+ L'épuration biologique des eaux

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F. Edeline Lpuration biologique des eauxTHEORIE & TECHNOLOGIE DES REACTEURS4e dition entirement revue et complte 5e tirage

CEBEDOC EDITEUR2, rue Armand Stvart B4000 LigeTl. (04) 252 00 86 Fax (04) 254 03 63

11, rue Lavoisier F75384 Paris cedex 08Tl. (1) 42 65 39 95 Fax (1) 47 40 67 02

LPURATION BIOLOGIQUE DES EAUXSOMMAIREAvant-propos .................................................................................................... 5

LE MTABOLISME MICROBIEN 1. 2. 3. 4. Energtique du mtabolisme.............................................................................9 Mtabolisme des dcomposeurs......................................................................27 Enzymologie......................................................................................................39 Dynamique des populations microbiennes ....................................................53

LES RACTEURS HTROTROPHES 5. 6. 7. 8. 9. Racteurs arobies biomasse fixe (lits bactriens) ...................................81 Racteurs arobies biomasse en suspension (boues actives)..................127 Racteurs anarobies (mthaniseurs)...........................................................179 Dnitrificateurs htrotrophes......................................................................225 Sulfatorducteurs ...........................................................................................235

LES RACTEURS AUTOTROPHES 10. Nitrificateurs...................................................................................................241 11. Dnitrificateurs autotrophes .........................................................................255

LES RACTEURS MIXTES 12. Racteurs algo-bactriens (tangs de stabilisation) ....................................259 13. Dphosphateurs biologiques..........................................................................275 14. Racteurs charbon actif..............................................................................283

Photo de couverture : Rotifre + flocs + bactries filamenteuses de Sphaerotilus natans + quelques protozoaires pdonculs. Grossissement 100 (Prof. J. Brakel et M. Culot, Facult des Sciences Agronomiques de Gembloux, UER de Microbiologie).

APPENDICE Les domaines dapplication...........................................................................291 Liste des notations et symboles utiliss ........................................................297

F. EDELINE est Ingnieur Chimiste A.I.Gx, Directeur honoraire du Cebedeau, Professeur la Facult des Sciences Agronomiques de Gembloux.

Avant-proposCet ouvrage nest pas un trait de microbiologie, on ny trouvera donc pas de dveloppements dtaills sur le mtabolisme des microorganismes, par exemple la description des diffrents cycles et filires comme Krebs, Entner-Doudoroff, EmbdenMeyerhoff, Calvin, etc. On ny trouvera pas davantage de cl dtaille pour lidentification des microorganismes, ni un inventaire fouill des enzymes et de leur mcanisme daction. Au contraire on a essay dextraire de ce corps impressionnant de connaissances quelques lignes synthtiques claires, point trop simplifies, et qui permettent de guider lingnieur sanitaire aussi bien dans le choix des procds dpuration que dans linterprtation de leurs dysfonctionnements. Pour ceux quintresserait lapprofondissement de ces matires, nous les renvoyons aux quelques excellents ouvrages suivants : B ROCK , T.D., M ADIGAN , M.T. (1991). Biology of microorganisms (6th ed.). Prentice-Hall Int. Ed. Buck H., Buck S. (1987), Mikroorganismen in der Abwasserreinigung, F. Hirthammer Verlag Mnchen. CURDS, C.R. (1969). An illustrated key to the British ciliated protozoa commonly found in activated sludge, (Water Poll. Res. Technical Paper n 12). FOX J.C., FITZGERALD P.R., LUE-HING C. (1981), Sewage organisms : a color atlas, The Metropolitan Sanitary District of Greater Chicago, Illinois. GAUDY, A.F., GAUDY, E.T. (1980). Microbiology for environmental scientists and engineers, Mc Graw-Hill. PIRT, S.J. (1975). Principles of microbe and cell cultivation, Blackwell (Oxford). VEDRY B. (1987), Lanalyse cologique des boues actives (SEGETEC). La prsente version des chapitres introductifs consacrs la biocintique et la bionergtique doit beaucoup lrudition et la pratique pdagogique de mes collgues la Facult des Sciences Agronomiques de Gembloux, MM. Jacques Brakel et Marc Culot, respectivement Professeur et Chef de Travaux, que je remercie pour leur aide dsintresse. Lige, le 30 mai 1993 F. EDELINE

DU MME AUTEUR : Lpuration physico-chimique des eaux THORIE & TECHNOLOGIE Editions Cebedoc, 1996

ISBN 2-87080-030-4 Editions CEBEDOC sprl, Lige, 1997 Tous droits de traduction, dadaptation et de reproduction rservs pour tous pays. Printed in Belgium D/1997/0243/3

PREMIERE PARTIE

Le mtabolisme microbien

CHAPITRE PREMIER

Energtique du mtabolisme

La matire vivante est thermodynamiquement instable, et ne peut se maintenir sans un apport continu dnergie. Cette nergie provient du soleil (nergie lumineuse) ou de la dgradation des aliments. Le flux dnergie solaire sur la terre est de 20 cal/m2. min. La matire vivante respecte les lois de la thermodynamique,et en particulier le 2e Principe, selon lequel lentropie augmente toujours. Un transfert dnergie ne se droulera spontanment que sil a lieu dun niveau lev vers un niveau bas : les ractions spontanes sont exergoniques. Lnergie libre G est celle qui est rendue disponible au cours dune raction chimique isotherme et isochore (Tet P constantes). Cette nergie nest toutefois pas rcuprable intgralement en travail, une partie tant ncessairement dissipe en chaleur.

1. Variation dnergie libre

G = Potentiel thermodynamique pression et temprature constantes, ou nergie libre (chez les anglo-saxons : F). H = Contenu de chaleur ou enthalpie. S = Entropie. T = Temprature absolue.

Par convention une nergie libre par une raction exothermique (H) ou exergonique (G) est considre comme ngative. Lquation G = H TS (1.1) donne la variation dnergie libre au cours dune raction. H est la modification denthalpie ou chaleur de raction. TS est la portion de lnergie libre qui apparat sous forme de chaleur, c. . d. non utilisable : cest la chaleur de raction rversible. Selon Ppel, elle se monte 7-13 k cal. par g de C dgrad. Par ex., pour loxydation du glucose G = 691 kcal/mole dans un calorimtre, alors quon ne peut en fait rcuprer que 673 kcal dnergie chimique. On a donc : C6H12O6 + 6 O2 6 CO2 + 6 H2O TS = 18 kcal = H G = 673 ( 691) kcal. En pratique, pour la dgradation de molcules organiques, le terme TS est faible devant H, et on peut souvent admettre, pour les estimations, G = H. Ce sont les composs covalents, dont la dgradation libre beaucoup dnergie, qui constituent 9

ENERGETIQUE DU METABOLISME

des substrats intressants pour les bactries htrotrophes. Pour dautres processus, comme la dissolution de cristaux dans leau, cest TS qui est le terme dominant, car le dsordre crot beaucoup, alors que la chaleur change peu. Ce sont des composs lectrovalents, dont la dgradation libre comparativement peu dnergie, et qui ne sont donc pas utiliss par les microorganismes. Lnergie libre nest videmment pas utilise sous forme de calories ( peu prs sans intrt pour la cellule) mais pour effectuer un travail essentiellement chimique. Par exemple la synthse dune protine partir dacides amins exige 7 k cal par reste damino acide ; de mme la synthse des hydrates de C partir de CO2 exige + 114 kcal/mole CH2O (cas du Nitrosomonas sp.). Pour la resynthse du glucose il en faut donc environ : 6 x 114 = 684 ce qui correspond bien ce qui est libr par la dcomposition du glucose. Toutes les oxydo-rductions cellulaires, accompagnes de transfert dnergie (par transfert progressif dhydrogne ou dlectrons) peuvent tre caractrises par un rH : un enzyme dtermin ne peut travailler nimporte quel rH. Les couples redox se distinguent par leur potentiel redox ou par leur rH. On a : rH = colog [H2] = log 1 [H2] En milieu aqueux, les valeurs extrmes sont : n rH = 0 pour [H2] = 1 atm H2 2 + 2e [A] (lectrode normale hydrogne, pH 0). (N.B. tout rducteur plus fort rduit H2O). n rH = 41 pour [H2] = 1041 O + H2O + 2e 2 OH [B] (N.B. tout oxydant plus fort oxyde H2O). Le Eh est une notation quivalente au rH, et dfinie par Ox Eh = Eo + RT log Red Si on fait la mesure dans un systme mi oxyd-mi rduit o [Ox] = [Red], le terme log Ox/Red = 0 et il reste E0, le potentiel normal. On choisit nouveau comme zro de lchelle le potentiel de llectrode normale hydrogne, pH 0. En biochimie, on prfre le noter Eh et le mesurer pH 7, qui est peu prs le pH interne des cellules. On calcule que cela rduit le potentiel de 0,4 V (lorsque le nombre n dlectrons impliqus est le mme que le nombre de protons) : nH+ Eh = Eh 0,4 ne Enfin on fait gnralement la mesure par rapport une lectrode au calomel, plus commode que llectrode lhydrogne. Cette lectrode a un potentiel normal de + 250 mV par rapport llectrode H2 : Eh = Ecal + 250 10 H+

Soit enfin une raction donnant lieu lquilibre : A+B C+D (1.2) Lorsque cet quilibre est atteint, il ny a plus de conversion de A et B en C et D ni rciproquement et le potentiel thermodynamique ne varie plus : G = 0 A ce moment galement on dfinit la constante dquilibre K= [C] [D] [A] [B] (1.4) (1.3)

Lquation gnrale pour le calcul de G G = RT ln [C] [D] [A] [B] RT ln K (1.5)

se simplifie alors en tenant compte de (2) et (3), et permet de poser G = RT ln K (1.6) On appelle G potentiel thermodynamique normal de la raction car on voit que si toutes les concentrations sont normales (gales 1) dans (5), il reste (6). Lquation (5) permet de calculer le G pour toutes conditions autres que lquilibre. Le G est exprim en cal/mol et peut tre calcul, mais il est galement li au rH et au potentiel redox, comme on va le voir. Lnergie libre libre ou absorbe par une raction est lie au saut de rH correspondant (rH) n G = 2,3 RT . rH = 1420 rH ( 37 C) 1364 rH ( 25 C) Cest ainsi que la raction globale H2 + 1/2 O2 = H2O fait passer le rH de 0 41 do G= 1420 x 41 = 58 000 cal/mol. G est li de mme au saut de potentiel redox (E0) exprim en mV G = nFEo = 23,06 nE0 En effet F = 96 500 coulombs, et 1 cal = 4,186 joules. De mme, on a rH = 2 pH + Eh 29 do rH = 14 + Eh 29

Cest prcisment cette nergie (58 000 cal/mol) qui est libre et rcupre en bout de chane par lATP au cours du mtabolisme arobie, o loxygne est laccepteur final de lhydrogne. Mais cette libration est tage, grce plusieurs cytochromes. Ce sont donc dune faon gnrale les rducteurs qui sont intressants comme aliments pour les bactries, car ce sont des rservoirs dnergie chimique potentialise : des donneurs dhydrogne. Ex. : mat.organiques, H2, H2S, NH3 11

ENERGETIQUE DU METABOLISME

Paracoccus denitrificans

Thiobacillus ferrooxidans

2. Les deux faces du mtabolismeTableau 1.I Quelques ractions nergtiques bactriennes (classes par ordre dnergie libre). F = fermentation. En rsum on peut dire que les librations dnergie libres seront caractrises, dans les systmes vivants comme ailleurs, par un donneur dlectrons (ou un donneur dhydrogne) et par un accepteur dlectrons (oxydant). Dans une chane mtabolique, le premier et le dernier maillon de la chane sont particulirement importants identifier. Le premier est le substrat nergtique et caractrise une certaine spcialisation du microorganisme. Le dernier ou accepteur final dlectrons caractrise le rgime mtabolique (par ex. arobie sil sagit de loxygne). Globalement la chane de ractions librant de lnergie est appele catabolisme (ou dissimilation, ou oxydation). Paralllement, la cellule aura besoin dune source de carbone pour synthtiser ses composants cellulaires. On verra que la source de carbone peut tre la mme que le substrat nergtique, mais que ce nest pas toujours le cas. La chane des synthses est appele anabolisme (ou assimilation). On peut lenvisager comme compose de deux tapes. La premire est la formation de prcurseurs chimiques (au nombre de 12). Lorsque la source de carbone est une matire organique prforme, il suffit darrter la chane catabolique au bon endroit pour obtenir les prcurseurs souhaits. Sinon loxydation se poursuit, ventuellement jusquau stade CO2 et H2O. Lorsque la source de carbone est le CO2, les prcurseurs devront tre obtenus par synthse. Les prcurseurs, leur tour serviront de matriaux de construction, et seront lobjet de synthses diriges pour aboutir aux composs prcis dont a besoin la cellule.

Organismes-types

Sphrotilus natans

Zymomonas sp.

Thiobacillus sp.

Acetobacter sp.

Nitrosomonas

Desulfovibrio

Lactobacillus

6 CO2 + 12 N2 + 42 H2O

2 CH3COOH + 2 CO2 + 4 H2

2 CH3CH2OH + 2 CO2

Raction nergtique globale

2 CO2 + 2 H2

O + HS-

Nitrobacter

2 CH3 CHOH COOH

NO2- + H2O + 2 H+

6 CO2 + 6 H2O

5 C6H12O6 + 24 NO3- + 24 H+

SO4 + H+

CH4 + 2 H2O

CH3COO- + SO4- + 2 H+

CH4 + CO2 CH3 COOH

NO3NO2 + 1/2 O2

C6 H12O6 + H2O

C6 H12O6 + 2 H2O

C6H12O6

Fe++ + 1/4 O2 + H+

C6H12O6 + 6 O2

NH4+ + 3/2 O2

HS + 2 O2

CO2 + 4 H2

Fe+++ + 1/2 H2O

G kcal/mol

- 190,4

- 32,2

- 638

- 686

- 97

- 65

- 20

- 49,7

- 1,04

- 206

- 226

- 6,8

3. Les sources dnergie et les accepteurs dlectronsLnergie est utilise par les microorganismes essentiellement sous ses formes chimique et lumineuse. Le groupe le plus intressant pour le gnie sanitaire est celui des organismes htrotrophes, qui tirent leur substance de loxydation de matires organiques prexistantes. Certaines de ces ractions sont arobies, dautres sont anarobies, selon quelles utilisent ou non loxygne comme accepteur final dlectrons. On constate que les anarobies fournissent (v. notamment dans loxydation du glucose) environ 20 fois moins dnergie. Les deux types peuvent coexister dans une mme cellule. On admet quun systme est anarobie si son Eh est < 250 mV. Pour tous ces organismes htrotrophes, la matire organique est la fois source de carbone et source dnergie. Mais il y a en gnie sanitaire un autre groupe important dorganismes, celui des autotrophes, parmi lesquels on distingue : n les phototrophes : ce sont les algues et les plantes, ainsi que certaines bactries, qui utilisent lnergie lumineuse pour synthtiser leur matire organique partir de 13

Source Source Accepteur de carbone dlectrons dlectrons

SO4

NO3

CHO

CHO

CHO

CHO CHO Mthanognse

CO2

O2

O2

O2

O2

NH4+

CHO

CHO

CHO

CHO

CHO

CHO

NO2-

CHO

CHO

CHO

CHO

CHO

CHO

CO2

CO2

CO2

CO2

Organotrophes respiration arobie

Sulfatorduction

F. homolactique

Mthanognse

Sulfooxydation

Dnitrification

F. alcoolique

Nitrification

F. actique

12

Ferrobactries

Nitratation

CO2

Fe++

HS

H2

O2

ENERGETIQUE DU METABOLISME

CO2. Le donneur dhydrogne est alors H2O pour les plantes vertes, et H2S pour les bactries soufres, avec formation de O2 dans le premier cas et de S2 dans le second. Ce sont des photosynthses, ncessitant des pigments spcialiss (chlorophylle, bactriochlorophylle). n Les chimiotrophes : dnus de pigments, oxydent diverses substances inorganiques et utilisent lnergie ainsi libre pour synthtiser ensuite la matire organique partir de CO2, qui est leur source de carbone. Le tableau 1.I donne le G correspondant quelques composs covalents servant souvent de substrat aux htrotrophes. Tableau 1.I G oox pour loxydation complte de quelques composs covalents (en kcal/mol) (daprs SERVIZI & BOGAN). G oxydation glucose = fructose acide fumarique acide pyruvique acide butyrique acide glutamique acide lactique acide succinique lactose glycrol acide formique acide actique acide propionique acide malique acide citrique glycine alanine phnol acide benzoque (1) formaldhyde (aq) benzne actaldhyde (1) 687 333 282 514 475 340 369 1 381 407 66 208 360 336 ~ 498 161 311 729 773 120 765 270 G formation 216 157 114,1 91,5 170,4 124 178,8 113,6 85,1 94,5 92,1 211 ~ 294 87,8 88,9 11 59,2 31 29,8 31,9 G de quelques substances chimiques simples : O2 216 CO2 94,26 H2O 56,69

des cellules (en mg O2/h. cellule) dans des cultures o on insuffle des mlanges O2 + N2 de plus en plus pauvres. On constate ainsi que la respiration reste constante pour 100 % > O2 > 25 % mais quensuite elle dcrot proportionnellement la richesse en O2 pour 25 % > O2 > 0 %. Le cycle de Krebs est compltement arrt lorsque O2 < 10 %, et de nombreuses autres observations sur les filires mtaboliques (notamment concernant la formation dacide actique) sont faites. Il semblerait en consquence exister 4 seuils marquant le passage du mtabolisme arobie au mtabolisme anarobie. Tableau 1.II Tableau des accepteurs dlectrons utilisables par les bactries en fonction du potentiel redox (daprs LE GALL). Forme oxyde O2 NO3 Fe+++ SO4 H+ CO2 Forme rduite H2O N2 Fe++ S H2 CH4 Domaine de potentiel Eo (mV) + 200 + 600 0 + 200 200 0 400 200 400

N.B. : Mn++++ se trouve immdiatement sous le fer.

En fait laccepteur final des lectrons, ou quivalents rducteurs enlevs aux substrats, change en fonction du potentiel redox du milieu, comme le montre le tableau 1.II. On voit que les mtabolismes arobie et anarobie sont situs chacun aux possibilits extrmes du redox. Lextraordinaire varit des combinaisons possibles est montre dans le tableau 1.III qui reprend les principales modalits intressantes en gnie sanitaire. Dans ce tableau, CHO dsigne un compos organique. Une vue plus dtaille des chanes de ractions venant du donneur laccepteur sera fournie au chap. 2, qui traite plus prcisment des enzymes. Le schma suivant montre comment sopre le transfert dH ou de dun donneur un accepteur. On voit quil sagit toujours de ractions couples, dont on a, chaque fois, donn ci-dessus la somme. Remarque : le systme de transfert dH2 ne ncessite pas dO2, il est dit anarobie, alors que le systme de transfert dlectrons ncessite O2 et constitue la partie proprement arobie du mtabolisme. Seuls, les organismes arobies disposent de ce systme. Toutes ces nergies sont stockes, transportes et utilises essentiellement par lATP 15

Beaucoup de bactries, dites facultatives, sont capables de mtaboliser leurs substrats volont en milieu arobie ou anarobie. On tudie actuellement (HARTLEY, 1985) les switches mtaboliques en mesurant le taux de respiration spcifique 14

ENERGETIQUE DU METABOLISME

(adnosine-triphosphate) grce sa liaison riche, qui la vhicule par paquets de 7 000 9 000 cal./mol. Il y a donc quantification de lnergie libre, et perte dnergie si une raction libre moins de 8 000 cal./mol. Cest une des raisons pour laquelle les rendements ne sont jamais quantitatifs. LATP relibre lnergie emmagasine lors de son hydrolyse, loccasion de toutes les activits vivantes (p. ex. synthses cellulaires). Il y a jusquici six types connus de ractions capables de reformer lATP partir dADP (adnosine diphosphate). Il y a une remarquable uniformit dans les cycles nergtiques et les cycles de dgradation enzymatique chez tous les tres vivants, et en particulier chez les microbes.

4. Rendement nergtique des arobiesLors de la mtabolisation de substrats bien quilibrs, abondants et non carencs en azote ou en phosphore, on observe des rapports constants entre le carbone assimil et le carbone utilis, et de mme pour les lectrons : C assimil = 0,56 0,60 C utilis e assimils = 0,58 0,65 (lIAWQ suggre de retenir 0,67) e utiliss Comme les substrats sont des donneurs dlectrons, on peut les caractriser par leur nombre dlectrons disponibles, qui se calcule comme suit :

Substrat

Produit oxyd

n mesurer le nombre de moles dO2 ncessaire pour loxydation complte dune mole de substrat : ceci est identique la DCO par mole. n multiplier le rsultat par 4, qui est le nombre dlectrons-grammes ncessaires pour rduire une mole dO2 selon O2 2 O -- .

Dshydrognases Systme de transfert dH2

Ex. : le glucose vaut 24 lectrons grammes, puisquil ncessite 6 O2 par C6H12O6. Remarque : On voit que le rapport DBO doit toujours tre 0,4 pour un substrat DCO dgradable.

Flavoprotine

Tableau 1.III Flux dnergie dans la matire vivante. Tableau densemble (DECKER, JUNGERMANN, THAUER).

Donneur dlectrons (dshydrognation)Cytochromes

Accepteur dlectrons (hydrognation) 4 H + 2 pyruvate 2 lactate 24 H + 6 O2 12 H2O

G kcal/mol 47,5

Chimiotrophie

Systme de transfert dlectrons

Fermentation Glucose 2 pyruvate + 2 H++ 4 H (anarobie) Respiration (arobie) Glucose + 12 H2O 6 HCO3 + 6 H+ + 24 H

680,2

Phototrophie

h Photosynthse H2O 1/2 O2 + 2 H+ + 2e h Chlorophylle Chl (*) + le

2e + 2 H+ 2 H le + Chl (*) Chl

(**) + 56,7 0

Fig. 1.1 Schma gnral du mtabolisme (daprs STANIER, DOUDOROFF et ADELBERG).

N.B. Le mtabolisme de lnergie apparat comme un systme dhydrognation et de dshydrognation couples. Chl (*) = Chlorophylle excite. (**) Cest la photolyse de leau, qui exige autant dnergie que nen libre loxydation de H2.

16

17

ENERGETIQUE DU METABOLISME

Les substances fermentes servent uniquement la fourniture dnergie, alors que le carbone assimil vient presque intgralement de molcules prformes, obtenues par dgradation dun substrat en ses monomres. Au point de vue thermodynamique, le G conserv par les cellules est proportionnel au G disponible (arobie ou anarobie). Par contre, lapplication du Second Principe entrane que S 0 lors de la synthse cellulaire. On peut distinguer quatre types de S dans les oprations du mtabolisme cellulaire :

n condensation mise en ordre

font dcrotre S.

n transfert de H conversion de nutriments en rsidus

font crotre S.

pour que S 0, la cellule doit donc produire un minimum de rsidus (par calcul : 0,03 g/g) par g de biomasse forme. Mais en fait la cellule produit 3,3 fois plus de dchets que ncessaire (il y a des pertes dans la formation dATP comme on la vu). On peut admettre (ROELS, 1980) quen moyenne (pour 488 substances organiques communes) : 1 lectron disponible = 26,616 3,0 kcal denthalpie ; or 1 g bactries sches = 5,195 kcal ( la bombe) et 1 lectron disponible permet la synthse 5,195.3,14 = 16,3 kcal/e de 3,14 g de biomasse La chaleur des bactries provient des substrats, mais sur 26,6 kcal disponibles 16,3 sont assimils, (62 %) 10,3 sont dissimuls, (38 %) Toute cette nergie passe par lATP, et on a (SERVIZI et BOGAN, 1963), si on appelle Y le poids de bactries formes par rapport lnergie utilise : Y = k1 NATP = k1k2 Gox = k1k2k3 DCO = 0,32 0,38 DCO+ Tableau 1.IV Rendement bactrien arobie pour divers substrats (avec NH4 comme source dazote).

Dautre part on mesure en moyenne YATP = 10,5 gB/moleATP, que ce soit en milieu arobie ou en milieu anarobie (B = biomasse). Lnergie prise au milieu, qui est la somme de celle incorpore la cellule et de celle dpense par catabolisme, peut donc tre calcule de deux faons : a) prendre le H entre les produits entrants et sortants ; b) multiplier par 106,4 = 26,6 x 4 le nombre de moles dO2 consomms par mole de substrat (le transfert de 4 e.gr dune source organique loxygne libre 106,4 kcal/mole). Puisque le.gr libre 26,6 k. cal denthalpie et permet la synthse de 3,14 g de biomasse, on peut former : 0,118 g B/kcal. Il semblerait que pratiquement ce rendement soit gal : 0,116 en arobiose 0,130 en anarobiose. Connaissant la proportion moyenne des divers composants organiques dans une cellule, ainsi que lnergie ncessaire pour les produire partir de leurs monomres, on peut calculer que la synthse des polymres ne reprsente que 30 % de la dpense dATP des cellules (GUNSALUS et SCHUSTER, 1961). Le reste de lATP est utilis pour les autres travaux numrs en 2.5.2. Ex. : 7 8 % pour ladsorption. N.B. : Lapplication directe de ces formules dquivalence aux stations dpuration donnerait un taux constant de production de boue secondaire, ce qui nest pas observ en pratique. En fait ce taux de 0,6 concerne les cultures non limites , c..d. en phase de croissance exponentielle. Dans une station dpuration, on est le plus souvent en phase de dclin, o les conversions ci-dessus sont partiellement compenses par la respiration endogne, (v. chap. 2) de sorte que la production de boue est moindre, parfois mme nulle. Le rendement net de conversion de S en B, gnralement not Y, nest donc pas une constante mais une fonction du taux de croissance (S = substrat). Lanalyse qui prcde est faite partir des considrations de PAYNE (1970) et mne mieux comprendre la signification de la DCO comme mesure de pollution. Une analyse diffrente, faite par ROELS (1980) met en vidence le fait que la mesure du carbone organique, aujourdhui trs en vogue, est au contraire un indice trs discutable. Lanalyse de ROELS se fait partir du concept de degr de rduction . Celui-ci, lorsque la bactrie dispose de NH3 comme source dazote, est dfini comme suit : = 4a + b 2c a pour un substrat S de formule Ca Hb Oc. Le degr de rduction varie entre 0 (pour CO2) et 8 (pour CH4) et le de la biomole de ROELS, CH1,8O0,5N0,2 vaut 4,80 (v. galement chap. 2). Comme une bactrie htrotrophe se sert de son substrat la fois comme source dnergie et comme source de carbone, on peut supposer que le idal pour un substrat sera celui qui nexige delle ni un travail doxydation ni un travail de rduction, soit 4,80. En pratique, les 19 (1.8)

Rendement Y (g biomasse/g DCO) Thorique Observ Glucose Ribose Glycrol Acide actique Acide palmitique Hexane Benzne Acide glutamique Arginine (daprs SYKES, 1975). 0,39 0,39 0,38 0,34 0,35 0,32 0,29 0,36 0,32 0,38 0,42 0,41 0,34 0,34 0,36

18

(1.7)

ENERGETIQUE DU METABOLISME

Tableau 1.V Comparaison de diverses molcules 2 carbones. Substance PM MO2/ MS CH3CH3 CH2=CH2 CH3CH2OH CH3CHO CH3COOH CHOCHO COOHCOOH 7 6 6 5 4 3 1 30 28 46 44 60 58 90 3,5 3 3 2,5 2 1,5 0,5 DCO mg O2/ mg S 3,73 3,43 2,09 1,82 1,07 0,83 0,18 G kcal/ mol ( 370) ( 320) ( 320) 270 208 ( 159) ( 53)

mg O2/ mg C 4,67 4,00 4,00 3,33 2,67 2,00 0,67

Respiration spcifique des boues actives la station municipale de Tirlemont R = consommation en mg O2/g BA min. t = temprature en C

Le tableau 1.V qui reprend les diverses molcules possibles avec 2 atomes de C, et dont toutes donnent le mme rsultat en carbone organique, accuse trs bien ces diffrences. Le G par Cmol peut tre facilement calcul partir du nombre de moles dO2 ncessaire pour oxyder une mole de S, en utilisant le facteur 106,4 vu plus haut. Il en dcoule ncessairement que le G par Cmol est une fonction linaire de et nest aucunement li au carbone organique.

Temprature C

nombreuses tudes de fermentation effectues montrent que ce idal vaut plutt 4,50 et que : si < 4,50 : le substrat contient trop de carbone et pas assez dnergie ; si > 4,50 : le substrat est trop riche en nergie et pas assez en carbone.

5. Rendement nergtique des anarobiesLe rendement de croissance des anarobies semble valoir en moyenne 10,5 (max. : 15) en ATP. Ce serait donc une constante biologique, puisquil est identique celui des arobies (ATP = g de biomasse synthtise par mole dATP). La mesure doit se faire en condition nergie limite, et en phase logarithmique de croissance. En outre, la valeur 10,5 nest valable que si on fournit la cellule les monomtres prcurseurs dont elle a besoin. Or une mole de substrat consomm fournit un nombre variable de moles dATP : en gnral 1 mole dATP pour un mole de compos en C3.

6. Comparaison des deux mtabolismesRamen au poids de cellule formes, en comparant les mtabolismes arobie et anarobie, on calcule que pour le mme substrat en C6 et la mme production cellulaire, le nombre suivant dunits C6 sera utilis (JUNGERMANN et al.) : 20 Log R(0,056)

Rt = 1,356 1,173t 20 = 0,611 1,173t 15 21

ENERGETIQUE DU METABOLISME

Tableau 1.VI Mtabolismes arobie et anarobie. Affectation Production dnergie 6,3 120 19 fois moins rentable Prparation des prcurseurs anaboliques 15 15 mme production cellulaire % assimil 70 11 = production de boue en phase log.

T la temprature en Kelvin ( 0 K = 273,1 C) ; R la constante des gaz parfaits (1,98 cal/ mole) ; E lnergie dactivation de la raction. Si cette loi est valable, on peut lintgrer en (1.10) ln K = E + constante RT de sorte quen portant log K vs 1 on obtient une droite de pente E = E T 2,3 x 1,98 4,58 qui permet de calculer lnergie dactivation. En biochimie ces nergies varient environ de 8 000 18 000 cal/mole. Lorsquon ne connat que deux valeurs de K obtenues des tempratures diffrentes, on peut appliquer (1.10) chacune delles, et soustraire membre membre, ce qui donne do on tire ln K1 ln K2 = E + E RT1 RT2 1 1 (1.11) log k2 = E k1 2,3 R T1 T2 et enfin k (1.12) T .T E = 4,58 1 2 . log 2 k1 T2 T1

Cellule arobie Cellule anarobie Commentaire

21,3 135

Cette comparaison est extrmement importante, car elle donne un avantage dterminant lpuration anarobie, qui en outre permet la rcupration de lnergie non libre, sous forme de CH4. Le dsavantage du procd est toutefois la lenteur de reproduction des ferments mthaniques. Tableau 1.VII Comparaison des H librs par la mtabolisation arobie et anarobie. Substrat PM H arobie kcal/mol kcal/g mthanol CH3OH monosaccharide ure CO(NH2)2 acide butyrique CH3(CH2)2COOH

(

)

anarobie kcal/mol kcal/g 18,8 35,4 27,6 13,3 0,59 0,19 0,36 0,15

32 180 60 88

347 652,5 178,4 501,0

10,8 3,6 2,97 5,7

C6H12O6

En fait, la temprature influence dautres grandeurs que K, et notamment la viscosit, la densit, la tension superficielle, la tension de vapeur, , de sorte quon observe souvent des carts cette loi. Cette loi de croissance ne comporte aucun maximum, et ne peut donc tre observe que pour des systmes enzymatiques bien audessous de leur maximum dactivit. Lorsque le maximum sapproche, lenzyme commence se dcomposer, ou le complexe enzyme-substrat. Au-del, la dcomposition lemporte et la raction ralentit. Les courbes des fig. 1.1a et 1.1b montrent effectivement une branche ascendante linaire obissant la loi dArrhenius, mais celle-ci plafonne puis culmine vers 37 C pour ensuite descendre rapidement sous leffet dune dsactivation thermique. Pour cette raison, le facteur (v. ci-aprs) trouv dans des installations tropicales est toujours bien infrieur celui des rgions tempres (p. ex. 1,053 au Burkina Fasso, TOURE 1986, contre 1,099 en Belgique, VANDEVENNE, 1986). GOMA a critiqu fondamentalement lutilisation de la loi dArrhenius et du concept mme dnergie dactivation. La sensibilit la temprature varie trs fort pour divers aspects du mme processus. En outre, si E < 8 000 kcal/mol, il y a une forte chance pour que le processus soit plutt limit par la diffusion, car mme basse temprature il y a toujours suffisamment de molcules actives. Diverses approximations la loi dArrhenius ont t proposes, dont la plus courante a la forme (PHELPS, 1944) kt = k20 . t20 (1.13) En effet, si on note que dans (1.12) E vaut environ 14 000 cal/mole pour les processus ordinaires de la biodgradation, et si on admet de passer des K aux C par lapproximation 23

(Daprs SCHMIDT et KLUG, 1969 et COONEY et LEVINE, 1972).

7. Influence de la tempratureLa temprature influence fortement la cintique des processus biologiques, puisquelle traduit la plus ou moins grande agitation des molcules. Lquation fondamentale ce sujet, comme en cintique chimique, est la loi de vant H OFF ARRHENIUS : 1 . dK = dlnK = E (1.9) 2 K dT dT RT o K est la constante cintique de la raction (systme nprien) ; k est la constante cintique de la raction (systme dcimal) ; 22

ENERGETIQUE DU METABOLISME

1 1 = 0,0000117 (t t ) 2 1 T1 T2 (valable aux tempratures habituelles) il devient possible de passer des logarithmes (q. 1.12) lexponentielle, avec k2 = k1 . 100,0368 (t2-t1) = k1 . 1,088(t2-t1) (1.14) En pratique toutefois, est presque toujours infrieur cette valeur. Le coefficient reoit une valeur diffrente par tranche de temprature : de 5 15 : 1,109 de 15 30 : 1,042 1,047 en moyenne (GOTAAS, 1948) de 30 40 : 0,967

Fig. 1.3 Organisation autour dun ion Na+, daprs HORNE (ed.) Water and aqueous solutions, p. 259, J. WILEY et SONS, 1972. Lpaisseur des couches vicinales est mal connue : 3 5 molculaires selon les uns, 300-1000 pour les autres. En tout cas, au moins 25 . Ce phnomne expliquerait aussi les biocnoses stables dans des fourchettes de temprature prcises, et changeant brusquement de dominance. Dans une communaut, la majorit des espces doit partager la mme limite thermique suprieure sous peine de dstabilisation. Ces communauts stablissent dans les zones gographiques adquates, et sont sensibles aux catastrophes ou la pollution thermique. Ex. : la communaut arctique est stable si t < 15 et instable si t > 18 . Mme observation avec discontinuit 30 , en faveur dune communaut tropicale ou subtropicale. Enfin, on aurait une instabilit gnrale pour t > 37 et mort 45 C.

Fig. 1.2a et 1.2b Effet de la temprature sur la croissance. a. Acinetobacter calcoaceticus sur milieu tryptone de soja (bactrie importante pour llimination du phosphore), daprs DUPREEZ et TOERIEN, 1978. b. Application de lquation dArrhenius aux vitesses de croissance dE. Coli (O) et dun Pseudomonas (X), daprs INGRAHAM (1958). Les figures retraant lactivit bactrienne en fonction de la temprature prsentent souvent des brisures, des changements abrupts de pente. DROST-HANSEN et CLEGG (1979) suggrent une interprtation intressante cette observation. Leau, et particulirement leau cellulaire, nest pas une phase continue homogne. Au contraire, leau situe prs des parois, des membranes, des ions, tend se structurer : cest leau vicinale (voir fig. 1.3 organisation autour dun ion Na+). Cette organisation prsente des points singuliers des tempratures prcises (15 30 45 notamment). La premire couche est fixe par adsorption molculaire une surface hydrophile, ce qui restreint ses mouvements mol culaires. La restriction sattnue pour les couches suivantes et devient nulle pour le sein du liquide. Leau vicinale a des proprits singulires de viscosit, de diffusion, dchange ou rtention dions, de slectivit ionique , la notion de pH y est difficile appliquer. Le mode dorganisation change brusquement certaines tempratures (transition). Ceci expliquerait les courbes dArrhenius prsentant des branches de droite plutt quune courbe continue (voir fig. 1.4 pour la pyruvate kinase). Lnergie dactivation varierait donc brusquement, presque toujours aux mmes tempratures, en liaison avec les complexes enzyme-substrat. 24

Fig. 1.4 Pyruvate kinase (daprs DROST HANSEN, 1979). 25

La temprature influence galement le rendement cellulaire : basse temprature la fraction oxyde augmente, car une plus grande quantit dnergie est ncessaire pour maintenir lactivit mtabolique. Corrlativement, lassimilation est moindre, donc galement la production de biomasse ou boue secondaire. Comme dautre part la respiration endogne crot avec la temprature, on comprend quun minimum de besoin en O2 soit parfois observ (p. ex. vers 25 C pour la biodgradation dune eau de Sambre, EDELINE, 1974). Les microorganismes anarobies ragissent galement la temprature. Leur vitesse de dissimilation du carbone (cest--dire de production de CH4) est affecte dun coefficient de temprature que lon peut empiriquement dfinir, en zone msophile et de 0 45 C, par f (t) = 100,0308t 0,776 . 103 . 100,0974t (1.15) (f (t) = 1 pour t = 0 C). La fig. 1.5 montre que ces courbes passent par un max., et tombent ensuite trs rapidement zro (F. PPEL, 1967).

CHAPITRE 2

Mtabolisme des dcomposeurs

Les htrotrophes constituent un groupe extrmement important de microorganismes, au moins du point de vue de lpuration biologique. Il est donc intressant de fournir quelques dtails sur ce qui se passe entre le moment o le donneur dlectrons pntre dans la cellule, et le moment o les quivalents rducteurs en sortent pour ragir avec laccepteur final. Nous choisirons le cas le plus complexe, celui o cet accepteur est loxygne, cest--dire le cas du mtabolisme arobie. La nutrition des micro-organismes peut se dcomposer en cinq phases : 1. Transport des aliments depuis le liquide jusqu la surface de la bactrie. 2. Adsorption des aliments sur la membrane cellulaire (pour les organismes incapables de se mouvoir pour prendre leur nourriture). 3. Prdigestion par des exoenzymes ou des enzymes de surface, pour rduire les dimensions des molcules. 4. Permation ou franchissement de la membrane cellulaire. 5. Mtabolisation avec ses deux aspects : n anabolisme ; n catabolisme (et respiration endogne).

Fig. 1.5 Effet de la temprature sur lactivit enzymatique des bactries arobies et anarobies (daprs PPEL). Daprs des essais systmatiques (MUCK et GRADY, 1974), la temprature agit aussi sur le taux de croissance , le coefficient dentretien b et la constante de saturation Ks. Pour les deux premiers, la loi dArrhenius est observe avec des nergies dactivation de 12,5 et 13,9 kcal/mol respectivement. K s reprsentant laffinit des enzymes pour leurs substrats, on sattend le voir diminuer lorsque T augmente (cf. 1.4). Les rsultats exprimentaux ne sont cependant pas clairs cet gard. 26

Fig. 2.1 Schma de principe de la nutrition bactrienne (daprs MORRIS et STUMM). 27

METABOLISME DES DECOMPOSEURS

1. TransportLinterface normale dune boue active est de lordre de 1 500 m2/m3. Le rapport surface-poids dune bactrie est 400 000 fois suprieur celui dun homme. Pour une solution 100 mg/l de glucose ( 4.107 M/ml), en admettant un diamtre molculaire de 10 et un coefficient de diffusion D = 105 cm2. s1, chaque point de la membrane cellulaire est heurt par une molcule 20 fois par seconde. La turbulence acclre encore ce mcanisme diffusif. On peut donc admettre que cette phase ne saurait tre limitante quaux concentrations extrmement faibles.

4. Permation ou pntration dans la celluleDes exoenzymes hydrolytiques dcomposent les grands polymres P (cellulase, chitinase, amylase) sans librer dnergie pour la cellule. Dans certains cas les oligopolymnes O sont dgrads en monomres M par dautres hydrolases qui sont dans ou sur la membrane cellulaire, et non diffuses au dehors. La dpolymrisation ne doit pas toujours tre totale, et par exemple des peptides peuvent traverser la membrane comme tels, les peptidases tant intracellulaires. P exo hydrolases O hydrolases de surface M pntration et mtabolisme (endo-enzymes) CO2 H2O On a labor une thorie de la diffusion facilite par des enzymes (permases) qui sont des porteurs mobiles acclrant le passage du solut travers la membrane. Les molcules non ionises paraissent franchir plus facilement les membranes. En tout cas si la vitesse dabsorption dun substrat est une fonction de sa concentration, cest une fonction saturable. La cellule est entoure dune membrane (CAPALDI, 1974), de mme que certaines parties comme le noyau, les mitochondries, les microsomes, les chloroplastes LATP est fabriqu dans la membrane des mitochondries, ce qui confirme le rle important des membranes. Toutes les membranes sont constitues dun double feuillet de lipides : un phospholipide avec groupe glycrol forme une extrmit polaire, estrifie avec des acides gras longs dont la pointe est hydrophobe. Toutes ces chanes sont diriges vers lintrieur, et sont plus ou moins mobiles latralement. Lpaisseur du feuillet est de 45 , et lensemble des membranes reprsente environ 50 % du poids cellulaire. De place en place, du cholestrol assouplit la membrane. Il existe galement des enzymes plus ou moins immergs dans cette double couche. Par exemple, le cytochrome-oxydase, dernier maillon de la chane de transfert des lectrons dans la syntse de lATP, se trouve immerg dans la membrane mitochondrique. Le mcanisme est complexe, et on a le choix entre un passage par solution travers le lipide, ou travers des pores (dont le diamtre efficace serait alors empiriquement 3,5 ). La diffusion est un des mcanismes probables, mais le transport est sans doute partiellement actif, parce quil seffectue contre un gradient de potentiel lectrochimique, qui tendrait faire circuler les molcules dans lautre sens. Na+ et K+ semblent galement lis la permabilit des membranes biologiques. La toxicit du phnol consisterait en une modification de cette permabilit. Par ailleurs le dinitroph29

2. AdsorptionSil y a des forces attractives, la captation ne se fera pas seulement grce aux chocs diffusifs. Ladsorption est une phase physicochimique, gnralement suppose beaucoup plus rapide que les phases biochimiques. Elle est videmment plus lente dans les groupes de cellules agglomres. On estime quelle est complte en 20 minutes, et ce fait sert de base au procd contact-stabilisation, o ladsorption est ralise dans un racteur spcial (v. p. 165). On a mme t jusqu ramener toute lpuration une cintique dadsorption (SCHULZE), mais cet avis nest pas partag par tous (KRISHNAN et GAUDY, 1966). Le phnomne tant rapide, on peut le considrer comme tant toujours lquilibre. On na en tout cas jamais pu montrer une accumulation de substrat soluble la surface des cellules. En analysant des courbes de respiration bactrienne au moment de la cessation brusque de lalimentation en substrat, EKAMA et MARAIS (1978) ont montr que 7 8 % de lnergie disponible du substrat tait dpens pour la phase dadsorption. On le voit, il sagit nouveau dune mesure indirecte.

3. PrdigestionCette phase ncessite trs peu dnergie de la part de la bactrie et ne fait pas diminuer la DBO. La prdigestion est effectue par des exoenzymes, moins fragiles que la bactrie, mais ayant un optimum assez net de T et de pH. La prdigestion est gnralement une hydrolyse : n liqufaction des graisses (estrases) ; n des amidons (carbohydrases) ; n des protines (protases). Finalement linsoluble devient soluble, et la dimension des molcules diminue : cette phase ne concerne donc que les particules, les collodes, et les grosses molcules. 28

METABOLISME DES DECOMPOSEURS

nol est toxique parce quil inhibe la production dATP et de ce fait bloque la pompe Na qui, en expulsant Na, ractive le transport du substrat vers lintrieur. La pntration des substances lipophiles (Kow* lev) se fait travers la couche lipidique, et celle des autres travers les pores hydrophiles de la membrane. Les bactries peuvent concentrer des sels (p. ex. K+) jusqu 1000 fois par rapport au milieu extrieur. Elles manifestent une grande rsistance la concentration saline externe : la concentration maximum de NaCl nentravant pas la croissance varie selon les espces de 50 plus de 240 g/l. En rsum on aurait les trois possibilits suivantes (EAWAG, 1987) : 1. si la molcule nest pas charge lectriquement, elle peut pntrer par diffusion ; 2. si la molcule est charge elle ne peut pntrer que par lentremise de permases ; 3. si la molcule est lipophile, elle passera travers la couche grasse de la membrane cellulaire.

5.2. Catabolisme, dissimilation ou respirationCest la combustion immdiate ou diffre des substrats, pour librer leur nergie libre, cette nergie tant ncessaire pour assurer les oprations suivantes : n synthses chimiques (monomres et polymres) ; i.e. entretien et anabolisme ; n travail mcanique et transport de substances en sens opposs aux gradients ; i.e. permation ; n travail lectrique ; n (chaleur) ; n travail osmotique ; n (mission de rayonnement). Elle est libre peu peu par des transferts dH2 ou dlectrons, et correspond notamment la rcupration de lnergie libre (G) des composants du substrat, grce une srie doxydo-rductions couples. Finalement on aboutit : C CO2 H H2O N NH4+ Lnergie est stocke dans des molcules dADP et surtout dATP (adnosine di- et tri- phosphate), dont une molcule peut tre synthtise chaque fois quune des oxydations partielles de substrat libre au moins environ 7 000 cal/mol. La fig. 2.3 montre comment est organis le pool cellulaire dATP. Ltat de ce pool dans une cellule vivante et en croissance normale sexprimera par : [ATP] + 0,5 [ADP] < 0,95 [ATP] + [ADP] + [AMP] (AMP dsigne le monophosphate, non porteur dnergie). Un ajout de phosphate une boue active carence a un effet immdiat sur sa respiration (v. fig. 2.2) 0,80 ortho > mta ; n pour les drivs chlors aliphatiques, lordre de dgradabilit est > > > . Les polluants rfractaires rsiduels trouvs en rivire (Rhin) sont pour les 2/3 des acides aromatiques polyhydroxycarboxyliques dun PM moyen de 200.

6. La biodgradation de divers substratsLa cellule bactrienne utilise pour purer une solution ou une suspension de polluants doit dgrader une trs grande varit de composants. Toute cellule a un quipement de base lui permettant de dgrader directement certains substrats, comme le glucose. Dautres substrats, comme le phnol, ne sont pas dgrads avec la mme facilit par toutes les cellules. Il est hors de question dexaminer un un tous ces substrats, mais il est utile de fournir un schma (voir fig. 2.3) des principaux montages mtaboliques. Toute substance faisant partie dune de ces filires ou cycles peut servir de substrat, entrer dans la cellule et intervenir la place qui lui est assigne. Cest ainsi que pourraient intervenir :

* On parle gnralement de PHB, mais il apparat maintenant quil sagit dun mlange de PHB et de PHA, poly--hydroxyalkanoates (WALLEN et ROHWEDDER, 1974), notamment le valrate. 36

Fig. 2.4 Les grands mcanismes mtaboliques. 37

Tableau 2.I Biodgradabilit de diffrentes structures chimiques.

Biodgradabilit

Toxicit

Hydrocarbures Alcanes faible + Olfines > C7 difficile Chloro-olfines nulle Sucres holosides et polyfacile ligno cellulose acides ligno sulfoniques difficile Alcools primaires et secondaires facile tertiaires difficile Acides mono et dicarboxyliques facile dimthyl substitus difficile Phnols ordinaires facile + substitus (chloro, nitro, ) nulle + polyphnols condenss nulle Aldhydes bonne Amino acides bonne (*) (*) Cystine et Tyrosine sont moins dgradables. Inspir de B. VUILLERMET (1976).

38

CHAPITRE 3

Enzymologie

Selon la formulation frappante de LEHNINGER (1975), la vie est une proprit exhibe par une runion de molcules sans vie. La dimension de la cellule vivante quels que soient les organismes quelle constitue ou dans lesquels elle est incluse, est remarquablement stable. Cest en effet la seule possible entre deux tailles extrmes : n le minimum du volume ncessaire pour loger environ 10 000 enzymes ; n le volume maximum permettant dviter des problmes de transport dans la cellule.

1. Nature des enzymes (synonymes : ferments, diastases)Ce sont des catalyseurs organiques, poids molculaire lev (13 000 840 000). Si la thorie 1 gne 1 enzyme est exacte, il y en a de 1 000 10 000 diffrents dans une seule cellule. Les enzymes sont des protines (du type albumine) couples un facteur dissociable dont la disparition rend souvent le tout inactif. Dans cet ensemble, la protine est le porteur collodal spcifique , elle est thermolabile, alors que le facteur dissociable est thermostable. Tout agent qui dnature la protine dnature aussi lenzyme. Le facteur dissociable peut tre de trois types diffrents : n coenzyme : compos organique non protique et facilement dtachable. (ex : le NAD ou nicotinamide adnosine dinuclotide, le FAD ou flavine-adnine dinuclotide, etc.). Les coenzymes sont souvent chimiquement trs proches des vitamines. n groupe prosthtique : groupe plus solidement li la protine. (ex. : lhme des cytochromes, la biotine, etc.). n activateur : petit ion gnralement mtallique, di ou trivalent, p. ex. : Fe, Zn, Cu Ceci laisse prvoir le rle de Fe, Zn, Cu Co, Mo, Mg, Mn, Ca et K comme oligolments. On a donc : Co-enzyme Apo enzyme + Groupe prosthtique = Holoenzyme Activateur On peut classer les enzymes en exoenzymes et endoenzymes, selon quils sont mis dans le milieu extrieur, ou au contraire nexistent qu lintrieur des cellules. On distingue aussi des enzymes constitutifs et des enzymes adaptatifs, selon quils font

[

]

39

ENZYMOLOGIE

ou non partie de lquipement de base des cellules. Dans leur classification, leur nom rfre (1) la raction catalyse et (2) au substrat : ex. dshydrognase malique. On a les deux grands groupes suivants : n Hydrolases : de la liaison C O estrases (esters) carbohydrases (glucides) de la liaison C N amidases protases n Desmolases : Oxydases Carboxylases Dshydrognases Isomrases Mutases Hydrases Transfrases Rductases Exemples : De nombreuses chanes de ractions, comme la dissimilation des sucres, sont des transferts dH2 de proche en proche par le systme NAD+ NADH (fig. 3.1, coenzyme prfr des anaro-dshydrognases). Lorsque le passage final de H2 O2 (accepteur terminal) est direct, il y a intervention dune aro-dshydrognase (la flavo-protine, jaune), qui produit H2O2. Toxique, cet H2O2 doit tre dcompos par une catalase en H2O + O. Normalement la flavoprotine transfre les lectrons de lhydrogne un nouveau systme enzymatique : celui des cytochromes, prsent seulement dans les organismes arobies. donneur dhydrogne accepteur dhydrogne

2. Mode dactionLenzyme acclre la raction pour laquelle il est spcifique, diminue son nergie dactivation (barrire dnergie), mais ne dplace pas son quilibre final. Par exemple pour dcomposer leau oxygne il faut environ : E dactivation 18 000 cal/mol sans catalyseur avec catalyseur minral (Pt) 12 000 cal/mol avec enzyme (catalase) 2 000 cal/mol Laction dun enzyme est toujours rversible. Elle sexplique en considrant que lnergie brutale mais gaspille en tous sens ncessaire pour amorcer une raction sans catalyseur est remplace par une nergie moindre accompagne dinformation (c..d. dune mise en ordre, dune nguentropie : les ractions enzymatiques ont un S ngatif). Cette information consiste en une forme strique portant des groupes actifs disposs correctement pour saisir le substrat et mettre en place exacte deux groupes, donneur et receveur, dlectrons. Ces deux groupes sont ncessaires pour lquilibre lectrostatique. En supplment, cette information garantit la spcificit des enzymes et la rection du mtabolisme. La spcificit des enzymes est variable, et peut tre extrme. On distingue : n spcificit par rapport une classe de ractions (ex. hydrolyse de nimporte quelle protine) ; n spcificit par rapport une raction dtermine (ex. oxydation de lac. lactique en pyruvique) ; n spcificit optique (ex. portant sur un isomre optique l). La rection du mtabolisme en dcoule, car cest par exemple toujours de lac. pyruvique qui est form partir dacide lactique par la dshydrognase lactique, et jamais une autre substance. Les enzymes E forment avec leur substrat S un complexe ES, lattaquent, puis librent le produit P : k1 k3 E+S ES E + P (3.1) k2 (k1, k2, k3, sont des constantes de vitesse, et non des constantes dquilibre). E sunit S en trois points au moins, aprs quoi deux fonctions de lenzyme agissent : lune fournit un lectron et lautre en accepte un en un autre endroit, ce qui dclenche la raction S P. Cette thorie dune attaque bifonctionnelle rend compte de la supriorit des enzymes sur les catalyseurs monofonctionnels. Actifs dans une fourchette de 2 3 units pH, ils sont nettement acclrs par la temprature jusqu 50 C. Toutes les oxydo-rductions cellulaires, accompagnes de transfert dnergie (par transfert progressif dhydrogne ou dlectrons), peuvent tre caractrises par un rH, un G ou un E selon la formule vue plus haut : 41

CH3 CHOH COOH NAD+ (ac. lactique) 2H CH3 CO COOH (ac. pyruvique) NADH + H+ Action de la dshydrognase lactique, exemple de cession de 2 H un accepteur intermdiaire cyclique. O RC O

+ H2O RC + HO CH2 R O CH2 R OH Action dune lipase, type destrase abondant et important pour la liqufaction des graisses. O RC O

+ H2O RC + H2N R NH R OH Action dune protase dans la destruction de la liaison peptidique.

Fig. 3.1 Mode daction de quelques enzymes. 40

ENZYMOLOGIE

G 23 n E 1400 rH (cal/mol (mV) (s.d.)

3. Adaptation enzymatiqueLadaptation physiologique, non gntique, a t bien tudie, notamment par Monod sur E. coli. La synthse dun enzyme adaptatif na lieu que si le substrat normal vient manquer. Elle est inhibe lorsque le substrat normal rapparat. On observe ainsi un phnomne de diauxie, c..d. lutilisation successive des substrats. Par exemple chez E. coli (dont le substrat normal est le glucose) cultiv sur glucose + xylose, on observe (v. fig. 3.2) :

Tableau 3.IMilieux naturels Systmes chimiques H+ H2 ( 420) Intrieur du rumen -hydroxybutyrate S / SH2 Systmes enzymatiques rH 0 F420 ( 373) NAD+/NADH + H+ ( 324) Dshydrognases 300 ADP / ATP FAD+/FADH + H+ ( 220) Opt. de Clostridium Boue en digestion Pyruvate / lactate 10 TTC / TF ( 80) Facultatifs Bleu de mthylne (11) S2O3 S Coenzyme Q (0) 15 Cytochrome b (60) 100 20 200 Milieux arobies Quinhydrone Cytochrome c1 (220) Cytochrome c (254) Cytochrome a3 (290) 300 25 0 100 200 5 400 EohmV

Milieux anarobies Boue bien digre

nombre de germes

adaptation utilisation du xylose (enz. adaptatifs)

Boue frache

utilisation du glucose (enz. constitutifs) la prsence de glucose rprime l'enzyme du xylose

temps

Fig. 3.2 Diauxie.400

Eau naturelle bien oxygne

NO3 / NO2 (400) NH4+ / NO2 (440) S2O3 / S

30 Bactriochlorophylle 35 600 500

700 O2 OH (820) NO3 N2 (840) Les limites sont celles du milieu aqueux. Cl : SH2 = substrat S = substrat oxyd ; ADP et ATP = adnosine diphosphate et triphosphate ; FAD = flavine adnine dinuclotide ; FADH = idem, forme rduite ; 40 800

NAD = nicotinamide dinuclotide, forme oxyde ; NADH2 = idem, forme rduite ; TTC = chlorure de triphnylttrazolium (indicateur rdox, forme incolore) ; TF = triphnyl formazan (idem, forme colore en rouge) ;

Fig. 3.3 Effet de la diauxie sur la respiration (Document FUL). 42 43

ENZYMOLOGIE

Les populations microbiennes mises en uvre en puration biologique, par exemple les boues actives sont extrmement versatiles pourvu quon leur donne un temps dadaptation suffisant. Celui-ci peut aller de quelques jours 6 semaines (DEN BLANKEN, 1985). La dsadaptation intervient galement, lorsque la stimulation a cess. Les facteurs qui affectent la dure du dlai dadaptation (parfois qualifi de phase de latence) sont multiples : n le temps requis pour la synthse des nouveaux enzymes ; n le temps ncessaire pour une mutation ou pour un change gntique ; n la diauxie ou la polyauxie ; n les glissements de population ; n le comtabolisme. Ladaptation gntique naturelle est relativement lente, et se fait raison dun mutant toutes les 107 divisions cellulaires. Elle peut tre acclre par irradiation. Les possibilits de ladaptation bactrienne sont cependant limites, et on reformulera ainsi le principe de G ALE : Tout produit dorigine biologique est biodgradable . Pour les produits chimiques de synthse, ladaptation nest pas toujours possible, et le mythe de linfaillibilit microbienne doit tre abandonn. Ladaptation enzymatique est un phnomne trs important en puration biologique, notamment dans les cas suivants : 1. Adaptation dune biomasse des eaux uses synthtiques. Par exemple on a observ des boues actives dont le rendement sur DCO passait de 44 % 94 % en 7 jours dadaptation sur des eaux dune industrie pharmaceutique. Dautres exemples sont, dans le traitement des eaux uses de cokerie, la possiblilit dune adaptation progressive des doses leves de NH4+ et de SCN. 2. Une erreur de base est commise dans les tests de dgradabilit o la substance tudie est la seule source de carbone ; ceci provoque ladaptation, laquelle ninterviendrait pas au sein dun substrat complexe normal. De mme le phnol des eaux de cokeries peut tre compltement dgrad si lon traite ces eaux isolment, alors que la dgradation est trs incomplte si on les traite en mlange avec une eau urbaine. 3. Latence de certaines courbes de DBO : cest un dlai dadaptation. 4. Disparition des enzymes adaptatifs dans certains procds dpuration o la biomasse subit une stabilisation prolonge en labsence de substrat. Cest le cas en particulier du procd contact-stabilisation, o la phase de stabilisation ne doit pas excder environ 7,5 h (v. chap. 6). La reconnaissance du caractre enzymatique des transformations mtaboliques a entran la vente de diverses prparations enzymatiques ou biocatalytiques destines rendre possible ou amliorer lpuration biologique. La dgradation dun simple sucre implique une centaine denzymes diffrents, parmi lesquels il en est un qui limite la vitesse de raction. Il est donc pratiquement impossible de prvoir si laddition dune prparation enzymatique permettra de remdier prcisment ce manque. 44

Ces prparations, tant donn leur cot, ne peuvent tre des enzymes purs (YOUNG, 1976). Ce sont soit des bactries sches, des sous-produits de fermentations, ou un mlange des deux. Pour quelles soient efficaces dans un cas donn, il faut quelles rsultent dune adaptation au substrat qui justement fait problme, et on voit mal comment une prparation pourrait sur ce point tre suprieure la biomasse de la station, qui est en contact permanent avec ce substrat. Et si le bloquage mtabolique rsulte p. ex. dun pH inadquat, ce nest pas lenzyme qui y remdiera. Le cas de bactries vivantes pradaptes semble diffrent, car il permettrait dacclrer le dmarrage dune station. BREBION (laboratoire de lIRCHA, en France) a ainsi prpar des pieds de cuve pour des purations particulires, mais a constat que par la suite la biomasse, non isole du milieu extrieur, se rediversifiait. Il existe au moins un cas dmontr defficacit dune addition de corps chimique : celle de lacide p. aminobenzoque (COOPER et CATCHPOLE, 1973) pour favoriser la biodgradation des eaux de cokeries. De nombreux rsultats allgus sont douteux, et le seul domaine o un succs raisonnable semble avr est celui des lipases ajoutes (aussi directement que possible) aux graisses accumules dans les digesteurs, les fosses septiques, ou les sparateurs de graisses. Sur le march aujourdhui : le DOSFOLAT (acide folique stabilis, jouant le rle dune vitamine).

4. Cintique enzymatiqueMICHAELIS et MENTEN ont admis que k3 est >> k2 dans lq. 1, et que cette seconde raction , la plus lente, est irrversible. En examinant la premire raction, ils ont tablis que : ^ v= v S = f (S) Ks + S (3.2)

o : v est la vitesse de raction ; ^ v est la vitesse max., lorsque S est trs lev ; S = concentration du substrat non li E (pratiquement S total car [E] est toujours faible) ; E = concentration de lenzyme ; Ks = constante de MICHAELIS ou de saturation (elle a les dimensions dune concentration). 45

ENZYMOLOGIE

Ks = ([e] [ES]) [S] = [e] [S] [S] [ES] [ES] [e] [S] [ES] = Ks + [S] La raction intressante est la seconde, qui fait apparatre les produits P et dont la vitesse vaut v = k3 [ES] = k3 [e] [S] Ks + [S] Lorsque S >> e, tout lenzyme est engag dans le complexe ES, do [e] [ES], et la vitesse est maximum ^ = k3[e], car seul le complexe ES est ractionnel. v Fig. 3.4 Equation de MICHAELIS-MENTEN. v = f(S) est une hyperbole, elle exprime que v, en prsence dune quantit donne dE, commence par augmenter rapidement lorsquon augmente S, puis devient finalement indpendante de S par un effet de saturation. Indpendamment de leffet de (S), lactivit enzymatique est toujours plus leve dans les cellules jeunes, qui sont aussi plus grosses. Drivation de lquation de MICHAELIS-MENTEN. k1 k3 ES E + P E+S (3.3) k2 k1, k2, k3 = constantes de vitesse. Appliquons la loi daction de masse : va = k1 . [E].[S] vitesse dapparition du complexe ES vitesse de disparition du complexe ES vd = k2[ES] + k3[ES] = (k2 + k3) [ES] (note : la deuxime raction est considre comme pratiquement irrversible). lquilibre : va = vd, et on a k1 [E][S] = (k2 + k3) [ES] do [E] [S] = k2 + k3 = K , constante de MICHAELIS (3.4) s [ES] k1 comme k2 90 53 93,3

Les supports en matire plastique utiliss en vrac ont permis dliminer de nombreux dfauts des remplissages traditionnels, commencer par leur poids lev et leur porosit rduite. Par un dessin judicieux, des ouvertures latrales, une construction asymtrique, on a pu rduire fortement les zones inaccessibles au ruissellement. Certains lments modulaires prsentent mme des canaux obliques dans toutes les directions, de faon promouvoir la redistribution latrale de lcoulement (Plasdek). Pour des eaux ne contenant pas de matires en suspension, on propose aujourdhui divers supports vermiculs, petits cylindres de la dimension dune pierre briquet, et prsentant des surfaces spcifiques normes (p.ex. 4000 m2/m3) Certains dentre eux sont dops , c..d. censs contenir des oligolements favorables la sant du biofilm. Les marques sont Biogrog, Biolite, Biofor, Les tours en matriaux granuls de section ronde, ont des hauteurs limites 2-3 m, cause des pressions latrales. Les lits bactriens disposs dans le sol, pratique frquente en Grande Bretagne, peuvent avoir des profondeurs suprieures.

SUPPORTS SYNTHTIQUES

Aero-block Ewall-porit Ing. E. Walloschke Filterpack (Mass Transfer Ltd) 1120 M CR Flocor RC (SGN) Flocor E (SGN) Bionet (NSW) Hexacell (Hongrie)

50 38 46

95 220 230 92 100 100-220

96 95 95 97 95 > 90

Plasdek (Munters) Etapak (Filtermat) Etapak 210 Etapak 120 Hufo 200 (Biotys) Hufo 120 Hufo 90 Biosol 120 (Biotys)

30

100

95

60 40 42 43 44

220 120 200 120 90 120

96 95 98 97 96 95

Fig. 5.19 Chenal crant. Augets basculeurs remplissage et vidange alterns. Eclabousseurs, ajutages avec plaques passives. Rampe daspersion monte sur chane sans fin. 111

110

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Les tours plastiques ont frquemment 10 ou 12 m de haut, et leur section est plus souvent carre ou rectangulaire. Les biodisques ont t lorigine fabriqus en polystyrne expans de haute densit, renforcs par de petites entretoises. Le matriau flotte sur leau, ce qui diminue les frottements aux paliers et rduit la dpense dnergie. On fabrique aussi des biodisques en feuilles de PVC ou daluminium, dont le volume mort et la fragilit sont moindres.

3.3. Distributeurs1 3 2

4

7 8 9 10 6 11

5 12

Fig. 5.21 Etaleur de jet. Document Noyes Data Corporation, Park Ridge. Lengorgement des lits bactriens est parfois li au mode de distribution. Il semble facilit par une aspersion fine, et au contraire limin lorsque leau est distribue en gros jets, mme si ceux-ci nirriguent pas la totalit de la surface. De mme, les Sprinklers raction tournent souvent trop vite, et il y a intrt rduire leur rotation un passage de bras toutes les 5 10 minutes (grce des freins) pour rduire encore le risque dengorgement (WPRL, 1959). De toute manire le biofilm est spongieux, et il a la proprit daspirer du liquide par capillarit, mme dans une zone non directement irrigue. Sur les lits bactriens remplissage plastique, la charge hydraulique assurer est plus leve que sur les lits traditionnels, et atteint 1 2 m3/m2.h (PORTER). Pour un remplissage en vrac le taux dirrigation minimum est de 0,75 m3/m2.h, pour les modules feuilles ondules il est de 1,5 m3/m2.h. Les distributeurs tournants du type Sprinkler (fig. 5.20) sont actionns par la raction de leau dans des tuyres obliques (fig. 5.21), ou par de petites turbines eau disposes au bout des bras. Ces appareils exigent une hauteur deau motrice de 50 80 cm, accumule dans la chemine centrale. En cas dafflux deau continu, une telle hauteur risque de ne pas tre atteinte en priode de faible dbit, et les distributeurs sarrtent. On emploie alors des systmes de siphons auto-amorants disposs dans un rservoir en charge, et qui se vident rapidement ds que le rservoir est plein. Un afflux continu et irrgulier est ainsi transform en vidanges discontinues 113

13

20 21

19

17

14 15

18

16

Fig. 5.20 Distributeurs rotatifs GARD pour lits bactriens. 1. Hauban (galvanis). 2. Ridoir (galvanis). 3. Verrouillage goupilles. 4. Colonne centrale. 5. Bouclier de dbordement. 6. Chemine centrale. 7. Gicleur-racteur. 8. Etaleur. 9. Collier. 10. Tube daluminium. 11. Assemblage des gicleurs aux bras. 112 12. Boulons inox. 13. Bras conus pour une vitesse max. de 1,2 m/s. 14. Roulement principal. 15. 2,3,4, ou 6 bras selon dbit. 16. Pierrailles. 17. Mise niveau. 18. Pilier de bton. 19. Plaque de base. 20. Capuchons graisseurs. 21. Joint en noprne.

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Fig. 5.22 Siphon autoamorant.1. Bassin en bton. 2. Cloche mtallique ouverte en dessous. 3. et 4. Tubes de petit diamtre. 5. Tube central vers le distributeur. Au dbut leau est au niveau A et B1, ainsi que C1 dans le tube 4 (rgulateur de pression). Lors du remplissage, leau atteint le tube 3 et monte dedans, isolant la cloche. Lair sous la cloche est comprim : le niveau B1 baisse B2 et C1 monte C2 (il ne peut monter plus haut cause du trop-plein). A ce moment le siphon samorce et alimente le sprinkler, car la pression dans la cloche est telle que tout son air est brusquement relach latmosphre par le tube 4.

Fig. 5.23 Distributeur longitudinal.

au cours desquelles la charge ncessaire est toujours disponible. Un tel dispositif est reprsent la fig. 5.22. Il faut essayer de rgler les siphons doseurs de telle faon quils provoquent des interruptions < 5 mn. Si ces arrts dpassent 10 mn (WOLF, 1980), on risque dencourager les mouches. Certains distributeurs ont une paire de bras aliments directement depuis la chemine centrale, et une seconde alimente grce un petit seuil, seulement lorsque lafflux est important et fait monter le niveau dans la chemine centrale. Les points dlicats des aspergeurs sont le joint de rotation (qui sera de prfrence hydraulique), lquilibre du haubanage, et les orifices verseurs qui se bouchent frquemment. Ces dispositifs sont par ailleurs sensibles au gel. Pour de trs grands lits bactriens, on peut avoir intrt construire des lits rectangulaires qui seront irrigus par des distributeurs longitudinaux (fig. 5.23) monts sur rails et puisant dans une rigole amenant leau dgout dcante (un passage toutes les 10 ou 15 minutes). De grands progrs ont t raliss dans les systmes de distribution. Les jets sont gnralement tals par des triers capillaires, par des cuillers, ou par des clapets oscillants tels celui de la fig. 5.21. Comme les tuyres se bouchent rgulirement, on 114

Fig. 5.24 Entranement par turbine et chane. a pens pourvoir les clapets dune pointe dirige vers lintrieur, et qui dbouche automatiquement le conduit chaque fois que le distributeur est au repos. Le Sprinkler classique, mme avec bras dcouplables, a une vitesse de rotation difficile rgler finement. On utilise en Grande-Bretagne un systme turbine compltement diffrent. Chaque bras est pourvu son extrmit dune petite turbine eau coaxiale par rapport au bras, et accouple une roue dente. Cette roue dente 115

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engrne sur une chane sans fin (fig. 5.24) pose simplement sur le garnissage, et provoque la rotation du bras, qui ne doit donc plus dpendre de la raction des jets. De ce fait ceux-ci sont remplacs par des rideaux deau obtenus par dbordement sur de petits dversoirs crnels 12 dents. Pour fonctionner correctement ce systme saccompagne dun traitement primaire particulirement soign. La turbine participe videmment la distribution.

3.4. Quelques dispositifs particuliers3.4.1. LA.D.F. ou double filtration alterneDans ce systme, on utilise deux lits bactriens en srie et on en change lordre chaque semaine. Il est ncessaire de sdimenter leau intermdiaire, et le circuit de pompage devient plus compliqu. Ce systme limine ou rduit le risque dengorgement jusqu des charges de 0,2 kg/m2.j, et permet gnralement de traiter le double deau use pour un mme volume de lit. Sa complexit mcanique le fait toutefois rserver aux grandes et moyennes installations. Il nitrifie peu ou pas du tout.

drique alimente en eau use. La rotation nexige que 0,25 W/m2 (LOHR, 1967). Il ny a presque pas de perte de hauteur deau. La rpartition des dures dimmersion et dmersion nest pas la mme au centre qu la priphrie mais vaut peu prs 50 % + 50 %. La rotation des disques vise mlanger leau, transfrer de loxygne leau, et empcher les court-circuits. Pour obtenir un mlange correct, il faut tourner dautant plus vite que la charge hydraulique est forte. On ne peut toutefois dpasser une vitesse priphrique de 20 m/min. sous peine darrachement du film. En pratique, on adopte 13 m/min (soit 2,05 t/m pour les petits disques et 1,37 t/m pour les grands). Les arrts de rotation sont viter absolument, car le biofilm sche rapidement et il se cre un fort dsquilibre capable duser ou mme de griller le moteur lors de la remise en marche. Il est parfois ncessaire forte charge dacclrer la rotation dun premier tage, afin damliorer le transfert du polluant au biofilm. Le transfert dO2 pendant lmersion est trs rapide, et la provision dO2 prise est toujours suffisante pour couvrir les besoins pendant limmersion, quelle que soit la vitesse. Lalternance immersionmersion dcourage les mouches. Etant donn le mlange dans lauge, le procd est mlange complet. A reoit de leau pendant /2 et B reoit de leau pendant /2 3 j et forte charge 0,2 < c < 0,4 j, car les valeurs intermdiaires donnent des boues mauvaise sdimentabilit. 127

126

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Une boue ne formant pas de flocons est dite en croissance disperse , et si les flocons sont trs petits, on les dit en tte dpingle (pin-point flocs). Ces deux anomalies provoquent de nombreuses difficults dans une station dpuration. Certains produits comme les peroxydes, le Hg, le Cd, le Zn, dfloculent les boues actives (NEUFELD, 1976). Mme dans une boue normale, il existe une proportion de cellules isoles, et on estime gnralement que les cilis pdonculs contribuent liminer par prdation ces cellules isoles et fournir un effluent particulirement bien clarifi. Comme leur taux de croissance est sensiblement moindre que celui des bactries, ils napparatront que lorsque c sera suffisamment lev (voir ci-aprs 1.2.4). Les microbes les plus importants trouvs dans les boues actives sont les Pseudomonadaces (bactries vraies) ainsi que les genres Flavobacterium et Alcaligenes (HAMER, 1985).

1.2.2. Le gonflement des boues ou Bulking Fig. 6.1 Vue typique dun bassin daration. A gauche, un bassin en fonctionnement, droite, un bassin vide (Doc. IBW). 1.2.2.1. Description Les boues actives connaissent une maladie assez grave, par laquelle les flocons prennent des dimensions anormalement leves, une densit trs faible, et cessent de sdimenter correctement dans le dcanteur secondaire. Pour un mme poids sec, elles occupent un volume 4 6 fois plus lev (plus prcisment leur indice volumtrique* passe de 50 200 et plus). Elles envahissent alors le dcanteur secondaire, sont entranes et perdues dans leffluent, et la pompe de recyclage, ne pompant plus quune suspension dilue, ne peut plus maintenir dans linstallation la biomasse voulue. Cependant lpuration demeure excellente et leffluent limpide. Lors du bulking apparaissent des bactries en fourreau telles que le Sphrotilus natans, des fungi tels que le Geotrichum candidum, des bactries du soufre telle Thiothrix ou des Actinomyctes comme Nocardia rubra. Une trs abondante littrature traite de cette question complexe, et est loin de lavoir compltement lucide. On a trs tt distingu deux sortes de gonflements, mais quil faudrait si possible expliquer par une thorie unique : a. Le gonflement zooglal, caus surtout par un excs de rtention deau (eau lie) dans un floc de Zoogla ramigera : on peut y trouver jusqu quatre parties deau pour une partie de matire sche. b. Le gonflement filamenteux, caus par un dveloppement excessif de Sphrotilus, de Leptomitus, de Geotrichum, etc. Les causes premires de ces gonflements sont varies et les remdes ne le sont pas moins. Examinons dabord les principales thories explicatives avances. * Indice volumtrique ou SVI (Sludge volume index) : volume (en ml) occup par un g de boues actives (en MV) aprs sdimentation de 1/2 h dans une prouvette cylindrique de 1 litre. 129

1.2. Biocnose1.2.1. Floculation des boues activesLa proprit quont les cellules bactriennes de se coller ensemble sous forme damas floconneux est extrmement importante et cependant mal connue. Les flocs de boues actives sont 3 6 fois plus solides que les flocs dalumine (MAGARA et al., 1976). On a invoqu ds le dbut la scrtion dun liquide floculant , mais ce nest que rcemment que de tels polymres ont pu tre identifis avec certitude. Beaucoup despces secrtent des polysaccharides et des polyesters, qui sont des rserves ternaires externes accumules surtout lorsque le substrat est abondant mais pauvre en azote et ne permet pas une croissance gale de tous les composants cellulaires. Zooglaea ramigera a la proprit de former des polymres particulirement visqueux (jusqu 3 5 % du poids sec). MAGARA, NAMBU et UTOSAWA ont trouv en moyenne 10 % de polymres extracellulaires et 20 % de PHB (interne). On suggre galement que le polycation floculant scrt par toutes les bactries ne serait autre quun acide humique : on sait par ailleurs que ce produit est un des mtabolites ultimes de lactivit microbienne. On conoit que dans ces conditions, la boue active doive tre traite comme nimporte quelle suspension floculable, cest--dire en lagitant sous un gradient de vitesse G contrl. Sous faible gradient, le diamtre des flocs est lev mais leur surface spcifique (donc leur activit) est faible. Il y a donc un gradient optimum mettre en oeuvre, et qui semble varier de 50 200 s1. Les flocons normaux ont une dimension de 20 200 et sont trs hydrophiles. Bien que ne concernant que moins dun % du dbit traiter, le traitement de la boue secondaire peut coter jusquaux 2/3 des investissements et des frais de fonctionnement (ECCLES et HORAN, 1985). 128

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1.2.2.2. Thories explicatives On dispose actuellement de trois modles pour expliquer la formation des flocs bactriens et ses aberrations. a. Phnomnes dattraction la surface bactrienne (F ORSTER , E RIKSSON et HARDIN) Ce modle part du fait que la surface des bactries porte une forte charge ngative aux pH neutres, sous leffet de lacide glucuronique, le composant le plus ionogne de cette surface. Il en rsulte normalement une rpulsion rciproque des cellules et une croissance disperse. Mais les cellules produisent aussi des exopolymres, portant des cations polyvalents qui, en se liant aux sites - forment des ponts faibles dabord, puis plus forts, et amnent la floculation. Les organismes filamenteux agissent eux-mmes comme un macropolymre, mais ils rendent le floc trop rigide et incompressible pour sdimenter. b. Modle de lossature filamenteuse (SEZGIN, JENKINS, CHIESA et IRVIN) Dans ce modle, les filaments forment lossature des bioflocs et les zoogles sattachent eux par une matrice glatineuse. Le biofloc idal est alors celui qui contient une proportion quilibre de ces deux catgories dorganismes. Lexcs de filaments fait dpasser ceux-ci des flocons et provoque le foisonnement ou bulking, alors que leur absence produit des flocons trop petits dits en tte dpingle (pin-point flocs). Lexcs de filaments peut tre d plusieurs causes, et notamment un manque dO2 au centre des flocs. Pour empcher cette dficience il faut au moins 2 mg O2/l dans la liqueur mixte et une rgulation automatique. Lutilisation dO2 pur amliore aussi la pntration de loxygne dans les flocs et diminue ce danger, mme en prsence de gros flocs. c. Thorie intgre (CHIESA, ECCLES et HORAN) Ce modle rassemble toutes les connaissances peu prs dmontres sur le foisonnement des boues et considre que trois groupes de bactries sont impliqus. Les trois groupes se distinguent par leur taux de croissance (), leur affinit (l/Ks) pour le substrat ou pour loxygne, et leur rsistance la disette (grce des rserves de PHB). On a le tableau suivant : Groupe Type ^ Affinit forte pour Rsistance la disette

Fig. 6.2 Les trois groupes de bactries impliques dans la sdimentation des boues actives. de sorte que le groupe dominant, et par suite les proprits de sdimentation, vont dpendre de [S] et de [O2]. La fig. 6.2 montre les courbes de Monod relatives chacun de ces trois groupes. Dans le groupe , on trouve Zoogla ramigera qui provoque des boues ramifies spectaculaires mais en fait trs rares. On y trouve aussi Citrobacter, Flavobacterium breve et surtout Pseudomonas stutzeri qui est un excellent formateur dexopolysaccharides (30 % glucose, 20 % galactose, et 10 % ac. glucuronique). Les constantes de cet organisme sont ^ = 0,13 h1, Ks (glucose) = 4,4 mg/l et Y = 0,62 mg/mg. Dans le groupe se trouvent les filamenteux les plus dangereux, dont un grand nombre ont t rpertoris (v. latlas de EIKELBOOM) : n 1701; 021 N; 0041 et Microthrix parvicella qui, comme son nom lindique, forme de petits filaments. Ce dernier a un ^ = 0,07 h1 ; un Ks (glucose) = 2,4 mg/l et un Y = 0,57 mg/mg. Il ne produit pas dexopolymre floculant, mais au contraire possde une rserve de PHB qui lui permet de survivre un sjour prolong dans le dcanteur secondaire. Selon le modle intgr, lapparition du gonflement des boues rsulte du caractre cyclique de la vie des bactries dans une installation faible charge et mlange complet. La cellule bactrienne nat dans larateur o elle sjourne 6 12 h dans un jus faible concentration en C, N et P, et sous tension dO2 comprise entre 0 et 4 mg/l selon sa position dans le biofloc. Ensuite, elle entre dans le dcanteur secondai re o le gradient de vitesse G diminue : si elle a des exopolymres, elle flocule et sdimente. Pendant 6 h, elle subit un appauvrissement progressif en S et O2, pendant 131

formeurs de flocs filaments A filaments B

lev lev faible

S O2 S

faible faible forte

130

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lequel elle perd son aptitude accumuler le substrat. Seules les cellules disposant de rserves retrouvent facilement cette aptitude et repartent en croissance lors de leur retour dans larateur. Ce facteur exerce une pression de slection en faveur du groupe filamenteux . Il sensuit que pour lutter court terme contre le gonflement, il faut diminuer lge des boues c, ce qui donne lavantage aux formeurs de flocs qui ont un lev, et raccourcit le sjour dans le dcanteur secondaire, diminuant du mme coup lavantage du PHB pour le groupe . La lutte long terme passe plutt par le compartimentage de larateur ou ladoption dun systme gradient de concentration. De nombreux chercheurs, et en particulier EIKELBOOM (1981), ont cherch dresser un inventaire des formes filamenteuses rencontres lors du gonflement des boues actives. On se reportera cette publication pour les dtails mais le principe de lidentification au microscope est simple et la porte de toute personne soigneuse. On utilise des critres morphologiques (branchement, cloisonnement, prsence dun fourreau, longation, forme, dimension, ) aids de deux ou trois tests de coloration simple (Gram, Neisser, granuls de soufre, ). Vingt-deux organismes ont ainsi t reprs. La souche identifie aidera reprer une cause probable, vrifier si cette cause est prsente, et y remdier. Voici quelques lments dinterprtation tels que les prsente HORAN (1990) : Cause Manque dO2 Charge trop faible Eau septique Dficience en nutriments pH trop acide Type de filament susceptible dapparatre 1701, Sphrotilus natans, Haliscomenobacter hydrossis Microthrix parvicella, H. hydrossis, Nocardia, 021 N, 0041, 0675, 0092, 0581, 0961, 0803 Thiothrix, Beggiatoa alba, 021 N Thiothrix, S. natans, 021 N Fungi

Fill and Draw , o le cycle comportait 1 h de charge, 3 h daration et 1 h de dcantation, ne prsentaient jamais de gonflement. Les systmes tubulaires non plus, ni ceux qui sen approchent par lusage dun certain nombre de bassins homognes disposs en cascade. Il y a donc intert adopter ce type de configuration lorsque cest possible. Par exemple, on peut simuler un racteur tubulaire par une alimentation intermittente de 5 min/h. Mais on peut, surtout, avec CHUDOBA, raliser un bassin prslecteur de petite dimension. Il est calculer sur 1/20e du volume daration total, ou pour un 1 de 10 min. Idalement, il faudrait que 50 60 % de la DCO y soit fixe, par adsorption. Il est mme possible de ne pas larer, ce qui permet un certain taux de dnitrification aux dpens des nitrates de la boue de retour. On a rapport (HORAN, 1990) des amliorations spectaculaires dans de petites stations, simplement en recyclant la boue de retour juste la sortie du dcanteur primaire, dans le chenal qui mne au bassin daration. Pour une lutte rapide, on recommande gnralement le chlore, le fer ou les polylectrolytes. Ces derniers sont pratiquement inemploys en raison de leur cot. Le chlore doit tre ajout de faon intermittente aux boues de retour, raison de 2 g Cl/kg B.j. Souvent cependant, il faut porter la dose 8 ou mme 10 g, et cette technique brutale tue indistinctement les filaments et les non-filaments. La qualit de leffluent se dgrade, et la nitrification diminue si la dose dpasse 5 g. Lemploi de Fe+++ ou dAl+++ raison de 20-50 mg/l est trs favorable. Ces cations floculent la boue, et aussi maintiennent localement (dans les flocs) des concentrations leves de P, favorables aux non-filamenteux. Le procd allemand FERROBION est bas sur une dose constante de 2,5 5 mg Fe/l. Citons quelques autres remdes : 1. Certains filaments comme le Sphrotilus poussent mieux que les bactries normales lorsque le substrat est pauvre en azote et riche en carbohydrates : on corrigera danc la dficience par une addition de sel azot, un recyclage de boue digre, lincorporation deau dgout urbaine, dure, 2. En conditions dficientes en N, Z. ramigera met en rserve le carbone du substrat, sous forme dune pellicule extracellulaire. La charge ngative augmente. On provoque la synhrse (rejet de leau lie) par des additions de chlore massives (90 mg/l) : effet immdiat mais temporaire. 3. Des Actinomyctes filamenteux apparaissent en cas de dficience en Fe. Ils disparaissent lorsque [Fe] est porte 2 mg/l et plus (cas rare). 4. A une charge > 500 g DBO5/kg MS.j, toutes les boues actives risquent de gonfler. Toutefois les racteurs mlange complet sont plus vulnrables que les racteurs tubulaires ou discontinus : on attribue ceci la prsence simultane de tous les tats de mtabolisme. Un racteur qui spare nettement les phases de respiration endogne est moins sujet au gonflement. De mme, on remdie au gonflement filamenteux aussi bien quau gonflement zooglal par une aration de quelques jours sans alimentation (longue priode endogne). 5. Pour lutter contre Thiothrix, par exemple dans les fabriques de choucroute, il suffit de chlorer ou darer leau avant puration biologique, pour oxyder les sulfures (par exemple 5-10 mg/l chlore sur la boue de retour ou sur leau brute). 133

Quelques dtails supplmentaires sur les remdes sont fournis la section suivante.

1.2.2.3. Remdes Si les causes premires du gonflement sont nombreuses, les remdes ne le sont pas moins. Certains permettent une intervention rapide et court terme, alors que dautres cherchent liminer durablement la cause. Il apparat quenviron la moiti des installations des boues actives prsentent un gonflement de boues soit permanent, soit par pisodes. Selon GRAU et CHUDOBA, HOUTMEYERS, VAN DEN EYNDE, VERACHTERT (1982), la configuration des racteurs est capitale. Les anciens systmes semi-continus dits 132

REACTEURS AEROBIES A BIOMASSE EN SUSPENSION (boues actives)

6. Deux organismes filamenteux ont t associs sans quivoque un manque dO2. Ce sont le 1701, qui indique un grave manque dO2, et Sphrotilus natans qui tmoigne dun lger manque (HORAN, 1990). Il faut maintenir au moins 1 mg O2/l pour une station normale, et 2 mg O2/l pour une station qui nitrifie.

1.2.3. Boues flottantesDans les dcanteurs secondaires, on observe parfois des boues flottantes causes par la dnitrification. Ce cas est examin ailleurs. Par contre, il peut se produire un cas particulier de boue flottante dans larateur, accompagnant un gonflement filamenteux par Nocardia amar. Cet organisme a une paroi trs hydrophobe, et se fixe sur les microbulles dair, (70 de diamtre), formant ainsi des cumes ds que sa population atteint 103 106 par mg MSV. Il faut galement que c soit suprieur 3 j., car son vaut 1,2 j1. En outre, il a un optimum de pH trs marqu entre 6,5 et 8,5, de sorte que ce phnomne ne se produit pas dans les racteurs o la nitrification maintient le pH des valeurs franchement acides. On peut sen dbarrasser en vitant de recycler les dites cumes (HIRAOKA et TSUMURA, 1984). On a galement remarqu (LECHEVALIER, 1975) que le surnageant de digesteurs contient une substance puissamment nocardiotoxique, mme aprs dilution au millime. Le recyclage dun tel surnageant prvient gnralement lapparition de Nocardia. Puisque Nocardia forme une cume, il semble logique de lattaquer en aspergeant cette cume avec du chlore.

Amas de bactries filamenteuses gross. 320 (Sphaerotilus natans)

Colonie dOpercularia gross. 100 .

1.2.4. Les protozoairesLes protozoaires peuvent atteindre des abondances remarquables dans les boues actives, o ils jouent un rle important dans la clart finale de leffluent. Les protozoaires prsents dans les boues actives sont les Flagells, les Cilis et les Amibes. Leur observation microscopique est relativement aise et fournit des indications intressantes sur la sant dune boue, cest pourquoi nous les dcrirons avec quelques dtails. Leurs caractristiques gnrale sont les suivantes : structure corticale trs organise, o prdominent les cils ; prsence dun orifice buccal ou cytostome ; vacuoles alimentaires et vacuoles excrtoires pulsatiles, cest dire se contractant rythmiquement ; un micronoyau fonction gntique, et un macronoyau fonction mtabolique ; prsence dune conjugaison sexuelle ; reproduction par scission transversale le long du plan quatorial du corps. Les Flagells se dplacent en agitant devant eux un flagelle trs mobile. Ils sont amens par leau use, et se nourrissent de matire organique. Ils entrent donc en comptition pour elle avec les bactries disperses et avec les bactries flocules, de sorte quils disparaissent rapidement ou ne sont prsents quen petit nombre. On ne 134

Epistylis gross. 100 .

Documents Facult des Sciences Agronomiques de Gembloux UER de Microbiologie, Prof. J. Brakel et M. Culot.

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REACTEURS AEROBIES A BIOMASSE EN SUSPENSION (boues actives)

les trouve en abondance que dans les installations forte charge, ou fonctionnant mal. Les Cilis sont au contraire prdateurs, et se nourrissent de bactries, surtout isoles. Il est certain que leur apparition concide avec une meilleure clarification finale de leffluent. Ils peuvent atteindre jusqu 5 % de la biomasse en suspension, et consommer jusqu 10 % des bactries isoles, dans larateur aussi bien que dans le dcanteur (HAMER, 1985). On divise gnralement les Cilis en trois groupes (STRUMIA et al., 1986), sur la base de leur comportement. n Les nageurs, qui se dplacent librement dans la liqueur mixte et vivent disperss (ex. Chilodonella uncinata, 60 , fig. 6.3a). Ils ne sont pas recycls avec la boue et disparaissent rapidement. Leur prsence est typique des installations en dmarrage. n Les rampants, qui sont en principe libres mais se meuvent dans les bioflocs laide dune sorte particulire de cils, les cirres (ex. Aspidisca costata, 30 , fig. 6.3c). Fixs aux boues, ils sont spars avec celles-ci dans le dcanteur secondaire et recycls. Ils ont donc un net avantage de comptition sur les nageurs, et sinstallent dans les boues mres. n Les pdonculs ou sessiles, qui vivent fixs demeure sur les bioflocs par leur pdoncule. Ces espces forment souvent des bouquets (Carchesium polypinum, fig. 6.3e). Eux aussi sont recycls avec les boues et caractrisent des boues mres et stables. Une boue active peut contenir jusqu une dizaine despces parmi lesquelles : Nageurs Trachelophyllum pusillum (*) d Litonotus fasciola Chilodonella uncinata (*) a Trachilia minuta Rampants Aspidisca costata (*) c Euplotes eurystomus Sessiles Vorticella convallaria Vorticella microstoma Opercularia microdiscum (*) b Opercularia coarctata Epistylis rotans Epistylis plicatilis Carchesium polypinum (*) e Tokophrya Acineta Les organismes marqus * sont les plus frquents, selon CURDS et COCKBURN (1970). 136

Fig. 6.3 Protozoaires. Document extrait de Notes on Water Pollution , N 43, HMSO, London. Les deux facteurs qui conditionnent avant tout ltablissement et le maintien des populations de protozoaires sont la teneur en oxygne et lge des boues c. Les besoins en oxygne sont levs, et on ne voit gure de protozoaires dans les liqueurs mixtes contenant moins de 2 mg O2/l, sinon des Flagells. Dans les installations trs forte charge, c tant par exemple < 2 j, les protozoaires nont pas la possibilt de sinstaller. Dans les installations fo