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A LA RECHERCHE DE LA VRAIE NATURE INTRODUCTION À LA PSYCHOTHÉRAPIE ESSENTIELLE WEEK END DU 29 ET 30 MARS 2014- PARIS DOCTEUR TILMANN BORGHARDT (LAMA LHUNDRUP) SAMEDI 29 MARS Présentation de l’enseignant, contexte de la nécessité d’un pont entre bouddhisme et psychothérapie Je suis de formation de médecin avec un grand intérêt pour la psychothérapie et la psychiatrie. Pendant mes 21 ans de moine bouddhiste, j’ai fais 7 ans de retraite fermée puis été formateur des retraitants sur 3 ans, 6 ans ou même plus d’années de méditation d’affilée, pendant 17 ans. Il y a deux ans et demi j’ai rendu mes vœux et je vis avec ma compagne à Freiburg. Au monastère j’étais celui auquel on s’adressait pour les problèmes psychologiques. On était 250 personnes vivant ensemble dont plus d’une centaine en retraite avec des stagiaires pratiquants. A la recherche de la vraie nature, il y en a beaucoup ! Ceux qui ont des troubles dans leur vie, qui souffrent d’une difficulté à s’adapter à cette vie avec tous ses défis, tous les challenges, ce sont ces personnes là qui sont souvent les premières à chercher des réponses ailleurs que dans la médecine habituelle. Nous avons vu beaucoup de monde et c’était toujours moi qu’on appelait. Je me suis rendu compte que le bouddhisme tout seul n’avait pas toutes les réponses. Moi déjà avec les 7 ans de retraites, comme médecin, j’avais quand même besoin de l’appui des psychothérapeutes de la région, du Bost avec Guendune Rinpoche. Nous avons formé un cercle de psychothérapeutes et psychiatres ainsi que des lamas enseignants pour créer ce pont. L’idée qui est aussi le propos de ce week-end est de ne pas seulement faire le pont mais de voir les liens de cette voie de guérison dont s’occupe la

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A LA RECHERCHE DE LA VRAIE NATURE

INTRODUCTION À LA PSYCHOTHÉRAPIE ESSENTIELLE

WEEK END DU 29 ET 30 MARS 2014- PARIS

DOCTEUR TILMANN BORGHARDT (LAMA LHUNDRUP)

SAMEDI 29 MARS

Présentation de l’enseignant, contexte de la nécessité d’un pont entre bouddhisme et psychothérapie

Je suis de formation de médecin avec un grand intérêt pour la psychothérapie et la psychiatrie. Pendant mes 21 ans de moine bouddhiste, j’ai fais 7 ans de retraite fermée puis été formateur des retraitants sur 3 ans, 6 ans ou même plus d’années de méditation d’affilée, pendant 17 ans. Il y a deux ans et demi j’ai rendu mes vœux et je vis avec ma compagne à Freiburg. Au monastère j’étais celui auquel on s’adressait pour les problèmes psychologiques. On était 250 personnes vivant ensemble dont plus d’une centaine en retraite avec des stagiaires pratiquants. A la recherche de la vraie nature, il y en a beaucoup ! Ceux qui ont des troubles dans leur vie, qui souffrent d’une difficulté à s’adapter à cette vie avec tous ses défis, tous les challenges, ce sont ces personnes là qui sont souvent les premières à chercher des réponses ailleurs que dans la médecine habituelle. Nous avons vu beaucoup de monde et c’était toujours moi qu’on appelait. Je me suis rendu compte que le bouddhisme tout seul n’avait pas toutes les réponses. Moi déjà avec les 7 ans de retraites, comme médecin, j’avais quand même besoin de l’appui des psychothérapeutes de la région, du Bost avec Guendune Rinpoche. Nous avons formé un cercle de psychothérapeutes et psychiatres ainsi que des lamas enseignants pour créer ce pont. L’idée qui est aussi le propos de ce week-end est de ne pas seulement faire le pont mais de voir les liens de cette voie de guérison dont s’occupe la thérapie entre autres et la voie de l’éveil. La voie d’éveil est un chemin d’ouverture à la pleine conscience, de s’éveiller à notre vraie nature, notre fond, là, derrière les conditionnements. Dans le bouddhisme, on parle de la même chose d’une autre manière, on va derrière les voiles, derrière les fixations les saisies. Où est notre santé ? Où est notre guérison ? Est ce que c’est une guérison individuelle, différente chez chaque personne ou bien est-ce universel ? Si je vous regarde, je ne connais pas vos prénoms, on pourrait chacun s’imaginer le Bouddha tel…Chacun comme Bouddha, c’est la personne qui a guérit pleinement. C’est une personne qui s’est éveillée à sa vraie

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nature, à sa guérison véritable. Et le Bouddha était le premier il y a 2500 ans qui a offert un remède, une médecine. Le diagnostic est qu’il y a souffrance mais qu’il y a une sortie possible. Le Bouddha serait un peu le médecin, son enseignement serait la médecine, il n’y a qu’à pratiquer, l’appliquer sur soi-même et c’est là le chemin de la guérison. Il ne parlait jamais de religion, de philosophie, il parlait d’une voie. D’une voie de libération, de se libérer de toutes les entraves, de tout ce qui nous empêche d’être ce que nous sommes en profondeur. A l’époque le terme « nature de bouddha » n’était pas encore utilisé. On parlait de qualités transcendantes, on parlait de qualités libératrices. C’est à dire de qualités inhérentes de notre être comme l’amour, la compassion, la générosité, sagesse, confiance, tout ce qui se manifeste quand il n’y a plus de peurs.

Le chemin de libération qui révèle de notre vraie nature

Je me doute que parmi vous il y en a qui connaissent déjà un peu le bouddhisme. Vous savez que libération ça veut dire se libérer de l’ignorance. Aujourd’hui on traduit mieux « avidia » en sanskrit qui est : « manque de conscience ». Se libérer de l’ignorance c’est donc s’éveiller à la pleine conscience. Et pour nous le terme ignorance, manque de conscience ca ne nous parle pas beaucoup. Où puis- je trouver le manque de conscience en moi comme expérience? En réalité c’est la peur. Dès qu’il n’y a pas pleine conscience, dès que je ne connais pas, je ne suis pas à l’aise, il y a quelque chose qui fait de petites peurs, hésitations. Un bouddha est appelé quelqu’un « libre de peur ». C’est identique que être en pleine conscience. Le chemin de guérison est donc le chemin de se libérer des peurs profondes, des peurs existentielles. Se libérer des angoisses. Pas besoin de croire quoi que ce soit, notre expérience seule peut nous convaincre. On va faire des expériences pendant le week end. Et le chemin continuera après. Pourquoi je m’adresse à des thérapeutes ? Parce que vous êtes des professionnels sur ce chemin de la guérison. Vous montrez aux autres, vous aidez, vous soutenez ce chemin et notre espoir est de montrer comment ce chemin de la thérapie, de la voie thérapeutique qui se fait avec vous sur un an, deux ans, trois ans, voire 6 ans,comment ce chemin peut s’intégrer dans une voie générale qui va bien plus loin, jusqu’à l’éveil, jusqu'à l’épanouissement complet de la personne. Pour vous donner un exemple de ce dont je parle : probablement vous aimez tous recevoir un massage par quelqu’un qui vous touche exactement comme vous l’aimez, et là tout votre être peut se détendre, vous commencez à oublier le temps, votre esprit se détend, vous n’avez plus de soucis. Et bien, que se passe-t-il à la fin de ce massage ? Je crois que vous connaissez ca, le massage terminé. On ouvre les yeux. Et qu’est ce qui s’exprime ? C’est de la gratitude, un sentiment d’amitié, on aurait envie d’embrasser l’autre, de dire merci. On est dans

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une aise mentale, dans une ouverture naturelle et ce phénomène est le même sur tout les continents de notre planète. Mettez quelqu’un dans la détente offrez lui un environnement dans lequel il se sent complètement accepté et les qualités inhérentes de l’être humain vont sortir. C’est de cela dont je vous parle. Ce que nous sommes véritablement une fois détendu, une fois que toutes les saisies les aversions espoirs et craintes, toute cette attente pour autre chose que ce qui est maintenant. Attentes et détente…en se détendant là dans la situation comme elle est, sort de plus en plus ce que nous sommes vraiment. Prenons ça comme notre première approche de la vraie nature : Ce qui reste, ce qui retrouve sa vie, ce qui sort au moment où nous ne sommes plus conditionnés par toutes les tensions superficielles qui nous empêchent de nous sentir vraiment nous même. Le week end sera là dessus.

Retrouver la fluidité

Intéressons nous à comment des approches thérapeutiques peuvent s’intégrer dans une voie vers plus d’ouverture du cœur, plus d’ouverture d’esprit pour devenir plus soi même. C’est naturellement un chemin sans manipulation. On ne peut pas manipuler cela. Il faut enlever la manipulation de nous même et de la personne en face. Toutes ces entraves dans lesquelles on se retrouve par les différents mécanismes que vous connaissez bien. Ce sont parfois les attentes de la mère, du père, de la société, des traumas, des peurs, des phobies, des fixations. C’est ce qui empêche notre esprit d’être fluide. Je parle pour utiliser un autre mot de retrouver la fluidité de notre esprit. Si vous regardez les commentaires bouddhistes sur les signes de la réalisation c’est à dire ce qui est un être éveillé ce sont les mots de souplesse et fluidité qui dominent. Il y a bien sûr amour compassion sagesse bien connus. Avec les adjectifs illimités sans préférence personnelle, sans attachement ni aversion personnelle mais qu’est ce c’est un esprit d’amour compassion sagesse ? C’est une esprit fluide, qui n’est pas bloqué qui n’est plus coincé dans des entraves. Pas d’empêchement d’être. Et c’est cet être libre, conscient, ouvert dont j’aimerais vous parler pendant ce séminaire. Je sais que des mots peuvent être utiles. Mais le plus important ce sont les expériences que vous vivrez dans ce stage. Votre expérience personnelle. De toucher un peu ce dont je parle. On va partager entre discussion et exploration par contemplation ou méditation guidée. Je peux vous offrir différents exercices mais j’improvise sur le moment. Ca ne se répète jamais. J’essaye de vous sentir. J’essaye d’être moi même. Je laisse sortir comme ça les mots les paroles, j’ai appris ça de mon Maitre Guendune. Laisse le lama méditer. Laisse le Dharma enseigner. Laisse le Bouddha en toi enseigner.

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Si moi j’essaye quelque chose ce sera de me mettre à côté. Et vous connaissez peut être ce principe des psychothérapies nouvelles qui sont issues des dernières 30 ou 40 ans souvent des Etats unis, de l’Allemagne…différentes approches où l’attitude du thérapeute est d’être le plus naturel possible et faire le moins possible. Etre là avec nos interventions au moment crucial pour donner une direction mais pas plus. Laisser le patient trouver à nouveau le chemin, que ce soit par des associations, le rêve conscient en retrouvant des mémoires de l’enfance. On accompagne, on soutient. On soutient les qualités inhérentes. On soutient ce processus de développement personnel en faisant sortir de la confiance là ou il y a de la peur, de la clarté la où il y a de la confusion. De l’amour ou il y a de la haine. Toujours en commençant par soi l’acceptation de soi, de son propre être. Toutes ces qualités naturelles qui sont en nous quand nous sommes détendus. Je vous parlerai donc de ce chemin. Ca c’était mon introduction de ce matin pour vous donner une idée de où l’on va dans ce stage.

Méditation

La j’ai essayé de vous ressentir et je vais vous proposer une petite méditation qu’on peut faire avec tout le monde, une méditation universelle.

Mettez vous dans une posture pour être à l’aise un quart d’heure, 20 minutes.

Ressentez votre corps.

Faisons un petit body scan en commençant par les plantes de pied.

Mais avec un véritable intérêt. Alors comment se ressentent mes pieds, mes orteils, mes chevilles maintenant exactement maintenant, c’est comment ?

En montant jusqu’au genou comment ça se ressent ? mes cuisses jusqu’aux hanches

Découvrir, découvrir l’expérience de vivre dans ce corps maintenant.

Le contact avec notre coussin

Il est comment ce contact ? Quelles sont exactement les sensations ?

Remontons dans le dos jusqu’aux épaules

Encore une fois du pelvis au ventre

Sentir pleinement la poitrine jusqu’au cou

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En descendant des épaules jusqu’aux pointes des doigts c’est comment de vivre avec des bras, des mains ?

Les paumes de la main en remontant par les bras jusqu'à la nuque au cou, le menton les lèvres la bouche à l’intérieur la langue.

La partie autour de la bouche les joues le nez à l’intérieur à l’extérieur la région des yeux

Le front les tempes l’arrière de la tête

La région des oreilles et le sommet de la tète

Et depuis le sommet de la tête en ressentant le corps entier

C’est comment d’être présent complètement ?

Et nous allons inclure maintenant l’ouïe.

Pas seulement ce que nous entendons mais comment est-ce d’entendre ?

Entendre des sons sans interprétations

Et puis entendre et ressentir le corps ensemble.

Et puis voir. Pour ceci il faut ouvrir les yeux. C’est comment de voir ?

Voir entendre ressentir ensemble.

Voir tout le champ visuel en même temps sans bouger les yeux. Etre conscient de tout notre champ visuel.

Nous allons inclure aussi les gouts saveurs et l’odorat.

Et puis nous passons avec notre conscience notre pleine conscience dans le domaine des pensées, des sentiments c’est comment d’être là ? Je me sens comment ?

Il y a des mouvements dans notre esprit bien sûr. C’est comment de vivre avec cet esprit dynamique ? Elle est comment l’expérience de maintenant ?

Restons encore quelques minutes avec les 6 sens pleinement ouverts et conscients.

C’est comment d’être..là… maintenant ?

Merci beaucoup

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Il n’y a rien qui change à la fin d’une méditation, on peut s’asseoir comme on veut mais cette ouverture des 6 sens ne changera pas pour autant.

Dans notre Institut de Psychothérapie Essentielle nous utilisons cette méditation que je viens de faire avec vous. c’est comme un harmonica qui peut être large, puis se faire petit, pour arriver à se centrer. Vous avez remarqué que ce centrage se fait dans l’ouverture. Plus on ouvre plus ça devient stable quel paradoxe ! Des fois il y a une petite hésitation parce qu’on n’est pas habitués à s’ouvrir tant que ça. Mais quand il n’y a pas de fixation sur ce que l’on vit il y a une énorme stabilité à l’intérieur qui s’installe. Stabilité qui n’a pas de centre. Il y a juste cette présence. Ce que je viens de faire avec vous c’est la méditation de l’ouverture des 6 sens.

Physique ouïe, visuel odorat et saveurs et le mental.Le mental inclut tout : tous les mouvements mentaux les sentiments les émotions. Au lieu de vous demander « c’est quoi ? » ce que vous vivez, ce que vous ressentez vous ?que pensez vous ? Je vous ai toujours demandé «  c’est comment ? » « C’est comment de ressentir ca »« C’est comment de voir ? » « C’est comment de penser ? » « C’est comment d’être ? »

C’est extrêmement important. En thérapie c’est la même chose.

Si vous voulez savoir de votre client il ne faut pas juste demander « alors qu’est ce que tu as vécu cette semaine ? »…« Mon père m’a engueulé » …mais c’était comment pour toi, qu’est ce que tu as vraiment vécu dans cette situation ?

Le soleil brille ..oui.. Mais « c’est comment pour toi » ? C’est triste : ca me rappelle le jour du décès de maman..

Le quoi c’est le contenu. Le comment nous donne la qualité. Ou nature.

Cette question sur le comment c’est la question que le bouddha a posée il y a longtemps. C’est toujours le comment qui préoccupe les méditants quand ils ne sont pas juste dans quoi, qu’est ce qu’il se passe.

Avec le « quoi » nous pouvons faire un inventaire de sa vie.

Avec le « comment » c’est là que la qualité de notre vie est ressentie.

La nature de l’être, c’est donc, au lieu de « quoi », plutôt : qu’est ce que je vis, qui je suis ?

Et c’est pour ca que je ne voulais pas commencer avec vous un cours comme ça en se présentant. « Bonjour je m’appelle Philippe, je suis

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psychothérapeute depuis 20 ans, j’ai 4 enfants » car ce sera le contenu, le rôle,les faits de ma vie.

J’ai bien sûr besoin de ces faits si je veux vous connaître, mais ce qui m’interesse plutôt c’est : qu’est ce qui vous amène ici, c’est comment vos motivations qui vous amènent ?.

C’est comment que vous vous sentez ? C’est comment que vous vivez votre recherche de la vraie nature maintenant car c’est là que je veux vous aider. Je ne peux pas vous aider dans votre profession, mais je veux vous aider à clarifier cette recherche de la vraie nature. Je suis convaincu que cela va produire avec le temps la transformation de votre approche.

Questions  

P = Participant ; T = Tilmann 

P : « Je trouve qu’il y a une contradiction. On rentre dans un cadre thérapeutique quand on parle du quoi, du comment. Or tout à l’heure vous avez parlé de l’épanouissement complet de la personne. C’est ambitieux. Déjà que c’est difficile de l’amener dans une visée thérapeutique, mais aller vers l’épanouissement c’est ambitieux. Qu’est ce qu’on fait de la demande du patient ? »

T : A un moment donné le patient arrive chez vous. Il demande de faire un travail chez vous. Il veut aller de A à B : exemple « je n’arrive pas à dormir ». Aidez moi à dormir. Ou aidez moi à sortir de la dépression.

Le chemin d’épanouissement complet de la personne, le chemin d’éveil est beaucoup plus long. Ce ne sera pas au thérapeute de l’accompagner, ce sera aux amis de la vie, aux amis spirituels. Ce sera un chemin long. Mais le chemin de a à b qui sera fait avec l’aide du thérapeute sera dans la même direction que le chemin d’éveil. Que les deux aillent dans la même direction Ce n’est pas que vous serez des accompagnants du chemin spirituel jusqu'à l’éveil.. mais déjà faire le travail personnel jusqu'à votre propre épanouissement, s’éveiller à votre propre nature et pouvoir intégrer les interventions thérapeutiques grâce à ces compréhensions sur un chemin qui va durer encore toute une vie après vous avoir vu un an ou deux an peut être.

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Pendant cette phase là vous êtes peut être la personne la plus importante pour le patient.

Si ce chemin va dans une autre direction, comme un excès de conceptualisation, ou de se fixer des buts-il y a des approches thérapeutiques qui fixent tellement de buts et qui ne vont pas soutenir l’épanouissement mais plutôt un bien être comme réussir dans la vie, bien réussir à son travail- alors ce chemin va dans une autre direction et ne s’intègre pas dans le chemin de s’éveiller.

Dans ce chemin, la préparation à la mort est très important, à la difficulté, à la maladie. Tout le monde va vieillir, tout le monde va avoir des difficultés. Il faut que le chemin nous prépare à ca. On ne peut pas dire à une belle fille anorexique qu’elle est belle et ne pas se faire de soucis car de toute façon un jour elle ne sera plus aussi belle. Il faut creuser profondément, Il faut donner confiance dans sa véritable nature pour donner la force de quitter le syndrome de sa souffrance.

L’approche thérapeutique doit être au plus près de la vraie nature de la personne.

Il s’agit d’être au plus près de la vraie nature de la personne pour l’aider à être le plus authentique possible car c’est seulement là qu’elle va rencontrer le moins de souffrance.

P : « Pourriez vous élucider la question du contenu ? la différence entre le « quoi » et le « comment » ? »

T: Si je dis « on va méditer avec la vision ». La méditation sur le « quoi » ce sera : « Maintenant posez le regard sur les fleurs ». Laissez votre regard stable et calez votre esprit grâce à cet objet de méditation visuelle. C’est une méditation typiquement avec un objet. On reste avec l’objet ciblé. On peut élargir ça et dire : Et maintenant levez les yeux, soyez pleinement conscient de ce que vous voyez. Une méditation qui est vraiment bouddhiste c’est : c’est comment de regarder ? Et là vous allez me dire après peu de temps :  voir regarder, c’est un processus, c’est dynamique ça change tout le temps. Il y a de petits changements qui se produisent dans l’expérience de voir, même un objet stable, c’est dynamique. Et on est avec le comment du coup, on n’est plus avec le contenu. Et pour le Bouddha la découverte que même regarder un objet stable c’est un processus, ca nous met en relation avec la vérité que tout change. Même en voyant un coussin tout bête, même cette expérience de

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voir c’est un processus. Rien dans notre monde n’est pas processus. Quand on se fixe sur le quoi on pense que je vois cette fleur. On peut rester là en se pensant « je vois la fleur ». Il n’y pas beaucoup de sagesse qui s’élève de ça. Je vois mon mari. Mon mari il est comme ça. Le matin je ne vois plus mon mari comme il est ce matin, je le vois comment je l’imagine être. Si je demande alors, tu es comment ? il est comment ?. Là, toutes mes antennes sortent. Alors je vois ma femme avec les yeux de ce matin. 5 minutes plus tard quand elle sort de la salle de bain. Ce n’est pas la même qui sort, qui se réveille…Ce n’est jamais la même. Ce n’est pas la même qui entre, qui sort qui prend son café. Elle est comment maintenant ? Ce n’est jamais la même. Et ca c’est grâce à la question du comment.

On peut remarquer qu’elle est vêtue en pantalon….Mais comment elle se sent avec ce qu’elle porte, ça c’est autre chose. On peut dire « ah tu es belle aujourd’hui ». Mais c’est comme moi je ressens les choses. Comment elle se sent, je ne sais pas pour autant. C’est la différence entre quoi et comment. Le quoi mène au contenu et le comment mène à la qualité de la vie, de notre être à l’instant.

PAUSE

(Module 2 audio)

Ecouter sa motivation

Comme reflexe dès que nous attendons quelque part, c’est de pratiquer cette ouverture des 6 sens comme ça il n’y aura plus d’attente. Dans cette ouverture, on attend pas ce qui viendra mais on est avec ce qui est. Maintenant.

Je vous invite à faire 5 minutes de réflexion sur ce qui vous a amené ici. C’est à dire quand vous avez entendu le titre du séminaire, comment vous avez réagi. C’est quoi qui vous a amené et qu’est ce qui reste après cette introduction. Quelles sont les motivations, sur quoi est ce que vous souhaitez travailler. Et comment vous aimeriez vivre ce week end ? Qu’est ce qui est le plus important pour vous dans ce stage, ce week end, là maintenant.

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Ce que je voulais dire quand je vous ai demandé comment souhaitez vivre ce we, c’est avec quelle attitude vous souhaitez être, vous découvrir dans ce week end ?

J’aimerais attirer votre attention sur ce qui est le plus important dans votre vie en général et comment ce we s’intègre dans ce qui est à développer, les compréhensions à développer ?

Comment cela pourrait aider dans votre cheminement ?

Allez vers une personne dans le groupe et échangez sur ce qui vous motive, juste la partie qui convient à partager. Pas forcément le plus intime.

Faisons que chacun parle et écoute de manière égale. Dans un écoute de cœur et en parlant du cœur.

(Module 3 audio)

La vraie nature. La découvrir, s’en rapprocher par la motivation, c’est une porte d’entrée pour se trouver.

La première fois, c’était l’ouverture des six sens.

Ici, on pourrait dire pour abréger, que c’est une présence dans la motivation, c’est être présent, véritablement. La pleine conscience est une porte pour découvrir sa propre vraie nature. Mais, qu’est-ce qu’on découvre quand on est en pleine conscience ? On ne découvre pas tout de suite sa vraie nature. On découvre sa confusion, ses pensées, ses tensions dans le dos, dans les épaules, dans le ventre, dans les pieds, et surtout ses fixations dans la pensée.

Dès que on a un peu de temps, on se détend, mais après, la machine se met en route toute seule et on remarque après peu de temps que les mêmes pensées reviennent. La fameuse roue du hamster a recommencé. On en est sorti quelque temps. Mais dès qu’on s’arrête, à nouveau, notre conditionnement reprend.

Si dans ce conditionnement, on commence à se demander : « Comment vis-je cette situation ? », la roue du hamster s’arrête. Quand on n’est plus dans le « Qu’est-ce que je dois faire demain, hier ? », mais « Comment suis-je ? » la roue du hamster s’arrête.

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Malheureusement, beaucoup pratiquent la pleine conscience comme partie intégrale de la roue du hamster, c’est-à-dire : « je me donne 15 minutes sur la respiration » ; j’ai fait mes 15 minutes et ça m’a bien calmé. Ca m’a fait du bien…. », mais je ne vis pas plus dans l’amour. Je ne suis pas plus sage qu’avant….C’est juste un autre projet dans l’agenda de la journée. J’ai fais mon entraînement à « la pleine conscience »…Ce n’est pas la pleine conscience dont parle le Bouddha.

Quand le Bouddha parle de la pleine conscience, il parle des 4 Nobles Vérités.

Les 4 Nobles Vérités

Le Bouddha les appelle aussi les 4 Vérités des Nobles ou de tous les êtres. Ils ont réalisé une première chose : là où on regarde, il y a du stress, de la souffrance.

Première Noble Vérité   : Le constat de la souffrance (Dukkha)

La souffrance, le stress, c’est cette tension de mon esprit qui vient de partout. La pleine conscience amène d’abord la compréhension de la souffrance. Deuxième Noble Vérité   : La cause de la souffrance

Deuxième résultat de la pleine conscience, je commence à comprendre pourquoi je suis stressé ou les causes de la souffrance ; « Moi, moi, moi »…ce n’est pas le « je », c’est la préoccupation avec le « moi », mon rôle, mes envies, mes aversions, mon futur, mon passé…moi… Est-ce que je donne une bonne impression ? Est-ce que je peux attirer des choses vers moi ? Est-ce que je peux repousser ce qui est désagréable ? C’est la source du stress. Nous sommes dans le diagnostic des causes. Et là le Bouddha a répondu aussi « karma » en plus de moi….Comment notre façon de penser, notre manière de voir le monde sont conditionnées.

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Plus en profondeur, nous parlons de sous-courant de notre être, là où se fondent des hypothèses sur la vie comme « j’existe » ou « la peur de ne pas exister ».

Cette notion de « moi et le monde », celle de « ici celui qui regarde séparé de moi ailleurs », ce schisme entre l’observateur et l’observé, dans le vécu immédiat. C’est pour cela qu’on médite. Dans l’expérience d’écouter, dans celle de voir, il n’y a pas de séparation entre celui qui voit et ce qui est vu. Dans l’immédiat on ne trouve pas cette séparation. Cette séparation se fait après. Tout le monde est en train de sous-diviser le journaliste, le reporter, le juge….une partie de ses pensées, appelée le moi, qui regarde le reste. Si j’ai de la colère, je ne suis pas la colère ; c’est un moi autre qui a la colère.

Il y a toujours cette tension liée à la crainte de ne pas pouvoir lâcher le contrôle. Ne pas pouvoir lâcher. Cette petite distance, on l’appelle la dualité. Or, être, ça se fait tout seul, sans besoin d’un observateur extérieur, ou un sujet-objet. Etre, c’est l’expérience de la vie en direct. Il n’y a pas de dualité là-dedans. Il y a l’immédiat. Il est là, maintenant.

Quand je parle, j’ai perdu le sentiment qu’il y a moi et mes paroles. Non, ça parle à cause de la situation qui suscite les paroles. C’est l’écoute qui produit les paroles. C’est l’amour qui produit le processus. Il n’y a pas de moi qui doit réfléchir à ce que va être ma prochaine phrase.

Quand vous vous oubliez dans le discours avec l’autre, tout redevient plus simple. Il y a une expérience unifiée.

Troisième Noble Vérité   : Il y a une possibilité de guérison.

La guérison est possible ; dans la thérapie, c’est la fin du stress, de la maladie, la santé.

Pour Bouddha, cela s’appelle l’éveil. Dans la thérapie, c’est la vision de l’être guéri.

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Mon ami, le Dr Podvoll a prouvé que la santé peut être retrouvée même dans des cas très difficiles. Il s’est concentré sur des psychotiques et des schizophrènes comptant plus de 10 ans d’hospitalisation. Il a travaillé avec des gens ayant une longue histoire de la souffrance. Même chez ceux-là, il a pu montrer que la clarté, les qualités inhérentes sont possibles. Donc, il est possible de revenir à la santé, sans médicaments…pas tout le temps, pas avec tout le monde. Mais la possibilité de guérison existe. Quatrième vérité : Il y a un chemin (la thérapie)

Constat des symptômes : première vérité.

Diagnostic des causes :deuxième vérité.

Possibilité de guérison, l’éveil : troisième vérité.

Il y a un chemin, quatrième vérité.

Dans le bouddhisme, il s’appelle l’octuple sentier des Nobles. Je vous passe les détails.

Il se fait comment, ce chemin ? En résumé, c’est un seul mot : le développement de la pleine conscience, la compréhension. C’est cela qui fait le chemin de la santé. Si on veut élargir, on parle de conduite en harmonie avec ce qui est, souvent traduit par discipline mais c’est pas ça, c’est une conduite motivée par la pleine conscience qui ressent le besoin de la situation. C’est ça qu’on appelle conduite éthique ou discipline. La Pleine conscience en action avec un cœur ouvert. C’est cela la base, pour ceux qui connaissent les termes, c’est ce qu’on appelle Sila. 

Là dessus, en s’appuyant sur cette pleine conscience la pratique de Samadhi de stabilité mentale, d’ absorption méditative dans ce qui est présent, pleine réceptivité, réduire les filtres. Présence ouverte à toute expérience humaine. Ne rien éliminer. Troisième étape, comprendre ,sagesse. Sila, Samadhi, prajna…

Sila, c’est cette conduite responsable, en accord avec la situation. La pratique, Samadhi, c’est la pleine conscience comme absorption dans ce qui est et pas ailleurs. Parce qu’on est complètement ouvert à ce qui est. On comprend….c’est de là que vient la Prajna, la sagesse.

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Les 4 nobles vérités pour le thérapeute

Je rappelle les 4 vérités et les chemins, avec les mots-clés :

- Le constat de la souffrance (stress),

- Le diagnostic des causes (pourquoi suis-je stressé ?), constat d’un syndrome, mais le diagnostic des causes = plus fondamental, plus essentiel. En psychothérapie essentielle, quelles sont les causes ?

- La possibilité de guérison, d’éveil (but de la thérapie) il faut avoir une idée où on veut amener le patient. Est ce qu’il peut guérir ou fait-on du palliatif ? Y a t il un chemin possible ? Une vision de la santé.

- le chemin vers la guérison : la pleine conscience ou thérapie, la stabilité mentale, l’ouverture à toute expérience sans filtre.

La première étape est celle du constat, comme d’un syndrome de cancer.

La deuxième étape est celle du diagnostic des causes les plus fondamentales. Quelles sont les causes qui ont amené cette situation ? Finalement, toute cause peut se résumer par : la personne ne peut pas vivre sa vraie nature. Elle est éloignée de sa vraie nature. Des conditionnements font que cette personne ne peut être soi même.

A la troisième étape, on part de l’idée de là où on veut emmener le patient. Est-ce qu’on veut guérir la personne ou est-ce qu’on fait du palliatif ? Si la personne est éloignée de sa vraie nature, débordée par le stress, à nous de débloquer.

Ensuite, les 3 entraînements mentaux sont la base de tout chemin de guérison.

Les 3 entraînements mentaux

Suivant le Bouddha personne ne peut guérir si il se comporte de façon néfaste

Ces 3 entraînements comprennent :

- un comportement responsable et éthique, avec pleine conscience des conséquences de ses actes et sortie des comportements qui troublent l’esprit ;

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- la stabilité mentale et émotionnelle avec un esprit d’amour détaché du moi ;

- la compréhension faite de compassion et de sagesse.

Premier entraînement : le comportement responsable et éthique.

C’est comme pour un accroc qui doit d’abord s’abstenir de substances toxiques. Si l’on continue à mentir, à tricher, il est difficile d’avoir un esprit calme. Avec la pleine conscience des conséquences de ses actes, il s’agit de sortir des comportements qui troublent l’esprit.

Avec des thérapeutes, on touche du doigt une difficulté fréquente : travailler sans aucun jugement. Le thérapeute n’est pas là pour défendre des valeurs éthiques; Ce qu’il doit faire, c’est qu’il doit stimuler la conscience des conséquences de certains actes.

Vous n’allez pas dire : « Arrêtez de tromper votre femme » ou « Arrêtez de sortir avec ce copain ». Vous allez essayer de montrer au patient les conséquences de ses actes. Vous pouvez dire : « Si vous continuez à tromper votre conjoint, est-ce que vous avez votre énergie disponible pour trouver des solutions? » On va développer la pleine conscience des actes.

Depuis les Grecs, les Anciens, c’est l’éthique grâce à la sagesse, la pleine conscience des conséquences de ses actes qui conduisent à un comportement responsable. Pour le Bouddha, le comportement éthique, c’est Sila. Sinon, l’esprit n’est pas disponible pour une recherche plus profonde. La clarté pour le Bouddha s’installe plus facilement.Sur Sila, cette base, vient la stabilité mentale.

Deuxième entraînement : la stabilité mentale et émotionnelle

Avec la pratique dite Samadhi, l’esprit n’est plus troublé autant par le grand moi. C’est le moi avec tous ses besoins. Si je ne trouve pas là je trouverai ailleurs… qui pense « je vais mentir » . Ce moi troublé cherche toujours à s’en sortir par un comportement pas exactement génial, mais il reste troublé après. Une telle personne qui s’assoit a plein de pensées émotionnelles à cause de son égocentrisme.

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L’esprit ne se repose jamais. Si on veut avoir un esprit calme, il faut commencer par faire le nettoyage du terrain de sa vie. Quand on a un cœur ouvert, il y a moins moi…un esprit ouvert sur les autres, plein d’amour et de compassion, on médite avec facilité. Avec un esprit qui cherche à se contrôler, qui se dit : « Tais-toi, reste attentif, essaie de méditer », quelle horreur de méditer! On n’est pas compassionné envers soi-même, dans l’esprit de contrôle…On continue à fonctionner avec les mêmes mécanismes. C’est le samsara dans la méditation, cela n’a rien à voir avec la pleine conscience.

Quand on ouvre et on se détend tout ce qui n’est pas réglé dans notre vie ressort. Il faut régler tout cela.

Si on arrive à y voir plus clair, on est détendu, on commence à comprendre. On est peut-être en conflit avec ses parents depuis 10 ans et on va essayer de renouer car on voit la relation autrement. Je ne peux pas aller plus loin avant de renouer avec eux, pour que mon cœur soit plus ouvert…Pour la première fois nous pouvons dormir la nuit…Il y a des découvertes énormes qui se font. On perçoit le lien entre différents aspects de sa vie. Ca s’appelle la compréhension.

Troisième entraînement : la compréhension

La Bouddha appelait cela la sagesse, mais j’utilise le mot compréhension car il y a 2 côtés à celle-ci :

- la compassion,

- la sagesse.

Dans le mot compréhension, les deux sont liés….Prajna du Bouddha ce n’est pas compréhension sèche.

Pour les bouddhistes, la Boddhicita représente l’union de la compassion et de la sagesse. En français compréhension représente le mieux l’union des deux.

Par exemple, si je te comprends par l’empathie, ça, c’est l’élan du cœur, la compassion.

Mais je pourrai aussi comprendre comment tu pourrais t’en sortir de cette situation.Ca c’est la sagesse… Elle est la suite directe de cette attitude compassionnée. On ne peut pas séparer les deux.

Quand il y a un véritable intérêt, le cœur tourné vers l’autre…Ca s’ouvre comme cela….Pas besoin d’aller chercher plus loin. On comprend ce qui pourrait aider..on fait le lien avec notre expérience de vie…On trouve la

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réponse la plus juste…La compréhension, la stabilité mentale augmentent si le cœur est ouvert. On est plus présent.

La compréhension mène à un comportement plus sage…la stabilité mentale augmente, on a moins peur et plus de compréhensions encore.

Quand une vie se fait avec les 3 entraînements, on devient un être compassionnel, sage, stable ouvert, respectueux. Le respect car on ressent l’autre. On ressent comment il peut vivre une parole dure.

Les 3 entraînements, ça peut être spirituel, mais ils constituent la base de toute thérapie. Le chemin de guérison, c’est ça.

En premier, il y a le travail sur la compréhension des effets de nos actes, travail dans l’éthique, sans le doigt levé pour dire : « Ne fais pas cela ». Ce n’est pas la compréhension.

Ensuite, vient la stabilité mentale, souvent oubliée dans la psychothérapie. Vous faites MBSR, ou le training autogène etc….Tout ce qui est fait pour la stabilité mentale va ajouter au bien-être général. Plus de stabilité émotionnelle. Le mindfulness c’est l’entraînement à la deuxième étape. Mais, il faut faire attention. Si ça reste dans le quoi, c’est comme un travail d’inventaire de ma vie. Cela ne stimule pas la compréhension. Dès qu’on développe un intérêt pour le comment, la compréhension vient toute seule.

La méditation bouddhiste ne vise pas la tranquillité seule, elle cible aussi la compréhension rapide. Pour un maître bouddhiste, il n’y a pas de sens à regarder les fleurs et de passer 15’ à les observer. Aucun sens. Cela apporte juste un peu de stabilité mentale. Avec cette stabilité, on peut faire quelque chose. Alors, on va vite enchaîner sur le comment : « Comment est-ce que tu vis à l’intérieur quand tu vois tu cette fleur ? Tu remarques tes pensées ? Est-ce que tu vois une fleur ou des fleurs ? » Je vois à chaque instant une autre fleur !....Alors, la perception de la fleur vient à changer. C’est ça le bouddhisme.

Tout change sans cesse   : les fixations comme source de souffrance

Le processus de la pensée, le filtrage de nos perceptions varient. Ici, nous sommes 23. Il y a autant de réalités différentes. Chaque personne entend le même discours de manière différente. Nous sommes dans 23 mondes

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différents. Le Bouddha n’a jamais voulu nous faire découvrir une réalité neutre, la même pour nous 23. Où est cette même réalité à découvrir ? Le propos du maître bouddhiste est de découvrir que nous sommes non seulement dans 23 réalités différentes, mais que ma réalité change à tout moment. Il n’y a pas de réalité solide. Grâce à cette absence de solidité, tout devient possible. Nous ne sommes pas figés dans nos problèmes. Nous pouvons réduire les filtres. Alors, s’ouvre un chemin de guérison là où les fixations nous font croire que c’est impossible.

Des psychiatres disent à des psychotiques « Vous allez rester schizophrène toute votre vie ». C’est comme si on avait dit que la psychose faisait partie de votre vraie nature. Or, j’en ai vu qui sont sortis de leur psychose, j’en ai eu dans mes retraites de méditation de 3 ans ou 6 ans; certains sont aujourd’hui des lamas de la méditation. On peut s’en sortir…Ce n’est pas la vraie nature, ce n’est que la surface, la nature temporaire. Des façons de voir acquises. C’est acquis dans la vie. On n’était pas tout de suite comme ça. Ce sont des mécanismes qui ont des très fortes tendances à se répéter. Il y a des personnes qui retombent dans la dépression, et qui ne s’en sortent pas pendant 20 ans, 30 ans, des forces très fortes ...mais ce n’est pas la vraie nature.

Les trois natures

Nous allons regarder la réalité selon trois natures que sont :

- la nature imaginaire (ex : étiquette avec prénom),

- la nature dépendante (ex : le corps),

- la vraie nature (expérience de vie insaisissable, processus de l’être, vacuité). La nature imaginaire 

Exemple : ma nature imaginaire, c’est que je m’appelle Tilmann. C’est juste un nom, une idée ; Tilmann n’existe pas ; c’est un nom que mes parents m’ont donné à la naissance. Auquel s’attache plein de mémoires, plein d’idées…Tilmann a changé. Ce n’est jamais le même Tilmann.

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Autre exemple : Paris. Tout le monde connaît Paris…. mais Paris n’existe pas. Personne n’a jamais vu Paris….C’est un agglomérat de rues, de monuments, de jardins. Mais Paris, c’est dans la pierre, dans le béton ? Paris : c’est une idée. On commence à se faire du souci pour Paris, avec la pollution, l’élection du Maire… Ca, c’est la réalité conceptuelle, c’est de l’imaginaire.

A ce niveau, on peut avoir des disputes sur les concepts….C’est l’imaginaire..ça n’a plus lieu…beaucoup de notre vie se fait là dedans.

La réalité dépendante 

On peut la toucher. Ca voit, ça parle, ça bouge. Ca dépend de causes et conditions. Si je ne mange pas, si je ne bois pas, ça meurt. Si on me bouscule, ça tombe. Il y a bien quelque chose en dépendance de causes et conditions.

La réalité dépendante de Paris, c’est qu’il y a des bâtiments, des rues, des jardins qui ont été créés et qui changent. Cela nous amène au stade suivant.

La nature véritable 

Elle est ici tout le temps, au-delà des causes et des conditions. C’est quoi le Tilmann où vous mettez votre nom vous même…qui est là ? tout le temps ? On parle là de l’expérience de vie insaisissable, d’une conscience qui est processus aussi peu tangible que l’électricité ou un courant d’eau, mais quand même bien présente. Dans cette expérience de l’insaisissable, intouchable tellement présent, c’est là qu’on aime, c’est là qu’on ressent. Cette dimension qui nous accompagne depuis notre naissance, avec cette sensibilité, cette capacité d’avoir des expériences sensorielles, cette capacité de réfléchir, d’apprendre, d’oublier. C’est l’intangible .

C’est ce qu’on appelle la vacuité, la vraie nature ou la nature du Bouddha. Elle n’a pas d’existence propre, elle est insaisissable, c’est un processus.

Si on essaie de s’amener soi-même dans sa vraie nature, on arrive dans le processus de vécu immédiat, de l’Etre. L’Etre, on ne trouve pas quelqu’un…nous sommes processus…C’est ça , la vie . Tant que nous sommes vivants, nous changeons.

Questions  

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P : Quelle est la différence entre philosophie et voie, je n’en vois pas ?

T : Pour un vrai philosophe, il n’y a pas de différence. Pour ceux que je connais, ceux qui ne discutent pas mais qui écoutent et qui vivent, la philosophie, est une voie. Souvent, le terme philosophie est utilisé comme si on construisait, avec de beaux concepts, une maison ou un château de cartes en posant une hypothèse sur une autre, alors que rien n’est fondé sur l’expérience directe. Si on tire une carte, le château s’écroule. Dans ce sens, ce n’est pas une philosophie. Les véritables philosophes, ceux qui aiment la sagesse, la compréhension ne construisent pas de château de carte.

P : Les trois natures me font penser aux trois corps ? Y-a-t-il un lien entre les 3 natures et les 3 corps, physique, émotionnel et spirituel ?

T : Non, le rapprochement n’est pas adéquat. Tout est intimement lié à ces trois étapes.

P : Ca me fait penser à la conscience noyau de Damasio. Quand on sort du sommeil, ou du coma..Et qui précède la pensée, c’est ce qu’on voit en neurologie.

T : Je vous apporterai des éléments de réponse dans l’après-midi. Ces moments où il n’y a pas encore la pensée discursive sont très précieux .Je vous montrerai comment entrer dans ce genre de moments. Si c’est juste sortir de la pensée discursive, dans un être au présent, c’est faisable.

P : Est ce qu’il y a un lien entre la vraie nature et l’intuition ?

T : La capacité de comprendre sa vraie nature s’appelle la compréhension intuitive car elle ne passe pas par l’intellect. Par le vécu, dans ce sens, intuition. Mais le mot intuition peut être utilisé de différentes façons. Quand un homéopathe vous prescrit un remède par intuition, ce n’est pas par pure intuition, c’est qu’il vous a écouté, qu’il s’appuie sur son expérience. Il prescrit rarement un remède dont il n’a jamais entendu le nom. Expérience, savoir, vécu immédiat on appelle ça souvent intuition.

Cela fait référence aux trois niveaux. La compréhension intuitive non-dualiste est une façon de comprendre la vraie nature.

Méditation

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Maintenant, vous allez passer les dernières minutes en « intuition » de votre vraie nature.

Qui suis je quand je ne suis pas homme ni femme ? au-delà de tous mes rôles…au-delà de tous les concepts ?

Je vous invite à vous détendre entièrement et à passer les dernières minutes avec votre vraie nature.

Nous allons faire la pause déjeuner. Je vous invite à rester avec l’intuition de votre vraie nature un peu comme l’espace insaisissable, l’ouverture du cœur, l’ouverture de l’être tout en nous réjouissant de la nature dépendante, le repas pour le corps.. Et on va utiliser des concepts toujours en lien avec notre véritable nature pour échanger ensuite. L’intégration des trois niveaux de réalié en somme.

(MODULE 4 audio)

Méditation et partage autour de la méditation

T : Commençons par une petite méditation. La continuation de celle de ce matin.

Prendre conscience de notre posture. On peut bien faire la méditation sur une chaise, ça ne change rien. Que le dos soit stable, ça aide, surtout après le repas. Prenons conscience de notre posture. Voir si elle nous convient.

Nous pratiquons la présence.

Le regard tombe là où il veut tomber. On n’a pas besoin de se concentrer sur un endroit. On peut même bouger légèrement. Les yeux se détendent si on laisse le regard bouger un peu.

Donc, être présent physiquement. C’est comment, maintenant ?

Vous pouvez parcourir rapidement le corps, du bas vers le haut, du haut vers le bas, pour stimuler la conscience physique. Ensuite, nous ouvrons les autres sens, soi-disant extérieurs : l’ouïe, la vue, l’odorat, le goût ; et

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puis le 6e sens, celui qui remarque les mouvements mentaux : les pensées, les images, les sentiments, les humeurs, les états d’âme.

Je suis comment, là, tout de suite ? Sans jugement. Si je suis fatigué, alors, c’est la fatigue… l’esprit est frais alors,… ? c’est la fraîcheur.

Est-ce que le vécu change ?

Vous répondez probablement oui. Mais c’est comment exactement de vivre le changement en pleine conscience ?

Etre vivant. Le ressenti physique change. Le bruit, les sons, le silence changent, évoluent. C’est un flux continuel d’informations visuelles qui changent dès qu’il y a mouvement et même quand il n’y pas mouvement. On remarque qu’il y a un flot de conscience visuel. Les odeurs, les saveurs changent avec les causes et conditions. Les pensées, les images…l’absence de pensée…la conscience qui remarque elle-même, qui est consciente d’elle-même.

Est-ce qu’il y a quelque part, dans ce vécu, une dimension, une chose qui ne change pas ?

Ce que je vis maintenant, est-ce que c’est ça ma vraie nature ?

Essayez d’être présent à ce que vous appelez la vraie nature. Si vous permettiez à la vraie nature de se manifester, ce serait comment ?

Où est-ce que votre intuition cherche ou qu’est-ce qu’elle fait quand votre esprit dit : « Lâche dans ta véritable nature. Ouvre. Lâche. Détends-toi.» Que faites-vous de l’intérieur ?

(Son de fin de méditation)

Temps de partage

Est-ce que vous quittez la vraie nature maintenant ? Que faites-vous avec votre esprit quand je vous invite à vous ouvrir à votre véritable nature ? Que cherchez-vous ? Quel est le mouvement que vous avez pu observer ?

P : J’essaie de faire ce que tu nous as invités à faire ce matin, c’est-à-dire ouvrir tous ses sens.

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T : Tu ouvres et alors, quel est le résultat de cette ouverture ? Comment ton esprit change quand tu t’ouvres ? Qu’est-ce qui change ?

P : J’ai ressenti que c’était plus facile d’observer ses pensées.

T : Autre observation. Qu’avez-vous fait avec votre esprit ?

P : Moi, je reviens dans le corps.

T : Est-ce que ça permet d’être plus proche de ta vraie nature ou c’est comment?

P : Oui. Quand tu dis : « Etre plus proche de sa vraie nature », je sens que mon attention est moins ailleurs à chercher des réponses et des solutions. Elle revient dans les sensations profondes internes. C’est le mouvement spontané que j’ai senti.

T. J’écris « sensations profondes et internes ». Je ne donne pas de réponse. Je récolte.

P : Je suis dans l’intention du lâcher-prise, dans l’intention. Physiquement, je remarque mes tensions musculaires; je les laisse se relâcher. Par contre, je lutte contre le sommeil.

T : Ca, c’est sûr. Tu as pris un dessert ? C’est pour ça ! Tu as lâché prise, cherché la détente et tu voyais que tu pouvais aller plus loin, mais …attention au sommeil qui était juste à côté.

P : J’ai observé ma tendance à m’accrocher à des pensées. La vraie nature, je ne sais pas ce que c’est. Essayer de me décalquer de mes pensées, mes émotions, rentrer dans mon corps, c’est quelque chose de perturbant. C’est comme le vertige, rien. Donc, la tendance naturelle c’est de fabriquer des images, des pensées et mon esprit a tendance à s’accrocher à ça.

T : Quand tu essaies de trouver ta vraie nature, tu essaies de décrocher mais tu rencontres quelque chose qui ne ressemble à rien. Est-ce que c’est effrayant ? déconcertant ?

P : Je ne peux pas rester longtemps. C’est comme un nageur qui ne sait pas nager et a besoin de remonter, un peu ce type de sensation.

T : Je vais écrire « affronter le rien » ou c’est trop long à dire ?

P : Le réel qui n’est rien, donc affronter le rien, le néant plutôt que le réel.

T : D’autres observations ?

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P : Je réalisais que j’ai passé une grande partie de ma vie à lutter contre ma vraie nature, avec des principes à base de devoir et de « on ne s’écoute pas ». Et pas la vraie nature. J’ai lutté contre le sommeil..je me disais « laisse aller »…je le sentais dans mes épaules…J’ai réalisé le sens du devoir, on ne s’écoute pas…60 ans comme ça..la vraie nature, c’est assez révolutionnaire. Le mari en rajoutait une couche, toujours dans le challenge à se dépasser…la vraie nature, il y a longtemps qu’on l’a oubliée… !

T : Alors, tu as cessé la lutte ?

P : Quand on a vécu ainsi des années, rechercher sa vraie nature, c’est assez révolutionnaire ; la vraie nature, elle est enterrée.

T : Tu fais confiance à ta vraie nature ?

P : Ici, ce n’était pas possible, je tombais dans le sommeil. Ca risquait d’aller trop loin.

T : Vous êtes déjà deux à avoir lutté contre le sommeil. Je vous conseille de laisser aller. C’est pour vous montrer avec quelle force on résiste. Juste être. Or on a des idées.

P : A travers justement la tentative de résistance au sommeil, il me semble avoir trouvé quelque chose : « Ne pas faire, mais juste être. »

T : Qu’est-ce que ça fait dans ton esprit ?

P : C’est calme. Il y a de la place. On respire.

T : C’est cela. On arrête la lutte. Ne pas faire. Faire ça fait partie de la lutte. On ne gagne rien à cela. Mais ça ouvr.e

P : Une chose que j’ai découverte, parce que j’ai fait une psychose qui est en cours de guérison et pas achevée : là, je suis passée à un état de bien-être et de je ne sais pas, mais…

T : Je reprends tout de suite et fais là exception. Le vide qui fait peur que tu as connu, c’est un soi-disant vide, la dimension où on n’est plus bien soi-même. On ne sait plus qui on est. On appelle ça un vide mais c’est un soi-disant vide parce qu’il y a une expérience pleine, bien chargée. Les réactions par peur, par fixation, par contrôle, ça peut s’enchaîner avec une très forte pression…et il peut y avoir également confiance, détente.

Dans ce contexte du groupe, il est possible de s’ouvrir, d’accepter le vide, le néant. J’utilise l’expression «  accepter le vide » et aussi beaucoup le terme de « non-soi ». Dans le bouddhisme, c’est se familiariser avec une

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notion où on n’est plus, de manière tangible, le moi bien défini. Les contours du moi se perdent dans cette expérience.

P : J’ai eu une perception de l’espace posé devant moi. Ca faisait du bien. C’est assez rafraîchissant. Je n’ai pas eu une notion d’espace complet. C’est une perception centrée. A un moment donné, j’ai eu des pensées et puis, je suis revenu à cette sensation de l’espace et ça m’a restabilisé.

T : Je comprends bien. Si ça revient à un autre moment, agrandissez cet espace et essayez d’entrer, de sentir l’espace de l’intérieur.

P : Quand mes pensées sont allées vers des lieux de bien-être, je suis revenue dans des épisodes qui remontent à l’enfance où tout était permis dans des situations particulières. Dans l’imagination, l’épanouissement…C’était très agréable. A un moment, tout un champ des possibles s’est ouvert devant moi. C’était plutôt des moments où j’étais seule dans ces souvenirs. J’ai aussi réfléchi. Je suis arrivée à la conclusion que c’étaient les sollicitations extérieures qui m’avaient amenée, en grandissant, à m’enfermer dans quelque chose…

T : Ce souvenir de l’enfance indique un bien-être sans souci, sans contrôle. Arrêter la lutte. Lâcher le contrôle.

P : En fait moi, je me suis battue. Au début, j’avais des tensions dans le dos, et il y a un moment, quand j’ai essayé de me connecter avec ma vraie nature, j’avais l’impression de descendre dans mon corps et de me retrouver à un point central, avec l’intuition de quelque chose de possible mais aussi d’avoir la carapace tout autour de moi qui était figée. C’était juste une intuition. Je sentais que je pouvais aller là mais en même temps que je ne pouvais pas y aller ; il y avait la tension comme une carapace.

T : Pour le moment, il y a empêchement d’aller plus loin. C’est ressenti comme une sphère, une boule, une sensation au niveau du ventre ; l’expérience est bien connue. Energétiquement, on a l’impression de descendre dans le ventre et dans le bas-ventre. Lâcher toute cette carapace, toutes ces tensions autour qui sont liées à nos rôles, au contrôle, au poids qu’on porte, le passé, le futur, tout ce qui pèse… Le ventre est l’endroit le plus mou de notre corps. Il est moins protégé. Si la détente s’installe dans cet endroit, c’est un signe de confiance, c’est arriver chez soi.

P : Quand j’ai demandé à me connecter avec ma vraie nature, j’ai senti une paix sans limite, très très profonde, et après, c’était, je ne sais comment le décrire, de l’amour.

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T : Juste par la permission d’entrer dans ta nature.

P : J’étais bien, bien détendue, tout était en paix sans aucune limitation et après, j’ai ressenti, très profond, un amour indéfinissable.

T : L’amour n’avait pas d’objet. C’était une douceur du cœur.

P : Oui. Une ouverture et en même temps, une atmosphère. C’était très agréable. J’aurais pu rester plus longtemps.

P : J’ai ressenti comme une espèce de circulation: une fluidité, juste cette circulation avec la conscience des battements du cœur ; tout était perceptible ; c’était énergétique, comme s’il n’y avait plus les contours physiques de mon corps. Dans un premier temps donc, cette circulation, tout était perceptible. Puis, dans un 2e temps, j’étais perturbée par la plongée dans le sommeil et par une pensée parasite qui m’embarrasse toujours : c’est la question d’un collègue médecin qui fait de l’hypnose et qui voit dans la méditation de pleine conscience un état modifié de conscience. C’est apparu conflictuel entre cette idée de vraie nature et cette pensée parasite. C’est devenu très confus.

T : Oui, c’est une pensée parasite. On va y répondre plus tard. Mais cette fluidité énergétique, ça, c’est l’expérience directe.

P : J’ai ressenti une énergie lumineuse et des perceptions visuelles très agréables. Quand j’ai réalisé que c’était tellement agréable, j’ai perdu cette sensation.

T : C’est souvent comme cela.

P : C’était un moment d’unité. Maintenant je l’explique comme ça…il n’y avait plus de dualité

T : Ca fait partie de l’expérience de méditation que les contours, les limites, les divisions se fondent un peu. Ce n’est pas la nature non-dualiste mais ça relève d’une autre façon de percevoir, sans les concepts. Par exemple, si vous êtes assis comme cela sur une chaise sans bouger, vous ne pouvez plus différencier chaise et fesses. Il n’y a même pas la sensation de contact. Il y a le sentiment que ça vibre dans cette zone dense de contact. Mais où commence le corps, où commence la chaise ? Difficile à saisir. C’est comme cela avec les autres sensations aussi. Les limites entre le soi-disant moi et l’autre deviennent faibles. Ca ne veut pas dire que c’est vrai, mais c’est juste une façon de percevoir. . Décryptage et commentaires

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Pourquoi ai-je écrit tous ces mots? D’abord, l’intuition.

Intuition de la vraie nature

Chacun a suivi son intuition quand j’ai dit : « Permettez-vous de laisser aller, de ressentir votre vraie nature ». Comment ça vous parle ?

J’ai parlé un peu ce matin de la vraie nature très brièvement, sans vraiment la définir. C’est intéressant de voir ce que les maîtres bouddhistes et autres disent de la vraie nature, mais finalement, pour nous, cela n’a pas beaucoup d’importance ; ce qui est important, c’est ce que nous, nous ressentons de notre vraie nature. Est-ce qu’on y trouve libération et ouverture ou autre chose?

Pour les bouddhistes, la vraie nature, c’est là où il n’y a plus sujet-objet, cette conscience non-duelle, intemporelle, pas de fixation passé-présent-futur, pas d’observateur; c’est l’unification de l’esprit dans le maintenant qui n’est pas conceptualisé. C’est la conscience non-duelle et c’est dans cette nature qu’on s’éveille à toutes ses qualités qui sont là sans être refoulées ou limitées par des concepts ; c’est comment je dois être pour que ces qualités puissent s’exprimer librement dans le calme et aussi dans d’autres contextes. Etre tellement naturel de manière non-duelle peut continuer dans l’activité avec une énorme capacité de ressentir l’autre, une capacité d’empathie complète, une capacité d’expression, sans même avoir besoin de courage, car il n’y a plus de peur, avec cette douceur du cœur, cette compréhension qui s’exprime pour le besoin de la situation et non par la pré-méditation du « je dois dire ceci, je dois dire cela ». Le non-soi, tout le monde en parle beaucoup, mais personne ne peut le décrire. Tout le monde est d’accord là-dessus. On ne peut pas décrire la vraie nature mais on peut s’en approcher.

P : Dans ma vie, il m’est arrivé d’avoir des expériences où j’ai eu l’impression d’un état de grâce temporaire. C’est ma première question…a t on des incursions comme ça dans notre vie ? Etait-ce la vraie nature ?

T : Dans l’état de grâce, bien sûr, la vraie nature était présente. La vraie nature n’est jamais absente mais nous n’en sommes pas conscients. Parfois, il y a un peu moins d’obstacles et elle rayonne comme un jour en plein soleil. A Paris, un jour en plein soleil, ce n’est pas comme à la montagne ; il peut y avoir encore un peu de « smoke » autour, ce sont nos saisies, nos attentes, qui couvrent le rayonnement de notre vraie nature. Je n’irai pas voir si ces états de grâce que vous avez expérimentés étaient complètement non-duels ou partiellement non-duels. Cela ne vaut pas la peine.

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Il est très stimulant de savoir que dans notre expérience, il est possible de vivre des états de grâce avec un esprit ouvert, avec un cœur ouvert; il y a cette harmonie que l’on peut expérimenter en faisant les choses comme elles doivent se faire ; on est juste. Ces analyses: « Est-ce que j’étais 100% là ? Est-ce que c’est une expérience d’éveil ou juste en-dessous? » Non. Ce qui compte, c’est l’inspiration. C’est en faisant des choses que s’exprime la nature de l’esprit.

Maintenant, j’aimerais passer en revue ce que vous avez dit avec un peu de commentaires de notre tradition là dessus. Déjà, vous avez résumé les instructions-clés du mahamudra, c’est-à-dire une méditation sur la nature de l’esprit pour les Indiens et Tibétains. Comment entrer dans l’éveil, dans la nature de l’être.

Comment entrer dans la nature de l’être?

On lâche la nature imaginaire. On lâche les concepts, les préoccupations. Ca ne veut pas dire lâcher toutes les pensées; les pensées ne gênent pas ; Les pensées tournent autour des fixations ; tout le monde le sait. On lâche donc les fixations conceptuelles. Ce n’est pas là que je vais trouver la libération.

La nature dépendante ?  Les sons, les bruits, la lumière, le ressenti physique, toute l’information qu’apportent les sens. C’est du vrai, du vécu mais, pour le moment, ce n’est pas très important. On ne se fixe pas dessus. On prend ça comme une stimulation pour ressentir à quel point nous sommes vivants.

Regardez le changement. Je vous ai amenés en douceur à noter le changement, dans le visuel, dans l’auditif. Il y a une fluidité tout le temps. Ca, ça ouvre notre réceptivité à cette nature processuelle. On lâche ce côté-là de la nature dépendante qui est l’information sensorielle. La pensée ne dérange pas. L’information sensorielle ne dérange pas. Plus de fixation. On lâche le contrôle, la fixation, et on continue à s’ouvrir à ce qui est sans préjugé, sans choix. Vient qui vient.

Puis, vous avez vu que dès que vous êtes attaché à l’agréable, c’est terminé.

La lutte doit cesser, la lutte contre le désagréable comme la lutte pour l’agréable. Pour s’aider, on revient aux sensations internes, on a le

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sentiment d’intérioriser ou d’internaliser. Je le fais maintenant. Ca ne veut pas dire que je suis entièrement à l’intérieur, mais ça veut dire que je ne suis pas complètement à l’extérieur. Je peux continuer à parler, à vous voir mais en même temps, il y a cet espace intérieur qui n’est pas séparé dans mon expérience de l’espace extérieur. Si je me perds dans l’extérieur, je ne suis plus avec l’espace intérieur. Dans ce sens, il y a intériorisation quand j’ouvre cet espace à l’intérieur, ce qui me permet de mieux vibrer, résonner avec l’extérieur.

.

La solution n’est ni à l’intérieur, ni à l’extérieur. Ce n’est pas non plus l’équilibre entre les deux. Les deux vécus ne sont plus vécus comme différents. C’est comme une voie de libération. Il n’y a plus de frontière, plus de possibilité de dire où je commence. Il y a un flux continuel même pas entre les deux pôles ; il y a un être ensemble, sans les limites. Revenir à ce qui est plus interne aide à ré-équilibrer. Puis quand on reste avec, les limites s’effacent un peu.

Le lâcher-prise, c’est la clé mais ce n’est pas le désintérêt. Ca, ça ne peut pas être une solution. Indiscutable. Sinon, une mère qui pratique la méditation, le mahamoudra ne pourrait plus s’occuper de ses enfants. Le lâcher-prise de Bouddha, c’est la main ouverte. D’ailleurs, beaucoup de bouddhas sont montrés avec la main ouverte vers le haut. Dans notre culture, c’est l’image de l’oiseau qui peut venir se poser dans la main de la mère qui nourrit mais la main ne se referme pas autour de l’oiseau qui peut s’envoler et revenir. Ne pas saisir. Cela ne veut pas dire retirer le support. C’est offrir le support, sans vouloir quelque chose pour moi.

Le lâcher-prise, c’est la détente. Le problème, c’est la tension.

La détente. Tout est dans le mot. Se détendre est une réponse. Ce n’est pas une détente qui évite l’effort. Si j’évite l’effort musculaire, je ne peux pas me tenir debout, je tombe par terre. La détente complète, ce n’est pas être comme un légume, je ne pourrais rien faire ; c’est l’effort minimum. Conduire une voiture de manière détendue, c’est fournir l’effort qu’il faut, mais pas plus, pas moins. Pour ceux qui font du sport, on peut avoir un effort excessif à fournir, se fatiguer, mais on peut monter une montagne à l’aise; il faut fournir un effort pour arriver à le faire mais c’est possible sans être stressé.

L’entraînement, c’est la recherche de l’effort minimum. Ca, c’est la détente. On s’étonne…Pour beaucoup de choses, pas besoin de grands efforts. Si je suis motivé dans la joie de faire ce que je fais, avec le cœur

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ouvert quand la situation a vraiment besoin que je fasse ce que je dois faire, il n’y a pas de problème. Par contre, si je dois me motiver pour aller contre mon gré faire un travail dont personne n’a besoin mais bien rémunéré, que c’est épuisant ! Le moindre truc est épuisant quand il n’y a plus cette énergie enthousiaste, cette joie qui donne l’élan, le courage.

J’ai entendu que tu as trois enfants. Tu sais bien que quand tu te lèves la nuit, tu le fais naturellement. Une mère, elle peut se lever, elle n’y pense pas, elle a une force incroyable, elle ne réfléchit pas. L’activité de la mère est souvent prise en exemple dans le bouddhisme. Ca ne réfléchit pas. C’est l’amour qui fait faire. C’est cette connexion avec l’autre qui fait faire. Un père, ça peut être pareil. Il peut faire la même chose que la mère. Dès qu’il y a amour de faire quelque chose, c’est ressenti comme sans effort. Pourquoi ? Vous avez parlé de fluidité, c’est parce qu’il n’y a pas de résistance. Ce qui est tellement fatigant, c’est la lutte afin de ne pas s’écouter, c’est la résistance. Il y a une résistance qui a du sens mais on résiste à quelque chose qui n’a pas de sens, qui va à contre-cœur, qui n’est pas en harmonie avec nos besoins et ceux de la situation ; Ce qui n’est pas en harmonie crée un sentiment de bataille, force contre force.

Toutes ces indications aident à entrer dans la nature de l’être :

- lâcher le contrôle,

- entrer dans l’ouverture du cœur,

- revenir aux sensations profondes,

- ouvrir, se détendre, lâcher les fixations,

- décrocher les pensées, la roue du hamster,

- avoir la confiance d’affronter la notion de néant, de non-soi, là où je ne suis personne ; ça, c’est le plus difficile.

Si vous êtes en méditation, vous vous détendez, là tout va bien, complètement détendu. Puis, tout à coup, il y a cela : comme un élastique en nous qui s’est relâché. Il y a un petit saut à l’intérieur. On redresse notre posture. Nous avons touché les limites de ce que nous permet le contrôle. Là, on risque d’aller trop loin. Derrière cela, il y a ce qui fait peur inconsciemment. Le chemin de la méditation consiste à aller le plus souvent possible à cette limite et à développer la confiance que rien ne se passe et qu’on peut se détendre plus et encore plus jusqu’à être complètement à l’aise.

Je me rappelle les centaines de fois où j’ai fait cela, et toujours par surprise, là où tout allait bien avec le sentiment de ne plus rien contrôler,

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maintenant ça ne vient plus, il n’y a plus besoin de protéger quoi que ce soit. Mais l’expérience montre qu’il n’y a aucun danger, pas besoin de se protéger contre quoi que ce soit.

Si vous, thérapeutes, vous voulez emmener des personnes dans la détente, cela dépend de votre conscience de là où vous-mêmes êtes allés, de votre confiance à aller plus loin, du stade où vous êtes dans la détente. De les encourager à prendre ce risque. Sinon, peut-être avez-vous cette idée comme quoi par la détente, on peut devenir fou -c’est une idée qui court- alors, vous ne pouvez pas aider le patient à se détendre. Il y a des personnes qui voient que ceux qui ont un risque de psychose la méditation n’est pas pour eux., une idée que beaucoup de psychiatres ont signée. Seulement, ils ne savent pas de quelle méditation ils parlent. La psychose, c’est la fixation sur les pensées successives à grande vitesse ; ça, ce sont les caractéristiques de la psychose. Or, s’il y a détente et non fixation, c’est la guérison. De pouvoir s’ouvrir à ca, qui normalement nous fait peur. Mais cela fait peur. Je ne suis pas l’avocat qui défend l’idée que l’on peut emmener tout le monde à la méditation. Il faut une atmosphère de confiance. Ce n’est pas ce que je vais faire en premier avec une personne qui vient me voir avec une psychose.

P : Vous parlez de détente, de soutien, est-ce que ça se rapproche de la notion de contenance ?

T : Oui, là, notre chère amie a fait une expérience de la contenance de ce groupe. L’expérience qui était angoissante a tourné en expérience de bien-être. Ca, c’est un exemple.

Y.L. Le psychiatre américain Mark Epstein parlait de la méditation comme d’un espace transitionnel, ni soi ni non soi, comme le doudou d’un enfant. Ce n’est pas le monde complètement hostile et pas non plus son soi habituel. Un espace d’expérimentation.

T : Ce qu’on appelle la méditation, c’est une manière d’être avec plus de fluidité, ce qui permet plus d’ouverture, une autre façon de voir le monde ; on ouvre un espace de transition parce qu’on ouvre le champ du possible. De nouvelles façon de regarder le monde. Il y a moins de fixations. Ce qui rend la transition impossible, ce sont les fixations raides. Une personne ne va pas changer en profondeur, la même personnalité avec sa rigidité qui s’impose encore et encore.

Dans la méditation, le conseil le plus important, c’est le non-jugement, la non-manipulation.

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On ouvre peu à peu un espace de transition, on ouvre le champ du possible. C’est une belle expression qui décrit le mahamudra, où aucune pensée, aucun sentiment n’est refoulé. Rien n’est refoulé. Tout est laissé ouvert, on ne saisit rien. C’est pour cela que ça reste un champ des possibles.

Dès que quelque chose arrive, il y a ouverture et non saisie ; on ne saisit rien ; s’il y a saisie, on repart sur une nouvelle chaîne de pensées qui porte une valeur symbolique et tac… tac…tac… il n’y a plus de possible. C’est le mécanisme de la fixation et aussi de la psychose. Souvent, dès que quelque chose arrive, il y a interprétation tout de suite. C’est le processus habituel. Ce qui a de l’importance pour nous est tout de suite saisi. Donc, se détendre nous sort de la roue du hamster. C’est ce que vous faites en travail thérapeutique. Par la détente, vous aidez les gens à sortir de la roue du hamster. Ne pas fixer les choses de la même manière, les mêmes pensées, les mêmes impression…ne pas entretenir le cercle vicieux. Ca, c’est le travail de la thérapie. C’est le même travail sur le chemin de l’éveil, la roue du hamster est appelée samsara en sanskrit.

Dans une biographie personnelle – c’est ma roue du hamster personnelle- avec une vision globale, toutes nos roues ensembles sont appelées le samsara. C’est l’enfermement dans des cercles de fonctionnement qui semblent être sans échappatoire. Trouver la sortie, savoir comment ça peut s’arrêter, ça, c’est la paix, la fin de cet engrenage, de ces fixations. La paix, c’est la traduction du mot Nirvana.

P : Une question sur la détente : j’y arrive mais j’ai tendance à tomber dans la somnolence, comment rester dans la détente?

T : Solution radicale : se laisser endormir. Du point de vue de celui qui médite, faire confiance à l’esprit pour qu’il retrouve sa propre clarté, et s’il doit passer par un moment de somnolence, que ce soit digestif ou autre, pas de problème. La nature de l’esprit ne nous quitte pas quand on s’endort. Chacun de nous, là, à cet instant, comme cette nature insaisissable, qu’importe l’état d’âme.

P : Travailler sa détente pendant les exercices de méditation. Comment saisir et se dessaisir ? C’est revenir au comment ?

T. Je me réserve cela pour l’autre partie de la séance. Comment faire pour sortir de là et comment aider quelqu’un d’autre ?

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(Audio module 5)

La réalisation de la nature de l’esprit et la santé mentale

La différence entre thérapie et la description en style bouddhiste dont je vous parle c’est que, vous avez dû remarquer, c’est un grand train de références. Cela ne convient pas seulement à une situation de thérapie mais avec toute situation de vie.

Ce dont je parle c’est pour tout le monde, pour les gens normaux comme pour les gens en difficulté et c’est une description générale du fonctionnement de notre esprit. Là, on a à se concentrer sur la question de la vraie nature, le travail de la détente et c’est un travail que chacun peut faire sur soi même, de maintenant jusqu’à la fin de sa vie. Et on ne verra pas la fin de ce travail. La détente ne connait pas de limite.

On peut abandonner les mécanismes de contrôle, pour être vraiment authentique, naturel, sans on pourrait dire des « reliques » de nos obsessions de contrôle et dans cette ouverture du cœur et de l’esprit pour entrer dans toutes les situations de la vie. C’est un travail d’intégration. Avoir un moment d’expérience profonde et complètement ouverte ça s’appelle réaliser la nature de l’esprit, ça s’appelle un satori, ça s’appelle un moment de tao, un moment de maha mudrâ, ça peut être un moment de grâce.

Voilà, on ne sait pas quel nom la personne lui a donné mais ce qui est commun à tous ces moments c’est que la personne a l’impression que ce n’était plus « moi » qui ait dirigé les affaires, ce n’est plus la volonté personnelle mais un savoir plus grand, un être en nous sans limite ou plus grand, un être qui rend cette façon d’expérimenter possible.

Donc ça, à un moment donné dans la vie, peut-être l’avez-vous déjà expérimenté .Cela peut arriver à n’importe quel moment. Mais après ? Comment retrouver cela ? Comment reconnecter avec ça encore et encore ? Et surtout l’intégrer avec tout notre être émotionnel jusqu’au point où même ma femme peut me stimuler là et appuyer sur mes boutons sensibles et ça ne réagit plus en tant que « moi ». C’est un long chemin. Ça c’est le chemin du petit éveil jusqu’à l’éveil complet, la guérison complète. Beaucoup d’erreurs sont faites dans la scène spirituelle parce qu’on se raconte les éveils du passé.

« Oh tu sais un jour dans une retraite… » ou « quand j’étais dans la nature, j’ai eu une telle expérience, ça me motive pour la vie.» D’accord, c’est très beau, mais qu’est-ce qui reste de cette expérience, là maintenant ? Là aujourd’hui ?

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C’est le souvenir ? C’est la saisie ? C’est la crainte de ne plus jamais le revivre ? C’est l’espoir ? Tout ça ce sont des différentes formes de stress.

Alors on a une super belle expérience du passé qui nous fait quelqu’un de spécial parce que là, dans le passé il y avait quelque chose d’extraordinaire, mais dans le concret, là si je vous raconte aujourd’hui mes expériences d’hier ou mes expériences d’il y a 20 ans ou 30 ans, est-ce que ça compte ? Non, comme on dit, c’est la « neige d’hier ». C’est peut-être une expression qui n’existe pas en français, c’est une expression allemande.

P : Moi ce que j’ai vécu, ça m’a donné une confiance. Maintenant je ne me pose plus la question.

T : Voilà, c’est mieux. Ça donne une confiance et cette confiance nous aide à nous ouvrir, à nous détendre et à ne plus avoir besoin d’être quelqu’un, de prétendre et de s’identifier avec un rôle. Là ça fait du bien de savoir dans la difficulté, se relier à ça, redécouvrir ça à nouveau et en fraicheur, chaque instant, ça c’est l’éveil de maintenant. Voilà, c’est autre chose. Et ça c’est seulement là où il y a une véritable utilité. D’accord ? ça c’est seulement si ça devient accessible et que ça nous transforme dans les moments de challenge, de grand défi. Le moment par excellence c’est la mort. En face de la mort, en face de la maladie, avec la vieillesse, tout cela c’est classique, c’est là où on voit à quel point on est allé, jusqu’à quel point on a pu intégrer ces petites compréhensions qu’on a pu faire ici et là, ou s’il y a une non intégration. D’accord ?

Donc un éveil qui se proclame par des petits moments d’ouverture non duel ici et là, ce n’est pas intéressant. C’est bien pour le moment. Mais c’est pour cela que l’éveil dans le bouddhisme n’est pas défini comme avoir ces moments d’ouverture mais il est défini comme avoir complètement purifié les voiles émotionnels et les voiles cognitifs. Ça il faut que vous le notiez ça. L’éveil ce n’est pas l’ouverture non conceptuelle et je sais pas quoi. C’est très beau, ça vous donne une confiance.

Mais c’est avoir purifié les voiles, il y en a deux types, émotionnels et cognitifs. C’est grâce à cette purification des voiles, grâce à ça qu’il y a l’épanouissement complet de toutes les qualités. Et là on est en plein dans le travail thérapeutique. Le travail thérapeutique se concentre sur les voiles émotionnels, c’est là le travail. Les voiles cognitifs normalement sont peu touchés. Les voiles cognitifs ça veut dire comment une personne perçoit le monde. Là je vous regarde et j’ai le sentiment d’exister, et vous existez. Ça c’est un voile cognitif parce que j’impose par mes concepts une existence propre à moi-même et à l’objet de ce que je vois. Ça on n’y

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touche pas dans la thérapie. Ça c’est vraiment un travail très profond dans la méditation, dans le travail avec un maitre spirituel ; de dissoudre les hypothèses, les présumés cognitifs de comment est notre monde. Existence, non existence. Tout ces concepts là, on n’y touche pas en général.

P : Dans toute l’approche constructiviste on touche exactement ça.

T : Là, on travaille avec la perception. Dans toute l’approche que tu mentionnes, on travaille avec les filtres de la perception et ce sont des filtres émotionnels. Des filtres cognitifs ce n’est pas comment ma perception change à cause d’une émotion, d’un schéma émotionnel qui est présent, mais c’est comment, quand il n’y a pas d’émotion, comment ma perception semble être neutre, sans émotion, à ce moment je suis quand même en train d’imposer une vue de la réalité, c’est ce que je vois. Tu vois, c’est ça la différence. Est-ce que vous me suivez là ?

P : Qu’est-ce qui reste quand on n’a plus tout ça ? Après avoir dissous les concepts ?

T : Ce qui reste, c’est la perception éveillée sans ces filtres qui permet cette spontanéité incroyable sans imposer des limites, des frontières entre soi même et l’autre, sans penser que le passé, présent et futur soient des moments dans le temps séparés. Tous ces concepts là qui sont des croyances profondes et foncièrement au-delà de ces croyances, c’est ça le fonctionnement éveillé.

P : Et on ne peut le travailler qu’avec un maitre ? ça ne se travaille pas tout seul ?

T : ça c’est difficile à faire. On perd beaucoup de temps quand même. Parce qu’on ne va pas savoir comment sortir des impasses, on passera peut-être un ou deux ans à vouloir résoudre une énigme de la réalité et avec quelques indications d’un maitre, il recadre un peu différemment et hop, ça passe très vite. C’est comme dans un laboratoire chimique, si on voulait tout découvrir soi même on passera un temps fou, mais si un professeur dit « écoute, un mg de plus de cette substance, là, tout de suite, ça marchera ». C’est un peu ça le travail avec un maitre. Il s’y connait dans le laboratoire de l’esprit, comme un prof à l’université s’y connait dans un laboratoire de chimie, de biochimie, et c’est très précis, il n’y a pas d’erreur. Le travail avec l’esprit n’est pas du tout aléatoire. Pas du tout.

P : Est-ce que ça ne rejoint pas les psychopathologies graves, processus limites et processus psychotiques, dans ce que vous entendez par « les

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voiles cognitifs » ? Et qui ne sont pas travaillés normalement en thérapie mais les patients, eux, est-ce qu’ils ne vont pas chercher de ce côté-là ?

T : oui, les patients dont vous parlez entrent dans des façons de cognitions, de mécanismes de cognition qui se referment, mais ils vont avoir envie de s’en sortir et ils vont essayer de s’en sortir pour rentrer dans le monde normal de la cognition habituelle qui est partagé par nous tous. Ils ne vont pas sortir pour aller, pour laisser derrière les limitations cognitives que nous partageons nous tous ensemble pour entrer dans un monde éveillé.

Donc c’est vrai on parle de limitation de la cognition, de nos croyances très profondes sur l’existence ou non existence des phénomènes mais la solution qu’eux vont chercher, je ne crois pas que cela soit dans la direction de l’éveil.

P : Je ne dis pas ça, mais je dis est-ce que le fondement du processus, est-ce qu’il n’a pas la même texture ?

T : Pour tout le monde ? Sans parler de pathologie ?

Pour tout le monde c’est le même fondement, parce que notre esprit fonctionne de manière pareil. De partout dans le monde, peu importe si nous sommes en Afrique, en Asie et si ce sont des gens pauvres ou bien éduqués. Tout le monde fonctionne de la même manière. Dans la pire psychopathologie, ou soit disant tout à fait normal, on fonctionne tous pareil. Et c’est ça que je voulais dire comme le Dharma décrit le fonctionnement de l’esprit, ça se réfère à tout le monde, sur tous les continents, toutes les cultures. Et c’est des fois accentué. On voit bien qu’une certaine forme de fonctionnement est accentué dans des psychopathologies, et moins visible, chez une personne normale, qui passe pour normale, c’est non accentué.

Mais dans un cauchemar par exemple la nuit, cette même personne peut du coup fonctionner comme si elle était gravement malade, dans une psychose, en croyant à des phénomènes comme réels qu’on aura du mal à croire mais dans le rêve la nuit on fonctionne avec une exagération de notre fixation qui nous fait rentrer dans une petite paranoïa psychotique du cauchemar. Vous comprenez ? C’est incroyable ! Nous avons en nous la possibilité de saisir avec la même intensité et contre toute évidence comme ceux que nous appelons les psychotiques. Nous avons tous cette possibilité seulement elle ne se manifeste pas en plein jour parce qu’on a assez d’informations qui reçoivent encore assez d’attention pour que ça ne puisse pas se déclencher de cette manière.

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Les distorsions de la réalité qu’on peut voir ce sont des possibilités dans l’esprit de chacun de nous, mais la psychopathologie nous fait comme un zoom permettant de voir ces mécanismes.

Je reviens au sujet de l’application dans le monde. Ce que je voulais rendre clair c’est l’intégration des compréhensions dans les situations difficiles et sur la durée d’une vie et surtout en face des challenges. Et c’est ça la véritable guérison, et c’est ça le véritable éveil.

Qu’est-ce qu’une personne réalisée ? elle a vu la nature de l’esprit et son maitre a dit « oui, c’était ça. Tu as vu la vraie nature, tu étais dedans ». Mais ce moment peut être bien lointain, ça peut être loin dans le passé . La question est, est-ce que cette personne est capable de manifester cette réalisation maintenant ? Et ça c’est tout autre chose. Là ce serait une réalisation stable comme la différence entre un îlot de clarté dans la psychose et la clarté vraiment présente à long terme comme une continuité vécue dans la vie. Ça j’en parle parce que ce qui nous intéresse comme thérapeute c’est non pas les petits moments où tout semble possible mais la santé, même si c’est à petits pas, sur la durée et que ce soit stable dans les épreuves de la vie. Que cette capacité d’intégrer les difficultés, de répondre de manière adéquate, de se gérer soi même et toujours avec plus d’ouverture. Et pareil dans la spiritualité, dans le chemin bouddhiste, on parle trop de petits moments d’ouverture qui sont appelés réalisations mais ce qui est stable, l’intégration complète à notre vie quotidienne, c’est seulement ça qui compte.

Et ce sont la maladie et la vieillesse et la mort qui vont faire le test.

Vous avez un espace de questions pour pouvoir faire le lien avec votre travail thérapeutique ou votre travail sur vous-même. Je vous écoute.

Questions

P : On parlait ce matin que la première étape consistait déjà à renoncer à des comportements toxiques. Pas forcement tuer tout le monde mais aussi des petits comportements du quotidien. Comment ça se passe pour des personnes qui ont une difficulté monumentale à renoncer à ça ou à s’en défaire ? Ou qui ne sont pas forcément volontaires pour se défaire de comportements comme ceux là auxquels ils sont attachés ? Comment est-ce qu’on peut les emmener sur le chemin de la thérapie à travers ça ?

T : Je dois imaginer que vous êtes au moins aussi compétent que moi pour répondre à cette question parce que emmener quelqu’un contre sa volonté sur un chemin de thérapie, ce n’est pas possible. Donc je ne peux

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pas répondre différemment que j’aimerai plus de compréhension et dire : développer la motivation à faire le nécessaire. Et donner l’exemple et cette deuxième partie de la réponse c’est pour cette raison là que je suis avec vous, parce que je suis convaincu que vos thérapies ne marchent pas mieux par des supers interventions mais plutôt par l’exemple que vous donnez.

L’exemple personnel du, de la thérapeute, avec toutes les recherches que l’on fait sur les thérapies maintenant c’est ça qui prime. C’est l’exemple qui permet la relation avec le client, avec le patient. Si le patient trouve un exemple de confiance, quelqu’un dans lequel il peut avoir confiance, qui a des qualités, la thérapie va marcher. Il y a un bon contact, une bonne empathie, une bonne compréhension. Il n’y a même pas besoin de donner des conseils.

C’est comme… on travaille comme un catalyseur et c’est la fonction de catalyseur qui est la véritable fonction du thérapeute. Il ne fait pas la thérapie, il est catalyseur.

Votre transformation personnelle, puisque vous êtes vous-même en contact avec la vraie nature, avec cette ouverture, cette non manipulation, être dans cette ouverture spontanée, va se ressentir chez l’autre. L’autre va le ressentir. Ça stimule, là où nous avons lâché le contrôle et on est à l’aise et l’autre peut aussi être à l’aise et il développe la confiance dans le lâcher-prise en nous voyons aussi être dans cette confiance. Vous voyez ?

Après tous les efforts pour convaincre, ce sera ensuite l’exemple qui va pouvoir jouer. Pas toujours, mais c’est important.

D’autres questions sur la thérapie ? Vous voyez un peu le processus de la thérapie avec les 3 natures que j’ai expliqué ?

Nature imaginaire, Nature dépendante, Vraie nature. Vous voyez un peu comment ça s’applique dans une thérapie ?

YL = La nature imaginaire ça me parait plus accessible. En travaillant avec les thérapies cognitives, travailler sur les schémas, les concepts. Mais la nature dépendante, ça c’est vraiment un truc, je découvre aujourd’hui cette notion là…

T : Je vais te répondre. Tu as raison, avec les thérapies que vous faites, les personnes viennent vers vous. Ils vous parlent d’un problème, d’accord ? Peut-être la première session, l’anamnèse. Donc on regarde est-ce que le problème est là ? Non  En vérité il n’est pas là, il est dans les concepts, il est dans les souvenirs, le rappel. Le rappel, ce souvenir est tellement fort

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que cela emprisonne la personne dans une vision du monde, dans un vécu qui pose problème, qui crée toujours du stress, tout le temps, par ce monde des souvenirs, des concepts, des conceptualisations, à quel point la vie est difficile. La personne s’est enfermée dans sa propre roue de hamster. Ok, là on peut améliorer déjà les choses. Est-ce que là vous allez travailler les concepts ? Oui, vous pouvez. Il y a des concepts pires que d’autres !

Comment allez-vous faire ? Je sais comment vous allez faire parce que la plupart d’entre vous je sais que vous allez essayer d’aller dans l’expérience. L’expérience immédiate de la vie, ça c’est la nature dépendante .

Par exemple vous allez faire un petit ancrage dans le corps avec la personne. Vous allez dire quand vous parlez par exemple de votre père qui vous a battu, vous ressentez ça quelque part dans le corps.

Il y a le corps qui réagit avec, vous allez essayer de créer un lien, comme dans le focusing, si des gens connaissent. Donc vous n’êtes plus totalement dans l’imaginaire. L’imaginaire se connecte, cause et condition, avec un vécu personnel mais qui est là maintenant, qui n’est pas juste imaginé, d’accord ?

Je peux poursuivre comme si c’était un processus de focusing ? Par exemple, il y a le cœur qui se crispe, la région du cœur qui est tendu, il y a comme un poids. Restez un peu avec votre sensation là, et regardez ce qui se passe. Oh oui ça commence à bruler un peu.

Vous demandez « et vous vivez ça comment ? ». Peut-être que la personne dit « ah oui là c’est un souvenir qui remonte quand mon père m’a pourchassé autour d’une table » Regardez encore et ne portez pas beaucoup d’importance aux concepts imaginaires qui sortent.

Vous ramenez toujours dans ce qui est le vécu immédiat de la personne en face, cause et condition qu’il travaille, et ça change encore. Là, la personne dit à l’autre « alors, je ne ressens plus la région du cœur mais ça part, ça s’ouvre un peu et la c’est plus la région de toute la poitrine, il y a toujours le poids. » ..je vous épargne la suite. La personne en fait est en train de raconter son histoire en lien avec le vécu physique. Le vécu physique change tout le temps, et vous faites découvrir quelle sensation qui a semblé assez figée au début, et même avec la peur d’y aller parce que ça fait trop mal, vous arrivez à mettre votre attention dedans et ça commence à travailler, à bouger, et là c’est le début de ce qu’on appelle la vraie nature.

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La vraie nature de la sensation c’est qu’elle change tout le temps et que dans sa véritable nature, ni la peur du père, ni la colère, ni la sensation du corps est saisissable. Elle ne peut pas être saisie.

Il n’y a rien de stable, de solide là dedans, donc vous utilisez comme thérapeute la véritable nature insaisissable des phénomènes qui change tout le temps, pour retrouver une fluidité de l’être, une fluidité d’abord dans l’expérience physique, puis une fluidité dans le vécu émotionnel et vous accompagnez ce processus en pleine conscience jusqu’à ce que la personne ait trouvé une forme d’ouverture, une solution, c’est le fameux shift dans le focusing. Quand il y a un shift, du felt sense. Quelqu’un peut traduire le felt sense, vous connaissez ? C’est le mot clef dans le focusing, c’est le « ressenti ». Par exemple on part du trauma, on part d’une situation difficile et il y a un sentiment très fort dans le corps qui apparait. Par exemple, de ma situation de travail, et du coup, paf, une douleur très forte dans l’épaule gauche, ça c’est le felt sense, c’est le sentiment accru de l’émotion dans le corps.

Et quand il y a un shift ça veut dire qu’il y a un dénouement de ce sentiment et du coup par exemple ça brule et ça lâche et il n’y a plus cette douleur, et un bien être dans l’esprit, ça c’est le changement.

YL : On parle de transmutation, c’est la même chose ?

T : Hum, ça a pas l’air une bonne traduction. Mais il y a un changement de notre vécu. Vous connaissez ça par votre expérience personnelle, de quelle manière il y a une solution qui apparait, il y a un changement énergétique et on accompagne la personne jusqu’à produire ce changement énergétique dans le vécu, et en même temps apparait une vision de la guérison dans l’esprit. Il y a par exemple, après la peur, la haine contre le père, un sentiment de compréhension qui émerge. Il y a une possibilité de vivre avec cette biographie qui apparait dans l’esprit.

Et ça c’est grâce au fait d’avoir utilisé les trois natures d’une manière intelligente.

On ne s’est pas laissé emporter par l’imaginaire, le conceptuel, dans des nouvelles ou anciennes fixations. On a lié ça avec ce qui est vraiment présent dans la situation , là dedans, en étant conscient de la véritable nature du vécu, on est allé dans la fluidité parce que tout vécu change. Il n’y a pas un seul vécu, aussi dépressif qui soit, qui ne changera pas.

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Et ça c’est la nature des choses, sans solidité. Et grâce à cela, en mettant la conscience là dedans, on dit « regardez, mais là c’est vivant, votre douleur est vivante, votre tristesse est vivante, mais elle n’est pas solide et la haine ne vous tue pas, restez avec, ressentez, ressentez, ressentez, et ça change, et ça évolue, et ça évolue et… une autre forme de respirer, à vivre, et là ça s’ouvre . Vous avez utilisé sans le savoir un aspect de la vraie nature pour soutenir un processus et en dépendance de cause et condition arrive une autre sensation dans le corps, un autre vécu émotionnel donc on peut à nouveau parler avec des mots dans l’imaginaire, dans le conceptuel, d’accord mais on entre dans une expérience, de transition, de transformation qu’on a vécu dans le concret, dans le corps, dans le sensoriel.

YL : Tilmann je me permets une question. J’ai un peu, ça fait quelques temps, quelques années, deux ans que je travaille vraiment avec des outils du focusing et l’approche méditation et un petit peu la psychologie bouddhiste…mais je vois bien en consultation par exemple, ce genre de pratique, la personne peut toucher ça, cette impermanence des sensations, du vécu. Il peut être très mal, très angoissé et puis tout d’un coup il sent que quelque chose s’ouvre, il lâche, il peut même y avoir une grande joie, une grande paix mais c’est très long parce qu’après les personnes peuvent rentrer chez eux et ne peuvent pas refaire ça. Elles ont pu toucher quelque chose mais là de nouveau, quand il va y avoir un vécu, c’est impossible de rentrer en rapport avec le vécu.

T : Faire le focusing avec soi même est très difficile parce que c’est toi, comme thérapeute, qui stabilise la conscience. Tu vois, c’est grâce à toi, à tes petits rappels que la conscience, la pleine conscience reste là, dans cette zone un peu difficile et douloureuse, sans s’en aller ailleurs. Si tu n’étais pas là, la tendance serait de s’enfuir .Tu joues le rôle de celle qui stabilise. Et c’est là, et d’autres l’ont remplacé à la maison, par une capacité de l’individu lui-même de stabiliser sa conscience là où ça fait mal. Et ça ce n’est pas donné à tout le monde

YL : c’est difficile

T : on doit devenir soi même presque formateur en focusing pour acquérir cette capacité. Et c’est cette capacité qu’on acquiert dans la méditation. La méditation c’est l’entrainement à notre autopilote, à ne pas fuir la difficulté et de pouvoir rester à l’endroit souhaité de notre vécu, dans la dimension souhaitée de notre vécu aussi longtemps qu’on le souhaite et de savoir quand ce sera le bon moment de le faire. D’accord, ça c’est la force de la méditation.

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P : attendez, il y a quelque chose qui me gêne parce que c’est le profil de quelqu’un un peu masochiste quand même de rester en position stable là où ça fait mal.

T : mais qui a parlé d’une position stable ? allongez vous.

P : c’est vous tout à l’heure, vous avez dit la capacité de restez en position stable même là où ça fait mal.

T : Ah, avec l’attention, est-ce que j’ai dit position ? j’ai voulu dire avec attention stable. Par exemple, vous avez une prise de tête avec vos relations de famille. Vous revenez, après un dîner à la maison, vous allez mal, vous avez un truc dans le dos, dans le ventre et vous vous dites « je ne veux pas me coucher comme ça. Je vais prendre un peu de temps ». Vous vous mettez dans votre fauteuil et vous restez avec une conscience bienveillante, toujours bienveillante, dans la région (corporelle) pour voir ce qui se donne. Et là, en restant avec –clac- ah, vous trouvez parce que c’est un travail associatif –clac-. C’était cette remarque là, cette remarque là pendant le repas, là, ça a stimulé ma colère, j’aurais dû dire quelque chose, je n’ai rien dit, je l’ai encaissé, j’ai avalé ma colère. Et là, grâce au fait de rester avec votre pleine conscience, tout détendu et plein d’acceptation à l’endroit qui fait mal, vous avez pu découvrir le déclencheur. Et maintenant c’est à vous de pouvoir prendre, là, une autre attitude envers cette situation, en apprendre quelque chose.

Donc ce n’est pas du masochisme, c’est pour se libérer plus rapidement des douleurs qui autrement s’entassent dans le corps et dans le psychisme.

Mais le contraire aussi est vrai. Ce n’est pas une attitude de recherche du bonheur simple, ou d’utiliser la méditation pour éviter la difficulté. La méditation n’est pas là, la méditation bouddhiste au moins, pour éviter la difficulté, pour se mettre sur un nuage agréable pour passer un temps agréable. Parce que ça ne sert à rien. Cet attachement à l’agréable va être la cause du prochain énervement, parce que le monde est comme il est, un peu de tout. Et les situations désagréables, elles, vont venir et si on cultive un attachement à l’agréable on se rend de plus en plus vulnérable par les choses difficiles de la vie.

Dans la méditation bouddhiste,on vise les mécanismes de la souffrance. On s’intéresse aux mécanismes de la souffrance, on va là où il y a problème et on regarde, on reste avec une bienveillance, une conscience bienveillante dans ce domaine, en s’acceptant soi même avec son incapacité et tout mais une recherche bienveillante pour découvrir la cause de cette tension et les moyens d’en sortir, sinon on reste avec eux.

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Ce que vous faites comme thérapeute avec, pour votre patient, vous faites ça tout le temps. Vous avez le courage d’entrer dans des zones difficiles et d’y rester avec bienveillance.Tout ce temps nécessaire pour trouver une sortie, et ça c’est génial, et il faut le faire avec soi même aussi.

YL : je me permets encore, je dirai, pour moi tout l’art du psychothérapeute c’est vraiment permettre à la personne d’entrer en rapport avec son vécu. J’ai l’impression que tout mon labeur, travail quotidien avec le patient, c’est juste les rendre curieux de leur expérience.

T : C’est une belle façon de le dire. Comme une sage femme qui accompagne l’accouchement de la nouvelle vie qui souhaite naitre. Et tu peux prendre du temps toujours pour accompagner toujours la nouvelle vie, parce que c’est pas avec ce que le patient arrive que tu vas accompagner ce qui est là maintenant, quand le patient est avec toi.

YL : et sur laquelle je n’ai aucune prise

T : aucune prise !

Yl : je ne saurai jamais son vécu

T : tu n’as pas fait l’enfant ! C’est une sage femme, c’est vraiment comme avec Socrate, même chose c’est de lui que vient cette image de sage femme. Dans ce travail là, beaucoup de bienveillance, beaucoup de patience, en soutenant la pleine conscience, de rester sur place et pas s’échapper tout le temps dans la nature imaginaire.

P : ça m’inspire une réflexion, à l’inverse sur ma propre souffrance, parfois face à une personne devant laquelle je me sens en difficulté. Et je repense, on parlait de sage femme. Je repense à une patiente qui voulait avoir un enfant mais qui ne voulait pas avoir de relations sexuelles

T : là il y a un problème 

P : pas pour elle, elle est partie en Belgique pour faire une insémination artificielle, et elle n’a pas voulu se faire accompagner. Même par une amie. Parce qu’elle ne voulait en parler à personne. Déjà, pour moi, c’était pas facile, mais je me suis dit, bienveillance, j’accompagne, voilà.

Elle venait un peu moins parce que parfois c’était difficile pour elle physiquement, etc, bon

Et puis ça n’a pas marché. Alors ce qu’elle a fait, elle a recontacté son ancien petit copain, qui s’était marié entre temps, lui se masturbait le matin et lui amenait son sperme. Elle prenait son truc ; Moi j’ai atteins mes limites là. C’est-à-dire j’avais du mal à être 100 % bienveillante

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Alors je sentais toujours ma bienveillance mais euh, j’avais du mal. Alors j’ai essayé de lui faire prendre conscience des conséquences, voilà. Et au bout d’un moment, j’ai pas pu quoi. Donc j’ai appelé une collègue qui a beaucoup travaillé, gyneco, psychanalyste, qui a beaucoup travaillé là dessus. D’abord pour me faire superviser et puis carrément, je lui ai repassé le bébé si j’ose dire. Et en fait, je pense de temps de temps à elle et je me dis qu’est-ce que j’aurais fait si je n’avais pas eu cette possibilité d’avoir à faire à une autre personne, parce que j’étais vraiment en difficulté. Alors j’ai creusé « alors ok, ça te fait quoi ? »

T : La situation est difficile. Vous avez déjà fait la supervision, bonne réaction du thérapeute de se faire superviser pour voir son côté propre, personnel. La question à moi c’est quoi ? Parce que moi, comme enseignant de méditation ou du Dharma, ou enseignant du bouddhisme, à quel niveau est votre question ? Est-ce que c’est au niveau de l’éthique ?

P : C’est au niveau de l’éthique

T : Quelle est la question ?

P : C’était jusqu’à quel point c’est juste pour moi de l’accompagner dans ce qu’elle est en train de faire. Et est-ce que, ce qu’elle fait, pour le moment, c’est ce qu’elle a à faire et ne pas faire autre chose. Et elle vient me voir pour que je l’accompagne. Elle est en souffrance, etc, et jusqu’à quel point je peux faire ça, dans mon âme et conscience.

T : Oui maintenant je comprends la question. Vous savez, du côté bouddhiste il n’y a pas de réponse à ça, que dire n’allez pas contre votre propre cœur contre votre propre conscience, parce qu’il n’y a pas une limite qui serait imposée par la religion bouddhiste ou le Dharma, où vous pouvez aller jusque là mais pas plus loin. La limite commence là où vous ne vous sentez plus en accord avec vous-même. Et c’est là où vous avez semblé demander de l’aide, vous avez fait le nécessaire.

P : tout à fait, et c’est bien que j’ai trouvé de l’aide, mais je me suis dit, si j’avais été au fin fond de la campagne, pas de confrère dans le coin..

T : vous savez il faut que je vous explique, le bouddhisme ; si on le prend vraiment comme il est, ce n’est pas une religion où les règles de vie, les règles éthiques sont tombées du ciel. Mais c’est en voyant les conséquences des actes, au plus large possible, qu’on arrive à dire, ah là ça produit plutôt de la souffrance, ou ça produit plutôt du bonheur et là vous êtes dans une situation difficile où vous avez le bonheur souhaité de cette femme qui veut devenir mère sans avoir de contact sexuel, mais

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vous voyez déjà que pour l’enfant ça va être un refoulement de la sexualité que cet enfant va avoir sur le dos en grandissant. Les difficultés d’avoir les mêmes gênes que son petit copain d’avant et le secret, vous voyez les difficultés qui vont introduire une tension, de la souffrance. C’est difficile et c’est ça , en sachant tout cela qu’on se dit, oui là il y a une difficulté. Mais il n’y a pas de règles strictes. Il n’y a pas quelqu’un de l’extérieur qui pourrait dire mieux que vous et la femme en question, ceux qui connaissent vraiment la situation, ce qui pourrait être le plus sage à faire.

P : Et en fait du coup moi j’en avais parlé autour de moi, personne n’avait envie de prendre cette dame en thérapie. Après je me suis donc dit, ma responsabilité, je ne peux pas la laisser tomber comme ça quoi, et j’étais alors bien contente de trouver quelqu’un. Mais après je me suis dit qu’est-ce qui prime ? Est-ce c’est ma responsabilité ? Accompagner une personne qui en a besoin, quitte, à moi, voilà, je travaille parallèlement sur ma souffrance, ou est-ce que je la laisse tomber ?

T : dans l’approche thérapeutique, je ne dis pas du tout que c’est comme ça que ça doit être, moi je propose un contact entre thérapeute et client où le thérapeute montre un peu plus de soi même. Donc ce sera le moment de dire à la personne « je touche à mes limites et j’ai du mal à vraiment vous suivre dans ce processus » et d’engager un dialogue plutôt que juste écoute et soutien. Mais c’est un dialogue où vous êtes femme vous-même, peut-être mère, vous êtes là avec vos sentiments et vous ne vous cachez pas avec ces sentiments et ça peut être même très guérisseur pour la personne en face si vous vous présentez vraiment comme tout être humain qui est touché. Et vous n’êtes pas au dessus, vous êtes touchée par cette histoire et là c’est une approche très humaine. On n’est pas dans cette abstraction thérapeutique qui est venue un peu de la psychanalyse, mais aussi bien d’autres thérapies où le thérapeute ne montre pas ses sentiments, je dis non.. Je ne suis pas en faveur de ça à tout prix. Abstinence professionnelle oui mais pas quand ça touche des points qui vont aussi loin que ça. Ça c’est personnel. Ce n’est pas le dharma le bouddhisme qui dit ça mais c’est mon expérience de vie et de rencontres que j’ai fait avec des thérapeutes comme Edward Podvoll qui avait une approche de rencontre complète avec les patients et ça peut aller jusque là ; Il y a l’abstinence totale et moi je me situe un peu entre... L’abstinence oui mais montrer aussi qui je suis.

P : J’aurais peut-être envie de réagir aussi par rapport à ce cas en disant peut-être qu’on peut questionner la personne sur ce qu’elle vient chercher dans le processus thérapeutique. Est-ce qu’elle vient chercher une aide pour faire ce qu’elle veut ? ou est-ce qu’elle vient chercher la

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compréhension de la difficulté qu’elle éprouve pour faire ce qu’elle veut ou pour comprendre pourquoi elle a des difficultés dans l’autre sens. Mais en quelque sorte peut-être d’essayer de l’amener en tous les cas dans ce questionnement et à ce moment si ça n’est pas sa démarche, de lui dire que justement notre rôle c’est de l’aider à cette démarche et en particulier non pas de juger ce qu’elle veut faire mais pourquoi elle a peur. Pourquoi elle éprouve cette difficulté, ou à l’inverse pourquoi elle éprouve une difficulté à faire ce qu’elle veut faire ?

Voilà, en d’autres termes et ne pas hésiter à dire ses propres limites. Peut-être en tant que thérapeute se redéfinir, ne pas se laisser enfermer dans l’attente de l’autre qui est parfois de valider ce qu’il veut.

P : ça, ça faisait déjà un certain temps que je l’accompagnais, elle venait pour autre chose, c’était pas si simple

T : Je lève mes mains pour ne pas rentrer dans une supervision de groupe., ce qui est très bon une intervision, ce serait super mais pas maintenant.

Donc la pause, on va faire encore une pause et on va reprendre avec un exercice de méditation.

PAUSE

(Audio module 7)

Méditation   ; Observation de la nature des pensées

Je vous invite à une méditation.

Essayons d’être présent de la manière la plus simple possible. Il y a le ressenti physique, voir, entendre, sentir, goûter, être conscient de ce qui se passe, les mouvements dans notre esprit, toute la dynamique dans notre esprit, des fois en rapport avec les sensations extérieures, des fois tout seul.

Peut-être pouvons-nous, pour quelques instants, lâcher tous les commentaires sur ce que nous vivons, et juste être.

Quand il y a pensée, être conscient de penser. Quand il y a écoute, être conscient d’entendre. Quand il y a ressenti physique, être conscient de ressentir. Ne chassez pas les pensées, mais laissez-les se manifester dans ce grand espace de la conscience, sans saisie.

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Faisons une petite recherche. Une pensée qui n’est pas saisie, dure combien de temps ? Produisez une pensée, et regardez. Prenez un mot, et prenez peut-être une pensée un peu émotionnelle, elle dure combien de temps ?

Je vous aide avec quelques exemples. Regardez votre esprit, quand je propose des pensées : éléphant, un éléphant rose qui danse, les Champs-Elysées, ma mère, trois pigeons sur le toit, bonheur, tristesse, rien, deux fois rien, l’inspire, l’expire.

Merci beaucoup.

Clochettes (2 fois).

Avec ces cymbales, au Tibet, on appelle les êtres pour manger. Quand on fait comme ça (clochettes, 2 fois), c’est comme si on disait : « Venez, venez, il y a des bonnes choses ici, de l’eau, de la nourriture, et tout, des offrandes d’eau, de nourriture ». Ici l’offrande, c’est le Dharma, c’est l’enseignement.

Quelle durée a une pensée ? Que pouvez-vous en dire ? Sans devenir philosophique.

Participante : Ca dépend desquelles.

T : Ah, ça dépend desquelles.

P : Oui.

T : Dis-moi un peu, tu peux me donner trois ou quatre catégories, ou… ?

P : Non, c’est dans ce que j’ai vu, dans ce que j’ai observé.

T : Oui. Alors quels exemples ?

P : Il y en a, si je les regarde ça disparaît tout de suite.

T : Oui. Juste un exemple de cette catégorie ?

P : Eh bien, les premières. Je ne me rappelle plus ce que c’était.

T : Eléphant ?

T : Oui.

P : « Ma mère »….

T : (rires) Ah, « ma mère »…

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P : Je ne sais plus ce que tu as dit après, je n’ai pas pu décrocher de ma mère.

T. Alors, « ma mère », et des pensées bien plus longues. Il y a une connotation émotionnelle d’une importance… D’autres observations ?

P : Des pensées négatives : « rien », « deux fois rien »…, « la tristesse »

T : Qu’est-ce que ça fait ?

P : Ca fait rebondir sur l’inverse. J’essaie d’évacuer.

T : Oui, il y a une réaction. Tu as ressenti une réaction à l’intérieur.

P : Oui, je l’ai évacuée tout de suite pour repartir sur la joie, et…

T : Bon, correction immédiate (rires). D’accord. Ok. Intéressant.

YL : Quand tu as parlé de la question de la durée, comme j’ai écrit il y a quelques jours justement un petit texte sur le temps, la question du temps, en citant Etienne Klein, sur la physique du temps, que le temps en fait ça n’existe pas, nanana, qu’en fait c’est juste une succession d’instants présents qui ne sont jamais les mêmes, l’impermanence… Et là, j’ai vraiment essayé de regarder la durée, vraiment. Pas la durée émotionnelle, ou « est-ce que j’ai l’impression que c’est un magma de pensées », mais…

T : Oui, et alors ? Ca dure combien ? La réponse ?

P : Oui, non mais… (rires). J’ai vu qu’il y a un phénomène. Mais je ne peux pas dire combien de temps ça dure.

T : On peut l’aider ?

P : Ca dure l’instant présent ?

YL : Mais non, ça a l’air de durer un peu plus !

T : Est-ce que ça dure un peu plus que l’instant, ou est-ce que une pensée et un instant , c’est la même chose ?

YL : Non, mais oui, c’est ça, en regardant le phénomène apparaître, je me suis dit : « Tiens, l’instant ça a quand même une consistance ». je veux dire, ça a une durée, mais je ne sais pas combien ! » (rires).

T : « Mais est-ce que c’est la même pensée, ou est-ce que c’est la réitération de la même pensée, qui semble durer ?

P : Oui, c’est ça, je savais pas.

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T : Alors, les autres ?

P: Moi, c’est tout-à-fait ça. Au début, quand vous avez dit : « Produisez des pensées » (pensez à une table rouge, ou je ne sais plus quoi), et ça se répétait : « table rouge, table rouge… », comme si c’était effectivement une réitération, exactement.

T : Oui, et alors, d’autres observations.

P : C’est en rapport avec l’écho émotionnel. Moi aussi, sur la mère, il y a eu comme un temps d’arrêt plus long, alors que j’ai laissé s’envoler l’éléphant et les pigeons.

T : Ah, ok, ils se sont quand même envolés, les pigeons. Il y a quand même une certaine histoire.

P : Oui, mais ça ne m’a provoqué aucune émotion. Donc, oui, je les ai imaginés…

T : Ah, tu les a quand même imaginés, tu les as vu. Ah oui, quand même.

P : Tandis que quand même, là, sur la mère, ça a déclenché une réaction émotionnelle. L’instant n’est pas le même. L’instant sur les pigeons, c’est même pas le quart de l’instant de l’image de la mère.

T : Intéressant. Alors, entendre les trois pigeons sur le toit, les voir et les laisser s’envoler, ça fait combien d’instants? (rires). Ca allait très vite. Trois instants très vite.

P : Je dois être une fille dénaturée pour ma part, parce que mon expérience est assez différente. En fait, l’éléphant : moi dans ma tête, j’ai toute l’encyclopédie des éléphants de A jusqu’à Z, de la taille de l’éléphant au bout de la tête, enfin, tout ça. L’éléphant rose qui danse, moi à partir du moment où il y a une image, je me jette dedans avec délices . L’éléphant rose, il a dansé au moins pendant 5 secondes ! C’était un vrai bonheur !

T : Il a dansé avec quelle musique ?

P : J’ai pas écouté la musique. Il n’y avait pas de musique. Il y avait un éléphant rose qui danse.

T : Et, il y avait un environnement ?

P : Oui, plus ou moins, enfin, très peu, mais il y avait quand même un éléphant qui danse. Je ne saurais pas trop détailler. Je suis presque capable de citer toute la liste des mots qui ont été donnés, parce qu’ils sont inscrits plus ou moins là.

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T : Tu as vécu quelque chose.

P : Ben oui. Mais c’est tout le temps comme ça, ça m’énerve, ça fatigue. Pour ce qui est des mots qui ont un sens abstrait comme « bonheur », « rien », moi, la pensée elle passe très vite, parce que c’est juste un mot, c’est un contenant mais je ne mets pas de contenu. Donc, je peux très bien ne pas mettre de contenu là-dedans, c’est une découverte, j’en suis ravie !

Et ma mère… Eh bien non, j’ai vu son image, et puis « Zou ! ». C’est parti, quoi.

T : Ok, voilà. Très bien. Vous avez remarqué, elle a parlé de cet épuisement de réagir à chaque mot qui était dit avec un vécu, et bien sûr les pigeons sur le toit, ce qui peut leur arriver, tout.

P : Ca m’a permis de constater qu’effectivement, un mot qui pour moi est un peu neutre comme éléphant, passe vite. L’éléphant rose qui danse, c’est moins immédiat. Alors ça prend plus de temps, parce que je me représente : « Comment, sur quelles pattes…, habillé avec un tutu, machin… » Donc ça prend plus de temps de le concrétiser, parce que, à la base, il n’existe pas. « Ma mère » dure un peu plus longtemps, et ça ne va pas être une pensée, ça va être effectivement une sensation, une émotion, qui va s’exprimer, mais il ne va pas y avoir une phrase. Et j’ai été très agréablement surprise de découvrir qu’un mot comme « tristesse », ça fait rien. Donc, j’ai été surprise : « Tiens, pourquoi tristesse, il ne me fait rien ? » Il passe très vite. Parce que si en ce moment, je ne connecte pas volontairement (des fois, c’est involontairement) à une situation triste, « tristesse » tout seul, ça ne fait rien.

T : Oui, j’aurais dû dire « La petite Maryse triste ».

P : Oui, là ça aurait peut-être été différent.

T : Mais c’est bien de voir la différence.

P : Eh bien, là, j’aurais eu une image 

T : Absolument j’ai fait exprès de vous donner des fois une image, des fois rien, des fois un peu, pour que vous voyiez les différences.

P : Et en même temps, je rebondis aussi sur ce que tu disais, par moment, je me demandais si c’est la pensée qui durait, ou si il n’y avait pas une réitération de la pensée. Parce que j’avais dans la tête cette foutue question que tu nous as posée : « Combien de temps ça dure ». J’ai essayé de mesurer !

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P : Moi aussi ! pareil !

T : Et je n’ai pas encore eu la réponse. Elle était la plus proche.

P: Moi, j’ai fait un film. C’est-à-dire que au moment où on est arrivés à l’image de ma mère, j’ai vu ma mère, et à un moment c’était ma mère, descendant les Champs-Elysées sur un éléphant rose, avec des pigeons qui volaient au-dessus de la tête ! (rires). Et au moment où je suis dans ce film, tu parles du « rien », « deux fois rien ». Eh bien, deux fois rien, c’est rien, parce que deux fois zéro, c’est zéro, et l’infini de l’infini, c’est l’infini… (rires). Et là, je me suis dit : « Tiens, est-ce que tu es en train, là, de faire une fixation ? ». Et je me suis dit : « Il ne faut pas que tu oublies de poser la question ».

T : « Rien », et « deux fois rien » a déclenché un processus conceptuel, de cogiter sur « mais le rien, le deux fois rien, c’est pas différent » et tout. Et, tu te rappelles, en quoi, maintenant. Donc ça laisse bien des traces. Et pourtant, c’était deux fois rien.

P : Moi, j’ai eu le sentiment de plonger dans la pensée, dans la source, dans le fondement de la pensée elle-même, comme s’il y avait une matière.

T : D’accord, et il est où le fondement de la pensée ?

P : Ah ben, j’ai pas trouvé, mais j’ai vu quand même que l’instant, c’est pas rien.

T : Tu es encore dedans ?

P : Non, mais, euh, non, ben, non. Mais la durée ? Enfin, bref, je… (rires).

P : La notion du temps, c’est très compliqué, je pense.

T : Je vais vous en parler, parce que c’est très important.

P : Du coup, à partir de cet échange, j’aurais dit : « Eh bien, ça ne dure pas ». la pensée, elle ne dure pas. Il y a un enchaînement derrière, mais c’est une autre pensée, qui amène une autre pensée, qui amène une autre pensée...

T : Est-ce que tu es prête, est-ce que tu oserais signer ce que tu viens de dire ?

P : Oui.

T : Maryse, aussi, tu dis oui ?

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P : Je n’ai pas tout-à-fait le même point de vue. La première pensée, elle dure quasi rien, enfin c’est très bref, et puis après c’est autre chose qui s’enchaîne, qui s’enchaîne…, mais c’est pas : la 1ère pensée.

T : Alors quand une personne dit : « Mes pensées me pèsent », qu’est-ce qu’elle veut dire ? »

P : Qu’elle tourne en rond, qu’elle revient, qu’elle revient ; P : Qu’elle tricote ; P : Qu’elle devient une obsession.

P : Finalement, la pensée, elle dure autant de temps qu’on lui accorde du crédit.

T : Génial. Ca, c’est la réponse. Et en plus, ce n’est pas la même pensée qui dure, elle est réitérée. Elle est gardée vivante en la refaisant encore et encore. Et pour pouvoir la refaire encore et encore, souvent on prend le soutien d’une image. C’est plus facile de voir l’éléphant et de le garder présent. Les trois pigeons sur le toit, je peux encore les voir ! Ca, c’est une pensée qui dure et qui dure. C’est la même sorte de pensée, qui recrée encore et encore. La pensée en elle n’a pas de durée. N’a pas de durée. N’a pas de poids. Elle ne pèse rien, elle ne laisse pas de traces. Une pensée est inoffensive. Elle ne peut rien faire. Elle n’a pas de pouvoir. Elle n’a même pas le pouvoir de rester. En elle, de soi-même, d’elle-même. Une pensée n’a pas le pouvoir de rester d’elle-même.

C’est une autre force qui fait rester la pensée. Prenons l’exemple de la mère, où la plupart de vous ont réagi, avec quelque chose qui fait que ça évoquait un processus antérieur qui a duré un peu plus longtemps. Alors, qu’est-ce qui fait durer la pensée ?

P : Ben, l’émotion !

T : Emotion, souvenir, identification. P : Cognition. T : Ah oui, s’il y a enchaînement avec d’autres pensées, tu veux dire, par exemple ? Du coup, il y a eu enchaînement. Le « rien », ça a pas duré, mais le « rien » avec la chaîne de pensées après, et le « deux fois rien », avec en comparaison les deux… Ca, ça nous préoccupe. Parfois, dans une façon de parler, on dit : « C’est une pensée ». Non, il y a plein de pensées là-dedans. Plein, plein de pensées. Donc c’est difficile à énumérer en totalité. La pensée « mère », elle, « ma mère », ce sont quelques consonnes avec quelques voyelles. Ce que ça évoque : est-ce que c’était des chaînes de pensées ou est-ce que c’est du ressenti plutôt sans concept ? Vous voyez un peu où je veux en venir ?

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Quand on dit « ma mère », dans mon esprit, je n’ai pas de pensée conceptuelle, mais je ressens beaucoup. Est-ce que on appelle ça une pensée ? C’est un mouvement mental, c’est une émotion.

P : C’est l’impact de la pensée ?

T : Voilà, c’est l’impact de la pensée ; P : La résonnance ; T : Et dans le bouddhisme, tous ces événements mentaux, tout ce qui se fait, tout ce qui est image, par exemple, les trois pigeons sur le toit : presque tout le monde les a vu. J’ai fait exprès. Cette image n’est pas une pensée conceptuelle. On ne s’est pas dit »Et le toit est rouge, et tout, et il faut que je construise tout ça ». On l’a vu, et après, on peut encore nommer. On peut décrire. On n’avait pas besoin de se dire : « Et les pigeons sont gris, avec des boutons noirs… » Non ! On n’avait pas besoin de se dire ça. On les voit. Et ça, c’est rapide. C’est d’une vitesse incroyable, beaucoup plus rapide que la pensée conceptuelle. Et ces pensées-là – je les appelle aussi pensées, ce sont des mouvements mentaux, ce sont des pensées non-conceptuelles. Je voulais vous amener à la différence. Parce que réfléchir sur les « rien », les « deux fois rien qui est quand même rien», ça c’est tout dans le conceptuel. Ca se passe aussi avec une grande vitesse, mais voir une image, ou ressentir les liens affectifs avec sa mère, ça ce n’est pas conceptuel. Ce sont des mouvements de l’esprit, donc, des mouvements mentaux qui sont d’une vitesse supérieure encore. Et ce sont ces mouvements-là qui construisent notre monde.

P : Moi, j’avais l’impression que quand je voyais, quand je ressentais, c’est plus long que quand j’entendais l’abstraction. J’avais le sentiment que la durée était plus longue.

T : Exact. Donc, ce que je veux vous expliquer, c’est, avant que je parle, avant que je fasse une phrase, c’est déjà clair ce que je veux dire. Ce que je veux dire ne se formule pas en mots dans ma tête, et après, je sors les mots ; mais il y a la clarté du ressenti, et ensuite, en formulant la phrase, je cherche ces mots. Et c’est la même chose dans la pensée, quand on pense pour la plupart du temps, ce qu’on exprime par la pensée conceptuelle était déjà vu, compris, ressenti, pré-conceptuel. Avant les concepts. Et c’est ça qui construit le monde. Ces mouvements-là, c’est là que attachement-aversion joue tout de suite. « La mère » : ça va tout de suite. « Mon père ». « Mon ami le plus cher ». Vous regardez un appareil, vous regardez des fleurs avant même de nommer « fleurs » et d’identifier de quelles fleurs il s’agit, vous avez déjà un sentiment d’attachement-aversion. Il y a déjà réaction, tout de suite. Je te regarde, je vois tes yeux, et je sais déjà la recherche antérieure avant de formuler une question. Vous voyez, là je formule ce que je vois mais, ça c’est même pas une

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dizaine de seconde, c’est un seul regard. Et déjà, le processus mental se fait déjà de « interprétation de ces yeux ». Ce que je crois, moi.

Vous voyez, à quelle vitesse…. ? Vous connaissez ? Ces personnes qui vont chez le dentiste. On a fait des expérimentations pour voir à quelle vitesse ils décident sur quelle chaise ils vont s’asseoir ? C’est dans une fraction de seconde, ouvrant la porte, une fois ils regardent la scène, ils savent déjà où s’asseoir. Et après, quand on leur demande, il y a des sentiments agréables et désagréables, là où il y a des courants et là où il y a des lumières. En rapport avec ce que je veux faire dans ma salle, il y a eu une multitude de pensées dont la personne se rappelait, et qui s’est fait dans une fraction de seconde, pour prendre la décision de où la personne va diriger ses pas.

C’est à cette vitesse-là, et cette vitesse, elle est non-conceptuelle. Et pour la plupart de nous, elle est inconsciente. La plupart des événements émotionnels sont d’une vitesse de réaction émotionnelle qui est inconsciente, qui est très très rapide. Et c’est après qu’on met les phrases dessus, c’est après qu’on formule. Là, dans la formulation, ce n’est pas le même vécu qu’on a eu avant, là déjà il y a la justification qui entre, il y a la description. Celui qui veut se cacher ses propres motivations, se raconte déjà une autre histoire que le premier instant du vécu. On ne veut plus savoir qu’il y avait une forte dame assise dans le coin gauche qui a fait qu’on s’est mis dans le coin droit (rires). Non, on se raconte une autre histoire : « Ah non, c’était pour la lumière ».

Vous voyez, il y a déjà la déformation du vécu initial, par le conceptuel, dans notre propre vécu, avant d’en parler à d’autres.

P : Excuse-moi, je me permets un point très précis, ça me fait penser, pour les psychotiques, les personnes schizophrènes, on a fait des études sur les cognitions, et l’analyse du contexte chez les personnes qui présentent des psychoses. Les chercheurs ont montré que les personnes ont l’information, mais elles ne traitent pas le contexte. Donc elles ne passent pas l’étape dont tu parles, justement d’analyse conceptuelle, mais elles restent ancrées sur la perception première. Et un des exemples qu’on donnait…

T : Mmm, oui et non…

P : Un des tests qu’on fait, c’est : « Est-ce que vous aimez l’araignée à l’échalote ? » et la personne doit dire qu’est-ce que c’est, est-ce que c’est un morceau de viande ou un insecte, elle va répondre un insecte. C’est-à-dire qu’elle n’analyse pas le contexte parce qu’il y a de l’échalote. Et je me demande, en t’entendant, si ce n’est pas justement une information première, qu’ils ne traitent pas.

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T : L’information, l’observation est correcte, mais l’interprétation est erronée. Parce que la personne psychotique, elle interprète les choses dans son propre contexte, pas dans le nôtre. Elle est dans un autre monde. Et dans son monde, par exemple, le fait que la porte se ferme a un autre contexte que le courant d’air que tous les autres ont remarqué. Dans son contexte, il y a peut-être quelqu’un derrière la porte, ou autre chose, il y a autre contexte, autre information qu’elle en tire.

P : Mais l’information première est comme tout le monde, par contre, comme tu décrivais.

T : L’information première, c’est : Tout le monde voit la porte se fermer. La plupart des gens vont se dire : « Il doit y avoir un courant d’air ». Mais il y a bien d’autres possibilités. Il peut y avoir un chat derrière qui pousse la porte, il peut y avoir un être invisible, il peut y avoir toutes sortes de possibilités. Et comment un psychotique choisit son interprétation, ça montre beaucoup dans quel monde intérieur il vit. Donc, en travaillant avec des psychotiques je donne beaucoup d’importance à vouloir essayer de comprendre dans quel mode de fonctionnement, quelle vision de la vie ils ont. Ca me renseigne beaucoup sur les angoisses, les tendances cachées qu’ils ont dans l’état normal. Ce n’est pas pour rien que quelqu’un développe une mégalomanie, par exemple. Ce n’est pas pour rien qu’il y a une phobie de la pauvreté. Il y a des raisons ; il y a vraiment dans le conditionnement de la personne, il y a déjà les graines de ce qui devient plus tard une psychose. Qu’on ne peut plus voir, mais il y a des mécanismes.

Bref, ça c’était pour les interprétations avec un impact, tu vois, par exemple un mot, peut entraîner différentes réactions chez chaque personne. Et ça, plus on est orienté à peu près dans le groupe social, plus on a des réactions communes. A peu près en tous cas. Mais par exemple, c’est intéressant qu’il y a une personne qui a rebondi de tristesse, tout de suite, en redéveloppant la joie. Ca ce n’est pas une réaction que tout le monde va partager. D’autres se contentent de ne pas réagir au mot « tristesse », donc déjà ça.

Vous voyez les différences personnelles, et ça joue avec chaque impression sensorielle, chaque mot, chaque son qu’on entend, chaque odeur, chaque toucher. Si on touche différentes personnes de la même manière, chacun va avoir un vécu différent. Donc, si on voit ça, je reviens à la vitesse de la pensée, que normalement une pensée n’a pas de poids, pas de durée, on pourrait être complètement libre, mais on ne l’est pas, à cause de nos réactions. Et ça commence à peser, ça fatigue. Une journée pleine de réactions, c’est très fatigant. Une journée avec moins de réaction, en pleine conscience, est beaucoup moins fatigante. Imaginez

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une journée passée en voyant tout ce qui apparaît, la nature illusoire, la nature insaisissable de tout ce qui apparaît, est encore moins fatiguant. Ca nous fait préserver l’énergie vitale qui normalement, est perdue dans la saisie, dans la réaction, dans les chaînes de pensées, essayer de revenir dans l’instant, rattraper ce qu’on n’a pas, remarquer entre temps qu’on était parti… Ouh, la vie de la saisie est dure ! Fatigante.

Et pour nous, dans la thérapie, si on part sur cette compréhension qu’une émotion, une pensée, n’ont aucun pouvoir, s’il n’y a pas identification, s’il n’y a pas fixation, si on ne donne pas l’importance, comme tu disais, ça c’est la base. C’est la base pour toute thérapie.

Ce n’est pas nier l’impact des émotions, des souvenirs, des pensées, mais ça ouvre la porte que tout est possible. La libération est possible si on arrive à défaire les forces de la saisie, les forces de l’identification, les forces de la fixation. Si on arrive à retrouver la nudité de l’esprit, tout se libère de lui-même. Ca c’est le mot-clé dans le bouddhisme, l’auto-libération de la pensée, l’auto-libération des émotions. RIEN A FAIRE. Point final.

C’est l’auto-libération de la pensée, de tous les mouvements mentaux, qui est la clé de l’Eveil et qui est la clé de la guérison. C’est la fluidité de l’esprit qui permet de retrouver l’auto-libération des pensées ; on n’a pas besoin de les chasser, ça se fait tout seul, parce qu’elles ne durent pas. Et ce qui empêche l’auto-libération des pensées, ce sont les différents degrés, les différentes intensités de fixation, identification, solidification. Et notre travail, si c’est un travail thérapeutique, ou spirituel avec nous-même, d’auto-guérison, c’est ce travail-là, d’avoir de la fluidité de l’esprit.

Je vous remercie, et je fais une petite dédicace, en silence, pour le bien de tous.

FIN DE LA JOURNEE DU SAMEDI 29 MARS 2014

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DIMANCHE 30 MARS 2014

Questions sur les retraites de 3 ans

Ce sont des retraites à plein temps. En ce moment il y a un couple qui a des enfants adultes, déjà des petits enfants, qui se sont dit qu'il ont envie de donner leur énergie pour découvrir plus, il y a un jeune super motivé qui a fait la retraite de 3 ans en groupe, et qui avait aussi envie de continuer.

P : ce n'est pas trop difficile au début de s'adapter?

T : au début c'est difficile, mais après quand il y a cette flamme, cet élan du cœur de vouloir le faire, ça devient facile, ça devient même super. On ne rencontre pas tant de difficulté. Quand on doit lutter, quand l'être n'est pas entièrement dedans, là c'est difficile, mais quand tout va dans cette direction c'est une grande joie.

P : et apparemment 3 ans c'est une durée qui est installée dans l'idée? Vous parliez hier de retraite de 3 ans que d'autres personnes avaient fait?

T : oui, c'est une durée habituelle et il y a une raison derrière: c'est ni trop court, ni trop long. Quand on fait un an on voit déjà la fin quand on commence, quand on fait deux ans ça va, quand on fait 3 ans on ne voit pas bien la fin. Il y a un temps suffisamment long qui nous permet d'abandonner toutes les idées pour après car on ne peut pas bien prévoir sur si longtemps. Et cela est un grand avantage parce qu'il faut arrêter d'avoir des projets quand on entre en retraite. On ne fait pas de la méditation profonde pour devenir quelqu'un, pour faire des super projets: " une fois que je sors de retraite je vais enseigner à tout le monde". Non, ce n'est pas le but.

Méditation   ; se détendre

Commençons avec une petite méditation contemplation:

Dès qu'il y a silence, notre vécu physique et aussi émotionnel devient plus apparent...

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Il y a l'inspire, l'expire, mais c'est comment exactement d'inspirer et d'expirer? Si on va dans l'expérience elle même, elle est comment?...

Regardez jusqu'où vous pouvez poursuivre la sensation de l'inspir, et de l'expir...

Est ce qu'on peut les ressentir aussi dans le ventre?...

Est ce qu'il y a peut être même des sensations dans le dos?...

Même peut être dans le pelvis...

Regardez peut être même plus loin, dans les jambes on peut ressentir de petits changements dus à l'inspire et à l'expire...

Même les épaules bougent, et les bras...

Et encore la nuque, le cou...

Permettez vous de devenir fluide, autour de la sensation de la respiration. C'est comme s'il y avait un massage de tout le corps entier...

C'est tout le corps qui respire...

Le Bouddha parlait de tout le corps qui respire...

En inspirant soyons conscient du corps qui respire, et en expirant soyons conscient du corps qui respire...

Ça respire tout seul, on n'a rien à faire...

Permettons à notre esprit et à notre corps de devenir fluides, à l'exemple du souffle, à l'aide du souffle...

Aussi détendu et confiant que possible parce qu'il n'y a vraiment rien à faire, il n'y a pas besoin de faire une bonne méditation...

Si cela vous aide imaginez que vous êtes un Bouddha assis sous l'arbre d'éveil, sans souci, rien à craindre, confiance totale...

Tous les sens ouverts, le ressenti physique, l'ouïe, la vue, l'odorat, le goût, et l'esprit, la conscience de ce qui est, conscience des mouvements mentaux, et conscience de la nature illusoire, passagère, insaisissable...

L'esprit est libre, et cette profonde libération de toutes les pensées de tous les mouvement mentaux...

Rien ne reste par lui même, si ce n'est pas de l'importance qu'on lui accorde...

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Pas besoin de lutter, pas besoin d'être quelqu'un d'autre: la vie se vit toute seule, pas besoin du Moi...

Et si vous abandonniez à nouveau l'idée d'un chemin à parcourir? Pas besoin d'aller où que ce soit. Comme le Bouddha assis les yeux ouverts, les sens ouverts, sans rien refouler...

En Pleine Conscience...

Vous remarquez peut être de petites impulsions de compliquer à nouveau cette méditation: lâchez tout cela...

Revenez encore et encore à la simplicité de l'être: juste être, au plus naturel, au plus détendu...

Pas de tâche à accomplir...

Cloche de fin

Regardez bien ce que vous faites là tout de suite... Ce sont les petits mouvements dont vous aviez besoin, permettez les en pleine Conscience. Ces petits mouvements, c'est de ça que votre corps, votre organisme avait besoin, pour vraiment trouver sa fluidité.

Restez fluides

Si après une méditation on n'a pas besoin de bouger, ça montre que l'on était détendu...vous voyez? Parce que là même si je vous ai dit "permettez le fluidité, restez naturels", vous vous êtes subtilement bloqués dans la recherche de quelque chose.

Je vous ai dit "rien à faire, pas de tâche à accomplir", vous étiez quand même en train d'accomplir une tâche, c'est tellement profond, à toujours vouloir bien faire. Moi je suis là, je suis assis comme j'ai médité, pas besoin de changer avant et après, la méditation elle est là, toujours. Comme vous êtes là maintenant, vous êtes bien là. Si maintenant je dis, on va méditer, il n'y aurait rien à changer, rien... Vous êtes bien là. Vous avez trouvé pour le moment la posture qui vous convient. Pas besoin de changer.

La vraie nature ne se trouve pas ailleurs, elle est toujours là, en ce que vous vivez, là tout de suite, nulle part ailleurs. Elle ne part pas si vous faites un mouvement. Si je regarde vers la droite, vers la gauche, la vraie nature elle est toujours là. Elle est quoi? C'est cette émotion insaisissable de l'être. Être, on ne peut pas se séparer de ça. On n'y arrive pas. Même si on voulait arrêter, du fait même d'être là, d'être conscient, même après la mort ça continue toujours "être". Donc pas de souci à se faire. Quand on

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dit on va méditer, peut-être pour mieux recevoir la bénédiction (il change de posture)...non non ça ne va pas comme cela, non non il faut que je crée de meilleures conditions pour recevoir la bénédiction, je vais me mettre en meilleure posture... Vous voyez, on cherche, on est dans l'attente de quelque chose comme si ça venait d'ailleurs.

Mais attendez, qu'est-ce qu'on est en train de faire là? Vous connaissez ce jeu d'enfant? Tout le monde joue et il y en a un qui tape des mains et tout le monde s'arrête là où il est. Si vous pouviez faire ça et à n'importe quel moment vous demander "être c'est comment là maintenant?" Ah oui, c'est tout ouvert, ah oui, c'est vivant quoi! Et je n'arrive pas à dire qui je suis, mais je suis bien.

C'est une énigme: je ne connais pas le moi, mais le moi ça va. Vous voyez? Pas besoin de me coincer là pour trouver la vraie nature, non... Il y a des postures qui aident pour rendre la fluidité. La posture en 7 points, ça aide parce que cela fait circuler les énergies. Mais pour quelqu'un de normal ordinaire, quel effort à fournir ! Et la plupart des gens quand ils prennent une posture comme cela ils s'éloignent de leur vraie nature car c'est trop. C'est bien pour les énergies mais c'est trop d'effort.

La plupart de nous on est au plus proche de la détente, quand on détend aussi le corps, parce que ça aide aussi à détendre l'esprit. Finalement la détente du corps n'est pas très importante, c'est l'esprit qui doit être détendu. Donc on peut être détendu dans l'esprit dans un effort. Prenez un objet, là par exemple un objet que vous pouvez tenir: là c'est la force (cloche dans une main fermée tournée vers le bas. Si on ouvre la main la cloche tombe) et là j'applique la même force et tout mon esprit devient détendu (cloche dans la main ouverte paumé vers le haut, la cloche ne tombe pas). On peut utiliser la force sans tendre son esprit. C'est la même force.

Et ça on peut le faire en tout ce que l'on fait dans la vie, on peut fournir des efforts énormes, détendu, dans la joie, dans l'ouverture. Se détendre cela ne veut pas dire devenir mou, ou stupide, pas du tout, on est juste fluide. On fournit l'effort nécessaire. Et je suis stupide parce que je fournis un effort qui n'est pas nécessaire. Je peux relâcher, mais jusqu'à ce que l'objet ne tombe pas, je ne vais pas relâcher plus. Ça c'est l'effort nécessaire. Et ça, c'est à apprendre.

Comment détendre l'esprit d'abord dans la détente maximale, et puis avec des petites choses à faire: la méditation en marchant, c'est une activité déguisée, on commence à apprendre à détendre l'esprit en faisant une petite activité. Les mudras dans le vajrayana, quand on utilise des mudras,

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c'est apprendre à être conscient du mouvement et apprendre à le faire de manière détendue et précise en même temps.

Les grand gestes du yoga, là aussi on apprend, mais c'est un apprentissage déguisé pour les choses de la vie: quand on mange, quand on bouge, quand on parle, quand on conduit la voiture, tout cela c'est notre yoga. Tout cela ce sont des challenges à être le plus détendu possible, le plus ouvert. La vraie nature ne nous quitte jamais impossible, essayez de vous en défaire, impossible. Il n'y a rien d'autre à faire que d'en devenir conscient et de ne pas se faire de souci.

Je vous ai invités à utiliser si vous le vouliez l'image d'être le Bouddha assis sous l'arbre. Ça aide. Ça peut aider si on joue le jeu. C'est un exercice typiquement vajrayana, typiquement du bouddhisme tibétain où l'on s'imagine tout le temps être Bouddha. On se lie avec notre potentiel à être Bouddha. Et pour nous comme thérapeute, c'est la vision de la guérison complète. Dans le bouddhisme tibétain, le Vajrayana, qui est aussi présent en Chine, au Japon, au Vietnam, on travaille tout le temps avec la vision de sa propre guérison.Et on maintient le lien avec la vision de sa propre activité éveillée. On peut utiliser des visualisations, ce sont des outils. Mais l'essentiel c'est d'avoir une intuition de qui je suis en vrai: c'est à dire celui que je serais si je n'avais aucun stress.

S’imaginer comme Bouddha

Et là maintenant je vous invite à faire le jeu avec moi: j'aimerais que vous preniez une feuille et que vous écriviez dessus "Bouddha Philippe", "Bouddha Michael" etc

Que vous écriviez votre prénom avec Bouddha devant et ensuite vous vous décrivez, le Bouddha que vous allez être, le Bouddha que vous êtes au fond de vous même.

Exercice de décrire le Bouddha que l'on est:

Je vais vous guider pendant le processus, je vais vous poser des questions, et vous répondez pour vous même: ce sera privé, c'est votre feuille à vous, on partage ce que l'on souhaite mais la liste elle est complètement personnelle.

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Déjà, pour vous donner un peu de confiance: Il est facile pour moi de vous voir comme Bouddhas, c'est facile de le voir en vous, il est là déjà en chacun. Faites confiance au fait de rêver. Le rêve de votre guérison.

Vous pouvez changer les mots: "quand je serai complètement guéri de toutes mes tensions, de tout ce qui m'empêche d'être qui je suis, comment est ce que je serai?"

" quand je m'éveillerai à ma vraie nature, celle qui a toutes mes qualités, dans la fluidité totale, je serai comment?"

Quelles qualités vont surgir? Quelles qualités se manifesteront naturellement en moi?

J'ai l'intuition que cela veut venir... Ah oui...

Comment sera ma relation avec les gens?

Restez bien proche de vous même, ne décrivez pas quelqu'un d'autre, c'est toujours vous.

Le Bouddha Tilmann est bien différent du Bouddha Yasmine...

Comment sera votre relation avec la nature, avec l’environnement, les arbres, les animaux?

Comment habitez vous votre corps? Comment vous sentez vous d'être une femme, un homme qui vieillit, qui s'approche de la mort? Parce que l'on ne va pas arrêter le processus du vieillissement, impossible. Comment est ce que l'on va vivre cela?

Quelle est votre beauté? On ne change pas de corps, c'est le même corps que maintenant.

Comment vous vous voyez dans cette société? Quelle est votre place dans cette société?

Est ce que ce sera différent d'aujourd'hui? Ou pareil? Est ce que vous continuez comme psychiatre? Est ce que vous faites quelque chose d'autre quand vous êtes complètement guéri, éveillé?

Vous vivez où comme Bouddha? Quand vous êtes complètement guéri, vous restez ici? Ou à Bordeaux ou Grenoble, ou je ne sais pas d'où vous venez. Est ce que vous menez une vie errante? Comme mendiant? Est ce

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que vous continuez plutôt comme avant et tout va bien? Quelle est votre intuition?

Vous mangez comment, et quoi?

Vous faites du sport ou vous n'en faites pas? Quelle est votre intuition?

Comment êtes vous, libéré?

Comment est ce que vous allez gérer votre argent si vous en avez? Épargner, dépenser, gérer?

Quand quelqu'un vous engueule, vous réagissez comment? Quand un moustique se place sur votre visage et veut vous piquer, vous réagissez comment?

Est ce que vous êtes en train de décrire un idéal, ou est ce que c'est vous même que vous êtes toujours en train de décrire? Regardez, vous avez encore le temps de rayer des choses... Soyez vous même, que vous vous reconnaissiez là dedans, vérifiez. Est ce que c'est vraiment moi quand je suis complètement détendu, ouvert? Est ce que c'est bien moi? Est ce que ça me ressemble? Ou est ce que c'est une autre personne?

Regardez ce que vous avez écrit, si ce n'est pas subtilement un programme que vous avez écrit pour vous. Regardez si c'est libérateur, si cela vous fait vraiment envie, si vous vous retrouvez là dedans. Ce n'est pas le papa, la maman, les bouddhas du passé qui vous dictent maintenant comment vous devriez être...

Ce n'est pas une fonction du surmoi, cet exercice n'est pas fait pour renforcer une fonction du surmoi. Le devoir avalé...

Être, comment être, toujours moi, insaisissable, même sans savoir nommer plus.

On jette un dernier regard sur ce que nous avons écrit...

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Peut être que vous pouvez lire encore une fois toutes les remarques. Est ce que cela vous semble bien correspondre à votre intuition de qui vous êtes, quand il n'y a pas de souci, pas de stress, quand il y a ouverture du cœur... ?

Merci

Prenons quelques minutes pour méditer comme le Bouddha

Et ressentons l'effet de cet exercice que nous venons de faire. Comment est ce que je vis le changement de perspective? Qu'est ce que ça déclenche en moi? Qu'est ce que ça stimule en moi? Est ce qu'il y avait des petits moments de découverte? Qu'est ce que j'ai découvert, compris? De nouvelles choses? Peut être est ce que je me suis surpris moi même à penser et écrire des choses dont je n'avais pas conscience.

Maintenant je vous invite à partager avec une autre personne de la salle. Pas ce que vous avez écrit sur votre page, mais comment vous avez vécu la méditation et l'exercice. C'est à dire ce qui a été stimulé en vous, des prises de conscience, des compréhensions, des surprises, des résistances, des tensions... Partagez là dessus, avec l'écoute du cœur.

Vous voyez c'est un peu une autre perspective. Vous pouvez garder pour vous ce que vous avez mis sur la page. Mais il y a un effet de tout cela. En faisant l'exercice vous avez dû rencontrer des hésitations, des découvertes.

Partagez ce que vous avez envie de partager, mais surtout ce qui est nouveau pour vous.

(Audio module 11)

Comment avez vous vécu cet exercice ?

P : Très enrichissant

On se découvre soi même

P : Plus de réflexion dans l’interaction avec l’autre personne

T :Quand est ce qu’on verra le bouddha qui est en vous ?

P : Dans une prochaine vie…

T : dommage !

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P : Moi j’ai vu le little bouddha. C’était l’enfant que j’étais, l’enfant moi qui s’exprimait

T : Ce sont des mémoires d’enfant…ce que tu avais comme potentiel

P : Voilà comment j’étais naturellement et que je retrouve

P : Je me suis rendu compte que c’était beaucoup plus les aspirations et des aspirations un peu fabriquées qui sortaient. Une façon de contrôler et de projeter dans l’avenir. Il y a toujours cette façon de contrôler de l’esprit qui voudrait bien être toujours ailleurs que là où il est ; C’est un piège cet exercice. Ca montre Le surmoi. Ce sera mieux plus tard.

T : Etre moi ça devient un projet. Mais peut être vous avez pu vous défaire de cette notion de projet ?

P : Le reconnaître c’est le défaire.

P : Moi ce que j’ai ressenti c’est une incarnation. J’ai eu l’impression de rentrer dans mon corps. Une détente . Comme si je devenais comme une statue en or. L’impression que ça vibrait de partout. Toutes mes cellules et que je prenais vie. C’était parfait. Je savais depuis toujours ce qui était. C’est l’inverse, c’était le projet qui m’empêchait. C’est plus le projet qui me détournait de ce qui était juste.

T : Pleinement entrer dans la présence. Oui, ce sont nos projets d’être quelqu’un qui nous éloignent d’être. C’est l’identification de vouloir être un tel ou une tel qui fait toujours qu’on est plus loin de ce qu’on est naturellement.

P : Mais tu nous a piégés ! tu nous dit qu’est ce que tu vas faire ?

Et moi je m’empresse de dire plus d’exercices physiques. Alors que je n’ai jamais été sportive. Avec mes problèmes physiques. Tu racontes des blagues tu n’as jamais été sportive de ta vie tu ne vas pas l’être maintenant !!

T : Non c’est toi qui as bien voulu la fausse piste ! J’ai dis comment allez vous faire quand vous serez guéri ? Vous avez réagi avec les mêmes tendances, dès qu’on entend quelque chose de beau, on veut l’avoir, on veut l’être. Ton corps a corrigé… j’espère que tout le reste tu as corrigé aussi.

Vous n’êtes pas resté là dedans, c’est ça le plus important. Il faut le voir.

La première phase, on rencontre l’idéal de l’éveil, le grand boddhisatva.

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Le grand boddhisatva…Qui se donne complètement pour le bien de tous. Car il est libre. On entend ça avec notre envie d’être compassionné, sage….On se dit je voudrais être un boddhisatva….On fait quoi avec soi même ? On se traite comme un citron, appuyer plus pour sortir plus de jus jusqu’à l’épuisement pour être le boddhisatava imaginé.

Alors que le boddhisatva il est détendu c’est pour ça que toute cette énergie se dégage. Et nous on en fait un projet.

On a fait ça toute notre vie. Or, moi comme Boudha on commence à comprendre que ça veut dire « juste être ».

Pas grand chose.

Etre : dans le sens vraiment naturel. Détendu.

Sans projet personnel

P : Oui mais même ça je l’ai écris. Mais ca reste téléguidé.

Etre naturel ça peut être un projet.

T : Oui…Comment ça ce sera quand je serai naturel ? Comment est ce que je vais être quand je vais être spontanée ? Comment être malade comme Bouddha? comment est ce que je vais mourir comme Bouddha ?

Le bouddha se couchait toutes les nuits pour se reposer. Ce n’est pas un super man. Il a mangé tous les jours. C’était un être humain.

P : On peut avoir une intuition de ce qui est notre nature profonde.

En faisant l’exercice j’ai le sentiment que ma nature se rapproche de mon idéal.

T : Quand tu te mets dedans et tu ressens une joie, pas de stress. C’est comme ça que le Bouddha a retrouvé le chemin. C’est une mémoire d’enfance. Son père l’avait laissé assis sous l’arbre à l’ombre. Tout détendu assis. Il est entré dans une absorption profonde. A 35 ans le Bouddha il se rappelle de ça, et détendu et naturel. C’est ce chemin là que je dois prendre, pas le chemin de la volonté.

P : J’ai fais une expérience un peu contraire. D’abord une profonde joie, un enthousiasme. A me dire « Mais c’est moi » !Et pourquoi je n’y vais pas tout de suite ?

Puis en répondant aux questions posées, l’envie de répondre avec réponses toutes faites qu’on a d’habitude. C’est comme ça qu’il faut que je sois. Puis le refus d’écrire. Non, ça ne correspond pas au reste, je ne

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veux pas ça. Deception…car c’était idéal….Tant pis je laisse tomber, puis relâchement dans les épaules. Alors ça merci ! Je suis tendue car je veux atteindre pas moi, je suis tout le temps dans l’image, dans ce qui serait bien . Merci ! Je trouve enthousiasmant d’aller vers quelque chose qui nous rend en joie plutôt que de laisser derrière soi les vieux démons. En thérapie ça change tout. Mettre en face de la réalité merveilleuse, pour les patients ca change tout.

T : Quand on travaille avec les personnes. Le plus beau cadeau qu’on peut faire c’est regarder avec des yeux qui voit déjà le bouddha en eux, la santé. La personne guérie. Entrer en relation avec ça .C’est bon de les regarder, de voir en eux le bouddha, la personne guérie. On ne perd pas cette vision de l’autre. C’est un principe de guérison très profond.

P : Il faut qu’ils arrivent à le ressentir eux même

T : Non non vous d’abord !

Si nous on est dedans, ils vont le ressentir.

Je crois que vous ressentez que je vous vois avec le potentiel que vous avez en vous. Ca vous stimule. C’est devenu naturel. Je faisais la pratique du bouddha de médecine. Je voyais moi même tous les gens autour comme Bouddha. Je maintenais ce regard pendant les rencontres. C’est devenu le symbole de notre institut de psychothérapie essentielle. La syllabe Hum. C’est le bouddha de médecine. En bleu pour représenter ce qui éveillé, pas attendre plus tard. Elle est déjà là. Et ne te fais pas de souci. « Je te vois sourire ». « Il y a une fraicheur qui vient ». « Oui c’est ça ! » Encourager des qualités. Et avec les qualités, aller avec la confiance de l’être rencontrer la difficulté. Si on peut éviter d’y aller avant d’avoir cette confiance ce serait mieux. Avec la confiance on est assez fort, on ne se fait pas happer par les problèmes.

YL : Ca me fais penser, je voulais avoir ton avis. Je sais qu’il y a quelque chose qui se passe en consultation. De ce lien. De cette connexion. De vraie nature à vraie nature. Quelque chose dans le discours qui lâche. On peut se regarder complice. On peut rire sans savoir pourquoi. Je me rappelle d’un patient toujours en costume cravate. Une certaine voix une certaine tenue. Il a des origines africaines. Un jour en consultation, il a eu son accent qui est revenu. Quelque chose lâche sans passer par les mots. Je sais que quelque chose se passe dans la thérapie. Il suffit d’un regard, je sais que quelque chose a beaucoup avancé.

P : J’ai une envie de pleurer incroyable. J’ai contacté que quand j’étais dans ma nature de Bouddha, tout ce contre quoi je suis en lutte , l’injustice du monde qui me touche…j’ai pu être fluide. J’ai cette lutte

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permanente de vouloir changer le monde alors que je sais que c’est en me transformant moi même que je pouvais voir le monde tel qu’il est. C’est dans la détente que je peux voir le monde tel qu’il est sans avoir envie de le changer.

T : Voir le monde comme il est sans avoir besoin de le changer. Ca c’est l’attitude envers toute difficulté, toute émotion. Voir, ressentir la colère sans avoir besoin de la changer. Voir sa vraie nature. Elle est impuissante la colère. La colère, la haine nous posent beaucoup problème, le désir, la jalousie, la peur ; l’orgueil tout ça ca pose problème. Le monde que tu vois c’est beaucoup de souffrance à cause de ces émotions très fortes. Quand on regarde ce monde on a envie de tout changer. On peut les sortir de l’émotion mais ils vont tout de suite retomber dedans. Comme Cherenzi qui a voulu sauver tout le monde. Il tourne le dos et tout le monde est retombé.

Il faut voir le film devces projections émotionnelles. C’est notre monde coloré par nos filtres émotionnels. La lumière de notre esprit qui regarde est coloré par le filtre émotionnel. On voit le monde soit en rose soit en noir.

Voir la nature éphémère et insubstantielle des émotions, ca c’est la véritable guérison.

On peut aider les patients de trouver des astuces, des méthodes de travailler avec des situations émotionnelles difficiles. Mais elles n’ont pas de poids si on ne leur donne pas de poids. Ca c’est incroyable. C’est ça qui nous donne la capacité de rester avec nous même. Si nous sommes ancrés dans cette compréhension grâce à notre expérience, c’est pas grave, ça passe. Comme des nuages noirs dans le ciel..ca passe. Pas d’importance.

On n’a plus besoin de changer le monde, on regarde le nuage comme un nuage et pas comme une montagne qui va nous tomber dessus. La colère, la fixation l’identification et la peur ça devient tellement fort que la colère peut détruire le monde. La guerre dans le couple, la famille, entre pays. C’est la force de colère jalousie orgueil. Vue dans sa véritable nature, ça perd son pouvoir. Un thérapeute qui se veut être ancré dans une compréhension de la vraie nature des choses sait que lutter contre la colère c’est comme Don Quichotte qui lutte contre les ailes du moulin. On va lutter contre. On regarde la véritable nature de ce qui se manifeste ça c’est à apprendre. C’est là où vous attend un grand travail. Personne ne peut vous enlever le besoin de faire vous même ces expériences de la nature insubstantielle même de la plus forte colère. C’est libérateur. C’est là où on touche vraiment l’essentiel du chemin de la libération.

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P : Concrètement comment on fait devant quelqu’un en colère ?

T : Concrètement tu fais ce que te dis ton cœur. Je ne peux pas te donner des conseils.

Normalement tu as peur de quelqu’un qui est en colère. Même ma propre colère est vite stimulée par la colère de l’autre, une réaction de défense. Si nous n’avons pas encore résolu notre propre agressivité. Si j’ai peur, très difficile d’aller dans une situation de peur. Si je peux rester ouvert, et lié être dans cette compréhension que l’autre il est là il est coincé, et au bord de m’attaquer. La seule chose est d’être là d’une manière qu’il peut se décoincer. Alors là les choses deviennent possibles. J’étais dans une situation la plus forte de cet ordre c’était un homme qui menaçait deux fois j’ai du le désarmer. Une fois avec un marteau de menuisier, avec lequel il menaçait les autres autour de lui en disant « je vais vous faire sortir la cervelle de votre tête ». C’était un homme très très fort bien plus fort que moi. Je suis allé appeler au secours. Très doucement je me suis approché. Je faisais des mantras à l’intérieur car j’étais inquiet. Peu à peu je me suis assis dans une posture de non agression à 3 m de lui sans trop chercher contact. Il voyait que j’étais là. Je continuais ma méditation de bienveillance dans mon cœur. Il a fini par me rendre le marteau. Il s’est effondré en larme. Il y a derrière une recherche d’affection qu’il n’avait pas reçu. Plus de 100kgs de muscles.la deuxième fois, il avait un couteau dans la main. On avait déjà un contact de plus de confiance. J’étais à coté de lui. J’ai mis ma main sur la table. Il m’a donné le couteau. Il faut rester soi même très détendu.

P : C’est la force mentale ?

T : Non, c’est la force de la confiance dans l’autre. Je n’ai pas perdu le contact avec ce qu’il était véritablement. C’était un petit garçon maltraité qui voulait être accepté avec sa colère. J’ai très peu parlé la première fois. J’ai juste dit « je suis là, je suis à tes côtés ». Si on garde la vue de ce qui est derrière l’émotion. L’émotion forte c’est un appel, toujours, sans exception. Il faut garder le regard pour ce qui est derrière. Je n’ai pas exercé une force. J’étais dans le cœur avec ma peur. Je n’ai pas nié ma peur. J’avais en moi aussi de la compassion. Je voyais qu’il fallait faire quelque chose pour l’aider à sortir de là. C’était terrible si il se faisait emporter. Ce n’est pas la seule situation comme ça mais elle était très forte. Dans la colère, il faut suivre le cœur et pas plus que ce que tu peux faire. Il vaut mieux partir si on ne peut pas.

Si je me mets en colère avec ma femme c’est mieux de quitter la pièce et je re-rentre. Je ne suis pas libre de colère. Mais à chaque fois je tombe dans une illusion. On se fait prendre car elle appuie sur des boutons. Qui

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se sont formés pendant l’enfance. Au monastère je me pensais libre de colère. Quelle erreur ! il fallait juste tomber amoureux. Quelqu’un d’intime et proche et qui sait trouver les boutons. Mais je ne veux pas retourner au monastère car je n’aurai plus personne pour appuyer sur les boutons !

Au monastère on peut avoir des gens qui appuient pleinement malgré tout.

Ca dépend dans quelle situation on se met. Ayant fait ma première retraite avec ma première femme. La retraite de groupe était bien plus facile que la retraite avec mon épouse. Il y a beaucoup plus de défis si quelqu’un qui est très proche. Tous les espoirs, les peurs de mal être se collent là dessus. On a été trois ans et demi à deux dans une petit maison en bois. On avait 9 et 7 m2 et c’est tout. Ca fait sortir des émotions. On n’avait plus des émotions difficiles après la troisième année car on avait travaillé fort la première année. Il ne faut pas avoir peur des émotions mais voir derrière.

Avec le dharma j’ai appris à voir la nature de l’émotion. Elle n’a pas de puissance pas de pouvoir pas de force si on ne lui accorde pas la force de l’identification. On lui donne plein de force. Avec la psychothérapie j’ai appris de regarder pourquoi on devient si sensible à développer toujours certaines émotions plus que d’autres. Certaines situations nous rendent très vulnérables. La j’ai vu l’arrière plan biographique. C’est souvent dans les premières années de notre enfance.

Notre compréhension est de bien s’occuper de cet enfant qui est dans notre mémoire émotionnelle. Joindre les deux ca c’est top. Joindre ce travail avec la compréhension de la véritable nature de l’être et de l’émotion et de chaque pensée. C’est ce qu’expérimentent tous les psychothérapeutes vers lesquels s’adressent les gens qui ont beaucoup médité. Les processus de la thérapie vont très vite si il y a eu développement de la présence de cette ouverture pour devenir fluide.

Je vous ouvre les horizons avec ce week end. Je peux vous donner l’appétit de savoir plus de découvrir plus. On ne peut dans ce week end tout faire.

D’autres partages ?

P : Ma première réaction quand j’ai écris j’ai eu un sentiment d’imposture. Je ne voulais pas mon prénom à côté de Bouddha. J’ai du accepter d’être dans la fluidité et puis c’est devenu agréable. Au début je n’osais pas.

T : Là tu touches du doigt le pourquoi du Vajrayana. L’imposture. On se diminue, on n’ose pas accepter ce que Bouddha disait à chacun : « Tu peux devenir comme moi ». C’est le message essentiel de chaque maitre.

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Je me rappelle Guendune Rinpoche devant nous « deviens comme moi » « cultive le souhaite de devenir comme moi, va plus loin, dépasse moi ». Moi non plus je n’ai pas osé.

P : Je te remercie, ça m’a fait prendre conscience.

T : Oui cette hésitation de se voir comme ça. Il y a une hésitation à surmonter, c’est un obstacle pour la guérison, pour l’éveil de ne pas pouvoir se voir éveillé ou guéri pleinement.

Est ce que c’est un obstacle important qu’en pensez vous ?

P : Moi je trouve que c’est le principal. A chaque fois on accroche, on arrête.

T : C’est peut être l’obstacle principal. Tu as raconté cette hésitation mais tu l’as fais et tu as pu entrer et là, quel soulagement. Normalement ce qui se fait « ah la je pourrai être différent », mais ca revient dans les anciens schémas de fonctionnement. Là je me connais, c’est le moi habituel. Alors que là ce n’est pas connu.

Imposture, c’est le pire. Par exemple moi je suis fils de pasteur. De dire Dieu est en moi. C’est un sacrilège ! imposture sacrilège. C’est notre éducation judéo chretienne qui nous bloque.

I : Oui mais ce n’étais pas le message de Jésus !

T : Un oncle de ma famille était professeur à Harvard dans la recherche des Evangiles. Jesus on en sait ce que les disciples ont parlé, beaucoup ne l’ont jamais vu. Le message a été déformé et c’est ça notre culture. Ce n’est pas la fluidité du cœur. Il y a beaucoup de religions supers dans le monde mais dès qu’il y a institution, hiérarchie il ne faut surtout pas que les gens pensent qu’ils ont une étincelle de Dieu en eux.

Il faut que vous ayez vous même la flamme de la guérison qui brûle fortement en vous. Une vision, qui vous révèle. « Je pourrais être ça », de devenir visionnaire de sa propre santé. Ce n’est pas que c’est tout ce qu’il y a à faire mais connaître déjà un peu, son potentiel, cette intuition. On n’a pas besoin d’être quelqu’un d’autre. Juste être vraiment soi même, libéré des voiles, des entraves.

Sur mon chemin bouddhiste j’étais bouddhiste convaincu. J’étais en plein dans la tradition. Je voulais savoir qu’est ce que le Bouddha a vraiment dit. Mais qu’est ce qu’on en sait ? Moi aussi j’ai essayé de lire beaucoup d’études pour savoir ce que le bouddha a vraiment dit. Mais ses premiers

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écrits apparaissent 3 siècles après sa mort. On trouve que les textes du Mahayana qui prédatent les plus anciens textes qu’on connaissait avant. Le Mahayana a aussi des textes aussi tôt que le bouddhisme du Sud. Mais aujourd’hui je dis ce n’est pas important. Ce qui est important c’est : est-ce que cette tradition est encore capable d’éveiller les gens aujourd’hui ? Est ce qu’une transmission a encore la force aujourd’hui d’éveiller les gens ? C’est bien qu’elle soit fondée sur une longue tradition. Mais le critère important est : est-ce ce qu’on nous propose a le pouvoir de nous libérer, stimuler le processus intérieur pour souffler, être libre, dans le cœur ?

Et ça c’est un critère qui reste en nous, du coup le critère n’est pas l’extérieur mais dans notre propre expérience et c’est là que ça devrait toujours rester. C’est vous qui devez vérifier si ce que je vous apporte vous fait du bien. Sinon je vais essayer de changer pour faire encore plus de bien. Si quelque chose vous touche là, ce n’est pas vous à vous adapter à un idéal que je vous propose. Et moi je serais le détenteur . Ca c’est une situation où vous lâchez votre responsabilité pour vous modeler à un idéal et moi je serais le chef de l’idéal. Bon disciple, mauvais disciple. Les hiérarchies religieuses font ça. Bon mauvais, proche de Dieu éloigné de Dieu. Etc.

Mais si je dis chacun de vous doit avoir sa propre vision de ce qu’il veut vivre, ce qu’il ressent en plus de profondeur. On peut s’entraider pour développer une vision qui se libère des voiles émotionnels. Notre santé est voilée par les biais cognitifs. On l’a développée dans une situation détendue. On peut l’affiner. C’est votre propriété, votre guérison, votre éveil ; Et moi du coup qu’est ce que je fais ? Je vous soutiens. Je soutiens chacun que je rencontre à devenir le Boudhha qui est en lui. Je suis le serviteur . Vous n’êtes pas à mon service. On renverse le processus de découvrir Dieu en lui même, Jésus, Allah en lui même. Ce n’est plus à l’extérieur. On rend aux personnes ce qui est leur héritage depuis toujours.

En thérapie, on rend à chaque personne ce qu’elle est. Elle avait projeté ça dans ses parents, sa réussite. Tu n’es pas là à l’extérieur . Qui est tu, qui seras tu si tu ne travailles plus ? qui es-tu véritablement ?

Qui étais tu avant ta conception ?

On sort alors de tous les contextes sur lesquels on se définit normalement.

Pour retrouver toute la force de l’être il faut se désindentifer de tout ce qui est à l’extérieur. S’asseoir sous un arbre et être au plus naturel.

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Et alors ? qui est là ? Là ca pulse, ca vibre, la vie vibre. Et peut être se lève-t-on avec la conviction : je n’ai pas besoin d’être quelqu’un, ça se fait tout seul. Je n’ai pas besoin d’être une personne qui correspond à une image de moi même ou des autres. Je n’ai plus besoin de ça.

P : Est ce que pour autant ca veut dire quelque chose de parler de méditation laïque ?

T : On entend ça sur les programmes MBSR ou MBCT.

La méditation devrait toujours être non religieuse. Si elle est religieuse elle n’est plus libératrice. Vous n’entrez pas dans une institution où on veut vous faire croire des choses. Ce qui est bien.

J’avais compris initialement une autre méditation pour les laïques que pour les monastiques. Si une méditation est religieuse, elle n’est plus méditation.

La méditation a comme qualité essentielle d’être sans préavis, préjugés, sans idée fixe sur ce qu’on va découvrir. Elle défait ces idées sur la réalité. Une véritable méditation nous sort de tous nos voiles émotionnels et cognitifs sur ce qui devrait être.

C’est le problème du mot religion. Il faut désamorcer la bombe. La religion n’a rien de négatif si c’est une voie spirituelle. Il y a des religions qui peuvent étouffer l’aspect voie spirituelle. D’une façon fondamentale c’est la voie spirituelle.

Souvent on veut dire qu’il n’y aurait pas de visualisation, prière, mantras, pas de dédicace à la fin. Tout faire pour ne pas rappeler le bouddhisme.

Après il faut que chacun regarde car on peut être porté par les aspects religieux. Une prière à la fin et au début peut être porteur. Visualisation etc…La religion c’est une expérience de comment stimuler la vie spirituelle dans le bon sens. Mais ici je fais pareil, je vous parle de ma tradition de ce que j’ai reçu, le bouddhisme tibétain lignée Kagyu mais d’une manière non religieuse.

On devrait se détacher de la notion de bouddhisme. Si je dis Bouddha x…

On ne devrait pas parler de bouddhisme. Du temps du Bouddha il parlait du Dharma, le chemin qui libère, les qualités authentiques. Le résultat c’est qu’on devient de plus en plus soi même. Ma femme n’est pas bouddhiste. C’est le côté religion. Elle est pratiquante du dharma. On peut tout partager. Pratiquant du dharma convient mieux.

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Mais on part de la tradition bouddhiste mais je garde ça car c’est important pour que vous sachiez que je ne parle pas de ma propre expérience mais d’une longue tradition qui a vérifié ce dont je parle. Ca me rend indépendant de ma personne car je vous communique .

YL : Ce que tu disais sur la hiérarchie religieuse, je me disais qu’en thérapie, c’est un point délicat. Le thérapeute peut avoir un projet pour son patient. Pour qu’il n’ait plus de projet pour lui-même il n’en faut pas pour lui. J’avais ma propre idéologie de ce qui était bien. J’emmenais subtilement les patients vers ça. Exemple en Thérapie cognitive et comportementale on induit que c’est bien d’avoir des amis. Mais n’est-ce pas un dogme supplémentaire ? J’essaye de lâcher toute idée de ce qui est bien ou pas bien. Je pense à un patient qui a des enfants en garde alternée. Chez lui c’est mal rangé. Petit à petit il fait des changements de lui même. Le fait qu’il ait pu le verbaliser. Il décrit la nature de la réalité. Il y a des ressources, une sagesse interne. Le fait qu’il ait vu que c’était fatigant lui a permis de changer.

T : C’est comme le miroir de mon changement. La première retraite, je voulais courir avec eux, j’avais un projet de l’éveil de l’autre car ils viennent pour ça…Avec le temps j’ai abandonné, j’étais plutôt accompagnant de ce qui voulait se faire.

Je veux vous encourager à ne pas repousser l’éveil pour plus tard. C’est un mot grand mais c’est toujours maintenant. Il vaut mieux vivre plein de petits éveils qu’attendre un grand éveil un jour

Et là tout de suite que puis je faire pour être plus moi même ? C’est la seule question.

Pour cette pause de midi, être le plus détendu possible.

Quand j’ai peur j’ai peur. La colère la colère. Je vois ce que je vois. Tout ça accepter en faisant partie de mon expérience de maintenant sans saisir sans m’identifier et retrouver l’espace.

Merci beaucoup

Comme parmi les bouddhistes on s’incline, on s’incline devant le bouddha dans l’autre.

PAUSE

(Audio module 12)

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Méditation   ; Se rappeler de l’essentiel

Meditation silencieuse

La qualité qu’il faut pour prendre son chemin, c’est de se rappeler encore et encore de l’essentiel et c’est ça que vous êtes probablement en train de faire là, dans le silence, de vous rappeler de ce qui est essentiel pour vous, dans un moment de méditation par exemple.

Se rappeler de l’essentiel…j’aimerais vous expliquer un peu plus cette qualité.

Vous avez tous déjà entendu de la mindfulness n’est-ce pas ? C’est-à-dire en pleine conscience, souvent mal traduit.

En sanskrit SMRTI, en pali SATI ,déjà entendu SATI ?

SATI est traduit comme mindfulness, est traduit comme conscience, mais ce n’est pas le mot que le Bouddha a utilisé. Il a dit SATI. En sanskrit SMRTI, en tibétain DRAN PA.

Les traducteurs de l’époque étaient très précis, tous ces mots veulent dire se rappeler, et se rappeler de l’essentiel.

SMRTI, en sanskrit il n’y a pas de voyelles, il y a juste le point dessus. Je fais référence à quelque chose de très ancien, 2500 ans de pratique de SATI et ce n’est pas l’attention. SATI ne veut pas dire attention, SATI ne veut pas non plus dire pleine conscience.

Par exemple, un joueur au foot doit être pleinement conscient de toute la situation, sur le champ, derrière, devant, devant, la distance avec les joueurs. Il y a une très forte demande à la conscience et il doit être pleinement présent, il n’a pas le droit à l’erreur. Mais ça ne va pas l’amener à l’éveil ! Pas du tout ! Pareil pour toutes les autres professions.

Pour chaque chose à faire, nous devons être pleinement conscient. Mais ce n’est pas ça que veut dire SATI. Ce n’est pas le SATI qui mène à l’éveil.

C’est pour ça, se rappeler de l’essentiel. On entend des fois l’expression, pour ceux qui ont étudié un peu, l’attention dans un seul point .Vous connaissez l’expression ? Etre attentif, pleinement conscient, dans un seul point. Et souvent c’est traduit comme concentration. Et il y a plein de livres sur la méditation qui parle de la concentration. C’est totalement erroné. La méditation n’a presque rien à voir avec la concentration. Le mot, je ne me rappelle plus du pali à l’instant, le tibétain c’est TSE TCHIK, DRAN PA, dans un seul point, TSE TCHIK, c’est cette capacité, se rappeler,

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TCHIK veut dire un ou seul, et TSE ce n’est pas le point, c’est le sommet, c’est la pointe de quelque chose,c’est le point le plus haut. Par exemple TSE c’est le sommet d’une montagne, c’est la même chose pour le pali et le sanskrit, seulement je ne me rappelle plus des mots dans ces langues là. TCHIK ça veut dire un .Le DRAN PA, cette capacité de se rappeler, doit être dirigé vers le sommet, ou le point le plus haut. Un seul point. Pas plusieurs sommets, un seul point. Le Bouddha voulait dire avec ça que notre conscience devait se rappeler de la chose la plus importante celle qui est tellement essentielle qu’on la regardera comme le sommet de nos priorités. La TOP PRIORITY. J’utilise l’anglais, la priorité TOP, qui fait la une parmi notre liste des priorités, d’accord ? Quelle est la une ? Celle à choisir si vous aviez parmi les qualités que vous voulez vivre dans cette vie,à un moment donné, pas pour toute la vie.

Si là, maintenant, vous choisissez la chose qui vous importe maintenant, faites à l’intérieur un choix . Prenez ce choix et la capacité de maintenir votre attention, votre conscience, là dedans, sans être distrait, ça c’est DRAN PA, ça c’est SATI. Quand, par exemple moi, ma pleine conscience est là, je décide que je veux maintenant vous communiquer le concept, ce qui est vraiment la mindfulness et pas la mindfulness diluée, qu’est-ce qui est vraiment mindfulness ? Toute mon attention est dedans. Je la travaille à l’intérieur, je l’explique à l’extérieur, mais je ne dévie pas, cette capacité de rester avec, pour moi est le plus important maintenant. Ça c’est la mindfulness dont parlait le Bouddha vous voyez ? Donc c’est la capacité de rester sans distraction avec la une, celle qui fait le TOP de la liste. Par exemple vous rentrez à la maison le travail terminé, vous avez tout fait avant de rentrer à la maison. Quelle est la une ? Quelle est la TOP priorité pour vous ? Par exemple l’amour. Vous rencontrez votre conjoint(e) dans l’amour. Et DRAN PA ou SATI sera ce moment. Dès le moment où j’ouvre la porte, jusqu’à ce qu’on se couche pour se dire bonne nuit, toujours rester lié avec l’amour. Ça c’est DRAN PA. Vraiment avoir la capacité, sans distraction, de rester avec ce qui pour moi est le plus important.

Donc le focus, le point de référence change suivant les besoins. A un moment donné, par exemple quand je conduis une voiture, toute mon attention, sans distraction, sur la conduite de la voiture. Si ça roule presque tout seul, ça peut se poser pour une partie ailleurs, mais jamais avant d’arrêter, l’attention peut dévier du fait de conduire une voiture. Ça ce n’est pas possible. A d’autres moments c’est l’amour. A d’autres moments ce sera l’exploration de l’esprit, des points qui nous intéressent. le DRAN PA, le SATI, va aller là dedans et va dans le focus, dans le point de référence, choisit par ses capacités de rester sans distraction, ça va être choisit par nous même et ensuite maintenu.

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Si je choisis, d’accord maintenant, plein SATI sur le fait de marcher et de ressentir, de toucher à travers le corps, alors le SATI dirige vers les sensations de la marche. C’est parce que je choisis de mettre SATI là dedans. Mais je peux aussi marcher et parler avec quelqu’un qui est à mes côtés et être complètement dans SATI, complètement dans le dialogue avec la personne .Le SATI est là, ici. Et ce n’est pas à critiquer que je ne suis pas avec le fait de marcher parce que le SATI, il est là. En parlant, ça marche tout seul ! Et on est complètement attentif sans distraction avec ce qui est la TOP priorité. Mais ce n’est pas marcher qui est notre priorité.

Vous voyez, on nous fait faire des exercices avec la marche, avec des raisins secs dans la bouche, avec le souffle et tout mais qu’est-ce qu’on stabilise ? On stabilise la capacité de rester sans distraction. On s’entraine à ça. Et cette capacité, qu’on s’entraine avec un objet visuel, avec un objet de sensations physiques, avec un objet tactile, cette capacité qu’on utilise ensuite pour explorer la réalité et pour se libérer des entraves , pour se libérer des concepts erronés, pour explorer ne restera pas avec juste les sens. C’est juste la base.

Quand on a un esprit complètement distrait, il faut commencer l’entraînement quelque part. Dans mon esprit complètement distrait, qu’est-ce qu’on peut lui donner ? Rester avec le corps. Marcher, ressentir, ramener le SATI dans le corps, le développer là.

Donc le TOP sera, de ce qui est possible, ce qui est le plus important c’est au moins de devenir capable de boire une tasse de thé en pleine conscience, d’accord ? Au moins pour moi ça. Ça c’est le TOP, pour le moment. Mais quand on a maitrisé ça, quand on est capable de boire sa tasse de thé en pleine conscience, après, le sommet change. On va aller vers un autre sommet. Et on va dire, bon, c’est bien beau de boire une tasse de thé en pleine conscience mais j’aimerais, par exemple, écouter quelqu’un en pleine conscience, avec la capacité de dire à l’autre, de redire à l’autre ce qu’il a dit sans modification. Et on va être dans l’écoute complète. Et le sommet là, toute notre capacité se dirige vers l’écoute parfaite sans modification, d’accord. Après on va maitriser ça et on peut aller plus loin. Alors maintenant écoute avec le cœur, en résonnance, en ressentant pas seulement ce que l’autre dit mais comment ça résonne en moi. Et je peux non seulement dire à la personne ce qu’elle a dit elle-même, mais je peux en plus lui donner ce que ça fait en moi. Une capacité supérieure vous voyez le SATI, cette même capacité de rester sans distraction, attentif, se dirige toujours vers ce que nous définissons comme la TOP PRIORITY.

Et c’est là où on s’entraine. Le SATI n’est jamais figé dans une activité, ou avec des objets de méditation. Ce sont juste des façons de s’entraîner.

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Cette capacité d’être pleinement conscient doit ensuite bouger. Dans les situations de la vie elle va tout le temps être présente en tout ce que l’on fait mais toujours avec les trois aspects de notre vie. Vous connaissez bien la différence quand on caresse quelqu’un et que notre pleine attention n’est pas là. Cette caresse n’est pas ressentie comme une caresse qui ouvre vraiment. C’est comme si on touchait une table. La personne qui reçoit la caresse remarque la différence. Et c’est la même chose avec les paroles. Une parole dite sans cette DRAN PA, cette capacité de rester avec l’essentiel, c’est du bavardage qui entre ici, et sort par là.

Donc la capacité d’être complétement présent avec ce que nous faisons c’est ce DRAN PA dont parlait le Bouddha. Et ça il a dit ça c’est le seul chemin vers l’éveil. Il a appelé ça EKAYANA, seul véhicule. EKA ça veut dire seul. Vous avez entendu MAHAYANA, VAJRAYANA, et là EKAYANA ça vient de Bouddha lui-même. Les autres ça ne vient pas de Bouddha.

Il a dit dans le SUTRA sur SATIPATHANA SATI PATHANA SUTRA dans l’introduction il parle de la qualité de SATI comme le seul moyen d’atteindre l’éveil. Il n’y en a pas d’autres. C’est la capacité de rester avec ce qui est important, avec ce qui est le sommet, ce qui est important, sans distraction. Cette capacité-là est réduite aujourd’hui dans la mindfulness à un entrainement qui nous permet de développer cet être sans distraction avec des tâches assez simples qui sont ensuite à ramener à des tâches plus longues, plus loin, plus loin vers l’essentiel de notre vie. Car cette capacité de rester sans distinction avec l’essentiel de notre vie, là nous sommes sur notre chemin d’éveil. Ce que vous avez écrit quand vous êtes comme Bouddha c’est le DRAN PA, le SATI reste avec ce que vous souhaitez ou ce que vous ressentez d’être en vous. Quand le SATI reste avec ça, là c’est le chemin de votre éveil. Ça montre votre chemin personnel.

Quand vous oubliez ce qui est le plus proche de vos aspirations, quand vous oubliez çà, vous êtes loin de SATI même si vous êtes attentif à plein de petites choses dans la vie. Vous pouvez donner l’impression d’une personne très attentive, en pleine conscience, mais toujours à côté de la plaque. Vous êtes à côté de vous-même parce que vous n’êtes pas avec ce qui est le plus important. On peut être un super psychiatre, un super psychothérapeute, on s’occupe de quarante personnes dans la semaine, ou plus, mais on rentre à la maison et on, n’a pas la présence pour son conjoint, pour ses enfants. Les plantes peut-être qui meurent sur le bord de la fenêtre. Qu’est-ce qu’on fait ? dans l’heure on fait un super boulot de pleine conscience, tout ce temps-là en tant que professionnel, mais dans le privé on oublie l’essentiel. Et peut-être au début c’était plus important que nos patients, mais plus difficile, parce que plus de

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challenge dans le vécu de la relation. On échappe un peu, on fait ce qui est le plus facile avec toute notre énergie et quand on rentre et qu’on rencontre le plus difficile, on ne peut pas, on ne sait pas comment faire. Donc ça c’est un chemin d’éveil raté.

Le SATI, la capacité de se rappeler de l’essentiel, n’est pas activée dans le domaine de notre vie, où ça devrait être le plus important pour nous ! Pour notre choix. On s’est marié pour passer sa vie ensemble mais après beaucoup d’autres choses sont plus importantes que ça et du coup on perd le fil et c’est tellement difficile de rattraper le fil, de renouer. C’est seulement la capacité de SATI de se rappeler de l’essentiel qui va réparer notre relation, c’est seulement ça. Et en donnant toute notre attention à ça, ça c’est à ce moment le sommet, ça c’est le pic, le plus important. Vous voyez maintenant et ça c’est vraiment ce qu’il voulait dire avec mindfulness, difficile à traduire ce concept dans n’importe quelle langue, c’est toujours très difficile . Mais à l’origine et pour 2500 ans, SATI veut dire ça, ce que je viens de vous expliquer. Et DRAN PA pareil pour les tibétains. C’est exactement les mêmes choses. Les commentaires sont tout à fait précis, il n’y a pas d’erreur. L’explication de ce terme de TSE TCHIK c’est EKA GATHA en sanskrit. EKA c’est TCHIK et GATHA c’est le sommet. EKA GATHA en pali. Et c’est le même concept depuis des siècles qui est traduit et tout le monde qui pratique la méditation, tout le monde sait que la méditation sert à développer la capacité de rester sans distraction avec l’essentiel. OK, ça j’aimerais que vous preniez ça avec vous à la maison, que ça vous accompagne toute une vie. Ça change toute une vie. Et de vous entrainer à la capacité de rester sans distraction et des petites choses, avec la respiration, en marchant, en buvant une tasse de thé.. C’est long de boire une tasse de thé. Ça peut prendre cinq minutes, dix minutes, c’est long, mais faites-le, et transporter cette capacité sur les choses plus essentielles. De pouvoir maintenir ça de A à Z dans un dialogue difficile avec votre épouse par exemple. De le faire et de maintenir l’attention sur l’essentiel de A à Z, même s’il y a difficulté, même s’il y a émotion et de maintenir cette conscience de l’essentiel tout le long, parce que ce que sont les petites pensées de distractios, dans la présence avec le souffle, c’est dans le quotidien, les petites émotions et les réactions de l’autre qui nous font dévier de l’essentiel. Et cette force de rester avec l’essentiel, ça, alors c’est la pleine conscience.

P : Alors tu viens d’expliquer comment, ce que c’était que SATI qui n’est pas que focaliser son attention, sur un objet, c’est pas que ça, mais moi par exemple, dans mes groupes de mindfulness, j’ai bien saisi la différence mais je ne sais pas comment l’exprimer parce que je ne peux

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pas leur parler d’éveil et j’ai du mal à expliquer la différence entre se concentrer sur un objet et …

T : Ok, je t’offre un mot qui va remplacer la concentration, regarde

P : j’utilise se centrer alors

T : non. Concentration pour nous il y a une connotation de volonté quand on se concentre. Connotation de volonté, d’effort, malheureusement parce qu’en soi on se centre sur le sommet. Mais comment c’est expliqué par le Bouddha et les maitres depuis ? Le sommet, on souhaite que l’attention reste là (dessin de Tilmann d’une montagne dont le sommet pointu est entouré d’un large cercle), dans l’amour illimité, ou sur le souffle. Donc pointu cela ne veut pas dire que c’est objet pointu, cela veut dire que c’est clair où on veut poser son attention. Ça peut être aussi vaste que l’amour illimité ok ?

Donc là, ce qui est le sommet c’est une zone. Là dedans on dirige son attention. Donc ce n’est pas un centre qui est pointu mais c’est la zone d’intérêt principal, ce qui fait une petite différence avec la concentration où on a l’impression aussi d’aller vers un point, quelque chose d’assez précis ok ? Et là les mots tibétains et aussi sanskrits, ils parlent de rassemblement. Laisser l’esprit se rassembler. C’est bizarre comme mot rassemblement ! C’est TOGETHER in English, quelque chose se rassemble mais c’est comme la pluie qui tombe du toit et se rassemble dans le point le plus bas, là où toute l’eau va arriver. S’il n’y a pas d’obstacle pour que l’eau puisse aller à cet endroit.

Donc les commentaires disent ce n’est pas un effort de concentration mais c’est le désintérêt pour toute autre chose. Vous voyez ? Si je ne suis pas préoccupé avec autre chose, mon esprit se rassemble là où je le pose .Je pourrais poser mon esprit donc. Poser c’est mieux que concentrer. Là si je veux laisser mon esprit se rassembler sur les fleurs, qu’est-ce qu’il fait mon esprit ? Qu’est-ce que je fais ? Maintenant je ne fais plus comme je faisais comme jeune méditant. Je sais que je dois lâcher tout l’intérêt pour tout ce qu’il y a autour. Ça veut dire que je ne suis plus attiré visuellement par le rouge. Je laisse mon regard là-dessus et il y reste ! Le regard et ma conscience reste avec les fleurs par manque d’attirance pour tout autre chose .D’accord ? Là je veux te regarder et tout de suite le regard s’est levé parce qu’il y avait un intérêt pour autre chose.

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YL : C’est la première fois que j’entends ça. Ça parait simple ce que tu dis mais c’est la première fois que j’entends ça.

T : C’est l’enseignement de base pour tous les enseignants bouddhistes sur la méditation et on appelle ça le renoncement. Vous avez déjà entendu ce mot ?

YL : Oui mais par rapport à l’argent, comme un ascète tu vois, cette notion-là.

T : Le renoncement c’est le renoncement clef expliqué par tous les bouddhistes, c’est le renoncement à ses propres pensées, d’accord ? Pouvoir renoncer à la pensée qui n’est pas encore arrivée et la pensée qui était avant. C’est pas le renoncement de l’argent, c’est facile à pratiquer on peut cogiter et avoir des idées, de mégalomanie, comme on veut. Renoncer à l’argent, non, renoncer à la pensée de l’argent. Renoncer aux femmes, c’est pas ça, renoncer à la pensée des femmes, des hommes, des désirs, c’est tout ce qui nous distrait de l’essentiel.

On peut vivre on peut manger une super tarte Tatin, je sais pas quoi, se régaler, mais après on lâche et on n’est pas triste, on n’entretient pas des pensées et demain et dans une semaine, et quand je reviendrai à Paris, je mangerai cette tarte Tatin. Non, pas besoin, ça….pfuiiit, l’esprit est libre. Dès que l’esprit n’est pas là avec ce qu’on lui donne comme travail, il est libre d’accord ? Et ça c’est une capacité dont je vous parle, ça nous rafraichit énormément. Un instant de libre, sans tâche, mon esprit s’arrête de penser. pas besoin. Parce qu’il n’y a pas besoin. Alors les concepts s’arrêtent, la conscience est avec elle-même et c’est complètement rafraichissant c’est cette même capacité dans ce qu’on appelle le renoncement. Ça ça fait que tout ce qui pourrait distraire de ma zone d’intérêt principale ne reçoit pas l’importance qu’on lui donne dans d’autres situations, mais cette situation-là n’a pas d’importance, donc ça ne crée pas de distraction.

Qu’est-ce qui reste à l’esprit de faire ? Il reste à être là où il est posé .Parce que tout autre chose n’a pas la même importance. Si je suis distrait dans ma méditation, il faut que je m’avoue à moi-même que ce qui vient de me distraire était plus important pour moi que ce que j’étais en train de faire. Ça c’est nécessaire, il faut s’avouer ça. Et si je suis toujours distrait par les mêmes choses, il faut voir pourquoi ça c’est tellement important pour moi.

Je ne pourrai pas me concentrer sur autre chose, revenir sur la chose qui est la plus importante pour moi, si je n’ai pas résolu ce thème qui vient

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tout le temps d’attirer mon attention. Soit j’analyse de manière à pouvoir voir que c’est sans intérêt, ou je m’occupe proprement de ce sujet, j’y vais avec toute mon attention jusqu’à que ce que ce soit résolu par, en recevant la pleine attention vous voyez ? D’accord, donc ça s’appelle en tibétain un SOUNG KOR un cercle de protection.

Le cercle de protection ce n’est pas un travail actif de repousser les pensées qui vont rentrer mais c’est la décision claire et ferme de rester avec ce qui est et de remarquer toute autre chose qui entre dans l’esprit comme étant sans importance.

Notre lama GUENDUNE et là je vais terminer après avec ça , il nous donnait un mot, un mot pour aider à établir ce rassemblement de l’esprit : GENME DONME NING POME

GEN ME: inutile. Donc il y a une pensée qui arrive et on doit…c’est inutile maintenant, inutile de penser à ça. Ce n’est pas dans mes priorités, c’est inutile maintenant de me préoccuper de ce que je vais cuisiner ce soir. Je ne peux rien faire maintenant pour mettre en œuvre ce qui va être à l’issue de ces pensées, c’est inutile

DON ME : c’est insensé, dans le sens sans sens , ça n’a pas de sens. C’est presque comme inutile mais avec une petite variation. Il n’y a pas de sens là-dedans. Il n’y a pas de sens maintenant de réfléchir là-dessus, ça n’a pas de sens de m’occuper de ça maintenant, c’est sans utilité, il n’y a pas de sens

Ce sont deux aspects très similaire, mais…

NING POME : c’est plus profond. C’est sans essence, dans le sens ça n’a pas de solidité, ça n’a pas de cœur.… c’est rien en soi de me rappeler que ce qui vient de s’introduire qui veut m’enlever mon attention de ce qui est le plus important pour moi, non je n’ai pas besoin de donner de l’attention à ça, c’est éphémère, ça passe tout seul, je n’ai pas besoin de m’occuper de ça, ça n’a pas de sens de m’en occuper parce que ----ça n’a pas de substance, ça n’a pas d’essence, ça n’a pas de pouvoir.

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Donc ces réflexions là, sur la nature inutile, insensée et sans essence de ce qui semble venir de l’extérieur pour me distraire, m’aide à rester rassemblé sur l’essentiel .

Ok, là ce sont vraiment les clefs de la méditation. En peu de mots c’est l’essentiel de la méditation. Donc c’est très simple quand on les met en application, au lieu de lutter pour rester sur place et lutter contre quelque chose qui veut me distraire, on renforce son appréciation pourquoi ça c’est essentiel, pourquoi ça a du sens, pourquoi ça c’est dans ma vie ? On renforce donc l’intérêt pour ce qu’on choisit comme intérêt principal et on se dit pour le moment que tout le reste n’a pas d’importance.

Donc résultat de ça c’est voir que tout le reste pour le moment est sans importance –Ça c’est le résultat de cette triple réflexion.

P : est-ce qu’il n’y a pas un piège si on se trompe sur l’essentiel, de renforcer de fausses idées, des illusions ?

T : Oui, ça c’est un piège, donc tu choisis bien ce qui est essentiel pour toi. Et je m’inquiète pour les gens qui pensent que c’est essentiel de marcher en pleine conscience et qui deviennent incapable de, par exemple, parler pendant qu’ils marchent. Là…on s’en inquiète. Ou qui pensent que c’est essentiel de rester avec la respiration quand ils méditent mais qui ne remarquent pas que, par exemple, ils n’ont pas éteint le gaz. Tu vois, bien choisir ce qui est essentiel et ce n’est pas essentiel, de se fermer au monde pour méditer. Il est plutôt essentiel d’apprendre à vivre avec les six sens ouverts, sans rester dans les réactions émotionnelles.

P : Pour moi, ça me fait penser à la notion d’engagement, s’engager en fait, pleinement dans ce qu’on a décidé

T : Il y a l’engagement sincère avec soi même de rester avec l’essentiel. Ça c’est un engagement que l’on prend au début de chaque session de méditation. Au début de l’entrainement, je m’engage d’amener au bout cet entrainement. C’est un engagement avec moi-même. C’est la force que va créer l’absorption là-dedans.

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Maintenant, pour finir, ces forces là qui nous distraient sont appelées les forces de l’égo –Dans la langue courante en France. Elles sont appelées MARAS en sanskrit, les forces adversaires de l’éveil.

Ce qui fait que la méditation devient tout à fait stable, on appelle ça la BODDHICITTA , l’esprit d’éveil. Quand il y a la BODDHICITTA, les SAMADHIS elles, sont faciles, facile à rentrer dans la méditation profonde parce qu’il n’y a plus d’intérêt personnel. C’est l’esprit d’éveil qui est présent, on médite comme un Bouddha , sans préoccupation personnelle. Donc BODDHICTITA au centre rend la méditation facile. Toute méditation est difficile quand il y a intérêt personnel. Là ça devient difficile, parce qu’on ne peut pas bien faire le tri entre un intérêt personnel et un autre intérêt personnel, donc on est attiré par un intérêt, un attachement et tout…chemin difficile !

Ok, il faut que je me limite à ça. Mais je vais enchainer après une petite pause avec l’ego, parce qu’on veut savoir pourquoi on parle de l’ego, qu’est-ce qu’un ego sain, un moi sain et un ego névrotique. Il faut parler de la différence. C’est quoi le non soi ? Qu’est-ce qu’on va faire avec notre thérapie de fortifier le moi, de soutenir le moi, est-ce qu’on va dans la fausse direction où est-ce que c’est dans la même direction que le chemin de l’éveil ?

Je propose dix minutes de pause.

PAUSE

(Audio module 13)

Je crois que vous avez pu voir que ce que l’on enseigne dans le programme réduit de la « Mindfulness » fait partie de ce qui est défini comme notion de « Sati » en bouddhisme, mais ça n’est pas tout ! ça n’est pas en fait l’essentiel, il faut diriger encore sa capacité de pouvoir encore rassembler son esprit sans distraction et diriger ses capacités vers ce qui libère, ce qui libère vraiment. Il s’agit donc d’un examen, d’une ré-investigation de notre vérité. Notre vécu sera examiné avec la capacité de « Sati » pour voir s’il y a en tout cela quelqu’un : un jeune ? Un moi ? Quelqu’un qui meurt ? Qui souffre ? Elle est où la souffrance ? Elle est où la joie ? Est ce qu’il existe une libération ? Ou est ce encore une idée que l’on se fait ?

Tout ça c’est le « Sati » qui explore la réalité, cette capacité de mettre le zoom ou le regard panoramique, de pouvoir changer à volonté et sans

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distraction. Ca, c’est la capacité nécessaire pour explorer notre vie et en déduire des conclusions fiables. Si c’est trop rapide ou que notre vision n’est pas claire à cause de trop d’émotions, on a tendance à conclure très rapidement « Cogito Ergo Sum » je pense donc je suis, j’existe parce que je pense, ou autres déductions qui ne sont pas totalement erronées mais qui nous font nous demander mais qui suis-je quand je ne pense pas ? Qu’est ce que vous êtes /Qui vous êtes quand vous ne pensez pas ? Est-ce que vous êtes ?

J’avais promis qu’on fasse ensemble un exercice d’ « être sans pensée », voulez vous qu’on le fasse ?

P : ce n’est pas possible de ne pas penser…

T : c’est très simple ne t’inquiètes pas

Par pensée ici, je parle de la pensée conceptuelle. Ce n’est pas la fin de l’esprit ou de la conscience c’est juste un moment où il n’y a pas de conceptualisation et vous y allez à votre rythme. J’utilise une ancienne technique basée sur la respiration. Avec l’expiration nous allons lâcher toutes les pensées dans l’ouverture et avant l’inspiration on regarde bien comment est notre esprit ? Faisons-le ensemble. On se prépare à tout lâcher on ne donne plus d’importance à ce qu’on pense actuellement. On inspire fortement et on lâche toutes ses préoccupations. L’inspiration revient naturellement, on respire normalement, et dès qu’on se sent encore prêt on peut à nouveau expérimenter une petite pause dans la pensée conceptuelle. Il se peut que ce soit juste une petite brèche pour un instant dans la pensée conceptuelle mais cela peut être bien plus long et durer même quand l’inspiration revient, sans besoin que la pensée conceptuelle se déclenche. Vous y arrivez ? Vous voyez que dans ces brèches, il peut y avoir un vécu sensoriel, on voit avec ses yeux, on entend avec ses oreilles, mais sans conceptualiser, on se fait une petite brèche dans la pensée habituelle.

P : moi je me mets la pression pour ne pas penser..

T : Plutôt que de se mettre la pression pour y arriver il faut lâcher totalement.. dans l’ouverture….On se lâche dans l’ouverture comme si on allait dans l’espace. Exercice.

Comme dans le Sati où au lieu de chercher la concentration on se débarrasse des pensées parasites. On peut également faire autre chose, on expire et avec l’expiration on se dit « pense ! » Fais le comme une intervention paradoxale.

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Cet exercice avait pour but de vous montrer que la pensée conceptuelle n’est pas nécessaire à tout moment. Et c’est bizarre quand on se dit « pense » ! On ne sait pas quoi penser ! En ce laps de temps avant de trouver la prochaine pensée, il y a juste l’observateur qui observe la difficulté de penser quand on se dit pense ! Quand on se dit pense! Quand on se dit « lâche » et on est capable de lâcher, il y a juste l’expérience sensorielle, avant que la prochaine pensée n’arrive, et elle arrivera ! A l’inspiration on se fait un petit commentaire, « ah, c’est l’inspire qui revient ». Ce sont les premières pensées qui arrivent car on s’est conditionné normalement à noter qu’il y a inspire, alors qu’en fait si on arrive de rester naturel dans sa respiration sans besoin de nommer et de penser, on est juste là avec son vécu sensoriel activé mais sans commentaire. Très simple. Cela n’a rien à voir avec l’éveil, c’est juste pour montrer que nous ne sommes pas juste une pensée. Vous n’avez pas arrêté d’être vous même. Le fait de ne pas penser n’a rien changé rien à votre personnalité ou à votre être. On ne peut pas se définir par la pensée, on est plus que la pensée ! On est aussi la pause entre les pensées.

P : au moment où il n’y a plus de pensées mes perceptions sensorielles changent. Est ce que mes pensées imprègnent mon vécu sensoriel ?

T : oui, Les pensées réduisent l’espace de notre vécu sensoriel quand il n’ y a pas commentaire conceptuel il y a ouverture. Il y a une perception plus fine du vécu visuel, tactile, auditif etc. Quand il n’y a plus de commentaires conceptuels qui restreignent notre vécu, cela prend un goût comme si l’on voyait pour la première fois, il y a une fraîcheur qui revient.

La question de l’égo

Je vais enchaîner sur le sujet du moi, du je, de l’ego. Mais l’essentiel de ce que je vais dire est à paraître dans le prochain numéro de Regards Bouddhistes avril 2014. Quand ils parlent de l’ego, Bouddhistes et psychologues évoquent différentes choses. Dans les textes Bouddhistes, le mot ego n’existe pas, on ne parle pas d’ego. Dans les anciens textes bouddhistes, le mot ego n’est pas utilisé tout seul, on parle de saisie d’un soi, saisie du moi, saisie égoiste, mais le mot ego ne pose pas de problème en soi, c’est la saisie en vue d’un soi imaginaire qui pose un problème. Il est donc important de noter que dans les textes bouddhistes on ne parle pas d’ego. Malheureusement des enseignants bouddhistes peu instruits ou des traducteurs peu instruits traduisent souvent saisie de soi par ego ce qui nous met sur la mauvaise piste.

De quoi parle t-on ? A l’époque de Bouddha il y avait une forte insécurité, on est au milieu/fin de l’âge de fer, il y avait pour la première en fois en

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Inde un surplus alimentaire (céréales) à cause de l’évolution des techniques agricoles (charrues, outils). Les gens commençaient à bouger. De plus en plus de yogis. Les gens commençaient à avoir du temps ils pouvaient nourrir les Yogis qui commençaient à voyager à travers le pays. Des couteaux, des haches pour travailler, des outils qui rendaient la vie plus facile. Les gens pouvaient réfléchir au pourquoi et au comment de la vie humaine. Beaucoup d’écoles ont vu le jour, Il y avait un grand sentiment d’instabilité. L’ordre établi était remis en cause. Beaucoup de chercheurs spirituels ont vu le jour pour répondre à ce sentiment de peur et d’insécurité.

Il y a eu deux réponses à cette peur, cette insécurité du changement. Le premier disant qu’il y a quelque chose de stable ou il faut faire avec l’instabilité .Dans l’affirmation de l’existence de quelque chose de stable il y a l’affirmation d’un soi individuel qui rejoindra un jour le Soi universel (Atman et Brahman). Ceci est le courant de pensée prédominant à l’époque de Bouddha : chacun porte un atman et ce soi était vu comme étant individuel et permanent (chacun a son propre Atman) donc un soi individuel et permanent, durable d’une nature non changeante. Cette individualité non changeante rejoindra le Brahman universel. Cette dimension éveillée, c’était une belle promesse de stabilité dans ce monde d’instabilité. Bouddha a pris une autre approche parce qu’il a regardé, en se disant que s’il y avait un Atman il faudrait le trouver. Même si cela peut être difficile pour le commun des mortels cela devrait être possible pour les yogis qui, en samadhis profonds devraient trouver un soi individuel stable. Mais personne ne l’a trouvé y compris le Bouddha. On trouve beaucoup d’individualités. Toutes ces forces qui travaillent notre être et qui produisent nos joies, nos souffrances, nos idées etc. produisent beaucoup d’individualités. Quand on se détend, quand on entre en méditation la saisie de ce qui est individuel cesse et on entre dans une stabilité relative, c’est vrai, mais quand il y a la dernière saisie individuelle qui se dissout dans cette stabilité, on n’est plus avec quelque chose d’individuel.

La stabilité que l’on trouve est en fait une conscience qui a toujours le même goût, la même saveur, mais qui est dynamique, changeante. Il n’y a pas de véritable stabilité et elle n’est pas non plus individuelle. On peut dire qu’elle est toujours là et en ce sens elle est stable et fiable, mais elle n’est pas du tout individuelle. On appelle cela la nature de l’esprit, ma nature d’esprit et ta nature d’esprit ne sont pas différentes car elle n’a pas de caractère individuel. L’absence de ce caractère individuel qui a une dynamique de base stable, a été appelée par Bouddha « Anatman ». Il n’ y a pas d’Atman, pas de soi individuel permanent.

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La réfutation du Soi de tout les maîtres Bouddhistes depuis cette époque, fait référence à la notion d’un moi stable qui fera comme le noyau de mon existence et qui passera d’une existence à une autre jusqu’à rejoindre le Dieu, le Brahman dans le contexte hindou. Cela peut être comparé à l’idée occidentale d’âme qui est individuelle, mais contrairement au concept occidental de l’âme qui peut être souffrante et donc changeante car souvent associée aux sentiments, l’âme chez les hindouistes est non changeante non souffrante. Notre âme occidentale est mélangée avec des notions de sentiments. Un esprit qui ressent est nécessairement changeant, conditionné car sous d’autres influences. Là pour la notion d’Atman, on parle d’une dimension de l’être qui est à la fois individuelle et hors des influences des conditionnements. Cet Atman là était réfuté par le Bouddha car personne ne l’avait trouvé ! Dans toutes les absorptions possibles de lui et des yogis de l’époque. Donc aujourd’hui, dans un raccourci intellectuel peu habile, cette notion est traduite par « pas d’ego » alors que la position de Bouddha est de dire « pas de soi individuel stable ».

Ensuite, il y a la personnalité. Bouddha n’a jamais réfuté le concept de personnalité mais au contraire il l’a appelé « karma ». Ma personnalité, ce sont mes forces, mes mécanismes, mes conditionnements qui me donnent mon élan vital, qui me font agir, penser, avoir des émotions, être en joie, pouvoir me détendre, c’est tout ce qui constitue mon individualité. Cet ensemble est toujours maintenu et reste individuel, il ne peut passer d’une personne à l’autre. C’est ce qui fait « Moi » sauf que ce « Moi » change en permanence. Le sens que donnent les Bouddhistes au Moi, dans le sens d’un individu, est donc un Moi changeant, évolutif, répondant à des forces de nature positive ou négative, de karmas et qui peut évoluer. Afin d’illustrer cette analyse Bouddha a utilisé la fameuse analyse des 5 « skandas/agrégats» . Il a montré que ce que l’on appelle les formes , visuelles, le vécu sensoriel extérieur changent tout le temps. Pareil de trouver les choses agréables, désagréables, neutres, ca change tout le temps. Les mots qu’on met, ce qu’on reconnaît comme passé, nouveau, ça change et évolue tout le temps. Les réactions émotionnelles, le refus, les réactions dans notre esprit, ce qui produit notre monde intérieur change tout le temps.

La Méditation permet d’éprouver l’absence de stabilité

Nous sommes toujours en train de créer notre monde. La personne change tout le temps. La notion de conscience, il s’agit plutôt du phénomène d’être conscient qui change en permanence, en fonction des stimuli sensoriels, des perceptions internes de notre état émotionnel, qui eux-mêmes sont sujet au changement permanent. Le contenu de chacune de

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nos consciences est différent à chaque instant, il s’agit donc d’un flot permanent de conscience. Un courant de différent vécu change tout le temps. Un être ordinaire à tendance à s’identifier à son corps. Tilmann c’est moi ici. Quand on coupe TIlmann, si on coupe une jambe. Tilmann sera moins Tilmann si une extrémité manque ? or le moi-corps change en permanence.

Notre identification à notre corps n’est pas suffisante pour rendre compte de ce qu’on est. Suis-je le Tilmann que j’étais hier, ce matin ou maintenant ? Et suis- je toujours identifiable à mon corps même en cas d’amputation d’une de ces parties? Mais si je suis mon vécu, alors je suis les différentes impressions sensorielles qui changent continuellement. Je suis ce qu’entend l’oreille ? ce que l’esprit pense ? Il n’y a que processus.

Là encore, on ne trouve aucune stabilité, alors on peut s’identifier à ses désirs/goûts de ce que l’on aime ou pas. Mais là encore on observe qu’il n’y a aucune stabilité et que les goûts par exemple, changent tout le temps. L’idée que l’on se fait de notre corps, vécu, goûts est empreinte de stabilité mais en réalité après analyse cette idée s’effondre, idem pour l’être émotionnel. La même musique je l’adore au début mais si on me la joue dix fois « arrête ! » je n’aime plus. J’adore ce jean mais quand il est mouillé, je ne l’aime plus ! Pas d’identité dans le goût, les préférences. Ca change selon les conditions. J’aime la glace mais pas quand j’ai froid. Ok si je ne suis pas mes préférences, je suis mes émotions ! mais l’être émotionnel, il change énormément, rien de stable…Enfin, il en va de même pour la conscience, suis-je cette conscience changeante ou alors suis-je la conscience de base, cette conscience non changeante ou nature de l’esprit ? Mais si je suis la nature de l’esprit alors je suis l’universel !mais il n’y a rien d’individuel dans l’universel ! C’est donc une contradiction !

On voit donc, qu’à chaque fois que l’on essaie de figer la nature de notre soi on arrive à une impasse ou une contradiction dans le raisonnement. En conclusion, du point de vue bouddhiste, la méditation permet d’éprouver l’absence de stabilité et son corollaire l’absence de toute peur vis à vis de l’instabilité, du changement.

Tout l’enseignement de Bouddha est d’aller à la rencontre de l’instabilité, du changement et voir qu’il n’y a pas de problème avec le changement. Le changement est la source de toute vie, c’est une source de bonheur. C’est ça le dharma, quand on lâche la volonté de vouloir être quelqu’un de stable contre toute évidence, il y a fin de souffrance, quand on ne résiste plus.

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Concentré dans ce concept, c’est la solution apportée par Bouddha à la notion de souffrance : aller à la rencontre de l’instabilité, de l’impermanence, du changement complet, y entrer et se rendre compte qu’il n’y a pas de raison de souffrir. Accepter le changement devient la source de toute vie, du bonheur, c’est l’ouverture du champ des possibles. C’est la découverte du Dharma qui consiste à observer que quand on lâche toute volonté de vouloir être quelqu’un de stable contre toute évidence de changement, contre toute impermanence, là il y a fin des souffrances, quand on ne résiste plus à la réalité. Du point de vue bouddhiste donc, la souffrance vient de la résistance à la réalité et à la vérité du changement permanent. Devenir fluide c’est se mettre en accord avec la nature des choses.

Le Moi sain en psychothérapie

Du point de vue de la psychothérapie, on peut dire qu’aujourd’hui il n’y a aucune approche psychologique qui propose un ego stable, ou un soi individuel stable. Quand on parle dans la psychologie d’un ego sain, on parle de la capacité à intégrer les différentes forces qui traversent un individu.

La psychologie Freudienne distingue le ça, moi et le surmoi. Le Moi qui n’est pas appelé Ego joue le rôle d’intégrateur, de balancier, entre les forces instinctives du ça et les forces de jugement, dogmes et préjugés du surmoi, pour en faire une force de vie intégrée avec toutes les inclusions animales du ça , la programmation culturelle, familiale du surmoi. Le Moi est donc l’endroit de la guérison, le Moi n’est pas du tout un ennemi. Le Moi représente la capacité de trouver un équilibre dans une situation de défi. Il s’agit de trouver des solutions sociales ou émotionnelles dans une situation socialement ou émotionnellement difficile, comme savoir s’occuper de soi en cas de maladie. Tout ce qui nous met en déséquilibre continuel.

Au début de mes études de psychologie on nous enseignait qu’un être humain est un être constamment en déséquilibre défiant en permanence les forces qui agissent sur et dans l’individu. Cette capacité de maintenir cet équilibre est appelée Ego sain. Le travail en psychothérapie consiste à soutenir un Moi, un Je, à retrouver cette capacité à retrouver l’équilibre le vite possible. Ce travail, formidable en soi, n’a rien à voir avec l’abolition d’un Ego néfaste. Dans le langage courant où les termes égoïstes, et egocentrique ont été introduits, le mot ego prend une toute autre connotation. Etre egoïste signifie être trop centré sur ses propres besoins et ne pas voir les besoins des autres. Egocentrisme, c’est voir le monde avec les yeux du moi uniquement. D’où la confusion entre ego et Anatman des bouddhistes. On confond cet egoïsme là avec le Anatman dont

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Bouddha aurait parlé. Mais Bouddha n’a pas parlé de cela. Les enseignements de Bouddha étaient beaucoup plus profonds puisqu’il parlait de soi non stable.

L’absence d’un soi stable montre l’inutilité de parler d’un ego et d’autres conceptions qui n’existent pas comme egoïsme ou egocentrisme. On voit bien qu’il y a une confusion de termes, le non soi des Bouddhistes représente l’idée qu’en psychologie tout est processus, que l’être humain n’est que processus. L’être humain n’est que processus. De même lorsqu’on utilise les termes Ego ou Moi en psychologie on ne désigne pas un moi stable mais une capacité en opération, la capacité d’intégrer différents facteurs afin de retrouver un équilibre pour un courant d’être qui passe dans le temps. Ce qui crée problème c’est si dans ce courant d’être on se positionne comme ego, comme moi, un moi solide et on fait toujours référence à ce moi solide à cet ego fixe qu’on doit défendre qu’on doit nourrir, qui s’enorgueillit et qui est jaloux. C’est cela qui crée problème aussi bien en bouddhisme que dans la psychologie occidentale. C’est une fixation sur un moi qui semble être stable et qui n’a pas lieu. Vous savez tous qu’en renforçant les forces du moi vous ne renforcez pas l’égoïsme de la personne, mais vous soutenez les capacités d’amour de compassion d’empathie, de sagesse, de générosité de clarté. Toutes ces forces qui sont nécessaires pour être une personne intégrée complète.

La personne qui vient dans votre cabinet tourne en général autour de soi-même dans une véritable névrose egocentrique qui peut prendre la forme de dépression, phobie etc. mais peu importe le terme il s’agit d’une névrose egocentrique. Votre travail consiste à aider vos patients à sortir de cette névrose egocentrique et le Dharma fait la même chose. Ce travail consiste à montrer qu’il n’y a jamais eu le besoin de défendre ou de nourrir ce soi-disant ego, car il n’existe pas.

Mais ce Moi stable, ce Moi intégré se trouve chez le Bouddha. C’est le plus stable possible. Le Bouddha comme tous les êtres éveillés a une force, une capacité de rester stable et équilibré face aux défis et on dirait aujourd’hui avec les termes de la psychologie : voilà une personne avec un Moi stable. Ces personnes ne sont plus tiraillées par les peurs, les attachements, en isolement total ou en immersion total dans la communauté, face à la maladie ou à la mort, elles sont d’une incroyable stabilité. Ces personnes ont une grande capacité de rester dans l’empathie, la sagesse pour soi et pour les autres.

Donc dans le sens positif du terme ego, on peut dire que Bouddha a l’Ego le plus fort du monde sans être egoïste le moins du monde. C’est tout le contraire, moins on est egoïste plus le Moi est stable.

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Les qualités transcendantes, libératrices d’un Moi stable sont décrites dans les textes bouddhistes comme les « paramitas ». Il y a une source à toutes les qualités libératrices : c’est la compassion. Tout vient de la compréhension globale des besoins de la situation. La compassion est comme un tronc d’arbre d’où se manifestent les qualités éveillées : la générosité, la patience, la conduite bénéfique, la persévérance joyeuse, le courage, la stabilité mentale, la sagesse. Toutes naissent de la compassion.

Ce sont là exactement les qualités dont les psychologues parlent quand ils décrivent un Moi stable. Ce sont les capacités naturelles de l’être quand il va bien, signes de guérison et de bonne santé mentale. Notre travail consiste à allier l’approche de Dharma et de la psychologie moderne, faire en sorte que ces qualités soient renforcées, ce qui réduit l’égoïsme afin d’arriver à la sagesse ultime qui nous fait comprendre que l’être humain est un courant d’être et non un soi stable et que notre individualité est l’ensemble des forces qui nous habitent même si dans le fond nous ne sommes pas si différents puisque nous avons tous la même nature d’esprit.

C’est dans cette nature de l’esprit que nous trouvons la libération puisqu’il n’y a plus de fixations quand on réalise cela. En conclusion, vous voyez que dans ce qui précède, je n’ai fait que clarifier les termes. A vous maintenant de relire vos livres de texte, je suis sûr que vous y retrouverez ce que je vous ai décrit.

YL : Est ce qu’un ego stable c’est, ne pas être souillé par les phénomènes, ne pas être imprégné, pas d’impact, comme l’eau qui peut glisser partout ?

T : Non, l’ego stable n’est pas comme quelque chose qui sera stable et qui ne sera pas influencé. Un moi stable est tellement ouvert à toutes les influences mais ne saisit pas les influences pour arriver à une instabilité.

YL : pour utiliser un autre terme ça serait ..qui ne saisit pas qui ne serait pas modelé...

T : tu présentes les choses comme s’il y avait un ego stable mais il n’y en a pas ! il y a juste les forces d’intégration, il n’y a pas vraiment un ego stable, ça n’existe pas. C’est juste un terme pour décrire cette capacité d’intégration.

YL : Je crois que j’ai du mal à imaginer qu’il n’ y ait rien du tout, parce que même l’eau c’est quelque chose.

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T : mais attends, pourquoi tu passes des forces d’intégration à rien du tout ? Vous voyez vous faites tous ça, quand on vous dit il n’y a pas d’ego stable, alors vous concluez : il n’y a rien. Non, il y a des forces en action. Là en vous parlant il n’y a rien de stable, pas d’ego stable, mais des forces qui font très bien leur travail et le moins que je me mets avec ces forces, le mieux elles font leur travail. Quand moi je prends le fait d’enseigner, il y a orgueil, fixation, et ça commence à devenir bizarre. Mais quand il y a lâcher-prise/ouverture, les forces de sagesse et d’empathie font toutes seules leur travail, naturellement, sans le moindre effort ni souci de performance. C’est comme l’amour, vous pouvez faire l’amour sans le moindre effort si vous êtes dans la fluidité de l’être. Il y a des actes généreux qui peuvent se faire sans le moindre effort, naturellement, en venant du cœur. Ca part tout seul, on a pas besoin de dire je dois être généreux. Les actes de respect, cela vient tout seul, on n’a pas besoin de se motiver pour cela.

Y : c’est une question de matière en fait, j’ai pensé à l’eau après j’ai pensé que si on a du mal avec ces notions c’est parce que nous dépendons d’éléments. Le fait que ce soit instable c’est parce que nous dépendons de choses qui soient extérieur à nous et j’ai du mal à imaginer qu’il n’ y ait pas de matière physique même, je vois le corps, les cellules...

T : mais là, c’était pas le sujet d’aujourd’hui. Bien sûr, il y a le corps, il y a matière. Quand tu regardes plus en profondeur, il n’ y a rien de stable, la matière est en changement continu. Et oui, quand tu regardes cette jambe, il y a plus d’espace que de matière. Mais ça n’est pas notre sujet, on n’est pas en train de nier la matière. On n’a pas besoin de nier les sensations tout est là, tout est vécu comme toujours.

P : Est ce que l’ego ne serait pas une information. Au lieu de parler de forces on parlerait d’information ?

T : Mais une information n’a aucune activité !

P : Elle a besoin de support pour porter une activité mais l’information porte en soi tout. C’est l’information qui génère l’activité. Sans information, pas d’activité ..

T : Mais l’ego c’est juste un nom, un mot pour représenter un ensemble. Selon toi, une information ça serait quoi, une énergie ? une information énergétique ou information dans la matière ?

P : C’est une information qui précède à la fois l’énergie et la matière. C’est pour moi une tentative de nommer quelque chose qui n’est ni matière ni énergie.

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T : Je comprends, c’est en fait la volonté de nommer les choses. Mais il n’ y a rien à nommer. Déjà intellectuellement c’est dur, mais il faut y aller par l’expérience.

Donc vous voyez, l’absence de soi/ego c’est un peu effrayant. Mais c’est très pacifiant et détendant quand on voit/comprend qu’il n’y a rien à défendre. La vraie nature n’existe pas, c’est la fin des illusions. C’est la fin de tout ce que l’on pense être comme définitif.

Quand tous les concepts sont partis on reste avec le vécu direct. C’est plus simple que de se faire des idées en essayant de nommer cela.

YL : En fait nommer c’est déjà saisir.

T : Oui, c’est l’appel au secours, « je veux un concept », « quelque chose à quoi m’accrocher ». Mais regardez dans le vécu direct il n’y a pas de concepts. Les concepts viennent après. On pourrait, bien sûr, appeler ego information, rien ne contredit cela.

P : Quand on parle de matière et si on va au bout des choses on arrive in fine à de l’énergie et derrière au rien, mais en même temps le rien, ne peut pas donner l’énergie, la matière et en bout de chaîne nous. Il est vrai qu’on tourne là dedans, c’est la roue d’hamster qui repart..

T : On devient inquiet, car on a opéré depuis longtemps avec mot « Je » et on pense que derrière le Je il y a quelqu’un. Que le Je pointe vers quelqu’un. Mais ce Je pointe tout le temps vers quelqu’un d’autre. Moi/Je de maintenant est différent d’il y a 30 min, je ne suis plus le même Je. Et c’est juste ça ! Il est très simple de savoir que les concepts, les mots décrivent des réalités qui changent. Les mots sont stables mais la réalité qu’ils décrivent n’est pas du tout stable. La réalité ne correspond pas à la stabilité des concepts.

YL : Je pense à la théorie de la relation d’objet chez l’enfant. Chez le jeune enfant, quand on fait l’expérience de lui montrer sa maman et de la faire disparaître. L’enfant pense qu’elle a disparu complètement. Première angoisse, peut être de la nature de la réalité chez l’enfant, la maman peut être là et à un moment elle n’est plus là. Je me dis que peut être chez l’humain, dès l’enfance c’est la première angoisse celle de la disparition d’objet. Ce serait l’angoisse humaine.

T : Oui, tu penses à l’instabilité d’objet et tu veux encore qu’il y ait objet. Même quand nous sommes là, ni l’un ni l’autre n‘est vraiment là. Ne regardez pas « qui est là » mais « qu’est ce qui est là » ?

Il y a un flot de vécu pour chacun de nous, un flot d’expériences, chacun ressent son corps, le monde extérieur en fonction de sa position, chacun a

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des pensées, chacun est entrain de changer tout le temps. Nous sommes processus et tout est processus, les fleurs, le tapis etc. Pas si grave que ça !

Dans une telle situation de fluidité qui est la trame de la vraie nature, on impose nos concepts, on structure, on solidifie, on nomme et c’est important car cela nous permet de communiquer mais de croire que ce l’on nomme est la réalité, là est le problème.

On devrait pouvoir nommer les choses sans que cela change le processus du vécu. Nommer, pointer vers quelque chose, est une aide à la communication, mais n’est en rien la réalité du vécu. Les paroles sont une simplification de la vie décodée avec un code stable et le code doit rester stable pour pouvoir communiquer. Mais le code de nos paroles ou de notre langue décrit une réalité changeante, insaisissable. Si on se prend au piège de croire plus à ses pensées conceptuelles qu’à la réalité de son vécu, alors on est en dissonance avec la réalité. Avec le temps, l’écart peut se creuser entre ses conceptualisations et la réalité, ce qui va créer problème. Par exemple, l’image de ma femme que j’aime peut être très différente du vécu de ma femme, de même, l’image de mon enfant et la réalité de mon enfant peuvent être très différentes.

Quand notre idée de la réalité et le vécu ne colle plus, il y a souffrance, il y a tension.

Je terminerai là dessus