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« Le vrai danger, mon fils, se nomme l’indifférence » Elie Wiesel Un texte de Robert Serge Hanna

« Le vrai danger, mon fils, se nomme lindifférence » Elie Wiesel Un texte de Robert Serge Hanna

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Page 1: « Le vrai danger, mon fils, se nomme lindifférence » Elie Wiesel Un texte de Robert Serge Hanna

« Le vrai danger, mon fils, se nomme l’indifférence » Elie Wiesel

Un texte de Robert Serge Hanna

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Indiciblement, le brouillard submerge la ville, étouffant le coeur des hommes jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’un muscle battant au rythme de sa survie. Que dire d’un coeur qui battrait sans émotion, sans amour ? Que celui qui le porte n’existe déjà plus. Tant aimer, pour un coeur, lui est indispensable à sa justification d’existence. 

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« Silhouette fragile, flagellée par la pluie, crucifiée par le regard gêné des passants, allongée à même le sol sur cette grille du métro, unique source de chaleur, il était là : solitaire, désemparé, comme abandonné, transparent. »  

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Un ciel gris traînant les nuages nonchalants, mélancoliques, d’une journée ordinaire, pluvieuse et froide, d’un novembre déjà oublié. Quelques ombres encapu- chonnées, sur ce boulevard brillant de solitude où ne fleurissent que de noirs parapluies, se hâtent vers un peu de chaleur et de rassurante tranquillité. 

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Avec la fin de la journée, faisant les comptes de ses malheurs du jour, le monde a gardé le dernier en mé- moire, comme la retenue d’une sinistre addition de miséreux et de laissés pour compte d’une société pour qui l’homme apparemment n’existe plus tant son malheur lui est indifférent.

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« Les yeux fixés sur je ne sais quel horizon, sur quelle croyance, vers je ne sais quel espoir ? il n’implorait pas, il restait digne. » Ceux qui ont pu échapper, pour combien de temps ? au tourbillon des mauvais événements quoti- diens, sont des chanceux, pri-vilégiés d’un moment. Car demain sera peut-être leur tour. Qui peut savoir ? Le bonheur n’est jamais acquis, il se conquiert chaque matin. 

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La majorité de l’humanité souffre en silence. Qui s’en soucie ? Une minorité agissant à la manière d’un “fou” qui voudrait vider la mer avec un récipient percé. Merveilleuse utopie. La détresse est profonde, abyssale comme un fond d’océan. Les rivières qui s’y jettent se prénomment : misère et solitude, elles ont pour estuaires, l’exclusion. Elles prennent leur source dans l’indifférence, ce vestibule de l’oubli, cette anti- chambre du mépris.

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« La main ouverte et tendue, il ne demandait pas l’aumône mais mieux encore : il espérait dans la sienne une autre main. Un peu de considération aurait touché son coeur, beaucoup plus que de l’argent. »

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Les meilleurs d’entre les hommes, essaient, avec obstination, de leur faire barrage. Ils élèvent des digues impuissantes. Ils tentent de détourner des cours inéluctables. Rien n’y fait. On taille, on coupe, on étête, on déplace, on façonne, on troue, on colmate, on aménage. Fondamentalement, on croit ne rien changer, et pourtant les idées font leur chemin, tracent leur sillon. Il leur faut seulement du temps.

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Avec le temps, de la volonté, du courage, de l’abnégation et beaucoup d’amour, on ne peut que réussir.  « Il voulait seulement parler un peu. Ses mains jointes à présent disaient : laissez-moi lire dans vos yeux que j’existe encore. La pluie cinglante et froide péné- trait son âme mais il ne bougeait pas, comme s’il l’ignorait, figé d’indifférence. »

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L’opacité des sentiments qui rend insensible, imperméable, indifférent au malheur, agit comme un mauvais vaccin ou un soporifique. L’humour ne perdant jamais ses droits, et le premier degré ayant parfois plus de sens qu’il n’y parait, il s’ensuit alors la longue litanie du : << on peut ne pas, il suf- fit de >> 

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On peut ne pas en parler, il suffit de ne rien dire !On peut ne pas s’engager, il suffit de laisser faire !On peut ne pas voir, il suffit de fermer les yeux On peut ne pas comprendre, il suffit de rester “ simple “On peut ne rien finir, il suffit de ne pas commencer !  En fait, on peut revenir de tout, il suffit de ne pas y aller ! 

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On peut, jusqu’à plus soif, se dire que d’autres font “quelque chose” que cela devrait être suffisant et que de toutes manières, quelques verres de plus ou de moins dans cet océan d’indifférence ne change- raient rien à l’affaire. Rien n’est moins sûr.

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L’idée la plus répandue est que quelques millions d’hectolitres de moins dans cette immensité dou- loureuse, ne fera pas baisser le niveau trouble de ses eaux. C’est possible, mais cela ne m’empê- chera pas de penser et de croire que des solutions existent et que les hommes qui cherchent fini- ront bien par trouver un jour…

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« Au petit matin, il était encore là : immobile, allongé à même le sol, trempé, dissout par la pluie. Mort de trop de solitude et de beaucoup d’indifférence, il s’était éteint sans bruit, avec pudeur et dignité. Justement celle qu’on lui avait refusée. »

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Demain, un autre homme tout aussi misérable, tout aussi malheureux, aura pris sa place. Assis au même endroit, sur cette grille du malheur, ignoré de tous. La même attitude avec les mêmes gestes aura les mêmes effets, les mêmes affreuses conséquences : car la mort des uns ne change rien à la vie des autres.

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Mais le savoir nous suffit-il ? Doit-on s'en contenter sans en avoir profondément honte au point de ne plus pouvoir se re- garder en face ? Ne penser qu’à soi, à l’évidence, évite de penser aux autres. Car il y a pire que " mal faire" : ne rien faire.   Robert Serge HANNA

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En attendant on doit continuer avec “force” et “vigueur”, avec les fous et les rêveurs, les sages et les poètes, de tenter de vider “ la mer “ pour combattre, sans relâche, cette pourriture de l’âme qu’est l’indifférence. La réussite n’est qu’une consé- quence heureuse. L'important est d’avoir tenté quoiqu’il arrive. 

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Texte de Robert Serge HANNA, avec son aimable autorisation. Ce texte est protégé par copiright.

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