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21 Lumière d’Encre 47 rue de la République 66400 Céret )/Fax : 09 50 36 29 20 Courriel : [email protected] Siret : 451 704 670 000 « tot s’hi val ! », Quête hétérotopique - imaginaon de la ruine et de l’invisible. Résidence arsque et projet pédagogique en milieu scolaire Arste : Lénaïc Gras Le projet : Le projet comporte plusieurs volets qui trouvent leur cohérence autour du travail universitaire déjà engagé par l’équipe dirigée conjointement par Sophie Avarguez et Aude Harlé, toutes deux maîtresses de conférences en Sociologie à l’Université de Perpignan Via Domia et auteures de la publicaon : AVARGUEZ Sophie (dir.), HARLE Aude, JACQUEZ Lise, DE FISSER Yoshée, Du visible à l’invisible : prostuon et effets fronère. Vécus, usages sociaux et représentaons dans l’espace catalan transfrontalier, Baixas, Balzac édions, Collecon L’univers des discours, 2013. À la lecture du compte rendu de recherche, il apparaît désormais que ce travail, loin d’être un aboussement, doit donner lieu à une série d’acons concrètes, tout parculièrement en direcon des adolescents et des jeunes adultes. La queson de la prostuon qui sévit aujourd’hui à notre fronère doit être traitée à plu- sieurs échelles. De notre point de vue il apparaît important d’impliquer le public scolaire dans une réflexion d’ensemble sur ce sujet. Le lycée Déodat de Séverac à Céret a souhaité s’engager dans cee démarche en fédérant l’acon de différentes instuons. Au cours d’une année scolaire, les élèves du lycée sont impliqués autour d’un double travail pédagogique et arsque avec au final une publicaon numérique de l’ensemble des travaux réalisés (publicaon coordonnée par l’arste et le CDI du lycée). Le volet arsque : « A la frontera tot s’hi val » : cee expression, reprise maintes fois lors des entreens menés auprès des habitants de la Jonquera à propos du développement de la prostuon dans leur ville, est à la fois le point de départ de notre réflexion et son aboussement. Cee expression difficile à traduire « à la fronère tout se vaut », « à la fronère tout est possible » ou encore « à la fronère, tous les coups sont permis » reflète les spécificités de ce territoire et du phé- nomène prostuonnel. Cee expression est détournée d’une expression populaire bien plus ancienne « Per carnaval tot s’hi val » soulignant une des spécificités de cee fête au cours de laquelle tout était permis, où les limites pouvaient être transgressées. Sophie Avarguez et Aude Halé abordent la noon d’« hétérotopie » dans leur publicaon. Pour les jeunes garçons des Pyrénées-Orientales, la pornographie représente « l’utopie » d’un plaisir sans limites, mais aussi d’une virilité exacerbée. La fréquentaon des clubs de prostuon repré- sente « l’hétérotopie » (Michel Foucault, 1967) c’est-à-dire la concrésaon de cee « utopie », son incarnaon, son inscripon dans un territoire et dans un temps déterminé, la possibilité de passer du fantasme à l’acte et à la performance sexuelle. L’analyse permet de les rapprocher de la noon « d’hétéropie disneyenne » décrite par Charles Perraton (2004). Cee approche se vérifie en effet au niveau de l’organisaon et du fonconnement (extrait de la synthèse de la publicaon).

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« tot s’hi val ! », Quête hétérotopique - imagination de la ruine et de l’invisible.Résidence artistique et projet pédagogique en milieu scolaire

Artiste : Lénaïc Gras

Le projet :

Le projet comporte plusieurs volets qui trouvent leur cohérence autour du travail universitaire déjà engagé par l’équipe dirigée conjointement par Sophie Avarguez et Aude Harlé, toutes deux maîtresses de conférences en Sociologie à l’Université de Perpignan Via Domitia et auteures de la publication : AVARGUEZ Sophie (dir.), HARLE Aude, JACQUEZ Lise, DE FISSER Yoshée, Du visible à l’invisible : prostitution et effets frontière. Vécus, usages sociaux et représentations dans l’espace catalan transfrontalier, Baixas, Balzac éditions, Collection L’univers des discours, 2013.À la lecture du compte rendu de recherche, il apparaît désormais que ce travail, loin d’être un aboutissement, doit donner lieu à une série d’actions concrètes, tout particulièrement en direction des adolescents et des jeunes adultes.La question de la prostitution qui sévit aujourd’hui à notre frontière doit être traitée à plu-sieurs échelles. De notre point de vue il apparaît important d’impliquer le public scolaire dans une réflexion d’ensemble sur ce sujet.Le lycée Déodat de Séverac à Céret a souhaité s’engager dans cette démarche en fédérant l’action de différentes institutions. Au cours d’une année scolaire, les élèves du lycée sont impliqués autour d’un double travail pédagogique et artistique avec au final une publication numérique de l’ensemble des travaux réalisés (publication coordonnée par l’artiste et le CDI du lycée).

Le volet artistique :

« A la frontera tot s’hi val » : cette expression, reprise maintes fois lors des entretiens menés auprès des habitants de la Jonquera à propos du développement de la prostitution dans leur ville, est à la fois le point de départ de notre réflexion et son aboutissement. Cette expression difficile à traduire « à la frontière tout se vaut », « à la frontière tout est possible » ou encore « à la frontière, tous les coups sont permis » reflète les spécificités de ce territoire et du phé-nomène prostitutionnel. Cette expression est détournée d’une expression populaire bien plus ancienne « Per carnaval tot s’hi val » soulignant une des spécificités de cette fête au cours de laquelle tout était permis, où les limites pouvaient être transgressées.

Sophie Avarguez et Aude Halé abordent la notion d’« hétérotopie » dans leur publication. Pour les jeunes garçons des Pyrénées-Orientales, la pornographie représente « l’utopie » d’un plaisir sans limites, mais aussi d’une virilité exacerbée. La fréquentation des clubs de prostitution repré-sente « l’hétérotopie » (Michel Foucault, 1967) c’est-à-dire la concrétisation de cette « utopie », son incarnation, son inscription dans un territoire et dans un temps déterminé, la possibilité de passer du fantasme à l’acte et à la performance sexuelle. L’analyse permet de les rapprocher de la notion « d’hétéropie disneyenne » décrite par Charles Perraton (2004). Cette approche se vérifie en effet au niveau de l’organisation et du fonctionnement (extrait de la synthèse de la publication).

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Description de la résidence - interventions - 60 h :

- Elaborer et réaliser un « carnet de regards » grâce à un carnet de note et à des outils gra-phiques variés puis singuliers permettant les rebondissements d’idées et les schèmes de pro-jets artistiques de l’élève.- A plusieurs occasions, Lénaïc G présentera un certain nombre d’artistes ayant travaillé de près ou de loin sur les thématiques citées dans le plan-profil pédagogique présenté ci-après (exemple de thèmes : stéréotype, genre, sexualité, prostitution, pulsion, hypermodernité, va-leur marchande, performance, valeurs traditionnelles, injonctions contradictoires, fantasme, frontière, hétérotopie…). Ces présentations seront l’espace d’échanges, de débats, d’études et de réflexions sur des thèmes présélectionnés selon le plan-profil pédagogique ci-après - choix concerté entre auteures/sociologues, professeur, artiste.- Développer le point de vue et interroger les frontières au pluriel.- Encourager l’exploration et la pratique du « carnet de regard »- Intégrer/(re) définir des références et recherches (tous supports) afin d’élaborer son point de vue.- Exposer les (Hétéro) créations résultant du « carnet de regards ».Tout au long de ce chemin pédagogique, l’artiste accompagnera les élèves dans les CONCEP-TIONS et CRÉATIONS d’hétérotopies multiples et uniques sur leur « carnet de regards » : conseils techniques, systèmes de notations, schémas…

Plan-Profil pédagogique:

1 - Comment se construit l’image de ce que doit-être une femme et un homme sur le territoire géographique des Pyrénées-Orientales ? (Septembre-Octobre-Novembre)a. Qu’est-ce qu’une « idée reçue » ?b. Qu’est-ce qu’un stéréotype de genre ?c. Qu’est-ce qu’un stéréotype de sexualité ?d. Qu’est-ce qu’une hétérotopie ?(À prévoir : 10 à 20h dont un déplacement à l’UPVD pour une communication de 20 minà l’écoute d’un intervenant universitaire)

2 - Comment se construit l’image de la prostitution sur le territoire géographique transfronta-lier ? (Novembre-Décembre-Janvier)a. Qu’est-ce que la prostitution selon une équipe de sociologues ?b. Qu’est-ce que la prostitution selon un/e consommateur/e ?c. Qu’est-ce que la prostitution selon la presse ?d. Qu’est-ce que la prostitution selon la/le prostitué/e ?e. Qu’est-ce que la prostitution selon votre regard d’adolescent/e scolarisé/e catalan/e ?

3 - Comment se construit autrement un monde sans stéréotype et sans prostitution ?(Janvier-Février-Mars)a. Peut-on vivre mieux sans discrimination de genre et de sexualité ?b. La diversité est-elle dissoute ? Uniformité ? Singularité ? Repère ?c. Peut-on vivre mieux sans prostitution ?d. Imaginons les hétérotopies supprimant les stéréotypes de genre et de sexualité et la prostitution ?e. Imaginons les hétérotopies des prostitué/e/s catalanes ?Une façon de donner de la visibilité à un point de vue dissimulé, grâce aux autres acteurs passifs périphériques de ce même territoire.

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nomenclature des différents modules d’intervention :

- A - « Introduction » : présentation de Lénaïc G. artiste peintre, du projet, du calendrier, des modules, d’une œuvre de Lénaïc G.,... réactions, questions...- B - « Observation » : Présentation et études des concepts phares du projet (01 / Stéréotype ; 02 / Prostitution ; 03 / Hétérotopie) - Références artistiques, littéraires, sociologiques, histo-riques, humaines contemporaines.- C - « Laboratoire » : Recherches et création collectives autour du carnet de regards et des concepts phares d’après références pré-citées.- D - « Atelier » : Expérimentations en autonomie (accompagnée et soutenue) par le dessin, la peinture, l’écriture, le son, la vidéo,... dans l’approche de l’installation.- E - « Monstration » : Exposition commentée librement des œuvre projetées depuis le carnet de regards.- F - « Visite » : déplacement à l’extérieur accompagné (01 /UPVD ; 02 /Atelier d’Artiste ; 03 /Musée de Céret)- G - « Cosmos » : Choix concerté de passages des carnets de regards des jeunes artistes, don-nant lieu au développement global et à des ajustements d’interprétations artistiques des 3 concepts phares, « projectionssage » (dans une salle du Musée de Céret).Ces œuvres plastiques et/ou sonores seront les instruments de réalisation de l’e-publication conçue par l’Artiste (suivie par la documentaliste du Lycée) sur les mois de Avril, Mai, Juin 2015. Sous la forme d’un livre électronique réalisée par l’Artiste en concertation avec les différents acteurs du projet, cet outil de réflexion artistique sera donc disponible dans tous les CDI situés sur le territoire catalan... Et ailleurs...

Le volet scolaire :

En Sciences Économiques et Sociales :Le programme de Sciences sociales en première ES comporte 3 chapitres. • Les processus de socialisation et la construction des identités sociales• Groupes et réseaux sociaux• Contrôle social et dévianceL’ensemble de cet enseignement sera construit à partir du travail de recherche universitaire sur la frontière et la prostitution.

Les problématiques spécifiques :Les normes et les valeurs qui orientent les conduites vers les pratiques et les usages de la prostitution.La prostitution : quelle identité sociale. Le ou la prostitué(e) : quel statut ?Socialisations et identités plurielles. Le groupe social et le réseau comme vecteurs de pratiques. La prostitution une pratique de groupe et de réseau ?Les formes de régulation de la prostitution (les lois).La frontière comme espace anomique (« Tot s’hi val »)Prostitution entre conformité et déviance.Prostitution et délinquance.

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Projet de classe :Il s’agira, à partir de cet enseignement, de construire, parallèlement au projet artistique, une réflexion sur cette question laquelle donnera lieu à un travail de publication numérique copro-duit avec le CDI.La partie du programme de Première ES consacrée à la sociologie sera traitée dès le premier trimestre (de septembre à décembre)Les travaux personnels encadrés (TPE) seront tous centrés sur ces problématiques. Exception-nellement, les interventions des universitaires seront destinées à aborder la méthodologie de la recherche en sciences sociales.Les heures d’Education Civique Juridique et Sociale (ECJS) seront consacrées à cette étude et tout particulièrement au développement d’une réflexion sur le cadre légale et règlementaire.L’accompagnement Personnalisé poursuivra deux axes : d’une part, une réflexion sur le pro-jet d’orientation (meilleure connaissance de la formation universitaire) et d’autre part, une réflexion sur la méthodologie du travail personnel.

L’artiste : Lénaïc Gras

Née dans les environs de Bordeaux en 1983, Lénaïc G. passe son enfance entre mer et mon-tagne dans les Pyrénées-Orientales, enfance souvent ponctuée de séjours dans sa Bretagne maternelle sur l’île de Houat.Son chemin croise celui du design graphique en 1995, rencontre qui la conduit à rejoindre le lycée de la Camargue à Nîmes pour suivre un parcours en arts appliqués d’où elle sort di-plôme en poche en 2001. La même année, elle intègre l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg où elle obtient son diplôme avec mention en 2006, option Communication, atelier Didactique Visuelle. Elle s’installe alors près des Albères où elle vit toujours et poursuit ses recherches et son travail de création dans son atelier : « La lumière ici permet d’imagi-ner quelque chose d’ailleurs que l’on a la chance d’observer seulement en voyageant ». A la Recherche du Temps.« Je suis témoin d’une époque artificielle et turbulente, alors je n’informe pas, je ne dérange pas, j’observe, je réfléchis et je range autrement. » Lénaïc G.Le genre, « Gender », est une thématique importante de l’artiste souvent combinée à celles de la poésie, de la narration et de l’humain. Elle envisage la narration comme un exutoire ; ces histoires racontées aspirent la gravité des situations quotidiennes ou pas. Jamais sans issue ! La poésie, quant à elle, serait le passage étroit vers la connaissance ; forme intelligente de l’hu-manité, version de l’intime au regard du monde. Le voyage - rêvé ou réalisé - cultive des ima-ginaires qui deviennent des mots devenant à leur tour images et sons… Aussi fait d’échanges, de rencontres - avec des gens ou avec des choses - il permet de se définir dans un espace qui n’est pas toujours en accord avec nos volontés. La vie, le passage forcé ou une invitation à dis-tinguer les repères en mutation. Les recherches avancent, les coïncidences et les contractions humaines déclenchent le besoin irrépressible de créer. Une gestation conceptuelle et tem-porelle non quantifiable. Le médium étant choisi efficacement (peinture, vidéo, dessin, écri-ture...) selon le concept réalisé et exposé aux regards des contemporains. Visuelles, Sonores... Ses installations captent l’attention du visiteur car son corps est sollicité par-delà les yeux. Son déplacement importe tellement : il prend conscience de ses limites ou de ses capacités endor-mies... « J’explore et manipule mon imaginaire de façon à créer des espaces visuels hybrides et incongrus. L’action des couleurs, des lignes et des mots converge. De cette manière, les élé-

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ments picturaux et graphiques gardent une portée abstraite et onirique, voire une dimension inexplicable. Je ne m’intéresse pas tant au sens du détail qu’à la visée globale de la réflexion : l’occulte processus du ressouvenir. La virtuosité ne serait qu’un imaginaire collectif imposé qui éloigne la singularité imaginative de l’individu pour permettre l’existence de la diversité. »Les recherches et réalisations actuelles de l’Artiste portent sur les notions de frontières hu-maines et géographiques, la « géopoétique » (d’après les écrits de Kenneth White).

La réalisation de la résidence :

La résidence a débuté au lycée Déodat de Séverac en ce début d’année scolaire, en septembre 2014 auprès d’une classe de première en Sciences Economiques et Sociales dont l’enseignant référent est Paul Dada.

Tous les lundis matins à compter du 1er septembre 2014 jusqu’au 5 janvier 2015, l’artiste est intervenue au lycée Déodat de Séverac de Céret dans le cadre du projet « Tot s’hi val ! Quête hétérotopique – imagination de la ruine et de l’invisible ». La classe est composée de 27 élèves (mixité quasi parfaite – 13, 14) en première sciences économiques et sociales. Si lors de la première séance elle a présenté ma démarche, l’origine et les objectifs du projet, sans oublier de faire réagir les élèves autour de certaines de mes œuvres, les interventions qui suivirent alternaient tantôt des temps de découverte, tantôt des temps de recherche, et tantôt des temps de création.Ces modules ont progressivement amené à étudier trois concepts : stéréotype, prostitution et hétérotopie. Les temps d’« observation » (découverte) se sont déroulés pour la plupart en salle de classe, alors que les temps d’« atelier » (création) ont eu lieu alternativement en salle de classe, au CDI et en salle d’arts appliqués. Elle a tenu à ce que ces modules sollicitent les intelligences multiples (Howard Gardner), pour que chaque élève puisse trouver sa façon de regarder et d’expérimenter les concepts abordés. Les réalisations sont donc variées : ma-quettes, actions-performances, bandes sonores, graphisme, dessins...

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D’autre part, c’est au CDI que les temps de « laboratoire » (recherche) ont existé. Les apports bibliographiques de la documentaliste du lycée, Laurence Becker, ont largement contribué à élargir le champ des recherches mené par les élèves :« en effet, nous avons rapidement constaté leur tendance à se cantonner à la simple approche des moteurs de recherches immédiats. De ce fait, une invitation à fréquenter les encyclopé-dies plus exhaustives (CNRTL, CRISCO) et les sources d’images de qualité (RMN) s’est mis en place afin d’inciter les élèves à référencer précisément leurs sources.Dans l’ensemble, même si la réflexion (et la démarche) individuelle fut souvent indispensable, le travail de groupe ou en binôme fut particulièrement apprécié par les élèves : non par straté-gie du moindre effort, mais plutôt comme motivation, efficacité et pertinence.Au mois d’Octobre, avec l’aide d’Armelle Guillemot, référente culturelle du projet, j’ai pu orga-

niser une conférence autour du livre à l’origine de la résidence : « AVARGUEZ Sophie (dir.), HARLE Aude, JACQUEZ Lise, DE FISSER Yoshée, Du visible à l’invisible : prostitution et effets frontière. Vécus, usages sociaux et représentations dans l’espace catalan transfrontalier, Bai-xas, Balzac éditions, Collection L’univers des discours, 2013. »En présence des auteures, les élèves (à noter la présence d’une seconde classe en SES et d’une troisième classe de littéraires) ont ainsi découvert le phénomène et les effets de la prostitu-tion transfrontalière. Une rencontre authentique pendant laquelle les auteures ont souligné le

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processus et les méthodes de recherches en sciences humaines, un aspect tellement similaire à celui des artistes et/ou géopoètes ; côtoyer de réelles universitaires, de surcroît maitresses de conférence, a également éveillé des perspectives d’avenir professionnel. Par ailleurs, cette expérience a été l’occasion de rapprocher les élèves d’une réalité vernie connue, donc « invi-sible » et pourtant de proximité.

Quelque que soient les séances, le « carnet de regards » fut, comme imaginé un véritable outil de prise de notes, un relais de ce qui est observé et entendu, laissant trace d’un apprentissage différencié. Soit, une attention traduite à la fois par l’écrit, le dessin et le collage selon les per-sonnalités des élèves.

Au final, ces 30 carnets — car quelques élèves ont eu besoin de deux carnets — seront le support privilégié pour témoigner des systèmes de recherches et de création. De façon gé-nérale, quelques jours précédents mes interventions, j’envoyais les fiches de préparation de mes séances au professeur et/ou à la documentaliste référents au projet. Dans cette logique, M. Paul Dada, le professeur en SES accompagnant le projet, fut présent à chaque séance pour éclairer les points sur lesquels les passerelles disciplinaires s’avéraient importantes.Étant donnée ma présence hebdomadaire (3 heures) totalement calée sur une plage horaire dédiée, je fus également invitée à remplir les bulletins scolaires. Une tâche loin d’être évi-dente : la difficulté consista à mettre en place des critères d’évaluation artistiques cohérents au regard de la spécialité des élèves. Les résultats sont plutôt encourageants, les élèves ont acquis de nouvelles façons d’écouter et de regarder leur quotidien d’un œil critique, voire averti pour certains ; en ce sens, la prise d’initiative lors des temps de création a nettement progressé sur le trimestre. La parole reste timide, mais les traces écrites et graphiques sont parfois étonnantes.Toutefois, fort de constater que la page Facebook (3w.facebook.com/Totshivalquetehetero-topique) mise en place pour établir un contact à distance avec les élèves ne s’est pas révélée

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aussi pertinente que prévue. Si Facebook facilite la diffusion d’informations, cette plateforme n’a pas joué le rôle d’émulation créatrice. De mon point de vue, FB reste un espace apparte-nant à la sphère de l’intime, du loisir ou purement informationnelle, et non un espace de par-tage artistique, d’échange d’idées profondes à proprement parlé. De ce fait, il est resté, pour l’instant, un élément plutôt dispensable.À ce stade du projet, avec Laurence Becker, nous avons établi un contact avec la Canopée. J’ai également pris contact auprès de la BNF (actions pédagogiques) et du Cube (centre de créa-tion numérique), dans l’optique d’inscrire le projet dans un concours national.L’artiste a ensuite travaillé la publication numérique, « numériser/digérer » nos recherches (depuis les supports réalisés par les élèves : carnets de regards, œuvres, textes, sons ; et les sources pédagogiques imaginées) et d’aboutir à une première maquette de livre numérique, laquelle fera l’objet d’échanges nouveaux et servira d’émulation créatrice. Les rencontres avec les élèves, plus espacées, furent riches en échanges critiques sur la publication numérique en cours dont la parution était prévue courant mars/avril ;

La qualité révélée des réalisations artistiques des élèves permet (sans rougir) l’exposition an-noncée présentant l’œuvre numérique finalisée et retracera les étapes de cette résidence. Le but étant de rendre les élèves acteurs et conscients par l’expérience du processus de création artistique dans sa globalité. Elle fut retardée du fait de problèmes de calendrier et ne put avoir lieu avant la fin de l’année scolaire. Néanmoins, en fin d’année, les élèves et l’artiste ont participé au chalenge créativité le 30 avril. Les élèves ont présenté le livre numérique et leur travail.

Cette résidence Lumière d’Encre est soutenue par :Le Conseil Général des Pyrénées-OrientalesLa Direction régionale des Affaires Culturelles-Ministère de la Culture

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