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SWISS DENTAL JOURNAL VOL 124 12/2014 L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE 1363 On serait tenté de commencer ainsi le portrait de Milan Schijatschky: les Beat- les, Ray Charles, Ravi Shankar et Yehudi Menuhin lui ont permis de les photogra- phier sur scène. Il est allé à des concerts avec Louis Armstrong, et Jane Mansfield s’est mise en scène devant sa caméra. Il a pris les dernières images du coureur Jochen Rindt à Monza. Il aimait passer ses vacances au ranch de Darrell Winfield, l’icône de Marlboro devenu son ami. C’est avec ses cowboys qu’il a arpenté les mon- tagnes du Wyoming pour convoyer des troupeaux. Tout est véridique et le para- graphe pourrait s’allonger de maints noms de célébrités et remplir sur une page entière. Mais Milan Schijatschky s’interdit ce genre de panégyrique et il déteste le name dropping! Lorsqu’il ra- conte, ce n’est pas lui qu’il met en avant, mais les gens qui l’intéressent, qu’il a rencontrés et qui lui ont permis de fixer leur image. Alors on efface tout et on recommence… Comment le responsable de la SSO pour les urgences au cabinet dentaire en est-il venu à la photographie ? «Ne me posez pas de question sur les débuts. Ils ont été assez hésitants», explique-t-il à notre reporter. Il avait toujours aimé faire les journaux, par exemple pour la publication «Quintessenz» en Allemagne. La photo- graphie est venue ensuite, comme une cerise sur le gâteau. Une image de bonne qualité Qu’est-ce qui fait une bonne image? «Sûrement pas la caméra; elle n’y est pour rien», affirme Milan Schijatschky. «La routine contribue à la réussite, mais une bonne moitié du résultat est une question de chance.» Il importe de saisir une perspective à nulle autre pareille. Son métier de médecin-dentiste ne l’a-t-il pas éloigné de la photographie? «Tout au contraire! Mon métier me permettait de m’absenter quand je le désirais. Mes pa- tients ne m’en ont jamais voulu, eux qui avaient vu mes photos dans les journaux. Ils étaient fiers de leur médecin-den- tiste!» Notre reporter se sert de café et de gâ- teaux, prend une note, pose des questions à son interlocuteur et, soudain, une ca- méra surgit de nulle part et, à 84 ans, il se met à photographier. Est-ce à ce moment que nous nous rendons compte de son talent pour saisir des images qui nous rapprochent des gens? Vivement et sans la moindre gêne il dirige son objectif vers le visiteur qui se laisse volontiers piéger: Milan Schijatschky ne lui veut aucun mal et il lui assure qu’il recevra les photos. La maison de famille Son père était originaire de l’ex-Yougos- lavie, artisan itinérant arrivé en Suisse lors de la Première Guerre mondiale. Sa mère vient du Rafzerfeld, un plateau au nord du canton de Zurich. «Je ne suis pas socialiste», affirme résolument Milan Schijatschky. Mais il n’a jamais oublié que ses grand et arrière-grand pères du côté maternel étaient des ouvriers de chez Escher-Wyss et qu’ils avaient aussi connu le chômage. Son père lui a dit une fois: «Avec un nom comme le tien, tu devras être un Suisse deux fois meilleur!» Encore une phrase qu’il ne voudrait pas lire dans un journal. Notre reporter a ses idées sur ce point mais il est suffisamment magna- nime pour autoriser cette citation, non sans préciser toutefois que son nom ne lui a jamais causé le moindre problème toute sa vie durant. Urgences Milan Schijatschky a payé ses galons de lieutenant en 1958 en tant que premier anesthésiste de l’armée à l’Hôpital uni- versitaire de Zurich. C’est dans cette fonction qu’il a vécu un engagement à l’étranger pour la Croix-Rouge interna- tionale et l’ONU en tant que «casque bleu» au Congo en 1960. Il a constaté après son retour en Suisse que les méde- cins-dentistes ne connaissaient guère les mesures de réanimation. Il a donc organi- sé en 1967 avec Raoul Boitel un cours à l’intention des dentistes zurichois sur le thème des urgences vitales au cabinet dentaire, suivi d’une série de 22 contribu- tions à «Quintessenz» consacrées aux urgences et dont a plus tard découlé le premier ouvrage sur le sujet. Benedikt Maeglin, professeur à l’Institut de médecine dentaire de l’Université de «Louis Armstrong a permis à Milan Schijatschky de le photographier. Cette prise de vue était l’une des préférées du grand musicien de jazz» Photo: Milan Schijatschky « Il faut aller à la rencontre des gens » Milan Schijatschky, médecin-dentiste et photographe à Zurich, a assumé la charge de responsable de la SSO pour les questions relatives aux situations d’urgence pendant 30 ans. A côté de cette activité, il a photo- graphié nombre de musiciens, sportifs et artistes pour le compte de grands magazines. Texte: Marco Tackenberg, Service de presse et d’information de la SSO

« Il faut aller photographe à Zurich, a assumé la charge … · sa vie durant. Urgences Milan Schijatschky a payé ses galons de ... tistes, hommes et femmes, ont suivi ses cours

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Page 1: « Il faut aller photographe à Zurich, a assumé la charge … · sa vie durant. Urgences Milan Schijatschky a payé ses galons de ... tistes, hommes et femmes, ont suivi ses cours

SWISS DENTAL JOURNAL VOL 124 12/2014

L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE 1363

On serait tenté de commencer ainsi le portrait de Milan Schijatschky: les Beat-les, Ray Charles, Ravi Shankar et Yehudi Menuhin lui ont permis de les photogra-phier sur scène. Il est allé à des concerts avec Louis Armstrong, et Jane Mansfield s’est mise en scène devant sa caméra. Il a pris les dernières images du coureur Jochen Rindt à Monza. Il aimait passer ses vacances au ranch de Darrell Winfield, l’icône de Marlboro devenu son ami. C’est avec ses cowboys qu’il a arpenté les mon-tagnes du Wyoming pour convoyer des troupeaux. Tout est véridique et le para-graphe pourrait s’allonger de maints noms de célébrités et remplir sur une page entière. Mais Milan Schijatschky s’interdit ce genre de panégyrique et il déteste le name dropping! Lorsqu’il ra-conte, ce n’est pas lui qu’il met en avant, mais les gens qui l’intéressent, qu’il a rencontrés et qui lui ont permis de fixer leur image.Alors on efface tout et on recommence … Comment le responsable de la SSO pour les urgences au cabinet dentaire en est-il venu à la photographie ? «Ne me posez pas de question sur les débuts. Ils ont été assez hésitants», explique-t-il à notre reporter. Il avait toujours aimé faire les journaux, par exemple pour la publication «Quintessenz» en Allemagne. La photo-graphie est venue ensuite, comme une cerise sur le gâteau.

Une image de bonne qualitéQu’est-ce qui fait une bonne image? «Sûrement pas la caméra; elle n’y est pour rien», affirme Milan Schijatschky. «La routine contribue à la réussite, mais une bonne moitié du résultat est une question de chance.» Il importe de saisir une perspective à nulle autre pareille. Son métier de médecin-dentiste ne l’a-t-il pas éloigné de la photographie? «Tout au contraire! Mon métier me permettait de

m’absenter quand je le désirais. Mes pa-tients ne m’en ont jamais voulu, eux qui avaient vu mes photos dans les journaux. Ils étaient fiers de leur médecin-den-tiste!»Notre reporter se sert de café et de gâ-teaux, prend une note, pose des questions à son interlocuteur et, soudain, une ca-méra surgit de nulle part et, à 84 ans, il se met à photographier. Est-ce à ce moment que nous nous rendons compte de son talent pour saisir des images qui nous rapprochent des gens? Vivement et sans la moindre gêne il dirige son objectif vers le visiteur qui se laisse volontiers piéger: Milan Schijatschky ne lui veut aucun mal et il lui assure qu’il recevra les photos.

La maison de familleSon père était originaire de l’ex-Yougos-lavie, artisan itinérant arrivé en Suisse lors de la Première Guerre mondiale. Sa mère vient du Rafzerfeld, un plateau au nord du canton de Zurich. «Je ne suis pas socialiste», affirme résolument Milan Schijatschky. Mais il n’a jamais oublié que ses grand et arrière-grand pères du côté maternel étaient des ouvriers de chez Escher-Wyss et qu’ils avaient aussi connu le chômage. Son père lui a dit une fois: «Avec un nom comme le tien, tu devras être un Suisse deux fois meilleur!» Encore une phrase qu’il ne voudrait pas lire dans un journal. Notre reporter a ses idées sur ce point mais il est suffisamment magna-nime pour autoriser cette citation, non sans préciser toutefois que son nom ne lui a jamais causé le moindre problème toute sa vie durant.

UrgencesMilan Schijatschky a payé ses galons de lieutenant en 1958 en tant que premier anesthésiste de l’armée à l’Hôpital uni-versitaire de Zurich. C’est dans cette fonction qu’il a vécu un engagement à

l’étranger pour la Croix-Rouge interna-tionale et l’ONU en tant que «casque bleu» au Congo en 1960. Il a constaté après son retour en Suisse que les méde-cins-dentistes ne connaissaient guère les mesures de réanimation. Il a donc organi-sé en 1967 avec Raoul Boitel un cours à l’intention des dentistes zurichois sur le thème des urgences vitales au cabinet dentaire, suivi d’une série de 22 contribu-tions à «Quintessenz» consacrées aux urgences et dont a plus tard découlé le premier ouvrage sur le sujet.Benedikt Maeglin, professeur à l’Institut de médecine dentaire de l’Université de

«Louis Armstrong a permis à Milan Schijatschky de le photographier. Cette prise de vue était l’une des préférées du grand musicien de jazz» Photo: Milan Schijatschky

« Il faut aller à la rencontre des gens »

Milan Schijatschky, médecin-dentiste et photographe à Zurich, a assumé la charge de responsable de la SSO pour les questions relatives aux situations d’urgence pendant 30 ans. A côté de cette activité, il a photo-graphié nombre de musiciens, sportifs et artistes pour le compte de grands magazines.

Texte: Marco Tackenberg, Service de presse et d’information de la SSO

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L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE1364

Bâle, a proposé dans une lettre au comité de la SSO de nommer officiellement Milan Schijatschky en qualité de chargé des questions relatives aux urgences à la SSO. Ce dernier a pris ces fonctions de milice le 16 mai 1984, il y a donc 30 ans de cela. Plus d’un bon millier de médecins-den-tistes, hommes et femmes, ont suivi ses cours de formation pratique avec les équipes de leurs cabinets dentaires. Mais tout a une fin : il a désormais passé le flambeau à Martin von Ziegler, son suc-cesseur.

NostalgieIl attache beaucoup d’importance à l’amitié: «Il faut toujours choyer ses amis, garder des contacts, même lorsque l’on avance en âge. Soudain, on téléphone à un vieil ami et l’on apprend qu’il est mort …» Pendant une ou deux secondes, on perçoit de l’incompréhension sur le visage de Milan Schijatschky: «Il y a comme ça des bombes qui nous tombent dessus… C’est fou!»

Amérique«America, I love you»; c’est le titre d’un reportage photo révélateur de Milan Schi-jatschky sur les Etats-Unis. Notre repor-ter voit Schijatschky en américain, avec son air tout d’ouverture et de curiosité. «Comment avez-vous fait la connais-sance du cowboy icône de Marlboro? Grâce à vos contacts?» «Mais non … seu-lement parce qu’il est l’Amérique!» Il faut simplement aller à la rencontre des gens. C’est ainsi qu’est venu un reportage sur les soldats du feu de New York. Il avait écrit une lettre à leur patron expliquant qu’il avait bien des idées théoriques sur les urgences, mais qu’il n’en avait vécu que peu «pour de vrai». Et c’est ainsi qu’il a été autorisé à suivre les pompiers de la ville, nuit et jour et caméra au poing.

Salle de jeuNous regardons encore d’autres photo-graphies. Nous sommes frappés par la joie que ressent Milan Schijatschky à chaque photographie. Notre reporter est enthou-

siaste et notre hôte également. Ils se rendent ensemble dans son cabinet de travail et salle d’archives, comme deux gamins: chacun montre à l’autre ses jouets. Pour Milan Schijatschky, ce sont des chapeaux de cowboys, des selles, des éperons, un lasso, des cravaches et même un tomahawk, des chemins de fer minia-tures, un ordinateur Mac pour le traite-ment des images, des étuis péniens des premiers habitants de la Nouvelle-Guinée occidentale et un casque de pompier des services du feu de New-York …Milan Schijatschky a ce talent enfantin de ne jamais perdre sa capacité d’émerveil-lement. Vers la fin de notre entretien, il feuillète un bouquin intitulé: «Cowboy Ethics». Quelques jours plus tard, je vais chercher sur internet l’éthique des cow-boys. Il n’est pas bien difficile d’y retrou-ver Milan Schijatschky: sois courageux, fier de ton travail, finis ce que tu as entre-pris. Je porte deux doigts à mon Stetson imaginaire et je lui dis: «Do what has to be done!»

Milan Schijatschky dans son cabinet de travail et archives. Photo: Marco Tackenberg

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L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE 1365

Grande excitation au Collège Mont Soleil. Hélène Steiger, que les enfants appellent «Madame Dent», est dans les murs avec aujourd’hui une surprise pour les écoliers: chacun va recevoir de ses mains une boîte à goûter de couleur rouge. Notre moni-trice dentaire scolaire est très appréciée et ce n’est pas par hasard: elle pratique son métier avec passion et elle parsème ses leçons de traits d’humour. «Pourquoi les dents sont-elles si importantes?», souffle-t-elle avant d’affirmer qu’elle n’en a pas. Les enfants rient … «Pour manzer», zozote Marie … «Pour cauzer», rezozote Timothée! Les enfants s’installent sur un grand tapis où sont disposées des cartes illustrées de collations plus ou moins saines. Chacun à son tour, les écoliers lancent un dé. S’il tombe sur le souriant petit bonhomme sympadent, l’enfant recherche une carte arborant une collation saine. Le petit

Aurélien prend une image de noisette, hésite, la repose et en prend une avec un morceau de fromage. «Ce n’est pas sain!», s’exclame son camarde Nathan. «Mais si, c’est très sain!», contredit Léa. Les enfants interrogent Hélène du regard. Sa réponse: «Le fromage compte tout à fait comme collation saine. Les noisettes aussi sont bonnes, car elles apportent beaucoup d’énergie.» Les enfants re-tournent à leur place et chacun prend une brosse à dents toute neuve qu’Hélène Steiger leur a apportée. On passe au bros-sage des dents. La Fée des dents montre avec une infinie patience comment se brosser correctement les dents et aide chaque écolier à trouver la bonne manière de se servir de sa brosse à dents.Le meilleur moment vient à la fin de la leçon: chaque enfant reçoit sa boîte à goûter personnelle avec une carotte du Seeland. Les écoliers inspectent attenti-

vement le dépliant distribué par Hélène Steiger à l’intention des parents. On dirait des convives scrutant une carte de res-taurant!Après la leçon sur la boîte à goûter égale-ment suivie par un enseignant, celui-ci donne son avis : «J’aurais bien aimé avoir ce genre d’instruction quand j’étais ga-min. Mais j’ai d’assez mauvais souvenir de la ‹Madame Fluor› de mon époque. C’était une femme sévère en blouse blanche qui parlait toujours en pointant du doigt.» Heureusement que les temps ont évolué!

De bonne humeur avec la Fée des dents

Dans le canton de Berne, la Fée des dents donne aux écoliers des «boîtes à goûter» rouges, des fruits et dépliants pour les pa-rents. Ce projet contre la carie et l’obésité chez les écoliers parrainé et mis en œuvre par la SSO a été conçu par la Clinique de médecine dentaire préventive de l’Université de Zurich.

Texte et photo: Sandra Küttel, Service de presse et d’information de la SSO

Des boîtes à goûter pour les enfants et un dépliant avec de bons conseils pour de délicieuses collations qui préservent les dents: les monitrices dentaires scolaires font la joie des écoliers dans le canton de Berne.

L’action «Boîte à gouter»

L’action «Boîte à gouter» est un projet de prévention de la carie et de l’obésité chez les écoliers suisses. L’instruction des écolières et des éco-liers des jardins d’enfants et des deux premières classes primaires pour des collations saines est au cœur de cette action. Les monitrices dentaires sco-laires (MDS) acquièrent les connais-sances techniques nécessaires à l’occasion d’un cours de perfectionne-ment professionnel, avec des proposi-tions et des supports pour les leçons. Après l’avoir suivi, les MDS peuvent retirer des boîtes à goûter gratuites garnies d’un fruit et d’un dépliant à remettre aux écoliers. L’action «Boîte à goûter» est conduite par la Société suisse des médecins-dentistes (SSO) en collaboration avec la Direction de la santé et de la prévoyance sociale du canton de Berne et avec la Banque cantonale de Berne (BCBE). Le projet a été conçu par la Clinique de médecine dentaire de l’Université de Zurich.

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Vous sortez de chez vous de bon matin et, bientôt, vous inspectez la cavité buccale de vos patients. Vous êtes-vous déjà de-mandé comment vous avez trouvé sans peine le chemin qui vous a mené de votre domicile à votre cabinet dentaire? Et pourquoi il vous a fallu si peu de temps pour vous accoutumer à votre cadre de vie après un déménagement? Les trois lauréats du Prix Nobel de médecine et de physiologie ont découvert comment nous nous orientons et pourquoi nous ne nous perdons pas. «Il s’agit là d’une décou-verte fondamentale qui méritait sans au-cun doute le Prix Nobel», affirme Filippo

Rijli, directeur d’un groupe de recherche en neurobiologie à l’Institut Friedrich Miescher de recherches biomédicales à Bâle. «Savoir à tout moment où nous nous trouvons quand nous nous dépla-çons d’un point à un autre est tout aussi important pour notre survie que nous ali-menter ou respirer.»La problématique du sens de l’orientation préoccupe les scientifiques depuis long-temps. Au XVIIIe siècle, le philosophe allemand Immanuel Kant supposait que le cerveau était doté de certaines facultés innées que nous n’avions pas besoin d’apprendre et dont le sens de l’orienta-

tion faisait partie. C’est en 1948 que le psychologue étasunien Edward Tolman a eu l’idée que les animaux apprennent leur environnement élément par élément pour créer une sorte de carte dans leur environnement. C’est cette carte qui leur permettrait de s’orienter. Mais personne ne pouvait répondre à la question de sa-voir où cette carte se situerait dans le cer-veau et ce qui se passerait dans les cellules nerveuses concernées. Le premier à y ré-pondre fut Felix Strumwasser de l’Uni-versité de Bethesda au Maryland en re-courant à des électrodes implantées dans la tête de souris vivantes.

Un GPS dans le cerveau

Les trois lauréats du Prix Nobel de médecine ont découvert comment nous nous orien-tons. C’est le point de départ pour de meil-leures thérapies des maladies du cerveau.

Texte: Felicitas Witte, médecin et journaliste scientifique Photos: màd; graphiques: Emanuele Fucecchi

Comment nous orientons-nous et pourquoi nous ne nous égarons pas, c’est ce qu’ont découvert les trois lauréats du Prix Nobel de médecine et de physiologie.

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L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE 1367

Où suis-je?John O’Keefe est né à New York en 1939. Il a entrepris ses recherches sur le com-portement des animaux à Londres dans les années 60. Alors que ses collègues procédaient à des mesures de l’activité cérébrale d’animaux de laboratoire en fonction de certains stimuli, John O’Keefe faisaient trotter librement ses rats de la-boratoires dans un labyrinthe. Ensuite, il a tout particulièrement examiné les cel-lules de leur hippocampe, une région si-tuée dans l’intérieur de l’encéphale qui

reçoit et traite des influx sensoriels, et l’hippocampe joue un rôle essentiel dans ces processus, notamment pour la consti-tution des souvenirs et le passage de la conscience du court terme à celle du long terme. John O’Keefe a observé que cer-taines cellules de l’hippocampe ne s’acti-vaient que lorsque le rat se trouvait à un endroit déterminé. Le chercheur en a déduit que chacune de ces cellules cor-respondait à une position du rat dans le labyrinthe.Ces cellules nerveuses ont plus tard été nommées «cellules de lieu». John O’Keefe a supposé qu’un grand nombre de ces neurones contribuaient à la consti-tution d’une carte dans le cerveau et don-naient à l’animal la conscience de l’en-droit où il se trouvait dans le labyrinthe. Si le rat se trouve par contre dans un autre contexte spatial, par exemple dans une écurie ou à l’air libre dans la nature, ce sont d’autres cellules de lieu qui s’active-ront. C’est ainsi que de nouvelles cartes se constituent en permanence dans le cerveau et c’est grâce à ces cartes que s’oriente le rat (fig. 1).John O’Keefe a constaté dans d’autres ex-périences que les cellules de lieu peuvent se «souvenir» de certaines cartes, telles celles de la cage ou du labyrinthe qui s’impriment dans le cerveau quand cer-tains de ces neurones sont activés. C’est un peu ce qui se passe quand votre ordi-nateur portable trouve un accès à un ré-seau WiFi: une fois que vous avez indiqué

le mot de passe de votre cabinet, au Star-bucks du coin ou chez vous à la maison, votre ordinateur l’aura enregistré et se mettra en ligne, la plupart du temps tout au moins!

Quelle est la relation entre ma position et l’environnement?Les autres chercheurs se sont tout d’abord montrés sceptiques, mais ils ont vite ad-mis qu’il y avait bien quelque chose dans la théorie de John O’Keefe et que ses dé-couvertes seraient profitables aux re-cherches ultérieures. Un point n’était toutefois pas encore tiré au clair: com-ment le rat sait-il comment aller du point A au point B? C’est le couple May-Britt et Edvard Moser, actuellement à l’Université de Trondheim en Norvège, qui a résolu cette énigme. Des scientifiques ont pensé dans les années 80 et 90 que l’activité des neurones de lieu était pilotée par l’hippo-campe. Les recherches des époux Moser ont porté sur l’hippocampe à l’occasion de la rédaction de leur thèse de doctorat à Oslo d’abord, puis à Edinbourg, enfin dans le laboratoire de John O’Keefe à Londres. Ils se sont posé des questions: les choses se passent-elles effectivement de cette manière? Les neurones de lieu ne reçoivent- ils pas des informations en pro-venance d’autres régions du cerveau? Les chercheurs savaient que d’autres cellules de l’hippocampe recevaient de nom-breuses informations venues d’une région située à l’extrémité postérieure du cer-

C’est en 1960 que le lauréat du Prix Nobel a entre-pris à Londres ses recherches sur le comporte-ment des animaux. Il a découvert que leur cerveau dessine une carte à partir d’un grand nombre de neurones ou cellules dites «de lieu». Cette carte permet à l’animal de se situer dans son environ-nement.

Fig. 1: Les cellules «de lieu» communiquent au rat sa position à un instant donné. Le cercle blanc symbolise le labyrinthe du laboratoire où le rat évolue sur les lignes de couleur bleue. Les cellules de lieu s’activent lorsque le rat se trouve à un endroit donné du labyrinthe, au point cerclé en pointillés rouges dans le cas ici illustré.

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L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE1368

veau du rat dénommée cortex entorhinal. Celui-ci fait partie du système limbique, tout comme l’hippocampe. Il est entre autres impliqué dans la mémoire, l’acqui-sition des connaissances, les émotions, les impulsions motrices, la prise de nourri-ture, la digestion et la reproduction. Et de fait, les deux chercheurs norvégiens ont découvert en 2004 des cellules dans le cor-tex entorhinal semblables aux cellules de

l’hippocampe. Ils ont découvert un nou-veau genre de neurones, les «cellules de grilles», lorsque des animaux de labora-toires étaient lâchés dans des labyrinthes de grandes dimensions. Celles-ci s’ac-tivent toutefois différemment des cellules de lieu, c’est-à-dire régulièrement pen-dant tout le temps que le rat parcourait le labyrinthe. L’activation de plusieurs cel-lules de grilles fait naître dans le cerveau

un schéma d’activité qui évoque les cel-lules d’un rayon de ruche ou une sorte de grille (voir la fig. 2). Les cellules de grilles indiquent ainsi à l’animal la relation entre sa position du moment et son environ nement. L’animal se souvient de cette «grille de localisation» pour ses lieux de confiance. De nouvelles grilles de loca-lisation peuvent ainsi se former lorsqu’il se trouvera dans un nouvel environnement.

Fig. 3: Les neurones de grilles et de lieu ne cessent de s’échanger des informations. Grâce aux indications en provenance d’autres cellules d’orientation, le rat est en mesure de se déplacer sans difficultés dans l’espace. Le cercle blanc montre les cellules de grilles en activité. Le cercle jaune montre celle des cellules de lieu.

Fig. 2: Les cellules de grilles se trouvent dans le cortex entorhinal, une région du cerveau proche de l’hippocampe. Une cellule de grille s’ac-tive régulièrement tant que le rat se déplace dans le labyrinthe. L’activation de plusieurs neurones de grilles fait naître dans le cerveau une carte semblable à une toile d’araignée qui permet à l’animal de répondre à la question: quelle est la relation entre ma position du moment et mon environnement?

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L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE 1369

Depuis que John O’Keefe a découvert les neurones de lieu, d’autres chercheurs ont découvert encore d’autres cellules qui jouent un rôle dans l’orientation: les cel-lules boussoles qui s’activent en fonction de certaines positions de la tête, les cel-lules dites pariétales qui indiquent au cerveau comment contourner un obstacle par la gauche ou par la droite. Les Moser ont découvert que les cellules de grilles s’intègrent dans le cortex entorhinal en un réseau composé de cellules boussoles et de cellules pariétales. Ils ont également découvert qu’il existe également des cel-lules pluripotentes et c’est ainsi qu’ils ont identifié le GPS propre au corps des rats et qui donne la réponse à ces questions: où suis-je (cellules de lieu), quelle est la relation entre ma position et l’environne-ment (cellules de grilles). Les cellules boussoles, pariétales et autres cellules d’orientation s’échangent constamment des informations qui permettent au rat de s’orienter sans peine (voir la fig. 3).«Je ne me serais jamais attendu à ce que les deux Norvégiens auraient si rapide-ment le Prix Nobel, soit en moins de dix ans», dit Neil Burgess, directeur de l’Ins-titut des sciences neuronales cognitives de l’University College à Londres. Les re-cherches des trois lauréats sont à son avis «stupéfiantes»: «Une composante de la cognition, à savoir la localisation spatiale, est déterminée par différents neurones de notre cerveau. C’est là un moyen de mieux comprendre les maladies du cer-veau.»Depuis lors, les cellules de grilles et de lieu ont été trouvées chez d’autres mam-mifères, et il semble que l’homme en possède également, comme l’ont montré

des recherches menées sur des patients opérés en raison de leur épilepsie. «Nous partons de l’idée que l’homme dispose d’un GPS semblable à celui des rats», indique Arno Villringer, direc-

teur de l’Institut Max-Planck des sciences cognitives et neurologiques

à Leipzig.Des reproches sont formulés par

certains à l’adresse du comité Nobel, qui décernerait trop de prix de médecine dans des do-maines de la recherche fonda-mentale et de peu de consé-quence pour le traitement des maladies. «Tout d’abord, il

faut souligner qu’il s’agit du Prix Nobel de médecine et de physiologie», souligne Arno Villringer. « Ensuite, seules ces re-cherches fondamentales nous permet-tront de comprendre pourquoi certaines maladies provoquent des atteintes au sens de l’orientation, comme dans le cas de la maladie d’Alzheimer. Et ce n’est que lorsque nous le saurons que nous pour-rons nous mettre à la recherche de nou-veaux traitements.» Filippo Rijli, cher-cheur en neurosciences, est lui aussi certain que les découvertes des trois lau-réats du Prix Nobel nous permettront de mieux comprendre et de mieux soigner les maladies du cerveau. «Nous avons appris entre-temps que c’est souvent le cortex entorhinal qui est atteint en pre-mier par la maladie d’Alzheimer, précisé-ment là où se trouvent les cellules de

grilles. C’est peut-être la raison pour laquelle de nombreux patients Alzhei- mer perdent leur sens de l’orientation.»Il n’est pas certain que l’on puisse ap-prendre à bien s’orienter: «Nous ne sa-vons pas pourquoi certaines personnes s’orientent sans difficultés et pourquoi d’autres n’y parviennent pas», précise Filippo Rijli. «Le sens de l’orientation est peut-être meilleur lorsque, enfant, on a souvent joué dehors et que l’on a appris tout jeune à s’orienter correctement.» Une étude portant sur les chauffeurs de taxi de Londres a montré que l’on peut s’entraîner: ils doivent se rendre à des milliers d’endroits différents à Londres, sans carte ni plan ni GPS. Après une an-née, leur hippocampe, où se trouvent les cellules de grilles, était de beaucoup plus grande taille que celui des chauffeurs de taxi qui ne s’étaient pas entraînés. «Il semble donc possible d’entraîner une structure cérébrale de telle sorte qu’elle s’élève, stricto sensu, au niveau des exi-gences qui lui sont posées», précise Arno Villringer.Filippo Rijli suppose que l’on s’oriente mieux lorsqu’il y a une relation émotion-nelle avec tel ou tel endroit. C’est sans doute pourquoi certaines personnes n’ont aucune difficulté à trouver le cabinet de leur médecin dentiste!

Bibliographiewww.nobelprize.org/nobel_prizes/medicine/ laureates/2014/advanced.html

Arno Villringer, directeur de l’Institut Max-Planck des sciences cognitives et neurologiques à Leipzig: «C’est grâce à de telles recherches fondamentales que nous pouvons comprendre pourquoi certaines maladies affectent notre sens de l’orientation, telle Alzheimer par exemple. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons élaborer de nouvelles thérapies.»

Filippo Rijli, directeur d’un groupe de recherche en neurobiologie à l’Institut Friedrich Miescher de recherches biomédicales à Bâle. «Le sens de l’orientation est tout aussi important pour notre survie que nous alimenter ou respirer.»

Les deux lauréats du Prix Nobel ont découvert des neurones dans une région de l’hippocampe. Ces cellules dites «de grilles» permettent à l’animal de comprendre la relation entre sa posi-tion et son environnement.

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Soyons honnêtes, pour une fois: allez-vous prendre à la Saint- Sylvestre une énième résolution de faire enfin quelque chose pour votre santé? «Il ne s’agit pas de complétement révolution-ner son mode de vie», affirme Thomas Lüscher, cardiologue en chef à l’Hôpital universitaire de Zurich. «Voici trois mesures qui vous permettront réellement de vivre plus longtemps tout en préservant votre qualité de vie!»Son premier conseil, c’est d’adopter le mode d’alimentation de la Méditerranée. Il réduit le risque d’infarctus et d’accident vas-culaire cérébral. «Des études antérieures reposant sur de simples observations nous l’ont montré depuis bien longtemps …», dit Thomas Lüscher, «… mais nous disposons maintenant d’études d’intervention qui confirment cette relation.» Des scientifiques de l’Université de Barcelone ont réparti des sujets sélectionnés en cinq groupes censés chacun s’alimenter d’une certaine ma-nière pendant une période donnée. Les risques d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral et de décès ont nota-blement diminué chez ceux qui ont adopté une alimentation méditerranéenne riche en huile et en fruits à coque. Ce régime comporte beaucoup de poisson, de légumes et de fruits. «Le ré-gime méditerranéen n’est pas synonyme d’une grande quantité de salami, de charcuterie ou de gorgonzola comme c’est fré-quemment le cas en Italie», souligne Thomas Lüscher, «on peut s’offrir un ou deux verres de vin avec son repas», ce qui est censé contribuer à réduire le risque d’infarctus. La recom-mandation autrefois fréquente d’adopter un régime pauvre en graisse n’est pas du tout confortée par cette étude espagnole. «Il s’agit de consommer les bonnes matières grasses, c’est-à-dire de l’huile d’olive et autres huiles végétales. Un régime tota-lement pauvre en matières grasses ne présenterait aucun avan-tage.»La deuxième recommandation de Thomas Lüscher, c’est de faire régulièrement de l’exercice. Un quart d’heure de marche par jour suffit déjà pour ajouter trois ans à votre espérance de vie, ainsi que l’ont montré des chercheurs de Taïwan dans une vaste étude qui a porté sur 416 175 participants. Une enquête internationale qui a porté sur 9306 personnes a révélé que celles qui marchaient 2000 pas chaque jour réduisaient de 10% leurs risques d’infarctus du myocarde et de décès. L’étude INTERHEART sur 25 000 sujets a montré que ce sont surtout les activités légères à moyennes qui réduisent le risque d’infarctus, alors que ce même risque augmente avec la pratique d’activités physiques intenses. «Il n’est pas nécessaire de s’imposer du jogging ni un club de mise en forme», insiste Thomas Lüscher: «Bouger régulièrement pendant ses activités de tous les jours est déjà suffisant: renoncer à prendre l’ascenseur, marcher

dans son bureau pour réfléchir, faire un tour en vélo pendant la fin de semaine et se déplacer le plus possible à pied.»Les fumeurs ne seront probablement pas d’accord avec la troi-sième recommandation: cesser définitivement de fumer! Chaque cigarette qu’il consomme abrège la vie d’un fumeur de 28,6 minutes, ainsi que l’on calculé des cardiologues à Berlin et au Canada. Une bonne nouvelle: ce risque diminue lorsque l’on arrête de fumer. Un fumeur de 50 ans qui cesse de fumer s’ac-corde six années de vie en plus. On passe à trois ans de plus si l’on arrête le tabagisme à 60 ans. Un fumeur qui renonce au tabac après un infarctus réduit de plus de 80% son risque d’en avoir un nouveau ou de subir d’autres atteintes cardio-vascu-laires.La plupart des fumeurs ont beaucoup de peine à arrêter. Les nouvelles cigarettes électroniques ne les aident guère. Les pre-mières études sur ce thème ont montré qu’elles n’ont pas per-mis un plus grand nombre de renoncements au tabagisme. Des conseils professionnels ou des cours de sevrage tabagique peuvent aider environ un tiers des fumeurs à arrêter.

Sources: auprès de l’auteure

Trois actions qui nous font vivre mieux et plus longtemps.

MÉDEC INE UP TO DATE

Une vie plus saine en 2015

Qu’avez-vous entrepris pour mener une vie plus saine en 2015? Voici trois principes qui ont fait la preuve de leur efficacité.

Texte: Felicitas Witte, journaliste scientifique et médecin Illustration: Emanuele Fucecchi

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En Afrique et en Asie, des milliers de per-sonnes souffrant de problèmes oculaires ont déjà été secourues grâce aux dons d’or dentaire. Parmi elles, Binod Nepali de Narayan, petit village situé dans le district de Dailekh, au Népal. Atteint d’une cataracte congénitale, ce garçon âgé de 14 ans avait beaucoup de mal à lire et à suivre l’enseignement à l’école. Il n’en rêvait pas moins de devenir un jour ingénieur. Ses parents l’ont emmené dans un centre ophtalmologique de la Croix-Rouge népalaise, où on leur a ex-pliqué qu’une opération à l’hôpital de Surkhet le guérirait. Un projet irréalisable pour cette famille démunie, dans l’im-possibilité de payer le voyage jusqu’à la ville et les repas pendant le séjour hospi-

talier. C’est grâce à la contribution de la Croix-Rouge suisse que Binod a finale-ment pu se rendre à Surkhet. Rempli d’espoir et d’appréhension, le jeune gar-çon a été pris en charge par l’équipe mé-dicale, qui l’a préparé avec tact et préve-nance à l’opération. Tout s’est bien passé et le lendemain, il déclarait, radieux: «Je me réjouis de rentrer et de me mettre sérieusement aux études pour réaliser mon rêve!» Plus d’informations sur l’action «Vieil or pour redonner la vue» sous redcross.ch/ordentaire. Des enveloppes préaffran-chies pour l’envoi d’or dentaire peuvent être commandées à tout moment à l’adresse [email protected] ou par téléphone au 031 387 74 59.

De l’obscurité à la lumière

Un grand nombre de médecins-dentistes ont incité leurs patients à faire un don d’or dentaire au projet «Vieil or pour redonner la vue». La Croix-Rouge suisse les remercie sincèrement de ce soutien précieux qu’elle espère voir renouvelé l’an prochain.

Texte: Annette Godinez, Croix-Rouge suisse Photos: Croix-Rouge suisse

Opérés dans un camp ophtalmologique à Dunai, au Népal, ces femmes et ces hommes ont recou-vré la vue. Merci de votre don qui a rendu ce miracle possible! © CRS, Beatrix Spring

Aux anges après une opération de la cataracte, Binod Nepali, 14 ans, a retrouvé le plein usage de ses yeux. © CRS

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Omnipratique et endodontie

Savani G M et al.: Current trends in endodontic treatment by general dental practitioners. Report of a United States national survey. J Endod 40: 618–624, 2014, www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/ 24767553

Les techniques endodontiques pratiquées par les endodontistes sont influencées par le développement technologique et celui des matériaux. On est cependant moins bien renseigné sur la manière dont les omnipraticiens (OP) pratiquent l’endodontie, bien qu’ils effectuent le 68% des traitements radiculaires aux USA.Une étude fut ainsi menée auprès d’un groupe de 2000 OP afin de déterminer quelles techniques et quels instruments ils utili-saient. 479 OP répondirent au questionnaire qui s’informait sur le type de cas traités, les protocoles usuels, le recours à de nou-velles techniques et le suivi d’une formation continue.84% des répondants déclarèrent pratiquer des traitements en-dodontiques. 56% d’entre eux avaient plus de 20 ans d’expé-rience professionnelle. La plupart traitaient entre un et cinq cas par mois. 99% d’entre eux traitaient les dents antérieures, 95% les prémolaires et 62% les molaires. 18% pratiquaient aussi des retraitements.63% des OP préféraient terminer un traitement radiculaire en une seule séance. Les OP au bénéfice d’heures de formation continue plus élevées avaient tendance à traiter des molaires et à pratiquer des retraitements.La digue n’était pas utilisée par 11% des répondant et seul 60% utilisaient toujours la digue pour des traitements radiculaires. Un pourcentage plus élevé de femmes (65,3%) utilisait la digue, contre 57,7% des hommes. L’hypochlorite de sodium était l’ir-rigant de choix (93%). 83% des OP recouraient à un chélateur- lubrifiant pendant l’instrumentation et 73% éliminaient la boue dentinaire (smear layer). La technique d’obturation canalaire la plus fréquente était le compactage latéral à froid (40%), mais 54% préféraient une technique de gutta-percha à chaud. Aucun n’utilisait des pointes d’argent et 34% laissaient les dents ou-vertes en cas de drainage.Parmi les techniques récentes disponibles, 75% des OP utili-saient des loupes. 70% utilisaient uniquement un localisateur d’apex pour déterminer la longueur de travail (18%) et 52% confirmaient cette mesure par une radiographie. 72% des OP étaient équipés d’un système radiographique digital et 74% se servaient de broches en nickel-titane. 19% des répondants ayant un nombre élevé d’heures de formation continue utili-saient des techniques complémentaires d’irrigation comprenant de l’énergie sonique, subsonique et/ou ultrasonique.Il ressort de cette étude que les femmes tendaient à utiliser plus volontiers la digue pour les traitements radiculaire, encore que la différence avec les hommes ne fut pas statistiquement signifi-

cative. Les OP au bénéfice de plus de cinq heures de formation continue étaient plus enclins à traiter des molaires et à procéder à des retraitements, utilisant aussi des instruments rotatifs en NiTi, des activateurs d’irrigants, des localisateurs d’apex et des instruments optiques de grossissement. Certains d’entre eux avaient aussi passé de la technique par compactage vertical à froid à un système de compactage à chaud. La majorité des ré-pondants suivait l’évolution technologique et adoptait progres-sivement les techniques récentes reconnues.Michel Perrier, Lausanne

Gérodontologie

Bots-VantSpijker P C et al.: Barriers of delivering oral health care to older people experienced by dentists: A systematic literature review. Community Dent Oral Epidemiol 42: 113–121, 2014, www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24102439

La sénescence est associée à une incidence plus élevée de mala-dies chroniques et à un plus grand besoin de soins. Les maladies buccales se développent plus facilement chez ces personnes atteintes aussi d’altérations physiques, cognitives et fonction-nelles. Une dépendance croissante expose ces patients aux pro-blèmes du maintien de la santé buccale. Un nombre de plus en plus élevé de patients ont encore une partie de leur denture et doivent très souvent être soumis à des restaurations complexes. La carie, les parodontites et l’usure dentaire sont fréquentes chez les personnes âgées qui ont davantage besoin d’une ap-proche à la fois préventive et curative. Les statistiques montrent que ces personnes font moins appel aux donneurs de soins que les plus jeunes, surtout en raison des difficultés liées à l’accès aux soins. Celles-ci comprennent le statut socio-économique, les différences ethniques, la prise de conscience de l’état buc-co-dentaire, l’accès aux soins, la santé générale et un besoin de comprendre et d’être informé.Un survol de la littérature publiée entre janvier 1990 et dé-cembre 2011 a montré que les obstacles les plus fréquents reve-naient à un manque d’équipement adéquat et à la carence en postes de traitement dans les établissements médico-sociaux.Une absence du financement des soins au sein de l’établisse-ment constituait un autre obstacle. Les médecins-dentistes exprimaient aussi des réserves quant aux connaissances et à l’attitude du personnel soignant face à l’hygiène bucco-den-taire. Ils n’étaient que rarement secondés et aidés dans leurs efforts d’améliorer et de maintenir une hygiène quotidienne dans un EMS, l’attitude du personnel soignant se montrant même négative envers ce type de soins.Les médecins-dentistes citaient aussi la perte de temps en dehors de leur cabinet lorsqu’ils se rendaient dans un établisse-

Revues «Les statistiques montrent que les personnes âgées font moins appel aux donneurs de soins que les plus jeunes, surtout en raison des difficultés liées à l’accès aux soins.»

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ment médico-social, préférant assurer les soins dans leur propre environnement.Une étude indiquait aussi le faible niveau de formation au cours des études de médecine dentaire en matière de soins aux per-sonnes âgées. Certains médecins- dentistes semblaient souvent avoir une perception imprécise des problèmes de la vieillesse.D’autres indices montraient un manque de satisfaction profes-sionnelle dans ce type de soins. Il était par exemple difficile de traiter des patients atteints de démence sénile. Enfin, les re-commandations du médecin-dentiste n’étaient que rarement suivies par les résidents d’un EMS.Le recours aux soins bucco-dentaires dans les EMS tend à être considéré comme inadéquat. Les médecins-dentistes estiment

qu’ils ne peuvent assurer des soins suffisants dans ces milieux souvent dépourvus d’équipement, d’espace disponible accep-table et de coopération du personnel soignant. De plus, le rem-boursement financier est absent ou insuffisant. De plus, les soins en EMS signifient une perte de temps hors du cabinet pri-vé et une absence de mise en pratique des recommandations fournies dans l’intérêt du patient. La formation professionnelle médico-dentaire pour la gestion de ces situations comme pour celle des problèmes multiples de la sénescence reste précaire. Il existe un impératif besoin de comprendre et de relever les défis liés aux nombreuses difficultés que suscitent les patients âgés en médecine dentaire.Michel Perrier, Lausanne

Formation postgrade en chirurgie orale

Les consœurs et les confrères remplissant les conditions pour l’obtention du titre de Spécialiste en chirurgie orale (p. ex. formation postgrade à plein temps d’une durée de trois ans en chirurgie orale, thèse de doctorat, deux publications, dix casuistiques docu-mentées, etc.) et qui souhaitent l’obtenir sont invités à transmettre leurs documents jusqu’au 31 décembre 2014 au secrétariat de la SSOS.

Le règlement pour la spécialisation et les informations y relatives sont à la disposition des intéressés sur www.ssos.ch.

Dr méd. dent. Vivianne Chappuis Secrétaire de la SSOS

Secrétariat de la SSOS, Marktgasse 7, 3011 Berne, e-mail: [email protected]

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IMPRESSUM

Titel / Titre de la publicationAngabe in Literaturverzeichnissen / Pour les indications dans les bibliographies: SWISS DENTAL JOURNAL SSOInnerhalb der Zeitschrift / Dans la revue: SDJ

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Redaktion «Thema des Monats» / Rédaction «Thèmes du mois»Prof. Dr. Adrian Lussi und Dr. Markus Schaffner, Klinik für Zahnerhaltung, Präventiv- und Kinderzahnmedizin, Freiburgstrasse 7, 3010 Bern

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2014 – 124. Jahrgang / 124 e année – Verbreitete Auflage / Tirage distribué: 5650 ex.; WEMF/SW-Beglaubigung 2013 – Verkaufte Auflage / Tirage vendu: 4630 ex.

ISSN 2296-6498

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