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HABITUÉ AUX EXPLICATIONS “EN FAMILLE”, AUCHAN LAVE SON LINGE... EN PUBLIC Edgar, Auchan et... le costard L a première question donne souvent le ton d’un entretien. L’interview accordée aux Échos par Edgar Bonte, le patron du groupe Auchan, n’y échappe pas. Question donc : “ Auchan annonce sa sortie de la grande distribution d’Italie, 30 ans après son implantation. C’est un constat d’échec ? ”. Réponse : “ Clairement ”. Et tout l’échange est à l’avenant... Sur le modèle commercial en Italie ? C’était une erreur stratégique”. Sur la proximité ? “ Ca serait illusoire de penser pouvoir rattraper notre retard”. Là où les précédents managements et leurs manitous es-communication auraient enfilé les circonvolutions comme d’autres les perles, Edgar, lui, taille des cos- tards. Le mérite premier d’Edgar Bonte est de sortir du déni A bien des égards, Edgar Bonte dit l’évidence et efface en quelques mots des années de déni. En 2011, à l’occasion du 50 e anniversaire du groupe, Arnaud Mulliez, alors patron de la France, expliquait aux Échos que l’hyper – et pas dans sa version mini... –était toujours le format d’avenir : “ Chez Auchan, nous avons la conviction que le grand format est pertinent parce qu'il permet, de pré- senter toute la gamme des produits que recherchent les différents consommateurs [...] Les hypers pro- posent une solution globale, une vision panoramique”. 2011, une éter- nité, certes. Mais, à la même date, Casino, déjà confronté au mal, taillait dans la surface de ses hypers. Si Edgar Bonte ne fait pas le procès explicite des magasins XXL, il le sous- entend néanmoins : “ Il y a des rayons entiers ou nous n’avons pas ou peu de légitimité [...]. On n’a rien changé au modèle depuis 50 ans .” Ses prédé- cesseurs apprécieront car, au-delà de la gestion quotidienne d’un groupe mondial, il y avait bien , dans leur mandat, un brin de vision à attendre... En guise de vision : du déni, toujours. Le pire pour un malade. Car il est souvent impossible d’accepter un traitement sans la douloureuse acceptation du diagnostic. En prenant ainsi la parole, lavant au passage le linge familial en public, Edgar Bonte revendique précisé- ment le diagnostic : Auchan va mal. Suffisamment mal pour reconnaître des renoncements d’une telle ampleur. En mars, déjà, via des dépréciations d’actifs, le Docteur Bonte avait donné une réalité mesu- rable à la maladie : un milliard de pertes. Hier, dans les Échos, seconde lame : “ Nous aurons encore des impacts forts en pertes exception- nelles en 2019”. La famille est préve- nue, les salariés aussi. Dur à entendre, surtout pour ceux qui y perdont une partie de leurs écono- mies (les salariés possèdent 10 % du groupe). Mais Edgar Bonte aura au moins ce mérite : nommer le mal. Et tant pis si ça pique ! Olivier Dauvers TRIBUNE GRANDE CONSO à retrouver sur www.olivierdauvers.fr N° 193 MAI 2019 TGC - Editions DAUVERS 12 D rue des Landelles - 35510 Cesson 02 99 50 18 90 [email protected] VOUS ÊTES 19 918 DIRIGEANTS ET CADRES DE LA GRANDE CONSO À RECEVOIR “TGC” LES FAITS. Profitant de la cession des activités italiennes du groupe, Edgard Bonte, patron d’Auchan a livré un véritable réquisitoire sur la stratégie passée dans une interview aux Échos. Et il reconnaît qu’Auchan n’a jamais été contraint à des renoncements d’une telle ampleur. VIGIE GRANDE CONSO Tous les mois, l’analyse sans concession du retail et de la consommation Infos : [email protected]

À RECEVOIR “TGC” GRANDE CONSOa-p-c-t.fr/dauvers/fichiers/20190515_5cdc719c2ba23.pdf · groupe, Arnaud Mulliez, alors patron de la France, expliquait aux Échos que l’hyper

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HABITUÉ AUX EXPLICATIONS “EN FAMILLE”, AUCHAN LAVE SON LINGE... EN PUBLIC

Edgar, Auchan et... le costard

La première question donnesouvent le ton d’un entretien.L’interview accordée aux Échos

par Edgar Bonte, le patron du groupeAuchan, n’y échappe pas. Questiondonc : “Auchan annonce sa sortie dela grande distribution d’Italie, 30 ansaprès son implantation. C’est un constatd’échec ?”. Réponse : “Clairement”. Ettout l’échange est à l’avenant... Sur lemodèle commercial en Italie ?“C’était une erreur stratégique”. Sur laproximité ? “Ca serait illusoire depenser pouvoir rattraper notreretard”. Là où les précédentsmanagements et leurs manitouses-communication auraient enfiléles circonvolutions comme d’autresles perles, Edgar, lui, taille des cos-tards.

Le mérite premier d’Edgar Bonteest de sortir du déni

A bien des égards, Edgar Bonte ditl’évidence et efface en quelquesmots des années de déni. En 2011, àl’occasion du 50e anniversaire dugroupe, Arnaud Mulliez, alorspatron de la France, expliquait auxÉchos que l’hyper – et pas dans saversion mini... –était toujours le formatd’avenir : “Chez Auchan, nous avonsla conviction que le grand format estpertinent parce qu'il permet, de pré-

senter toute la gamme des produitsque recherchent les différentsconsommateurs [...] Les hypers pro-posent une solution globale, unevision panoramique”. 2011, une éter-nité, certes. Mais, à la même date,Casino, déjà confronté au mal, taillaitdans la surface de ses hypers. Si Edgar Bonte ne fait pas le procèsexplicite des magasins XXL, il le sous-entend néanmoins : “Il y a des rayonsentiers ou nous n’avons pas ou peude légitimité [...]. On n’a rien changé

au modèle depuis 50 ans.” Ses prédé-cesseurs apprécieront car, au-delàde la gestion quotidienne d’ungroupe mondial, il y avait bien , dansleur mandat, un brin de vision àattendre... En guise de vision : du déni, toujours.Le pire pour un malade. Car il estsouvent impossible d’accepter untraitement sans la douloureuseacceptation du diagnostic. Enprenant ainsi la parole, lavant aupassage le linge familial en public,

Edgar Bonte revendique précisé-ment le diagnostic : Auchan va mal.Suffisamment mal pour reconnaîtredes renoncements d’une telleampleur. En mars, déjà, via desdépréciations d’actifs, le DocteurBonte avait donné une réalité mesu-rable à la maladie : un milliard depertes. Hier, dans les Échos, secondelame : “Nous aurons encore desimpacts forts en pertes exception-nelles en 2019”. La famille est préve-nue, les salariés aussi. Dur àentendre, surtout pour ceux qui yperdont une partie de leurs écono-mies (les salariés possèdent 10 % dugroupe). Mais Edgar Bonte aura aumoins ce mérite : nommer le mal. Ettant pis si ça pique !

Olivier Dauvers

TRIBUNEGRANDE CONSOà r e t r o u v e r s u r w w w . o l i v i e r d a u v e r s . f r

N° 193 MAI 2019TGC - Editions DAUVERS

12 D rue des Landelles - 35510 Cesson02 99 50 18 90 [email protected]

VOUS ÊTES 19 918DIRIGEANTS ET CADRES DE LA GRANDE CONSO À RECEVOIR “TGC”

LES FAITS. Profitant de la cession des activités italiennes du groupe, Edgard Bonte, patron d’Auchan a livré un véritable réquisitoire sur la stratégiepassée dans une interview aux Échos. Et il reconnaît qu’Auchan n’a jamais été contraint à des renoncements d’une telle ampleur.

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