arbitrage, ce qu’il convient de faire sur un territoire, entre de l’hôtellerie et de la résidence de tourisme. Autre secteur : le thermalisme. Il tombe en ruine dans notre territoire, à travers un effondrement de la fréquentation comme jamais auparavant. Nous avons perdu 30 % de la clientèle en une dizaine d’années, ce qui est absolument considérable. La thalassothérapie stagne, alors qu’elle était présentée, il y a dix ans, comme un produit d’avenir. La concurrence est extrêmement forte avec les pays du Sud. Ainsi, la Tunisie sera probablement dans cinq ans un acteur majeur dans le domaine de la thalassothérapie et dépassera la France. Et puis, on n’ose pas trop toucher au bien-être ou alors, on reproduit à l’infini toujours les mêmes modèles, avec quelques baignoires, mais assez peu de contenu, alors que la clientèle, aujourd'hui, veut aussi rêver à travers ces produits. Les bains pratiqués au Japon ne sont pas ceux que l’on trouve dans les pays du Moyen-Orient ou dans le nord de l’Europe.

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# 30 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Le tourisme médical, personne ne veut y toucher pour l’instant, alors que c’est un secteur qui explose un peu partout dans le monde, et que nous avons des infrastructures. Mais aujourd'hui, clairement, on a des œillères là-dessus et on ne veut pas y toucher. Des pays comme la Tunisie ou certains pays de l’Est se sont spécialisés sur un certain type de soins et ont aujourd'hui un développement très important. Que pouvons-nous dire sur la France ? Globalement, c’est une destination porteuse, même en période de crise. Nous sommes proches, à deux heures de voiture de nos grands marchés. Demain, même si Al Qaïda multiplie ses attentats un peu partout dans le monde, ça ne pose pas de problème car nos clients viennent d’à côté. C’est une sorte d’amortisseur. On peut y venir en voiture. Cela donne une certaine impression de luxe raisonnable – comme le qualifient les experts – et de dépaysement, même si de plus en plus, on a tendance à retrouver les mêmes stations un peu partout. Mais, évidemment, nous avons une concurrence de poids à proximité, dans tous les domaines. On cite souvent les pays du Moyen-Orient, mais ce qu’a fait l’Espagne également, notamment dans le domaine des loisirs nocturnes, est vraiment un chantier à ouvrir. Que fait-on après le cinq à sept le soir ? Il y a là une concurrence très forte. Nous avons une forte capacité d’adaptation, car nos structures sont plutôt petites, ce qui nous permet d’individualiser plus facilement. Et puis, nous avons peut-être à mieux tirer partie du fractionnement des séjours. Il est clair que le long séjour d’été a tendance à s’effriter de plus en plus et à l'intérieur même des vacances d’été, les gens sont de plus en plus mobiles et réalisent plusieurs séjours. Deux éléments pour se raccrocher : passer d’une analyse des marchés des environnements, à des projets, des produits, des investissements qui pourraient être créés ici. J’ai cité simplement deux faits, qui structurent un peu le paysage touristique aujourd'hui : la loi sur la modernisation des services touristiques et le montage de la structure que constitue Atout France, dans lequel a été intégré la Maison de la France, les services d’ingénierie et qui, quelque part, se positionne aussi pour être un outil en faveur de l’évolution du secteur. Dernier point, un certain nombre de secteurs sont sous tension à l’heure actuelle. J’en ai relevé trois. La restauration, parce qu’il nous faut gérer les suites de la baisse de la TVA, qui s’est plus ou moins bien passée. Sur l’hôtellerie, partout, dans tous les colloques dans lesquels j’ai l’occasion d’intervenir, cette question fondamentale du devenir de nos hôtels revient, avec la succession des normes qui vont se mettre en place – handicap, développement durable - ; c’est une vraie question pour les élus et professionnels. Par ailleurs, les agences de voyages sont également confrontées à une mutation très importante. Cela nous concerne moins, nous sommes plus sur un territoire de réceptif, mais il faut savoir que, par exemple, les agences de voyages, depuis le début de l’année, peuvent vendre bien autre chose que des voyages, notamment des bagages. Il y a toute une réflexion de créativité sur ce que pourrait être demain l’activité des agences, à mettre en place. En conclusion, je voudrais insister sur deux points. Le bien-être en phase avec les évolutions de la population entre 2020 et 2040 ; vous devez dès aujourd'hui préparer les produits, les équipements, les investissements à mettre en place. C’est pour moi une des pistes à travailler. L’autre piste, c’est vraiment que vous fassiez rentrer dans la politique touristique, l’humain qui ne l’est pas aujourd'hui.

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# 31 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

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# 32 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

De la pratique du tourisme durable … Démarches environnementales : vers de nouvelles pratiques ? Par Jean-Philippe PAVIE – Camping du Col Vert Directeur Général Camping du Col Vert Camping du Col Vert Le Lac de Vielle 40560 Vielle Saint Girons

E-mail : [email protected] Tel: 05 58 42 94 06

Notre établissement se situe sur la Côte Landes Nature, à savoir la partie centrale des Landes, la moins urbanisée du littoral. Nous disposons d’environ 30 hectares en forêt de pins jusqu’à la tempête Klaus. Notre établissement existe depuis bientôt cinquante ans et depuis plus de dix ans, nous avons entrepris une démarche labellisée. Le label « clé verte », environnemental, est mis en place par l’AF3E - connu pour le « pavillon bleu » - en 1999. Grâce à la Chambre de commerce des Landes, en 2004, nous avons obtenu la certification ISO 14001, démarche industrielle, mais qui peut s’appliquer à des établissements touristiques, sur le management environnemental. En 2008, nous avons vu l’arrivée de l’Écolabel européen pour les services de camping. Pourquoi ces démarches ? Nous sommes situés dans ce secteur, sur les bords du Lac de Léon, à proximité de la réserve naturelle de Courant d’Huchet, donc dans un environnement très protégé, assez privilégié. C’est pour cela que les gens viennent chez nous, pour se ressourcer dans la nature. Au départ, nous souhaitions motiver nos employés, leur montrer l’impact de notre activité sur la nature et essayer de le diminuer au maximum. Nous avons commencé en 1999 et nous continuons, puisque la certification ISO est renouvelée chaque année, l’Écolabel tous les deux ans. Vis-à-vis de la clientèle, nous réalisons chaque année un sondage, grâce à des fiches satisfaction. Plus de mille fiches nous sont retournées chaque saison. Nous leur demandons si l’environnement est un critère de choix dans leur destination. Mis à part trois ou quatre fiches, toutes les offres approuvent. Mais, il est très difficile de savoir pourquoi. Quelles sont les actions phares que nous avons menées récemment ? Nous avons sensibilisé les personnes avec des ateliers ludiques pour les enfants, avec des spectacles à thème environnemental, nous avons fait de la promotion pour les pistes cyclables récemment mises en place par les collectivités locales. Cette année, nous avons organisé une navette pour se rendre à la plage, diminuant ainsi le recours aux voitures. Nous avons été victimes de la tempête Klaus en janvier 2009, puisque plus de 1 000 pins sont tombés sur le terrain. Il a donc fallu reboiser le terrain. Tous les produits que nous mettons désormais en place (mobile home) sont également certifiés ISO 14001. Une expérience est en cours avec des panneaux solaires, pour bien mesurer leur impact. Nous la mènerons sur plusieurs années. Personnellement, je suis un peu sceptique du rapport à l’investissement en la matière. En termes d'ouverture vers l’extérieur, nous avons également organisé l’irrigation du tissu local (producteurs locaux, marché artisanal et découverte de la réserve) et apporté une offre aux clients. Vous disiez tout à l’heure que les vacanciers attendaient de rencontrer de l’humain. Chaque jour, nous mettons en place un petit marché avec des producteurs locaux. Les clients viennent discuter avec eux, achètent sur place, mais bien souvent, vont visiter les fermes et rencontrer les gens.

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# 33 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

L’année dernière, suite à la tempête, nous avons mis en place une opération que nous avons appelée : « Une famille, un arbre », dont l’objectif était d’intégrer les clients au reboisement suite à la tempête. Nous avions lancé une opération par Internet en mai/juin, juste avant la saison, et nous avons été surpris du résultat, qui a dépassé nos attentes. Nous avions marié cela avec le bilan carbone. Nous avons donc développé un message, en disant aux clients : « Vous vous déplacez pour venir chez nous. Plein d’associations se sont montées, en France et ailleurs, pour demander qu’on leur verse une somme pour chaque déplacement en voiture ou en avion, afin qu’ils plantent un arbre dans un pays exotique, etc. Mais, qui sait ce qu’il en advient en réalité ? Alors, plantez-le chez nous, ce sera plus utile sur votre lieu de vacances ». C’est parti comme un jeu, mais nous nous sommes rendu compte que les gens étaient encore plus convaincus que nous et nous avons donc planté près de 70 arbres sur la saison. Chacun recevait une plaquette avec son nom et se voyait remettre un diplôme le soir. Beaucoup sont revenus cette année pour voir si leur arbre avait bien poussé. Cela nous a vraiment permis de rencontrer des gens très motivés par l’action. Pour expliquer l’écolabel et la certification, donner des consignes d’économie de l’eau, de l’énergie, fermeture des fenêtres, tri sélectif, etc., nous disposons des documents dans les hébergements. À l’arrivée, nous remettons des sacs de tri sélectif ; l’année prochaine, nous ajouterons un ramassage de déchets centralisés pour éviter le déplacement des camions à l'intérieur du terrain. Nous avons obtenu – non sans mal – après plus de cinq ans avec les constructeurs, que dans tous les hébergements, vous soyez obligés de mettre la clé pour avoir l’électricité à l'intérieur. Ainsi, les chauffages ne restent pas allumés quand les gens partent. Nous nous battons actuellement avec les fournisseurs pour que, chaque fois qu’une fenêtre est ouverte, le chauffage soit coupé. Cela semble compliqué, alors que cela ne coûte rien à la fabrication… Pour terminer, les collectivités locales ont développé des infrastructures de type sentiers et pistes cyclables sur la région. Je suis persuadé que ces aménagements permettent d’allonger la saison au printemps et à l’automne. Mais, il demeure un manque de communication sur ces pistes et sentiers, en termes de panneaux notamment. Les gens sont constamment perdus. L’infrastructure est bonne, mais la signalétique en général à revoir. Ensuite, autour de ces aménagements, il convient de mettre en place des activités et animations et surtout, communiquer sur toutes ces possibilités. Ce n’est pas ce qui coûte le plus cher, mais cela demande un effort.

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# 34 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Normalisation, certification : un pas en avant pour l’environnement ? Par Muriel LUZU – AFNOR Délégation Sud Ouest

Chargée de Mission AFNOR Sud Ouest 2 Impasse Rudolf Diesel 33700 Mérignac Tél. : 05 57 29 14 22 E-mail : [email protected] L’ISO 14001 est une norme internationale qui s’applique aussi bien à l’industrie, au domaine agroalimentaire ou aux entreprises de service. L’écolabel européen est un référentiel beaucoup plus précis sur un métier, puisque nous allons y trouver des critères environnementaux adaptés aux métiers du camping ou de l’hébergement touristique, que l’on parle d’hôtels, de meublés ou de chambres d’hôtes. Ce sont vraiment des critères très précis, comme la réduction des déchets, des consommations d’eau. Le critère qui porte sur les économies d’eau, par exemple, demande que le débit d’eau des robinets soit d’un maximum de 9 l/min. C’est vraiment quelque chose de précis et d’adapté au métier par rapport à la norme ISO 14001 qui parle plus d’organisation, de gestion de l’entreprise et l’entreprise fixe ses propres critères dans un souci d’amélioration continue. Ce souci existe aussi en matière d’environnement concernant l’écolabel européen, puisque notamment les différents sites doivent définir leur politique environnementale, mettre en place un plan d’action sur deux ans, qui est la durée d’attribution de l’écolabel. Ce plan d’action sera vérifié tous les deux ans, pour voir s’il a été renouvelé, quelles sont les nouvelles actions prévues, pourquoi celles qui l’avaient été n’ont pas été réalisées, etc. Dans ce référentiel écolabel européen, on a aussi une partie formation du personnel, donc sensibilisation, leur montrer les bons gestes, les faire participer au projet. Monsieur Pavie ne me contredira pas si je vous dis que d’une manière générale, les projets environnementaux fédèrent les équipes. Il y a toujours de bonnes idées à partager. La personne qui s’occupe de la maintenance a toujours une idée pour améliorer son activité par rapport à l’environnement, que ce soit pour la partie espaces verts, cuisine etc. Le personnel adhère facilement à ce type de projets, puisque ce sont aussi des gestes que l’on reproduit à la maison. Autre point important de cet écolabel européen : des critères sont plus particulièrement destinés à l’information des clients et des hôtes reçus. Cet écolabel européen est applicable dans les 27 pays de la Communauté européenne. Il est écrit de manière consensuelle, c’est-à-dire que toutes les parties prenantes sont autour de la table et une partie prenante égale une voix. Des professionnels du métier sont présents, des représentants des associations environnementales, des associations de consommateurs. Ils définissent ensemble les critères environnementaux du produit ou du service, puisque, aujourd'hui, effectivement, on parle de tourisme, mais l’écolabel européen - cette petite fleur - est aussi appliqué sur des produits tels que les détergents, les shampoings et les téléviseurs, par exemple. Toutes ces parties prenantes sont autour de la table pour se mettre d’accord et définir des critères à respecter dans les 27 pays de la Communauté européenne. Ensuite, il est défini un organisme certificateur par pays, qui va aller vérifier tous les deux ans, pour le secteur du tourisme, si les critères sont bien respectés dans leur application sur le site. En France, l’AFNOR en est chargée.

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# 35 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

En Europe, 470 établissements d’hébergement touristique sont certifiés, 70 campings ; en France, 85 hébergements touristiques et 15 campings. L’Aquitaine fait figure de région leader en matière d’écolabel européen, avec 22 hébergements touristiques et 4 campings certifiés. Aujourd’hui, nous avons deux types de retours. En termes d’exploitation, quand on met en place des actions en termes d’économie d’énergie, d’eau, tri des déchets, nous avons, sur l’exploitation, un retour de ces investissements et leurs coûts. Un camping réalisait son analyse sur sa consommation d’eau. Il me disait : je vais essayer de traduire les économies que j’ai réalisées au niveau de ma consommation d’eau, en une image qui parle pour mes clients. En deux ans, il a économisé l’équivalent de 137 camions-citernes d’eau ! Nous pouvons ainsi voir les actions qu’il a pu mettre en place, au travers de la sensibilisation des clients, mais aussi en termes de réduction d’eau par exemple. En termes de consommation électrique, aussi, des économies importantes sont un peu plus longues sur la durée, puisque l’investissement en ampoules basse consommation, en détecteurs de mouvement, etc., ont un coût plus élevé, mais les retours sur investissements sont importants. Ensuite, il faut évaluer le retour en termes de communication. Pour avoir travaillé avec différents hébergements, ceux qui s’appuient sur l’obtention de leur écolabel pour communiquer différemment voient là aussi un retour et une augmentation de leur chiffre d’affaires, parce qu’on se met à réfléchir différemment sur la manière de communiquer sur son produit touristique. Par exemple, un camping du Marais Poitevin n’avait pas une clientèle bien définie. La responsable s’est lancée il y a deux ans dans l’écolabel européen. Il s’agit d’un petit camping avec trois salariés plus la directrice. Elle a changé la communication donnée sur son camping et aujourd'hui, son chiffre d’affaires a augmenté de 30 % en communiquant sur son écolabel par rapport à des fédérations de randonnées pédestres, de cyclotourisme…

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# 36 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Témoignage sur le programme de coopération « Ecotourisme » avec la province d’El Hajeb au Maroc par Beatrice RENAUD -Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne

Chef de Mission Tourisme Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne 33, route de Bayonne 33 830 Belin-Béliet Tél : 05 57 71 99 99 E-mail : [email protected]

La province d’El Hajeb n’est pas au bord de la mer, mais dans le moyen Atlas, au sud de Meknès. C’est une région de culture berbère dont la population est fière, une région pas du tout touristique, mais de passage, avec une vie agricole, forestière, une économie fondée sur l’exploitation des ressources de la terre. Elle est également caractérisée par une forte migration de sa population dans les années 1970, essentiellement vers les Landes de Gascogne, compte tenu de son savoir-faire en matière d’agriculture et d’exploitation forestière. Notre région avait alors besoin de main-d’œuvre, cette population est restée et a inspiré un premier projet de coopération. Notre coopération en écotourisme est donc l’héritière d’une coopération d’origine récente en matière de culture et d’échanges entre artistes de traditions orales. Quand est venue l’heure du bilan de cette coopération culturelle, nous avons fait le constat des dynamiques locales très précieuses qu’elle avait engendrées. Elle a révélé tous les bienfaits d’une approche coopérative, pour faire vivre et enrichir son propre projet de territoire. En effet, cette coopération n’est pas un transfert d’expériences ou d’expertises à destination d’une région moins avancée, mais sur un enjeu partagé, elle se traduit par un travail en commun qui va bonifier nos projets réciproques. Nous avons signé une nouvelle convention de coopération en novembre 2009, qui explore quatre directions. Trois s’imbriquent très étroitement : l’écotourisme, la culture, des créations artistiques partagées vont prendre comme territoire d’ancrage les circuits d’écotourisme chez nous comme chez eux et l’éducation à l’environnement (l’écotourisme nécessite de décoder un patrimoine et donc, de le connaître et de le transmettre). Le volet écotourisme décline deux thèmes. La dimension qualité a été le premier mis en œuvre : des acteurs de l’écotourisme dans les Landes de Gascogne et des porteurs de projets d’un circuit d’itinérance marocain ont travaillé ensemble afin de déterminer les ingrédients d’une offre juste en réponse d’une part à un positionnement d’écotourisme, mais aussi à celui de deux cibles, la cible européenne « aventures en douce » à mener en famille et une cible plus spécifique au Maroc : les jeunes adultes marocains qui découvrent le tourisme national et notamment le tourisme intérieur. Cette démarche a mis l’accent sur la manière de révéler le territoire, de concevoir des aménagements et un niveau de confort qui ne trahissent pas son identité. Elle a amené des réponse sur le rôle de l’accompagnateur et sur la place de l’accueillant-habitant. Dans ce projet d’écotourisme, la juste implication de l’habitant est un enjeu fort car les rencontres humaines y occupent une place centrale alors que l’accueil de touristes représente, pour la population accueillante, un phénomène totalement nouveau.

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# 37 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Un deuxième volet de ce thème écotourisme a été l’idée d’un marketing de « cousinade » : on a appelé ainsi le fait d’aller prospecter ensemble des voyagistes spécialisés sur le tourisme solidaire, responsable, ou positionnés écotourisme, pour vendre nos produits respectifs : un séjour « écocyclo » dans les Landes de Gascogne et une « itinérance au pays des trois chênes » dans la Province d’El Hajeb. Nous avons pensé que nous pouvions séduire et interpeller par cette action de coopération. Et au-delà de cette démarche commerciale, animer tout un réseau de liens entre prestataires d’accueil « amis » qui imaginent ensemble des manières de valoriser leur offre et leur promotion. Voilà le dessein de ce projet d’écotourisme. Il est clair qu’au Maroc, autant les associations locales, très impliquées, étaient également convaincues du bien fondé du choix de l’écotourisme, autant les responsables officiels de la Province se sont montrés plus sceptiques se demandant s’ils devaient rentrer dans le monde du tourisme par le biais d’un tourisme qualifié de niche. Le voyage qu’ils ont fait chez nous en novembre 2009 leur a fait prendre conscience de l’intérêt d’entrer par la porte du tourisme de cette manière. Ils ont rencontré des acteurs déjà engagés, qui avaient du recul, qui ont parlé de leurs expériences. Ils ont pu mesurer l’intérêt d’un travail en réseau, de ce que ce réseau bonifiait dans les activités de chacun. Ils ont convenu que cette forme d’écotourisme était sans doute la plus adaptée à ce qui pouvait être fait chez eux, parce qu’il y avait des enjeux environnementaux et sociaux très forts, une forêt menacée, la nécessité d’amener des compléments de revenus à la population, l’intérêt de sortir de leur isolement des populations, de freiner l’exode rural et donner matière à être fier de son territoire par le regard des autres. Le diagnostic que nous avions partagé sur ce territoire avec des acteurs du tourisme des Landes de Gascogne et les porteurs de projets marocains avait révélé trois enseignements : la prise de conscience que qualité ne rime pas systématiquement avec grand confort. D’autre part, la nécessité pour ces acteurs, de connaître et de s’approprier les valeurs de leur territoire, faute de quoi, nous aurions énormément de difficultés à agir sur la préservation de ces enjeux. Cette phase pédagogique amont était donc absolument indispensable. Enfin, la reconnaissance de l’apport d’un réseau collectif et la prise de conscience que chacun peut être l’élément d’une partition harmonieuse. Sur les Landes de Gascogne, nous avions placé cette démarche de coopération au service de la consolidation d’un réseau d’acteurs qui sont engagés et qui ont appris, eux aussi, les bienfaits de travailler ensemble. Nous voulions également que s’opère un effet miroir. Quand un prestataire gascon réalise un diagnostic ciblé du positionnement écotouristique d’un porteur de projet marocain, il est nécessairement amené à porter sur son propre établissement, sa propre activité, un regard sur la manière dont il le décline lui-même. L’enjeu marketing, l’amélioration des résultats commerciaux, étaient également une attente. Le travail marketing est en cours et ne peut donc encore être évalué.

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# 39 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

… au développement durable Schéma Plans Plages et Schéma Directeur Vélo : des projets structurants à l’échelle régionale

Par Nicolas CASTAY – GIP Littoral Aquitain Chargé de Mission GIP Littoral Aquitain 11 Avenue Pierre Mendes France 33700 Mérignac Tel : 05 56 13 14 73 E-mail : [email protected] Je suis le témoin d’un groupe de partenaires qui a travaillé pendant plus d’un an et demi sur deux projets structurants : le schéma directeur vélo aquitain et le schéma plans plages. En 2010, plus de 110 kilomètres de voies vertes – pistes cyclables – ont été programmés sur le littoral aquitain ; plus de 90 plages ont été analysées, 8 projets de réhabilitation de plages sont déjà lancés. L’objectif du GIP Littoral Aquitain est, à court terme l’appui opérationnel aux maîtres d’ouvrage et en même temps, la définition d’orientations et de grands principes régionaux à long terme. Parmi les éléments de contexte, il faut noter la volonté initiale des acteurs aquitains de cadrer et de cibler des financements sur les projets initiés par le GIP Littoral Aquitain. Le contrat de projet État/Région dispose d’un objectif littoral ; le Feder permet également le financement de ces projets. Les plans plages sont assez symboliques de l’offre touristique aquitaine. Dans le cadre de l’action de la MIACA (Mission Interministérielle d’Aménagement de la Côte Aquitaine), entre les années 1980 et 1990, le constat a été fait qu’une fréquentation spontanée sur les plages d’Aquitaine dégradait les espaces naturels et ne permettait pas d’assurer un niveau de sécurité satisfaisant pour les baigneurs. Cela a conduit à des opérations d’aménagement assez simples, mais importantes, dans les secteurs d’équilibres naturels. On retrouvait ainsi un parking sous couvert forestier, des accès qui permettaient de canaliser la fréquentation et d’éviter la dégradation des espaces naturels, la surveillance de la baignade avec des postes MNS sur les plages. Cette politique a permis d’aménager une trentaine de sites. Le besoin de mener un état de lieux a émergé, parce que de nouveaux risques comme le risque érosion sont apparus, ou bien à cause de l’évolution des clientèles. Cela a conduit à la commande d’une étude afin de définir de nouveaux objectifs. Pendant toute l’année 2009, 90 sites ont été analysés et l’ensemble des municipalités du littoral ont été rencontrées. Un travail important de recensement des données sur l’ensemble des plages aquitaines a abouti à la définition d’une typologie des plages. L’objectif initial du projet visait d’une part à définir une stratégie régionale et à bâtir une politique d’intervention, d’autre part à disposer d’un guide d’aménagement à la destination directe des maires ou des maîtres d’ouvrage des opérations. La typologie des plages qu’a permis de définir le diagnostic, ce sont cinq types de plages : les plages lacustres, ou plages de bords de lacs. Les plages natures, les plus emblématiques du littoral aquitain, correspondent à ce que l’on faisait dans le cadre de l’action de la MIACA. Le troisième type : les plages « accueil » permettent d’absorber une fréquentation conséquente au droit des stations ou des agglomérations. La dernière catégorie définit les plages urbaines. Ce travail sur la typologie des

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# 40 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

plages a permis d’aboutir à un schéma régional qui permet de se projeter dans le temps et d’adapter les interventions au type de plages concerné. Je parlais d’un cahier des charges type (ou d’un guide d’aménagement). Il permet à la fois d’agir de manière cohérente sur l’ensemble des sites dès qu’un projet de réhabilitation est engagé. En premier lieu, une étude préalable est diligentée. Un certain nombre d’éléments sont prescrits en matière de sécurité tels que l’obligation d’assurer la surveillance de la baignade. Pour les espaces naturels, l’impératif de renaturation de site qui a pu être dégradé, ou de protection maximum des espaces naturels. En matière de déplacements, l’objectif est d’organiser au mieux les choses en mettant l’accent sur les modes de déplacement alternatifs à la voiture et aux modes doux, par l’aménagement de parkings relais rétro-littoraux, la mise en place de connexions pistes cyclables et de cheminements piétons, la possibilité de disposer près du bourg des parkings relais pour ensuite assurer des connexions en navette. Cela se met en place dans nombre de communes sur le littoral aquitain entre le bourg et les plages, tout cela dans le but de reculer le plus possible la voiture de la plage. L’ensemble des prescriptions et de recommandations sont appliquées dans les opérations d’aménagement. Huit opérations sont en cours et beaucoup d’autres communes sont candidates. La déclinaison du travail se fait aussi dans le cadre d’un volet régional qui va permettre de travailler collectivement sur des notions de charte architecturale et paysagère, d’intégration des prescriptions dans les documents d’urbanisme ou de valorisation de l’image nature par le biais de politiques de promotion et de communication concertées. Nous en parlions tout à l’heure et je rejoins complètement les conclusions de Monsieur Pavie lors de la précédente table ronde. Quelques mots sur le schéma directeur vélo, qui est conçu exactement dans le même esprit. Un diagnostic, avec pour objectif la définition d’un guide d’aménagement et d’un cadre régional. Une politique d’intervention sur les pistes cyclables pour le littoral aquitain, permettant de mobiliser les mêmes outils financiers. Le travail a permis de définir des axes et des priorités. Par exemple, l’axe nord-sud pour permettre de circuler depuis la Pointe de Grave dans le nord Médoc, jusqu’à la Bidassoa au sud du Pays Basque, d’assurer une continuité avec un niveau de service maximum sur les pistes, sur les aires, avec des équipements, etc. Enfin une organisation en peigne avec une priorité première : la connexion entre les bourgs littoraux, l’axe nord-sud et les plages. L’application de ces principes a conduit à la définition d’un schéma régional et des liaisons prioritaires en cours d’aménagement. Les maîtres d’ouvrages, en particulier les communes, les intercommunalités et les conseils généraux sont en pleine action d’aménagement. En conclusion, quelques points clés se dégagent. Je parle d’aménagements en général, pas en termes touristiques. Cela fait le lien entre ce qu’il se disait tout à l’heure sur la notion d’inscription du tourisme dans la vie au quotidien. Nous sommes ici dans une forme de cercle vertueux où l’on encourage les pratiques écoresponsables et où l’on organise une offre de tourisme durable.

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# 41 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

De nouveaux modes de déplacement au service du développement durable Par Henri SABAROT – Communauté de communes des Lacs Médocains

Président Communauté de Communes Lacs Medocains 1 Route de Bordeaux 33121 Carcans Tel : 05 57 70 11 97 E-mail : [email protected] Le territoire de Médoc Océan, ce sont uniquement trois communes : Lacanau, Carcans et Hourtin, avec une population sédentaire de 9 000 habitants, qui passe à 100 000 en été. Le territoire est vaste, avec 60 000 hectares. Nous avons 55 kilomètres de littoral, c’est la communauté de communes qui a la plus grande longueur sur ce littoral. Mais, c’est aussi 7 500 hectares de lacs, avec le plus grand lac de France, celui de Carcans-Hourtin et celui de Lacanau. Enfin, ce sont 30 000 hectares de forêts protégées, que ce soit de la forêt domaniale ou privée. Notre organisation d’espace est très classique, avec des stations d'est en ouest, un bourg historique (Carcans, Hourtin, Lacanau), des stations lacustres (Le Moutchic, Hourtin Port et Maubuisson) et ensuite, des stations océanes avec en particulier Lacanau Océan, qui joue le rôle de locomotive touristique sur notre territoire. Des activités très nombreuses : nous avons 200 kilomètres de pistes cyclables, 75 de randonnées pédestres, 15 écoles de sport, de surf et de glisse – c’est un peu le territoire de la glisse. Quelque chose d’assez novateur dans notre région ; nous avons trois parcours de course d’orientation permanents, avec un partenariat que nous sommes en train de développer avec la Fédération française de course d’orientation et avec des essais de jumelage avec des pays du nord de l’Europe qui sont très friands de ce genre d’exercice, qui complète le ski de fond en hiver. L’économie touristique de notre territoire, c’est 75 000 lits, près de 3 millions de nuitées, soit 20 % des lits marchands et 16 % des lits non marchands de la Gironde. Sur la demande touristique, j’ai regardé avec beaucoup d’attention un des tableaux présentés, où l’on voyait les motivations de séjour apparaître. Nous nous inscrivons dans les mêmes critères (mer, repos, détente) ; mais, un sujet sur lequel nous sommes en avance ou toujours atypiques par rapport à ce tableau, c’est la pratique du VTT ou du cyclotourisme. Elle est de 13 % en Aquitaine, 16 % sur le littoral : chez nous, les enquêtes de motivation que nous avons pu réaliser montrent qu’un peu plus de 20 % de notre clientèle choisit notre destination par rapport aux équipements cyclotouristiques. Sur les principaux enjeux en matière de pistes cyclables sur le territoire de Médoc Océan, Nicolas Castay a ouvert la voie dessus en présentant le schéma aquitain sur lequel nous avons beaucoup travaillé. Je saluerai d’ailleurs à ce moment-là la stratégie de la gouvernance choisie au sein du GIP Littoral : associer les collectivités, les services de l’État, des socioprofessionnels. Cela me semble être la meilleure façon pour arriver à répondre aux attentes fortes de notre clientèle, du monde économique et pouvoir réfléchir à des financements. Bien souvent, nous ne manquons pas d’idées, mais l’équilibre budgétaire nécessaire à leur réalisation est difficile à atteindre. Nous nous inscrivons typiquement sur le schéma type d’aménagement de la MIACA : perpendiculaire au littoral, partant d’un bourg centre historique. Et je suis convaincu que le tourisme du littoral, dans cette partie médocaine, ne peut se développer qu’à partir du moment où le bourg historique est fort, car c’est là-dessus que nous devons prendre l’appui. Ensuite, sur notre offre cyclable, nous avons fait une présentation et une promotion actuelle et nous disposons désormais d’un document général de présentation et de promotion édité et diffusé par

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# 42 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

l’Office de Tourisme communautaire dont nous allons bientôt fêter le premier anniversaire, présidé par mon collègue et ami Maire de Lacanau. Ce document décline aussi des suggestions de boucles ou d’itinéraires touristiques par communes. Sur ce sujet, nous rencontrons quelques problématiques. À l’heure actuelle, il y a une certaine concentration de notre offre, entre lacs et océan ; avec en complément, des pénétrantes issues de la MIACA entre les trois bourgs historiques, mais toujours de façon perpendiculaire. Depuis longtemps, nous travaillons sur les pistes cyclables en collaboration avec le Conseil Général qui a mis beaucoup de moyens, en Gironde, sur ce sujet. Mais, nous sommes encore presque uniquement sur des boucles locales, d’anciennes pistes que l’on appelle « pistes des résignés » et des liaisons perpendiculaires à la côte. Ce schéma crée des ruptures de charges, en particulier en ce qui concerne la liaison entre les bourgs historiques, le tracé rétrolittoraux. De tels sujets, où le rassemblement de nos trois collectivités nous oblige à avancer très fortement, sont le complément indispensable, tant en matière de développement touristique que de vie quotidienne sur ce territoire. J’ai bien entendu mon collègue du camping du Col Vert. Il est bien évident qu’en parlant de tracé de pistes cyclables, nous n’oublierons pas la signalétique directionnelle, mais aussi celle de nature à faire connaître notre pays. Nous avons ressenti une demande d’authenticité de la part de certains intervenants. Pourquoi notre territoire s’est-il développé ainsi ? Tout le monde croit que les pins sont venus de façon spontanée. Pourquoi l’avons-nous aménagé de cette façon ? Quelle est la culture des gens qui y habitent ? Cela est très important, parce que dans les choix de destination, la recherche d’authenticité est quelque chose de fort. Parmi les enjeux des pistes cyclables, figure le développement d’une offre accessible à tous. N’oublions pas que cela concerne les populations touristiques, mais aussi locales. Et actuellement, dans tous nos projets d’aménagement d’urbanisme, nous nous efforçons d’exiger du promoteur qui va aménager un lotissement, qu’il prenne en compte une circulation cyclable. Ensuite, l’offre que nous présentons, au niveau du développement touristique, va d’une offre accessible aux différents profils de touristes. Sur le vélo, nous pouvons avoir la balade digestive, en passant par l’itinéraire de découverte, jusqu’à l’activité un petit peu plus sportive. C’est absolument ce que nous essayons de décliner. Ensuite, le vélo, en termes de loisirs, c’est quelque chose de transgénérationnel. Le petit-fils peut faire du vélo avec son grand-père, il peut difficilement faire du surf avec… Là aussi, c’est quelque chose qui peut jouer un rôle – je ne vais pas employer le terme de lien social –, une pratique transgénérationnelle, que l’on a parfois tendance à mettre de côté et que l’on ne retrouve pas sur toutes les activités que nous proposons sur le littoral. Par ailleurs, le vélo, c’est gratuit. Quand on va sur une piste cyclable, il n’y a pas de péage, pas de parking à payer. Là aussi, dans le choix de nos destinations, où l’on a vu que la majorité de nos touristes est concentrée sur des lits de plein air, c’est quelque chose qui est à souligner. Enfin, et pour conclure, pour la gestion, nous avons pris une compétence touristique complète au niveau de nos trois communes. Cette compétence se décline suivant plusieurs thèmes, dont le principal : un schéma de développement touristique. Nous avons commencé par cela et je remercie tous les financeurs qui nous ont aidé à bâtir des équipements et des services touristiques, plans plages et accès public aux plages océanes et lacustres. Chez nous, les plages lacustres – des plages quasiment urbaines lacustres si je prends l’exemple de Maubuisson – constituent un sujet très important. Bien sûr, nous avons aussi la gestion des équipements touristiques et des pistes cyclables, en forêt domaniale. Ce triple objectif consiste à faire des pistes cyclables un levier de développement touristique, tant en matière d’image que de services. Ensuite, faire de ces pistes cyclables un outil de déplacement doux, bien sûr, mais utile aussi toute l’année à la population, que ce soit les écoles, les commerces, les services administratifs. Ensuite, les pistes cyclables sur la liaison des bourgs rétrolittoraux, en tant qu’alternative aux déplacements motorisés, dans une logique intercommunale, déplacements qui prendront en compte aussi la sécurité. Le vélo amène aussi un développement économique par rapport aux loueurs. Je vous invite à venir visiter, dès que vous le pourrez, notre réseau de pistes cyclables !

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# 43 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Le Plan Plage d’Ondres : un aménagement durable au service de la station par Eric GUILLOTEAU – Communauté de communes du Seignanx Président de la Commission Tourisme de la Communauté de Communes du Seignanx Communauté de Communes du Seignanx 1526 Avenue Barrere 40390 Saint Martin de Seignanx Tel : 05 59 56 61 61 E-mail : [email protected] La Communauté de communes du Seignanx, ce sont 25 000 habitants, avec deux communes littorales que sont Ondres et Tarnos. La communauté de communes se trouve juste au nord de l’agglomération bayonnaise. Dans le cadre du SCOT de l’agglomération bayonnaise/sud des Landes, elle constitue sa porte d’entrée nord. D’un point de vue touristique, cette communauté de communes, c’est à la fois le littoral, mais aussi des bords d’Adour avec des Barthes et donc, des espaces verts particulièrement privilégiés. La commune touristique d’Ondres, seule de la communauté à bénéficier de cette appellation, ce sont 4 500 habitants et 5 000 lits marchands. Nous bénéficions aussi de zones Natura 2000, tant sur la dune qu’à l'intérieur du territoire. Un lieu qui attire les touristes attire également les autres activités économiques et les populations à y vivre. Sur le Seignanx, au-delà du projet touristique, nous sommes en train de mettre en place un pôle commercial, à horizon 2014, de dimension régionale, avec 800 à 1 000 emplois à la clé. Aujourd’hui, 300 logements sont en construction sur la commune, avec une perspective de ZAC de 400 logements supplémentaires. Nous sommes donc véritablement sur un territoire avec une pression forte et la problématique à laquelle nous sommes confrontés. Comment préserver des espaces naturels, tout en développant l’activité ? Le Seignanx côté nature est situé à dix minutes de Bayonne et à quinze minutes de Capbreton. C’est un poumon vert sur le littoral. Jusqu’à présent, nous avons eu la chance d’avoir été préservés du développement touristique intensif, en partie grâce à la MIACA. L’idée est aujourd'hui de capitaliser sur ces espaces naturels en bord de littoral. L’étude du plan plage est aujourd'hui terminée. Nous sommes sur un projet plan plage au service du développement durable, puisqu’il s’agit d’accueillir plus de touristes, qui viennent tous les étés de manière plus importante, de les accueillir mieux, en préservant davantage l’environnement, c’est-à-dire en les contraignants sur un site plus précis. Mais, c’est aussi mettre en place des services pour la population locale, au-delà des emplois créés liés au tourisme. L’étude de ce plan plage a été menée sous la bienveillance du GIP en particulier, du Département des Landes, de la Région Aquitaine, mais aussi des services de l’État. Sans surprise, ce plan plage correspond parfaitement au schéma régional. Il s’agit évidemment d’éloigner les voitures et les camping-cars de la plage, de favoriser les déplacements doux en privilégiant le vélo, la marche. Nous n’avons pas attendu le plan plage pour mettre en place, depuis deux étés, un service de navette qui fonctionne particulièrement bien. L’été dernier, la navette a transporté 97 000 personnes en deux mois. Le deuxième objectif du plan plage est de préserver le site, de contenir sur un lieu plus précis, pour éviter les divagations des piétons sur la dune, des voitures dans les espaces naturels, donc de vraiment contraindre les touristes sur le site même de la plage. C’est leur proposer des lieux d’animation à l'intérieur de ce site, avec davantage d’espaces de loisirs sous forme de jeu, espaces de pique-nique, etc. Mais c’est aussi, même sur la plage, susciter la curiosité et faire un petit effort pédagogique sur les espaces sensibles. Nous travaillons sur ce projet avec l’ONF. Enfin, c’est améliorer l’accueil en proposant des sanitaires supplémentaires et des espaces de détente. L’idée est aussi de faire du plan plage un outil au service du développement économique, donc de permettre de mieux gérer et d’harmoniser l’accueil des commerces saisonniers, grâce à des

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# 44 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

locaux démontables. Tels sont les objectifs opérationnels du plan plage sur Ondres, avec un coût estimé à 3 millions d’euros. Comme on le disait tout à l’heure, la difficulté n’est pas d’avoir de bonnes idées, mais de les financer. Cela sera notre deuxième étape : trouver les moyens de faire vivre ce projet. Un plan plage ne se pense pas seul. C’est un véritable accompagnement d’une démarche de tourisme durable, puisque la politique actuellement mise en œuvre au niveau du tourisme sur le Seignanx consiste à faire un véritable effort en matière de tourisme durable et non simplement un effort de communication. Nous fixons un objectif, un cadre, nous menons des actions et dans un second temps, nous nous préoccuperons de la communication. L’Office de tourisme communautaire du Seignanx est relativement jeune : il a été créé en 2001. L’outil s’est construit autour de la volonté d’animer un réseau de professionnels. Cela s’avérait essentiel pour construire à la fois avec les opérateurs publics, mais aussi les opérateurs privés, une politique de tourisme durable. Concrètement, depuis un an, cette politique de tourisme durable prend la forme de formations des hébergeurs, qui permettent d’améliorer les comportements, d’informer davantage les touristes sur ce qui peut être fait en termes d’écogeste. Un travail opérationnel d’accompagnement des hébergeurs qui ont souhaité aller vers l’écolabellisation est réalisé. Actuellement, le camping Blue Océan fait figure de locomotive chez les hébergeurs privés de cette démarche. Il dispose de l’écolabel depuis 2009 et tire les autres vers le haut, puisqu’un deuxième camping est en cours de labellisation. Mais, tout le monde ne peut pas entamer cette démarche. Aussi, nous mettons au point une démarche un petit peu plus opérationnelle de proximité, avec une charte de tourisme durable, à laquelle peuvent adhérer de plus petits hébergeurs, en particulier les chambres d’hôtes. Nous attirons aussi grâce à cette démarche de nouveaux investisseurs, en particulier parce que sur Ondres, nous avons mis dix hectares à disposition d’un opérateur privé pour créer un village touristique plus haut de gamme que ce qui existe aujourd'hui dans le Seignanx, avec un véritable comportement écoresponsable. Cet investisseur nous dit : « Nous voulons bien venir sur votre territoire. Notre démarche de tourisme durable est très forte, réelle et pas simplement en termes de communication. Mais, nous voulons aussi que de votre côté, vous respectiez vos engagements en termes de tourisme durable, en particulier avec un plan plage abouti ». Nous sommes toujours dans cette logique de partenariat public/privé. Sur le Seignanx, autre action qui va dans ce sens, les hébergeurs sont surtout sur la côte. L’été, les touristes sont surtout sur la côte et comme le disait mon collègue tout à l’heure, il faut aussi pouvoir proposer des animations liées à l’authenticité du territoire et qui permettent aussi de développer la partie rétro littorale de notre territoire : visites à la ferme, marchés du terroir itinérant sur les communes de l'intérieur du territoire. Ce sont des actions qui ont été menées par l’Office de tourisme depuis plusieurs saisons et qui fonctionnent extrêmement bien. Pour terminer sur cette notion de plan plage au service du tourisme durable, la question qui peut se poser est celle de la limite que l’on donne à ce tourisme durable. Est-elle seulement en termes de communication ? En termes d’action ? Pour nous, la réponse est très claire. Notre territoire subit une grosse pression, à la fois démographique, économique et touristique – de nombreux hébergeurs viennent nous trouver pour demander des hectares à mettre à disposition – et la réponse est claire : grâce au zonage du PLU, à la maîtrise du foncier – en termes touristiques et d’urbanisation – nous nous sommes fixés des limites. Nous sommes prêts à refuser certains opérateurs touristiques qui n’apporteraient pas des garanties suffisantes par rapport à cette démarche de tourisme durable. L’autre limite est liée à notre volonté de travailler véritablement avec des partenaires privés pour aller dans le sens de cette démarche. Grâce à cette maîtrise foncière, nous pouvons prendre le temps de mener cette démarche de manière efficace. Le tourisme durable, cela peut être une image de communication, de marketing, mais cela peut être aussi une véritable démarche en soi.

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# 45 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Débat avec la Salle Intervention de M. Pierre Davant, Président de la SEPANSO : Monsieur Viard, vous avez parlé de la régulation des identités, mais vous n’avez pas défini ce que vous entendiez par « régulation de la prédation sur la nature ». Pouvez-vous expliciter ? Réponse de M. Jean Viard : Deux grandes régulations doivent être mises en place : celles des questions sur les identités et celles du rapport entre l’homme et la nature. Sur ces sujets, il faut essayer de se fixer des objectifs quantitatifs plutôt qu’idéologiques. Ainsi, quand on me dit qu’il faut diminuer par quatre la prédation de nos sociétés pour permettre aux autres sociétés de la planète de se développer, cela me paraît être un objectif intéressant. Et en matière touristique, le seul modèle que je connaisse, pour l’instant, c’est celui de l’Institut des transports de Lyon, qui dit : « pour arriver à diminuer l’empreinte écologique du tourisme par quatre, en France, le premier critère, c’est la régulation automobile et le développement du low cost ». Pour prendre des exemples un peu provocateurs. Nous avons besoin de ce type de réflexions globales, mais tout autant de ce que nous avons vu ce matin, à savoir ce travail sur la proximité, le respect des choses, des identités locales, des traditions, des cultures, des espèces, des animaux, de l’eau, etc., et de mettre ces deux choses à un même niveau. Je le dis clairement, car sur toutes ces questions, je crains des processus de mode qui fassent perdre de vue des objectifs très quantitatifs. Chaque fois que je viens à une réunion en avion, on me demande pourquoi j’ai pris l’avion. Si l’on veut supprimer l’aviation, il faut en discuter, mais sinon, on ne peut reprocher son utilisation de manière systématique ! Il s’agit donc d’avoir des objectifs collectifs et de faire attention au risque de vérité scientifique qui remplace le débat démocratique. Les objectifs écologiques sont absolument essentiels ; après, à eux de se battre pour que la démocratie s’en empare et par pour qu’on les impose parce qu’ils sont vrais. Ils ne sont pas plus vrais qu’autre chose ! Intervention de Mme Sandrine GELIS, Biocenose : Je dirige un bureau d’étude en environnement et aménagement durable. Concernant le développement durable, on a beaucoup parlé d’impacts environnementaux, mais très peu de la partie sociale. Tout le monde parle de son travail en parlant de réduction d’impact, de déchet, de consommation, etc. Restent les autres axes du développement durable. Peut-être tourisme environnementalement neutre, mais peut-être pas encore tout à fait durable… Ma question concerne Madame Muriel Luzu, elle porte sur l’affichage environnemental. J’imagine que les produits touristiques y seront soumis, à travers la norme 14 062 ou 14 072. Dans les groupes de travail qui ont été définis par l’ADEME, existe-t-il un groupe de travail sur le tourisme ? Quelle sera la position de l’AFNOR à ce sujet ?

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# 46 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Réponse de Mme Muriel Luzu, AFNOR : Aujourd'hui, les critères obligatoires dans l’écolabel européen sont principalement environnementaux. Dans les critères optionnels, quelques critères sociaux sont introduits. Le référentiel évolue tous les quatre ans. Il sera modifié en 2013 et dans la modification, l’Europe va introduire des critères éthiques et sociaux qui auront un caractère obligatoire, afin d’aboutir à un label plus développement durable. En ce qui concerne l’affichage environnemental, les groupes de travail sont en cours. Des premiers groupes ont rendu leur dossier. C’est un travail énorme pour se mettre d’accord sur le type d’impacts à prendre et pour pouvoir comparer les différents produits. Pour le moment, aucun groupe n’est défini pour le secteur du tourisme. Cela viendra. Nous ne nous intéressons pour le moment qu’aux produits de grande consommation et non aux services. En partenariat avec l’ADEME, différents groupes ont été constitués. Un seul a rendu son dossier à ce jour. Le tourisme fera partie de ces affichages environnementaux. Intervention de M. Jean-Claude Guicheney, CESER Aquitaine : Puisqu’on évoque la normalisation, il existe, au niveau de l’ISO (Organisation Internationale de Normalisation), un groupe créé depuis peu à l’initiative des Espagnols, qui est un groupe « tourisme dit de normalisation ». Parmi les travaux de ce groupe, figurent des travaux de normalisation sur la gestion des plages. Nous devons donc nous attendre à ce que, demain, des normes internationales soient reconnues en la matière. Intervention de Muriel Luzu, AFNOR : En complément, pour l’écolabel européen, nous avons un site de visites en préparation, qui pourrait concerner tout ce qui est grottes, aquariums, etc., qui pourrait compléter l’action des hébergeurs. Intervention de M. Jean-Claude Tessier, Union Nationale des Associations de Tourisme

Aquitaines : D’abord, une réaction par rapport au volet social qui n’a pas été particulièrement évoqué, je me réjouis quand même des propos de Monsieur Vicériat. Ce qui fonde le tourisme, c’est d’abord une rencontre et une relation. C’est donc une question humaine, le rapport entre les hommes. Il a pris quelques exemples et nous en avons assez peu parlé. À travers la notion de tourisme durable, d’autres vocables permettent de préciser que dans cette notion, se croisent des questions d’éthique, de tourisme responsable, de tourisme solidaire ou équitable. Les populations d’accueil ou touristiques sont à égalité. Quelle est la nature de la relation entretenue ? Nous pouvons élargir tout cela aux questions de ceux qui travaillent. Finalement, je me retourne vers les politiques, en disant : « Allons-nous vers cela ? ». Pour moi, à l'intérieur du débat, beaucoup de contradictions ont été avancées. Ainsi, je voudrais dire au dernier intervenant, que « tourisme durable parce qu’on accueillera plus de touristes » est une logique qui mérite d’être débattue.

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# 47 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Intervention de M. Jean-Claude Guicheney, CESER Aquitaine : En fait, vous posez la question du tourisme jusqu’où et comment. De quoi parle-t-on au juste ? Il existe effectivement un Code mondial d’éthique du tourisme, mis en place par l’OMT (Organisation Mondiale du Travail), qui recouvre cet ensemble de notions, y compris les dimensions culturelles qui ont été évoquées à plusieurs reprises. Il date de 1998. Il existe une Charte européenne de tourisme durable, qui s’adresse avant tout aux espaces naturels protégés. Elle est mise en place par une fédération européenne, Europarc. Les parcs naturels régionaux, par exemple, s’y intéressent de façon proche. Mais, ils ne seraient pas seuls intéressés. Intervention de Mme Rolland, déléguée régionale du Conservatoire du littoral : Même si on ne lit pas la sociologie, on en fait probablement tous les jours. Elle reste cependant essentielle à la bonne compréhension de la société d’aujourd’hui et je soutiens le fait qu’un sociologue peut écrire simplement et être compréhensible. Il y en a et Monsieur Viard en fait partie. Ce que vous évoquiez en tant que tourisme élément et signe de mutation des sociétés, en application au littoral aquitain est un moyen aussi de se dire que l’on peut avoir des limites. Une des attractivités de la région aquitaine et en particulier de son littoral était de demeurer un espace majoritairement libre et gratuit, parce que peu aménagé et surtout, avec des espaces publics que sont les dunes et forêts domaniales et les terrains du Conservatoire du littoral. C’est un ensemble et tout ce travail avec les collectivités, qui a permis de mettre en place, parfois, des projets de territoire à l’échelle de communes ou d’intercommunalité en faveur de la visite et des visiteurs, quels qu’ils soient, est un des éléments essentiels de l’Aquitaine. Pour finir, je dirai quelque chose que nous répétons depuis le début des conférences sur ce littoral aquitain via le GIP, à savoir l’évocation du tiers sauvage, qui est un des objectifs du Conservatoire du littoral. Il ne s’agit pas d’un tiers non aménagé et deux tiers aménagés, mais un tiers d’exception, de patrimoine exceptionnel, un tiers de nature « ordinaire » qui seraient les trames bleues et trames vertes, et le tiers qui peut être envisagé en termes d’aménagement durable. Je reviens ici sur l’exemple du camping qui a été évoqué tout à l’heure. Ce genre d’expérience, qui permet un véritable ancrage dans le territoire local, de l’innovation en termes d’idées, est l’avenir de ce littoral aquitain, qui bénéficie d’un potentiel extraordinaire.

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# 48 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Intervention de M. Jean-Claude Guicheney, CESER Aquitaine : J’en profite pour présenter les excuses de Monsieur Pierre Bougeant, du Conservatoire du littoral, qui était annoncé dans le programme, mais qui n’a pu être des nôtres. S’il n’y a pas d’autre question, je voudrais simplement clôturer cette matinée en vous invitant à une découverte. Nous avons beaucoup parlé du tourisme durable, en évoquant les dimensions économiques, sociales et environnementales, ce matin. Il est une dimension particulière que nous avons effleurée à plusieurs reprises, qui est la dimension culturelle. Je voudrais insister là-dessus pour un point un peu particulier : au-delà des propos rationalistes et rationnels qui ont été tenus ce matin, je voudrais introduire une note un peu sensible dans le débat. C’est celle qui peut éventuellement nous toucher et nous émouvoir à un moment donné, à travers une découverte, celle d’un regard, d’une illumination, proposée par un spécialiste de l’audition, dont l’inspiration a puisé à la fois dans le génie, d’autres illuminations, celles d’Arthur Rimbaud et le génie de la nature, celles du littoral aquitain. Ce regard sensible, que nous pourrions dire poétique et esthétique, c’est celui de monsieur Laurent Demany dont quelques œuvres sont exposées au bout de la salle, avec un stand où vous pouvez acheter son ouvrage remarquable de photos sur le littoral aquitain, qui s’appelle Grand Crohot. Ce regard sensible sur le littoral participe de l’attractivité du territoire dont nous parlons aujourd’hui.

Photo : Laurent Demany

FIN DE LE TABLE RONDE N°1

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# 49 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

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# 50 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Table ronde n°2 : Le littoral aquitain, territoire de projets ?

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# 51 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Introduction table ronde Stations en tension Par Vincent VLES – Université de Pau et des Pays de l’Adour Professeur d’aménagement et d’urbanisme à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour Vice-Président délégué en charge du partenariat avec les collectivités locales Université de Pau et des Pays de l’Adour Avenue du Doyen Poplawski 64000 Pau Tel : 06 78 15 41 93 E-mail : [email protected] La question que nous allons développer en introduction de cette table ronde porte sur l’organisation de l’espace, sur les problèmes du foncier et sur les logiques des acteurs. En introduction, je souhaite rappeler un certain nombre de points issus de la recherche en sciences humaines et sociales sur la question des stations touristiques sur le littoral, à l’échelon international et français. Certains points rejoignent, pour beaucoup, ce qu’a dit Jean Viard ce matin sur l’évolution des comportements et des attentes, qui est structurellement fondamental pour l’avenir. Très rapidement, nous pouvons présenter les évolutions majeures en deux temps, d’abord des permanences fortes en matière d’évolution des stations, et ensuite, un certain nombre de défis et d’enjeux. En ce qui concerne les permanences, nous sommes en face d’une stabilité structurelle dans les stations assez forte globalement. Le littoral est toujours un « ailleurs compensatoire ». Les stations de tourisme, vouées à l’accueil de touristes (citadins pour la plupart), ont toujours été définies en référence à la ville. Elles en sont « l’ailleurs compensatoire ». Pour la société urbaine, la mer, la montagne, « l’ailleurs » en général demeure un pays imaginaire, une utopie. Les citadins y transposent leurs rêves de changement, de dépaysement. Les touristes n’y cherchent pas la réalité de la vie locale (le quotidien des habitants y est plutôt difficile), mais plutôt l’image qu’ils s’en sont faite. Ils y projettent leurs visions, leurs rêves ou leur nostalgies.

Ce statut de « vacancier », fondé sur une déconnexion économique et sociale, a produit en un siècle des « archipels urbains littoraux », coupés de l’habitat existant, affirmant symboliquement, par leur cadre urbain, la transposition de la cité à la mer. Enclaves en milieu hostile, les stations cultivent davantage de liens avec la ville et le milieu naturel qu’avec la société locale. La greffe sociale n’a pas toujours réussi. La greffe urbaine non plus.

Le littoral aquitain bénéficie aussi d’un zonage préservant la nature. Ce modèle fordiste est fondé sur l’utilité et l’efficacité économique. L’aménagement touristique y a été planifié par la création massive d’équipements, de services, d’hébergements dans des espaces nouveaux, vierges et à fort attrait touristique. Le tourisme y est facteur d’opérations immobilières d’envergure et d’ordonnancement spatial hiérarchisé. Ce modèle, alternative au village, était censé participer à la diffusion du progrès dans des zones jugées en déclin, valoriser la culture urbaine par un modèle d’organisation de l’espace qui reprenait les acquis de l’urbanisme d’après-guerre : maîtrise foncière, construction en site vierge, rationalité des programmes (qui vise à l’équilibre financier, donc à la rentabilité), zonage des activités. Ce modèle, si on s’en tient aux chiffres de fréquentation et d’emplois créés (En Aquitaine, 325 000 lits sont créés dans 9 zones d’aménagement offrant 40 000 emplois nouveaux), a assez bien fonctionné, notamment grâce aux acquisitions du Conservatoire du littoral.

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# 52 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Le troisième point essentiel, qui a été un petit peu développé ce matin, mais sur lequel je voudrais insister est que le tourisme, c’est autre chose que les vacances. C’est aussi toute une économie résidentielle, il y a une circulation invisible des richesses liée au déplacement dans le temps, donc, dans l’espace. Cette circulation produit une forme de richesse, et au-delà, des transferts culturels et des transferts sociaux extrêmement importants qui provoquent des formes de mixité, de rencontre, d’évolution des sociétés. Je ne suis pas sûr que cet élément-là soit suffisamment pris en compte. Nous considérons toujours, ici, le tourisme comme quelque chose hérité des Trente Glorieuses, des années 60, 70, les vacances, les trois semaines classiques passées sur le bord de mer, mais aujourd'hui, c’est complètement différent. Ce poids considérable de l’économie résidentielle a un effet considérable sur la production de résidences et sur la composante présentielle des économies territoriales du littoral aquitain : forte circulation des revenus liés à la consommation issue de l’héliotropisme, des loisirs, des retraites et des transferts sociaux (Davezies, 2008). Facteur crucial de redistribution des richesses, ce territoire attire des revenus de l’extérieur qui constituent sa base économique, qui stimulent l’activité locale, qui détermine le niveau de revenu, d’emploi et finalement, le niveau de population. Face à ces trois points fondamentaux, nous avons trois enjeux, trois ruptures, trois types d’interrogations qui pourraient tenir lieu de feuille de route du GIP Littoral d’une certaine manière : que pouvons-nous faire en termes de valorisation autour de cela ? Nous sommes face à une demande qui change autour du mouvement, aussi bien social, culturel, que simplement dans l’espace. Nous avons des problèmes d’ancrage qui se posent par rapport à ce qui a déjà été produit en termes d’aménagement et d’urbanisme, sur ce type de littoraux, en Languedoc-Roussillon, mais aussi en Aquitaine. Nous avons, d’une part, des problèmes d’ancrage fonctionnel : le modèle « sol y playa » ne répond plus aux pratiques de loisirs multiformes (engouement nouveau pour le bien-être et l’aqualudisme, tourisme culturel basé sur le patrimoine, les villages anciens, l’accueil chez l’habitant, les spectacles…). La demande en services se précise et porte aussi sur la vie traditionnelle, de village, la qualité des hébergements, la modernité des espaces publics (les conditions de « l’habiter ensemble »). La dynamique démographique (+46 % en 30 ans, soit deux fois plus vite que le reste de la région), combinée à la flambée des prix de l’immobilier et du foncier sur la façade littorale, a conduit à un étalement urbain important et de qualité moyenne sur cet « habiter », notamment dans l’arrière-pays. L’injonction du développement durable a peu freiné l’accélération du rythme des constructions. L’enjeu d’intervenir massivement dans le foncier pour densifier l’urbanisation sur le bâti ancien et préserver les espaces vierges est réel. Il faudrait, je pense, que nous répondions à la question, de savoir si, sur ce littoral, nous continuons à travailler sur une spécialisation du tourisme ou si nous élargissons cette question du tourisme à la pluridimensionnalité du développement. J’ai l’impression que, pour l’instant nous sommes toujours sur une logique purement vacances, le tourisme est considéré comme un des axes de l’économie sans perméabilité, sans lien avec les autres facteurs de cette économie. C’est une erreur, me semble-t-il, majeure. Il faut absolument, en termes de métiers, de pratiques, que les différents secteurs qui encadrent l’activité locale ou régionale travaillent de manière beaucoup plus conjointe, afin de voir, par exemple, comment ces équipements et ces aménagements, qui datent déjà d’il y a quelques décennies, vont répondre, du point de vue fonctionnel, à ce que Jean Viard a dit ce matin sur l’évolution des types de demandes. Il s’agit d’un des points essentiels, parce que ce n’est pas très simple à faire. Nous sommes coincés dans des logiques figées en fonction des modes de vacances qui étaient prises à l’époque de la programmation des Trente glorieuses, mais maintenant, tout change. Nous avons, en héritage, des éléments qu’il faut faire évoluer. Ce n’est pas très simple et il faut que nous nous posions des questions là-dessus.

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Nous avons également des problèmes d’ancrage territorial (comment les stations travaillent-elles avec leur territoire environnant à l’échelle de la destination ?). Le millefeuille actuel de l’intercommunalité rend souvent peu cohérentes les stratégies de développement touristique au détriment de l’attractivité de l’ensemble de la destination. Il y a peu de coïncidence entre les territoires de gestion intercommunale et les territoires qui accueillent. Il y a nécessité de travailler les produits (la chaîne des éléments : transports + hébergements + activités + évènements…) à une échelle qui dépasse des circonscriptions électives. Dessiner des territoires de gestion aux problématiques communes devient chaque jour plus urgent.

Il existe une dichotomie certaine entre l’espace et le territoire tels qu’ils sont vécus par un touriste et la limite de la gestion de l’offre du point de vue communal, intercommunal et local. Cette dichotomie a fini par causer des problèmes majeurs au-delà des questions de la clause de compétence générale ou non, de la clause de la compétence touristique des communes et du transfert à l’intercommunalité, il y a aussi le problème de savoir à quelle échelle on travaille. Est-ce que c’est une logique uniquement d’entente politique locale ou est-ce que cela correspond à quelque chose qui est mieux identifié de la part de la demande ? C’est un problème de travail en termes d’offres ou de couples produit/client qui se pose là. Ce n’est pas résolu, mais nous devons nous poser la question, parce que derrière, il a les services (adduction d’eau, traitement des ordures ménagères, mais aussi identité, communication…). Il me paraît donc extrêmement important de redessiner peut-être des territoires de gestion touristique qui ne soient pas nécessairement seulement la prise en compte d’un rassemblement de nature politique ou issu simplement de la gestion des réseaux. Troisième problème à régler : l’ancrage temporel. Pour adapter continuellement le cadre bâti aux attentes des clients, certaines stratégies de « branding » ont débouché sur un inquiétant processus de réduction narrative menée parfois de manière artificielle (« disneylandisation » des lieux par le pastiche). Or on observe chez les touristes une part grandissante des comportements, des pratiques récréatives qui réhabilitent les valeurs d’usage. Plus que jamais ils semblent chercher des séjours reposant sur « l’authenticité » et la tradition, la vie de village et la nature. Sur le littoral, ces fondements touristiques sont confrontés à des phénomènes de banalisation, d’urbanisation qui répondent certes à des logiques immobilières de plus en plus internationales, normées et standardisées, mais qui enlèvent toute authenticité et tradition à l’esprit des lieux. L’enjeu est d’éviter des aménagements de stations, de lieux publics, de formes urbaines réduits à des principes mimétiques, de combattre l’uniformisation, de lutter contre la banalisation de l’architecture et des produits. L’adaptation du littoral à la modernité appelle aussi une requalification des stations existantes par une structuration des fronts de mer, des cœurs de stations qui dépassent le simple « greenwashing ».

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Regards croisés sur les projets d’aménagement touristique intégré

Une approche innovante et globale d’aménagement de trois communes littorales Par Robert SPIZZICHINO – Partenaires et Développement Et Loïc CHATEAU – Conseil Général des Landes Conseil Général des Landes 23 r Victor Hugo 40025 Mont de Marsan Cedex Tel : 05 58 05 41 53 E-mail : [email protected] Partenaires Développement 58 Quai de la Rapée 75583 Paris Cedex 12 Tel : 01 40 04 63 18 E-mail : [email protected] Loïc CHÂTEAU : Pourquoi une approche innovante et globale ? Innovante, parce qu’il s’agit d’une certaine forme de renouveau par rapport à un cycle immobilier et touristique qui arrive en bout de course. Il s'agit de concevoir une cité-station axée sur la mixité des fonctions résidentielles, principales et secondaires, et touristiques et incluant plusieurs types d'activités, gages de désaisonnalisation. Innovante dans son approche et dans les outils que nous nous proposons de mettre en œuvre pour cet aménagement des communes littorales. Globale, parce que nous répondons à des enjeux, des questions des élus, qui visent à appréhender le phénomène touristique et de l’aménagement au sein de champs d’intervention élargis

Donc, notre propos vise à la fois à répondre aux enjeux sociétaux qui ont été identifiés ce matin, mais également de tenter d’apporter et de traduire des réponses concrètes et opérationnelles à ces sujets. Le projet Re_Sources porte un nom de code tout à fait provisoire. Il s’agit d’un petit clin d’œil qui traduit, la philosophie de l’approche proposée, à savoir : comment mobiliser les ressources du territoire actuel en devenir ? C’est également un retour aux sources, c'est-à-dire que nous ne pouvons pas rayer de la carte les acquis, ce qui a été fait pendant des années. Puis, cela concerne les ressources minérales et également le thème de l’eau qui est très présent sur le littoral et le rétro littoral landais, avec, évidemment l’océan, mais aussi les lacs et les courants. La ressource en eau et la géothermie participeraient également à la construction de ce projet : un aménagement- développement territorial intégré.

Les collectivités ont été impliquées tout au long du processus ;à cet égard, il faut saluer la volonté locale qui a émergé de plusieurs municipalités qui, se questionnant sur leur avenir touristique, ont saisi les moments de réflexion, de travail qui étaient proposés par le Conseil général, dans le cadre de la réflexion prospective Landes 2040 pour chercher des solutions. L’avenir passe par un fort enjeu de réhabilitation de la station existante, mais également par son développement. Et une des conditions du développement, c’est la maîtrise foncière ; or, nous disposons de l’opportunité assez rare, aujourd’hui, à l’échelle de l’Aquitaine, de pouvoir, maîtriser une centaine d’hectares, à plusieurs communes et notamment sur une commune au cœur du projet. Les trois communes sont : Messanges, Soustons et Vieux-Boucau. La démarche est menée en partenariat avec la Communauté de Communes de MACS (Maremne Adour Côte-Sud) et en concertation avec le Pays Adour Landes

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Océanes. J’insisterai sur ce moment clé de prise de conscience simultanée d’un certain nombre d’élus, et en même temps, la possibilité de pouvoir mener conjointement une réflexion et les révisions des PLU de chacune des communes. Je crois que l’une des conditions de l’opérationnalité pour envisager des renouvellements de station, c’est que les outils d’urbanisme soient concertés, cohérents et prennent en compte une dimension qui va au-delà de la dimension purement communale. Le Schéma de cohérence territorial de MACS, nous y aide par ailleurs.

Il y a par ailleurs un syndicat mixte de Port d’Albret qui existait et qui est porté par le Conseil général qui accompagne cette démarche, les intervenants étant les services du Conseil général, la SATEL (Société d'Aménagement des Territoires et d'Équipement des Landes) et des prestataires avec une mission de mandat d’étude. Robert Spizzichino, présent ici, qui nous accompagne sur ce chantier en fait partie.

Les études ont démarré en septembre 2008 et les premières décisions politiques datent du premier semestre 2009 sur l’engagement plus concret du développement de la station. Où sommes-nous ? Le territoire de projet élargi recouvre la commune de Soustons dont le bourg est distant d’une dizaine de kilomètres du littoral, qui recouvre un territoire très vaste (10 000 hectares), la commune de Messanges, plus au nord, ainsi que la commune de Vieux-Boucau Les Bains. Vieux-Boucau Les Bains et Soustons sont les communes d’assise de la station de Port d’Albret, telle qu’elle avait été baptisée au moment de la MIACA avec la création artificielle du lac marin pour recréer « l’Atlantique, à l’abri des vagues », dans le but d’accueillir, dans des conditions de sécurité les estivants, les familles notamment, et de pouvoir y développer des activités nautiques.

Robert SPIZZICHINO : Je vais donc vous parler des sept vertus cardinales du projet. Nous allons commencer par la première : L’évolution du territoire englobe, à la fois, évidemment, les aménagements touristiques, mais également tout ce qui est urbain et rural. Il y a des noyaux urbains qui sont tout à fait importants dans les trois communes que nous avons citées. Il y a également un aménagement rural qui existe et qui est beaucoup plus varié que ce que nous pensions. Donc, il nous était impossible d’oublier les noyaux urbains pour créer quelque chose que nous ne savons pas encore appeler – nous comptons sur l’imagination collective pour que vous nous aidiez à le nommer – une cité balnéaire , là où il y a de la vie, et une vie multiple et multiforme.

Le deuxième point, c’est que nous avons choisi de valoriser une thématique non seulement autour des questions d’éco-aménagement et d’éco-construction qui sont incontournables et sur lesquelles tout le monde va devoir avancer sur les 15 à 20 prochaines années que va durer le projet, mais aussi sur le concept d’éco-responsabilité. Il nous est apparu très important, en ce qui concerne ce défi écologique, que nous allons devoir faire évoluer de manière extrêmement brutale des comportements individuels. C’est donc cet axe que nous avons choisi d’illustrer : comment vivre autrement avec la nature ? Comment retrouver des formes de liens avec la nature qui ne soient pas, en quelque sorte, pollués par tout ce que nous a légué la société industrielle ? Et, au travers de gens qui sont disponibles, surtout quand ils sont en vacances, qui sont ouverts dans la multiplicité des comportements qui ont été évoqués ce matin, comment promouvoir l’éco-responsabilité au travers de toutes les activités de cette cité balnéaire multipolaire ?

Troisième point : l’aménagement va être structuré par le paysage. Nous partons de tous les travaux qu’ont réalisés nos urbanistes paysagistes et, d’ailleurs, les premières opérations qui vont se faire vont être des opérations de mise en valeur paysagère. Le repérage qui a été fait va permettre de structurer l’aménagement autour du « paysage naturel », (entre guillemets, parce que ce n’est jamais complètement naturel). Les premières opérations visent à révéler à tous, peut-être même y compris aux habitants, un certain nombre de choses assez extraordinaires qui ne sont pas toujours perçues et pourtant, qui existent déjà dans le paysage.

Quatrièmement, nous essayons de mettre en place un schéma de montage de ce projet qui permette d’affronter les difficultés et de maîtriser les risques, notamment financiers, des collectivités territoriales. Je vais donner simplement deux exemples, puisque nous sommes encore en train d’affiner ce schéma de montage entre nous. Le premier, c’est que nous essayons évidemment, d’associer dès l’amont, des associations et des opérateurs, pour nous dire comment ils sentent les choses, et ce sur quoi ils sont prêts à travailler avec nous ou ce sur quoi ils sont prêts à s’engager.

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# 57 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

C’est ce que nous avons fait lors d’une réunion que nous avons organisée en juillet. Deuxième exemple de ce schéma : nous essayons d’avoir un pragmatisme raisonné pour progresser pas à pas. Nous franchissons une étape et lorsque celle-ci sera franchie, nous en franchirons une autre pour ne pas se lancer dans des éléments qui ne seraient pas à la mesure de ce que peuvent faire les collectivités.

Cinquièmement : à Saint-Geours-de-Maremne, il existe Atlantisud, une très grande opération d’aménagement d’une zone d’activité qui va être au carrefour de plusieurs nœuds de communication. En interaction avec ce qui va se passer dans cette zone d’activité, nous souhaitons donc, avoir, au sein de la cité balnéaire, une vitrine des filières économiques landaises qui sont toutes basées sur les relations avec la nature, que ce soit dans l’agriculture, la sylviculture, la cosmétologie, la gastronomie, etc.

Sixièmement : nous avions conçu un maillage de petits équipements souples d’animation, mais une réflexion est actuellement en cours avec des élus afin de savoir si ce maillage est suffisamment attractif ou s’il ne faut pas le remplacer par un grand équipement, notamment sur le thème de l’eau. Un débat est en instruction sur cette question. Nous ne l’avons pas encore conclu ; nous sommes en train d’y travailler au travers d’exemples concrets.

Le dernier point porte sur l’idée que le territoire n’a pas de limite stricte. Nous mettons en œuvre l’aménagement d’un grand territoire. Aujourd’hui, les aménageurs savent travailler sur cela et puis, peut-être que demain ce territoire s’élargira. Nous savons que ce territoire est composé d’un certain nombre de choses qui existent et qu’il faut transformer, qu’il faut faire évoluer, tout en créant d’autres choses à côté, le tout étant lié.

Je vais conclure en donnant quelques illustrations rapides. Vous voyez que nous avons commencé à localiser sur le territoire des opérations qui existaient et qui sont des éléments de projet. Le meilleur exemple vous en a été donné ce matin, c’est FRAM, qui est de fait, au travers du premier village Framissima Nature un élément de projet. Nous sommes frappés de voir qu’aujourd’hui, des projets qui étaient des projets locaux, communaux, sont en train d’être repensés autour de la question : Comment je m’inscris aujourd’hui dans le projet Re-Sources dans son ensemble ? C’est, par exemple ce qui est en train d’être fait sur le centre de Vieux-Boucau, ce sont des réflexions lancées sur Messanges avec un village d’artisanat d’art et des lotissements innovants d’habitat permanents, etc. Donc, il y a une transformation des projets locaux pour les intégrer dans ce projet d’ensemble. Un autre exemple, il y a une école de « land Art » en Aquitaine, qui est une école très intéressante. Nous entendons faire utiliser un maillage de l’espace public, avec du Land Art. Nous projetons et nous allons commencer à prendre un certain nombre de contacts sur une zone agricole pilote pour valoriser un certain nombre d’activités agricoles en cœur de station. Nous avons parlé du tourisme de santé ce matin et de la médicalisation ; nous travaillerons sur la bio-cosmétique, etc.

Loïc CHÂTEAU : Un mot de conclusion à la lumière de l’expérience que nous vivons actuellement : quels seront les quatre défis de l’aménagement ? Le premier, qui prend du temps, est l’adhésion des populations locales, mais également des prestataires, des commerçants en place, des hébergeurs déjà en activité. Il faut expliquer, convaincre. Il y a également, un changement de mentalité à opérer localement. Deuxième défi : l’amélioration de l’existant et son financement. Nous avons vu que les grandes opérations, comme les opérations de réhabilitation de l’immobilier de loisirs sont des échecs. Aujourd’hui, il faut trouver de nouvelles solutions, c’est plus difficile que de faire du neuf. Il faut réhabiliter et développer en même temps et cela nous incite à persévérer dans la recherche de montages opérationnels et financiers innovants publics, privés avec des investisseurs et des opérateurs. Puis, une animation d’excellence pouvant s’équilibrer, pour faire vivre la station. Surtout, le quatrième et dernier défi, est l’équation économique globale. C’est celle de la mixité fonctionnelle pour casser cette hyper saisonnalité que l’on a identifiée ce matin. A ce titre, je tiens à vous dire que ce projet est maintenant engagé, qu’il est un petit peu emblématique de la nouvelle politique touristique du Conseil général des Landes et qu’il a été retenu parmi les opérations phares du nouveau schéma départemental de développement du tourisme qui a été voté par nos élus départementaux fin 2009.

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# 58 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Schéma de développement touristique : l’exemple de Port Leucate Par Christian DOUCHEMENT – OREX Loisirs Directeur Général Orex Loisirs, Ex-directeur de Station Port Leucate OREX Loisirs 4 place Xavier Authier 25370 Metabief Tel : 03 81 49 28 97 E-mail : [email protected] Tout d’abord, merci au GIP de prendre l’exemple des stations du littoral du Languedoc pour vous apporter, peut-être autre chose et pour partager certaines expériences. Le Languedoc Roussillon s’est développé dans les mêmes générations, avec la mission dite RACINE, une mission interministérielle d’aménagement, dans les années 65, jusqu’aux années 80, impulsée à l’époque par le Général de Gaulle, qui visait à construire de grosses stations à dimension internationale sur le littoral du Languedoc-Roussillon, séparées par des ruptures d’urbanisation donc, avec un fort volet de préservation des espaces naturels. Il est vrai qu’aujourd’hui, l’image que nous avons tous du Languedoc, ce sont plutôt les pyramides de la Grande-Motte et une urbanisation qui serait continue. Or, le modèle est assez différent et tout un travail d’image est donc à faire. Globalement, la mission RACINE a développé six ou sept grosses stations : la Grande-Motte, Cap d’Agde, Barcarès, Port Leucate, Canet en Roussillon… Environ 500 000 lits ont été créés en 40 ans. Le Languedoc-Roussillon est la quatrième région touristique nationale après l’Ile-de-France, Rhône-Alpes et PACA. Cela correspond à 106 millions de nuitées. Donc, globalement, nous avons beaucoup de similitudes avec la région aquitaine, avec un petit peu de montagnes et surtout du littoral où 80 % du tourisme est concentré sur 20 % du territoire. En même temps, ce développement a généré un certain nombre de problèmes. Le premier, est que le modèle de notre développement en France repose en général sur une approche patrimoniale, c'est-à-dire que nous avons vendu du foncier à des aménageurs qui ont, eux-mêmes construit des résidences et vendu à des particuliers. Nous sommes loin du resort américain, du type Orlando ou en Afrique, s’appuyant sur des modèles hôteliers, c'est-à-dire que, petit à petit, nous avons une sortie du stock marchand de 2 à 3 % par an, des appartements qui ne sont plus loués. Donc, sur 10 ans, nous arrivons à 20 % et sur 40 ans, c’est 80 % du parc qui n’est plus occupé à sa juste valeur et nous avons, aujourd’hui un vrai écart entre la dimension patrimoniale du propriétaire et le produit touristique. Nous avons des villes qui sont nouvelles, qui ne sont pas finies, qui ont 40 ans, 50 ans. A l’échelle d’une ville, ce n’est rien, mais en même temps, c’est aussi un produit touristique extrêmement vieillissant, parce qu’en 40 ans, une résidence de tourisme, un appartement est complètement décalé par rapport à son public. D’où, ces nécessaires travaux de réhabilitation que nous ne savons pas trop comment aborder. Deuxième problème : un modèle sur le volume. Aujourd’hui, nous avons créé un tel volume sur le Languedoc-Roussillon qu’une concurrence se crée. En dehors de six semaines par an où même les appartements les plus dégradés se louent, il y a une telle concurrence que la pression sur les prix est très forte. Les prix de location n’augmentent plus, depuis maintenant presque 10 ans. On assiste à une paupérisation de notre destination avec une clientèle à faible pouvoir d’achat. Cette création de surstock a donc finalement, un effet sur le prix et donc, sur la rentabilité pour le propriétaire qui n’est, lui-même, du coup, pas incité à réinvestir dans son outil.

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# 59 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Troisième problème : nous avons un format unique, une même génération de stations. Au niveau de Barcarès, 75 % des appartements sont des studios ou des T1. Nous avons un volume très important sur un modèle unique, avec une génération de construction qui visait une clientèle populaire, européenne et qui aujourd’hui, ne nous permet pas facilement d’élargir la gamme. Une fois que l’offre est décalée avec le public, le tourisme meurt. Ensuite, nous avons un problème foncier. Nous sommes sur une côte littorale extrêmement plate avec des risques d’inondation. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus construire en dessous des 2 mètres NGF, les stations comme Leucate Barcarès, sont entre l’étang, le lac marin et le littoral. Nous n’avons pas assez de dunes et donc nous ne pourrons plus construire. C’est peut-être mieux, nous pourrons ainsi travailler autrement, mais cela a une incidence sur le financement, puisque, pendant 40 ans, c’est la vente du foncier qui a permis d’équiper et de structurer la station. Aujourd’hui, si une commune ne peut plus vendre du foncier, il faut qu’elle trouve d’autres recettes. Nous avons écrit notre schéma de développement touristique sur la station et nous sommes partis du principe que, finalement, au-delà du territoire, de l’humain, de l’esthétisme, du paysage, il fallait aussi penser aux moyens. Nous sommes donc partis du constat que si nous n’avions pas d’argent, nous n’avions pas de projet. Si nous n’offrons pas de rentabilité à des investisseurs privés, nous ne pouvons pas attirer les financements privés, il faut donc créer des conditions favorables pour attirer l’investisseur privé. Enfin, si nous n’avons pas d’investissement privé, nous allons mettre 50 ans pour développer des équipements structurants et lorsqu’ils seront prêts à être livré, nous serons à nouveau décalés avec notre public. Il faut donc réimaginer notre modèle économique. Il faut que nous ayons un modèle, non plus basé sur la croissance par le volume avec pour objectif de livrer chaque année 300, 500, 1000 appartements supplémentaires qui apportent plus de clients, donc plus de revenus. Ainsi, la station peut se développer, les commerçants sont contents, etc. Cette logique-là ne pourra pas perdurer ; nous devons réviser notre modèle de croissance et nous orienter davantage vers une clientèle à plus forte contribution économique, travailler sur l’élargissement de la saison. Ce n’est pas nouveau, mais cela devient urgent. IL est donc nécessaire de trouver des équipements, des services, des produits pour travailler sur ces ailes de saison, les évènements, le port, etc. Enfin, nous devons travailler sur la réhabilitation du cœur de notre offre touristique, c'est-à-dire les meublés de tourisme qui composent la grande majorité de nos problèmes. Voilà globalement les axes du schéma sur le développement de l’offre, sur les marchés : viser une clientèle à plus fort pouvoir d’achat, offrir des services, enrichir le produit. Il me semble également important de travailler sur une autre image. Aujourd’hui, nous avons une telle concurrence sur le Languedoc que si nous n’arrivons pas à enrichir notre produit – qui, aujourd’hui, pour un client parisien est un appartement au bord de la mer –pourquoi le client irait en Languedoc plutôt qu’en Aquitaine ou en Tunisie ? Nous avons parlé tout à l’heure du côté humain, de la culture, des évènements. Il faut que nous arrivions à associer l’arrière-pays au littoral. C’est essentiel aujourd’hui, pour arriver à créer de la valeur autour de cette destination du Languedoc, au même titre que les stations de ski en montagne doivent arriver à coupler la vallée, le terroir, les vaches, le Beaufort, etc., avec le domaine skiable. Nous avons toute cette réflexion de territoire à mener avec l’objectif d’arriver à marier la station touristique avec l’arrière-pays. Enfin, sur la logique de marché, nous devons aussi être plus performants que les autres. Nous devons attirer les clients de nos voisins, des autres destinations. Il faut donc que nous arrivions à développer des outils plus performants que nos voisins, être innovants, malins. Nous n’avons pas forcément beaucoup plus de moyens, donc il faut jouer une stratégie d’alliances efficace avec des partenaires, ne pas forcément être présents partout, mais choisir peut-être les bons partenaires commerciaux, des logiques de marques, etc.

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Ensuite, nous avons beaucoup travaillé sur le volet organisation. Nous nous rendons compte, que finalement, nos élus, comme un peu partout, n’ont pas forcément la technicité. Cela est normal, ils sont là pour décider. Quant à l’Office du tourisme, il est décalé des processus de décision. Il joue son rôle de décision, mais n’intervient pas comme soutien technique pour le compte des élus. La création d’un poste de directeur de station a donc été souhaitée. J’ai supervisé la gestion du port, les campings, l’Office du tourisme, le palais des congrès, les plages, la police, etc., pour essayer d’avoir véritablement un appui technique pour le compte des élus. Nous nous rendons compte que les DGS n’ont pas forcément cette culture non plus. L’Office du tourisme est trop éloigné et ne couvre pas tout le spectre de la problématique touristique et donc, il manque ce maillon de directeur de station – peu importe le titre – qui fasse l’interface entre les services et les élus. Puis, il fallait financer notre stratégie d’investissement ; l’idée étant que la ville est là pour impulser, c'est-à-dire qu’au début, il faut financer des équipements, acheter du foncier, gérer le foncier d’une manière dynamique. Dans un deuxième temps, il faut accompagner des projets privés. Et dans un troisième temps, il faut faciliter l’implantation d’entreprises et faire en sorte que l’investissement privé prenne le relais de l’investissement public. Ceci permet à l’argent public d’être réinvesti par ailleurs et de soutenir de nouveaux projets ou alors, au contraire, de financer des équipements non profitables, des sentiers, des plages, etc. Une stratégie d’investissement doit donc être menée, bien évidemment dans le temps. Enfin, il est important de contrôler et de travailler, par la mise en place d’un tableau de bord, non pas tellement sur les flux touristiques d’une manière traditionnelle, mais sur la fiscalité, le détail des emplois créés, le nombre de permis de construire développés, l’urbanisation croissante, etc. Ce tableau de bord me paraît important. Les difficultés que je vois dans cette logique-là, c’est qu’il s’agit d’abord d’écrire ce que nous allons faire, et ensuite, de faire ce que nous avons écrit. Il ne faut pas céder à n’importe quoi. Par exemple, ne pas céder à un promoteur qui viendrait pour développer un immeuble magnifique tout en sachant que l’immeuble sera peu exploité et que l’hôtelier n’est pas en mesure de nous offrir autant d’argent. Donc, la problématique, c’est que la ville a besoin d’argent pour financer ses équipements. Elle a tendance à vouloir vendre le foncier au promoteur, mais en même temps, elle a aussi besoin d’hôteliers pour vendre l’occupation des lits, générer et étoffer la gamme de produits. Il faut maintenir le cap dans le temps, quelles que soient les durées des mandats, développer la culture du client. Nous sommes dans un bien-être, les communes ou les stations ont des richesses, les emplois progressent. Nous n’avons pas de raison de nous inquiéter, mais nous devons, malgré tout observer ce qui se passe ailleurs, voir d’autres initiatives et nous remettre en cause régulièrement. Il faut également décider et entreprendre, ce qui est la logique de grandes destinations, bien évidemment. Je pense que nous pouvons apporter sur la région Aquitaine, peut-être un regard extérieur sur des régions, travailler sur de la reproduction d’expériences que nous avons pu tester sur le Languedoc-Roussillon. Je pense à la rénovation. Nous avons mis en place, avec Leucate, Gruissan et la Grande-Motte, une vraie démarche de réhabilitation de l’immobilier autour d’un nouveau modèle, lié à un courtier en travaux, etc. 5,8 % des propriétaires sont prêts à s’engager dans la démarche, ce qui génère des retombées bien sûr touristiques, mais aussi de la création d’emplois sur le second œuvre du bâtiment. Nous pouvons également amener sur l’Aquitaine des réflexions sur le lien entre les stations du littoral et l’arrière-pays où il y a vraiment une logique importante d’enrichissement du produit, une démarche de tableau de bord, et puis, bien sûr, le plaisir de venir vous voir d’une manière régulière.

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# 61 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Littoral Aquitain : terrain propice au tourisme durable ? Par Claire MERCIER – Atout France Chargée de Mission ATOUT France 23 Place Catalogne 75014 Paris Tel : 01 42 96 74 69 E-mail : [email protected] Atout France est l’union de deux structures : Odit France, dans le domaine de l’ingénierie touristique, et Maisons de la France, tournée vers la promotion de la destination France à l’étranger. Je voulais revenir sur une vision nationale. Tout le monde a bien conscience que le tourisme sur le littoral s’est développé sur un produit balnéaire assez uniforme et assez centré sur la plage. Nous nous retrouvons aujourd’hui avec toute une série de stations littorales présentant une certaine homogénéité, voire une banalisation et nous trouvons partout les mêmes équipements, les mêmes enseignes… Cet aménagement s’est fait assez souvent au détriment d’une identité du paysage et du cadre urbain. Aujourd’hui, malgré cela, nous nous rendons compte que les Français restent toujours très attachés à cette destination plage, mer, puisque 40 % du nombre des nuitées touristiques se fait sur le littoral. Mais, nous sommes confrontés, aujourd’hui, à une vraie concurrence au niveau mondial, sur le produit de base plage/mer, avec des prix beaucoup plus compétitifs. Nous avons aussi un manque de disponibilité foncière qui fait que nous ne pouvons plus continuer sur le même modèle. Il ne serait pas souhaitable d’avoir un arrière-pays présentant la même uniformité et se basant sur la même logique. Il y a certainement une priorité, c’est celle de travailler sur l’existant et il me semble qu’il y a là une opportunité. Beaucoup d’appartements dans les stations ont été achetés dans les années 60-70 ; les propriétaires de ces logements ont un certain âge et des transmissions interviendront bientôt. Il s’agira vraisemblablement d’un moment opportun pour envisager des politiques peut-être intéressantes avec les nouveaux acquéreurs. Le tourisme littoral est également confronté au risque de désaffection liée à une certaine perte de qualité de l’espace littoral, banalisation, dégradation du paysage, vieillissement des infrastructures, appartements trop petits, etc., et également au fait que beaucoup des hébergements marchands sont pour beaucoup transformés en résidences secondaires. Tout cela est couplé au fait que nous avons une clientèle de plus en plus exigeante et qui a un choix assez pléthorique, qu’elle est de plus en plus volatile, elle se fidélise, peut-être un peu plus difficilement qu’à une certaine époque. Nous sommes certainement, maintenant, dans une période où il va falloir penser au maillage et à la création de liens et de sens. Il va falloir passer à une vraie préservation des ressources premières de la destination et à la valorisation de l’identité de ces destinations. Il va falloir concilier la valorisation et la protection, le fait que les espaces naturels et les sites préservés deviennent franchement des atouts très importants des destinations. Il va falloir recentrer les politiques de développement sur la valorisation de ce qui fait l’attractivité première des destinations, le cadre de la station, l’ambiance, les particularités physiques, mais aussi humaines. Et, il va falloir travailler sur les paysages et les espaces publics. Il va vraisemblablement s’agir de jouer la différenciation, de travailler sur son identité culturelle, visuelle, la qualité et la spécificité de l’accueil et du service qu’il y a dans les stations.

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# 62 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Il faut donner aussi envie de venir dans les stations en dehors de la période estivale. Tout le monde a parlé de la saisonnalité et c’est vrai que des aspects comme certains éléments du paysage naturel pourraient très bien attirer des touristes hors période d’été. Il faut également penser la complémentarité des clientèles, il n’y a pas qu’une clientèle uniforme de vacanciers, il y a aussi des courts séjours, des itinérants, des doubles résidents, des résidents, des excursionnistes et des clientèles étrangères. J’ai choisi quatre exemples qui montrent que les stations se posent toutes des questions sur leur avenir. Saint-Jean-de-Monts a mis en œuvre une stratégie intéressante depuis une quinzaine d’années sur le positionnement marketing autour de l’enfance. C’est intéressant, parce que c’est en continuité avec son positionnement de longue date sur la famille. C’est un choix de sécurité, parce que des enfants, il y en a toujours, que la conjoncture est moins forte que pour le golf, le nautisme ou la thalassothérapie, et que cet axe se décline assez facilement auprès de tous les professionnels de la station. En outre, les aménagements comme la piscine, peuvent s’adapter. Enfin, l’enfance est un critère assez émotionnel et ce thème permet d’étendre la saison. Il y a des animations extrêmement intéressantes, par exemple, pendant la Toussaint, comme « si t’as pas la trouille », qui attirent beaucoup de monde. Le cas de Chatelaillon est également très intéressant, au niveau de l’architecture balnéaire. Ils ont une charte architecturale qui s’applique aussi bien aux différents types d’architecture balnéaire ancienne, plus récente, années 50, etc., et qui sert réellement de guide sur les développements. L’autre exemple concerne les dunes de Flandre, station balnéaire intercommunale qui s’étend sur 5 communes, dont Dunkerque et qui représente 15 kilomètres de plage. Leur organisation partenariale est très intéressante : le syndicat intercommunal est le leader, mais il travaille avec de nombreux partenariats, autant associatifs qu’institutionnels. Pour donner un exemple, l’entretien des plages se fait par une entreprise d’insertion où on mêle à la fois, une technique environnementale de nettoyage, mais aussi un objectif social : la découverte du milieu, mais aussi l’accueil de personnes handicapées par les associations. Je terminerai par le cas du printemps des Landes. Ici, des personnes mieux placées que moi pourraient en parler. C’est une opération avec de nombreuses animations et une bonne articulation entre le Comité Régional du Tourisme et les Offices de tourisme, avec beaucoup de packages, de produits touristiques, avec les privés, les hôteliers, etc., qui sont proposés. Pour conclure, je voudrais juste rappeler cinq points de méthode. Je pense qu’il faut vraiment réfléchir à se positionner, c'est-à-dire se revendiquer comme une offre particulière, travailler sur sa singularité, faire un bilan de ce que nous avons : qu’avons-nous que les autres n’ont pas ? Qu’avons-nous qui est complémentaire avec d’autres partenaires ? Il faut aussi passer du produit à l’expérience touristique, c'est-à-dire que trop souvent, les destinations se présentent comme des séries de produits que l’on trouve d’ailleurs à peu près partout. Il serait intéressant de travailler plus sur l’expérience et de se demander : que propose-t-on comme expérience à nos touristes, vacanciers, excursionnistes, résidents, double résidents et résidents ? Il faudrait également dresser un bilan précis de l’identité et de l’image de la destination et appréhender le décalage entre l’image perçue et l’image voulue. Je crois qu’un travail très intéressant a été effectué dans le Pays basque qui portait sur une analyse de la manière dont les guides touristiques parlent de la destination, comment les gens qui viennent ou même qui ne viennent pas, parlent de nous : quelles sont les éléments constitutifs de notre image ? Est-ce que c’est l’image que l’on souhaite ? Est-ce qu’on ne la souhaite pas ? Comment pourrait-on la modifier pour qu’elle se rapproche au plus près de ce que l’on veut être ? Le quatrième point est qu’il ne faut pas réduire l’analyse à la seule dimension touristique. Enfin, il faut penser à la gouvernance du territoire, non seulement dans la phase d’étude, mais également, ensuite, dans la gestion de la destination.

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# 63 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Tourisme : une gestion territorialisée des ressources humaines

Le cluster Goazen : un plan d’action commun pour les acteurs touristiques Par Corinne CERVEAUX – CCI de Bayonne CCI de Bayonne 50-51 allées marines 64102 Bayonne Tel : 05 59 46 58 13 E-mail : [email protected] Goazen signifie « allons-y » en basque. Donc, allons-y. Depuis ce matin, nous abordons le tourisme sous les aspects de politique d’urbanisme, de politique d’animation, de promotion. Nous avons également parlé du tourisme dans la société. Je vais aborder le tourisme au travers des entreprises, parce que le tourisme, c’est aussi 10 000 entreprises en Aquitaine. Je vais aborder deux points dans ma présentation. Je vais d’abord vous expliquer à quoi sert un cluster dans le tourisme. Puis, je vais vous expliquer comment les entreprises du tourisme au Pays Basque sont regroupées et ont monté un cluster Goazen, et comment elles souhaitent agir sur les politiques de l’emploi local. Qu’est-ce qu’un cluster ? Il s’agit d’une politique d’animation économique qui a plutôt été développée dans l’industrie. C’est un regroupement d’entreprises sur un bassin d’emploi dans un même secteur d’activité ayant pour but de réaliser en commun des activités qui n’auraient pas été possibles de manière isolée. Pourquoi avons-nous pris, dans le tourisme, ce mode de fonctionnement économique ? Tout simplement, parce que les entreprises du tourisme fonctionnent comme celles de l’industrie. Elles sont absolument similaires. Le tourisme est une activité fortement capitalistique. Les entreprises fonctionnent en interaction avec différents partenaires, publics, privés, des fournisseurs, des sous-traitants, exactement comme l’industrie, avec une logique client qui est au centre de leurs préoccupations, une production en série. Mais, elles ont également un développement conditionné à une nécessité d’innovation et d’adaptation aux tendances. Nous avons donc fait un cluster pour changer de modèle de portage de projets collectifs, mettre en œuvre des mesures d’anticipation et de structuration d’actions et mobiliser les moyens et les outils au service des clients, mais également des entreprises. Généralement, un cluster agit ou interagit sur plusieurs axes : les ressources humaines, le marketing, la qualité, l’innovation et en plus, pour le tourisme, l’interaction avec les politiques publiques, parce que dans le tourisme, on ne peut rien faire sans les politiques publiques. C’est une activité qui allie, à la fois le gratuit et le marchand. Qu’est-ce que le cluster Goazen ? Goazen regroupe 580 entreprises représentées au travers de leur groupement, syndicats, associations, GIE, les prestataires d’animation de séjours, les agences réceptives et les transporteurs routiers de voyageurs. Elles se sont regroupées pour porter un projet stratégique reposant sur trois objectifs. Premièrement, améliorer la compétitivité économique du secteur en anticipant les mutations du tourisme en termes de marché, d’effet écologique et de nouvelle demande. Deuxièmement, contribuer à une destination de qualité en consolidant et en professionnalisant l’offre. C’est là où le lien avec l’emploi va se faire. Troisièmement, œuvrer pour un développement touristique respectueux des valeurs, de la culture, et du territoire basque. En clair, ne pas faire de la folklorisation.

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# 64 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Cela nous a permis de mettre en place une organisation et un nouvel espace de discussion public/privé à propos du rôle et des contributions du secteur touristique marchand au sein de l’économie et de la société basque. Par le biais de ce cluster, les entreprises ont plusieurs rôles et missions à remplir, de façon conjointe ou non. Ces entreprises du tourisme sont impactées par l’évolution du tourisme et sont ainsi confrontées à une intensification de la concurrence, à une uniformité et une banalisation de l’offre, à une accélération du cycle de vie des produits qui engendre, sur le plan économique, des dotations aux amortissements réduites dans le temps, et donc, des impacts sur le résultat. Elles sont également impactées par l’évolution des attentes de clientèles. Enfin, les entreprises du tourisme sont confrontées à une importance du consumérisme : pression des normes, besoin de sécurité, garantie du service vendue, etc. Donc, tous ces enjeux-là amènent les entreprises à devoir s’adapter et apporter des réponses. Je vais directement aller vers celles correspondant aux ressources humaines. Les représentants de la filière ont soulevé des points de fragilité et des sources d’inquiétudes pour l’avenir. Par L’évolution de l’environnement touristique impacte de façon importante l’organisation du travail et la gestion des emplois et des compétences, dans les entreprises. Il y a quinze ans, nous n’avions pas besoin, dans un hôtel de 20 chambres d’un webmaster ; maintenant, cela est indispensable, en plus du chef de réception qui était déjà là. Comment fait-on pour recruter des webmasters et en avons-nous besoin à temps complet ? Deuxième point : des risques de baisse de qualité de service et de productivité, du fait de la difficulté de recrutement et de fidélisation du personnel formé. Il existe aussi des problématiques sur le retard dans l’optimisation des usages et des nouvelles technologies de communication dans les entreprises, et également dans la pratique des langues étrangères. Il y a également des progrès à faire dans la concertation et la coordination des différents acteurs privés et institutionnels en ce qui concerne les moyens, la stratégie et les dispositifs, portant sur les ressources humaines. Précédemment, je vous indiquais que nous comptons 10 000 entreprises du tourisme en Aquitaine, pour 45 000 salariés. Cela représente environ 4,5 salariés par entreprise. Nous sommes donc dans un secteur d’activité où nous sommes confrontés à de petites entreprises. Comment fait ce chef d’entreprise pour être bon sur le webmarketing ? Faire de la gestion prévisionnelle de compétences et d’emplois ? Faire de la gestion de relations clientèles ? S’occuper de la labellisation de son entreprise, de la mise aux normes et de l’adaptation aux contraintes règlementaires ? Travailler sur la rentabilité et la compétitivité de son entreprise ? Avoir un œil sur l’évolution des tendances et des produits ? Une seule réponse : l’organisation collective, pour mettre en synergie les dispositifs, les outils et les acteurs afin de lui apporter des réponses adaptées selon la taille, l’activité et la saisonnalité du territoire en question. En 2008, le cluster a identifié quatre actions à mener. Première action : la maison des saisonniers. Le cluster est partenaire de cet organisme paritaire et membre du Conseil d’administration. Par la mobilisation de ses adhérents, le cluster peut participer à des enquêtes, à des réflexions, et organiser des réunions de sensibilisation. Deuxième point : en mars 2010, le centre consulaire de formation a lancé une première opération sur la sécurisation des parcours professionnels des saisonniers, en partenariat avec le FAFI. Nous avons notamment travaillé pour adapter les postes de gouvernantes saisonnières, lancer des programmes de formation pour les serveurs, les cuisiniers, etc., pour adapter leurs compétences aux besoins de l’entreprise. Troisième action : une branche tourisme est en cours de déploiement au sein du groupement d’employeurs « L’association Pays Basque emploi », réalisée avec le concours de la Communauté de Communes Sud Pays Basque. L’idée était que nous avions un groupement d’employeurs qui couvrait l’industrie, l’agriculture et nous avons développé une branche tourisme. En 6 mois, 13 postes de travail mutualisés ont été créés auprès de 9 entreprises, notamment sur des postes de webmasters. La seule action qui n’a pas encore été faite est la création d’une boite à outils spécifique aux ressources humaines pour les entreprises du tourisme, parce que les règlementations sont complexes, les sources d’information diverses. L’idée consiste à regrouper l’ensemble des outils et des règlementations au sein d’une même plateforme.

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# 65 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Maison des Saisonniers : analyse, conseil et accompagnement par Jean Pierre FOURNY – Maison des Saisonniers du Pays Basque Chargé de projets Maison des Saisonniers Maison des Saisonniers 17 avenue plantoun 64100 Bayonne Tel : 05 59 29 21 21 E-mail : [email protected] Je vais vous présenter, effectivement la Maison des saisonniers, qui est un dispositif assez récent, puisqu’elle a été créée à partir du deuxième semestre de 2009. Avant tout, je souhaiterais préciser que, même si les Maisons de saisonniers implantées sur le territoire présentent des structures différentes sur le plan financier et sur le portage juridique, et notamment dans les bassins d’emploi activité touristique, il n’en demeure pas moins que nous sommes tous confrontés aux mêmes problématiques, qui sont plus ou moins fortes : celle de l’emploi des saisonniers, du logement des saisonniers, mais aussi des rapports entre salariés et employeurs. La Maison des saisonniers du Pays Basque est un service adossé à la Maison de l’emploi qui se trouve à Bayonne. Elle est née de la volonté des élus et participe à rendre des services en direction des saisonniers, mais aussi des acteurs économiques employeurs, qui, dans la spécificité du Pays Basque, sont représentés essentiellement par le monde de l’activité économique « hôtellerie, cafés et restaurants ». Sans vous assommer de chiffres, le nombre d’emplois saisonniers proposés chaque année, sur une base des statistiques 2009, représente au Pays Basque, 4 000 emplois saisonniers. Sur ces 4 000 emplois saisonniers, la partie revient essentiellement au monde HCR (hôtellerie, cafés, restaurants), cela représente à peu près 45 %. Le reste est assez composite, cela représente 32 % pour les activités des collectivités, des services et l’animation et 18 % pour les activités industrielles et agricoles, parce que là aussi, ces activités pourvoient nombre d’emplois à caractère saisonnier à des périodes, bien sûr, différentes de ce que propose, en règle générale le monde HCR. Par exemple, pour le monde HCR, l’activité saisonnière commence aux alentours de mi-printemps, à peu près, vers le 15 avril, pour se terminer vers mi-octobre, avec une pointe d’activité en juillet et août. Deux modes de vie nous intéressent : le mode de vie des saisonniers, mais aussi le mode de vie de l’entreprise. Au titre de ces deux modes vie, nous proposons trois types de service, un premier type de service est une bourse à l’emploi en direction des saisonniers, mais aussi des entreprises, une bourse au logement et une action que nous appelons médiation sociale. La bourse de l’emploi consiste à recueillir l’ensemble des profils des personnes en recherche d’emploi à caractère saisonnier, avec 70 % du public issu du milieu estudiantin et lycéen. C’est donc très important. 20 % correspondent à des demandeurs d’emploi, en recherche de situation stable sous forme de CDI, mais qui, en l’occurrence et dans ces circonstances, souhaiteraient avoir un emploi CDD sous forme de contrat saisonnier. 10 % correspondent à des salariés que nous pouvons qualifier de « saisonniers de métier » qui alternent des temps de vie professionnelle dans des bassins touristiques différents. Ici, c’est l’été ; l’hiver, c’est dans le secteur de la montagne et en intersaison, ils exécutent parfois des travaux dans le milieu agricole. Au niveau de la bourse de l’emploi, qui est une action proposée par la Maison des saisonniers, c’est le recueil des profils, mais aussi des demandes du secteur employeur et le rapprochement, la mise en relation, l’adéquation entre les profils et ces offres données par les employeurs. Je passe les détails sur la façon de mettre en place ce recueil de données.

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# 66 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Concernant la bourse au logement, qui est une cause d’échec dans le mode de vie du salarié en question – parce qu’être saisonnier, c’est le carrefour de problématiques, l’emploi, le logement, la santé, la formation et bien d’autres choses – il n’en demeure pas moins que le logement est un aspect crucial dans l’occupation de l’emploi à caractère saisonnier dans notre région, sachant qu’au demeurant, cette problématique s’adresse aux saisonniers dits de métiers ou aux saisonniers qui se déplacent d’une manière de proximité, mais qui nécessite d’avoir un logement. Je prends un exemple, le rayon d’action de la Maison des saisonniers s’étend sur une quarantaine de kilomètres. Il est possible que nous trouvions à des personnes qui résident à Bayonne, des emplois, dans le secteur sud, c'est-à-dire à Hendaye. Il existe une réelle difficulté pour assurer ces aller-retour, pour des questions de transport, pour des questions d’horaires qui ne sont pas forcément en adéquation avec les moyens publics, il y a nécessité, parfois qu’ils occupent un logement temporaire et de proximité par rapport à l’emploi. Donc, la question de l’emploi s’adresse aussi aux autochtones. Cette question du logement est donc cruciale et nous essayons de mobiliser, à la fois tous les partenaires qui pourraient être apporteurs de solutions en l’espèce, donc les élus, les organismes qui s’occupent du logement, l’office des HLM, le CIL, mais l’enjeu est aussi fortement apprécié par le monde employeur. La question de la médiation sociale est un aspect original portée par la Maison des saisonniers du Pays Basque et sous d’autres formes, dans d’autres Maisons des saisonniers, au niveau national. Cela consiste éventuellement à apporter des précisions juridiques aux salariés ou aux employeurs, à rapprocher les parties, dans une sorte d’arbitrage et d’appliquer tous les conseils. Elle vise aussi la résolution d’éventuels conflits ou d’éventuelles circonstances préjudicielles qui pourraient avoir lieu pendant l’exécution du contrat de travail ou à l’issu du contrat de travail. Ce sont globalement les missions importantes de la Maison des saisonniers.

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# 67 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

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# 68 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Emploi : management de la saisonnalité Par Jean SAGARDOY – Biarritz Thalassso Resort Directeur Général d’Exploitation Biarritz Thalasso Resort 153 Boulevard des Plages 64600 Anglet Tel :05 59 52 75 75 E-mail : [email protected] Je me présente : Jean Sagardoy, je suis le directeur de Biarritz Thalasso Resort, qui comprend, ici même, sur la côte basque, trois hôtels, deux centres de thalassothérapie, cinq restaurants et deux espaces de remise en forme fitness pour un total d’environ 250 salariés. Effectivement, nous sommes concernés par une multitude d’emplois très différents les uns des autres et bien sûr les emplois de l’hôtellerie et du tourisme en général.

Quels problèmes pouvons-nous rencontrer en termes d’emploi ? Tout d’abord, il faut savoir que notre outil de travail, avant d’être le bâtiment, ce sont nos équipes, les salariés. Nous sommes dans la prestation de service donc, forcément l’état d’esprit de nos salariés et leur travail au quotidien vont faire que le séjour d’un client sera réussi ou ne le sera pas. C’est une ressource qui est chère, dans tous les sens du terme, qu’il faut, effectivement, pouvoir ménager, conforter et étoffer, lorsque c’est nécessaire.

Nous rencontrons souvent des problèmes assez importants, en l’occurrence, en ce qui concerne les métiers de l’hôtellerie et de la restauration proprement dits. Vous connaissez tous les soucis qui ont été médiatisés ces derniers mois et ces dernières années concernant l’hôtellerie, au sujet de la baisse de la TVA, d’embauches, suite aux réductions du temps de travail, etc.

Nous pâtissons aujourd’hui d’une réputation catastrophique, sur ces emplois qui sont très peu prisés par les salariés. Nous avons une inadéquation assez importante aujourd’hui entre les attentes des salariés en termes de confort de vie ou de confort de travail, et les attentes des touristes qui, eux, veulent davantage de services et encore plus de liberté et d’individualisation de leurs séjours. Nous sommes au cœur d’un véritable paradoxe, et c’est à nous, responsables d’entreprises, qu’il revient de trouver des solutions pour avoir, à la fois des salariés bien dans leur peau et des clients qui trouvent un produit le plus en adéquation avec leurs attentes et qui leur donne l’impression d’avoir une totale liberté sur leur séjour, parce que ce sont les attentes actuelles.

Effectivement, ces attentes, Monsieur Viard en a parfaitement parlé ce matin. J’ai découvert ses propos pour la première fois, mais sûrement pas pour la dernière, car ils étaient très intéressants concernant l’évolution de la société. Nous faisons un métier fantastique dans le tourisme, puisqu’en fin de compte, nous offrons du bon temps, du loisir. Or, quand vous faites des cadeaux à Noël, nous voyons souvent que si le cadeau a été apprécié en face, vous en retirez autant de satisfaction que la personne à qui vous avez offert ce cadeau. Pour nous, c’est exactement la même chose. Lorsque nous avons un client qui est satisfait, notre satisfaction est là.

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# 69 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Mais pour arriver à ce résultat, il faut, effectivement, que nous mettions des moyens importants en face et notamment des moyens humains. Ces moyens humains, il va falloir que nous les trouvions. Pour les trouver, il n’y a pas beaucoup de solutions. Nous utilisons les structures existantes aujourd’hui qui sont à la fois nombreuses et un petit peu floues pour nous. Nous avons dû recruter une directrice des ressources humaines pour faire le lien entre l’entreprise, les responsables d’exploitation de chaque service ou de chaque unité, et les services publics, les Pôles Emploi, la Maison de l’emploi, la Maison des saisonniers, etc., pour exposer nos besoins, nos attentes et essayer d’avoir des offres, parce que nous parlons toujours de pénurie d’emploi, mais pour nous, c’est assez paradoxal parce que nous sommes en pénurie de salariés permanente.

Cette pénurie est créée, non par un manque de qualification, mais surtout par un manque d’état d’esprit, d’envie de travailler. Le métier que nous faisons a un seul petit inconvénient, c’est que nous travaillons pendant que les gens vont prendre du bon temps, vont faire des loisirs, vont prendre leurs vacances, vont prendre des week-ends, vont prendre des ponts. Et, à ces moments-là, nous, nous devons travailler. C’est ainsi, mais, c’est un choix de vie et nous devons faire comprendre à nos équipes que nous pouvons retirer une certaine satisfaction de cette façon de vivre, mais qu’il faut faire certaines concessions au niveau du quotidien.

Or, aujourd’hui ce message est très difficile à faire passer. Il faut savoir que l’époque où, dans nos métiers, les gens commençaient à 8 heures le matin, finissaient à 2 heures du matin et travaillaient 6 jours sur 7 est terminée depuis très longtemps, et c’est très bien. Les gens travaillent 35 heures par semaine, normalement, pas plus. Donc l’aménagement du temps de travail leur permet souvent de travailler sur 4 jours et d’avoir 3 jours de repos dans la semaine. C’est une manière d’aménager leur temps de travail et généralement, quand ils sont là, cela leur convient.

Mais le plus dur, c’est d’intégrer de nouveaux salariés à ce mode de fonctionnement et nous arrivons à un stade qui est tel qu’aujourd’hui, nous ne cherchons plus une qualification, mais une motivation et un état d’esprit dans les recrutements.

Nous avons complètement changé notre mode de recrutement, parce que ce n’est pas possible autrement. La technicité, ce n’est qu’une partie de la chose, mais c’est avant tout l’envie d’aller vers le client et ce souci d’apporter un service au client qui sont importants, parce que c’est cela notre métier. Si nous avons cette envie, la technicité et la formation, viennent après. Les services de formation, la formation en interne sont relativement bien structurés aujourd’hui et nous permettent d’apporter les qualifications nécessaires pour que les gens aient ce savoir-faire. Par contre, cette envie de le faire, nous ne pourrons jamais l’apporter. Elle vient de lorsque l’on est enfants, puis de l’école, ensuite, de l’université, de la rue, des associations, etc., tout passe par là.

Donc, notre souci aujourd’hui est de faire passer le message : ayez envie de faire ce travail-là et essayez de voir au-delà des contraintes de ce travail ce qu’il peut vous apporter. Il faut prendre du plaisir à ce que nous faisons au quotidien, même si, effectivement, nous ne travaillerons pas plus de sept heures par jour, il faut ce soit sept heures de plaisir. Nous sommes face à certaines personnes qui attendent certaines choses de votre part.

Nous avons un autre souci : nous sommes obligés de chercher des candidats près de chez nous, parce que nous sommes victimes de ces connotations d’emploi dont nous parlions tout à l’heure qui sont un véritable handicap, aujourd’hui à la mutation des salariés de ce secteur d’activité, venant d’autres régions. En effet, ici, nous avons des salaires qui sont les salaires moyens que l’on a en France dans les métiers de l’hôtellerie, mais par rapport, à la rareté de l’offre d’hébergement, et à son coût, ici, sur la région, il est quasiment impossible, pour une personne étant seule à travailler, de pouvoir se loger. Elle ne s’en sortirait pas. Donc, nous avons cherché des structures, des moyens, avec la Maison des saisonniers, avec des hébergements que nous avons essayé de trouver de manière saisonnière, mais nous parlons toujours de saison et la saison, en réalité, c’est un vrai et c’est un faux problème à la fois.

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# 70 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Nous avons une activité relativement linéaire sur l’année, avec un pic en août, comme tout le monde, où nous dépassons les 90 % de taux d’occupation, mais sinon, nous arrivons à tourner de 60 à 75% sur l’année. Cela nous permet donc de stabiliser nos équipes. D’ailleurs, parmi les employés que nous avons, nous n’avons presque que des employés en CDI ; ces gens-là sont bien, ils ne nous quittent pas. Nous avons assez peu de turnover, mais néanmoins, quand nous sommes amenés à remplacer du monde, nous avons une population jeune donc nous avons besoin de remplacement, que ce soit temporaire pour des maternités, parce que nous en a beaucoup (preuve que les gens se sentent bien dans l’entreprise !) ou que ce soit pour des départs, des suivis de conjoints, etc., nous avons énormément de difficultés à trouver de nouveaux salariés. Nous travaillons donc beaucoup en amont, avec les centres de formation, sur l’apprentissage, nous cherchons également des travailleurs handicapés. Là aussi, je voudrais dire que, pour moi, employeur, c’est une aberration, nous n’arrivons pas à trouver des travailleurs handicapés. Ce n’est pas que nous ne voulons pas en embaucher, c’est que nous n’arrivons pas à en trouver. Nous sommes prêts à aménager les postes en conséquence et nous ne trouvons aucun candidat. Donc, quelque part, il y a un paradoxe. On nous oblige à embaucher des personnes sous peine d’avoir des pénalités, et outre cela, cela correspond à un état d’esprit : c’est bien au sein d’une entreprise, on a des jeunes, des moins jeunes, des personnes valides, moins valides, ce mélange est important. Nous nous adressons à une population globale donc, il est important, nous-mêmes, dans nos équipes, d’avoir cette mixité, mais nous n’y arrivons pas. Sur ce point, il est vrai que nous avons besoin d’aide. Tous seuls, nous n’y arriverons pas. En ce sens, le regroupement au sein d’un cluster est intéressant.

Nous nous sommes aussi regroupés avec l’ensemble des centres de thalassothérapie de la côte basque, donc cinq centres de thalassothérapie concurrents et à la fois complices et ensemble, dans cette association, pour essayer justement, de capter une nouvelle clientèle, de sortir du cliché : « la thalassothérapie, c’est pour les vieux avec des peignoirs, des gens qui veulent maigrir ». Aujourd’hui, c’est différent et depuis longtemps. Le bien-être en général est à la mode, sans parler de la thalassothérapie qui aujourd’hui s’adresse aux plus jeunes. Je crois que là, nous avons un réel décalage entre certaines études qui peuvent être faites et la réalité économique qui nous fait dire le contraire, parce que c’est ce qui nous fait vivre.

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# 71 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Débat avec la salle

Intervention de M. Jean-Claude Guicheney : Nous allons à présent organiser un temps d’échange. Beaucoup de questions ont été abordées. Ainsi, par rapport à ce que disait Monsieur Pavie ce matin, le fait de rentrer dans une démarche d’écoresponsabilité, de tourisme durable est-il un élément qui permettrait de favoriser la motivation de salariés en place ou potentiellement intéressés par les professions du tourisme ? Je laisse la question en suspens. Nous évoquions aussi les systèmes d’organisation territoriale qui ont été abordés, à travers les questions que posait Vincent Vles tout à l’heure. Un certain nombre de représentants d’offices de tourisme, y compris la Mission des offices de tourisme des pays d’Aquitaine qui sont présents dans la salle, auront peut-être aussi leur regard. Quand Monsieur Douchement disait que l’office du tourisme ne jouait pas suffisamment son rôle de conseil auprès des élus, cela peut faire réagir, de même que sur les aspects tourisme durable. Plusieurs interventions ont porté sur l’enjeu de l’animation du territoire. Dans cette salle, nous avons des représentants du secteur des activités sportives, du cross, nous sommes dans une région où les activités de pleine nature sont nombreuses. C’est aussi peut-être un des atouts potentiels. Comment tout cela, par rapport à l’évolution des marchés qu’évoquait Brigitte Bloch ce matin, peut être mis en musique et faire image auprès des clients ou touristes ? Je laisse la place aux échanges, aux questions et éventuellement aux réactions. Intervention de Mme Christine Lair, déléguée de l’Anel : Je rebondis sur vos propos, je voulais demander si, au niveau du GIP, il y avait une réflexion sur l’offre culturelle, qui pourrait motiver les jeunes à venir travailler en fonction de ce qu’on leur offre comme activité le soir. Cela me semble important pour dynamiser un territoire. Réponse de M. Jean Sagardoy : Je suis né ici, donc je connais un petit peu le coin et la région. J’ai eu quelques années de moins, donc j’ai profité de tout ce qui peut exister en terme d’offre nocturne et très sincèrement, je crois que nous n’avons pas besoin d’en rajouter. Nous avons tout ce qu’il faut, selon moi, pour attirer une population, quelle qu’elle soit. Nous avons une qualité de vie extraordinaire et pour avoir vécu ailleurs, elle est réellement un atout… Intervention de Mme Christine Lair, déléguée de l’Anel : Par rapport à ce qu’il se passe sur les autres façades littorales, vous n’avez pas parlé des éventuels conflits d’usage avec les métiers dits des activités traditionnelles : pêche, conchyliculture. Y a-t-il beaucoup d’échanges et de possibilités sur les projets de développement touristique ?

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# 72 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Réponse de Mme Corinne Cerveaux, CCI de Bayonne : Au niveau du Pays Basque, la politique des chambres consulaires et notamment de celle de Bayonne a été de clustériser les activités économiques. Ainsi, nous avons créé un cluster de la glisse, pour approcher toute l’industrie de la glisse, les fabricants, etc. Nous avons créé un cluster agroalimentaire, un cluster tourisme et un cluster BTP. Maintenant, nous réfléchissons à des actions interclusters, notamment sur l’emploi, la valorisation, la marque territoriale, entre groupements d’entreprises. Mais, cette expérience est très locale. Réponse de Mme Sylviane ALAUX, Conseillère régionale d’Aquitaine : Quand vous évoquez le monde de la pêche et des ostréiculteurs, entre autres, ce sont des personnes qui se sont saisies de la problématique de l’approche du tourisme, dans le cadre d’un appel à projets auquel ils ont répondu, l’axe IV du FEP. Dans le cadre de la recherche d’une diversification de leurs activités, ils ont étudié des possibilités qui se mettent en place petit à petit. Nous en sommes encore au stade des expériences, notamment concernant le Pesca Tourisme. Il s’agit de faire connaître aux touristes ce qu’est le monde de la pêche, comment on pêche, quelle est la vie sur un bateau. Intervention de M. Jean-Claude Guicheney : Votre réponse renvoie aussi aux propos de Vincent Vles, à savoir la notion d’ancrage des activités touristiques sur le territoire, qui n’est pas simplement qu’un ancrage physique, mais qui va bien au-delà.

Intervention de M. Michel Veunac, adjoint au maire de Biarritz, conseiller régional : Mon observation est d’un caractère plus général. Aujourd’hui, nous travaillons sur le littoral aquitain et son développement durable. C’est un très beau sujet et au terme de cette journée, nous pouvons nous féliciter d’être d’accord et tous conscients de l’importance de renforcer le caractère durable du modèle touristique aquitain. C’est la bonne nouvelle de la journée. Nous voyons les efforts réalisés pour accentuer ce caractère du modèle touristique aquitain et le Plan de développement durable du littoral aquitain ouvre la voie sur ce sujet. Mais, au-delà, la compétitivité nécessaire du tourisme aquitain, dans un monde de plus en plus concurrentiel de ce point de vue-là - la France perd des parts de marché en Europe – ne peut pas se limiter à cette dimension de durabilité, même si elle est un incontestable facteur de compétitivité. Il faut aller plus loin et je crois que le tourisme doit représenter, pour notre région, qui a de formidables atouts, un grand projet économique et social pour l’Aquitaine. Jean Viard le disait ce matin, le tourisme représente dans les économies modernes, un formidable et puissant moteur de développement pour les territoires. Alors, je crois que de ce point de vue, nous manquons d’une vision stratégique à l’échelle de notre territoire régional, pour une économie touristique qui soit compétitive, durable, solidaire.

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# 73 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Je me félicite d’avoir entendu Renaud Lagrave dire qu’une étude était en cours et que nous allions déboucher sur des visions et des orientations stratégiques. Bravo, parce qu’il y a beaucoup d’autres enjeux à régler : quels produits nouveaux et structurants faire émerger dans le tourisme ? Comment renforcer l’accessibilité des destinations ? Nous ne sommes pas très gâtés de ce point de vue-là, en Aquitaine. Comment se battre efficacement sur le front du tourisme d’affaires ? C’est un secteur très important pour l’économie touristique, le tourisme d’affaires. Récemment, Christian Mantéi, le directeur d’Atout France, nous disait qu’il y a encore dix ans, il y avait 100 destinations qui comptaient dans le tourisme d’affaires. Dix ans plus tard, il y en a 1 000 ou pas loin. C’est dire, vraiment, le champ concurrentiel dans ce secteur d’activité. Et puis, comment industrialiser toujours mieux la filière touristique ? Comment passer d’un tourisme qui est une activité résidentielle et de service, à un tourisme qui rentre vraiment dans le champ de l’activité productive ? Parce qu’il est bien de faire venir des touristes et cela est nécessaire, mais il est bien aussi quand des entreprises qui travaillent pour le secteur touristique viennent et décident de travailler sur leur marché : quand Tribord s’installe, quand Quiksilver s’installe et quand des entreprises viennent s’installer sur notre région, c’est un facteur de développement et d’emplois. Beaucoup de choses sont à faire dans le secteur du tourisme. Je voulais simplement ajouter ces différents points. Le lancement d’une étude approfondie s’orientant vers des axes stratégiques, comme le rappelait tout à l’heure le vice-président de la région, est une bonne nouvelle, mais surtout, ne perdons pas de temps. Intervention de Mme Maryline Pierrefite, Université Bordeaux IV : Suite à la dernière intervention sur la saisonnalité, il faut constater un manque en termes d’emplois. Vous avez présenté comme argument, la difficulté à avoir envie de rendre un service, le problème des temps de travail différents. Mais, il reste une variable ou un élément que vous n’avez jamais évoqué : les salaires. Lorsque l’on veut travailler dans le tourisme en Pays Basque, sur le bassin d’Arcachon, en Méditerranée, dans les Alpes ou autres, quel est le salaire? Prend-il en compte ces temps de travail différents ? Peut-on se loger à proximité de son lieu de travail avec son salaire ? Cela pour les hôtels ou tout autre type de services. Réponse de M. Jean Sagardoy, Biarritz Thalasso Resort : Au niveau des salaires, de grands travaux ont été mis en place par le Syndicat national de l’hôtellerie, avec une réévaluation. Il n’y a plus de Smic hôtelier, plus d’équivalence de temps de travail. Les individus travaillent désormais sur un pied d’égalité. Chaque heure réalisée est rémunérée comme il se doit. De plus, dans la majorité des grandes entreprises locales, aujourd'hui, au-delà des salaires fixes, similaires aux salaires moyens du reste de la France, un certain nombre de variables viennent se greffer. C’est le cas dans les structures que je dirige, mais également dans celles de mes confrères autres centres de Thalasso. Ces salaires ne sont en général pas énormes, mais relativement confortables, avec surtout des possibilités d’évolution à l'intérieur même des structures, assez rapides et importantes. Aujourd’hui, peu de secteurs d’activité permettent de telles évolutions, même avec des formations de base très minimes. Maintenant, le salaire proposé est-il suffisant pour pouvoir se loger ? J’ai répondu à cette question tout à l’heure. Les degrés de loyers actuels, ici, ne peuvent pas être en adéquation. Mais, le problème est le même sur Paris. Ce n’est donc pas un problème spécifique à la région ou à nos métiers. C’est un problème d’offre et de demande.

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# 74 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Intervention de M. Jean-Pierre Fourny, Maison des saisonniers du Pays Basque : En complément de ce que peut faire la Maison des saisonniers par rapport à l’emploi et aux conditions de travail, on ne peut pas forcément établir une typologie des conditions de travail dans le secteur HCR, puisque nous avons tout type de structures. Cela va donc du respect d’une convention collective mise à jour de manière permanente – un dernier accord a porté sur les salaires en avril 2010 – mais nous pouvons repérer des situations assez anormales, notamment sur les conditions de travail. Parfois, c’est aussi par méconnaissance de la législation. La Maison des saisonniers est en appui du conseil auprès de ces structures. Nous ne sommes pas avares en la matière. Quand les employeurs ont des doutes sur l’application des conditions légales, ils peuvent venir nous consulter. Intervention de M. Olivier Lépine, Biarritz Tourisme : Je vais être un peu hors sujet, mais certains termes me gênent depuis ce matin. La première chose à faire pour combattre la saisonnalité consiste à ouvrir ! Tant qu’on est fermé, on n’aura pas de client. Ainsi, pour illustrer ce petit propos sur le changement et l’évolution de la clientèle, je voudrais vous donner un exemple. Fin janvier 2009, nous avons ouvert un nouveau bâtiment sur l’agglomération, qui est un parc d’exposition dans lequel nous avons la prétention d’organiser des salons. Nous en ferons douze cette année, ce qui est pas mal, pour une première année d’exploitation. Sur les quatre mois précédents l’été – février à mai – le camping qui est à côté a fait 636 nuitées, soit 32 000 euros de chiffre d’affaires dans une période pendant laquelle il était fermé depuis qu’il existe. Simplement parce que cette personne a su nous dire : « Si vous avez du monde, j’ouvre ». On lui a répondu : « Ouvrez, nous vous envoyons du monde ». Et la première année, il frôle les 1 000 nuitées… Pourtant, dans le milieu du tourisme d’affaires et de l’exposition, on ne s’attend pas à envoyer du monde dans les campings ! Intervention de M. Jean-Jacques Ernandorena, Président de l’Union des Métiers de L’industrie hôtelière de la région aquitaine : J’adhère totalement aux propos de Monsieur Sagardoy sur la motivation du personnel et l’envie de faire plaisir. Le 23 novembre, l’UMIHRA organise sa journée, que nous avons baptisée « Qualité et durabilité, quel lien ? ». Elle se déroulera à Biarritz, à l’espace Bellevue, en ouverture du Congrès national de l’UMIH. Pour revenir sur les propos de ce matin, nous avons parlé des établissements écolabellisés tourisme européen. 22 professionnels sont labellisés en Aquitaine, ils passeront à une trentaine d’ici 2011. Ces professionnels intégrés dans la démarche sont allés au-delà de la labellisation. En effet, ils ont monté un club animé par l’UMIHRA dont les objectifs sont de se rencontrer, se retrouver, communiquer entre eux, échanger de bonnes pratiques, réaliser des groupements d’achat. Ainsi, les professionnels aquitains de l’hôtellerie et des campings sont tout à fait mobilisés dans le thème de la réunion de ce jour. Dans les prochaines semaines, nous continuerons à développer cette démarche.

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# 75 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Intervention de M. Gérardo DEUSTUA : Sur le pays Landes Nature et Côte d’Argent, je suis animateur de la structure équivalente à une maison de saisonniers, qui est la plateforme de services emplois saisonniers. En termes de réaction par rapport à ce que j’ai entendu et en prolongement des propos de mes confrères, il ne faut pas faire d’angélisme. Nos territoires sont traversés par la saisonnalité et la saisonnalité induit de la précarité, c’est ainsi. Cela induit de la difficulté à travailler, de la difficulté sociale pour les travailleurs saisonniers. À un moment donné, on a dit qu’il fallait du courage pour faire bouger les lignes, faire changer les mentalités, en faisait référence à l’écoresponsabilité. Tous ici, sommes sensibles au fait qu’il faudra avoir du courage pour faire bouger les lignes sur une écoresponsabilité sociale par rapport à ce traitement du fait saisonnier, qui va au-delà du simple fait de se loger, travailler, gagner bien ou pas assez bien sa vie. Ce sont 4 000 personnes sur mon territoire, 4 000 un peu plus au sud, 4 000 sur la côte du Pays Basque. Cela représente donc un énorme potentiel de personnes, dont à peu près la moitié ne sont pas habitants du territoire. Nous avons donc également un impact à gérer quant à ces personnes qui viennent travailler sur nos territoires et qui en retirent une image en fonction de cet accueil professionnel. Il est bien d’avoir la vision d’un objectif et d’une volonté de tirer les choses vers le haut. C’est une responsabilité partagée par tous. J’en veux pour preuve les actions sur le bassin d’Arcachon, sur mon territoire, sur le Pays Basque, qui font appel aux partenaires sociaux. La mobilisation de ces derniers autour des questions de la médiation sociale du travail pendant la saison, du regard sur l’organisation du travail pendant la saison, me semble être un marqueur important d’une prise de conscience du territoire.

FIN DE LA TABLE RONDE N°2

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# 76 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Synthèses et conclusions

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# 77 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Synthèse

Par Monsieur Jean Viard {Grand témoin de la journée}

Essayer de tirer quelques idées des propos entendus aujourd’hui est un jeu qui n’est jamais très simple. Nous avons entendu beaucoup de choses sur le tourisme, un peu moins sur la destination, le rapport entre tourisme/nouvelles populations/économie de la retraite/nouvelles entreprises. Dans le tourisme, on est des marchands d’imaginaire et donc, ce que l’on vend, c’est à la fois un récit, une mise en scène, la liberté de faire ou non les choses. Si vous dites aux individus qu’à côté de votre destination, il y a un golf, par exemple, ils seront très contents. Pourtant, ils n’y vont pas. Mais, quand on leur demande pourquoi ils étaient contents qu’il y ait un golf, ils répondent : « J’aurais pu jouer au golf ». En réalité, on vend la liberté de ne pas faire. La liberté, c’est la possibilité de faire ou de ne pas faire. Il en va de même avec le patrimoine. Les gens sont très contents quand il y a un vieux château, mais ils ne le visitent pas : mais, ils auraient pu le visiter ! Alors, ne regardons pas que ce que nous faisons. Comprenons bien que nous travaillons sur de l’imaginaire, y compris dans la notion de tourisme durable. Nous l’avons bien senti. Prenez pour exemple ce qui a été fait aux Baléares : comment ce territoire a réussi à se donner une image de tourisme durable en faisant sauter trois vieux immeubles ? En réalité, ils n’ont pas transformé les Baléares, qui reste une des zones les plus bétonnées d’Europe, mais son image, ce qui était au fond l’objectif essentiel. Après, ils ont planté des arbres, repeint en vert, etc. Aussi, il ne faut pas oublier comment on construit une nouvelle image. Vous avez déjà une image de nature extrêmement forte, ce n’est donc pas votre outil principal. Mais, dans un certain nombre de stations un peu archaïques, il est vrai que savoir faire sauter un bâtiment symbolique est souvent extrêmement utile pour dire : « Nous, nous avons tout changé » ! Ce sont des questions qu’il faut se poser. Ce qui m’a surpris, c’est que vous restez dans un tourisme de voisinage. Le nom « Côte d’Azur » a été inventé par Stéphane Liégeard, un Parisien, à la fin du XIX° siècle. Quelqu’un, à un moment, a donné un nom à un territoire et tout le monde s’est vite retrouvé dans le nom. Le fait que vous n’ayez pas de nom pose un vrai problème. Sur le marché européen, finalement, je pensais que vous étiez meilleurs. Vous avez des parts de marché à gagner, mais peut-être à condition d’être une destination, de la construire. Le tourisme cherche l’unicité. Vous pouvez lire le livre de Max Tirner, un grand penseur du XIX° siècle, sur l’unicité et sa propriété, c’est un peu long, mais, c’est une question essentielle : comment construire de l’unicité alors que les gens cherchent une similitude de prestations ? Si la personne est à Bordeaux, la première unicité de manière touristique est le voisinage. En général, on va vers le sud, le plus près possible de ce que l’on a déjà. Le problème est de construire d’autres bassins de clientèle et de se donner des cibles.

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# 78 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Regardez le travail mené par la Bretagne avec les pays du Golfe. Ils ont compris que la préoccupation des personnes du Golfe est d’avoir chaud l’été. Aller dans un pays où il fait plus froid est intéressant pour eux. Cela, les Irlandais et les Bruxellois l’ont compris depuis longtemps. Si vous pensez Bruxelles, vous ne pensez pas à la pluie ; si je vous dis Lille, oui. Regardez l’Irlande : il pleut bien plus en Irlande qu’en Bretagne, mais quand vous partez en vacances en Irlande, on ne vous parle pas de la pluie. C’est bien pour dire qu’une destination est une construction imaginaire et que sur ces choses, il y a vraiment un gros travail à faire : réfléchissez sur l’unicité. Il y a des choses dont on n’a pas parlé : la mer, les nouvelles pratiques de mer, l’artialisation. De quoi s’agit-il ? C’est le rôle de l’art dans le fait qu’une destination devient attractive. Parce que, si l’on va à un endroit, c’est parce qu’à un moment donné, quelqu’un de légitime à dit que cela en valait la peine. À une époque, cela a été le rôle de la peinture de paysage, du cinéma, etc. La création est donc essentielle. L’artialisation est vivante. Il y a de nouveaux produits. On ne parle que du patrimoine, des pins, de la culture locale, mais où se trouvent les créateurs dans ce processus ? Où sont les nouvelles formes musicales ? Picturales ? Les références cinématographiques ? J’aime bien le côté local, béret, etc., je suis assez proche de cela, j’habite à la campagne, mais je suis quand même un peu inquiet de cette surreprésentation de l’homme traditionnel ! On a besoin de construire des récits des mutations que l’on vit, et notamment, le fait qu’on a massivement démocratisé la circulation des hommes entre les villes et les campagnes. Vous n’avez jamais parlé des animaux. Le rapport à l’animal est un enjeu majeur de cette société. Je vous rappelle que les français ont plus d’animaux que d’enfants ! C’est un enjeu absolument majeur pour attirer les enfants. Et pour vous, la nature, ce sont seulement les arbres. Quelle est votre politique en matière animalière ? On a parlé parfois de tourisme de niche. Il n’y a pas de tourisme de masse. Le tourisme des homosexuels est une chose ; le tourisme des femmes seules en est une autre, etc., ce sont des groupes différents. On dit toujours qu’il y a 180 millions de départs de Français en France. Nous allons tous quelque part parce que nous avons une raison d’y aller. Dans des territoires comme cela, je dis souvent : « Ayez une stratégie cimetière ». Le meilleur moyen de fixer des populations, c’est d’y enterrer les parents. C’est ce qui fait que l’on revient… Je fais du tourisme. Je dis : « Regardez qui aura la tombe de Brigitte Bardot ». Je lui garantis 50 ans de tourisme ! Regardez la question du tourisme quatre générations. Nous sommes dans une société où les grands-parents ont l’argent et il leur manque les petits enfants. Pourquoi les Center Parcs marchent-ils aussi bien ? Parce qu’ils ont compris, dès le début, que ce qu’il faut concevoir, ce sont des tourismes deux ou trois générations. Comment les grands-parents peuvent avoir leurs petits enfants pendant les vacances ? Comment concevoir cela, comment l’intégrer, comment construire un discours ? Vous avez parlé de territoires qui travaillent sur les enfants. Il est évident que les enfants sont le cœur des vacances. Alors, réfléchissez sur cette question de la société quatre générations. On est en train d’entrer dedans. Nous avons des problèmes d’équilibre des retraites, on n’en voit toujours l’aspect négatif, mais j’y verrais aussi l’aspect positif. Un des grands désirs des grands-parents, c’est de partir en vacances avec les deux générations suivantes et pas simplement d’être les gardiens des enfants quand les parents n’en veulent pas. Le tourisme, c’est aussi un rapport entre l’Agora et le paysage ; entre la culture locale, avec ce qu’elle a d’intime, de connaissance du territoire, et le regard que l’on porte sur un espace en le regardant de l’extérieur. Parce que le propre du tourisme, c’est de regarder un lieu de l’extérieur. Ce ne sont pas les locaux qui construisent une destination. Il faut donc regarder dans l’œil de l’autre. Mettez dans vos offices du tourisme, des Allemands, des Anglais, des Chinois, des Algériens, des personnes qui viennent de très loin. Ne croyez pas que l’authenticité soit de dire : « Je suis d’ici ».

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# 79 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Les gîtes ruraux qui fonctionnent le mieux sont souvent tenus par des étrangers, parce qu’ils ont choisi le territoire et donc, ils vont le vendre avec l’œil de celui qui le découvre. L’authenticité est une mise en scène de la réalité. Il faut donc renforcer l’identité des territoires. Dans le monde moderne, nous serons des individus mobiles, mais les lieux doivent avoir des identités très définies. Et l’identité d’un lieu, c’est un récit : quelqu’un qui peut raconter qui a planté les pins dans les Landes, pourquoi, qui puisse parler des incendies, qui transmette la culture locale etc. Nous sommes à la fin d’un cycle. Le défrichement touristique de la France a été réalisé au XIX° siècle, standardisé au XX°. Nous sommes une grande destination touristique. Le cœur du tourisme, ce sont les mille kilomètres en dessous de l’axe Milan/Londres. La France est à 100 % dans le territoire du tourisme et cela va durer longtemps, parce que la richesse européenne n’est pas prête à se déplacer. Quant au tourisme mondial, le littoral aquitain est encore très peu dessus. Les destinations mondiales de la France sont Paris, la Côte d’Azur et la Savoie. Vos meilleurs produits, ce sont le Pays Basque et Bordeaux. Sur Bordeaux, beaucoup de travail a été entrepris avec notamment l’arrivée du TGV, mais Bordeaux est un peu enfermée dans l’image du vin. Cela constitue un atout parce que le nom est connu dans le monde entier, mais ce n’est pas forcément pour autant qu’on l’associe à un lieu de visite. Aussi, ne vous trompez pas. Qui aux États-Unis vous connaît ? En Chine ? Au Japon ? Posez-vous ces questions, faites-les étudier. Si vous voulez de nouvelles cibles, vous devez vous mettre tous d’accord pour les choisir. Ce n’est pas la peine d’aller partout. Vous avez certainement un énorme travail à faire sur l’Espagne. Vous l’avez dit, cela progresse, parce que les Espagnols sont entrés dans un tourisme du nord vers le sud. C’est un processus nouveau, il faut être dessus. Voilà ce que j’ai retenu de cette journée. La question qui nous est posée est : comment faire du tourisme dans une société qui est fondamentalement post-touristique ? Le tourisme a été un élément parallèle des sociétés industrielles. Aujourd’hui, il est rentré au cœur des sociétés comme un des moteurs de développement. Et donc, le tourisme, au fond, est bousculé, par les nouveaux usages du territoire, les nouvelles populations. On développe l’activité dans des régions touristiques. Pensez à l’unité de votre projet, essayez de vous trouver un nom, travaillez sur le fait que d’abord, on est lieu d’imaginaire. Comment allier le réel de ce que l’on fait, les stratégies de construction, avec une vision globale de l’enjeu et de vos espaces de conquête de clientèle, dans quel segment ? Quels sont les intérêts des entreprises d’aller plutôt sur l’Asie, plutôt sur d’autres créneaux ? Pensez aussi ce type d’enjeu pour faire une stratégie collective, pour essayer de gagner des parts de marché, qui vont servir aussi aux marchands de vin, aux entreprises, etc., pour que des synergies se créent. Pour conclure, je pense qu’il faut aussi se poser ces questions stratégiques, que c’est un des enjeux du tourisme.

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# 80 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Conclusion

Discours de Monsieur Renaud LAGRAVE {Président du GIP Littoral Aquitain et Vice-Président Région Aquitaine}

D’abord, merci à celles et ceux qui sont encore là. Je voudrais en premier lieu vous informer que des actes de cette conférence seront mis à disposition d’ici un mois. Finalement, cette conférence nous conforte à la fois au niveau du GIP, mais aussi personnellement en tant que vice-président de la Région chargé du Tourisme, dans l’idée de lancer cette étude. Tout au long de la journée, beaucoup d’intervenants nous ont apporté leur regard et un certain nombre de conseils – Monsieur Viard en particulier dans ses conclusions – pour ce chantier prospectif autour du tourisme aquitain. Et je crois que nous avons tous pris conscience que les sujets liés au tourisme étaient d’une ampleur importante. Je veux bien que nous discutions sur un nom de destination. Si nous arrivons à mettre tout le monde d’accord sur l’Aquitaine, celle ou celui qui y sera parvenu aura toutes les médailles françaises d’honneur possibles et imaginables ! Un tel chantier serait intéressant, important, voire utile, mais nécessiterait beaucoup de discussions. En tout les cas, cela fait partie des interrogations que nous devons nous poser. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que j’en entends parler. Nous avons parlé de l’évolution démographique, de changements dans la société, d’évolution des familles, de la structure. Nous allons intégrer ces réflexions. Sur la place des jeunes, j’ai été très frappé par ce qui a été dit : à partir du moment où les jeunes viennent chez nous, peut-être reviendront-ils. Sur la question de la mobilité, qui a été au cœur des interventions, je veux juste rappeler que le choix de la région, c’est la mobilité à travers la LGV Sud Atlantique. Je sais qu’ici, elle fait l’objet d’un vaste débat, mais je n’ai pas honte de dire que ce débat a été tranché par les électeurs d’Aquitaine en mars dernier. Le choix de la région n’est pas de subventionner les low cost, parce que nous considérons que là n’est pas notre rôle, en tant qu’exécutif régional. Nous avons mis les moyens sur la LGV et les TER. C’est un dossier de 1,5 milliard d’euros sur dix ans, avec la rénovation des voies, des gares, etc., pour faciliter l’accessibilité des destinations touristiques notamment. J’entendais ce matin qu’on ne peut aller sur le littoral qu’en voiture. C’est sur ce point que nous devons travailler avec un certain nombre de partenaires : les TER, les navettes de bus etc. C’est le cas notamment du département des Landes, avec le réseau XLR. La question de la mobilité, en termes de technologies de l’information et de la communication a aussi fait l’objet d’une prise de position. Le choix de la région est de permettre que le très haut débit soit partout sur le territoire aquitain avec un investissement des opérateurs pour faire en sorte que sur le littoral, on ait de la 3G aujourd'hui et nous l’espérons, en temps et en heure, de la 4G. Nous sommes en train de travailler sur la mise en place d’un logiciel unique en Aquitaine, avec l’ensemble des départements, qui nous permettra de faire un certain nombre d’offres directement pour les touristes. Sur ces questions, nous aurons également à réfléchir collectivement sur l’avenir du e-tourisme et de tous les outils que nous pourrons mettre à disposition des professionnels, mais aussi des touristes en général.

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# 81 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Je voudrais également revenir sur un élément important des débats de ce jour, à savoir les destinations pour la retraite. Nous sommes d’accord qu’il s’agit là d’un marché intéressant, encore faut-il continuer à accueillir des actifs. Cela signifie selon moi qu’il leur faut trouver un certain niveau de services de proximité - hôpital, éducation, école, lycée, université. Sur ce point, dans le développement global des services sur notre littoral aquitain, il faudra donc que nous posions la question, non seulement des infrastructures, mais aussi des services publics. J’ai aussi noté un certain nombre de thématiques sur lesquelles l’étude nous aidera sans doute, et d’autres sur lesquelles, nous devons nous prendre en main : la communication, l’histoire de ce territoire. J’en discutais lors du dernier Conseil des rivages, avec la Charente-Maritime. Nous parlions de la tempête Xinthia, qui a touché une partie de l’Aquitaine. Les élus de Charente-Maritime me disaient : « Monsieur Lagrave, vous savez que nous ne découvrons rien. En 1940, nous avons connu pire, mais personne ne s’en souvient, et surtout pas les habitants actuels». Qui transmet la mémoire collective aujourd'hui, sur ce territoire, par rapport à son histoire, sur la question touristique ? Deux ou trois points ont également été évoqués, sur lesquels je n’attends pas forcément l’étude pour y travailler : la question du foncier et du logement. Je n’ai pas l’impression que l’on découvre le problème en 2010 – je parle sous le contrôle des territoires qui ont mis des choses en place – et par rapport à cela, les territoires sont en train de s’équiper, qu’il s’agisse de l’Établissement public foncier du Pays Basque, celui des Landes et prochainement celui de la Gironde. Sur tout l’ensemble du littoral aquitain, nous aurons les outils pour faire en sorte que les élus, s’ils le souhaitent – nous pourrons y travailler dans le cadre du GIP – puissent faire l’acquisition de foncier. Sur cette question, la Région a déjà fait un certain nombre de préconisations. C’est notamment le cas sur la question du tourisme. Ce sont des sommes qui sont aux alentours de 1 million d’euros par établissement public foncier et par an, versés par la Région. Sur la question du logement, je suis tout à fait disponible pour y travailler. Je pense qu’il faut un pilote – la Région et/ou le GIP peuvent y travailler. Sur la question notamment des saisonniers, nous disposons d’une expérimentation réussie : celle de Gujan-Mestras où un lycée a été ouvert durant l’été pour accueillir des saisonniers. Cela fait partie des choses sur lesquelles nous pouvons continuer à travailler, au travers de réflexions autour des logements étudiants, des foyers de jeunes travailleur etc. Il y a un manque de coordination entre les différents acteurs. C’est un véritable chantier. Le chantier de la professionnalisation et de la formation des salariés du tourisme l’est aussi et sur cette question également, la Région est largement investie. Elle aide les organismes de formation et travaille avec les professionnels. S’il faut aller plus loin, nous sommes tout à fait disponibles. J’entends les questions sur les droits, sur l’information, la formation initiale, l’adéquation entre l’offre et la demande. J’ai bien entendu qu’aujourd’hui, certains emplois n’étaient pas pourvus sur le territoire ; ce qui signifie peut-être que nous devons progresser sur la formation initiale et sur la question de l’orientation. Là aussi, un pilote devra être capable de dire quels sont les métiers d’avenir. Ensuite, je voudrais revenir sur la question de la qualité. Depuis de nombreuses années, la Région accompagne les professionnels du tourisme sur les mises aux normes, la certification, la qualité et la transmission. La Région Aquitaine a un programme et a fait partie des premiers conseils régionaux à se positionner sur ces questions. Le directeur du Biarritz Thalasso Resort nous disait qu’il y avait suffisamment de manifestations. Cela est possible sur ce territoire, mais pas nécessairement sur l’ensemble du territoire aquitain et du littoral notamment. Sur l’offre culturelle, nous devrons travailler collectivement, avec des dates décalées dans le temps entre les différents territoires.

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# 82 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Enfin, la question de la cohabitation entre les touristes, celles et ceux qui habitent sur le littoral ; celles et ceux qui aspirent à venir habiter chez nous ; avec les industries présentes sur le littoral. Monsieur Viard nous disait ce matin que la part des emplois industriels était de 17 % contre 40 % d’emplois sur l’humain. Peut être pourrions nous augmenter le chiffre des 17 % en emplois industriels ? Sur cette question aussi, il est nécessaire de se positionner, notament en matière d’accueil des entreprises. Selon moi, cela n’est pas antinomique avec l’accueil de touristes, l’environnement et le développement raisonné de notre territoire. Voilà, mesdames et messieurs, ce que je voulais dire en conclusion, en vous remerciant à nouveau pour votre participation. Nous allons lancer cette étude avec le GIP et la Région. Certains souhaitent que nous allions vite ; nous allons prendre notre temps. Nous n’allons pas investir du jour au lendemain sur une étude bâclée ou un PowerPoint copié collé. J’ai trop l’habitude de cela dans ma vie professionnelle. Nous prendrons le temps et nous associerons un maximum d’individus. Je souhaite que les Départements, les Territoires, les Pays, les Communautés de communes, les professionnels, les associations se prononcent sur chacune des phases de l’étude. Nous prendrons le temps nécessaire, car ce littoral évolue. C’est la raison pour laquelle cette étude se déroulera en trois temps. Un premier temps portera sur le bilan des actions entreprises dans le domaine du tourisme depuis la fin de la MIACA. Un deuxième temps portera sur l’élaboration de tendances sur l’offre et la demande à l’horizon 2020-2040 ; et enfin un troisième temps sera consacré à l’approfondissement de deux axes, que sont l’aménagement et le développement ainsi que l’emploi et la formation. Nous aurons une discussion sur l’ensemble du contenu de cette étude et c’est ainsi, qu’à la fois pour le GIP et pour la Région, nous pourrons faire des choix stratégiques pour l’avenir du tourisme en Aquitaine, qui peut-être manque de souffle – d’après certains – mais qui, en tout cas, n’en manquera pas. Comptez sur moi !

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# 83 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Conclusion

Discours de Monsieur Laurent NUNEZ {Sous–Préfet de Bayonne}

Monsieur le Président, mesdames et messieurs les élus, mesdames et messieurs Je suis aujourd'hui chargé de représenter le préfet de région pour la clôture de cette conférence du littoral et je suis tout particulièrement heureux de me retrouver parmi vous pour conclure les travaux consacrés au littoral, au tourisme et au développement durable. En effet, la réunion dans le GIP Littoral aux côtés de l’État des grands acteurs territoriaux est un élément essentiel d’un dispositif cohérent associant à travers le Conseil d’orientation et la quarantaine d’acteurs socioéconomiques qui en font partie, la richesse et la diversité des activités du littoral aquitain, de la Pointe de Grave à la Bidassoa, des rivages sableux girondins et landais aux côtes rocheuses des Pyrénées-Atlantiques qui vous accueillent aujourd'hui. C’est la poursuite logique de la politique d’aménagement du littoral aquitain lancée par l’État il y a plus de quarante ans, au travers de la mission interministérielle d’aménagement de la côte aquitaine que l’on retrouve aujourd'hui dans le GIP Littoral, sous une forme adaptée aux nouvelles exigences de l’aménagement, respectueuses des milieux et de la coopération institutionnelle. La démarche de développement d’une économie touristique forte, prenant en compte les caractéristiques d’un espace fragile et l’ouvrant à la population locale comme à des clientèles extérieures, avec la volonté d’en faire un outil d’intégration sociale est la grande caractéristique de cette politique, comme vous l’avez rappelé, monsieur le Président. Le nombre de participants à cette conférence aujourd’hui marque la réussite de ce pari et l’importance qu’il conserve. Les emplois salariés dans les activités touristiques pèsent pour 15 % des actifs du littoral aquitain et atteignent 20 % de l’emploi dans certaines stations. S’y ajoutent les activités induites, en particulier dans le commerce et dans les transports. Mais, ils génèrent également la présence d’industries significatives, comme celles liées à la pratique du surf. Un tourisme vivant et dynamique, en croissance est donc un enjeu essentiel pour ce territoire. Il rime avec innovation et se conduit selon une démarche respectueuse de l’environnement. Ces deux valeurs sont plus que jamais nécessaires, dans un monde qui connaît de profondes mutations. Tout au long de cette journée, vous avez analysé les évolutions qui ont marqué les vingt dernières années : mutation de l’économie touristique, qu’il s’agisse des clientèles, des structures d’accueil, des pratiques de loisir et d’achat, comme de celles des modes de transport ou de l’organisation des entreprises, pour faire face aux pics de la saisonnalité ; impacts croissants des activités humaines sur les paysages et sur la qualité des eaux ; tensions sur le tissu social générées par le changement des modes de vie et des structures familiales, qui trouvent un écho dans les pratiques des vacances.

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# 84 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

L’État sera présent à vos côtés pour faire face à ces différents enjeux, directement au travers de ses services, ou indirectement au travers de ses agences. Le préfet de région, les préfets de départements et bien sûr, les sous-préfets seront particulièrement attentifs à la mise en œuvre des mesures nécessaires à la préservation de l’environnement. L’État connaît tout l’intérêt que présente l’obtention du Pavillon bleu pour les stations du littoral et pour les surfeurs, sentinelles vigilantes de l’état des eaux. De gros efforts ont été faits avec le concours de l’Agence de l’eau et de la Région, pour mettre en œuvre des systèmes d’assainissement suffisamment dimensionnés pour les besoins de la population, comme pour l’accueil des vacanciers. Mais, l’application de la directive-cadre sur l’eau adoptée par l’Union européenne en 2000 et qui prévoit d’atteindre un bon état écologique des eaux en France d’ici à 2015, doit nous amener à amplifier le traitement des effluents et des eaux usées, qui nuisent à la qualité de l’eau des rivières et des baignades. Il s’agit d’un enjeu majeur pour des zones touristiques comme la Côte basque ou le bassin d’Arcachon. Il ne s’agit pas d’une action spécifiquement littorale, car elle doit englober la problématique des bassins versants et les pratiques agricoles et économiques de l’amont à l’aval. Autre sujet essentiel, où vous trouverez les services de l’État à vos côtés, dans le cadre de l’Observatoire du littoral, la réflexion sur la gestion du trait de côte, qui doit contribuer à fixer une doctrine commune et partagée sur les territoires qu’il est indispensable de défendre contre la mer, et ceux que la force physique des flots et des vents appelle à laisser à la nature. Enfin, le passage à deux fois trois voies de l’autoroute A10 et la création d’une ligne à grande vitesse sont de nature à améliorer sensiblement la desserte et la fréquentation du littoral aquitain. Il s’agit là de chantiers majeurs – A10, LGV – à l’égard desquels, l’intérêt de mettre en place une directive territoriale d’aménagement et de développement durable trouve tout son sens. L’outil de concertation constitué par le GIP, qui a prouvé son efficacité dans l’élaboration du plan de développement durable du littoral aquitain sera un partenaire privilégié pour une telle réflexion. Dans ce champ d’intervention, à la jonction du tourisme et de l’environnement, deux établissements de l’État jouent un rôle essentiel aux côtés des collectivités locales et des associations, dans le maintien et la valorisation de la qualité des sites et leur ouverture au tourisme. Le Conservatoire du littoral, tout d’abord, est propriétaire d’espaces emblématiques de la Côte aquitaine, tels que la Corniche basque pour partie, le marais d’Orx et la dune du Pyla. L’Office national des forêts mène une action sans cesse renouvelée de préservation et d'ouverture au public des espaces forestiers, dunaires et littoraux, et qui a fait, avec le Cemagref, un travail très approfondi pour aboutir au schéma plan plage adopté par le GIP. Les efforts de ces deux organismes se poursuivent pour le plus grand bien du littoral. Les moyens inscrits pour la période 2006-2013 par le Contrat de projet État/Région et par le Programme européen en faveur de la compétitivité régionale et de l’emploi doivent nous permettre de poursuivre les programmes de valorisation des grands sites du littoral, d’aménagement du plan plage et des voies vertes prévus dans le cadre du GIP. Cependant, les actions publiques ne suffisent pas à la bonne « mise en tourisme » d’un territoire, c’est tout le tissu économique qui doit s’impliquer dans une telle action. L’État se félicite à cet égard qu’une action innovante allant de Roscoff à Hendaye et regroupant l’ensemble des acteurs autour de la Véloroute européenne numéro 1 soit lancée, avec le concours de la Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services du ministère de l’Économie et des Finances. C’est également maintenant aux entreprises d’investir l’enjeu essentiel que représente la maîtrise de l’énergie. L’approche développée par les gestionnaires d’hôtels et de campings d’Aquitaine et menée avec le concours de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie pour l’obtention de l’Écolabel européen est à cet égard exemplaire. Celle de diffusion des technologies de l’information prévue en faveur des entreprises de l’hôtellerie restauration dans le cadre du Pôle d’accompagnement aux technologies de l’information et de la communication, soutenue par le ministère de l’Économie, doit elle aussi contribuer à une meilleure gestion et une augmentation de leur performance.

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# 85 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Vous le savez tous, en matière économique, une bonne connaissance des clientèles est essentielle pour une action de promotion efficace. Les données et les connaissances rassemblées sur le littoral aquitain par le Comité régional du tourisme sont le fruit d’une collaboration de la Direction régionale des entreprises du commerce et de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi, avec le Conseil régional dans le cadre de l’Observatoire touristique régional. Elles ont été confortées par l’éclairage du GIP Atout France. Constituée par la loi sur le Développement et la modernisation des services touristiques de juillet 2009, cet outil, désormais chargé du classement des établissements touristiques, est appelé à jouer un rôle primordial dans la qualification et la promotion de l’offre touristique française. Il est le pendant de l’Agence nationale du chèque-vacances, qui facilite le départ des clientèles françaises vers de nombreux équipements du littoral aquitain et est désormais l’instrument de l’État pour l’intégration des clientèles défavorisées. Permettez-moi en effet de souligner la nouvelle frontière que représentent certaines clientèles pour le départ en vacances et le champ d’intervention renouvelé que constitue leur accueil, pour le maintien de la vocation d’intégration sociale des publics défavorisés, jouée historiquement par le littoral aquitain. Qu’il s’agisse des familles monoparentales, des jeunes, des seniors ou des personnes handicapées, des efforts renouvelés d’aide au départ en vacances sont menés par l’Agence nationale du chèque-vacances. Un appel à projets a par ailleurs été lancé le 22 septembre, par le secrétariat d’État au Tourisme et celui chargé de la Famille et de la Solidarité, pour tester, dans dix territoires pilotes, le label « Destination pour tous », qui doit permettre de distinguer des efforts offrant aux personnes handicapées, des prestations de services et d’hébergement adaptées. Une station du littoral aquitain a d’ailleurs posé sa candidature. Si elle était retenue pour tester les critères du label, ce serait encore une fois, pour le littoral aquitain, l’occasion de parier sur l’excellence. Le littoral aquitain, par son caractère préservé et naturel, et par endroits son caractère sauvage, représente un atout particulier que nous envient beaucoup d’autres régions et pays, et qui nous vaut une fréquentation soutenue. Sachons poursuivre le chemin délicat qui allie préservation du milieu naturel et développement économique du tourisme dans un contexte maîtrisé. Cet équilibre qui nous permet de maintenir l’attractivité de nos rivages. Souhaitons-nous d’être capables de le maintenir pour les générations futures appelées à nous succéder. Je vous remercie de votre attention. Merci, Monsieur le Président, pour votre invitation, merci pour ce colloque.

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# 86 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Bilan de la conférence

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# 87 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

Bilan de la conférence

1. Participation

La conférence du littoral aquitain a rassemblé près de 200 personnes le 10 novembre 2010. Ce sont essentiellement des aquitains qui ont participé à cette conférence (180 sur 200) et parmi ceux-ci 41 % sont venus de la Gironde, 23% des Landes et 32 % des Pyrénées Atlantiques et 3% hors aquitaine.

2. Questionnaires A l’issue de la conférence, un questionnaire a été remis à l’ensemble des participants. 51 questionnaires nous ont été retournés, nous permettant de dresser un bilan de satisfaction de la journée. 43 des 51 questionnaires permettent d’identifier l’origine de son rédacteur. Il apparait que les associations et les socioprofessionnels présents ainsi que les fonctionnaires (territoriaux et établissement public) ont fortement fait part de leurs remarques avec une réponse pour quatre présents. Parmi ces derniers près de 1/4 des techniciens territoriaux se sont exprimés. Les catégories services de l’Etat et universitaires ont peu fait part de leurs remarques via ce mode (moins de 1 sur 10 ont répondu). Enfin seulement trois élus se sont exprimés via ce questionnaire.

2.1. Questionnaire de satisfaction

2.1.1. Mode de déplacement

La majorité des participants ont utilisé leur voiture (69%) pour se rendre sur le lieu la conférence. Un quart a profité d'un covoiturage (favorisé ou non par l'interface mise en place pour l'occasion).

2.1.2. Information en amont de la conférence

L’information diffusée en amont de la conférence apparaît comme largement suffisante pour l’ensemble des participants avec un jugement positif à 95 %.

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# 88 } ACTES DE LA CONFERENCE / 10 NOVEMBRE 2010 / ANGLET

2.1.3. Satisfaction globale de la journée

D'après les réponses, la grande majorité des participants sont très satisfaits à 6% et satisfaits à 80% du déroulement la journée.

2.1.4. Organisation générale

Dans l'ensemble, l'organisation de la journée est jugée positivement (très bien, bien ou satisfaisant).

En effet, le lieu choisi est jugé très bien à 59%, bien à 29% et satisfaisant à 10% soit 98% de jugements positifs. L’accueil a reçu une majorité de satisfaisant (59%). Le repas qui reçoit près de 80% de notations positives. La documentation remise est globalement jugée de qualité (très bonne à 14%, bonne à 43% et satisfaisante à 25%).

Une attention toute particulière a été donnée à l’animation de cette conférence. Jean-Claude Guicheney, animateur de la journée, a permis de donner le ton aux pésentations et aux débats qui ont suivi. Les différents dessins diffusés entre les diaporammas ont apporté une touche d’humour aux échanges. Et, enfin l’exposition de tableaux du livre Grand Grohot de Laurent Demany a égayé le moment du repas. Les efforts fournis pour animer cette journée n’ont pas été vains car près de 60% des personnes ayant répondu au questionnaire ont apprécié l’animation de la journée.

2.1.5. Temps fort de la journée

40% des personnes ayant répondu au questionnaire placent les échanges introductifs comme le temps fort de la journée. La table ronde n°1 arrive en deuxième position suivie des conclusions et synthèses et de la table ronde n°2.

2.1.6. Qualité des interventions et des débats

La qualité des exposés a été jugée très bonne à 24%, bonne selon 37% des réponses, et satisfaisante à 31%. Un peu moins de la moitié des personnes ont trouvé les informations présentées bonnes et 33% les ont jugés satisfaisantes. Le choix de intervenants est bon pour la moitié des personnes ayant répondu au questionnaire, satisfaisant pour le quart. L'interactivité entre les intervenants et les participants est jugée presque à égalité entre bonne à 29% et satisfaisante à 35%. Les remarques établies à ce sujet font ressortir l'idée d'un manque d'interactivité du fait de l'approche trop organisée des interventions. De plus, la durée des temps de débats est jugée trop courte.

2.1.7. Fréquence d’organisation de la conférence

98% des personnes ayant répondu à ce questionnaire pensent qu'il faut organiser cette conférence tous les ans. Les propositions de thèmes formulées à ce sujet suggèrent une présentation des résultats de l’étude prospective tourisme, la dimension sociale du tourisme, les activités liées au tourisme ainsi que les questions de saisonnalité et de logement.

2.2. Commentaires complémentaires, points à améliorer, suggestions

Les commentaires complémentaires recensés en fin de questionnaire se focalisent sur la durée des débats qui ont suivi les tables rondes. Ceux-ci sont jugés trop courts, trop généraux et ne permettant pas assez de discussion (souvent à cause du grand nombre de participants et d’intervenants). En matière de point à améliorer et de suggestions, on retrouve l'organisation des tables rondes par thèmes laissant plus de place au débat ou encore la mise en place d'ateliers plus participatifs. De plus, il est suggéré de limiter le nombre d’intervenants par table ronde pour mieux développer les sujets et faciliter les échanges.

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