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0010 Fiducius Robert Ambelain El Abate Julio

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Cristianismo esotérico

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  • L'Abb Juliodans son Cabinct a Vincennes

  • l'ABB JULIOIMonseigneur Julien-Ernest Houssoy)

    ( 1844-1912)

  • R. AMBElAIN

    L'ABB JULIO(Monseigneur Julien-Ernest Houssay)

    ( 1844- 19 I 2)

    Sa VieSon auvre - Sa Doctrine

    < Pour l'ineffable prescience deDIEU, beaucou p qui paraissent hors del'EGLlSE sont dedans, et beaucoup quisemblent dedans sont dehors f ... ~

    (St Augustin ; < Du Baptrne .,LV, 129/38).

    ditions VERMET

  • l. - LES PREMICES

    Julien-Ernest Houssay, qui devait devenir c-lbre sous le nom d' .4bb Julio , naqui t le3 mars 1844 a Coss-le-Vivien, dans la Mayenne,une bourgade situe a quelques kilorntres ausud-ouest de Laval, et a la limite de l'Tlle-et-Vilaine, en plein pays chouan.

    Il tait fils d'un petit entrepreneur de macon-ner ie, a qui il arriva plusieurs fois de drnolirdes glises tornbant en ruines et de les recons-truire. Plus tard, l' Abb Julio voudra y voir unintersigne de sa propre mission.

    Le dcan natal, que la vieille science des Aslresa analys au cours des sicles, est signiflcntifdj de la mission de celu i qui prendra place,par la su ite, parrni les personnalits les plusreprsentatives de ses dix degrs :

    Dans la seconde {asee des Poissons, monteune [cm me d'un beau uisaqe, et bien parc. Elellc siqnijie de {aire des demandes el de s'e n-tremettre pOLlr des clioscs grandes ct nobles ...

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    Telle est sa signification, que nous donneHenri-Cornlius Agrippa, en sa clebre Philo-sophie Oeculle , (S.L. 1551), rsumant ainsiune vieille tradition iranienne. On y retronveraplus tardo et notre personnage et ses nobles lans,aussi bien que, dans la femme de beau visageet bien pare , cette Eqlise qui devait devenir,moins de dix ans aprs sa mort, l'glise officielledu Martinisme, et grouper ainsi plusieurs mil-liers de fidles dans le monde.

    Si nous consultons le Calendrier Thbai-que , familier aux praticiens de l'astrologieonomantique, et qui nous fut transmis grce al'rudition de Johannes Angelus, l'auteur de cetres rare incunable connu sous le nom de J s-trolabium planum in Tabulis ascendens , (S.L.1488). nous voyons que le treizime degr desPoissons (degr natal o se situait le Soleil cejour-l), a pour hiroglyphe Un homme elune femme chevauchanl ti pas lenis s , Pour leslaics, ceci signifie une parfaite entente conju-gale, un amour partag, et le bon accord enmnage. Pour I'vque (qu'il deviendra plustard), cette femme est sa propre glise, cetteglise mystique qu'il pouse au jour du sacre,et dont il porte 1' anneau de fidlit ) a sondoigt.

    Ignorant l'heure natale, il ne nous est paspossible d'tudier plus avant les augures cles-tes de l'Abb Julio. Mais on observera cepenrlantque Jupiter et le Soleil, en conjonction au signe

    des Poissons, lui favorisaient l'accs aux hautescharges religieuses.

    ** *Prtre, il le fut par vocation, et contre le gr

    de sa famille, ce qui exclut toute erreur d'orien-tation a l'origine. Et nous le trouvons, a sa sortiedu sminaire, vicaire de la paroisse du Grand-Oisseau, o il se trouvera d'ailleurs quand cla-tera la guerre avec la Prusse, le 18 j uillet 1870.

    L'abb Houssay devient aussitt aumnier desvolontaires rassembls par Cathelineau. Sansdoute, ceux-ci, zouaves pontifcaux, sont-ils touslgitimistes, et profitent-ils de la situation, ttconfuse, pour arborer le drapeau blanco Maisl'abb Houssay marchera derriere celui-ci corn-me il eut suivi le drapeau rouge de Garibaldi etde ses volontaires a chemises rouges. Et cela, ille rapportera plus tard, Iui-rnrne, a son disci-ple et ami Fabre des Essarts.

    Le 3 dcembre 1870, au combat de Toury, ilporte sur son dos, jusqu' l'ambulance, un offi-cier des zouaves pontiflcaux de Cathelineaugrievement bless. Puis, sans prendre de repos,il retourne vers le champ de bataille, et sauveencore dix autres blesss.

    Dans la nuit du 3 au 4 dcembre, il guirle avecprudence et succes, travers I'paisse Iort d'Or-lans, une vingtaine de soldats qui, sans lu i, se-raient infailliblement tombs aux mains desPrussiens.

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    Le 4 janvier 1871, par la neige et le Iroid, ilse hte de rejoindre Cathelineau qui, coup dureste de l'arme f'raneaise, tait sur le pointd'tre enserr dans les lignes ennemies, sauvantainsi plus de trois mille hommes des rigueursd'une captivit longue et pnible en Prusse.

    Le 8 janvier, aprs le combat de Vibray, dansla Sarthe, au nord-ouest de Vendme, Catheli-neau lui demande d'aller rechercher des blesss,que les zouaves pontificaux, en retraite, ont tobligs d'abandonner, dans la neige et le froid.L'abb Houssay part seul, sans hsiter, et commetoujours a pied. En route, il tombe aux mainsdes Prussiens, qui I'arrtent comme espion, etse disposent a le fusiller. Pendant quatre heures,et selon la bonne tradition militaire interna-tionale, il est battu et injuri copieusement parla soldatesque de Frdric-Guillaume. Finale-ment, ayant ten u bon, l'abb Houssay est relch,il peut enfin parvenir jusqu'au champ de ba-taille de Vibray, et s'occuper des blesss, adminis-trer les mourants, faire enterrer les morts.

    Le 21 janvier 1871, nous le retrouvons a An-gers, et le gnral Cathelineau s'exprime ainsia son sujet :

    Le brave abb Houssay remplit admirable-rnent sa rnission, rarnena avec lui des volontaires,recueillit des inforrnations sur chacun. Mais ileut a surrnonter d'irnrnenses difficults, et il vientseulernent d'arriver, apres trois sernaines de fati-gues et de marches... lO

    La paix revenue, il est nomm vicaire a Juv-gn, puis a Javron, deux paroisses de la Mayen-neo Mais sa sant est gravement compromise parles fatigues de cette dure campagne ou il s'estdpens sans compter. Et en 1875, il sera dansl'obligation d'tre hospitalis a l'hpital mili-taire d' Amlie-les-Bains, dont il sera I'aurnnierd'ailleurs. L'air pur des Pyrnes aidant, il lequittera guri, en 1878, et sera nomm vicairede I'glise Saint-Joseph, a Pars.

    Si notre abb s'tait accommod d'une viebanale, soignant son avancement et ne s'occupantpas des affaires des autres, ileut coul en paixdes jours sans histoires au sein du clerg pari-sien.

    En fat, il en sera tout autrement...

  • 11. - LE COMBAT

    Malheureusement pour lui, et heureusementpour l'Eglise, l'abb Houssay est de ceux quifont leur la parole du Psalmiste : Le zle deTa Maison me dvore, Seigneur ... . Et devantune cascade de scandales que les hautes autori-ts diocsaines recouvrent d'un pieux et chaar insilence, l'abb Houssay lui, n'hsite pas.o Cesscandales qui vont de la sodomie, pratique surde malheureux orphelins d'une institution bienconnue, a la sduction de petites domestiquesmineures, en passant par la fornication avec desdvotes fortunes, et la captation d'hritages,et auxquels s'ajoute en fin de course la simonie,ces scandales, notre abb les fera clater en desbrochures retentissantes.

    Le 28 Ivrier 1885, il est alors nomrri pardisgrce a la paroisse de Sainte-Marguerite,ayant eu le front de poursuivre en justice, {lourescroquerie, deux protgs laiques de l'vch.

    Le l " mars 1885, Mgr Richard, I'archevque

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    de Paris,' le convoque et lui dit ceci, que l'abbJulio a rapport et que son disciple direct, Fabredes Essarts, a soigneusement recueilli :

    Nous n'auons aucun reproche a vous fairependant votre sjour a Paris ; vos notes sontexcellenies, et nous reconnaissons volontiers quevous tes un prtre intelligent et pieux. Moisnous croyons que vous ferez beaucoup plus debien dans une cure de campagne que dans leministre parisien, N'ayez donc aucune inqui-tude, et choisissez tel diocse qu'il vous plaira.Nous nous [aisons [ort de vous obtenir une bonneposition... .

    L'Abb Julio demanda a rflchir. Ayant corn-pris que 1'0n voulait surtout le faire taire (eten mrne temps lui retirer le spectac1e des sean-dales qui avaient suscit son ndiscrte.. indi-gnation) en l'isolant dan s une cure de carnpa-gne, loin des intrigues pour lesquelles il n'taitpas fait, l' Abb Julio refusa par lettre du lende-main 2 mars 1885.

    Ne pouvant le mettre en interdit, aprs l'enavoir menac, car il n'y avait pas de causecanonique j ustifiant une telle mesure, Mgr Ri-chard lui fit alors refuser I'accs malriel auxautels de 1'glise Saint-Martin. L'Abb Julio cri-vit alors a l'vch de Laval, dont il relevait lorsde ses dbuts de prtre, et on lui donna toutepermission de clbrer la Messe et de rsider aParis.

    Ajoutons a sa dcharge, qu'avant de prendre

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    la plume vengeresse comme son Maitre avait prisle fouet cinglant, I'abb Houssay avait pris l'avisde son cur. Horrifi, celui-ci lui avait formelle-ment dconseill de soulever de tels problmes.C'est dire que lorsque Mgr Richard, archevqusde Paris, lui declara une guerre sans merci, l'abbHoussay se relrouva seul. Et, dans le cours de1885, il dmissionna done, quittant Rome sansnul regret.

    Mais ses brochures avaient attir sur lui l'at-tention de prtres propres et sinceres. Un despremiers qui le rallirent, fut l'abb Sterlin,anden aumnier divisionnaire de 1870,lui aussi,et anden cur de Plainville, dans l'Oise. L'abbSterlin s'tait tabli a Nogent-sur-Marne ; il dis-posait de modestes revenus. Il aida l'abb Hous-saya fonder une petite revue : La Tribune duClerg l). Un autre prtre avait suivi l'abb Hous-say, l'abb Estve de Sigonce. C'est lui qui contaun jour a Paul-Clment Jagot comment, dansl'htel modeste OU il logeait aprs son dpart,on lui avait dpch une fille facile qui avaitpour mission de le faire devenir son amant, etd'tre ainsi l'instrument de son dshonneur, enlui offrant de subvenir ases besoins. Il ventale pge bien entendu.

    C'est a cette Tribune du Clerg , que l'abbHoussay prit, pour la prernire fois, le pseudo-nyme d'Abb Julio. Les bureaux en taient situs21, me Croix-des-Petits-Champs, dans les mrneslocaux o plus tard, devait s'installer le jour-nal L'Eclair :., d'Emile Bur. L'Abb Julio eut

    pour collaborateurs tous les prtres libraux del'poque : l'abb Deramey, professeur a la Sor-bonne, les abbs Sanvert, Roca, Jouet.

    Mais l'abb Julio, a un certain moment de savi e, et justement a eette poque, sous l'influencede certaines relations laques, crut pouvoir me-ner campagne pour le rapprochement de toutesles religions a caractre commun ; la croyanceen un Dieu unique. Il oubliait la que le Christavait donn pour mission ases Aptres uneconsigne catgorque, et que cette mission con-siste justement a les faire quitter toute autrereligion pour les faire devenir chrtiens :

    Celui qui n'entre pas par la Porte dans laBergerie, mais qui y entre par un auire endroit,celui-Ia est uoler r el brigand ...

    (Jean: X, 1.) Moi seul Je suis la Porte ... Et tous ceu.r qui

    oinrent anant Moi [ureni ooleurs et brigands ... (Jean :y, 9.)

    Ne pensez pas que Je sois venll apporter lapaix sur la terre ! Je suis venu apporter nonla paix, mais l'pe. Je suis venu mettre la di-vision entre le [ils et son pre, en/re la [ille elsa mre, entre la belle-[ille el sa bellc-mrc ...

    (Matthieu : X, 34.-3G.)

    Allez par le monde eniier, et prche: l'oati-gile a toute crature. Celui qui croira et qui serabaptis sera saun ; mais celui qui ne croirapoint sera condamn ... (Matthieu : XXVIII, 19 et Marc : XVI, 15-16.)

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    Aussi, l'Abb Houssay et l'Abb Derarney, etplusieurs de ses collaborateurs, se sparrent-ils f'chs, et ce fut la fin de La T'ribu ue duClerg s , Mais cette nouvelle orientation de l'Ab-b Julio lui avait amen de nouvelles et utilesrelations. Il avait notamment fait connaissancede Mme de Morsier, de la comtesse d'Adhrnar,d' Albert Jhouney, de l'abb Pochon, du pasteurWagner. Et Albert Jhouney, martiniste et kaba-liste, fervent de gnose, qui devait donner aucours de sa laborieuse carr-ire une eeuvre litt-raire et initiatique considrable, fut avec Papuscelui qui devait, tres rapidement, faire com-prendre a l'abb Julio la dviation implicite in-cluse en cette esprance. S'il y a un Messie, unSauveur, son rle est a la fois unique et sp-cial, et il ne saurait absolument pas tre missur un pied d'galit avec des dieux illusoires etdouteux, et encore moins avec des prophtes purement humains d'origine.

    Par ailleurs, ce furent justement ces relationsinfluentes, cites ci-dessus, qui permirent par lasuite a l'Abb Julio, de se rconcilier un momentavec Rome, on verra comment et pourquoi.

    Mais dans le moment prsent, l'Abb Houssayconnut des jours sombres. Il publia ses ContesDanois , ouvrage que nous n'avons pu retrou-ver, mais que Fabre des Essarts assure dehaute marque s , Ce livre ne l'enrichit pas, etl'diteur non plus. 11 donne alors des lecons endiverses matires. A I'vch, on l'apprend, ethientt des interventions occultes les lui font

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    perdre. Il entre alors comme comptable dansune usine, ce qui lui assure le pain quotidien etun gite modeste. Mais le soir, dans sa petitechambre de Belleville, sous les toits, il recoitdes snateurs, des dputs, et de futurs minis-tres. intresss par cette conception, nouvelleet claire, de l'Eglise, une Eglise qui serait affran-chie des servitudes que lui imposent depuis dessicles une caste et une oligarchie ultra-rac-tionnaire. Et il s'entretient avec eux de la nais-sanee d'une rpublique qui ne serait plus anti-religieuse paree que dans l'obligation d'tre anti-clricale, et par l'imprieuse ncessit d'une sor-te d'auto-dfense.

    En janvier 1888, nous le trouvons collaborantau journal L'Ami de l'Humanit , (qu'il nefaut pas confondre avec l' Humanit , quedevait fonder Jean Jaures). De 1888 a 1889. ilcre et anime une petite feuille priodique :e La Tribune Populaire , organe de la drno-cratie relizieuse et de la dfense du clerg. Pa-

    l:) '1ralllernent, de 1888 a 1902, soit quatorze ans, 1publie un autre priodique : L'Etincelle ,(

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    fraction athe de la Franc-Maconnerie, en sep-tembre 1902, (numro 116). Et c'est encore encette revue, comme en ses diverses correspon-dances, que l'on peut dcouvrir son orientationdogrnatique. Plus qu'en ses divers livres d'ail-leurs, ceux-ci tant davantage des instrumentsde travail. Nous croyons d'ailleurs utile de con-sacrer une partie de sa biographie a l'tude desdivers points intressants de cette doctrine. Ilse dgage en effet, par ce choix mme de l' AbbJulio el par son ralliement a l'ceuvre du grandOrigne, une image nouvelle de l'homme, quel'on peut dsormais considrer comme le vri-table fondateur de l'Eglise Gnostique contem-poraine.

    C'est vers cette poque (1888), qu'il rencontreJean Semp, extraordinaire voyant. gurisseurmystique, oprant par la seule pr ire. Jean Sem-p, qui devait mourir le 9 janvier 1892, a Vin-cennes, dclarait volontiers qu'il ne devait au-cun de ses pouvoirs a la naissance, mais bien aune transmission, reyue galement d'un autrevieillard, en sa jeunesse. Il se contentait de prier,faisait prier avec lui, bnissait de l'eau, du sel,de l'huile, et chassait tout mal au nom de.Isus-Christ , que le malade fut en sa pr-sence ou qu'Il fut au loin. Ce don, il le transmita son tour a l'Abb Julio. Il lui rvla que lacl simple de la mise en action de cette trans-mission tait la Prire, pas la simple pr irebanale, la rcitalion d'oraisons de type tres gn-ral, mais celle que l'on charge d'obtenir de Dieu

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    une grce bien prcise, en la reliani iJ. son ar-chtype initial, toujours inclus dans les SainiesEcritures.

    Et l'Abb Julio, a son tour, pria, gurit, con-sola, avec les dons, les prires, et le mrne succsque Jean Semp.

    A l'vch de Paris, on s'inquita de l'orienta-tion que prenait l' Abb Julio. L'Eglise a sup-prim il y a dj pas mal de lustres tous lesgrands exorcismes et rituels de gurison qui,pendant des siecles, avaient fait sa force et sagloire. Le Pontifical Romain ne conserve gureque l'Exorcisme du Pape Paul V, celui dit deLon XIII, et un curieux exorcisme pour le jouro l'on se coupe la barbe pour la premie re fois !Et voila un prtre en rupture de Reme, qui semlait de gurir, en consquence d'instructionsrecues d'un lac suspect, et non seulement degurir, mais encore d'exorciser, c'est--dire delibrer les envots, les obsds, de dtruire lessortilges, de purifier les lieux inf'ests, alors queson vque, non seulement ne l'y avait pas auto-ris, mais encore ne le faisait pas Iui-mrne.

    Mais cet vque, Mgr Richard (le cardinalRichard), a dfaut d'tre un grand vque, taitun homme intelligent. Il estima plus sage detransiger. Il fit ofTrir a l' Abb Julio de se sou-mettre, lui assurant alors, avec le pardon absolupour son indiscipline littraire, sa rentre engrce, et un poste important. L' Abb Julio re-fusa la charge, et, pour manifester sa soumis-sion a l'Eglise lorsque celle-ci restait dans sa

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    mission, accepta cette soumission sous certainesconditions. celles relatives ases reuvres d'exor-cismes et de gurisons. Mgr Richard capitula. Ilfit nommer l'Abb Julio cur d'une tres hum-ble cure, celle de Pont-de-Ruan, au sud de Tours,entre Monbazon et Azay-Ie-Rideau. L' Abb Julioprofita de ce sjour plein de calme et de paix,dans une province douce entre toutes, pour m-diter sur de multiples problernes. Dans cette cure,il avait trouv deux ouvrages qui modiferenttoute son orientation spirituelle. Le premier futun tres vieux Bndictional romain, dition de1665. dans lequel il prleva tous ses curieuxexorcismes, ignors de I'Eglise moderne, et qu'ilintgra en ses divers ouvrages. Observons a cesujet, et ce n'est pas le moins amusant de l'his-toire, que nous connaissons plusieurs prtreset moines qui, devant la disparition du Liuredes Exorcismes , (qui est cens tre rernis al'ordin lors de la crmonie de l'Exorcislal, maisqui est de nos jours remplac par le simple Ri-tuale Romanum s ), ont actuellement recours auxouvrages de l'Abb Julio!

    Le second livre qui eut sur lui une actiondcisive, fut une tude sur l'ccuvre d'Origne,docteur, vque et martyr (185-254), une desgloires de l'glise

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    Il n'est d'ailleurs pas impossible que le localsoit le mme, car c'est en 1907 que Champagnevint rue Vernier, et e'est en 1907 que l'AbbJulio publia, a Vincennes. ses premiers ouvra-ges (1). Le monde occultiste, (martinistes. gnos-tiques, kabalistes, alchimistes, etc ...), constitueun univers particulier, plein de rsonances, ode multiples et tres embrouilles relations unis-sent parfois les individualits les plus apparem-ment spares. Et le local de l'Abb Julio a putre signal a Champagne ou a son mcne pardes relations communes.

    En 1903, l'Abb Julio quitta la rue Vernierpour aller habiter Vincennes, 170, rue de Fonte-nay. On se souvient que c'est a Vincennes qu'ilavait connu Jean Semp.

    (1) Il habitait a lors 170, rue de Fontenay, une petiternaison avec un jardinet. Aujourd'hui, a la place, s'lveun bcl irnrneuble de cinq tages, et le cadre est cons-drablernent chango, on s'en doute.

    111. - LE SACRE

    e Jss ayant assembl les douze,leur donna force et pouvoir sur tous lesdmons, avec la puissance de qurirles maladies ... (Luc: IX, 1.)

    e Alors il Ieur ouvrit l'esprit, afinqu'ils comprissent les Ecritures ... "

    (Luc : XXIV, ~5.)

    e Tout ce que vous lierez sur laTerre sera li dans le Ciel, et tout ceque vous dlierez sur la Terre seradli dans le Ciel ... "

    (Matthieu : XVIII, 18.)

    C'est alors qu'il rsidait a Fontenay-sous-Bois,que l'Abb Julio recut un jour la visite de MgrRen Vilatte, dont il devait devenir par la suiteun des successeurs, dans la longue et sculaireligne apostolique issue de l'Aptre Pierre lui-mrne.Et c'est Mgr Vilatte qui le fit sacrer vque

    par Mgr Miraglia, son Coadjuteur. La solenniteut lieu, le 4 dcembre 1904, en l'glise parois-siale du Rite Vieux-Cathol ique de Thiengen,dan s le duch de Bade, avec, pour vque con-

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    scrateur, Mgr Paolo Miraglia, vque de l'EgliseCatholique Indpendante d'Italie, (analogue encet tat a l'Eglise Gallicane en Franee). Y assis-taient, a titre de tmoins officiels, (outre unenombreuse assistance), Mrs Paul Kaminski, Curde eette paroisse vieille-catholique, et AloysiusBlum, prsident du Conseil Paroissial.

    Notons, en passant, que l'Eglise Vieille-Caiho-lique, qui groupe par le monde plusieurs millionsde fdeles, en Hollande, Allemagne, Suisse, Afri-que du Sud, ete ..., est une grande Eglise. Ellefut constitue, a l'issue du Coneile du Vatican 1,en 1869, par les Evques et les thologiens ro-mains qui ref'usrent d'admettre le dogme del'infaillibilit du Pape, a la demande de Pie IX.Cerlains des opposants durent tre expulss parla force ; des horions furent ehangs avee lesgardes, dans les parvis, et le soir mrne, uneviolente ternpte s'leva sur Rome. Du vent ar-raehant les arbres et les chemines, eertains yvirent une rplique du souffle qui encerc1ala demeure des Aptres, au jour de la Pente-cte. Les autres y virent une manifestation derjouissanee dmoniaque, Satan tant dit dansI'Ecriture, le Prince de l'Air s , (Paul : Eph-siens, 11, 2).

    Voici done l'Abb Julio devenu MonseigneurHoussay. Et eeux qui le eonnurent alors, aff'ir-mrent tous qu'il avait ehang. Non point queson dsir, sa passion mrne, de voir l'EGLlSEdu CHRlST, revenir a sa grandeur et sa puretpremie re, se soit attnu. Bien au eontraire.

    -27-Mais devenu vque, son eombat ehangea deplan. Il leva le dbat jusqu'au niveau des Cau-ses Invisibles, sources perverses de toute d-gradation. Il eomprit que l'Evque, le Prtre,n'ont en fait qu'un seul Adversaire direct, tou-jours le mme, le Prinee de ee Monde.

    ** *

    Mais ee sacre de l' Abb Julio tait-il valable ?En un mot, l'Abb Julio tait-il devenu relle-ment vque ? C'est ee que nous allons mainte-nant tudier, et dmontrer.

    Aux yeux de l'Eglise Catholique romaine, trelicite et tre oalide, sont des ehoses fort diff-rentes. Un vque orthodoxe non un a Romeest illicite mais valide. Le mrne vque, dansune Eglse d'Orient dite uniate (runie Rome, sous Lon XIII), est licite et valide. C'estainsi que lorsque, sous ce me me Ipontificat deLon XIII, une partie des Eglises d'Orient, (sy-rienne, maronite, chaldenne, ete ...), entra dansle giron romain, on ne rordonna pas ses prtreset on ne reeonsaera pas ses vques. Ils taientdj valides, ils devenaient licites.

    En un mot, tre nalidc, e'est dtenir la Sucees-sion des Aptres, e'est tre :l mrne de prouverque l'on remonte, au long des sicles .. wns qu'ilmanqu e /In nom, /In des Dou :e Apotres. Etc'est L"t une comptahilit soigneusement tenue

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    par toutes les Eglises, on s'en doute ! C'estaussi possder les documents probateurs de cela.

    Etre illicite, c'est, tout en tant valide, apvar-tenir a une Eglise dite spare non unie aRome. Etre licite, c'est appartenir a l'EgliseCatholique romaine, ou a une Eglise d'Orientreconnaissant son autorit, sa prminence. sesdogmes.

    Et c'est parce que la succession apostoliquereprsente les Pouuoirs, la Mission, les Prioilqes,confrs par le Christ aux Douze, et par lesDouze a leurs successeurs, les vques qu'ilsconsacrrent eux-mrnes, parce que c'est unechose essentielle pour l'Eglise Universelle el Eier-nelle, que Rome, loyalement, fait une distinc-tion entre la nalidit et la licit.

    L'Abb Julio, par son sacre, devenait donc unEvque illicite (puisque consacr par un Ev-que et par une Eglise spars de Rome), maisnanmoins un Evque valide, puisque sa suc-cession apostolique tait inattaquable. Et c'estce que nous allons dmontrer ; non pas pour laHirarchie Catholique, qui ne l'ignore pas et nele conteste plus, mais pour le public, souventmal averti de ces choses, essentielles pour leChristianisme.

    Sur le fait qu'un unique Evque le consacra,alors que la pompe habituelle en prvoit trois,le conscraieur et ses deux assistants, nous lisonsceci, dans la revue La Documenfation Caiho-lique , n" 948, page 689 :

    r- 29-

    Il est absolumenl hors de doule, et stricte-ment iabli par une longue praiique, que l'Ev-que est le minisire de la conscraiion piscopale,el que, pOlIr la validit de ceite conscralion,un seul Evque sufTit, qui en accomplisse avecl'inlention requise, les rites esseniiels ... (Cf. Pie XII : Constitutions Apostoliques, - Episcopalis consecrationis - 30-11-1944).Un prlat catholique romain, J. M. Spalding,

    en son Histoire de la Rforrnation Protes-tante , (New-York 1875, tome 11, page 424, note2), nous dit ceci, quant a la validit en gnral :

    La conscration ayant t dmctit accom-plie par des Eoques qui auaieni sans douie eux-rnmes le caractre piscopal, fui, bien que noncanonique el illgale, certainement valide. Ainsi,les Evques hrtiques et schismatiques d'au-jourd'hui, a moins que les Rites de conscrationn'aient t, depuis, matriellement altrs, sontrevtus du caractre piscopal... (op. cit.).

    C'est d'ailleurs a l'glise Catholique rornaineque l'on doit l'expos le plus cohrent de cesprincipes de licit et de ualidit, aussi bienque leurs applications les plus drnonstrntives.

    Rome, en eff'et, reconnait la validit des Epis-copats orthodoxe, III t hrien, nieu x-cat holique,cathotique librol, (c'est l'Eglise de la Socitde Thosophie).

    Ainsi done, dcux conditions sont ncessaireset essc nliellcs la validit d'une conscrul ionpiscopale :

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    1) la conscration doit rattacher le consa-cr a la ligne apostolique. Le conscrateur doitdonc tre, et validement, Evque lui-mrne, c'est--dire, et par l'intermdiaire de ses prdces-seurs, tenir ses pouvoirs d'un des douze Aptresdu Christ. En somme, il doit possder la [ilia-tion apostolique pour pouvoir la transmettre.

    2 le Rituel, forme matrielle dans laquelles'Insre la grce sacramentelle, doit tre tra-ditionnel, c'est-a-dire qu'il doit traduire la vo-lont de transmettre, d'une part, et la volontde recevoir, d'autre part, ce qui constitue I'Epis-copat selon le Christ.

    On entend par piscopat, la fonction quel'Eglise primitive nous a transmise, et a laquellesont attaches certaines prrogatives et certainspouvoirs : pouvoir de clbrer la messe, pouvoirde remettre les pchs (pouvoir dit des cls ),pouvoir de confrer les divers sacrements, pou-voir, pour l'Enque, de transmettre a son tources difTrents pouvoirs, alors que le Prtre neles met qu'en action.

    Dans ce Rituel, qui varie avec les Eglises selonqu'elles sont orientales ou latines, il y a des l-ments essentiels. Ce sont ces derniers qui con s-tituent la forme traditionnelle a laquelle il estfait allusion plus haut.

    Voyons donc maintenant les chainons qui, au long de dix-neuf cents ans, rattachrentl'Abb Julio aux douze Aptres, et, chose non

    - 31-

    ngligeable, vritable intersigne, a saint Pierrelui-mme,

    **.Mgr Paolo Miraglia, qui con sacra l' Abb Julio,

    fut ordonn prtre au sein de l'Eglise CatholiqueRomaine. n y devint rnrne prlat de Sa Sain-tet , dignit honorifique.

    Il fut consacr Evque le 6 mai 1900, en l'glisede Piacenza (Italie), par Mgr Ren Vilatte, alorsExarque de l'Eglise Mtropolitaine d'Arnrique.

    ** *Qui tait Mgr Vilatte ?Ren Vilatte avait t ordonn aux Ordres

    Mineurs et Majeurs par Mgr Herzog, Evquevieux-catholique de Berne (Suisse). Il avait tordonn successivement clerc, portier, lecteur,exorciste, acolyte, sous-diacre, diacre, et pres-bytre, les 5, 6 et 7 Juin 1885. Ces ordinationsavaient eu lieu selon le Rituel vieux-catholique,tres proche du Pontifical romain. La rgularitde l'piscopat vieux-catholique, et de Mgr Herzogen particulier, n'a jamais t mise en doute. Lasuccession apostolique de ce dernier remonte enefTet a Bossuet, et de Bossuet I'un des Douze !

    Sept ans plus tard, l'Abb Vilatte Iut consa-cr Evque, sous le nom de Timothen s, le 25mai 1892, en l'glise cathdrale de Notre-Dame-de-la-Bonne-Mort, il. Colombo (Ile de Ceylan). LePatriarche jacobite d' Antioche avait envoy son

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    autorisation (nous en possdons la copie en nosdossiers), I'vque eonserateur tait Mgr An-toine-Francois-Xavier Alvarez (Julius I'"), ar-chevque syrien de Ceylan, assist de Mgr Atha-nasius et de Mgr Gregorius.

    Bien que eette ermonie s'effectut au sein del'Eglise Syrienne Jacobite, elle se droula selonles formes du Rite Catholique romain, a la de-mande de Mgr Vilatte. La Charte de conscra-tion de Mgr Vilatte, que nous donnons plus loin,fut sgne, non seulement par les Evques con-scrateurs, mais encore par le Consul des Etats-Unis, Mgr Vilatte tant citoyen amricain alors,et ayant l-bas une importante paroisse. Quanta la suecession apostolique du sige patriarcald' Antioche, dont Mgr Alvarez tenait son piseo-pat, elle n'a jamais t plus discute que cellede l'Eqlise Vieille-Calholique.

    Sa filiation remonte en efIet (nous la donnonsin extenso ci-aprs), et ce san s interruption, aEvode, premier vque de la grande Eglise d' An-tioche, qui possda longtemps la primaut dansl'Eglise naissante, avant d'en tre dpossdepar celle d' Alexandrie. Evode avait t consacrpar saint Pierre lui-mme (1).

    (1) Il existe trois patriarcats a Antioche : Le patriar-cat latin, qui est catholique romain ; le patriarcat ortho-doxe ; le patriarcat jacobit e, qui dirige l'Eglise SyrienneJacobite, groupant les monophysites. Son patriarche r-sidait autrefois au couvent de Sophar, il est maintenanta Antioche mrne. Cette glise groupait avant la guerreprs de 60000 familles, en Asie Mineurc. Les monophy-si/es (partisans de la nature unique de Jsus-Christ) fu-

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    D'aprs la chronologie traditionnelle de l'Egli-se, reproduite par Lemaistre de Saey (1613-1684),crivain, historien et thologien eatholique (ildevint par la suite jansniste) ; L'an 38 del're vulgaire, et l'an 11 du rgne de Caligula ern-pereur, Pierre oini a Antioche et y ioblit sonsiqe. L'an 11 de Claude empereur, il alla a Lyddeet y gurit Ene... . Ceci se trouve galernentdans l' Hisioire Ecclsiastiqu e d'Eusbe, v-que de Csare (265-340). Le Grand Diciion-naire de T'holoqie Doqmaiique confirme aussice fait.

    Ainsi done, Pierre resta un an au plus a An-tioche, et c'est done en 39 (certains disent 40)de notre re, qu'il con sacra, avant son dpart,Evode qui est son premier suecesseur. Il est in-tressant de noter que si Rome n'avait pas euplus d'importance (en tant que capitale de l'Em-pire) qu' Antioche, perdue dan s l'est rnditerra-nen, on ne parlerait pas de la primaut deRome, et les catholiques ne considreraient passaint Lin comme le sueeesseur de Pierre ! Ceserait Evode le premier pape aprs lui.

    Voici done la souree apostolique de Mgr Vilattebien tablie, il nous reste a donner le texte desa Charte de Conscration

    rent secrternent prot gs par l'impratrice Thodora,quand ils taient perscuts par les me/chiles, protgspar l'empereur Justinien, son poux. Et c'est en eff'etdans les cachots de Byznnce, que naqu it cet te Eglise,qui eut d'innombrables martyrs.

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    Au nom de l'Eternel, existant en Soi. DieuTout-Puissant, Amen, t Antoine-Francois-XouierJULIUS T", par la qrce de Dieu, Archeuque deCEYLAN, COA. el de l'Inde, a lous ceux qui li-ronl les prsenles, salut, paix et bndiction enJsus-Christ, notre Seigneur. Nous faisons saooirti tous par les prsenles le tires que le 25 tnai1892. dans la cathdrale de N.D. de la BonneMort a HULDEDORF, COLOMBO, avec l'assis-lance de MAR PAUL ATHANASIUS, Euque deKOTTAYAM, MAR CEORCES GRECORlUSEoque de NIRAN.4M, M.4.LABAR (lnde) el e~prsence d'une grande multilude de chrtiensde noire juridiction el autres, en verlu des pou-voirs ti nous conjres par la succession aposio-liquc el par la [aoeur de S.S. PIERRE Ill, Pa-triarcus du Siqe orthodoxe d'ANTIOClIE, aprsavoir invoqu par la prire le Sainl-Es prit oioi-[iant, nOLlS avons impos les mains sur Jose ph-Ren VIJ,A TTE, parisien de naissance, amri-cain de naluralisalion ; nous l'avons consacraoec les sainies huiles pour la dignil archi pis-copale, suioant les formes du Rite Laiin, sous letitre d'Archeoque de l'Ancienne Eglise d'Am-rique, el nOLlS lui avons confi le pouooir d'or-donner des reliqieu x et des prtres, de consacrerles Eqlises, les aut els, les cimetires, etc ... etc ... ,tl'accom plir t oul es les fonctions appartenant aurang de mctro politai n,

    Donrut en notre rsidence archi piscopale, Ca-iltedrulc de N. D. de la Ronne-Mort, COLO!l1BO

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    (CEYLAN) an jourd'hui [le de la Pentecie, ce5 [uin 1892.

    Sign :(Sceau) JULIUS T", Archeoque de CEYLAN, de

    COA el des INDES.

    Tmoins :(Sceau) W. MOREY, Consul des Etats-Unis ti

    CEYLAN,(Sceau) LISBOA PINTO F.E.A.D.M.S.

    ** *Rome, conformment ases rgles et usages,

    n'a jamais discut la validit de Mgr Vilatte.Dans une leltre de Mgr Ceretti, Nonce Aposto-

    lique, lettre publie par le Courrier de Ba-oire , de Munich, et date du 6 j uillet 1925,bien que publie dans le numro du 11 mrnemois par ce journal, il est dit ceci :

    ...Mgr Vilatte a re~u les ordres mineurs el lesous-diaconat le 5 juin 1885, le diaconai le 6 juinde la mrne anne, el la prtrise le 7 juin 1885.Ces diffrents ordres lui furenl conjers parMgr Herzog, uque oieu x-catolique , dansI'qlise oieille-catholique de Berne. Les docu-ments qui en fonl [oi porient la signalure el lenom de Mgr Herzog.

    Quant a S3 conscration piscopale, elle eutlieu le 25 mai 1892. Mgr Vilatte fut consacrpar trois oques jacobites dans la Cathdralede l'archeoque Alvarez (Julius I"), c'est-a-

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    di re en l'qlise Notre-Dame de la Bonne-Morf, aColombo, He de Ceylan. Mgr Vilatte est en pos-session d'une bulle de conscraiion signe parces irois oques, et par le consul amricainqui assistaii a la crtnonie. Sign : Ceretti,Arcbeoque de Crinthe, et Nonce Apostolique.

    Voici donc une reconnaissance de la validitde Mgr Vilatte qui tranche tout...

    Or, c'est ici qu'il est ncessaire de se souve-nir de cette phrase du Pape Pie XI, a propos dulivre de N. Cabasilas : La Vie en Jsus-Christ :

    Cbez Les catholiques, [aii parfois dfaut lajusie apprciation de leurs Frres s pars, pareequ'ils ne les connaissent paso On ne sait pas toutce qu'il y a de prcieux, de bon, de chrtien,dans ces fractions de la urit catholique. Lesbloc s dtachs de la roche aurifre, sont auri-Ieres eux aussi l. ..

    Et bien avant le Pape Pie XI, l'Eglise s'taitdja prononce :

    Le Saint-Office estime que les ordinaiionsdes jansnistes et des jacobites sont ualables.

    Qui dit cela ? Le Rv. Frre David Fleming,Consulteur du Saint-Olfice, Dfiniteur Gnralde l'Ordre des Erres Mineurs en 1889.

    Le Rv. Frcre William, bndictin, a d'autrepart publi dans une brochure intitule Laqensc du culte Vieu x-Cathuliqu e en Amrique (BufTalo, 1898), une autre justification de la va-lidit apostolique de cette filiation j acobite :

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    La nalidit des actes piscopaux de Mgr ,llarThimotheus (alias Mgr Vilaite), a t reconnuepar Rome. Un prlre ordonn par lui est entrdans l'Eglise Romaitie, il est l'enu a Rome. Apresexamen de la Sacre Congrgation des Riies,son ordination a t dclare valide, et il (J iadmis a clbrer sur les autels du Pape. ') COp.cit.)

    Enfin, le dfunt cardinal Richard, archevquede Paris, en sa lettre du 17 avril 1900, et l'v-que d'Evreux, dans la Semaine Religieuse d'Evreux, de la mrne poque, ont protest con-tre les ordinations faites par le mrne Mgr Vilattea Paris, en 1900, et tout en les dclarant irr-gulires, ont nanmoins recon nu que, mulheu-reuscrnent, elles ne sauraicnt tre nul les ... (sic).

  • IV. - TABLEDE LA SUCCESSION APOSTOLIQUE

    DE Mgr HOUSSAY

    Saint Pierre tablit son premier siqe apos-iolique a Aniioche en l'an 38 et depuis lors,une succession ininterrompue d'oques a trans-mis les pouvoirs de l'aplre jusqu'a nos jours. (Cf. : Le Quien : Oriens Christianus, t. 11, col.1357-1408).

    PATRIARCHES D'ANTlOCHE

    1 Saint Pierre, aptre 382 Evodius 403 Ignace 1, martyr 434 Aaron 1235 Corneille ]376 Eados 1427 Thophile 1578 Maxirnin 1719 Sraphin 17910 Asclpiade, martyr 18911 Philippe 201]2 Zehinus 21913 Babylus, martyr 237

    - 39-

    14 Fabius15 Demetrius16 Paul I17 Domnus I18 Timothe19 Cyrille20 Tyrantus21 Vitalius22 Philogone23 Eustache24 Paulin25 Philabinus26 Evagrius27 Phosphorius28 Alexandre29 Jean 130 Thodote31 Domnus II32 Maxime33 Accace34 Martyrius35 Pierre II36 Philade37 Serverius le Grand

    250251259270281291296:l01318323338383386416418428431442450454457464500509

    PATRIARCHES D'ANTlOCHE(de la ligne Jacobite)

    38 Sergius 544Jacques Barada Zanzala ayant accom-pli la rforme jacobite, Sergius adopteses vues et devient le l " patriarchede cette Eglise.

  • -40 -

    39 Domnus III 54740 Anastase 56041 Grgoire I 56442 Paul II 56743 Patra 57144 Domnus IV 58645 J ulianus 59146 Athanase le Chancelier 595

    rtablit en 616 la concorde entre lessieges jacobite et copte.

    47 Jean II 63648 Thodore I 64949 Severus 66850 Athanase II 68451 Julien II 68752 Elie I 709

    construit la 1" Eglise d'Antioche avecl'autorisation du Calife.

    53 Athanase III 724contracte en 726 l'union avec l'EgliseArmnienne au Synod e de Tofin.

    54 Evanius I 74055 Servais I 75956 Joseph 79057 Cyr iaque 79358 Denys 1 de Tel-Mahr 818

    compose une Histoire des Syricns elpusse son patriarcat :1 lutler contrescs ad versui res.

    59 Jean 111 84760 Ignace 11 87761 Thodose 887

    -41-

    62 Denys II63 Jean IV64 Basile I65 Jean V66 Evanius II67 Denys III68 Abraham I69 Jean VI

    emprisonn a Constantinople aprsla prise d' Antioche en 969 par l'em-pereur grec Nicphore Phocas.

    70 Athanase IV71 Jean VII72 Denys IV73 Thodore II74 Athanase V75 Jean VIII76 Basile II77 Abdon78 Denys V79 Evanius III80 Denys VI81 Athanase VI82 Jean IX83 Athanase VII84 Michel 1, le Grand

    transf're en 1166 le patriarcut ja-cobite duns la ville de Mard in (Tur-quie).

    85 Athanase VIII86 Michel II87 Jean X

    897910922936954958~62965

    987100-1-103210-1-21058106-1-107410761077108010881091113111:391166

    120012071~08

  • - 42-

    88 Ignace III89 Denys III90 Jean XI91 Ignace IV92 Philanus93 Ignace Baruhid

    A partir de ce patriarche le nomd'Ignace est commun a tous sessuccesseurs.

    94 Ignace Isrnal95 Ignace Basile In96 Ignace Abraham II97 Ignace Basile IV98 Ignace Behanam 199 Ignace Kalejhi

    100 Ignace Jean XII101 Ignace No102 Ignace Jsus 1103 Ignace Jacques 1104 Ignace David 1105 Ignace Abdullah I106 Ignace Na Anathalak107 Ignace David II108 Ignace Philathus109 Ignace Abdullah IIno Ignace Cadhai111 Ignace Simon112 Ignace Jsus II113 Ignace A Mesiah 1114 Ignace Cabeed115 Ignace Gervais II116 Ignace Isaac

    ]333136613821412141514551483]4921509151015191520155715761591]597159816401653Hi61168616871708

    122312531253126412831293

    Mgr. Paul Athanase 1877consacr par S.B. Ignace Pierre Hlcomme vque jacobite.

    Mgr. Julius I Alvarez, archevque deCeylan 1889Par bulle du 29 dcembre 1.891.datedu monastere de Mardin, S.B. IgnacePierre Il l, patriarche j acobite d' An-tioche, autorisa Mgr. Alvarez a con-sacrer le prtre Joseph-Ren Vilatte,en reconnaissant u ce dernier le titred'archevque.

    Mgr. Joseph-Ren Vilatte, 25.5-1892consacr dans la cathdrale Notre-Dame de la Bonne Mort a Colornbo(Ceylan), fonde la cultuelle de l'EgliseCatholique Apostolique Francaise

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    117118119120121122123124125126

    Ignace SiccarablakIgnace Gervais BIIgnace Gervais IVIgnace MathiasIgnace Behanam IIIgnace J onasIgnace Gervais VIgnace Elie IIIgnace Jacques nIgnace Pierre Hl

    A partir de ce patriarche la succes-sion est donne par les conscrationspiscopales qui suivent, et les datesdonnes sont celles des sacres.

    1722174617681781181018171818183918471872

    127

    128

    129

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    (gnralement connue sous le nomde Gallicane) d'o :

    130 Mgr. Paolo Miraglia,consacr dans I'Eglise(Italie) comme vqueCatholique Italienne.

    131 Mgr. Jules Houssaye, 4.12-1904consacr dans l'Eglise vieille-catho-lique de Thienghen, duch de Bade,(Allemagne), archevqus de I'EgliseCatholique Francaise,

    6.5-1900de Piacenzade l'Eglise

    V. - LA DOCTRINE

    Ce qui est rellement catbolique,c'est-a-dire universel, c'est ce qui at cru et enseiqn de tout t emps, par-tout et par tous ... :t

    (St Vincent de Lrins).

    On a longtemps soutenu que I'Abb Julio, bienque' sorti de l'Eglise de Rome et devenu, par larception de la filiation apostolique, authenti-quement vque, tait nanrnoins demeur ea-tholique, dans ses enseignements eomme dansson comportement piseopal : liturgie, sacre-ments, de ...

    Nous ferons tout d'abord observer que ce sontla des choses absolurnent distinctes. La doclrined'une Eglise est une chose, ses rites et leur ea-dre en sont une autre.

    Nous avons dit plus haut que Mgr Julien HUllS-say avait connu la doetrine d'Origne uu coursde son sjour a Pont-de-Ruan, en Touruine.Nous pouvons done maintenant, la lumire decette constatation, prciser la nature des ensei-gnements qu'il a t arnen ;'1 cornmun iquer au-

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    tour de lui, puisque, nous le savons, ce sontceux d'Origene.

    * *De la Crafion.

    Dieu, .Etre Essentiel, Eternel, existant par Soiet en SO!, sans besoins et sans variations, infini-ment. bon, infiniment sage paree qu'infinimentparfaIt, est aussi tout-puissant.

    Etant tout-puissant et ternel, sa toute-puis-~anee. s:est done neessairement exeree de touteetermte sur des Cratures :

    4: Le Seigneur m'a possde au Commence-me~f de Ses Voies, avanl Ses (Euvres les plusanClennes ... (Proverbes : VIII, .2.2.)

    Car Je vais erer de nouoeaux Cieux el une~erre nouvelle. El ~oul ce qui a t auparavanl,s, eltacera de la mcmoire, sans qu'il revienne ti1 esprit.: (Isae : LXV, 17.)

    Car eomme les Cieux nouveaux el la T'errenouvelle q~e ~e vais erer subsisteront foujoursdeoant MOI, dii le Seigneur, ainsi votre nom elvotre race subsisteront ternellement ... (IsaeLXVI, .23.)

    Mon Pre et Moi ne eessons point d'agir ... (Jean : Evangile ; V, 17.)

    M.ain~enanf done, mon Pre, glorifies-."rIoi~n . TOI-Meme, de eette Gloire que J'ai eue enTOI aoant que ee Monde [ut ... (Jean . Evangile .XVII, 5.) "

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    Ainsi done, les Crations succdent aux Cra-tions, les Univers succdent aux Univers, pro-bablement spars par des priodes de Non-Etre,analogue au fameux e septime jour , durantlequel Dieu se reposa . (Gense : 11. 1).

    Lorsque les Etres intgrs dans une de eesCrations se sont libremenl manifests par leursaetes, par une sorte d'autodtermination, lors-qu'intervient la fin de eette Cration, ils demeu-rent fixs dan s l'tat final o ils sont parvenus.Et c'est une sorte de Feu myslrieux qui les fixe,les dureit. et les trempe, pour le rle qu'ils onta jouer dans la Cration suivante.

    Ainsi, fixs dans le Mal, ils demeureronl, dansla Cration nouvelle, des instruments de lcnta-tion, de eorruption, de deslruction. Ce serontdes Dmons.

    Fixs dans le Bien, ils demeureronl duns laCration nouvelle des inslrnments de libration,de purifiealion, de cration. Ce seront des Anges,ou des Ames choisies el mises :'1 part, selon l'heu-reusc expression de saint Paul :

    Si le Seigneur des arrnes du Ciel ne nousavuit pas rsero quelques-uns de notre Race,nous serions devenus semblables i:t Sodorne et aGomorrhe ... (Paul : Rornains, IX, 29.)

    A l'gard des Cratures non xes. pareequ'issues ponr la prernire fois hors du Non-Etre, les uns et les nutres joueront leur rle,tout en portant en soi son propre enfer ou son

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    propre paradis, tat qui durera autant que laCration a laquelle ils participent.

    Ces crations sont nommes sicles dansles Ecritures. Les versions grecques emploientle mot ons s . Elles constituent des cycles,plusieurs d'entre elles constituant une crationgnrale. Cette derrrire est alors nomme lesicle des sicles .

    De la Prexislence des Ames.Le mot Adam ne dsigne pas un tre charnel,

    mais une collectivit. On dit Adam comme ondit le rgimenl, ou la marine. L'Homme Premiertait un grgore, une chorgie, et c'est l'espritcentral de cette chorgie, qui tait le vritableAdam, la cellule-motrice. D'o le mot d'Origene : Les Ames ont prexist, comme une sorte depeuple ... s , L'Ecriture nous confirme cette no-tion :

    Ce n'est poinl pour vous seuls que je faiscetie alliance el ces excralions, mais pour lousceux qui, prsents devant le Seigneur notre Dieu,ne sont point encore avec nous ... (Deutro-nome : XXIX, 14, 15).

    Avanl de t'aooir form dan s l'ulrus, Je l'aiconnu, el Je l'avais impos la Science. El aoantque lu sois sorti du sein de la tnre, Je l'avaissancfifi ... (Jrmie : 1, 5).

    Et j'ai lou plus abondammenl les mortsque les vivanls, el j'ai jug plus heureux qu'euxencore, celui qui n'est pas encore n, el qui

    - 49-

    n'a jamais vu les maux qui se [ont sous lesoleil ... (L'Ecclsiaste : IV, 2, 3).

    Vous n'tes tous qu'un seul Corps et qu'unseul Esprit, de mme que vous n'avez t appelsqu'a une seule esprance ... (Paul : Ephsiens,IV, 4.)

    Nous ferons observer au lecteur qu'en cettebreve tude, nous ne pouvons donner a chacundes paragraphes de l'expos de la doctrine ori-gniste reprise par l'Abb Julio, toutes les cita-tions des Ecritures qui y sont relatives. Nousnous limitons aux principales, a celles qui nencessitent pas un dveloppement sotrique tropimportant, ce qui alourdirait l'ouvrage.

    Notons toutefois et dj, que la plupart descitations bibliques relatives a la Prexisfencedes .4mes furent souvent retenues pour desarguments en faveur de la Rincarnation desAmes , par des partisans de celle-ci, la conf'u-sion pouvant tre facile. Nous y reviendronsd'ailleurs plus loin.

    De la Tentalion el de la Chute Originelle.La notion de tentation (par le Principe du

    Mal et par les Etres qu'il a entrains dans sonorbe), pour les Ames Prexistantes, fait partiein t gran te du judeo-christianisme. Nier qu'il yait eu chute et dgradation spirituelle, c'est nierl'Incarnation du Christ ; et retirer toute valeura la Rdemption c'est galement nier la valeurde Son Sacrifice. Tout ceci est impensable pourun chrtien,

  • - 50-

    On peut done concevoir cette Chute commel'clatement de l'grgore dont nous parlions plushaut, la dispersion de la collectivit, sa corru.p-tion, analogue a celle qui suit la mort corpo-relle. Et comme il s'agit l d'une chute causepar une dgradation spirituelle, celle-ci impliqueune descente dans les plans d'existence corres-pondants, c'est--dire les plus infrieurs, parl'effet d'une matrialisation proqressioe, menantvers l'animalii, et mrne au-del.

    De la Rdemption.De mme qu'une Intelligence perverse avait

    entnbr les Ames prexistantes au point deles faire dchoir, de rnme ce sera une Intelli-gence pure qui les rilluminera :

    J'ai vu fous les hommes oioants qui mar-chent sous le soleil, et aussi le second Adolescent,qui doit se lever, en la place de l' Autre ... (L'Ec-clsiaste : IV, 15).

    Nous ne ferons pas l'injure au lecteur de rap-peler les tres nombreux versets de l' Ancien Tes-tament qui parlent du Messie, de sa venue, etdes circonstances de celle-ci. 11 faudrait pourcela des pages et des pages. Le prophtisme mes-siannique est un des lments les plus consid-rabies (et aussi les plus saisissants), des Ecri-tures.

    Une image fera rnieux saisir le processlls dela Rdemption.

    Si l'on imagine un collier, on observera qu'il

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    n'est jamais nomm autrement ; on dit ~ le col-lier . Rompons le fil. Les perles s'chappent,tombent aterre, et roulent dans toutes les direc-tions. Des lors, il n'est plus question du collier ;on part a la recherche des perles .

    Les unes iront se perdre sous des meubles,dans des recoins obscurs. 11 faudra attendrelonatemps avant de les retrouver, malgr lesrecherches, et souvent fortuitement. D'autres se-ront rapidement rcupres, elles ne se s~r?ntjamais loignes du point de chute, ni de la visindu propritaire du collier.

    Car les perles portent en elles, chacune, leurpropre destin, comme les Ames prexis~ante.sportent en elles le leur, par l'eITet de l.a Pred~sh-nation. Et ces perles sont, elles aUSSl, sounnsesa des destins propres, en fonction de l'instantde leur, cration individuelle.

    Lorsque le propritaire des perles les aurarcupres, il les enfilera de nouveau, sur unfil neuf, dans l'ordre initial de leur placetuentprimitif, qui tait fonclion de leur gross.ellr. etde leur oriento Et lorsque cette reconshtuhonsera terrnine, de nouveau on reparlera du col-lier , et on ne dira plus les perles ...

    S'il en manque, l'absence sera due a I'imper-fection des moyens utiliss pour leur recherche,ou a la ngligence du cherchant, ou au peu dedure de cette recherche. Mais si notre propri-taire est un tre parfait, s'il possde tous lesmoyens ncessaires pour rechercher ses perles,

  • - 52-

    et s'il a tout le iem ps ncessaire et aucune im-patience, il les rcuprera toutes.Remplaeons les perles par les Ames, le collier

    par I'Homme Total, et le propritaire par Dieu.Tout le problme de la restitution final e est r-solu, et l'Apocatastase est alors justifie.

    De I'Apocatastase ou Rintgration [inale,Selon Origne, repris par l'Abb Julio, il n'y

    a pas d'enfer ternel. Il n'y a que des sjoursdans une Cration ; sjours correspondant al'tat ultime dans lequel la Crature s'est trou-ve [ixe lors de la fin de l'Univers auquel ellea particip. Il en est donc de mrne, semble-t-il,du paradis, qui, eu gard a ce mode de raison-nement, serait impermanent et transitoire. LaCrature pouvant, par sa tideur, de nouveaudmriter et dchoir. En fait, ce second pointn'est pas susceptible d'etre retenu, le stade deperfectibilit accessible a la Crature devant luipermettre, finalement, de ne plus tre accessiblea une tentation quelconque. De plus, la prioded'autodtermination de I'tre tant termineDieu, par un effet de sa Grce, ne l'induit plu;en tentaiion, poux: paraphraser la pr'ire parexcellence, le Pater ). Il retire aux Entitstnbreuses tout pouvoir sur la Crature avantenfin termin son cyc1e de manijestations pro-batrices.Cette fixation final e dans le Bien, les Ecritures

    nous en donnent de nombreux tmoignages : Les Temps ordonns par Lui tant accom-

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    plis, II runirail tout en Jsus-Chrisl comme dansle Chef (la Tte), lant ce qui est dans le Cielque ce qui est sur la Terre ... ) (Paul : Ephsiens,1, 10.)

    Enfanls d'Isral, vous tes izMoi, dit le Sei-gneur. Mais les enfants des Ethiopiens ne M'ap-partiennent-ils pas eux aussi ? J'ai tir Israelde l'Egyple, mais j'ai galemenl tir les Philis-tins de la Cappadoce, el les Syriens de Cqrene ... (Amos: IX, 7.)L'Abb Julio est absolument dan s la ligne de

    pense orignienne lorsqu'il nous prcise sa pen-se sur I'Enfer. Il admet fort bien la damnationd'un tre, mais cette mort ternelIe n'estpas le fait de Dieu, principe de toute Vie, maiscelui de I'tre mme, Se dtournant oolontaire-ment de Dieu, la Crature perdue retombe sousle joug du Prince de ce Monde pour une duretelle que cela peul donner l'ide de l'Eternit,puisqu'il s'agit, en fait, de la dure de toute laCration future, ce sicle qui vient :t.Et ainsi, I'tre gar et aveugl retombe au

    sein du bartre des migrations. De vies en vies,tombant chaque fois un peu plus bas par suitede cet entnbrement progressif, la Crature per-due se dgrade chaque fois un peu plus. En son Liore Secret des Grands Exorcismes el B n-dictions s , }'Abb Julio nous dit ceci sur I'Enfer :

    L.'Enfer n'est pas lln lieu, c'est un lat d'i re,la descente indfinie et oertiqineuse, surtout "0-lontaire, iz travers touies les existences, dans la

  • -54-sombre nuit de la Haine, plus pouvantablementdouloureuse que tous les insenss rciis de l'En-fer, imaqins par des moines toriionnaires, dansle but de dominer et de pressurer les foules igno-rantes.

    Un rayon d'Espranee, un seul acte d'Amour, Et l'tre, d'un seul bond, peut remonter au

    [jour ...

    Satan peut, s'il le veut, redevenir Lucifer.Mais s'il ne le veut pas, il subira, ainsi que touseeux qui l'ont imit, l'imiteni, et l'imiteront, leterrible Jugement, le Chtiment su prme el final,la Mort Eternelle ... (op. cit. page 503).

    Quant aux suppliees qui faisaient sourireI'Abb .Julio, nous les eroyons plus rels qu'ilne le supposait. Si le damn, de nouveau sou-mis a la loi des transmigrations, descend d'exis-tenee en existenee, jusqu'au monde dmoniaquedes insectes, il y reneontrera le monde mme dela Cruaut, de la eruaut subtile, savante, ing-nieuse, rafTine. Cela, l'entomologie nous le metsous les yeux de Iacon halIueinante.

    Or, si un rve de quelques secondes peut nouspermettrc de drouler, sur l'cran intrieur denotre imagination, des scnes et des sensationsqui nous paraissent durer fort longtemps, quedire d u supplice de tels rnalheureu x insectes, sa-vamment paralyss par l'aiguillon de tels au-tres, mais [amais insensibiliss, et lentementdvors vivants, au cours de longues semaines,

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    par la larve de leur gnial bourreau, ou par lui-, ?meme ....Quant au Paradis, l' A bb Julio nous role sa

    pense, en vrai gnostique : Notre conceptiondu Paradis, e'est-a-dire de la Vie de l'Au-de/a,est bien diffrente. Hommes d'tude, nous dsi-rons eonnatre mieux, savoir davantage ... Horsdu Savoir, ee n'est pas la peine de vivre. LaSeienee, e'est done la Vie. C'est la conceptionmrne du Christ, le Grand Rvlateur, pour quirflehit bien ... (op. cit. page 541).

    Ainsi done, pour lui, le Paradis, e'est la Con-naissanee, la Gnose (1) !

    De la Rinearnation.

    Comme tous les grands doeteurs du Christia-nisme, qu'il s'agisse de ceux de l'Eglise d'Orientou de I'Eglise d'Oecident, et a leur suite, l'AbbJulio ne fut jamais rinearnationiste . 'Onehereherait en etTet vainement un passage deses reuvres OU il soutienne eette thorie, quenous devons a AlIan Kardec, sous la forme clas-sique habituellement propage par ses parti-sans (2). Mieux eneore, l'Abb Julio I'a cornbattue

    (1) Du grec gnosis ; connaissance.(2) Ce n'est qu'au dix-neuvieme sleclc qu'eJle est ap-

    parue a ins i. Le Bouddhisme l'ignore absolurnent souscet aspect, et l'Hindouisme galement. L'Lsl arn la rejette,le Judaisme de mrne. Et quant a I'antique Egypte, auxreligions de Chalde, de Babylonie, d' Assyrie, on l'ychercherait vainement I Nous possdons 11 cct gnrd undossier solidement toff ! Quant au Pythagorisme, elle

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    frquernment en ses crits. Nous citerons sim-plement en cette breve tude ce passage de sarevue L'Etincelle ~, numro de novembre 1902,page 13, ou il nous dc1are ceci :

    Bien loin d'enseigner la rincarnation, Jsuset ses Ap6tres, au contraire, ont enseign l'op-pos ... ~

    Sans doute, dans son livre Les Grands Se-crets Merveilleux ~, publi en 1907, nous dit-ilceci a la page 85, coiffant sa biographie rdigepar Fabre des Essarts :

    On sait que u se prononce ou en allemand ;on dit Jean Houss, done Houssay, qui est monnom, (Houss est), D'ailleurs, pouss par l'Esprit,je suis ali ti Constance ; je n'ai pas reconnula salle du Concile, mais j'ai revu ma maison eireconnu le lieu de mon supplice ; j'en ai reoctitoutes les phases.

    Cette ide qu'il tait la rincarnation de .leanHuss, parce que Houssay, I'Abb Julio la devaita Fabre des Essarts et a la personne qui luiservait parfois de mdium, laquelle tait farou-chement rincarnationiste. Mais l' Abb Julio. s'ilsupposa avoir t Jean Huss, ne faisail abso-lumeni pas de la rincarnation une loi gnrale,il tait trop chrtien sincere et avait fait de tropbonnes tudes thologiques pour cela. L' An nnairedu Tlphone comporte plusieurs abonns du

    n'lait va lab le que pour les non-initis, les profanes.Les init is, de ce [ait mm e, y c1wppuienf. C't ait lIi leb l de t'I nitiat ion ...

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    nom de Napolon, et ceci ne dmontre pas pourcela la rincarnation de cet empereur. 11 fautvoir dans ces quelques lignes le rsultat de pres-sions extrieures. Mais sa pense, parfaitementorthodoxe, n'a jamais vari sur ce point au coursdes quatorze annes de publication de

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    homme ou de ses parents, pour qu'il soit naveugle ? .. Et Jsus rpondit : Ni lui ni.ses parents n'ont pch ... Mais e'est afin que lesceuvres de Dieu soient manifestes en luL.. s ,Et efTeetivement, Jsus le gurit, et par la suite,l'aveugle devient un de ses diseiples.

    L'enseignement du Christ, saint Paul l'expo-sera de f'acon absolument nette dans son Epi-tre aux Hbrettx :

    Car Jsus-Christ n'est pas entr en ce Sane-tu aire fait de main d'homme (le temple de Jru-salem), et qui n'tait que la prfigure du vri-table (le Christ Lui-mmei, mais il est entr dansle Ciel rnme afin de Se prsenter dsormaispour nous devant la Faee de Dieu.

    Et il n'y est pas entr pour S'offrir Lui-mmc en plusieurs fois, eomme le qrand-prtred'Israel entrail tous les ans dans le Sanetuaire,en portant le sang d'une victime, el non le sienpropre ! Car autrement, il aurait Iallu qu'IlsoufTrit plusieurs fois depuis la Cration duMonde, au lieu qu'Il n'est apparu qu'une foisvers la fin des sicles, pour abolir le Peh, enS'offrant Lui-mme eomme Victime.

    Et cela, eomme il est arrt que les hommesmeurent une fois, et qu'ensuite ils sont jugs ... (Panl : Hbreux, IX, 25-27).

    Voici qui eoupe court a toute ventualit d'unesoi-disant rincarnation du Christ, aussibien que de ses Aptres. Mais un autre passagesouligne eneore cette impossibilit :

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    Ainsi Jsus-Christ a t offerl une fois, poureffaeer les pchs de tous, et la seconde fois,il apparaitra, sans avoir plus rien du pch,pour le salut de ceux qui l'attendent... (Paul :Hbreux, IX, 28).

    Le Christ, en annoncant qu'il retourne versSon Pre, a galement, a maintes reprises, faitj ustice de cette hypothse.

    D'autres passages des Ecritures dmenlent ourendent impossible la rincarnation. En voiciquelques-uns :

    .41ors Samuel dit a Saiil : Pourquoi avez-vous troubl mon repos en me faisant oo-quer ?... (I Rois, XXVIII, 15, ou 1 Samuel,XXVIII, 14, dans la version protestante).

    Et voiei que deux hommes s'entretcnaientavee Lui (Jsus), el e'taient Moise el Elie, quiapparaissaient environns d'une sorie de gloire.lls parlaient de Son dpart, qui deoait s'accom-plir a Jrnsalcm ... (Lue : Evangile, IX, 29. 30).

    Or, Mose est mort au sommet du mont Nbo,l'an 1451 avant notre ere, et Elie est mort l'an1117 avant Jsus-Christ. Il y a done de quinzea onze sicles que l':ime de ces deux prophtesest, eomme celles des Patr iarches. dans l'at-ten te . Ils ne se sont done pas rincnrns, Onobserveru d'ailleurs que le retour d'Elic . quia t galemcnt .lean le Baptiste, n'a nullernenttrait la rincarnution d'Elie dnns .Ienn, cnr ilsdoivent rcvcnir tOIlS dcu x la Fin des Temps.

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    Ce qui carte videmment la possibilit que Jeanne soit qu'Elie rincarn !

    La tradition secrte du Christianisme (qui estmoins secrte qu'on ne le croit communmentd'ailleurs !), explique ainsi la parole de Jsus,dclarant que Jean le Baptisfe est dja veml.., ~.Une tres haute Entit Anglique a jadis repossur Elie le prophte. Lorsque sa mission a ttermine, cet Esprit Cleste a quitt Elie, et c'estlui qui est remont au Ciel dans un char defeu ~ (image de son corps subtil et incorrupti-ble). Plus tard, la mrne Entit Anglique estrevenue ici-bas, et a repos sur Jean le Baptiste.Ainsi done on peut dire que le vritable messa-ger est dj venu ~. Ce sera par une sorte d'in-corporation semblable, que deux messagers,identiques a Elie et au Baptiste, se manifesteronta la Fin des Temps, pour prparer le retour duChrist en gloire, comme il en fut pour sa venueen chair (1).

    (1) L' Abb Julio oblinl des grces el des gurisonssurprenanles par l'inlcrcession des Sa ints. Ce qu i seraitimpossible s'ils se ri nca rna ien t. D'o la pur o le duChrisl a Sainl Jean : Celui qui oaincra, j'cn ferai unecolonne dans le Temple de Mon Dieu, el il n'en sorliraplus ... ~ (Apocalypse : 111, 12), Mais la rincarnalion eslcerlainement une loi pour les non-chrtiens.

    CONCLUSION

    Ainsi done, l'humble Abb Julio ~ a bienrecu, au 131m degr, le 4 dcembre 1904, deMgr Miraglia, dans l'glise vieille-catholique deThiengen (duch de Bade), la sucession duPrince des Aptres. Rien n'est plus incontesta-ble.

    A sa mort, survenue en Suisse en 1912, il nelaissa rien ases hritiers, hormis quelques pe-tites dettes. La vie religieuse ne l'avait pas en-richi. Le vieux lutteur pouvait Iaire sienne cetteparole du Christ ases Aptres :

    Ne prenez ni or, ni arqetit, ni monnaie, dansvos ceinlures ; ni sac pour le voyage, ni deuxtuniques, ni souliers ni bion, car l'ouvrier m-rite sa nourriture ... Vous avez recu gratuite-ment, donnez gratuitement... (MatthieuEvangile, X, 8-10).

    Mais il laissait une richesse plus grande. Cellede son exemple, de son cornbat pOllr le Bien,contre le Mal, et de son inpuisable ehnrit.

    Souhaitons que cette Eglise dont il fut la sour-

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    ce lointaine (il y aura bientt un sicle qu'il futordonn prtre, et bientt soixante ans qu'ildevint Evque), derneure toujours dans la voiequ'il a ainsi trace, d'avance, ases fdeles :

    Il [out avoir le don, qui n'est pas de savolont, mais de l'Es prit, Il {aut dvelopper cedon par la dignit de vie, par la foi, par la priere.II ne {aut rechercher ni sa gloire, ni l'amourdes richesses, ni la haine, ni la vengeance, ni lemensonge ... Il ne (aut jamais, sous peine dedchance et de perte irnrndiate de tout don,satis(aire les oaines curiosits, les bas apptits,les rancunes caches, les ambitions droisonnes,et toute la collection varie el san s limite de lasottise humaine, a peine encore dgage de labte. II {aut un creur brlant d'amour pour Dieuet ses (reres ... :t

    3 Mars 1962, 118m anniversairede la naissance de l'Abb Julio : Qui vicerit, possidebit haec ...

    (Joahn. Apoc. XXI, 7)

    TABLE DES MATIERES

    1. - Les Prmices 9

    II. - Le Combat 14

    III. - Le Sacre 25

    IV. - Table de la Succession Apostolique deMgr Houssay 38

    V. - La Doctrine 45- De la Cration 46- De la Prexistence des Ames .. 48- De la Tentation et de la Chute

    Originelle 49- De la rdemption 50- De I'Apocatastase ou Rintgra-

    tion finale 52- De la Rincarnation 55

    Conc1usion 61