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L O U I S l V T E R C I E R .

PRI ÈRES

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L]BRAJRIE H. LARDANCHË'-|1o, Kuc I ' rsstdent-Lâr l )ot

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PROTAT FNÈRES. IMPRI} IE IJRS.

L O U I S M E R C I E R

P RI ÈRESD E L A

TR.ANCHEE

40GF-

LYONLIBRAIRIE H, LARDANCHET

ro, Rue Président-Cârnot

M C M X V I I

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PRIÈRE DU NTATIN

Nous vous remercions de aous donner encore

Ce ]our que des vivants d'hier ne verront pâs;

Soyez béni, Seigneur, du lever de 1'aurore

Sur qui la sentinelle attache ses yeux las.

Nous n'y trouvons pourtant qu'une bien pauvre joie ICette aube est triste, hélas ! elle vient du pays

Dont les Barbares gris font encore leur proie,

Elle éclaire âvânt nous leurs visages hais.

L'air ne peut être pur que leur bouche respire;

Leurs souffles détestés polluent nos horizons...- Dire qu'ils sont en face, et qu'on les entend rire,

Etque notre sol clame au choc de leurs caissonsl

Dire que leurs chevaux hennissent au matin

En lavant leurs sabots dans nos douces rivières I

- Seigneur, Dieu juste, dont leur César assessin

Profane le grand ncm dans ses rouges prières,

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Vengez-vous, vengez-uous de ces noirs tttentrts.fAidez-nous à chasser de nos loyales terresCes hordes d'étrangers plus bourreaux que soldatsQui souilleut jusqu'au nom terrible dc la guerre,

Rendez â nos matins leur arome français,Délivrez la colline où le jour vient éclore,

Qu'on ne sente plus rien d'ennemi désormaisD:rns le vent qui se lève avec la jeune aurore !_

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PRIERE DU SOIR

,Von Dieu, voici 1e soir et ses louches embriches !

Ce u'est pas le repos qu'il apporte avec lui ;

Maiûtenânt la tranchée est une sonbre ruche,

Et son obscur travail chuchote dans la nuit.

Des hommes vont veiller dans les postes d'écoute,

D'autres, la pioche en mâin, creusent de nouveâux trous'

Ou portent les rondins dont un abri se votite :

A votre amour, Seigneur, nous les conûons tous.

Protégez ces soldats, combattânts ou manæuvres,

Tous font la iusteguerre, et vous sâYez, mon Dieu,

Que, si nous la faisons, ellen'est pâs notre ceuvre

Et que nous défendons la maison des aÏeux,

Nous vous recommendons ccs remueurs de terre,

Presque vieux, les cheveux déjà mê1és de blanc ;

Quelques-uns ont utr fils à 1'ennemi, la mère

Reste seule à trembler Pour l'homme et pour l'enfant I

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Iious vous recommandons et leurs corps et leurs âm3s.Hélas I à chaque nuit, sur notre immense front,Il en tombe de ceux à qui songent des femmes,Et que les yeux des leurs janrais ne reverront.

Seigneur, nous vous prions pour ceux d'eltre nos frèresQui sont vivants ce soir, et seront morts dentain.Donnez à leur départ le temps d,une prière,Iit prenez doucement leurs âmes r{ans vos mains.

PRIERE POU]l' LES SENTINELLES

Dieu tout puissant, soyez en aide aux sentinclles

Qui, dans les postes noirs, regardeut devant elles,

Et ne voient rien que l 'ombre où le danger nuet

I-es tient sous la lnenace obscure de"son guet.

Gardez nos gardiens, et veil lez sur leur veil ie I

Qu'i ls restent attentifs de l 'æil et cie i 'oreil le,

De peur t luc I 'e r :nemi l ' approche, e l , lou t à coup.

Ne leur saute à la gorge ainsi qu'un naurais loup,

Préservez-ies, Seigneur, de la balie perdue

Qui t raverse la nu i t en s i f f l r r r t , e t qu i tue ;

Protégez-1es aussi de l 'a$reux crapouil lot

Qui garp;ouil le dans I 'air comne un moulin daus I 'ern

S i l s en tendcut vcn i r , du fond de 1 o : r rb re rveug le ,

L'énorme obus vorni par le cânon qui meugie,

Demeurez âvec eux , e t mâ i r l tenez leur cæur

So l ide e t réso lu lo rsque l 'eng iu hur )eur

PRIÈRE

POUR CEUX qUI PORTENT DES RONDINS

Seigneur, pitié pour ceux qui portent des rondins

Au long de la tranchée étroite et tortueùse !

Cest la nuit; il fait noir, et les PiedsincertâitsClapotent lourdement dans la tere boueuse.

Ils vont, Ie dos meurtri parun ]oug plus pesant

Que n'est le ioug des bceufs liés àla charruel

Ils tituteût dans I'ombre, et heurtent eII PâssantLe pare-éclats êpais dont leut route s'obstrue.

Lourds, somnolents, ntuets' ils ne songent à rien,

Sauf que la dure tâche est loin d'être achevée,

Et qu'une fois au bout, guelque part, or revient

Sul ses pas, et qu'il faut poursuivre la corvée.

- 1 2 -

Ils s'arrêtent, parfois, et posent leurfardeau II-e fusil des vèilleurs, de loin en loin, crépite ;Une balle voltige au-dessus d'un créneau,

Une fusée éclate, et lnonte, et s'êteint vite !

I ls ont repr is déjà leur chemin douloureux, . .

Par le fardeau qui tint votre face penchée,

Au nom dc votreCroixrJésus, pitié pour ceux

Qui portent des rondins, 1a nuit, dans les tranchées.

PRIÈRE POUR LES CUISTOTS

Marthe, sceur de Marie, ô sainte rnénagère,

Qui vouliez réjouir Jésus d'un bon repas,

Pour les humbles cuistots agréez ma prière,

Et daignez être leur patronne : ils n'en ont pâs'

Ce sont de Pauvres gensr et si leur peine est grrnde'

Onoubliera touiours de les mettre à l'honneur;

C'est de leurs soins pourtântque nos destinsdépendent,

Et, sans eux, il n'est pas de long courâge au c@ur.

Débraillès, marmiteux, et de rude lângage,

Ils jurent trop souvent le sâint nom du bon Dieu,

Sans savoir ce qu'ils font, et parce que I'ouvrâge

Est dur, et que le bois manque souvent au feu'

Devant la flamne rouge ol voit Ieur forme noire

S'évertuer 1e iour, et maintes fois la nuit;

Ils font penser à ceux qui sont en Purgatoire,

Tent leurs yeux sont brrilés dans leur visage cuit'

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Mais i1 n'est point chez eux de poltron, ni de lâche;{ls veillent sur la soupe en riant du canon I

-

Plus d'une foisla mort les surprit à Ia tâche,Et plus d'un gît sans gloire en un tombeâu sans nom,

Frenez-les tels qu'ils sont, ô saintê ménagère,Plaidez pourleurf péchés, etcomptÊz leuts vgltrsgPuis, obtenez-pour ceux qui ne sont plus sur terreI-e rafraichissement éteruel des elus t

PzuÈRE POUR LA CÀGNA

Bénissez la cagna, Scigneur, cette tâlière

Qui rr'est délicieuse er auculle saison i

Noire et triste, elle exhale une odeur de litière,

Nous I'aimons ."p_""._q*!,-.1t:ç:st notre mâison. '

C'est le gite préc.aire auquel on se conûe; ' ':

Quand vient Ja mit, surtout, son accueil parait bon ;

On sent mieux le mystère et le prix de la vie

Quand, blotti dans son ombre, on entend le cânon.

L'on y pense âux absents, à 1a chère veillêe

Qu'on faisait âvec eux dans un logispius dour. . .

Qu'ils sont loin, ô mon Dieu ! que d'ombre accumulée,

Et que d'espace, et que de iours entre eux et nous I

Que font-ils à cette heure ? Où sont-ils ?. . , Àh ! tristesse

Des âmes qu'on ne peut unir que par les corps I

Benissez la cagna qui, dans la terre épaisse,

Nous garde ensevelis à la façoo des morts.

_ 1 6 _

Protégez-la, Seigneur;elle a de quoi vousplaire,Ëtant plug lumblc encqr que n,était le feygrOù vous avez vécu quand vous étiez sur terre.Peut-être, à son aspect, vous vous rappelleriez

L'étable qui vous vit naître aux douleurs humaines,Écartez de son tbit l 'épouvantable obusQuel'instinct du €ain*ge et leffairde la haineDes profondeurs de l'ombre amènent vers son bu t.

Il accourt en hurlant et droit sur nous se rue.Et ne laisseàla place oùvivaientdes humainsQu'un taô dé tlébris noirs où plus rien ne remne. . .Seigneur, à nos cagnas épargnez ce destin l

PRIËRE AU DIVIN VISITEUR

Vous, fami des pecheurs, qui souYeût vous assltes

Dans leurs barques teurant la saumure et tâ poix,

Vers la tranchée obscure où Dous avons nos g{tes

(lu'ilvous plaise, Seigaeur, ile venir Enefêis.

N'y venez pas un iour qu'on a Ïâmeun peu c1âile

A cause du soieil qui luit dans le ciel bleu,

Mâis plutôtpâruû soir où I'on se désespère

Parce que l'air est pleio de corbeaux,-et qu'il Pleut.

Il pleut, et Cest ainsi depnis une semàine. /Il pleuwa cette nuit, etdemâiû, et longtemps.. '

L'eau sape de partoirtnos huttessouterraiûes;

Plusieo* croulent déiâ sous ses essânts lâtents'

Venez un soir d'hiver dans la bourbe ou nous sommes;

Laissez-vous égarer aux dêtours assombris

De la cité dolente ou se trâinent des hommes

Àussi terreux qu'Adam lorsque Dieu feut pétri'

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Entrez dans un abri sansvous faire connaiûe,

Et demeurez un peu parmi ces pauvres gens :

Ne preaez pas; d'ailleurs, leurs discours à la lettre,

Mais penétrez leur cæur d'un regard indulgent.

D'aucuns semblent avoir l'âoe pleiue de terre ;Lc signe du beptême y demeure enfoui IIls vous connÂissent mal; ils ne vous aiment guère,

Et peutétre en.est-il dont-vous êtes haï I

Aycz pitié, Seigneur, des uns commes des âutresl

Pardonez-,leur |e mal. qulifu n'ont.pas bieu voulunEt saactifiez leurs souffrances pâr le$ vôtres,

Aûn qu'elles ne goient vaines poqr lerrr sa1ut.

Vous vous retirerez sans vousfaire coonaitre, [sourds.Mais en laissant lgurs çæurs moins obscurs .et moingEt puis, .* permette?-4ous ce væu

"" iij::,j$aites cesser la pluie au moins pour quelques jours !

PRIÈRE A N.-D..DE.PROMPT-SECOURS

Je pense à vous, ce soir, dans la tranchée, à vousMadone auxpieds de qui, tel un beau livre, s'ouvreL'horizon dun pays maiestueux et doux.

Je pease à vous çe soir, ùIadorre de Çoutouvre.

Cest dimrnche, Il fait beau, Le soleil ne sait pas

Que, depuis le lointain des siècles, se lumière

N'aiamaislui sur tânt de soufrance ici-bas.

Cest I'heure où, prèsde vousrcommence la prilre.

l ls sontun pet i tnombre autour du v ieux curé :On y voit des enfants, quelques anciens, des femmes;Les champs prient avec eux, et, dâns le soir doré,Les vitres des maisons semblent des cæurs eq 4amlnes,

Notre-Dame-de-Prompt-Secours : on 1it ce nom

Ëcrit en lettres d'or au front de la chapelle. , .-Ah! dans ces tristes jours où le malheur estprompt

Souffrez que par ce cri le monde vous appelle !

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Madone aux douces mains qui régnez sur les champs,

Àu secours de tous ceux qu'étreint la grande angoisse I

.lrn srcûlr cles vivane quc Ia a:rorLva fanchaat

Dals I'atroce mêlée où les peuples se lroissent!

Àu secours des blessés et des agonisants

Oubliés. ilans un coin de la bataille obscure,

Et qui râleut de soif, a qui boivent leur sang!

Au secours des ca*tifs g.ue I'ennemi torture I

Au secours des foyers ou Ie deuil a passé,

Et des cæurs à jpmais bro5qés et solitaires I- Vierge des Sept'Douleurs, mère du grand Blessé

Dont le sang a payé la rançon de la terren

Consolatrice des affligés, âu secours

De ceiles dont la vie à pleurer se dévorel

Il neleur r€ste, helâs! plusdende leur amour,

Pas mêrac Ie tnmbeau qu'on peut a.imer encore.

Mére, au secours de tânt de douleurs, au secours !

PRIÈRE A NOS SATNtrS PÂTRGNS

Intercédez pournous, chrétiens des premiers temps,

Vous dont les os sacrés reposent dans des tombes

Que ne visite pas le soleil des vivants,

Priez lnur nous, Saiats et Sainrcs.des cataconbesl

Lc sort qui fut le vôtre est un peu notre sort.

Sens avoir vos vertus, nous endurons vos peines,

Nous cachons comme vous rotre vie, et les morts

Ont leurs tombeâux parmi nos maisons souterraines.

Comme vous, nous âvons à marcher dans la nuitD'un labyrinthe obscur où quelque fossé rampe,

Et nous ne sommespâs, ainsi que vous, conduitsPar des vierges portânt, la mein hâute, une 1ampe.

Nous cheminons, tâtaût des coudes les parois,

Et oous perdons souvent lâ route qu'i1 faut suivre INos pieds butent dans I'ombre inégale, et parfois,

Noustombons lourdement ainsi qu'un aveugle ivle.ItItI

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- 2 2 -

Nousvivons un mârtyre humble et quotidien;

Nous pouvons cependant, à quelque heure prochaine,

Mourir sanglants ainsi que les croyants anciens. . .- Mertyrs, premiers martyrs de l'Eglise romaine,

Héroiques témoins des premières lueurs

Dont naquit le grand jour qui rajeunit le monde,

Devenez nos patrons et nos intercesseursr

Mèlez à notre e{ïort votre vertu féconde,

Aûn que nous puissions souffrir autant qu'il {autPour délivrer la terre où rcposent nos tombes,Et qu'il surgisse aussi quelque chose de beauEt de saint dans la nuit des ieunes catacombes.

PRTÈRE

DEVANT TES TOMBES DES NôTRES

l )onnez- leur lerepos parmi lesBienheureux,

Faites luire sur euxla lumière éterneile l

Ces morts sont nos amis, et nos logis terreux

-{voisinent de près leur tombefrâternelle.

\-oilâ dêjà longtemps qu'ils gisent sousleur croir,

I)ans ce coin de secteur où jameisrien ne bouge.

C'étaient de jeunes gens; ils sont tombès aux mois

Que l'on faisait encor la guerre en képi rouge.

-{h I les soldats en fleur qui partâient au mois d'aott,

Criant dans le soleii leur farouche allégresse !

Touscescæurspleinsde sang etbat tant à grands coupsl . ,

\ lon Dicu, de tatr t d 'espoir et de txnt de ieunesse.

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- 2 4 -

Quel tragique butin a fait la rude mort !Hélas ! ces yeux, ces fronts que dévore la terreSontentrés dans I'effroi de I'agonie alorsQu'ils étaient encor chauds dcs baisers d'une mère !

Et mâintenant, Seigneur, nous sommes lâ, les vieux;Nous faisons dausces ûous une guerre si tristeQue les morts, pârmoments, rtous ïendentenvieux,Et qu'undésir nous prend de la tombe égoïlste

Qui nous délivrerait de ces jours trop pareils. . .Ectrtez,ô mon Dicu, denotre cæur qui dooteCe vent de désespoir pire que 1e sommeilQtri surprend Ie guetteur à son p,oste d'écoute.

Vous, pour qui nous prioûs, priez pour nous, ô morts IPremiers eacriûés de la-grande hécatombe,Soyez notre lumiè're et notre reconfort,Et qu'un mâle conseil nous vienne de vos tomb6.

PRIÈRE

POUR LES SOLDATS PAYS.{NS

Pour que les longs malheurs de cette immense gu€rre

Ne dèsespèrent pas les soldats pâJrsans,

Accordez-leur, mgn Dieu, des rêcoltes prospëres,

Et qu'il n'arrive rien de funeste à leurs champs.

Que les pères trop vieux, que les femmes trop seules

Ne leur écrivent pas que l'on n'a plus de bras

Pour engranger le foin, pourconstruire les meules,

Et qu'au prochain âutomne on ne sènrera pas...

On ue sèmerait pâs, cet automne I et les terres

Dont on redit les noms et dont on sait le prix,

Les terres à froment tomberaient el iachères,Et l'herbe mangerait les guérets âppeuvris I

_ 2 6 _

Le domaine sacré que I'on aime, et qui corite,Deviendrait un désert stérile comme ceuxOù I'aride tranchée enchevêtre ses roures,Et hérisse ses ûls barbelés et ses pieux I

Ah I pendant qu'ils manient et la pioche et la pellePour creuser des sillons qu'on n,ensemence point,Comme l'odeur du sol remué leur rappelleLa tetre de là-bas qui meurt faute de soins I

Bénissez-la, Seigneur, cette terre féconde,Mère du pain français qui nous fait un beau sang!En attendânt qu'on ait chassé l,intrus immonde,Conservez-la ûdèle â ses maitres absents I

Aux femmes, aux vieillards demeurés auprès d'e11eAccordez le courâge et la force gu'il fautPour qu'ils s'acquittent bien des semailles nouvelles,Et pour que, I'an prochain, les champs de blé,soient

Deaux I

PRIËRE

CONTRE LA TENTATION DES SOUVENIRS

On a trop de loisirs, parfois, à la tranchée,

Ett rop de souvenirsvous v pèsent au cæur. . .

- Les jeunes gens qui font cette guerre cachée

Peuyent narguer I'ennui de leur rire vainqueur :

Ils n'ont pas derrière eux de regrets qui les tiennent,

I: tiédeur du foyer ne les obsède point;

Ils cueillent un pâr un les jours ainsi qu'ils viennent,

Les veux sur I'avenirquileur sourit de loin.

Mais nous, c'est ie passê qui garde nos tendresses,

C'cst vers lui qu'on se tourte et qu'on veut revenir. . .

-Seigneur, préseroez-nous d'armer trop 1â tristesse

Et le charme ênervant de trop chers souvenirs !

>--rr:- '-; --/.

. _ 2 9 _

Préservez-uous, Seigneur, de trop penser aur chosesDont nous vient un parfum de paradis perilu ;Notre âme y languirait en voluptés moroses,Et prendrait endégorlt le devoil- trop arilu.

I1 ne âat gas. Il frat que no{re tââe ahetkrNous trouve résolus, et mêare âpres un Beu ;Il faut que notre cæur s€ {€ft?e et sache taire. . .Âh! nous tre pourrons pas sâns votre aide, ô mon Dieu!

PRIÈRE POUR L'êB€EMTE

, mon DiÈu, veili€* edr Fâbaixte qei E âiæ

tout le grandâmour dont je l'aime moi-mème,

à æ*rgræb ro* nyonde chrtÉ'

lpre so.n.?auvre cæur en soit réconfoté;

Qr'el&e *letrè?.cdcÂa 14. da&ta$sâ auror€

Que la maison est vidç, héIas I et trop sonore;

Qu'en sg mettânt à table elle ue pleure point

En songeant qu'elle est seule et que ie suis bien loin. . .

Par ces après-midis où l'hiver est si triste

Qu'une heure de soleil de temps en temps I'assiste ! .

solrs,

Mâis surtoutr ô mon Dieu, que les soirs, les longs

Ne I'envircinnent pas de pressentiments noirs !

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Au retour de la nuit, gardez sa solitudeDes souffles de la.peur etde l'inquiétude !

mursQue le graad vent plein d'ombre et dont tremblent lesNe la pénètre pas de ses effrois obscursl

Que celle dont elle a le charme, que la lampeD'une lueur de paix illumine sa tempe !

Donuez-luide dormir d'un sommeil calme et doux,Qu'un songe la visite, et qu'il vienne de Vous. . .

m'aime...Seigneur, mon Dieu, veillez sur I'absente quiDe tout le grand amour dont ie I'aime moi-même !

TABLE DES MATIÈRES

Priêre du matin. .rrlere c.u sotr,. . .Prière pour les sentinelles.

Prière pour ceux qui portent des ron-o m s . . . .

Prière pour les cuistots.Prière pour \a cagna.

Prière au divio Visiteur.

Prière à N.-D.-de-Prompt-Secours.. .

Priere à nos Sâints Patrons.

Prière devant les tombes des nôtres. . .

Prière pour les soldats paysans. , .. . . -

Prière contre la tentation des souve-nirs. . . .

XIII. Prière pour I'absente.

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v.VI.

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