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Les astrologues lui ayant prédit mille dangers s’il venaità connaître l’amour, le jeune prince Ahmed grandit dansune haute tour, à l’écart de sa famille et des joliesdemoiselles dont il pourrait s’éprendre. Son geôlier,un maître rigide et sévère, entreprend alors sonéducation. Il lui livre tout son savoir et lui enseignemême le langage des oiseaux. Ahmed recueille alors unecolombe blessée qui lui révèle ce qu’on tentede lui cacher depuis tant d’années : la beauté del’amour. Elle lui parle aussi d’une belle princesse

éplorée, aussi solitaire que lui. Il n’en faut pasplus pour que le cœur du jeune prince

s’enflamme de passion pour la mystérieuseinconnue. Il s’enfuit de la tour et sillonneles quatre coins de l’Espagne à la recherchede sa princesse. Car qui pourrait empêcherun cœur d’aimer?

ISBN 978-2-923234-24-3

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LE PÈLERIN D’AMOUR

Direction éditoriale : Angèle DelaunoisÉdition électronique : Hélène MeunierRévision linguistique : Dominique Chichera

(Communications NetWord)

© 2007 : Sonia K. Laflamme et Christine Delezenneet les Éditions de l’IsatisCollection Korrigan no 10Dépôt légal : 1er trimestre 2007Bibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du Canada

Nous remercions le Gouvernement du Québec –Programme de crédit d’impôt pour l’édition delivres – Gestion SODEC

Nous remercions le Conseil des Arts du Canada del’aide accordée à notre programme de publication.

Catalogage avant publication de Bibliothèqueet Archives Canada

Laflamme, Sonia K.

Le pèlerin d'amour : conte andalou

(Korrigan ; 10)Comprend un index.Pour les jeunes.

Édition imprimée : ISBN 978-2-923234-24-3Édition électronique : ISBN 978-2-923818-55-9 (PDF)

I. Delezenne, Christine. II. Titre. III. Collection: Collection Korrigan ; 10.

PS8573.A351P44 2007 jC843'.6 C2007-940403-0PS9573.A351P44 2007

Aucune édition, impression, adaptation ou reproduction de ce texte parquelque procédé que ce soit, ne peut être faite sans l’autorisation écrite desÉditions de l’Isatis inc.

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4829, avenue VictoriaMontréal (Québec) H3W 2M9www.editionsdelisatis.com

Sonia K. Laflamme

LLee ppe`e`lleerriinndd��aammoouurrconte andalou

illustre´ par Christine Delezenne

E´ditions de l�

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À Judith, ma mère,avec qui j’ai eu le plaisir de découvrir

les charmes de l’Andalousie.

N.B. : Les mots suivis d’un astérisque sont expliqués dansun lexique, à la fin du volume.

Une fiche d’activités à caractère pédagogique a été conçuepour chaque titre de la collection Korrigan.

Ces fiches sont téléchargeables gratuitement depuis le sitewww.erpi.com/DLMbibliwww.editionsdelisatis.com

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LES ASTROLOGUES

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Nichée sur une colline de cyprès,l’Alhambra* dominait la cité de Grenade* detoute sa splendeur. À ses pieds, la rivière ser-pentait au cœur d’une plaine fertile etprospère. Non loin, les neiges éternelles dela Sierra Nevada* procuraient l’eau la pluspure du royaume et, lors des chauds étés,leur fraîcheur soufflait un air bienfaisant surla région.

L’imposant palais regorgeait de jardinsodorants, de bosquets d’oliviers et defontaines invitantes. Le chant des oiseaux semêlait à celui des femmes ou à la doucemusique des joueurs de oud*. Au plus fortde la journée, on se réfugiait à l’ombre destours ou encore dans les somptueux patiosaux arcades magnifiquement sculptées.

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Le bonheur semblait avoir été créé spé-cialement pour les habitants de l’Alhambra.Hélas ! Le khalife* qui régnait alors s’inquié-tait pour l’avenir de son seul fils, le jeuneprince Ahmed. Il venait de consulter troisréputés astrologues qui tous s’entendaientdans leurs funestes prédictions.

— Ton fils, ô mon Roi, prophétisèrent-ilsà tour de rôle, courra mille et un périls aunom de l’amour. Si tu le tiens dans l’igno-rance de cette chose jusqu’à ce qu’il devienneun homme, alors le mal sera écarté et le bon-heur jaillira sur sa vie et son règne.

Pendant plusieurs nuits, le khalife réflé-chit à la question. Il devait isoler son filsAhmed des tentations séductrices de sonharem*. Aussi, ordonna-t-il la constructiond’un second palais sur la colline voisine, quel’on connaît encore aujourd’hui sous le nomde Généralife*, et l’aménagement de splen-dides jardins afin que le prince ne souffrepas de solitude.

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Lorsque les maçons posèrent la dernièrepierre de l’enceinte entourant le nouveaupalais, le khalife appela Eben Bonabben, lemaître le plus sévère du royaume deGrenade.

— Je remets mon fils entre tes mains, ôVénéré Sage, lui annonça-t-il. Enseigne-luitout ce que tu sais. Mais prends bien garde !Si, par malheur, le mot amour vient à sa con-naissance, alors ta tête tombera !

Eben Bonabben ne se soucia guère de cetavertissement. Grand érudit, les études lepassionnaient trop pour qu’il s’adonne oumême songe à une chose aussi vaine etpuérile que l’amour.

Le jeune Ahmed grandit donc dans unsomptueux palais dont il ne pouvait jamaissortir. Sous l’œil vigilant de son maître, ils’initia à la philosophie, à l’astronomie, àl’algèbre, à l’alchimie, à l’histoire ainsiqu’aux autres sciences connues d’EbenBonabben. Mais à l’amour ? Non pas !

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LA PLUS HAUTETOUR

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Les mois passèrent, puis les années. Ahmedétait un élève exemplaire. Il se soumettait debonne grâce aux longues heures d’étude etdevint presque aussi érudit que son maître.

Parvenu à l’âge d’homme, lorsqu’il suttout ce que son père lui permettait de savoirpour gouverner un jour le royaume, le princedélaissa cependant les études pour s’adonnerà de curieuses distractions. Le jour, illongeait les bosquets de roses ou lesfontaines et le soir, il méditait en regardantla voûte céleste piquée d’étoiles. Tandis qu’ilpinçait les cordes de son oud, sa voix délicaterécitait un mouwashah* de son cru, danslequel il dépeignait avec beaucoup de ten-dresse la beauté des choses qui l’entourait. Ilse languissait. Quelque chose manquait à savie, mais Ahmed ne savait pas ce que c’était.

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Devant le tempérament sentimental quis’épanouissait peu à peu chez son élève,Eben Bonabben se frappa la tête avecconsternation.

— Le prince sait désormais qu’il a uncœur ! gémit-il. Si je ne fais rien, ma fin estproche !

Le vieux maître enferma donc le garçondans la plus haute tour du Généralife pourl’isoler de façon encore plus cruelle.

Ainsi reclus, le prince devint de plus enplus triste et nostalgique. Il détournait sou-vent la tête pour admirer, du haut de la tour,les vergers en fleurs bordant la rivière ou lesversants enneigés de la Sierra Nevada. Sessoupirs répétés agaçaient son geôlier.

Eben Bonabben se rappela un séjour enÉgypte au cours duquel un oiseleur* luiavait enseigné le merveilleux langage desoiseaux. Dès qu’il proposa cette nouvellescience à son élève, le prince s’emballa etredevint aussi docile qu’auparavant. Le

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maître crut ses problèmes envolés. Comme ilse trompait !

Ahmed s’appliqua si bien à apprendre lelangage des oiseaux que bientôt, il put hélerun faucon. Le rapace plana dans sa directionet vint se poser sur le rebord de la fenêtre.Cependant, les manières brusques et lesanecdotes sanglantes de l’oiseau de proiecontrastaient tellement avec la vie pacifiquedu prince que le jeune homme rechercha unautre compagnon.

Il fit ainsi la connaissance d’un hibou quivenait de temps à autre se percher sous l’au-vent de sa fenêtre. Voyageur infatigable,l’oiseau se targuait de tout connaître et detout comprendre. Se piquant de philosophie,il jugeait et méprisait la moindre paroleprononcée par le jeune prince et ses discoursse révélèrent encore plus ennuyeux que ceuxd’Eben Bonabben.

Le prince rencontra ensuite une hiron-delle. Elle virevoltait en tous sens et ne

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tenait jamais longtemps en place. Elle finis-sait toujours par s’en aller en plein milieud’une conversation, sous prétexte d’unebesogne urgente à faire.

Enfin, Ahmed se tourna vers une chauve-souris qui venait se réfugier dans les comblesde sa chambre. La bête lui montracependant peu d’intérêt et le rejeta en ledénigrant.

Ahmed se remit à soupirer. Il souhaitaittant la venue de nouveaux visiteurs pourtromper son ennui. Hélas ! La tour où EbenBonabben le tenait isolé s’élevait si haut quenul autre oiseau ne pouvait l’atteindre.

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LLEEXXIIQQUUEE

ALHAMBRA : Mot arabe signifiant La Rouge. Cefastueux palais fut construit aux XIIIe et XIVe sièclespar les rois maures, lors de l’occupation arabe (711-1492). Après la prise de la ville par les roiscatholiques, en 1492, de nombreux édifices formantle palais furent saccagés. Bien que reconstruit enpartie par le roi Charles Quint, le palais sera peu àpeu délaissé, puis tombera en ruine. Il deviendraplus tard un repaire de mendiants et de brigandsavant d’être réhabilité au XXe siècle. Depuis 1984, lesite est classé au répertoire du patrimoine mondialde l’Unesco.

ALLAH: Nom donné à Dieu, dans la foi musulmane.

AUMÔNIÈRE : Petite bourse que l’on suspendait àla ceinture, au Moyen Âge.

CIMETERRE : Épée des chevaliers orientaux dontla lame recourbée s’élargit vers le bout.

GÉNÉRALIFE: Palais d’été des rois de Grenadeconstruit au début du XIVe siècle. Il est l’un des plusvieux vestiges abritant encore des jardins mauresques.

GRENADE : Dès le XIe siècle, les Arabes érigèrentle royaume de Grenade, dans le sud de l’Espagne.

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Au cours de la reconquête chrétienne, les Arabesfurent peu à peu repoussés dans le royaume deGrenade, dernier bastion mudéjar en Espagne, puisen seront finalement chassés, en 1492, par les roiscatholiques.

HAREM : Chez les musulmans, groupe de femmesmariées à un seul homme.

HEAUME : Casque de fer que portaient les cheva-liers, au Moyen Âge.

KHALIFE : Ou calife. Prince qui détenait les pou-voirs à la fois politique, civil et religieux et qui étaitissu de la lignée du prophète Mahomet.

LICE : Champ clos où avaient lieu les tournois, auMoyen Âge.

MAURE : Nom donné au peuple arabe qui conquitet occupa l’Espagne, entre 711 et 1492.

MINARET : Haute tour d’une mosquée servant àappeler les fidèles musulmans à la prière. Leminaret qui domine la ville de Séville a été transfor-mé en beffroi. Il est connu sous le nom de Giralda.

MOSQUÉE : Lieu de rassemblement religieux de lafoi musulmane. À Cordoue, la construction de laGrande Mosquée a débuté en 785. Elle a été par lasuite trois fois agrandie, si bien qu’elle est la plusgrande mosquée du monde arabe après La Mecque.

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MOUWASHAH : Poème typiquement hispano-mauresque, décrivant entre autres la beauté etl’amour. Le plus célèbre auteur de cette formepoétique est Ibn Zaydoun, surnommé le Ministredes poètes andalous, qui a vécu en Andalousie auXIe siècle.

MUDÉJAR : Nom donné aux Arabes musulmansrestés en Espagne après le début de la reconquêtechrétienne, entre les XIe et XVe siècles.

OISELEUR : Personne qui capture et fait le com-merce des oiseaux.

OUD : Luth, instrument de musique à cordes. Lemot luth vient d’ailleurs de l’arabe al‘ud.

ROMANCERO : Recueil de poèmes ou de chan-sons de geste dans la culture espagnole.

SALOMON: Personnage biblique. Fils de David etroi d’Israël, il a vécu au Xe siècle avant Jésus-Christ.Il fit construire le premier temple de Jérusalem afind’abriter l’Arche d’alliance (résidence terrestre deDieu). Selon la légende, l’Arche devait entre autrescontenir les tables de la Loi (les dix commandements).

SIERRA NEVADA : Chaîne de montagnes du sudde l’Espagne. Son point culminant se trouve à 3 484mètres d’altitude, ce qui en fait le sommet le plushaut de la péninsule ibérique (Espagne et Portugal).

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LE PE`LERIN D�AMOUR :UN CONTE ANDALOU

La coexistence séculaire des peuples et desreligions a marqué de façon indélébile le reliefculturel espagnol. Elle l’a doté d’une richessesans pareille et il est de nos jours encore possiblede retracer la généalogie des diverses influencesqui s’y sont côtoyées.

La civilisation espagnole a vu le jour il y a plusde 3 000 ans dans le sud-ouest de l’Europe, et surles bords de la Méditerranée. Déjà dansl’Antiquité, elle constituait une terre de métis-sages puisque de nombreux peuples (Ibères,Celtes, Grecs, Hébreux, Romains, Wisigoths) yavaient élu domicile. Plus tard, au VIIIe siècle,les Arabes musulmans envahirent l’Espagne.Malgré la reconquête chrétienne, la présence des

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musulmans, aussi appelés Mudéjares*, s’est éch-elonnée sur près de 700 ans. En 1492, les roiscatholiques, Isabel et Ferdinand d’Aragon, mirenttoutefois un terme à leur règne en reprenant laville de Grenade.

Bien que l’Espagne se soit alors imposéecomme la première grande puissance des TempsModernes (1492-1659), elle a connu un verti-gineux déclin dès la fin du XVIIe siècle(épidémies, famines, guerres, chute démo-graphique, etc.). Il fallut attendre le dernier quartdu XXe siècle et, surtout, la mort du généralFrancisco Franco, pour que le pays se relève deses cendres et s’impose sur la scène interna-tionale.

En 1829, l’écrivain américain, WashingtonIrving, entreprit un voyage en Andalousie, dans lesud de l’Espagne, au cours duquel il séjournadans des appartements de l’Alhambra. Pendantplusieurs mois, les habitants de l’endroit l’ini-tièrent aux contes et légendes ayant peuplé leurs

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souvenirs d’enfance et qui sont au cœur même del’histoire de l’ancien palais des rois maures.Quelques années plus tard, en 1832, Irvingpublia le récit de son voyage sous le titre évoca-teur de Contes de l’Alhambra.

Dans la tradition des romanceros* espagnolset des récits fantaisistes du Moyen-Orient,Le Pèlerin d’amour est l’un des nombreux contesrapportés par Irving. Il est présenté ici dans uneversion rajeunie. Alors que l’Occident a donnénaissance à de nombreux contes dans lesquels ondépeint la vie de princesses esseulées ou mal-traitées, en voici un à saveur orientale et arabe,qui relate plutôt les mésaventures d’un jeuneprince au tempérament sentimental qui granditenfermé dans une tour sous la surveillance d’unmaître sévère.

Il raconte la quête d’Ahmed, à qui l’on interditles délices de l’amour. Apprenant malgré toutl’existence d’une chose que l’on appelle amour, ildécide de braver le monde pour connaître cequ’on lui défend avec tant d’ardeur. Le princes’allie alors à une colombe, un hibou et un perro-quet, qui l’aideront au cours de son pèlerinage.Ce récit d’amour à la portée contemporaineprésente d’une manière symbolique le métissage

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historique et culturel des peuples qui ont con-tribué au façonnement de l’Andalousie et del’Espagne, puisque la passion se développe icientre un musulman et une chrétienne.

Plus que tout, ce conte appelle au dialogue età la tolérance. Il propose un voyage intemporel àtous ceux qui croient encore au pouvoir et à labeauté de l’amour. Personne ne peut empêcherles cœurs d’aimer et les choses les plus belles dumonde, même si on les interdit, finissent toujourspar se dévoiler d’elles-mêmes.

On dit que l’amour d’Ahmed et de sa belleprincesse habite toujours les murs de l’Alhambra.Si un jour vos pas vous y conduisent, peut-êtreentendrez-vous, en humant le parfum des jardins,en savourant l’ombre des patios ou en admirant lejeu savant de l’eau dans les fontaines, leursdouces voix flotter sur les ailes du vent.

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Il n’est pas toujours facile de s’y retrouver avec cestrois termes. On les confond souvent, car on ne saitpas vraiment ce qui se cache derrière chacun d’eux.Tous les trois désignent des récits et des histoires,chers aux conteurs.

Pour essayer d’y voir plus clair, voici une brèveprésentation qui pourra aider à mieux reconnaîtrechacun de ces univers.

LLEE MMYYTTHHEE

Dans toutes les cultures, le mythe se présentecomme un récit qui raconte les origines dumonde. Dans les temps anciens, on ne disposait pasdes explications de la science. De nombreuxphénomènes naturels, comme la foudre ou l’orage,la présence des étoiles ou du soleil dans le ciel, ame-naient les humains à se poser des questions sur eux-mêmes. Ce sont toutes ces questions qui les ontentraînés à inventer de fabuleux récits commeautant de réponses pour essayer de comprendre lesens de leur vie. Dans ces histoires, les dieux et lesesprits de toute nature partagent avec les

CCOONNTTEE,, MMYYTTHHEE OOUU LLE´E´GGEENNDDEE??

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humains des aventures extraordinaires. Leshumains apprennent comment vivre en harmonieavec l’univers qui les entoure ainsi que les règles àrespecter pour vivre en société.

Les personnages des mythes sont surhumains et dis-posent de pouvoirs surnaturels. Mais, tout commeles humains, ils éprouvent des émotions et des sen-timents. On dit que le mythe est un récit sacré.

LLEE CCOONNTTEE

Comme les mythes, les contes sont des histoires.Mais cette fois, les humains, ayant apprivoisé leurpeur du monde qui les entoure, racontent des his-toires qui parlent d’eux. Il n’y a plus de dieux oud’êtres aux pouvoirs surnaturels ou surhumains. Dansles contes, même si l’on trouve des ogres, des géantsou des fées, ces derniers ne sont pas les plus forts.

Comme le conte concerne les humains et que lesdieux en sont absents, on dit que c’est un récitprofane.

On distingue plusieurs genres de contes. Voici lesplus fréquents :• les contes merveilleux ou contes de fées ;• les contes populaires traditionnels qui parlent

des coutumes ou des gens d’une région ;

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• les contes facétieux qui racontent des anecdotesdrôles ou des mésaventures burlesques ;

• les contes d’animaux dans lesquels ceux-ci tien-nent le rôle principal, mais qui, souvent, servent àsouligner certains défauts des humains ;

• les contes étiologiques qui donnent des explica-tions sur des phénomènes naturels de façon fan-taisiste ou humoristique ;

• les contes de sagesse ou les contes initiatiquesqui invitent à réfléchir sur la vie et les actions quel’on pose ;

• les contes fantastiques dans lesquels se glissentdes éléments étranges qui inquiètent ou étonnent ;

• les contes ethniques qui présentent la culture d’unpays ou d’un groupe d’humains en particulier ;

• les contes contemporains qui sont créés par desauteurs modernes ou qui présentent des versionsactualisées de contes connus.

LLAA LLE´E´GGEENNDDEE

La légende repose toujours sur un fait réel : unpersonnage, un événement ou un lieu géo-graphique. Mais l’histoire est racontée en exagérantles faits et en y ajoutant des éléments fabuleux etinquiétants.

(texte de Jacques Pasquet)

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SSOONNIIAA KK.. LLAAFFLLAAMMMMEE :: AAUUTTEEUURREEDepuis qu’elle est toute petite, Sonia K. Laflamme pra-tique différentes formes d’arts : le dessin, le chant, ladanse et l’écriture. Elle espère ne jamais s’arrêter car ellevit ainsi de merveilleux moments d’évasion. Depuis2001, elle a publié plus d’une dizaine d’ouvrages pour lajeunesse. Durant ses loisirs, elle se passionne pour lesvoyages, la culture espagnole et le flamenco. C’estd’ailleurs au cours d’un séjour en Andalousie, plus parti-culièrement à Grenade, qu’elle a découvert la magie descontes hispano-arabes. Elle nous propose un pèlerinageenvoûtant, qu’elle dédie à tous ceux qui croient encoreau pouvoir de l’amour.

CCHHRRIISSTTIINNEE DDEELLEEZZEENNNNEE ::IILLLLUUSSTTRRAATTRRIICCEE

Christine Delezenne est née en 1965 à Orange, dans lesud de la France. Après des études en Arts visuels, elleperfectionne, par deux ans de voyages, ses intérêts pourles nouvelles technologies de l’image ainsi que pour lesarts anciens. Elle intègre dans ses compositions divers élé-ments de dessins, de textures et de photographies. Sonmédium favori est la «nouvelle graphique» qui concilieses intérêts pour le texte et l’image. Depuis 1990, elle vità Montréal avec son conjoint et travaille comme illustra-trice dans divers domaines culturels et éducatifs. Depuisla naissance de son fils, Ulysse, en 1994, elle privilégie l’il-lustration de textes pour la jeunesse.

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TTAABBLLEE DDEESS MMAATTIIE`E`RREESS

1. Les astrologues .......................................... 5

2. La plus haute tour ......................................11

3. Le chant des oiseaux ..................................17

4. La colombe ................................................23

5. La princesse inconnue ................................29

6. Le pèlerinage ..............................................35

7. La grotte du magicien maure ......................41

8. L’armure enchantée ....................................47

9. Le tapis de Salomon ..................................53

Pour en savoir davantage ............................59

Lexique........................................................60

Le Pèlerin d’amour :un conte andalou ........................................63

Conte, mythe ou légende? ..........................67

Sonia K. Laflamme : auteure ......................70

Christine Delezenne : illustratrice................70

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Titres parus dans la Collection Korrigan :

1. Kado le fou, conte bretonde Daniel MativatSélection Communication-Jeunesse 2005-2006

2. La naissance du goéland, conte inuit de Jacques PasquetSélection Communication-Jeunesse 2005-2006

3. Sur les ailes de la lune, conte bulgare de Christine BonenfantSélection Communication-Jeunesse 2005-2006

4. La tortue et l’araignée, conte créole de Dynah Psyché

5. Carcajou, démon des bois, conte amérindiende Geneviève MativatFinaliste au prix Hackmatack 2006-2007Sélection Communication-Jeunesse 2006-2007

6. La tisserande du ciel, légende chinoisede Diane BergeronSélection Communication-Jeunesse 2006-2007

7. Mary la sanglante, conte irlandaisde Pierre-Luc Lafrance

8. La Dame Blanche, légende québécoisede Cécile Gagnon

9. Janos le courageux, conte hongroisde Annie Vintze

10. Le Pèlerin d’amour, conte andaloude Sonia K. Laflamme

11. Le Diable et la Lune, conte russede Marie-Andrée Boucher

12. Badra princesse du désert, conte du Maghrebde Myriame El Yamani

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Les astrologues lui ayant prédit mille dangers s’il venaità connaître l’amour, le jeune prince Ahmed grandit dansune haute tour, à l’écart de sa famille et des joliesdemoiselles dont il pourrait s’éprendre. Son geôlier,un maître rigide et sévère, entreprend alors sonéducation. Il lui livre tout son savoir et lui enseignemême le langage des oiseaux. Ahmed recueille alors unecolombe blessée qui lui révèle ce qu’on tentede lui cacher depuis tant d’années : la beauté del’amour. Elle lui parle aussi d’une belle princesse

éplorée, aussi solitaire que lui. Il n’en faut pasplus pour que le cœur du jeune prince

s’enflamme de passion pour la mystérieuseinconnue. Il s’enfuit de la tour et sillonneles quatre coins de l’Espagne à la recherchede sa princesse. Car qui pourrait empêcherun cœur d’aimer?

ISBN 978-2-923234-24-3

7829239 234243

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