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N°3862 - 9 mars 2017 Le Quotidien du Tourisme.com LE MAG ENTRETIEN AVEC… STRATÉGIE 14 Tout est allé très vite. Lancé sur IFTM Top Résa en 2012, Résanéo totalise déjà 2 000 comptes ouverts six mois plus tard. Les signatures d’accords se multiplient : avec Le Printemps dès octobre 2012, mais aussi Havas, Prêt à Partir, Richou, Salaün, Carrefour, Leclerc, Galeries Lafayette... Comment expliquer ce démarrage en trombe ? Raphaël Torro à l’initiative de cette plate-forme avait créé VLC Travel en 2009 et la SAS était déjà licenciée auprès d’Atout France. Administrativement, le cadre existait. L’outil était aussi au point et une quinzaine d’acteurs de la profession portait financièrement cette aventure [NDLR : capital passé de 35 K€ à 225 K€ le 15 juin 2012]. Enfin, l’ensemble de l’offre aérienne était disponible, celle des compagnies régulières, low cost et charters. Nous avions la technologie, les accords commerciaux avec les compagnies et un solide atout services. Il y avait une place à prendre. En quelques clics, l’agent de voyages peut trouver les vols disponibles et leurs tarifs en temps réel, panacher les compagnies, effectuer des demandes à la carte, questionner sur les tailles et poids des bagages par compagnie, faire une demande d’assistance aéroports... Ne leur enlevez-vous pas un peu une part de leur métier ? Au contraire, nous leur facilitons la vie pour qu’ils se concentrent sur leur métier de conseil. Et nous complétons d’ailleurs nos services. En allant jusqu’à gérer les modifications sur toutes les compagnies ou éditer la carte d’embarquement pour éviter d’éventuelles facturations à l’aéroport. Autre exemple, quelle que soit la compagnie, régulière, low cost ou charter, c’est toujours une facture en euros sous le même format que les agences reçoivent. Leurs services comptabilité nous en sont très reconnaissants ! Nous avons aussi normalisé le document de voyage, et envoyons à l’agence depuis janvier un PDF qui reprend tous les renseignements nécessaires. L’agence y ajoute son logo et peut le faire parvenir à son client. Dernière nouveauté ? Depuis la fin février, la possibilité de poser une option à la journée sur les vols de certaines compagnies. Vous annoncez 3 600 agences en compte aujourd’hui et des partenariats avec tous les réseaux de distribution, excepté Selectour. N’est-ce pas un handicap ? Non, le « tout sauf » n’a rien de grave. Il y a d’ailleurs des agences qui viennent qu’il y ait ou pas accord car elles y trouvent un intérêt. C’est cela qui nous importe. En revanche nous ne travaillons qu’avec des agences immatriculées. Et nous avons presque tout de suite proposé un service d’émission pour compte de tiers aux agences non IATA et même signé un partenariat avec Emirates en 2015 pour émettre Lorsqu’il quitte le groupe Ailleurs en juin 2012 pour lancer une plate-forme BtoB de résa de vols aériens avec une poignée d’acteurs du tourisme et du web, Yannick Faucon a une certitude : la résa transport reste un vrai casse-tête en agences. Les professionnels ont besoin d’un outil unique, simple et intuitif. Ce sera la plate-forme Résanéo, aujourd’hui adoptée par 3 600 agences en France et déjà 300 en Italie. En quatre ans et demi, la start-up lyonnaise a su séduire quelque 600 compagnies aériennes (régulières, low cost et charters), la plupart des réseaux de distribution dans l’Hexagone et presque tous les TO. A l’aérien s’est ajouté le ferroviaire, bientôt les bus intercités et toujours plus de services. Mais surtout pas d’extension BtoC : trop coûteux, trop dangereux aussi. Résanéo ne veut pas disparaître. & Propos recueillis par Nathalie Ruffier Yannick Faucon, directeur général de VLC Travel Les GDS ont encore de beaux jours devant eux ! « Nous facilitons la vie des age qui peuvent se concentrer sur l © Photos : Nathalie Ruffier

« Nous facilitons la vie des age qui peuvent se concentrer ... · en 2016). Ne craigniez-vous pas la concurrence d’acteurs qui se sont depuis présentés comme Misterfl y, le

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N°3862 - 9 mars 2017 ● Le Quotidien du Tourisme.com LE MAG

ENTRETIEN AVEC…STRATÉGIE14

Tout est allé très vite. Lancé sur IFTM Top Résa en 2012, Résanéo totalise déjà 2 000 comptes ouverts six mois plus tard. Les signatures d’accords se multiplient : avec Le Printemps dès octobre 2012, mais aussi Havas, Prêt à Partir, Richou, Salaün, Carrefour, Leclerc, Galeries Lafayette... Comment expliquer ce démarrage en trombe ?

Raphaël Torro à l’initiative de cette plate-forme avait créé VLC Travel en 2009 et la SAS était déjà licenciée auprès d’Atout France. Administrativement, le cadre existait. L’outil était aussi au point et une quinzaine d’acteurs de la profession portait fi nancièrement cette aventure [NDLR : capital passé de 35 K€ à 225 K€ le 15 juin 2012]. Enfi n, l’ensemble de l’offre aérienne était disponible,

celle des compagnies régulières, low cost et charters. Nous avions la technologie, les accords commerciaux avec les compagnies et un solide atout services. Il y avait une place à prendre.

En quelques clics, l’agent de voyages peut trouver les vols disponibles et leurs tarifs en temps réel, panacher les compagnies, effectuer des demandes à la carte, questionner sur les tailles et poids des bagages par compagnie, faire une demande d’assistance aéroports... Ne leur enlevez-vous pas un peu une part de leur métier ?

Au contraire, nous leur facilitons la vie pour qu’ils se concentrent sur leur métier de conseil. Et nous complétons d’ailleurs nos services. En allant jusqu’à

gérer les modifi cations sur toutes les compagnies ou éditer la carte d’embarquement pour éviter d’éventuelles facturations à l’aéroport. Autre exemple, quelle que soit la compagnie, régulière, low cost ou charter, c’est toujours une facture en euros sous le même format que les agences reçoivent. Leurs services comptabilité nous en sont très reconnaissants ! Nous avons aussi normalisé le document de voyage, et envoyons à l’agence depuis janvier un PDF qui reprend tous les renseignements nécessaires. L’agence y ajoute son logo et peut le faire parvenir à son client. Dernière nouveauté ? Depuis la fi n février, la possibilité de poser une option à la journée sur les vols de certaines compagnies.

Vous annoncez 3 600 agences en compte aujourd’hui et des partenariats avec tous les réseaux de distribution, excepté Selectour. N’est-ce pas un handicap ?

Non, le « tout sauf » n’a rien de grave. Il y a d’ailleurs des agences qui viennent qu’il y ait ou pas accord car elles y trouvent un intérêt. C’est cela qui nous importe. En revanche nous ne travaillons qu’avec des agences immatriculées. Et nous avons presque tout de suite proposé un service d’émission pour compte de tiers aux agences non IATA et même signé un partenariat avec Emirates en 2015 pour émettre

Lorsqu’il quitte le groupe Ailleurs en juin 2012 pour lancer une plate-forme BtoB de résa de vols aériens avec une poignée d’acteurs du tourisme et du web, Yannick Faucon a une certitude : la résa transport reste un vrai casse-tête en agences. Les professionnels ont besoin d’un outil unique, simple et intuitif. Ce sera la plate-forme Résanéo, aujourd’hui adoptée par 3 600 agences en France et déjà 300 en Italie. En quatre ans et demi, la start-up lyonnaise a su séduire quelque 600 compagnies aériennes (régulières, low cost et charters), la plupart des réseaux de distribution dans l’Hexagone et presque tous les TO. A l’aérien s’est ajouté le ferroviaire, bientôt les bus intercités et toujours plus de services. Mais surtout pas d’extension BtoC : trop coûteux, trop dangereux aussi. Résanéo ne veut pas disparaître. & Propos recueillis par Nathalie Ruffi er

Yannick Faucon, directeur général de VLC Travel

Les GDS ont encore de beaux jours devant eux !

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N°3862 - 9 mars 2017 ● Le Quotidien du Tourisme.com LE MAG

ENTRETIEN AVEC… STRATÉGIE 15leurs billets. Mais 80 % de notre volume se fait sur le site Résanéo, via les GDS, les low cost et les TO. Aujourd’hui, nous remplissons l’équivalent d’un Airbus A380 par jour !

La quasi-totalité des TO se sert de votre plate-forme pour écouler leurs vols secs. Est-ce une activité importante pour vous ?

Cela s’est fait très vite aussi. Nous sommes leur consolidateur. Cela représente autour de 5 % de notre volume d’affaires. Mais ils nous achètent aussi nos vols low cost.

En 2013, vous avez lancé un service groupes et en 2014, votre plate-forme en marque blanche. Ces services sont-ils très demandés ?

Cela fait partie de nos services « plus ». Sur les groupes, nous enregistrons un bon taux de concrétisation, entre 8% et 10 %. Les agences font appel à nous pour des compagnies qu’elles maîtrisent moins. Une quarantaine de sites a adopté notre

marque blanche et la place en onglet « vols » sur leur home page.

Depuis juillet 2016, en utilisant la norme New Distribution Capability (NDC), Résanéo a accès en temps réel au stock et aux tarifs des compagnies du groupe Luftansa et à la réservation de services additionnels sans passer par les GDS. Est-ce la fi n des GDS ?

Contrairement à ce que l’on peut lire, les GDS ont encore de beaux jours devant eux. Rares sont les compagnies qui ont déployé les structures nécessaires pour être connectées en direct. Nous avons commencé à le faire pour les ajouts de prestations avec certaines. Beaucoup nous sollicitent pour travailler en direct. Mais entre le vouloir et le pouvoir, il y a encore du travail. Les compagnies low cost gardent une longueur d’avance là-dessus.

Ce n’était pas un poisson d’avril. Depuis le 1er avril 2016, Résanéo donne aussi la possibilité de réserver des billets de train. Et même de combiner aérien et ferroviaire. Pourquoi cette évolution ?

C’est une offre complémentaire, effectuée via

les GDS Sabre et Galileo. Fort utile à toutes les agences de voyages qui, n’ayant pas de possibilité de payer en carte Bleue, ne pouvaient pas faire d’achat de ferroviaire pour leurs clients. Cette offre à double entrée – avion/train– conforte notre démarche de services et d’outil compétitif. Nous l’avons d’abord ouvert à toutes les grandes lignes autour des aéroports français. Et depuis février, le nombre de villes de départ a été multiplié par dix. L’offre pourrait inclure d’autres compagnies comme Trenitalia, Renfe, DB... Mais nous irons plus loin, et proposerons même du bus avant la fi n de l’année.

Du bus ?

Oui. Des lignes intercités. Avec la loi Macron, les acteurs se sont multipliés jusqu’à sept. Aujourd’hui, ils sont passés à trois. Nous développons une sorte de GDS de l’autocar pour compléter notre plate-forme transport. Il y a une vraie demande là-dessus aussi.

Vous avez avancé vite, très vite même, atteignant l’équilibre fi nancier dès 2014 et

affi chant une croissance continue de CA (8 M€ en 2013, 19,5 M€ en 2014, 30 M€ en 2015, 40 M€ en 2016). Ne craigniez-vous pas la concurrence d’acteurs qui se sont depuis présentés comme Misterfl y, le Belge Sirius ou l’Allemand FTI Ticketshop ?

Nous avons une antériorité de quatre ans et demi, un savoir-faire reconnu, une offre de services sans cesse élargie et une forte capacité de négociation après des compagnies aériennes. Et surtout nous restons sur notre logique 100 % transport et BtoB. La concurrence, ça empêche de s’endormir. L’ouverture de Mysterfl y sur le BtoC ne nous a pas fait d’ombre. Nous restons dans notre trend et visons un CA de 50 M€ en 2017.

Vous avez aussi choisi de dupliquer votre système à l’étranger en mettant d’abord le cap sur l’Italie. Comment cela se passe-t-il ?

Nous avons créé une société italienne, VLC Travel Italia et ouvert un bureau à Milan en septembre confi é à Grégory Sicignano, un ancien responsable Smart Box. Elle a déjà 300 agences en compte. Cela va se faire progressivement. En intégrant les spécifi cités de ce marché qui totalise 8 000 agences.

Vous avez toujours bousculé les codes en permettant de combiner facilement vols réguliers, low cost, charters, trains et bientôt bus. En ce début 2017, Résanéo, c’est trois sites (Villeurbanne, Paris, Milan), 28 permanents, une force commerciale de quatre personnes pour encore plus accompagner les agents de voyages et bientôt le Ditex et votre fameuse soirée bulles... Mais qu’en sera-t-il en 2020 ?

Dans le tourisme, il est diffi cile de se projeter. Nous n’aurions jamais imaginé devoir déjà pousser les murs lorsque nous nous sommes installés dans ces locaux lyonnais en 2014. Mais nous continuons à grossir au rythme de cinq à six recrutements par an pour offrir une plate-forme de réservation transport toujours plus complète et garder un temps d’avance. Et nous avons deux certitudes : nous n’irons pas sur le BtoC ni sur le corporate.

Administrateur des Entreprises du Voyage Rhône-Alpes-Centre-Est depuis trois ans, vous avez à chaque fois présidé ses conventions annuelles, organisées successivement en Lituanie, en Ouzbékistan et à Madagascar. Les prochaines élections du syndicat régional auront lieu en mars. « Vous, président » que feriez-vous de plus pour le syndicat ?

Si je devais l’être, j’aimerais monter plus d’actions en région pour le faire connaître et surtout informer ses adhérents des nouvelles réglementations. C’est essentiel. Mais je ne le ferai pas seul. J’ai une entreprise à développer ! ■

Aujourd’hui, nous remplissons l’équivalent d’un A 380 par jour !

ents le conseil »

Nous avons deux certitudes : nous n’irons ni sur le BtoC ni sur le corporate.

Qui est Yannick Faucon ?

De l’aérien, du TO, du réseau de distribution... Yannick Faucon, 45 ans, a déjà une expérience variée lorsque

prend les rênes de VLC Travel, société qui porte depuis 2012 la plate-forme Résanéo. Le Stéphanois a en effet démarré en 1994 chez APG à Lyon, comme agent de réservation. Il devient rapidement délégué commercial chez AOM. Puis cap sur le tour operating, comme directeur régional chez Planète d’abord, puis chez Nouvelles Libertés. Il entre en 1998 chez Look Voyages comme directeur commercial Rhône-Alpes avant d’être débauché quatre ans plus tard par Yves Guillermin qui lui confi e la gestion du réseau d’agences de son groupe Ailleurs en plein développement. Ce réseau passera en effet de 15 à 55 points de vente lorsqu’il quitte Ailleurs pour lancer Résanéo.