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La dette de l’Etat Comédie en 16 tableaux 7 personnages * (5 hommes, 2 femmes) Auteur : Philippe Laperrouse Si besoin, un rôle masculin pourrait être féminisé (soit 4H,3F). Philippe Laperrouse

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La dette de l’EtatComédie en 16 tableaux

7 personnages *

(5 hommes, 2 femmes)

Auteur : Philippe Laperrouse

Si besoin, un rôle masculin pourrait être féminisé (soit 4H,3F).

Philippe Laperrouse

5, allée de l’Ardelière

69290 Grézieu-la-Varenne

[email protected]

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Note   de mise en scène  :

Décor

Un seul décor peut suffire, évoquant la pièce principale d’un château 16e-17e

siècle (mur de pierre, meubles rustiques, candélabres, sièges anciens).

Personnages :

Le roi Maurice : 50-60 ans environ. C’est le Roi. Préoccupé essentiellement de ses amours et très peu des finances de l’Etat pour lesquelles il n’a que des solutions farfelues.

Jean Biture : 40-45 ans. Ministre des finances. Partagé entre l’obéissance due à son roi et le nécessité de réduire le déficit du trésor Royal. Amoureux de la reine.

Broutille : 40-45 ans. Banquier, très riche. Créancier de l’Etat.

Le garde : 40-45 ans. Homme de main du roi dont le rôle est surtout d’introduire les visiteurs sur lesquels il ne se prive pas de remarques farfelues. (Le rôle peut être féminisé)

Palichon : 30-35 ans. Au départ, simple fonctionnaire, il deviendra général en chef des armées. Son incompétence ne dérange personne, même pas lui-même.

La reine : 40-50 ans. Femme du Roi auquel elle ne s’intéresse pas. Intrigante. Manipulatrice.

Mademoiselle de la Nouille : 30-35 ans. Maîtresse du roi. C’est aussi une intrigante qui ne cherche que son intérêt.

Costumes :

La pièce se déroule à une époque non datée, dans un lieu non cité.

La pièce est d’une tonalité burlesque. Les personnages sont vêtus d’une manière qui peut rappeler l’époque 16e-17e siècle, sans souci de véracité historique. Des éléments de costumes anachroniques peuvent même rajouter de la drôlerie.

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Tableau 1. (Le roi, Biture, le garde)

(Le roi est assis, il attend, le garde entre et annonce)

Le garde : Monsieur le ministre des Finances !

(Le ministre s’avance et s’incline deux fois devant le roi, le garde sort)

Le roi (geste impérieux)

Encore un, Jean !

(Le ministre recule et s’incline une nouvelle fois)

Le roi : Bien ! Si je ne m’abuse, mon cher Jean Biture, vous avez accepté le poste de ministre des Finances, voici déjà six mois.

Le ministre : Euh… accepter, c’est beaucoup dire ! Votre majesté se souvient sans doute qu’elle a reçu 59 refus pour ce poste et qu’elle m’a désigné après m’avoir donné le choix entre ce ministère ou le bourreau !

Le roi : Ce que vous pouvez être rancunier, Biture ! Laissons de côté ces détails ! Expliquez-moi plutôt un petit phénomène troublant !

Le ministre : Mais certainement votre majesté ! Votre majesté n’a pas à être troublée.

Le roi : Figurez qu’en ouvrant mon coffre ce matin, je me suis aperçu qu’il était complètement vide ! Mais alors, ce qui s’appelle vide de chez vide ! Pas même la moitié d’un écu ! Je dois dire que j’en ai été particulièrement affecté, Biture !

Le ministre : Euh… l’explication est très simple. Sa Majesté se souvient sûrement de la fête qu’elle a donnée dimanche dernier, qui s’est ajoutée à la nocturne de samedi soir en l’honneur de la première dent du filleul de Sa Majesté…

Le roi : Et alors, on ne peut plus s’amuser, Biture ?

Le ministre : Je me permettrais de faire remarquer à Sa Majesté que nous parlons d’un week-end à 180 millions d’écus…

Le roi : 180 millions, mais on n’a rien fait, Biture !...

Le ministre : C’est-à-dire que l’illumination multicolore des allées du parc pendant deux jours et deux nuits, 450 invités qui ont dévoré les buffets de Sa Majesté… J’ai ici les factures… (il lui tend des factures).

Le roi : Ah bon ? J’avais demandé l’électricité gratuite pourtant…

Le ministre : Le responsable du service aura sûrement mal compris, majesté. J’ai aussi là, le mémoire du tailleur de Sa Majesté et de la reine pour 850 000 écus…

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Le roi : Comment 850 000 euros pour 24 costumes et 37 robes sertis de diamants. Faites arrêter le tailleur, ministre ! Soumettez-le à la question pour qu’il baisse sa facture… ou même… ou même qu’il l’oublie.

Le ministre : Euh… Sa Majesté veut-elle que nous torturions le traiteur, les jongleurs, les troubadours, les chambrières, les serveurs, les palefreniers … ?

Le roi : Euh… Ce serait peut-être un peu trop. Le bourreau va encore me dire qu’il est surbooké. Soyons raisonnables, Biture.

Le ministre : C’est une parole de sagesse. Cependant, j’aimerais attirer l‘attention de Sa Majesté sur un autre petit problème.

(Le ministre lui tend un papier)

Le roi : Qu’est ceci, ministre ?

Le ministre : Le déficit de la royale cassette.

(Le roi examine le document dans tous les sens)

Le roi : 150… ce n’est rien, ministre, 150 mille écus… Vous allez me trouver ça tout de suite !

Le ministre : Il s’agit de 150 millions d’écus, majesté !

(Silence)

Le roi : Écoutez, Biture. Vos impertinences me fatiguent. Vous êtes ministre des Finances, pas du déficit ! Un peu d’imagination, quoi … Je ne sais pas créer de nouveaux impôts, par exemple…

Le ministre : C’est-à-dire que nous avons déjà créé beaucoup de taxes… Une taxe sur les chaises longues… Une autre sur les moulins à légumes…

Le roi : Tiens ! Mettez une taxe sur les chapeaux ! Toute personne portant un couvre-chef me doit 1000 écus et hop !

Le ministre : Qui va s'ssurer de l'application de cette mesure, majesté ?

Le roi : Eh bien… créez un corps de contrôleur des chapeaux… C’est simple…

Le ministre : Mais majesté… on va encore me dire qu’il y a trop de fonctionnaires !

Le roi : Tarata… Je viens de régler le déficit, Biture. (Il prend un stylo et un papier et fait mine de calculer) Euh… calculons, si je multiple le nombre de têtes à chapeau par 1000 en soustrayant ceux que le bourreau va décapiter, j’obtiens…. J’obtiens… Un excédent ! Le trésor royal est bénéficiaire, Biture !

Le ministre : C’est-à-dire que vu comme ça…

Le roi : Voilà qui tombe bien… Parce que… euh… Je voulais justement vous dire, Biture… que j’ai besoin d’une petite avance… je reçois le bijoutier Ragondin,

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incessamment… et figurez-vous que je suis très impressionné par la prestance de la princesse de La Nouille… Vous la connaissez … Gisèle de La Nouille… J’ai repéré une merveilleuse parure pour elle… Elle le mérite, n’est-ce pas ministre ?

Le ministre : Mais tout à fait, sire… Il est important que mademoiselle de la Nouille puisse paraître auprès de Leurs Majestés dans tout l’éclat de sa beauté…

Le roi : Quand je pense ! Quand je pense... que de perfides commères ont osé prétendre qu’elle est ma maîtresse !

Le ministre : Quelle infamie ! Madame Biture et moi-même sommes scandalisés par de tels propos…

Le roi : Je vois que nous nous comprenons, Biture. Comme argentier vous êtes nul, mais comme courtisan, ce n’est pas mal… si, si… j’insiste : c’est du très bon niveau. Venez donc avec moi, nous allons voir ce bijoutier ensemble.

(Ils sortent)

(Noir)

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Tableau 2. (La Nouille, Palichon)

(une femme dotée d’un chapeau déambule, un agent royal va l’interpeller).

L’agent : Halte-là ! Citoyenne ! Il me semble que vous portez un chapeau !

La femme : Euh…oui, si ça ne vous dérange pas.

L’agent : Oreste Palichon, agent du service de contrôle des chapeaux ! Vous avez votre permis ?

(Silence)

La femme : Comment ? Il faut un permis pour porter un chapeau ?

Palichon: Évidemment, citoyenne ! C’est la nouvelle loi. Vous devez avoir une autorisation et verser une taxe chaque fois que vous utilisez votre couvre-chef ! C’est simple !

La femme : Alors, si je comprends bien, je paie pour acheter mon chapeau et je dois payer pour le porter.

Palichon : Voilà ! Elle a compris !

(La femme fouille dans son sac et sort un par un des papiers)

La femme : Voyons… J’ai le permis moto, le permis de chasser les mouches, l’autorisation de marcher dans la rue, la carte de fidélité du salon de massage… ça peut faire l’affaire ?

Palichon : Non, citoyenne ! … Alors comme ça, on se promène, tête chapeautée sans permis… Très bien ! Puisque c’est comme ça : papiers d’identité !

(Elle lui tend sa carte d’identité. L’agent l’observe longuement, puis sort son téléphone portable et s’écarte dans un coin de la scène)

Palichon : Allo, monsieur le commissaire ! C’est bon, j’en tiens une… oui, c’est un cas de chapeau sans permis… Comment elle s’appelle ? (il lit la carte d’identité)…. De la Nouille, Gisèle de la Nouille… (silence, l’agent prend un air inquiet) Comment ? Je suis un imbécile… mais certainement, monsieur le commissaire… Je devrais savoir qui est madame de la Nouille ? La maîtresse en titre du roi ? Absolument… c’est-à-dire qu’à la brigade on est un peu surbooké, on n’a pas le temps de lire les journaux people… Vous vous en foutez ? … Tout à fait, monsieur le commissaire ! (Silence) … Comptez sur moi, je fais le nécessaire (il referme son téléphone et se retourne)

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Palichon : Vous avez de la chance, citoyenne ! Le Commissaire est de bonne humeur, il vient de décréter un moratoire de la taxation des ports de chapeau, justement dans la rue où nous sommes !

La femme : C’est un plaisir d’être arrêté par un agent aussi efficace, mon petit Palichon. Je pourrais peut-être signaler votre enthousiasme à Sa Majesté. Nous pourrions demander audience ensemble. Je suis certaine qu’il vous féliciterait longuement pour votre zèle…

Agent : Euh… pour tout dire, tout le mérite en revient au Commissaire Ballonron, mon supérieur hiérarchique. Il serait sûrement ravi de vous accompagner devant Sa Majesté…

La femme : Quelle modestie, agent Palichon ! Je devine pour vous la perspective d’une glorieuse carrière. Que penseriez-vous d’une place de chef de nage sur les galères de Sa Majesté ?

Agent (très inquiet) : Ce serait un grand honneur, mais voyez-vous mon arthrose ralentirait forcément la cadence de la marine de Sa Majesté…. En plus, figurez-vous que le médecin a formellement déconseillé l’air marin à madame Palichon…

La femme : Ah, évidemment, si madame Palichon est souffrante, je n’insiste pas… (Un silence, puis elle prend l’air libidineux). Mais dites donc, je m‘aperçois que vous êtes un homme fort, monsieur Palichon ! Quelle allure ! Quels muscles ! Vous pourriez me rejoindre dans mon boudoir ce soir, j’ai une grosse envie de vous montrer ma collection de papiers administratifs ! Nous pourrions en parler plus à l’aise ! Qu’en pensez-vous ?

Agent : Euh… c’est-à-dire… Sa Majesté ne pourrait-elle pas élever quelque objection…

La femme : Palichon, voyons ! Ne me dites pas que vous préférez une mutation au service des galères !

Agent : Euh… non… je suis à votre disposition, mademoiselle.

La femme : Très bien, mon petit Palichon à ce soir !

(Ils sortent chacun d’un côté)

(Noir)

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Tableau 3. (Le roi, La Nouille)

(Au début de la scène, le roi est seul dans son bureau, il joue au bilboquet en ayant l’air de s’ennuyer. Sa maîtresse, mademoiselle de la Nouille arrive.)

La Nouille : Mon ami ! Mon ami ! Qu’est-ce que j’apprends ! Vos services infligent une lourde taxe sur les chapeaux ! Mais vous voulez ma mort ! Je vous signale que ma modiste madame Persil est toute chamboulée.

Le roi : C’est-à-dire, ma mie que les finances de l’Etat imposent certaines mesures et comme l’Etat, c’est moi…

La Nouille (elle se pâme) :

C’est donc dit… Au nom de l’état, vous me condamnez au monastère ! Quelle horreur ! Je n’aurais jamais cru…

Le roi (affolé) : Le monastère… mais pas du tout, ma mie… Comme vous y allez ! Comment a-t-on pu vous indisposer avec un petit problème fiscal ? C’est sûrement une erreur des services… Garde !

(Le garde tarde)

Le roi : GARDE !!!!

(Le garde arrive)

Le garde : Et l’interphone, il ne marche plus ?

Le roi : Garde ! Veuillez mander le ministre des Finances, tout de suite !

Le garde (hébété) : Mander… mander…

Le roi (énervé) : Faites venir monsieur Biture ! Ici, tout de suite !

Le garde (part en maugréant) :

Bon … bon, je vais mander…

Le roi (se retourne vers sa maîtresse)

Ma mie, ce n’est qu’un regrettable malentendu, nous allons pouvoir rassurer madame Persil et vous-même tout de suite.

La maîtresse : Je l’espère mon ami, je ne me sens pas très bien depuis hier !

(Le garde réapparaît et annonce)

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Le garde : MONSIEUR BITURE !

Le roi : Monsieur le ministre, qu’est-ce que j’apprends ? Vous auriez imaginé de prélever un nouvel imper sur le port des chapeaux ?

Le ministre : Mais sire, vous-même…

Le roi : Il suffit ! Voyez donc : vos initiatives ont mis Madame de la Nouille dans tous ses états ! (Elle feint de pleurnicher)

Le ministre (ironique) :

Ah, si madame de la Nouille a ses vapeurs, évidemment ! Mais puis-je demander à Sa Majesté quelle autre solution alternative elle envisage pour combler le déficit du trésor royal.

Le roi : Le QUOI ? Ah oui ! Le déficit… Et bien c’est très simple … Empruntez mon ami, empruntez…

Le ministre : Puis-je faire remarquer à Sa Majesté que lorsqu’on emprunte, il faut rembourser…

Le roi : Ah bon ? C’est vraiment obligatoire ?

Le ministre : C’est la coutume, majesté !

Le roi : Bon ! Écoutez, Biture : débrouillez-vous avec le banquier Broutille. Rappelez-lui que je tiens sa famille en haute estime et que j’ai condamné son rival Soudard aux galères. Il a eu le culot de me parler de taux d’intérêt à l’occasion d’un petit crédit de 50 millions d’écus ! Ah ! Ah ! Quel drôle d’idée !

La maîtresse : En effet, sire, j’ai eu l’occasion de constater que monsieur Soudard avait des pratiques bancaires très divertissantes !

Le roi : Enfin, bref ! Biture ! Inventez un prêt non remboursable… Bougez-vous, mon vieux… (il se retourne vers sa maîtresse) … En attendant, je suis horriblement chagriné de vous voir dans la peine, ma mie. Que puis-je faire pour me faire pardonner ? J’y suis : une magnifique fête en votre honneur… avec des jongleurs, des troubadours…

Le ministre : Sire, je me demande si les finances royales permettraient l’ouverture de festivités supplémentaires…

Le roi (fâché) : Biture ! Vous voyez bien que mademoiselle de la Nouille souffre !

La maîtresse : Ne croyez-vous pas, mon ami, que la reine pourrait trouver contrariant ce nouveau projet ?

Le roi : La reine… ah oui, la reine ! … Il y a une reine ! Ne vous inquiétez pas, ma mie, nous dirons à la reine que nous fêtons autre chose…

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N’importe quoi… l’élection du nouveau pape… ou la communion de son cousin . Bon ! En attendant, mes décisions sont prises ! Biture !

Le ministre : Oui, sire !

Le roi : Exécution !

Le ministre : Nous exécutons qui, sire ?

(Le garde arrive avec un papier et une plume entre les mains)

Le roi : Qu’est-ce donc, garde !

Le garde : Sire, Sa Majesté a oublié de signer mon autorisation de congé.

Le roi : C’est vrai, garde, vous avez raison. (Il signe). En attendant, veuillez quérir le banquier Broutille et l’amener dans le bureau de monsieur Biture.

Le garde (hébété) : Quérir … quérir… Ah oui, mander !

Le roi (bafouillant) : Queriez… querissez… mandez … enfin quoi, ce que vous voulez … amenez le banquier à monsieur Biture !

(Noir)

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Tableau 4. (La reine, le garde, Biture)

(Le garde annonce la reine)

Le garde : SA MAJESTE LA REINE !

(La reine entre sur scène)

La reine : Garde !

Le garde : Madame…

La reine : Vous voyez bien qu’il n’y a personne ! Ce n’est peut-être pas la peine de hurler quand j’arrive dans une pièce vide !

Le garde : Euh… Oui, mais j’aime bien annoncer…

La reine : Bref… allez me chercher le ministre Biture !

Le garde : Vous voulez que je le mande ?

La reine : Oui, si vous voulez, mandez…

(Le ministre arrive dans leur dos)

La reine : Inutile garde, le voilà justement.

Le ministre (il s’incline)

Majesté !

Le garde : Quel dommage, madame, monsieur Biture est là ! Moi qui aime bien mander, je n’ai pas de chance…

Le ministre : C’est bon, garde, c’est bon… Vous pouvez disposer…

Le garde : Je peux disposer de quoi ?

La reine : DEHORS ? GARDE !

(Le garde sort de mauvaise grâce, en marmonnant. Le ministre se précipite à genoux devant la reine, il en est amoureux).

Le ministre : Ma mie, ma mie, ce faquin vous aura donc indisposée !

La reine (de mauvaise humeur) :

Jean ! Il y a autre chose qui m’incommode.

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Le ministre : Dites-moi tout, ma reine !

La reine : Je vous paie largement pour espionner le roi à mon profit.... Je me trompe ?

Le ministre : Euh… ma reine, espionner … quel vilain mot ! Disons que le roi me fait l’honneur de partager avec moi les soucis de la couronne… Soucis tellement lourds à assumer que votre majesté, ma reine, a l’obligeance de m’aider les porter.

La reine : Alors, expliquez-moi… Madame de la Nouille est toujours sa maîtresse n’est-ce pas !

Le ministre : Madame de la Nouille… en effet … a le privilège de conseiller le roi… Elle a son oreille sur de nombreux sujets.

La reine : Oui, enfin… son oreille et le reste… Remarquez, je m’en fous, j’ai assez d’occupations comme ça !

Le ministre : Ma reine ! Je vous assure que le roi ne pense qu’au salut de son âme !

La reine : C’est ça, oui ! Et moi, je suis la reine d’Angleterre ! Dites-moi plutôt : comment se fait-il que le roi a osé proposer que je vende certains de mes bijoux les plus précieux ?

Le ministre : Comment le roi a osé ?

La reine : Ça vous étonne ?

Le ministre : C’est-à-dire… que … pas vraiment… Le trésor royal connaît actuellement quelques difficultés… le budget est assez incertain…

La reine : Et les incertitudes se montent à combien ?

Le ministre : 150…

La reine : 150 mille, mais ce n’est rien. Je peux lui céder la bague en or pur que je portais l’année dernière…

Le ministre (désolé) : 150 millions, ma reine !

La reine : Ah oui, quand même !... Et voulez-vous me dire pourquoi il s’en prend à ma cassette de bijoux plutôt qu’à celle de madame de la Nouille.

Le ministre : C’est effectivement une grande injustice, ma reine. Pourtant, si j’osais une hypothèse…

La reine : Osez Biture, osez … !

Le ministre : C’est-à-dire… Comme vous le savez : madame de la Nouille est la fille bien-aimée du roi de Pantanie, notre puissant voisin. Je pense que le roi votre époux éprouve quelques réticences à l’énerver…

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La reine : Tiens donc … Nous ne voulons pas énerver le roi de Pantanie…

Le ministre : C’est-à-dire que la dernière rencontre entre nos deux armées s’est soldée par un lamentable revers de nos couleurs…

La reine : Forcément, nous n’avions pas payé nos soldats… Ils ont fait grève ! … Enfin bref, dites-moi la vérité, Biture : vous ne croyez pas plutôt que le roi préfère les bras de la Nouille à ses devoirs conjugaux…

Le ministre : Remarquez, ça m’arrangerait... Euh... non… je veux dire… Sa Majesté le roi a un cœur immense, il aime beaucoup de monde !

La reine : Mais oui, bien sûr ! Beaucoup trop de monde, Biture ! (Silence)… De toute façon, il n’est pas question qu’il pioche dans ma cassette à bijoux !

Le ministre : Mais bien entendu, majesté.

La reine : Vous avez vu le banquier Broutille ?

Le ministre : Justement, je l’attends d’un instant à l’autre, ma reine. Nous pourrions le recevoir ensemble !

(Le garde entre et annonce)

Le garde : MONSIEUR LE BANQUIER BRICOLE !

(Il sort et re-entre immédiatement)

Le garde : Ah, mince ! Je me suis trompé ! Je recommence : MONSIEUR LE BANQUIER BROUTILLE !

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Tableau 5 (Broutille, la reine, le ministre)

(Le banquier Broutille entre et s’incline devant la reine et le ministre)

Le ministre (il prend le banquier amicalement par l’épaule) :

Broutille ! Mon ami ! Vous savez en quelle haute estime vous tiennent le roi et la reine. La preuve, ils vous ont confié tous leurs avoirs.

Broutille : En même temps, Leurs Majestés ne possèdent pas grand-chose. J’admire même leur dénuement. Ils vivent comme nous l’ont enseigné les évangiles : dans la pauvreté et la frugalité.

La reine : Oui... bon… Cher banquier, il va vous falloir comprendre que la frugalité, ça va bien un moment, mais il faut savoir raison garder.

Le ministre : Sa Majesté veut dire que la direction de l’état impose un certain décorum, des voyages, des réceptions…

Broutille : Certes, mais de là à s’empiffrer tout le week-end avec tous ses courtisans…

La reine : Sachez que le roi ne s’empiffre pas, monsieur ! Il relance l’activité de la branche de la restauration.

Broutille : Madame, j’ai bien noté l’excellence de la politique économique de Sa Majesté.

Le ministre : Justement banquier, ça tombe bien que vous en parliez ! Il se trouve que le Trésor royal pâtit d’une petite défaillance, tout à fait conjoncturelle, bien sûr !

Broutille : Combien ?

Le ministre : 150 millions.

Broutille : Bigre !

Le ministre : Vous avez raison, banquier : c’est une pacotille.

La reine : Évidemment, un geste de votre part, Broutille et nous pourrions ne pas avoir connaissance des nombreux avoirs que vous détenez à l’étranger.

Broutille : Euh… oui, bien sûr… vu comme ça… dans ce cas, mes services pourraient consentir un nouveau prêt à Sa Majesté… disons 50 millions…

Le ministre : Broutille ! Vous galéjez !

La reine : Monsieur le banquier ! Sachez que mon mari et moi-même sommes à votre disposition pour vous faire visiter nos salles de torture !

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Broutille : Je ne doute pas de votre obligeance, madame. Souffrez que je vous rappelle que mes services détiennent beaucoup de créances sur le Trésor royal sans avoir bénéficié d’un quelconque début de remboursement. Voyez donc votre encours de prêt (il sort un papier de sa poche et lui montre)

La reine : Vous insinuez, monsieur le banquier, que c’est votre banque qui finance le pouvoir de Sa Majesté à laquelle vous semblez attribuer le statut de simple salarié de vos services.

Broutille : Si vous permettez madame, mes salariés ne s’endettent pas avec mon argent…

La reine : Monsieur Broutille, il suffit ! Disons qu’un prêt de… 100 millions me paraîtrait de nature à éviter au roi la navrante obligation de vous soumettre à la question.

Broutille : Madame, laissez-moi vous dire que, voilà une semaine, j’ai eu un entretien avec le roi de Pantanie qui me fait l’honneur de me considérer comme un ami.

La reine : Pantanie, Le boiteux ? Celui qui a des bataillons supérieurement armés de catapultes à plusieurs coups et qui compte quatre fois plus de soldats que nous ?

Broutille : Lui-même ! Figurez-vous qu’il m’a conté avec force détails sa dernière campagne militaire. Le roi de Pantanie tient tellement à mes intérêts qu’il a anéanti un petit roitelet qui avait malencontreusement oublié de rembourser un emprunt à ma banque, tout en menaçant votre serviteur des pires désagréments corporels.

La reine : Ce n’était pas très délicat, j’en conviens.

Broutille : N’est-ce pas ? Nous disons donc 50 millions. La moitié à six mois, le reste à un an.

(Le ministre prend Broutille dans un coin de la scène)

Le ministre : Euh… cher banquier. Nous allons dire 45 millions à Sa Majesté. Vous connaissez la règle des 10 %.

Broutille : Euh… non qu’est ceci ? Une nouvelle règle budgétaire ?

Le ministre : En quelque sorte, oui. Le ministre des Finances prélève 10 % de tout ce qui rentre dans le Trésor royal pour ses frais de représentation.

Broutille : C’est curieux, je ne me rappelais pas de cette règle !

Le ministre : C’est normal très peu de gens la connaissent. Et figurez-vous que je viens de promulguer un petit alinéa supplémentaire qui stipule que sur ces 10 %, la moitié revient à titre personnel au banquier, pour l'entretien de sa maison évidemment.

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Broutille : Très intéressant, monsieur Biture. Vous avez des méthodes de gestion modernes. Dans ces conditions, nous pourrions peut-être aller jusqu’à 80 millions.

(Le ministre se retourne vers la reine)

Le ministre : Madame, monsieur Broutille, en plus d’être un financier avisé, est particulièrement conscient de l’intérêt national. À hauteur de 80 millions.

La reine : Monsieur Broutille, sachez que le roi et moi-même apprécions votre dévouement à la couronne. En outre, dans le cadre d’une politique internationale équilibrée, il nous serait agréable que vous fassiez part à notre cousin, le roi de Pantanie, de l’expression la plus vive de nos sentiments ls plus amicaux.

Broutille : Je n’y manquerai pas, majesté.

La reine : GARDE !

(Le garde entre, ensommeillé)

La reine : Garde, vous voudrez bien raccompagner monsieur Broutille.

Le garde : Avec un coup de pied au derrière, comme le tailleur qui était venu vous présenter sa facture ?

Le ministre : Non, garde, aujourd’hui on reconduit avec déférence.

Le garde : Bon ! Si, monsieur veut bien se donner la peine…

(Ils sortent)

(Noir)

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Tableau 6. (Le garde, le roi, le ministre)

Le garde : Majesté, le ministre des Finances vous demande audience.

Le roi : Pff… Il va encore me parler d’argent… Je suis sûr qu’il va me parler d’argent. Il va être assommant !

Le garde : Vous voulez que je l’assomme, Majesté !

Le roi : Non ! Non ! Faites-le entrer, garde ! Et faites-le entrer en un seul morceau !

(Le garde sort et le ministre entre et salue le roi)

Le ministre : Majesté !

Le roi : Alors, mon bon Biture, quelle nouvelle m’apportez-vous ?

Le ministre : Majesté, Sa Majesté la reine et moi-même avons reçu le banquier Broutille !

Le roi : Et….

Le ministre : La discussion a été difficile. Il n’a pas manqué de nous rappeler que nous avions quelques petits emprunts en cours.

Le roi : Quelle bassesse ! J’espère que vous avez évoqué une visite dans nos salons de tortures.

Le ministre : Si fait, sire. Il accepte donc de participer au déficit du Trésor royal.

Le roi : Eh ben, voilà !

Le ministre : Euh… pour cinquante pour cent, sire…

Le roi : Comment ça pour moitié !

Le ministre : Il n’ira pas au-delà de 80 millions. Il reste 70 millions à trouver.

Le roi : Je suis en courroux, Biture ! S’il contribue à moitié, il doit être torturé à moitié !

Le ministre : Euh… ce serait un peu difficile, sire !

Le roi : Vous croyez sérieusement que je vais me gêner ?

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Le ministre : C’est-à-dire que monsieur Broutille nous a laissé entendre qu’il était dans les meilleurs termes avec le roi de Pantanie…

Le roi : Le père de…

Le ministre : Mademoiselle de la Nouille et dont l’armée dispose de la terrible catapulte à répétition.

Le roi : Bon… Certes… Dans ces conditions, il serait préférable de ne pas le contrarier.

Le ministre : Ce serait sage, en effet. Mais ça ne résout pas du tout notre problème.

Le roi : Pff … Écoutez, Biture, le mieux serait d’attaquer quelqu’un et de nous emparer du butin que nous trouverions sur place. Ce serait amusant, non ? Qu’en pensez-vous ?

Le ministre : Ce serait divertissant en effet, sire. Mais si votre majesté le permet, j’ai deux objections. La première, c’est que nous sommes en bons termes avec tout le monde. Nous n’avons personne à agresser. En plus, il nous faudrait un adversaire plus faible que nous.

Le roi : J’ai ce qu’il nous faut : la principauté de Valachie. Ils sont tout petits… tout petits, ça devrait faire l’affaire.

Le ministre : Mais ils ne nous ont rien fait !

Le roi : Ne vous inquiétez pas, Biture, je m’occupe de fâcher le prince de Valachie. Il suffit de lui dire qu’il est gros. Vous avez vu comme il est obèse ? Et votre seconde objection ?

Le ministre : Sire, pour attaquer un pays, il faut disposer d’une armée.

Le roi : Et alors, j’ai des troupes.

Le ministre : Pas vraiment, sire ! Depuis quinze ans qu’elles n’ont rien fait, vous ne comptez plus que d’une cinquantaine de va-nu-pieds, désœuvrés que vous ne payez plus et qui vont s’enfuir au premier coup de canon.

Le roi : Qu’est-ce que vous me chantez là, Biture ? Convoquez-moi le général !

Le ministre : C’est-à-dire, sire que vous n’avez plus de général non plus ! Ils ont tous décliné l’honneur de commander ce qui reste de votre armée.

Le roi : COMMENT ? Mais ça ne va pas du tout, Biture. Mon courroux est grand. Je vais tout reprendre en mains. Pour commencer, trouvez-moi un général !

Le ministre : Et je fais comment ?

Le roi : Mais je n’en sais rien, moi ! Désignez n’importe quel fonctionnaire et dites-lui qu’il est général en chef, il sera ravi.

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Le ministre : Bien, majesté.

Le roi : Autre chose, Biture. Vous êtes toujours amoureux de la reine ?

Le ministre : Sire ! Je ne me permettrai pas….

Le roi : Taratata, vous êtes l’amant de la reine… ça m’arrange. Sachez que madame de la Nouille se verrait bien reine à la place de la reine. Donc mon idée serait de changer de reine. Vous comprenez ?

Le ministre : Je crains de comprendre, Sire !

Le roi : C’est pourquoi je vous serais reconnaissant de recycler la reine ! En attendant, trouvez-moi un général.

Le ministre : Bien, sire !

(Il sort)

(Noir)

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