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JOURNAL gi' STORIQUE ET LITTERAIRE,

TOME XV. LIVRAISON 1.

!iJ -:^ x ^: 7i ;tx

LIEGE, CHEZ P, KERSTEN,

I1 L'1MP. f VE^^oY rf-DEBKI R.

lGOaue LIvralsou.Ier nat 1SIS.

HISTOIRE ET LITTRATUAE.

JOURNAL HISTORIQUE DU MOIS DE MARS 1848.

1. A la nouvelle des vnein.ents de Franse, une rvolution cl a te a Netifcha tel en Suisse, dont Ie roi de Prusse est, comme on snit, souverain, Le gouverneinent doit se retirer ,eevant Ie radicalisme, et l s'tablit sier-le-chanip un gotivernement provisoire , que Ie direetoire fdral reconnoit irn mdiaternent. 2. La tentative que Ie roi de Naples a faite , pour oprer une reconciliation entre le royaume de Naples et la Sicile T eehoae , et son ministre est contraint de se retirer deviant les prtentions exclusives des Siciliens. Le roi Ferdinand leur avoit cependant accord, que la Sicile seroit dsorrais gouverne par un vice-roi et par un parlement, compos d'une chatltbre des pairs et d'une chambre des dputs entirerement siciliennes. Manifeste de la politique du gouvernement franrais dans ses relations extrieures. II promet

Ie unaintien du statu quo, la paix

avec l'Europe , l'invioiabilit des territoires, les traits de 18l 5 abolis en droit , respects en fait.

Le roi de Wurtemberg, Ie

grand-duc de Bade, Ie gouvernerruent du duch de Nassau et pen aprs Ie dus de HesseDaransta.dt et le snat de Franc-fort proclament la libert de la presse. L'Allemagne, par suite des vnements de France, est en proie a une vive agitation ; on se soulve partout et les prinses pour prvenir de graves excs , s'empressent d'accorder a leurs peuples les rformes qu'ils rclannent. Le roi de Prusse lui-mme dclare qu'il accdra incessamment a. toutes

,

les demandes faites par la dernire dite gnrale. A Cassel, Brunswich, en Safe, Hambourg , on cherche a rsister l'entrainecnent gnral.

Dcret pour I'lection de i'Assemble nationale constituan.te et proelamation du suffrage universel en France. Le nombre des reprsentants lire est de neef cents y compris Ies colonies. Est lecteur tout francais g de vinkt et tin ans, et ligible ving-einq..011 votera par scrutin de liste , au chef-lieu de canton. Les lections auront.lieu le, 23 aviil, et 1' Assemble nationale s'ouvrirat Ie 4 mai.

Promui ation de la constitu

-4.~

tion sarde. Cette constitution est modele sur l'ancienne charte francaise, avec quelques diffrences en des points accessoires. La souverainet est exerce par le roi, le snat et la ehambre des dputs. -- Les snateurs sont la nomination du roi, qui les choisit dans eertaines catgories. Tous les

-

citoyevs sont gaux devant la loi. -- La presse est compltenient affranchie, etc.

6. Munich , ta capitale de la Bavire est Ie thtre de graves dsordres. Le roi les apaise en accdant aux veeux exprims par la population en armes. La nouvelle chambre dont la runion a t recule au 31 mai est convoque pour le 16 de ce mois, et le roi Louis promet de soumettre ses dlibrations des projets de loi avant pour objet la responsabilit constitutionnelle des ministres, l'entire libert de la presse, de modifier Ie systme des lections, la publicit des dbats judiciaires et l'institution da jury, etc.. En attendant, la censure est abolie. 7. La loi martiale qui a t proclame, la suite de nouveaux troubles, est mise en vigueur Milan. 13, 14 et 15. Le mouvement iimprim'a 1'Europe par la nouveile rvolution frai&c,tise, entraine aussi l'Autriclie, l'inimobile Autriche, dans la voie des rformes. Des rassemblements considrables ont tien et 1'agitation est extrme dans la eapitale. Partout on signe et on prsente des ptitions. L'empereur ne cdant pas , la popula

tion tont entire, tudiants et bourgeois , se soulve et va assiger les arsenaux. Elle se porte ensuite sur la maison de campagne du prince Metternich qu'elle dtruit , et de le la chancellerie d'Etat, Le palais de la Chambre des Etats est dvast. Les tudiants et les bourgeois haaranguent le peuple et fraternisent avec lui ; les chemins de fer sont hriss, et la ville retentit partout des cris de : La constitution et la libert de la presse. La troupe diff

rentes- reprises fait feu sur les groupes. Le lendemain, tous les tudiants sont en armes, et une nouvelle collision a lieu entr'eux et la troupe , collision pendant laquelle il y a encore beaiicoup de sang rpandu. Les bourgeois restent maitres de la ville. Alors l'empereur dcrte l'organisation de la garde nationale et accorde la libert immdiate de la presse ; mais le peuple n'tant pas encore satis fait , il promet de plus de hater la runion des dites et de promulguer au plus tot une constitution. Ces concessions calment I'agitation et Ferdinand est pen aprs promen en triomphe dans Vienne et salu du titre d'empereur constitutionnel. .,. Les diffreiites parties de la monarchie obtiennent aussi des rformes et entr'autres la Hon_ grie, dont la sparation politique et administrative est accorde. L'archiduc Etienne en est nomm vice-roi. Le prince de Metternich , eet homme d'E-tat clbre qui gouvernoit l'empire depuis 39 ans , est obligo

^...+. ^ ....ter

de donner. net dmission et de s'enfuir i il se retire en Angle

terre.

Le roi de Prusse , averti par

quelques symptnnes de d

sordres dans sa capitale, publie

une proclamation, ou il annonce

qu'il s'est entendu avec 1'Au

triche pour runir sans retard

Dresde les confdrs alle.

iiiands, et examiner en commun

tout ce qu'exige Ie bien de 1'A1

leniagne dans les circonstances

actuelles. II prc.&niet en quelque

sorte la rgi .ration de la conf

.dration gersnanique et con

voque ses Etats en Dite runie

pour le 27 avtil.

15. Le roi de Prusse, sous Ie coup desvnemens de Vienne, adresse une seconde proclarrnation son peuple, dans laquelle il fait un appel l'unit de l'Allemagne.11 deinande hautenient que l'Allemagne cesse d'tre une fdra tion d'Etats et devienne un Etat fdral ; qu'elle ait na reprsen ta tion fdrale, un systme gneral d'armetuent, arn-.e fdrale, drapeau fdral, etc. ; il promet qu'!1 travaillera de tuutes ses forces la ralisa tion de ses intentions auprs des confdrs allemands qui vont se runir a Dresde. lais pendant que Frdric-Guillaume prend cettegrave dternniination les troubles recommencent Berlin, plus srieux et plus menacants. La conduite brutale des soldats exaspre violen.nient la po1 .ulation. On forme des bariicades et les troupes en voulant les detruire ou disperser les ras serubler.ieiits, sant assaillies par urne grle de pierres. Les jours

suivants , l'agitation populaire

va sans cesse croissant.

La constitution, prornise. par

,Sa Sai n tet Ie Pape Pie IX , est

publie'a la suite de deux con

sistoires , dans lesduels les

meinbres du sacr Col lge ont

etc appels donner leur avis

sur eet acte si important. Elle

est accueillie par les Romains

avec joie et enthousiasme. ---

Cette constitution fait -du Sacr-

Collge le snat indispensable

du Souverain-Pontife, et elle at.,

tribue le vote des lois dont l'i:ni-.

.tiative apparti.ent aux ministres

et aussi aux csnseils et la sant

tion au Pape,' deux conseils d

librants , le naut-conseil et le

conseil des dputs , le premier

compos de mem-bres vie nom

ms par le Pape, l'autre form

par lections. --- Elledonnel'ad.

ministration communale e-t pro.

vinciale aux citoyens ; elie d

crte 1'indpendance de I'o..rdre

judiciaire, fait de la garde ei

vique une institution de 1'Etat,

recunnoit la libert personnelle,

1'inviolabilitd du droit de pro

prit et la proprit litteraire,

garantit la dettepublique,metles

iuipts la charge de tous,a,bolit

la eensure prventive actuelle,

administrative ou politique. Le Pape s'y reserve tout jamais une somme de 600,000 cus et 13,000 cus de rentes, pour son entretien, celui du Sacr -Collge , le corps diplomatique, etc.

17. Le roi desBays-Bas vient spontanment au-devant des voe .ux de l'opinion publique; il dclare qu'il est dispos a apporter la .Loi fondamentale exis.6-

tante tous lea changements qui seroient jugs ncessaires au bien-tre du paps , et nomme unecomnmission quiesten mrne temps charge de lui prsenter un projet de loi fundamentdle et de lui faire connoitre ses vues relativement la comnposition d'un nouveau nninistre , le ca. binet actuel tant en dmission. La commission,dans son travail, doit prendre en considration les veeux exprims par la seconde Charnbre des Etats-Gnrau x.

18. Une insurrection formidable clate Berlin, au moment meme ou le roi cde au to! rent qui menace de l'emportcr. Le parlement qu'il avoit convoqu dans deux niois, il le convoquoit dans quinzejours ; al .olition de la censure, libert de la presse, il accordoit tout. Dans le dcret qu'il publioit , il invoquoit encore l'unit de la patrie allemande ; le parlement prussien ce n'toit plus asset , c'toit un parlement germanique qu'il convoquoit. Le peuple , au conlble de la joie, se porte en masse vers le paleis pour tmoigner sa reconnoissance au roi. Le roi paruit au balton, il est accueilli avec enthousiasme. Au milieu des dmonstrations populaires , quelques clameurs hostiles sont pousses contre la troupe range devant le palais; des dragons viennent prendre position sur la place et tout-coup la cavalerie chargela foule a coups de sabre et l'infantcrie fait feu. Les Gris : 4ux armes ! u la Irahison ! retentissent de toutes Aarts. Le peuple se disperse dans toutes les directions , parcourt Je rues et toute la ville se soulve. Partout s'lvent des barricades; bientt toutes les rues sont dpaves. Un combat s'engage entre les bourgeois et les soldats. Le canon tonne, les hou Iets, la inutraille volent de tous cots. Toute la bourgeoisie, tous les habitants prennent part la latte et la troupe est partout tenue en echec. Du Naut des maisons pleuvent sur elle des tuiles et des pierres ; des feux bien nourris re1pondent son artillerie, sesfeux depeloton.Le com. bat dure ainsi toute la nuit jus-qu'au lendemain; il ne cesse que lorsque le roi, voyant son trne chanceler, ordonne aux troupes d'vacuer la ville, et promet avee une ainnistje complte une constitution sur les bases les plus larges. Jamais on ne vit dans 1a mcrne sitnation pareil

acharnement ; le nombre des

victimes peut en dunner une

idee; du ct des bourgeois , il

s'lve detix cents morts, etdu

cot de la troupe, plus de mille.

Tuut le mini tre est chang.

La Lonibardie profite des cir

constances pour secouer le jouli

autrnchien. L'insurreetion com-

Faience Milan. Le peuple sc

porte au palais du gouverner

went , qui est surpris , envahi ,

einport, et ensuite au palais dc

la hokte, qui estgaleirient cm

port sans rsistance. Om d

pavel, on barricade les rues. Les

troupes ne se nlontroient pai

encore; ce n'est que vers la nut

que le tuinbat s'engage vrita.

blement avee elles. Le canoi ,

tonne pendant teute la nuit. L;

-7-

combat recommence le lendemain avec une nouvelle fureur et toutelajourneeeen'estqu'un long et horrible carnage. Les femmes memes prennent part a la Iutte, Les autrichiens, deciroes par le fer, Ie feu, les projectiles de toutes snrtes , se retirent dans les forts, et de la its se rnettent abomharder la ville pendant plusieurs heures, Bientot toute la campagne aux environs de Milan prend les armes et vient se joindre aux lUilanais. Plaisance, Corne , Reggio, Padoue.Verone, ~Iant()ue, Venise, Lodi, Cremone, se soulevent, A Parme les habitants en viennen t aux mains avec fa garnison (I utrichienne, ils restent vainqueurs et leur due prend la fuite, Le due de }Iodene egalement Partout on poursnit Ies Autri.. chiens avec acharnement. Le eonseil municipal du l\tIiIan St' constitue en gouvernement provisoire pour toute la Lombardie,

20. Le Hanovre ne resle pas en arriere, Tous les ministres donnen t leur demission et Ie roi prornet au peuple une revision de la Loi fondameruale et une loi sur la responsalrilite ministerielle. La Saxe a laliherte de la ~lres~e ainsi que les duehes de Schleswig et Holstein et autres Etats de l'AlIemagne.

te roi de Baviere Louis I, abdique en faveur de son fils, le prince royal, qui lui succede sous le nom de ~Jaxitnilien II. Le roi Louis est age de 61 1/2 ans ; il avoit pris la couronne, le 13 octobre 182a, et a pilf consequent regn~ 2~ (\JlS et amois,

Le nouveau roi, Maximilien 11, est ne Ie 28 novembre 1811. Il a apouse, Ie 12 octobre 1842, la prineesse Marie de Prusse.

22. Le comite, charge par la diete suisse de la revision du pacte federal, decide qu'il y aura un conseil de representants elus par le penple , nne diete representant les viogt. deux can tons, un conseiI et un tribunal federal. 2~. Le roi de Sardaigne, Charles-Albert, appeld par les insurges de la Lombardie, vient avec une arrnee oecuper Pavie et envoye son avant-garde au secours de Milan, Les troupes autrichiennes evaeuent cetto ville a I'improviste , esperan t echapper par une prorupte re

. traite ala vengeance et aux represailles de Ia population; mais les ~Iilanais, que Ie bornbardement de la ville a exasperes, et dont l'arrivee des auxiIiair-es piemontais a redouble I'elan , attaquent avec fureur les Autrichiens et en font, dit00, nne veritable boucherie, Les Autrichiens aband.mnen t egalement les autres villes et se retirent derriere i'Adela. Le grHnd-duc de Toseane comme Charles-Albert, ~e reunit nux Milanais. Toute la Lorubardie est en armes.

Venise fait sa revolution sans effusion du sang. Delivree des Autrichiens , elle se donne un gouvernemen t provisoire qui proclame la repuhlique.

24. Le duches allemands de Schleswig et du Holstein apprenant qu'un mouveruent s'est fait aCopenhague, pour les con`^ g M

traindre a se fondre dans l'unit 26. Un mouvement du caracde la monarchie danoise, pro-tre le plus grave clate Maclament un gouvernement pro-drid. Au couclier dusoleil, aprs visoire, arborent le drapeau aux une,journe passe dans une excouleursallemandes, et s'arment trente agitation, (les band esarpour s'assurer une existence mes sr- rpandent par tc .ute la

indpendante et (ompltement viile. lvent des barricades et spare de celle du Dasiemarck. engagent une vive fusillade avec

Contre-rvolutic, n P.^rwe et la troupe. C'est avec beaucoup nouvelle rvulution de Modne. de peine que !'infanterie et la Le duc de Parure rentre dans cavalerie runies parviennent ses Etats et public une constitu comprirner vette insurrec tion.

-

tion tuut--fait librale. La rille La ville est rnise erna-tat de sige. de Plaisance qui forma jadis un @31. L'assetnble des Etats duch spar de celui de Prrrme, Franefort, dcrte que tous les ne vent pas adherer au mouve' peuples alleinands auront d

ment de la capitale et se dclare sorrnais un eenre d'unit , le indpendante. A Modrte , le parlement de Franefort, fruit de conseil de rgenee qui gouverne 1 lection. A chacun des Etats depuis le dpart du ducest ren-actuels il sera accord nu re

verse et ii s'tablit un gouver-prs(,ntantpar soixante.dix mille nenbent provisoire q].li a faire

mes de population , et duand nzme un representant aux prin

procder I'lectio .n d'une ascipauts quine possden t pas ufl

sennble nationale. 5. Le parlement sicilien est nombre d'habrtants gala ce ouvert Palerre avec une

chiffr-e. L'assemble sera airisi grande solennit ; les deux d'environ cinq cents meu,bres. chambres sont en rrrme temps Partout dans la confdration constitues. Le rui de Naples re-germnanique, on profeste (ontre

lei prterntions du roi de Prusse,

fuse toujoursd'accepter les conditions que les siciliens roettent rela ti v es la fondation de I'u leur soumission.

nit alleniande.

BREF DE S, S. LE PAPE PIE IX.

A S. EXC. MG E. FOIINAItI , NO`vCE APOSTOLIQUE EN FRANCE , AU SUJET DES AFFAIRES ECCLESIASTIQUES DE CE PAYS .

diocre consolation d'apprendre par

-

Ce n'a pas t pour nous une m

tos lettr es an cardinal Notr e secrtaire ri Etat, que le f dele peuple de Trance, dans 1s vr,ernents de la dernire r-votution , a gnralemetit donn des tlnoigtlages de vnration et de d\oucment engers Notre trrs -saircte religtorn et ie clerg. La foie de Notre coeur n'a pas t moins grarnde, quard Nous avons su que ie clerg, e scuvcnantde sa vocation et de sot2 ministre, s'toit appliqu de toures ses fop ces concourir au maintien dc la trar gcailiit publique et empcher 1'cfl'u

.9 ^-

sion de sarig .Ds que notis avous recu ces nouvelles, nous nous sommes empress de rendre Dieu , dans 1 humilit de Notre coeur, les plus vives actions de graees. Il Nous a t trs-agrable aussi, Vnrable Frre , d'apprendre par ces mmes lettres avec quelle prudence et quelle sagesse voos avez rpondu ces criv ains qui, voulant dfendre la libert de l'Eglise sous le regime nouveau de la France, auroient dsir discuter, dans les feuillespubliques,de trs-giavesquestions qui appartiennent unigliemei t a Notre suprrne autorit et au jugement de ce Sige apostolique. Les souverains Pontifes, qui ont t divinement commis le soin et la sollicitude de toutes les Eglises, ti'ot t jamais nalig de se montrer, selon les besoins des temps, les constants appuis de la liber't de 1'Eglise en France, et delutter contre les efforts de ceux qui 1'y menacoient de quelque atteinte. C'est ainsi que Notre Prdcesseur, Pie VII d'heureuse mmoire, aus^itt que les rticles organiques eurent t promulgus, lescondamna vaillamment avec la libert et le courage a postoliques dans tolut ce qu'ils contenoient de contraire la doctrine et aux lois de l'Eglise : c'est ainsi que ce mme Pontife et Nos autres prdcesseurs ernployrent tout Ie zle et

tous leurs tfrts assurer la libert de 1'Eglise et le bien spirituel de la France.

Du reste, la discipline canonique, qui est actuellement en vigueur dans les glises de France, ainsi que l'organisation des choses ecclsiastiques dans ce pays, ne penvent tre changs par quelque per.. sonne que ce soit, si ce n'est par le souverain Pontrfe, car nul autre que lui n'a une autorit universelle sur foutes les glises piscopales et mtropolitaines de cette nation francaise; nul autre qu'a lui il ne peut tre permis de statuer sur les choses qui tienneet la discipline generale de t'Eglise, ou de droger ce qui a t corifirm par ce Sige apostolique. Quant ce qui regarde les reverius destins aux culte Bivin et aux ministres sacrs, personne n'ignore que cette espce de dotation n'est qu'une compensation bien faible des iminenses Diens de l'Eglise (Iui furent alins dans ce pays au temps malheureux de I'ancienne rvolution. Renoneer cette dotatiorn, ce seroit gieter la religion ellerrrne dans un grand danger car ce seroit enlever au clerg les ressources qui lui sopt indispensables pour exister et se noutrir, attendu que dans plusieurs viltes et deins la plupart des pctites localits de France, la pauvret des populations est telle, gli'rl leur seroit pen prs irupossible de venir au secuurs de l'Eglise et de ses ministres. C'est pour vela que plusieurs ' ques out dj3 tart de peiue h conserver leurs pet ts srnirraires, ou qu'ils se trouvent dans l'impuissance d'en (onder de nouveaux, malgr le dsir et l'extrrne besom qu'ils en auroient pour tendre l'ducation de leur jeune clerg et augmenter le nombre de leurs prtres. Il seroit douc extrmesnent craindre que la pauvret du clerg, doet les gli^es de Frauce out dj trog souffrir, ne fit encore que s'ar.croitre au ;rand dtrirnent de la religion et des acnes. Quoique dans les Etats-Tuis d'Amriq're, la foi catholic ue, avec l'aide de Dicu, fasse chaque jour de nouveaux

:_ 10 -

progrs, elle y eut toutefoisproduit des frults biera plusabondants, s'il avoit exist dans ces contres un clerg indigene en rapport avec la multitudedes populations et leurs besoins spirituele : or, ce qui cm-peche Ie clerg d'y tre aussi nombreux qu'il le faudroit encore, c'est prcisement te rna nque de ressources opportune. et si^isarites.

Voil ce que Nous avons cru devoir voos crire, Vnrable Frt'e; vous en pourrez donner communication , selon que dans votre prudence et devant le Seigneur vous le jugerez opportun. En vous adressant les loges si bien mrits par ia man:re distingue dont voos rernplissez vos minentes fonotions, Nous avons la confiance que nous contirruercz avec la mrne prudente , le mme zle et la me*me sagesse, avertir et exhorter particu.ilirement les ceelsiasticquies pour qu'ils considrent srrieusernerit que I'Eglise, ainsi que Ie disoit trs-sagemeut Notre prd(.esseur saint Innocent Ier, ne change pas

,

salon la mobilit des choses hurnaines, et en consqueuce, pour qu'ils prennent bierr garde qu'un z!e trop ardent ne les entraine des dmarches prcil>ites qui pourroient tre un malheur poer l'Eglise, et pour Nous an sujet d'afliiction. Fidle aux illustres exemples de Nos Prdccsseurs et aux devoirs de Notre suprrne apostolat, Nous ne manquerons point, selon le temps et l'tat des choses, de prendre toutes les nmesures que nous reconnoitrons devant Dien devoir tre les plus utiles la suret de I'Eglise et au salut spirituel de cette nation.

Nous ne doutons nulleruent que Nos Vnrables Frres, les vques de France, de qui Nous avons recu tapt et de si clatans tmoignages de vnration et d'at tachement eivers Nous et envers cette c.haire de saint Pierre; que 1'itlu'tre clerg de nette nation, que ce peuple fidle qui s'est toejours monti d animd d'une amour particulier pour la religiou catholiquc, tje veuillent tous, avec un nouveau zle , concourir par leur conduite faire briller de plus en plus Ie culte et la splendeur de cette ti 3-.sainte religion. Rece:ez enfin comme gage de Notre bienveillance toute particulire envers vous , vnrable Frre, la bndiction apostolique qui vicnt du ford de Notre coeur et que Nous vous donnons avec la paus tendre affectinn.

Dunne Rome, pres de Sainte-Marie-Majeure, le i8 mars 1848, la seconde anne de Notre Pontificat. PIE rx, Pape.

LETTRE DE W. LE NONCE APOSTOLIQUE

A NN. SS. LES ARCHEVQUES ET E QUES DE FItANCE.

cc Monseigneur,

Noire tFs-Saint-Pre Ie Pape Pie IX a daign rn'honorer_d'une lettie, que je cross bon de faire conrioitre Vore Grandeur, en lui adressant la copie ci-j:uinte. J'ai hen de penset, Monseigneur, que voos recevrez avec reconnoissance cette coinniuriication, et que vous sercz profondment touch en voyant avec quelle satisfaction rotre been-aim souverain Pontife se plaat relever tous les titres que 1'pis

II

copat et Ie clerg en France ont sa particulire bienveillance. Vous remarquerez atissi, Monseigneur, dans cette ad .nirable lcttre a-postolique, avec quelle sollicitude il a les yeus fixs snr les grands intrts de la religiou et de 1'Eglise en France! Nous pouvons, nous devons tre assurs que son grand coeur tic lui fera par dfaut. Prions dons, avec confiance , notre Seigneur Jsus-Christ , dont il est le Vicaire sur la serre, de nous le conse{ver de longnes ann.es, et dc bnir et de cofsornnier, pour le kien de l'Eglise, tont ce que les nouvelles circonstances pourront suggrer 'a sa haute sagesse !

n Vciiil lel agrer, Monseigneur, l'assurance du profoud respect, avec lequel j'a-i 1'hcnn.eur d'e'tre, etc.

DU MUTISME DE L'HOMME NE SOURD

ET DE LA VALEUR DE CE PHNOMNE EN PIIILOSOPHIE.

Qi1ATRIEME DISSERTATION. ( Vozr les livraisons 163, 165, 167 du T. xl v. )

DES CONNOISSAP CES INTELLECTUELLES ET MOI.tALES DES SOURDS-MUETS.

Nous avons commeuc par exaniiner, d'ou vient que le sound de naissance ne parle pas , c'est-dire, d'ou vient qu'il n'a pas le langage des Bons articuls; et nous avons montr que cela vient uniquement de ce que Ie sourd n'a pas l'zde du son. 11 est moet, avons-nous dit, non point dfaut d'instruction , mais dfaut d'organe.

Nous avons drnontr ensuite que le mutisme ne consiste pas

dans la privation de tout langage, mais sirnplement et exclusiv.e..

ment dans celle du lapgage des sons ; nous avons prouv, disons

nous, que si le sourd ne se sert pas de I'organe de la voix, pour

former des signes qui s'adressent a I'ou e de ses semblables, il

fait un usage admirable de ses mains , de ses yeux , de sa physiu

nomie, pour former des signes qui s'adressent aux autres sens, et

surtout la vue.

En troisime lieu, nous avons compar Ie langage naturel du

sourd-niuet avec le langage artificiel de la socit ; et il est r

sult de cette comparaison, que ces deux lapgages sent les mrnes

ars fond. Ce qui dtruit Ie principe de la philosophie extrioriste ,

que l'hornrne ne parle point .sans entendre parler.

11 faut rnaintenaut examiner yin autre argument que cette philosophie tire de l'tat d'inlriorit de l'honline n sourd. On pre. tend que les individus, sujets cette inf rmit, ne pouvant profi. ter des lumires rpandues dans la socit , vgtent dans u .ne

...... 12

ignorante absolue, et que sous ce rapport ils ressemblent l'en. fant qui vient de natre , 'a l'homme squestr ou 'a l'hoinme sau. . vage. On ne traint pas mme de les rnettre sur une mme ligree avec la brute. C'est la conclusion que M. l'abb Montaigne tire de ses recherches sur les connoissances intellectuelles des sourdsunuets. On auroit souhait, dit-il la fin de sa brochure, trouver ici quelques details sur la conduite ti tenir envers les sourdsmuets par rapport aux lois civiles et criininelies; mais l'exaren de cette question nous carteroit de notre but. D'ailleurs, les principes que nous avons poses, dolvent sufre poer tirer les consequences nccssaires..Un tre qui n'a aucune connoissance intellectuelle, qui ignore toute espce de loi, est sans cuntredit inca.pable de faire tuut contrat dans lequel il entre quelque ide morale. Ainsi, loin de pouvoir agir par lui-nie'tite, il auroit besoin d'etre en tutelle toute sa vie. S'il cornmet des dsordres, on peut le chtier, comme on ch tie l'anii,tal qu'on veut dresser ei plier l'o

bissance i s'il devienl danyereux , on peut l'en fermer, comme on en ferme un insens puur l'empcher de nuire; nzais jamais il wze sera permis de le puni"comme on punzroit un tre moral (1). M. le

professeur Ubaghs juge sans doute les sourds-muets aussi svrement que i .l. l'abb Montaigne ; car c'est lui-uime qui reproduit l'ouvrage de l'crivain frai cais, en y ajoutant une prface qu'il u signe, et il le reproduit saus observation sur le passage que nous venons de cittr. Telle paroit aussi etre 1'opinion du R. P. Lacordaire ; et dans une des confrences qu'il prononce dans ce nzonment Notre-Dame de Paris, il s'est exprini l-dessus de la manire la inuins quivoque. A la fin du sicle dernier , dit-il, un pretre fut viveii,ent frapp du triste tat intellectuel , moral et social des suurds-muets ; pouss par une plus noble ardeur que celle de Colou.b , il chercha Ie nioyen de faire parvenir la lu-

Ynire de Dieu dans ces ames doublement'infortunes. 11 s'assura en effet, aprs avoir invent les signes de communication avec ces pauvres esprits , que , privs d'enseigneinent, ils taient rduits a l'tat purenzerLto'gan!que et animal (2).

(i) Recherchees sur les connoissances zntellectuelles - des sourds-muets , considrs par rapport a l'admiuistration des sacremens, par M. l'abb Montaigne, ancien aumnier de Pinstitut royal des sourds-muets de Paris; suivies d'un recueil de pices relatives al'tat intellectuel des sourds-muets, des suurds-misets aveugles et des homines qui ot vcu dans l'isolement. Louvain1847, in-8o de 220 p., ion ouvrage de la Bibliothque historique,

philosophique ei iitiraire.

(2) Voir l'Ami de lareligion N 4514p. 3. Le P. Lacordaire s'est exprim d'une manire plus forte encore dans la conference qu'il a prononce Lige, le dirnanche de Pques t 847. L'homme sans instrtsction, selon lui ti est mme au-dessous de l'animal, 13 _...

Ce n'est donc pas une exagration que nous mettons gratuitement sur le corrupte de nos adversaires, et il est trs-vrai qu'ils con. fondent le sourd-muet non instru i t avee; la brute. Leurs preuves se tirent de quelques passages d'^.uteurs , de quelques histoires particulires; et nous ne voyons pas que leurs recherches se soient tendues au-del de l'autorit de certains instituteurs de sourds-niuets, et de l'exemple qu'ils pensent avuir trouv chez un certain nornbre d'enfaris. Il est arriv l'abb de I'Epe et l'abb Sicard, de nirnc qu'a d'autres perronnes qui se sont occupes de ('ducation des sourds-fnuets, de s'apitoyer sur le sort de ces nialheureux, afin d'intresser le public en leur faveur et de mieux faire sentir le prix de l'instruction qu'on leur donne aujourd'hui ; et dans ces occasions, la vrit se trouve parfois un peu outre, et 1'tat des sourds-muets nous apparoit pire qu'iI n'est relleinent. Ces passages, dans les livres dont il s'agit, netirent pas consquence, parce que l'exagration se corrige par d'autres passages, ou les facults naturelles des sourds-muets sont liiieux apl)reies. Par exeinple, si d'un ct l'abb Sicard les rduit en quelque sorte ii la condition des btes, d'un autre ct ii iie craint pas de soutnir que , s'il y avoit quelque part nu peuple de sourds-nnuets , ce peuple pourroit avoir sa langrue de

Lignes et ses inceurs peu prs comme nous(1) : deux assertions absolurnent contraires , et qui se neutralisent ou se balancent I'une l'autre. Quant aux enfa ns sounds-rnuets, qu'on a interrogs aprs leur instructivci , pour savoir d'eux quelles toient leurs nonnoissances avant leur admnission 'a l'cole , nous renmarquons ,d'abord que leurs rponses lont loin de concorder ; et consqueni. eient, on ne pourroit sans tsnrit en tirer des conclusions gnrales. Mais nous montreroris en outre que ces faits sont aussi pen surs, aussi futiles , que les exeinples des homines sauvages qui hoos ont t cits.

Du reste, nous Ie rptons, telle est la mthode des philosophes exterioyristes dans Bette rnatire, et nous ne connoissons pas d'autres argutnens cie leur part. Si vette mthode toit aussi la ntre, nous nous l)ornerions Opposer des auteurs des auteurs, des citations des citations , des exemlples 4 des exempies ; et dans ce cas, il s'agiroit siwpleinent de peser les autorits. Mais

( .) INC pourroit-il pas exister , dit Sicard, tont un peuple de sourdsrnuets? Eh bient croit-ou que les individus y fussent dgrads, qu'ils fussent sans corumunication et sans intelligence? Ils auroieut, n'en doutons pas, une laugue de signes et peet-etre une langue, plus riche que la netre... Elle seroit du moins sans quivoque, la fidle peinture des affeetions de 1'me; et ds-lors pourgicoi ne seroient ils pas civiliss? Pourquoi n'auroient-ils pas des lois7 un gouvernement, irno polig!, eb. ? n

To ri e iP. 3,

._._ 1.4 --~

nous ne saurions croire que felle soit la RHission exclusive de Ja

philosophie, et il nous semrbie qu'il nous faut pntrer plus- avant

et interroger la nature sur d'autres faits, sur d'autres phnomnes.

L'homrne n sourd est un tre disgraci, comme l'est celui que 1e sort condannne vivre hors de la socit , eest un premier fait que nous avons a constater : et it s'agit de voir jusqu'ou s'tend cette disgrce, en quoi elle consiste, d'ou' elle, mane, quels ob. tacles elle oppose ltexercice des facults rnorales. lei nous verrons de nouveau comment l'homme dpend de son organisation et quel point la privation d'un seal de nos cinq sens peut eutraver la raison.

Mais le sourd de naissance, s'il n'est pas cn mme temps idiot, ne l.aisse pas de se montrer homme, et Ie parti gii'il tire des q uatce sens qui lui restent, nous fournit la preuve que ses facults intellectuelles et morsles sont loin d'tre aussi endorrnies qu'on le }prtend. C'est le second point de notre examen, et Ie lecteur voit par l comment se divise la portie de notre travail que nous entamons aujourd'hui.

Ines obstacles rels qui ent navent les facults intellectuelles et moral es du sourd-muet.

L'en:ant ne sourcl, vit dans une sorte d'isolement ; eest son premier dsavantage. 11 se cre une langue de signes ; mais cette langree, par les lments dont elle se coinpose, est neoins propre que la langue des sons articuls, au dveloppement de 1'intelligence. C'est son second dsav antage ; et de l son infriorit , comme tre moral.

1. L'isoleruent du sourd-muet est une close qui se coneoit rans explicatinn; eest un fait dopt nous Bommes tmoins et t+ouji .uurs subsistant. Les cornmunications sociales avant presque exclusivement lieu dans une langue qu'il lui est impossible de saisir, il demeure ncessairement tranger ces comrnunications, et il en de-vine tont au plus quelque chose par les actions dont ii remarque qu'elles sont suivies. La privation de l'one le prive clone en mme temps des bienfaits de l'enseignement ; et pour apprendre, il faut qu'il soit Bon maaitre lui-mme. L'exprience des sicles est mulle pour lui ; il ignore ce qui s'est dit, ce qui s'est fait avant lui ; il ne profite pas-des lumires et des dcouvertes de:, hammes qui l'ont prcd ; et la socit au milieu de laquelle il se trouve jet, ne commence pour ainsi dire qu' lui. Sa science est ncessairement aussi borne que sa vie ; eest lui-m nne qui en pose ie premier fondement; et quel que soit le nombre des annes qu'il passe sur cette terre, il n'a pas le temps d'elever 1'difice eertaine hauteur. Son isolement nest pas absolu sans doute. 11 vit au milieu de la

socit, il voit les hoinmes se mouvoi.r et 8giri ma$. il les ooit. sans les cotaprendre gnralement. lis out des signes qui ne sont pas sensibles pour lui , lignes par lesquels ik s'avertis,ient nnutuelie-Jnent, s'instruisent et s'interrogent. En sorte giie, si Ie sound-nnuet `it physiquernent d'une vie commune avec eux, il ne preud pour ainsi dire pas de part la vie intellectuelle qui est l'a'me de la socit? 11 ne trouve ni 1'occasion d'exercer sa mrnoire et de faire des rapprochenients , ni celle par consgrtent d'apprendre et de Juger. Ses facults, bien luie do se dvelopper, ne trouvent pas toujours se manife^ ter.

Telle est I'influence qiie Ie nranque d'un scul organe exerce sur la vie du sourd-muet.; et coinme vette observatit .n ne semble prsenter aucurie diflicult, il sera inutile de l'tendre da.vantage.

11. Mais si Ie sourd-rnuet est naturellernent eelu du lapgage conventionnel et des communications ordinaires de la socit, it ne tarde pas ehereher un rea&de tin si grand mal et crer un langage son usage particulier. Ce fait, qui n'est pas contest, estdj la rfutation de ceux qui ne craignent pas dele coinparerr la brute;etc'estce que nous inontrerons un autre jour en dtail. Car l'existence d'un langage, au moyen daquel un tre est susceptible d'instruction, prouve par elle-mme que vet etre pussde dj un certain degr d'intel[igence et de raison. Que peut-onlui coiurn iniquer du dehors, si ce n'est au , moyeu de son pretpre langage? En entendroit-il un autre? Il est evident que la chose seruit impussible. Atissi quand des homines de gnie entreprirent d'instruire le sourd-muet, durent-ils commencer par tudier les signes qu'il avoit invents et l'usage qu'il en faisoit. ' On ne pouvoit, dit M. Degrando, initier les sourds-muets ['usage de nos langups, sans avoir un premier moyen de se faire enteudre d'eux, et de re-faire, pourainsi dire, avec eux les conventions dont nos mots ti-rent leur valeer. Ce moyen se prsenta dans les signes que la nature avoitdo.nni s au sourd, et ceux qu'il avoit su se crerlui nime. Ce systtne de signes toit un langage d'action qui servoit'a iruiter les formes, les mouvemens des objets sensibles, ou rreiller du inoius leurs ides, en reproduisant quelques-unes des circonstances qui leur avoient t associes par 1'habitude. Le seul instinet du besuin, dirig par les indications de l'aualogie, avuit conduit les sourds-rnuets doneer, dans leur cornrnerce nrutuel , un asset grand dvelophernent ce langage d'action. Il fallua dope d'abord e'tudier l'usage qu'ils en faisoient. Danv celfa srnguli.re ducation le mailre commenxt par re disciple, et il dut recevoir les signes de son lve, avant de pelser lui transrnelfre sa propre Zangzee (l).

(i)Des signes et de tart de pensee co^csidrs duxs leur& rapport* mutuels, par Jh. M. Degrando. Paris au vi:', 4 vol. in-8. Voy. vol. Iv p. p.

452. et suiv. Pour mieux comprendre cette observation , il faut savoir que 'instrument au tnoyen duquel on introduit les sourd-muets dans nos langues conventionnelles, c'cst l'criiure. Or les caractres de 1'crituare n'ont "paste moindre rapport avec les ides qu'ils representent. Entre le noot crit cheval et l'animal appel cheval, il n'est point de ressernblance; et ii est vident qu'en voyant le premier, le sourd-muet ne pourroit, de lui-mEiie, songer au seeond. I1 faut done, pour qu'il comprenne les signes de l'criture, que ces signes soient traduits dans son langage d'action. Et par consequent ce dernier langage doit pouvoir exprimer tuut indistinetement; sans quoi Ie sourd-niuet ne pourroit pas connoitre la valeur de tous les niots crits. On peut none le rp.ter ici en passant, si le sourd-muet possde un langage de cette nature avant foute instruction, il est necessairenient un tre intelligent et rno ral, et il est iYnpossibte qu'il ressemble a la brute.

Mais cela n'empche pas que ce langage ne soit trs-irnparfait sous plusieurs rapports. 11 peint mieux que Ie langage des scans, il est plus facile comprendre, il est d un usage univfrsel, et nu peut s'en servir chez tous les peuples du monde. Mais il est moins propre que le langage des suns exprimer les ides abstraites moins utile la rflexion`, la comparaison, s la mditation. Ma Degrando expose trs-bien cette diflrence, et iI est ncessaire de Ie suivre dans ce paralile, si nous voulons bien saisir la question qui nous occupe.

II fait observer que Ie langage d'action est beaucoup p'us favorable au dveloppement de l'imagination, qu'au progrs des facnite mditatives. Dans ce lapgage , il n'y a pas un signe qui ne soit compos ; car fout geste nous prsente ncessairement ou une forine, ou une dimension, ou un inouvenient, et chacune de ces trois choses est une sensaton connpose de plusieurs autres. De plus , le langage d'action a encore ceta de particulier , qu'il runit souvent plusieurs signes pour dcrire un seul ob jet ; un signe unique seroit rarement assez expressif, parce qu'il ne retraceroit qu'une idee generale. On peut s'en assurer, en observant les sourdsnuuets , lorsqu'ils veulent nous faire quelque rcit. II rsulte de l'a, qu'en agissant sur l'ihnagnation, Ie langage d'action doit surtout lui doneer ce caractre d'nergie, qui nmultiplie et renforce toutes les assuciations d ides. Il a d?ailleurs plusieurs autres avantages. D'abord, les signes de ce langage servent nnieux fixer une attention encore peu exerce nu trop distraite par les objets extrieurs; ils lui donnent un appui plus sensible, ils con . centrent d'a^antage son activit. Car l }homine qui entend des Bons , peut s'occuper encore de tuut ce qui se passe autour de lui ; mais s'il s'applique observer, ii tudier les gestes dont se compose une action pantomime, il lui sera difficil de remarquer auoune autre chose. Un autre avantage vient de ce que les si-gnea

..,_. 11

du langage d'action forment en gnral un ensemble mieux ti et plus systmatique, que ceux qui appartiennent au x autres moyens de communication. Les lments du langage des song articuls sont plus nombreu et plus varis ; ceux de Ia peinture et de 1'criture ne le sont pas moins. Combien ne peut-on vaas compter de sous et d'articulations, de couleurs et de caractres qu'il est possible d'employer comme signes ! Mais Ie langage d'action a cela de particulier , que ses lmens sont trs-simpies. C'est toujours le mme instrument, dispos seulement d'une m.anire diffrente. Le langage d'action ne nous prsente que des formes et des mouvements ; or, chaque mouvement, comme chaque forme , se rapporte, comme on sait, des lmens identiques. 11 s'ensuit qu'il y a des rapports bien plus troits, bien mieux raisonns , entre les signes composs qui en rsultent. Les lois d'un tel langage ont done quelque chose de plus sinlple et de mieux raisonn ; l'esprit s'accoutuume done mieux, par leur eisage, 'a la pratique des Ynthodes. Le troisime avantage enfin vient de ce que les signes du langage d'action ont , pour ainsi dire, quelque

chose de plus gonttrique. En effet , les sensations auxquelles le lapgage d'action nous conduit immndiatement, sont les sensa. tions du toucher ; ou , si l'on aime mieux, ee sont du moins les sensations qui sant communes la fois au toucher et 'a la vue. Or, on sait que Ie toucher et la vue considre comme 1'auxiliaire de ce premier serns, sont les organes qui nous transmettent toutes les ides gomtriques ; que c'est eux que nous devons les notions les plus positives comme les plus exactes.

Mais ces avantages se trouvent compenss par des inconveniens qui rsulteut aussi des hroprits matrielles des signes de ce langage. D'abord, la rume circonstance qui peut tre d'un utile secuurs une attention fvible et peu exerce , devient souvent nuisihle i` une attention plus dveloppe, et i laquelle le travail de la mditation seroit dj faniilier. Le sFectacle d'une action oecupe trop les yeux da philosophe, pour laisser a la pense toute la libert qu'elle demande. It y a dans je langage d'action ,-vette circon., tance particulire , que plusieurs signes sont prsents a nos regards d'une maiiire simultane, et qu'en mrne temps ltur passage est extrmement rapide; car, dans Ie jeu de la pantoruime , nous avons rernarquer la fois l'attitude gnrale du corps, Ie mouvement de la tte , et l'expression du vissige , enfin le geste excut avec chaque bras et chaque maiii. Toutes ces actios ont lieu au mii,e instant et disparoissent l'instant qui suit, 1 our faire place a d'autres. 11 nous est dons impossible de nous arrter sur chacune en particulier , et nous ne pouvons les saisir que dans leur ensemble, Mais toute remarque qui dolt tre la fois trs-rapide et trs-complexe, conduit u une connoissance obscure et confuse. Le langag^e d'action le cde, sous ce rapport, a

18 -

la parole et 'a l'criture; car la parole du moiris n'expose'!es signes que d'une manire successive ; et l'criture , donnant 'a ses lignes une existence durable, nous laisse tout Ie loisir dont nous avons besoin pour dmler les ides qu'ils reprsentent.

Le lapgage d'action peut exposer assez souvent ceux qui s'en eervent , des quivoques et des mprises. D'abord , on peut prendre souvent le signe pour la chose signifie , et rciproque . ment. Ensuite, pour donner ce langage ce caractre d'analogie qui seul rend les signes infaillibles, il faut ordinairement dployer un appareil de mouvement qui est incoinpatible avec toute autre occupation. Or comme il arrivera souvent que les hornmes auront besoin de leurs membres dans les instans de leur travail, comme quelque circonstance particulire pourra ne pas les laisser entiment libres dans leurs rnouvements , les analogies alors devien. dront imparfaites et ambigus. Enfin le langage d'action ne nous prsente que des secours trsborns et trs-insuffisans pour Iet mditation solitaire. En effet, lorsque nos mditations ne roulent que sur des ides la fois sensibles et sirnples, nous n'avons pas besoin, pour penser, du secours des signes artificiels ; car toutes les ides sensibles pouvant se servir rcilproquemeiit de signes naturels , nous conduiront les unes aux autres. Mais si nous devons introduire dans nos mditations quelque ide abstraite otc quelque ide complexe, nous serons contraints alors de recourir 1'intervention des signes artificiels, sans lesquels de serublables ides ne semblent pas pouvoir tre connues facileiuent. Quelquefois nous produirons ces signes eux-mmes , pour mieux reposer potre attention, comme il iious arrive lorsque nous crivons, ou lorsque nous parlons tout seuls. Quelquefois nous nous contenterons de rappeler ces signes dans la ;nitn .oire ; et chacun peut observer en effet que, lorsqu'il pense, ii rppte tacitement certaines paroles qui servent de point d'appui a sa pense. Or , dans ces deux occasions, on trouve dans le langage d'action un dsavantage marqu. Je ne doute point, ajoute M. [)egrando, que si la rflexion des sourds-iuuets de naissance, est ordimire1pent bien moins dveloppe que cello des autres individus du inrne age, il ne faille 1'attribuer en partie ce qu'ils n'ont d'autres signes que ceux du langage d'action , et qu'ainsi toutes les fois qu'ils se trouvent seuls , leur pense ne peut s'arrter que sur des ides sensibles. Nous nous trouvons done toujours rainens cette opi

nion, que le langage d'action est un lang:ig,e trsiim l)arfait, en ne l'envisageant que comme un las .gage 1.hiiosol.hique (1). u

(e) Des signes et de l'art de penscr considrs dans leus rapt orts nu .ets. Y oir. T. ii, pp. 3s5 et suiv. ; idem, p. 35 a 380. . 19 ---

Ces observations nous sembient justes, et on pourroit y ajouter.

Le langage des sons articuls est plus propre que celuildes gestes

au dveloppement des facults humaines. La mtne chose peut se

dire, et plus forte raison, de l'criture, qui est sans coniparaisun

1e plus philosophique de tousles systmes de langage. Or le sourd.

muet, avant son instruction, est priv de l'un et de l'autre ; il n'a

auwwune ide du premier ; et quant au second , c'est pour lui un

profoiid nrystre, parce que les signes durft il se coml,ose, ne re

prsentent pas c.lirecternent les ides, mais les signes du langage

des sons qu'il ne connoit pas.

11 est dons dmontr que , si les facults intellectuelles et mo

rales du sourd-muet sont peu dveloppes, il le duit uniquement

un dfaut d'organisation. Priv de I'oue, il est condanin une

vie isole; et nous avons vu, plus d'une fois, que la socit est let

position ncessaire pour l'exercice et le dveloppement de nos fa

cults. La nirne privation le rend tranger aux deux systvues de

langage reconniis les plus propres l'exercice de la rflexion et

de la mditation, et il ne lui reste que le langage d'acction, qui,

avec diffrens avantages, a celpendant l'inconvnient d'entraver

eet exercice et de Ie rendre trs-difficile.

I1 rsulte de l, non pas que l'hornnie priv d'instruction , est semblahle la brute, non pas qu'il est rduit d t'tat purement organique et animal, mais sitnplement, comme nous 1'avons fait observer plusicurs fois, qu'il dpend de son organisation, et que dans 1't.at noriisal 1' ime ne fait rien sans le corps.

On voit aussi par la combien le langage est important pour Ie dveloppenient de nos facults, et a quel point la nature des signes que nous ernpluyons pour faire eonnoitre nos penses, influe sur Ie progrs intellectuel. Sans le langage, point de raisonnement suivi ; sans un systnie de signes sirnples et arbitraires qui expriment toutes nos pensdes sans nous distraire, point de mditation. Le f.ourd de naissance se cre tin langage; mais c'est un langage qui consiste tout en images et qui ne laisse pas assez de libert J'esprit; eest un langage trop compos ; trop complexe , pour se pretera 1 analyse , et qui ne procure souvent que des notions obs

cures et confuses.

L'infriorit relle du sourd de naissance livr lui-mrce , v int dope de sa situati()n i'.ole dans la socit, et de l'imperfection naturelle de son langage. Mais cette infriorit ne va pasjus.. qu' lui ter sop caractre d'tre moral. Dans cette vie d'exclusion et de lprivation , il -lui seroit sans doute difficile de s'occuper de

,

l;en.c,ees subfiles ou de Jongs raisonnemens, et t on rewarque que 5011 langage irianque gnralensent de termes abstraits. C'est un dfaut qui lui est commun avec des peuples tout entiers , c'est-dire, avec des peuples siiuples, qui ont peu ou point de communicatiun avec les nationscivilises. Tels sont, dit-un, ces rumes B-.

W 20 -M

rbres que nous avons dej citi$s -propos des particules qui manque-nt galement,!au moins en apparente, dans le langage ges. ticul. Leur langue, dit Pritchard, n'est au fond que le jargon d'une peuplade sauvage. Elly ne possde point do termes pour ex-primer des ides abstraites... Dans leur idiome, on ne dit pas que1'homrne est sujet a la paresse, la mort, mais qu'il est paresseux , qu'il meurt. lis ne peuvent pas dire qu'une balie 'a la qualit de la rondeur, mais qu'elle est ronde. Leurlangue fournit seulement des termes c;r,nerets , pour eiprimer les qualits comme unies 'a leur sujet. Un tol idiome, ajoute l'auteur, est tuut ce qu'il faut pour des hoormes forcs par la dvastation des plaines a demeurer toujours dans les montagnes, et qu'un sentiment de jalousie et d'intrt entretient dans une guerre continuelle avec les montagnards voisins (1). u

Dira-t-on que ce peuple n'est pas un peuple moral, qu'il est re'duit i l'tat purement o ganiqueet animal, que c'est une agr

,

gation de be'tes ? Un tel l,hnomne ne s'est pas encore vu heureusenient, et toute socit huiYiaine a pour fondenient la justico et les prceptes de la loi naturelle,

C'est par cette simple observation que nous termincoons aujour

d'bui, et nous renvoyO .fs a notre proehaine livraison la continuatiun de ce sujet particulier..11 faudra exaniiner en dtail , si les Jacults intellectuelles et morales d'un etre qui possde un langage, et qui par ce moyen est capable d'entrer en communication avec son semblable, peuvent tre conipltementendornnies. 11 faudra vair aussi si l'extmple d'un enfant n sourd a quelque signi fication spciale en Bette matiere, ou Si eet gard il se confond avec celui d'un enfant qui a ses einq sens.

HARMONIES DU COEUR,

OU DEUS. PREUVES DE L'AMOUR,

F ar 151. E. P.... de Verviers. Pais 1 847, chez Waille, vol, in8A de 264. p. En verte chez Sppe-Zlis, pui 5 fr.

Toutes nos 1'acults out lies in d'une occasion, d'une situation dtern ine, pour s'exercer. Tart que cette oce; sion inc-tnque, la f ieult peut ne pas se nkontrer, tre ignore menie de celui qui la 1r():sde.1i . P...., de Verviers, nuus li)urizit urne preuve rentargtuable et assez singulire de cette vrit. Dj maii, pre de fa

(i) Resecarches info the t'hysieal history of plankind. By James Cowles Prichard, third edition, i vo1. in-8 London i 837. Voir Touae 11. p. 17. mille, industriel, il ne s'tolt jamais dout qu'il toit n pote. Un jour, le malheur eient visiter sa denieure , Oieu lui envoie quel ques preuves; toiita'-coup le sentiment de M. P.... s'exalte, et la douleur lui rvle un talent nouveau. Le fait se trouve assez clairement indiqu dans une pice de ce volume (1).

Oui; 1 dit te po'te, lorsque dans mon me ou rgnoit la foi Dieu versa la vigueur dont sa sainte sagesse biesse d,ime a fortifier tous ceux qu'elle a nourris, Lorsque par la souffrance il m'eut un jour appris Combien sont prcieux les travaux et les veilles, Par quel enehainement de sublimes merveilles' I1 sait 1'homme simple expliquer ses desseiiis, Et quelle est sa bopt pour les enfants des saints, Lorsqu' sa douce joie il m'eut laiss renaitre, Lorsqu'enfin tout--coup il m'apprit A coiinoitre Quelques ressorts secrets de cet art prcieux Par ou l'ane inspire interroge les Cieua, Je bondis sous l'(an d'une force invincible Et cultivai cet art qui, du lecteur sensible Provoquant la gait, la colre ou les pleurs, L'oblige a ressentir nna joie ou mes douleurs. Avant les jours heureux, pour moi plein de miracles,

Ou le eiel, par la croix, m'annonga ses oracles, J'airisois des nobles chants les suaves attraits ; Mais 1'inspiration ne me dicta jamais Un seul vers : j'en conclus que l'auguste Sagesse,

~Qui tient compte au malhenr de ses jours de dtresse, Qui geide ses enfants et soutient tous leurs pas, Vainement et sans but ne me dcouvrit pas Des secrets dont jadis j'ignorai la puissance, etc.

Nous nous l,tons d'ajouter que ceci n'est pas une illusion , et que 1'honnte et sensible industriel de Verviers se trouva tien relleii ent mtamorphos en po^te. Oui, neus reconnoissons dans ces premires pages qu'il prsente au public, des preuves non quivoques de gnie et d'un talent vritable. Non-seulesnent

M. P.... nous montre de la richesse d'imagination, de beaux mouvemens , mais il s'exprinie souvent avec bonheur. Ses vers sont gnralement faciles et coulhns; beaucoup runissent 1'nergie la douceur. Pen d'inversions forces, pen d'incorrectioris; phnoinrne d'autant plus remarquable, que l'entranement de l'poque ou le sentiment paroit le gorter vers une cole qui s'affranchit volontiers de la rgle, et que sa muse inexprimente n'a pu avoir Ie temps de se plier au jong. (1) liyanse srieuse u 1ueiques o1jeciions, p. 49. Son volume oontieh..t environ vingt-einq pices difrentes, dunt la plupart ne sernblent avoirrien de comnmrrn. avec Ie titre sous Iequel il paroit. Nous Eerons observer l'auteur, que ce titre est de nature prverrir dfavorablement le lecteur, en ce qu'il fait ermee que son talent naissant est tont consacr a une passion, qui cause assez de ravage dans Ie coeur hur pain, sans que Ie feu de la posie vienne I'exciter. Mais on est heureusement dtromp en parcourant le livre; M. P.... ne connoit et ne elbre d'autre amour que celui du plus chaste et du plus fidle hymne, amnour qui s'pure encore aux prceptes de la morale vanglique, et d'ou l'auteur s'tve frquemment vers celui de ]'Auteur de tout bier. L'industriel-pote, chrtiennement rsign et travaillant avec courage se dtacher de toutes les cratures, ne peut cependant oublier une personne chrie qti'il a eu Ie malheur de perdre; ce souvenir est tout vivant dans son rne, et c'est song cette inspiration qu'il ecrit et que sa plainte revt les fort-nes de la posie. Tout est put dans ces tahleaux, et l'innonenee du jeune ge pourroit s'en re. paitre sans dangr, si la sivacii du. sentiment, qui se rvle par l'exagration de l'expression, pouvoit toujours laisser l'imagination du lectenr en repos. Le chastee ar cour conjugal a ses litnites et ses mystres sacres; lever demi le voile qui les couvre, c'est s'exposer les profaner. Nous n'aimons pas eet air divin de la fe.nme, ni eet homme qui doi.. l'adorer, ni toutes nes autres images ou le sentiment chrtien disparot dvant la passion.

Mais nous ivons dans un temps oula sage rcerveest peu connue, etl'on ne sauroit trouver trange que M. P.... ait pay son tribut au gout dominant. Ogi doit plutt tre surpris que, tout en dhuitant et presque genoux devant des auteurs quisont loin de mriter ce respect, il ait souvent eu la force de rester ce que la nature l'a fait, et de va incre le prestige sducteur par son bon sens. I1 faudroit citer pour appuyer ce jugement, et Ie recueil nous offre assez de morceaux ou nous aurions choisir; mais les eirconstances nous permettent peine cette petite excursion dans le eharnp de la littrature, et nous avons plus que jamais 1'obligation d'etre courts. L'odea Marie, une des meilleures pices du volume, n'est pas sans dfauts ; mais nous nous songmes sentis rnus' en la lisant, et nous vOrllons du neoins offrir au lecteur ces deux belles strophes qui la terniinent:

Aux jours Je ma folie jeunesse, Grand Dien ! quelle toit mon erreur! J'avois dit : Gloire, bonneur, richesse , Voil les sources du bouheur! Dj l'enivrement du monde M'offroit une coupe profoncle ; Dj je m'approche, etje bois i

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Mais tu veilleis, 6 tendre Mre!

Tu m'ar.rachas la coupe amre,

Et tu daignes n.'ouvrir les trsors de la croix.

J'ai vu l'orage et la teal})te i

0 triomphe, je seis au port!

L'enfer a foudroy ma tte;

Par toi j'ai bris son giffort....

Quand, tmraire ou suppliante,

Ma voix frwissoit d'pouvante

Ou toui oit comme l'oura gan g

Marie aidant rna coufiauce,

J'ai vu Ie pain de l'alliance

Terrasser dans wou coeur les farces de Satan .

Ce qui frappe gtuand on 1t ce recueil de suite, e'est l'ingalit qui se trouve entre les pices qui Ie conl!pose .1f. La diffrence est telle, que Ie talent naturel de l'auteur n'est pasioujours reconnoissable; et ce qui est p1115 singulier enca .re, e'st que les inorceaux ou l'poux inalheureux pleure et clbre celle dont le souvenir senible l'avoir rendu ptote, simt l,r(i:ment ceux qui perdent la eomparaison. Plusieurs de ces 1 .ices se liseiit difileruent , et nous a vouerons en toute sincrit que neus avons veine lescomprendre.

Telles sont entr'autres I'Eplre u Irza, Uil rc^e de bonheur, etc.

M. P.... nous paroit trol) oceup du sentiment quu'il vent nous faire partager; il te raisonne souvent, au lieu de Ie peindre avec siinplicit; et ses phrases, al(;rs, se suivent ets'enehijinent si pnil)lensent, le tien qui les unit est si foible , si subtil , que 1'attention du lecteur se perd tout--fait, et qn'on arrire au bout de la pice sans trop savoir ce qu'on a lu. Ce dfaut est grave , il faut l'viter sous peine d'crire uniquennent pour pui. Le bon sens avant tuut; et le pote, sous ce rapport, n'a gure plus de privilge que l'ora teur uu l'histurien. Humye, Virgile, Racine, ne cessent ja^nais d'tre raisonnables ; ils ne sQnt jamais obscurs ; en voudroit ne pas les comprendre qu'on n'y russiroit pas.

M. P.... russit mieux a center qu' parler amour et sentiment, et nous osons lui couseiller de cultiver de prfrence ce premier talent. Aussi n'est-ce pas avec plaisir, que nous avons lu la note inystrieuse qui terinir^e sen livre, note ou il n{rus fait entendre qu'il tiert encore tout un volume de posies Irza. t Je dois m'arrter ici , dit-il : la suite des ,Harmonies, compOse uniquement-

pour l'Ange adur qui les inspira , renferme des comfidences trop intintes puur tre publies sans son approbation. Sans savoir de quoi il est question, on peut craindre que lesHarmonie indites ne ressernblent , quant l'excution , celles qui out vu Ie jour; et dans cc, cas, ['auteur neus permettra de souhaiter, que l'apl .robation ncessaire soit , si nors refuse, du moins retarde de quelque temps, et que la bonne Irza ne se montre pas plus indulgente que nous.

-24 M. P.... fera bien de a'essayer sur quelque autre sujet. Scan talent trs-rel ne deniande qu'un lieureux choix , po" paroitre, ce senible, avec quelque clat. Le genre narratif lui convieut, si nous ne nous trotnpons, plus que trut autre chose; et nous n'en vuutons pour preuve que les trots pices qui se suivent et qui^sont consacres la cration et Ia chu.te de l'horume. lei , la muse novice est dans son propre dornaine ; elle ne raisonne pas , elle e raffine , elle ine substilise pas ; elle raconte et raconte bien , c'est--dire , avec autant de rnagnificence que de naturel et de vrit. V()ilk dove la route trace, et il ne s'agit que de la suivre. PREF DE S. S. LE PAPE PIE IX,

aux peuples d'Italie, au sujet des rvolutions et des bouleversemens dont ce pays est le thtre.

u Alex peuples d'ltalie, salut et by,diction apostolique.

Les vr,einents que ces deux mois out vu se succder et s'enchainer avec tart de rapidit , tic sont pas une oeuvre humairue. M(I lheur a qui n'enteud pas la vuix du Seigneur dans ce verst qui agite, renverse et brise les cdres et les chnes ! Malheur l'orgueil humain s'il attribue aux fautes ou au rni-ite de quelque hommne que ce soit ces nierveilleuses rvolutions, au lieu d'y adorer les secrets desseins de la Providence, soit qu'ils se rnariit'estent par les voies de la justice ou par celles de la rnisricorde ; de ct, tte Providence qui tient dans ses ivains tous les empires de la terne ! Et Nous, qui la parole a t donne pont interprater la rrluette loquence des oeuvres de Dieu , Nous ne IJouvorus pas Nous taire au milieu des regrets, des craintes et des espraiices qui agitent les coeurs de Nos enfants.

Et, d'abord, Nous devous vous dire que si Notre urne fut rnue en apprenant de quelle rnanire, dans une partie de t'Italie, l'interverrtiou de la religrou sut prvenir les dangers de ces changernents, et' cornnfent la charit, par ses actes, fit clater la noblesse des coeurs, :Nous tic pumes cepeudant ui ne pouvous ne pastre profondarent afllig des iiisultes queu d autres lieux lei ministres de cette ineme religioa curent soufh ir. Quaud mme, oubliaut Notre devoir, Nous passerions ces irsultes sous sileuce, ce silence hourroit -il les empcher de divainuer 1'cfficacitc cie Nos bcrdictions?

n NOUS tic pouvous Nous empcher de nous dire encore que le bon usage de la Victoire est chose plus grande et plus difficile que la victoire rn&ne. Si le terups prsent rappelie une autre poque de votre histoire, que les enfants profiteut des erreurs de leurs pres ! Souvenez-vous que toute stabilit et toute prosprit out pour premire raison crvile, la concorde; que Dien seul est Celui qui unit les habitants d'urre wrne derueure; que Dieu ii'accorde ce bienfait qu'aux

25 -homines d'humilitc' et de mansutude, ceux qui respectent ses lois

dans la libert de son Eglise, dans l'ordre de la socit, daas la cba

rit euvers toss. Souveucz..vous que k justice seule difie , que les

passions ne savent que dtruire, et que celui qui prend le norn de Roi

de - rois, s'appelle aussi Ie Dorninatcur des peuples.

Puissent Nos prires monter devant le Seigneur et faire descendre

sur nous eet esprit de prudeuce, de force et de sagesse dont la crainte

de Dieu est le principe; afin que nos regards contemplent la paix

sur toute cette terre d'italie, que dans Notre charit universelle pour

le monde catholique, Nous ne pouvons pas appe.ler la plus chre, mais

que Dieu, dans sa bont, a voulu du moins placer prs de Nous.

Dotiu Rome, i Sainte-1Vlarie-Majeure, le 3o mars 1818 , la

Ze anoe de Notre Pontificat. PIE II PAPE.

CONSTITUTION ROMAINS OU STATUT FONDAMENTAL POUR LE GOUVERNEMENT TE IJPOREL DES TATS DE L'EGLISE (1).

Pie IX Pape.

Dans les institutions , dont jusqll'a' ce jour nous avons dot nos sufets, notre intention a t de reproduire quelques institutions antiques , qui furent long.-tempscomme le minoir de la sagesse de nos augustes prdcesseurs , et qui , par la marche des temps , devoieut s'adapter aux nouveaux chaugemeuts pour reproduire le rnajestueuz difice qu'elles formoie:st autrefois.

En procdant par cette voie, nous en tions venus tablir une reprseutatiolt consultative de toutes les provinces qui devoit aider noire gouvernement dans les travaux lgislatifs et dans l'adrninistration du p-iys, et Hoos attendions que -la bont des rsultats ent justifi l'exprience que, les p einters, nous f*istons en Italie. Mais puisque les princes nos'voisinns out jug que les peuples toient muis pour recevoir le bierfait d'une reprsentation, nous ne voulons pas teuir nos peuples en moindre estiine ni compter moins sur leur reconnoissarice, non pas envets notre humbie personne pour laquelle nous ne demandons riep , mais vis--vis de 1'Eglise et de ce sige apostolique dort le Seigneur, nous a commis les droits suprmes et inviobles, et dont la prsence fut et sera toujours pour eux la source de tant de biens.

Daas les temps a ncieus , nos communes eurent le privilbe de se

1) Quoiqu'i1 soit douteux si cette constitution sera mise excution, puisqu'on crit dj qu'on la regarde comme non avenue, elle n'en est pas nnoius un monument historique trs-important; et c'est d ce titre qu'elle dolt trouver sa place dans uotre recueil.

Tome XI7. 3.

-~6

gouvcr'ner individuellcment par'des loisqu'elles-memes avoientchoi

siessous la sanction souveraine. 1\Jaintenant les conditions de la civi

lisation nouvelleneperrnettent pas assurement(lue1'0nfasserevivre

souslesmemesformesuuetat de(hosesdaus lequelladifferencedes

lois et des coutumes scparoit souvent une commuue de la societe de

l'autre, Mais nons avons resolu de confier ceue prerogative adeux

Conseils de citoyens probes et sages, qui, dans I'un, seront Hommespar

nous, et , dans l'autre , devront etre deputes par toutes les31larties de

l'Etat moyennnnt une forme d'elections convenablement erahlie, Ces

Conseits represeuteront les interets particuliers de chaque lieu de

110S domaines ct les coordonueront avec eet 'autre interet, Ie plus

g.-and pour toute commune et toute province, l'inlerct general de

rEtal.

Et comme dans notre souveraiuete sacree, on ne pent separer de }'jnterel tempore! de la prosperite interieure , l'autre interet plus ~rave de l'independauce par laquelle s'est mainteuue celie de cctte partiede l'Italie; uon-sculemem DOUSl'csel'vonsanouset anossuecesseurs la sanction supreme et la promulgation de toutes les lois qui seront deliherces par les conseils susdits ct Ie plein excrcice de l'autoritdsouveraiuesur lespointsal'(;g;ll-ddesquelsilu'est pasdispose par le present actc; mais nous enteudons encore maiutenir notre autorirc eutiere dans les choses qui soot naturellemeut liees aJa l'eligion et a fa morale caiholique. Nous le devons ala SCCUI"ite de la chreticnte tout entiere, afiu que dans l'Etat de l'Eg1ise constituc suus rette nouvelle COI'me, la liherte et les droits de cette meme Eglise ct du Saint-S egenesouflrentaucun amoiudrissement,etquenulcxcmple ne 'Viole [amais ~'a saintete de cettc religion que uous avons oLligati()u rt mandat de rrecber it tout l'univers comme l'uniquc symbolc d'alliance de Dieu avec les hornmes, comme l'unique gage de ectte Leu cdiction celeste pal' laquelle vivent les Etats et Ilcurissen: les nauous,

En consequence, le secours de Dieu invoque, ct 31)res avoir enteudu I'avis unanime de nos venerahles freres de la sainte Eglise romaine, reunis expressemeut en consistoire, nons avons deCl'~le et decretons ee quisuit :

Art. 1ere Le sarre..collegedes eardinaux , eleeteursdusouverain Pontife, est le senat [indispensable de celui-ci, Art. '2. Deux couseils deliberants sont iustitues pour la discussion et Ie vote des lois, savoir le bani couseil et leeonseil des deputes.

Art. 3. Quoique toute justice emane du souverain , et soit rendue enson 110m,l'ordre judiciaireestindepeudantdansrappllcatiolldes lois nux cas particulrers, sauf l'exercice du droit de grace tOUjOUfS J eserve au souverain ; Ies iuges des tnbunaux dits collegiali ~Ont iuamovibles apres un exercice de trois ans adater de la promulgation du statut, Mais ils peu"cnt clre tranfcrcs aun autre tribunal rg:ll ou sllperirur. .

Art. 4-II n'y aura ni tribunaux, ni commissions fxtraordinaircs. En IHatttre Ct" ilt comUle ell nlaticrc criminelle, chacun sera jugS.

--r- 27 -

par le tribunaal tabli 4 eet effet par la loi, devant laquelle tous les

citoyens sont gaux.

Art. 5. La garde civigne est considre comme. institution de l'E-.

tat : e!le deu^eure coustttue d'apprs les bases de la loi dip 5 juin

1847 et di rc^g`ement du 3o du mme mois.

Art. 6. Aucune eutrave ne peut tre mise 'a la liberte personnelle,

si ce n'est dans les cas et dans les formes dterrnins par les lois. En

consquurlce, personne ne peut tre arrek gli'en vertu de l'autorit

competente. Est except Ie cas de flagrant ou de quasi flagrant d

lit, atiquel cas la personne arite devra tre consigne dans les

vingt-quatre heitres l'autorit comptente. Les mesures prcven~

tives et de police sont galement rgles par la lui..

As t. i. La date publique ainsi que les autres obligations contractes pir l'Etat, Bont garanties.

Art. S. Toutes les proprits, soit des particuliers, soit des corporatio .us, soit de totutt dtablissenier,t lpieux ou public , conti ibuent indistinctennent et galement aux charges de l'Etat, quel qu'en soit ie L)ossesseur.

Lorsque Ie souverain Pontife donne sa sanction aux lois relatives L l'imp$t, il l'accompagne d'une drogation apostolique spciale pour 1'immunit ecclsiastique.

Art. 9. Le droit de -proprit est galement invioiahle pour tous. --- Sont exceptes seulement les expropriations pour cause- d'uitilit publique reconnue, avec une indeinr,it pralable conformment aux lois.

Art. t o. La proprit littraire est recounue.

Art. i i. La cetisure prventive actuelle, administrative ou poli

-

tique I'gard de la presse, est abolie, et sera rcrnplace'e par des

mesures repressives -qui seront d.termines par une loi speciale.

Rien n'est cha ng en ce qui concernti la ceiisure ecclsiastique tablie par les lois canoniques, iusqu'i ce que le souveraiu Pontife , de son autorit apostolique , y ait pourvu par d'autres rglernents.

La permission de l censure ecclsiastigt c n'enlve ni ne diniinue en aucun cas la responsabilit politique et civile de ceux qui, d'aprs les lois, sont responsables de leurs publications par la voie dc la hresse.

Art. i 2. Les spectacles publics sont rgls par des mesures prventives tablies par les luis. En consquence, , les compositions thtralcs, avant d'etre reprsentes, sont soumises a la eensure.

Art. t 3. L'administration communale et provinciale appartiendra aux citoyens respectifs : des lois spciales fixeront le mode d'assurer aux communes et aux `proviuces les liberts 1s plus -convenables, contpatibles avec la connsCrvation de leurs patrimoines et I'intit des contribuables.

DU NAUT CONSEIL ET DU CONSEIL DES DPUTIS.

Art. ;4. Le souverain Pontife convoque, proroge et clSt les sessions

28

des deux conseils. I1 dissout celui des dputs, en le convoquant de nouveau dans le dlai de trois mois par de nouvelles lections. La duree ordinaire de la session acnnuelle ne peut pas tre de plus de trois moes.

Art. i5. Aucun des cons'ils ne peut s'assembler tarndis que 1'autre

est dissous ou prorog, hors le cas pry'u dansl'art. 46.

Art. i6. Les2 conseils sontconvoqus chaque anne et clos en inme temps. L'ouverture en est faire par un cardinl `spcialemeiit dlgu par Ie souverain Pontife , et 'po'ur cette circon"stance seulemer,t les deur conseils se runissent ensemble. Les autres runions des conseils ont toujours lieu sparment. Leurs actes soit tabdes quanil la moiti des meetbres dont chacun se compose est prset?te. Les rsolutions Bont prises a la majorit des suffrages.

Art, i j. Les sances del'un etl'autre conseil Bont publignes. Chaque

conseil peut cependant se former en comit secret sur la dernande de

dix membres. Les actes des deux conseils sont publis par leurs soins.

Art. i8. Les deux conseils ds qu'ils seront constitus, rdigeront leur reglement respectif sur la manire de tenir leurs sances et de tra.iter les affaires.

Art. 19. Les -rnembt s du ligut 'conseil son-t nomms vie r. ar Ie souverain Pontife. Leur nombre n'est pas limit. Il est necessaire gti'ils aient} trente ans, et qu'ils jouissent de leurs droits civils et politiques.

Art. 2o. Ils Bont iris dans 'les catgories suivantes :

1 0 Ls prlats et autres ecclsiastiques constltus 'en dignitcs; 2 les ministres, le prsident du conseil des dputs, le snateur de Rome et celui de Bologne; 3 les persnnes qui occupent ou qui ont occup un rang distingu dans 1'ordre gouvernemental , administratif et militaire; 4 prsidnts des tribunaux d'appel, les conseillers d'Etat, les avocats consistoriaux, 'tous 'apres un exerice de six ans; 50 les p.ropritaires ayant un revenu annuel de 4,0oo cus (21,600 frs.) sur capitaux imposables possds depuis six ans; 6 enfin les perronnes qui ont inrite' de l'Etat par des services distin us, nu qui 1'orrt illustr par des oeuvres remarquabls dans les scietices et les arts.

Art, t i . Au 'cmmencemer t de chaque session-, le souverain Poutife nonime'parmi les membres du hut conseil tin prsident et deux vice-prsidents, si mieux il n'aime noinmer un cardinal la prsidence,

Art. '2 , L'autre conseil se compose des dputs choisis par les lee. teurs sur la base approxiina tive d"un dput 'pa'r 'trente mille rnes.

Art. 23. bont clecteii'rs

. t Les gonfalonirs *(maires), prieurs et 'airciens des vitles et 'com;wunes, les syndics des burgs ; 2 0 ceux qui sont 'inscri'ts au recense-Inent pour 'uii capital de 3oo cus (i,62o frs.); 3' ceux qui d'autres titres paientaugouverrtmeiitur,etaxeannuellede i2 cus (64 fr. 8o c.); 40 les membres des collges , des facults, les professeurs titulaires des uiriversits d'Etat; 5 les meetbres des conseils de discipline des a'vocats'et des procureurs prs les tribunaux dits cuUegiali; 6 les iau

29

rats ad honorem des universits de l'Etat; 7o. les- membres.'des chambres de commerce; 8 0 les chefs de fabrique et d'tiblissemens industriels; g les chefs ou reprsentants des socits, corporatior,s, institutions pieuses ou publiques, Iesquels sont inscrits au rAle du eens, comme il est dit au no 2, ou qui paient 1'impt dont il est parl au n 3.

Art 24. Bont ligibles 10 Ceux qui font inscrits au eens, possesseurs d'un capital de 3,000 ecus. 2 Ceux qui tout autre titre paient 1'Etat une taxe annuclle et fixe de cent cus.

30 Les meetbres des colleges et facults, les professeurs titulaires

des universits de Rome et de Bologne, les menibres des conseils de

discipline des avocats et procureurs prs les tribunaux d'appel.

4,0 Les autres lpersonnes uoricesdains les no i, 4,5, 6, 7, 8 de l'art.

prcdent, s'ils sont inscrits pour la moiti du capital mentionn au

n', r, ou s'ils paient la moiti dc la taxe dont il est parl au n 2 da

prsent article.

Art. 25. Les lecteurs doivent tre gs de vingt-cinq ans, et les

ligibles de trente. Les uris et les autres doivent jouir de leurs droits

civils et politiques, et par consequent faire profession de la religion

catholique, qui e't la conditien ncessaire pour la jouissance des droits

politiques da ns l'Etat.

Art. 26. Personne, ayant wme plusieurs domiciles et taut port

5 titres divers sur la liste des lecteurs , ne petst doener un double

vote. La mme pet sonne pourra cependant tre lue en deux ou plu

sieurs distrirts, augizel cas elle devra opter.

Art. 27. Les collges lectoraux, runis en verte de la convocation

faite par Ie souveraiii Poiitife, procdent l'lection des dputs de

la manire ct dans 1a forme qui seront prescrites par la loi lectorale.

Act. 28. Au commencement de chaque session, le conseil des dpu

ts choisit parmi ses membres Ie prsident et les vice-prsideuts.

Art. 29. Les menibres des deux conseils rernplissent leurs fonctions

gratuitrrnent.

Art. 30. Les cnembres des deux conseils sont inviolables pour les

opinions et les votes qu'ils mettent dans l'exercice de leurs attribu

tions. -- IJs ne peuvent pas tre arrts pour dette, pendant la durc

des sessions, un rr,nis avant, ni un nmois aprs. --- Iis rie peuvent pas

non plus tre art ts poer jugement criminel durant la session, mnoins

de l'autorisation pralable du conseil auquel ils alpp.ai-tiennent, ex

eept cependant le cas de flagrant ou de quasi flagrant dlit.

Art. 31. En outre du cas de dissolutiori du conseil des dputs, les

fonctions de dput cessent : 10 par la wort naturelle et civile et par

la suspension des droits civils; 2 par la dmission; 3 par ene inter

ruption de quatre annes; 4 par la nornination au naut conseil; 5.

par l'acceptition d'un etnploi salar par l'Etat ou par la promotiost

a un poste suprieur.

--30

Chaque~r.dis qu'une :1,acanceaura lieu, Ie ~oflege clec'toral qui avoit

nomme 'le'depute, s'era imm~di~tement convoque. L~ .casprevu par

')esbiliIieros 3 et ;5 'n'estpas un emljecheilient a'Ia reelection.

'~rt. 3~. Si durant foe t'{~mps de.son.mandat,lcdepute perd Panedes

conditions d'cHg'lbilire, qui de leurnature nesoient pastemporaires,

Ieconseil,apres examendufait,declaresesfonctionsvacantes, llsera

procedd aune nouvelle election, conforrnement 11 l'articleprecedent,

Le haut conseit.e pareil cas 'rclativrmeut asesmembres, en fait

rapport, au ~ouv.erain" ~o~tife, aqui est reserve le droit de prendre

1eUes dercrlillllaudIis qu'liJugera couvenable,

'AttRIBUTIONS DESDEUX~ONSEILS.

. Art. 33. Tdufes les lois en matierecivile, en matiere d'adnlinhtra

1ibn 'et de :gouvernelne'nt~sorit 'pro,posees, discutees et voters dans les

4eu~x :Cons,ens, 'atifis'i 'queles impositions de taxes, les interpretations

! ~t (lecla:rations destinees it avoir force de 10i,

Art. 34.Lesloisconcernantlesmatieres mentiounees dans I'article :p,recedentn'ontdeforcequ'apresavoiretclibrementdiscutees etadop'ie~spar les deuxConseils, et revetuesde la sanction du souveraiu Pon'tife, Lesfm'pots nepeuvent etre per~us qu'autant qu'ils soot approuvcs

'pn'rune Joi.

Alt, 35. La proposition des lois est Iaite par les ministres : elle peut

.aussi etre faite par chacun des 'deux Conseils, sur la dcmande de dix

_~e ..~'~~mcmb~e~s . l."~i's t,es 'llro;po,siti?~s fa~tes par lesministres auront

toujburs fa 'priOl'lte pour Ia discussion et -pour le vote.

Art. 36. I~esConseil~ ne peuvent jamais proposer aucune loi,

1 0 Qui r'egal'de les aflaires ecclesiastiques ou mixtes,

'2 o'Q ui soit contraire aux canons ou regles de l'Eglise,

330 'Qqi tende achangerou 'a modifier le present statute :Arl. 87. na:risles~ffairesmix-tes1 Irs Couseils peuvent etre inter

pelles par vole consultative.,,' ,

Art.' 3H. Est 'interdile aux deux 'Conseils toute discussion concer

nant les relations diplomatieo-religieuses du Saint-Siege al'elranger.

Art. :39. 'Les :traitesde 'commerce, et dans It'S autres traites, Ies 'seules' clauses qui rega'rd;el'oientles nnances de FEtat, a vaut d'et re rat.fiessont 'port~s ciux Conseilsqui les discuteut et les voteut conlor;nielnent"a I'art, 33.

Art. 40. Les propositions deloipeuvent etre iudistinctement trans... 'misespar Iemiuistere aI'uu ou aI'autre Conseil, , Art. 4(. Seront cepelidant toujours preseutes d'abord ala dehberation et auYule duConseil desdeputeslesprojetsdeloi concernant:

1 0 Le budget des rcceues et des dcpcnses de chaquc annee ;

2 Toute ihesure;t~lldailt 11 creer, Iiquider ou rernetu e des dettes de rElate

3'Les impositions.Ies fermages et autres concessionsou alienations quelcouqucs des reveuus et proprieiesde lEtat,

.--31

kit. 4~. :L'imp6t direct 'est consenti pour un an : Ies imposrtions

-jridirectes peuveut 'ctre etabliespour plusieursannees,

Art. 43. Toute proposition de loi ,apres avoirere 'examinee dabs Iessectionsjsera discuteeet votee par Ie ,Con'seH auquel elle auraetd 'tr,ansmi~e.Sj'elle _:est adoptee J elle est 'trausmise a I'autre Conseil , qui de faiiH~'"me:m'an'ierc l'examine, 'l~ diseut e"et Ja vote. '

Aft. 44. -Si ;fes propositionsde loiso~t ,,' rejetees pa-rl'lln des de~i: Conseils, ou si le s~uvcl'ainPontifc'Jeur 'refuse sa sanction apres le vote 'des deux 'Conseils, ces propositions ne pourront pas elre'reproduites dans le'coursdeIa meme session

.Art.q5. 'La verificati'on'des'pouvoirs erles questions sur fa validitd des elecrionsde'chaque meIhl)re du IColn~c'il des d~puteSt appartiennent ace Conseil,

Art. 46. Le Conseil des Deputes a scul ,Ie droit de meure les ministres en.etat d'accusationvSi 'les ministres accuses sout Iaiques, if appartiendra au haut Conscil de les juger, et pour cet unique objet il pourra 'Sf' 'reunir cornmetribuual, hors du temps et des cas.prevus par l'art, 15, toujours exccptes Ie temps ct Ie cas 'mentionnes dans "l'art.56 .;..-S'ils sont ecclesiastiques, l"accusationsc'ra porreedevant Ie sacre College qui procedera da-ns les formcscanoniques,

A.rt. 47-Toutcitoyen majeur a le droit de Caireet de presenter au Couseil des deputes des petitions relatives aux objets menuonnes dans I'art, 33 ou aus actes de-agents du pouvoir executifconcernant Ies objets indiques. La petition devra etre ecrite et deposeeaubureau p~r la personne elle-merne ou par un Conde depouvoir rcgulierernent COIlStitue, Le Conseil, sur Ie rapport d'une section, decidera s'iJ ya lieu de donner 'suite. Ceux qui Ieront ces petitions pourrourerre 'traduits devant les tr ihunaux oompetents par Ja partie qui se croira fesee "parles faits exposes. , Art. 48. Les Conscils ne recoivent point de deputations: ils u'enteudent, outre, leurs propres membres, que Ies commissaires du gouvernement 'et' res .ministres : ils correspondent par ecrit uniquemcn t entre eux et avecIe ministere : ils envoient des deputationsau souverain Poutife dans les cas et dans les formes prevus par Ie teglemen-t.

Art. 49. Les semmes necessaires pour le traitement du souverain Pontife, 'du sacre CoUege des cardiuaux, pour les congregations ecclesiasriques, ,pour subvention et entretien de Ia congregation de la Propagande, pour Ie miJlistere~es affaires extericures, pour Ie corps diplomatique du Saint-Siege aI'etranger, pour Ie maintien des gardes pomificales palatines, pOllr Ies ceremonies religieuses, pour lesreparations ordinaireset la garde des palais apostoliques, de leursdependances, des musees et des hihliotheques qui y S"Ol1t annexes, pour les trauements, 'retraites 'etpensions des 'employes de la cour Poutificale, sontfixeesa six cent mille ecus sur Ies Lases de I'etat actuel, y cornpris un fonds de rescrv e 'pour les depeuses eventuelles. Cette sornme cra portee cbaque aUlJee au budget. Elle est deplcin droit ('t pou~ toujoursapprou, eeetsanctivnner;ellesera I)ayce entreJesmains du

-32 ..r majordome du souverain Pontife ou de toute autre personne par li,i dsigne. Dans le budget des dpenses il ne sera product que la justification du paiement de cette somme.

Art. 5o. Demeurent en outre a la pleine disposition du souverain Pontife les redevances , tributs et rentes moritant annuellement la somme de treize mille cus environ, ainsi que les droits dons ii est fait inention 1'occasion 'de la chambre des tributs, la veille et le jour de la fte des saints Aptres Pierre et Paul.

Art. 51. Les dpenses extraordinaires pour les grosses rparations des palais a postoliques, de leurs dpendances, des muses y annexs, lesquelles ne sopt pas comprises dans lesdites sontmes, seront, lorsqu'il y aura licu, portes et discutes dans les budgets anrinels des recettes et des dpenses.

DIJ SACR CONSISTOIRE.

Art. 52. Lorsque les deux Conscils auront adopt un projet de loi, ce projet sera prsent au souverain Pontife et propos au eonsistoire secret. Le souverain Pontife, aprs avoir enteudu l'avis des cardi.. naux, donne ou refuse la sanction.

DES MINISTRES.

Art. 53. L'autorit gouvernetnent:ale pourvoit par des ordounances

et des rglemennts a l'excution des locs,

Art, 54. Les lois t t tous les acces gonvernementaux concernant les objets znentionns ['art el pHhe, dC:' It->ur p(Ifrjp naturelle ClU adoptive. Pour tournpr 1.. d iffi(uIte, Ie fpj Vl{'Dt (i'ordollller qU'on leur relir~roit l'adlninistrntion spirituelle de I'rtlltique et celehre pelerinetge de Noire-DaHle d'OEttingen) qui fOfluuil leur prineipal efablissen}ent, et Ie gOllvernement Ies invite ase rendre -lUX Eta ts-Unis-pour y desse:rvir I~ luislions ct\thoHques' alie..

mandes, si nombreuses et si abandonnes, dans oes vastes contres. -Dans ce cas , la triple pension alirnen.taire que 1'Etat alloue aux prtres ncessiteux, leurest aspuree.

Rijde. Les Etats se sopt derniereinent occups d'une'loi sur les m;.riages mixtes, dont I'objet seruit de contraindre les enrs catholiques i publier en ch^+ire les promesses de in iriagme entre parties c.itholique et pr testanti , Iorq;ie Belle-ei a u r .i o .t)te 'Ia Ii .i=, sentenve (le divorce. Cotte lui ji 1.s d Rn l c ha'iihre h nit , d te des S4. 190eiars.

ie rli . gin }7e 12 mars . Ivy Iltiti vi l v qufe (ie Ri .tu nb=1urg a recu., I'it.l.os ti, .t .dies .rasins ei 1'n .tig^n L..litifit^^^le, d I'i^gIis de Frib4,uug B;.de). j.rr Ie utinisti-'re de .%Igr l',tr(-hC%q;le, ='sist (les veques de Strasbourg et de Spirel. Le 7, ii avuit } .rt, entre les .nains du roi , euvirl .n de tuut son conseil d'Etf.t, }e sernient d'hoiuinage , en sorte que riep ne s'O[)[Hrse plus Ira prise de ppossessit.n de son dr+ .memes ambassadeurs fai

soient mention d'un plus ample pardon accorder tous ou presquetous les sufets pontificaux qui avoient tralii la foi; Leursouverain.

Personne ri'ignore que quelques-unes de ces rforines furent accomo plies par Ie Pape Grgoire xvi , Notre Prdcesseur, que quelques .autres furent promises par des J TS rendis cette mme anne 183 t

par son ordre. Cependant ces :bierfaits de Notre Prdcesseur ne semblrcnt pas sari fa5re pleinement aux veeux des souverains, ni sufferea' l'aflrmissemert du been &re et de.la tcanq-uillit dans toute l'.tendue des Etats ternporels du Saint-Sige.

C'est pourquoi, ds te ,premier jour ou, par un jugement im.pn.trable de Dieu, Nous ,fumes lcv a sa place, sans y tre excit tri par les exhortations, ni par les conseils de,personne, mais press par notre ,ai decut amour.euvers le peuple soumis La domination tempore de 1',Eglise, Nous accordnmes nu plus large pardon crux qui s'toient carts de la fidlit -due au gouvernement pontifical, et Nous Nous Iitamcs de donr,er quelques institutiornsqui Nous avoient para devoir ,etres favorables la prospriol de ce mme peuple. Tous ces actes .qui out marqu les premiers jours de Notre Pontificat, sont pleinemeut ,conlornmes crux que les souverainsd'Europe avoient surtout dsirs.

Lorsquc, ave.-c l'aide de Dieu, nos penses .ont en recu leur excuh on, Nos su}ets et les peuples voisins ont paru Si remplis de joie et Nous out entour de taiit de tmoignages de recounoissance et de respct, que Nous avons dei Nous efforcer de contenir dans . de justes

rnes les acclarnationso pulairesdans cette visie sainte, les a lau

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dissements et les runioris trop enthousiastes de la population.

Elles sont encore connues de tous, Vrnrables Frres, les paroles de Notre Allocution dans le consistoire du 4 octobre de 1'anne dernire, par lesquelles Nous avonsrecom.rnand aux souverains ure paternelle bienveillance et des scntiments plus affectueux envers leurs sujets, en mme temps que Nous cxhortions de nouveau les peuples

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la fidlit et 'a 1'olbissance envers les princes. Nous avons fait tout ce qui dpendoit de Nous par Nos avertisaeinents et Nos exhortations, cour que tors , fertnement attachs i la doctrine catholique , fidles obervateurs des lois de Dieu et de 1'Eglise, ils s'appiigrient au maintien de la concorde rnutuelle, de la tranquillit et de la charit envers tous.

Piut Dien que ce rsultat dsir cut rporrdt .'a Nos paternelles paroles et Nos exhortations. Mais on conr,oit les conmmotions publiques des peuples italieus dunt Nous venons de parler; on sait les autres vrrements qui s'toieut dj i accomplis, ou (lui ont eu lieu de-puis, soit .;n Italie, soit hors de l'Italie. Si qurlqu'un vent prtendre que ces v, ne.nents sopt de quelgne manire sortis des rnesures que Notre liieiive fllar=ce et ]Notre af eetion Nous ont suggres au comrnencement de Notre Pontificat, celui-Ui certes ne pourri eu aticune fatson Nous les itnpL^ter crime, attendu que Nous rr'avons fait que ce qui avoit t jng par Nous comme par les prirrces susnomrns, utile' la prosprit de Nos sujets tern[)orels. Quant ceax qui, dans Nos prolrres Etats, ont abus de Nt*s biersfCrits, imitatit ['exemlple du divin Prince des pas-tours, Nous leur pardonr^ous de zoute Notre rr.e, Nous les rappeloi,s

avec arnour de plus sairres pensees, et Nous supplions ardecnment Dieu. Pre des inisricordes, de dtourner avec clrnence de leurs ttes les chtirncnts qui attendent les ingr^tts.

Les penples de l'Allemagne que Nous avons dsigns ne sauroient Nous accusen, si rellernent il ne Nous a pas t possible de contenir 1'ardeur de ceux de Nos sujets qui ont applaudi au% vnements accomplis contre eu x dans la haute Italie, et qui, enflamms d'un gal atnour poer leur nationalit, sont alls dfet dre une cause commune tous les peuples italiens. En effet, plusieurs autres princes d'Europe, soutenus par des forces militaires bies plus considrables que les nStres, n'ont pas pu eux-rnmes rsister aux rvolutons qui, dans le mme temps, out soulev leurs peuples. Et nanrnoins dans eet tat de clloses , Nous .i'avons pas donn d'autres ordres aux soldats envoys it Nos frontires, que de dfendre l'intgrit et I'inviulabilit du territoire poot fical.

Aujourd'hui toutefois, comme plu'ieurs dernandent que, runi aux peuples et aux autres princes de l'Italie, Nous dclarious la guerre 1'Autrichc, Nous avons cru qu'il toit de Notre devoir de protester

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formellement et hautement dans cette solennelle assemble, contre une telle rsolution entirement contraire 'a Nos peuses, at^endu que malgr Notre iudignit, Nous tenons sur la terne la l,lace de Celui qui est l'autcur de la paix, l'ami de la charit, et que, lidle aux diviues obligations de Notre suprrne Apostolat, Nous embrassons tous les pays, tous les peuples , toutes les uations dans na gal sentiment depaternel arnour. Que si panrui nos sujets,