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L’ESSENTIEL Facs, le prix de l’excellence 5,5 milliards d’euros pour les cinq pôles retenus FRANCE P.2 Nouveau centre de sapeurs-pompiers n Le ministre de l’Inté- rieur Claude Guéant a inauguré vendredi le nouveau centre opéra- tionnel high-tech de la brigade des sapeurs- pompiers de Paris. INTERNATIONAL P.4 Perpétuité pour Douch n L’ancien chef de la prison de Phnom Penh a été condamné en appel à la perpétuité pour des actes commis sous la dictature des Khmers rouges. ECO/CONSO P.7 La Croatie, bientôt dans l’UE n Les Croates ont ap- prouvé leur adhésion à l’UE. Malgré la crise, le club européen reste encore attractif. SPORTS P.9 Nouveau départ pour le XV de France n Samedi, l’équipe de France de rugby rencontre l’Italie au Stade de France dans un remake du match perdu par les bleus l’an passé. EXPRESSO n Les noms des cinq campus univer- sitaires d’excellence ont été dévoilés hier par le premier ministre François Fillon. Ils vont devoir se répartir 5,5 milliards d’euros. Des pôles de re- cherche attractifs et performants qui devraient attirer les meilleurs étudiants et professeurs du monde entier, et ain- si acquérir plus de visibilité au niveau mondial. PAGE 6 Le pôle universitaire de Sorbonne-Universités, qui inclut Paris IV fait partie des élus. QUOTIDIEN DU MASTER DE JOURNALISME DE L’ INSTITUT FRANÇAIS DE PRESSE - PROMO 2013 # 04 04-05 02 2012

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L’essentieL

Facs, le prix de l’excellence

5,5 milliards d’euros pour les cinq pôles retenus FRAnCe P.2Nouveau centre de sapeurs-pompiersn Le ministre de l’Inté-rieur Claude Guéant a inauguré vendredi le nouveau centre opéra-tionnel high-tech de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris.

inteRnAtiOnAL P.4Perpétuité pour Douch

n L’ancien chef de la prison de Phnom Penh a été condamné en appel à la perpétuité pour des actes commis sous la dictature des Khmers rouges.

eCO/COnsO P.7La Croatie, bientôt dans l’UEn Les Croates ont ap-prouvé leur adhésion à l’UE. Malgré la crise, le club européen reste encore attractif.

sPORts P.9Nouveau départ pour le XV de France

n Samedi, l’équipe de France de rugby rencontre l’Italie au Stade de France dans un remake du match perdu par les bleus l’an passé.

exPRessO

n Les noms des cinq campus univer-sitaires d’excellence ont été dévoilés hier par le premier ministre François Fillon. Ils vont devoir se répartir 5,5 milliards d’euros. Des pôles de re-

cherche attractifs et performants qui devraient attirer les meilleurs étudiants et professeurs du monde entier, et ain-si acquérir plus de visibilité au niveau mondial. PAge 6

Le pôle universitaire de Sorbonne-Universités, qui inclut Paris IV fait partie des élus.

quOtidien du mAsteR de jOuRnALisme de L’ institut FRAnçAis de PResse - PROmO 2013# 04

04-05 02 2012

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n Le nouveau centre opé-rationnel flambant neuf des sapeurs-pompiers de Paris a été inauguré vendredi par Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, et Bertrand Dela-noë, maire de Paris.

L’endroit ressemble à une salle de mar-ché ambiance Wall Street avec ses di-zaines de rangées

d’ordinateurs, les sapeurs-pompiers ont des allures de traders. En tendant l’oreille, retour à la réalité : « Madame, calmez-vous, il est conscient, il respire ? Mettez lui une cou-verture avant qu’on arrive ».

Dans une immense pièce aux murs blancs, les sapeurs-pom-piers de Paris répondent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 aux appels d’urgence du 18 et du 112. Avec une moyenne de 4500 appels par jour, 3000 d’entre eux ne correspondent pas à une urgence. Là est le problème: les appels abusifs mobilisent un opérateur, voire une équipe de sapeurs-pom-piers sur le terrain en cas de doute.

Filtrer les appelsLe nouveau centre opéra-tionnel (CO) de 960 mètres carrés situé dans l’ancienne cour de l’état-major des pom-

piers à la Porte de Champerret (17e) a pour objectif de gérer l’augmentation prévisible du nombre d’appels au cours des prochaines années et à long terme. Il vise aussi à mettre en place un système de double filtrage pour éviter les abus et les réponses du genre : « Mon-sieur, si vous n’avez plus de téléphone portable, ce n’est pas une urgence, ici vous êtes chez les pompiers de Paris, vous monopolisez une ligne d’urgence ! ». Les sapeurs-pompiers sont agacés, mais habitués: « on reçoit ce type d’appel tous les jours, je viens de raccrocher à une dame qui voulait trouver une occupa-

tion, c’est un peu fatigant » confie l’un d’eux. Pour mieux trier les milliers de sollicitations, le CO se décline en trois niveaux: le centre de traitement des appels chargé de répondre aux interventions courantes, le centre opération-nel pour les opérations parti-culières (grave incendie par exemple) et le niveau 3 qui gère les interventions importantes et les crises majeures. Avec un coût de 25,8 millions€, ce nou-veau QG high-tech représente aujourd’hui la plus grosse unité de sapeurs-pompiers d’Europe. Plaisantins et malades imagi-naires s’abstenir.

o Charlotte Staub

FRANCESOCIETE Inauguration du nouveau centre opérationnel des sapeurs-pompiers

60% d’appels abusifs pour les pompiers de Paris

Mobilisation générale des soldats du froidn « L’année dernière, plu-sieurs personnes nous ont téléphoné pour nous signa-ler que les cygnes du canal Saint Martin s’étaient coincé les pattes dans la glace qui recouvrait l’eau. On a envoyé une brigade. En fait les cygnes avaient juste caché leurs pattes dans leurs plumes! ». L’anecdote plutôt cocasse du Lieutenant Colonel Le Testu, pompier de Paris, tranche avec l’ambiance studieuse qui règne au centre opérationnel des sapeurs-pompiers de Paris, dans le 17e arrondissement. On y surveille de près les pré-visions de Météo France pour ce week-end. De la neige et une nouvelle chute des températures sont prévues sur tout le pays, tandis que vendredi, 28 départements sont placés en alerte orange température. La vague de froid qui déferle depuis une semaine sur la France a déclenché la mise en place du « plan grand froid, niveau 3 ». « Le stade ultime », précise M. Le Testu.

Le froid, facteur aggravantPour les sapeurs-pompiers de Paris, ce dispositif consiste notamment à fournir une attention plus soutenue aux sans-abris. Des maraudes sont effectuées régulièrement par

exemple. Il y a aussi les traditionnels ac-cidents de chauffage, et chutes en tout genre : « L’an dernier, des collègues faisaient leur footing près de Montreuil. Sur leur chemin, ils ont croisé des jeunes qui, en jouant sur la surface d’un étang gelé, étaient passés au travers de la glace. Ils les ont repêchés, et réanimés. Ils étaient glacés.» raconte M. Le Testu.

Ces temps-ci, les sapeurs-pompiers de Paris indiquent faire « environ 30 interven-tions par jour, et 1300 depuis le début de la trêve hivernale. ». Mais dans l’ensemble, la si-tuation, aussi froide soit-elle, ne leur semble pas exception-nelle. Adrien, sapeur-pom-pier à la caserne de Créteil confirme : « Ce n’est pas pire que d’habitude ». Bien que leur lot quotidien

soit plutôt les incendies, les différentes équipes envoyées quotidiennement dans Paris et sa proche banlieue ne voient pas le froid comme un cas à part, auquel on doit se prépa-rer de façon exceptionnelle. C’est tout simplement un phé-nomène aggravant.

o Claire Branchereau

02 - EXpREsso - sAmEdi 4 Et dimANChE 5 FEvRiER 2012

Depuis le début de la trêve hivernale, les sapeurs-pompiers de Paris indiquent faire «environ 30 interventions par jour».

Sapeurs-pompiers, mais pas seulement...Ils ont le même uniforme, le même casque et presque la même formation que les autres. Ils sont sapeurs-pompiers de Paris mais aussi gymnastes, musi-ciens, mécanos, comp-tables, électriciens, maçons ou cuisiniers. Affectés au hasard des casernes de la capitale, ils suivent une formation militaire au secourisme de façon à assurer quelques gardes par semaine comme leurs camarades. Le reste du temps, ils font surtout profiter la brigade de leurs spécialités : ils ont été re-crutés pour cela. Pompier ? Il n’y a pas que ça dans la vie !

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n Officiellement, François Fil-lon ne pense qu’à la réélection de Nicolas Sarkozy. En vérité, le futur ex-Premier ministre songe à la suite pour ne pas sombrer dans les oubliettes de la vie poli-tique. Si le Président a, de son côté, assuré qu’il « se retirerait définitivement » en cas d’échec en mai 2012, son fidèle lieute-nant n’entend pas s’arrêter là.La stratégie qui s’esquisse res-semble à celle qu’avait adoptée Jacques Chirac en son temps : Premier ministre de Valéry Gis-card d’Estaing, maire de Paris puis président de la République. François Fillon entend relever de « nouveaux challenges » après l’échéance présidentielle. D’abord, s’implanter à Paris, en

tant que député dans la très cour-tisée 2e circonscription, regrou-pant les 5e, 6e et 7e arrondisse-ments, acquise à la droite. Après sept législatures sarthoises, le Premier ministre a décidé de « reprendre le flambeau » des deux députés sortants, Jean Ti-béri et Martine Aurillac.

Paris avant l’ElyséeSon ambition : « redonner l’es-poir au parti présidentiel » de la capitale, assommé par plu-sieurs défaites successives, en bâtissant « un projet pour la capitale au cours d’un travail collectif » dont il prendra certai-nement la tête en 2014, lors des municipales, pour contrer Anne Hidalgo, dauphine de Bertrand

Delanoë. On imagine cependant mal le Premier ministre s’arrêter en si bon chemin et ne pas faire comme ses prédécesseurs au poste de chef du gouvernement, Raymond Barre ou Lionel Jos-pin, et se présenter à l’élection présidentielle de 2017 en se ser-vant, dans son cas, de la mairie de Paris comme tremplin. Inter-rogé sur cette question, Fran-çois Fillon ne nie rien et affirme « garder toutes les options ouvertes ». Comme l’avouait Georges Pompidou, « tout homme qui entre à Matignon ne pense plus qu’à entrer un jour à l’Elysée ». Une pensée que François Fillon semble avoir déjà adoptée.

o Vincent Bouquet

POLITIQUE Le Premier ministre était jeudi soir sur France 2

François Fillon, le présidentiable d’après

Reprise de Lejaby : Nicolas Sarkozy fait jouer ses contactsn Quand Nicolas Sarkozy a promis dimanche dernier qu’il « ne laisserait pas tomber les salariés de Lejaby », le Pré-sident savait déjà comment il allait procéder. En début de semaine, selon un de ses proches collaborateurs, il a appelé son ami Bernard Ar-nault, PDG du groupe LVMH, pour lui demander son aide. Une demande que M. Arnault a acceptée pour permettre à Nicolas Sarkozy de sauver ces emplois. Le chef d’Etat se présente dorénavant en « anti-Vilvorde », cette usine Renault que Lio-nel Jospin avait promis, sans succès, de sauver en 1997. Car, derrière le symbole des Lejaby, pointe l’enjeu du « pro-duire en France », dorénavant au cœur du débat présidentiel.

Xavier Mathieu condamné pour avoir refusé un test ADN

n L’emblématique syndica-liste CGT des « Conti » a été condamné, vendredi matin, en appel à une amende de 1200 euros, alors qu’il avait été relaxé en première ins-tance. Les poursuites avaient été engagées suite à sa condamnation pour le sac-cage de la sous-préfecture d’Amiens en plein conflit social. À la sortie du tribunal, Xavier Mathieu a indiqué vou-loir se pourvoir en cassation et a envisagé d’aller jusque devant la Cour européenne des droits de l’Homme.

Des figurants pour Sarkozy ? n Le chef de l’Etat s’est rendu vendredi à Mennecy (Essonne) pour visiter un chantier de construction de logements. Selon Europe 1, des ouvriers travaillant sur d’autres chan-tiers ou pour d’autres entre-prises auraient été appelés en renfort pour étoffer le comité d’accueil du président de la République. « Ils voulaient plus de monde autour de Nico-las Sarkozy » a confié un cadre à la radio. Une version démen-tie par l’Elysée.

AGRICULTURE Manifestation des Jeunes agriculteurs

L’écologie sème la discorde chez les exploitantsn Gilbert, employé de mairie était là dès 8h30 vendredi matin boulevard Saint Germain, pour nettoyer le foin et la terre qui jon-chaient la chaussée. Une heure auparavant, les Jeunes agricul-teurs franciliens accompagnés de la Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricole (FDSEA) avaient pris d’assaut le Ministère de l’Environnement, bloquant la circulation avec des bottes de foin. Contrairement à l’ignorance feinte à l’accueil du Ministère, lui a entendu les slogans des exploi-tants en colère : « Touche pas à ma terre ». Comme beaucoup d’autres, il n’a pas vraiment saisi le sens de cette action inopinée, pas plus que les revendications décousues des manifestants. « L’empilement réglemen-taire menace la production française » dénonce Grégoire de Meaux, président du syndicat Jeunes agriculteurs IDF et culti-vateur dans le Val d’Oise. Selon lui, la politique de la ministre de l’écologie Nathalie Kosciusko-Morizet provoque une « suren-chère écologique, qui vient s’ajouter aux règles déjà lourdes de l’Union européenne ». L’agriculteur avoue passer plus de temps dans les papiers que dans sa ferme.

Action locale et isoléeSoutenue par le syndicat national des exploitants, la FNSEA, cette

action coup de poing reste pour-tant un mouvement régional, or-chestré par les céréaliers du bas-sin parisien. « C’est un discours qui n’a guère de sens venant d’exploitants qui ont le revenu moyen le plus élevé du pays » déplore Philippe Colin. Porte parole de la Confédération Pay-sanne, deuxième syndicat agri-cole français, il remet en cause le modèle agricole productiviste. Pour lui, ce genre d’évènements marginalise ces paysans qui « privilégient leurs propres inté-rêts plutôt que celui général de l’environnement ». Parmi les agriculteurs, les uns dé-plorent l’absence totale de l’éco-logie dans le débat national, alors que d’autres se plaignent de son omniprésence : « avant, l’éco-

logie était moins dans l’air du temps. On nous rabâchait pas les oreilles avec des escrocs comme José Bové ou Eva Joly » se plaint Grégoire de Meaux. Même si les représentants des Verts ont apporté leur soutien à la Ministre de l’écologie face à cette contestation, Philippe Colin déplore un manque de cohérence dans les politiques du gouverne-ment. Cette démonstration de force médiatisée fait ressurgir un thème peu abordé dans la campagne présidentielle : l’agriculture et son lien à l’environnement. Mise à part Europe Ecologie les Verts, les autres candidats continuent d’entretenir le flou autour de cet enjeu.

o Tiphaine Honoré

Vendredi, près du ministère de l’Environnement, les bottes de foins bloquaient la circulation.

en breffrAnCe

SAmedi 4 et dimAnChe 5 fevrier 2012 - eXpreSSo - 03

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international

04 - expresso - saMeDi 4 et DiiManCHe 5 FeVrier 2012

n Le chef de la prison de Phnom Penh sous le régime des Khmers rouges a été condamné en appel à perpé-tuité par le tribunal cambod-gien parrainé par l’ONU.

« Un jour historique ». Telle est la réaction du vice-premier mi-nistre cambodgien Sol An juste après la décision de la Cour su-prême d’alourdir la peine de 30 ans, prononcée en première ins-tance, à la prison à vie. Accusé de crime de guerre et de crime contre l’humanité, Douch, 69 ans, n’a montré aucune émotion lors de l’annonce du jugement. Malgré tout, ce verdict était attendu par les rares survivants de Tuol Slen, le nom de la pri-son où Douch travaillait, dans laquelle 15 000 personnes ont été torturées avant d’être exé-cutées sommairement lors de la dictature qui a fait près de deux millions de morts et n’a épargné aucune famille. Le chef de la prison entre 1975 et 1979 est le premier cadre du régime totali-taire à être définitivement jugé.

Le bouc-émissaire du régime?Pour Michel Blanchard, ancien

journaliste de l’AFP en Asie, « ce procès est un spectacle, un montage, il ne faut pas être dupe, une partie des problèmes de fonds n’est pas traitée ». Pendant très longtemps, le ré-gime des Khmers rouges a été reconnu par la communauté internationale et même soutenu par les Américains. De nom-breux anciens Khmers rouges sont d’ailleurs toujours pré-sents au sein du gouvernement

et de l’administration cambod-gienne. D’après Blanchard, « les élites sont hyper corrom-pues et le peuple le sait bien ».

Un tribunal hybride peu crédibleCréé en 2006, le tribunal est fragilisé par des accusations de corruption et des pressions politiques. Pendant des années, Douch a travaillé en toute im-punité, pour une association ca-ritative chrétienne jusqu’à qu’il

soit retrouvé par un journaliste Irlandais en 1999.« Pourquoi pendant longtemps, il n’y a pas eu de procès alors qu’on savait où se cachaient les dirigeants ? » s’interroge Hugues Tertrais, directeur du centre d’histoire de l’Asie contemporaine à Paris 1. « Je ne dis pas que Douch est un lampiste (subalterne, ndlr) mais j’essaie de comprendre ». Michel Blanchard résume la situation: « c’est comme une pelote de laine qu’on veut dé-mêler ». Reste une interrogation. Le pro-cès des trois plus hauts digni-taires du régime encore en vie, commencé fin 2011, aura-il le temps de se clore alors que ces octogénaires affichent une san-té fragile et une mémoire vacil-lante ? Le Premier ministre Hun Sen, ancien du régime marxiste, a clairement indiqué qu’il n’y aurait pas d’autres enquêtes. Douch sera probablement le seul ex-dignitaire à être jugé. Le premier et le dernier.

o Muriel Pichon

CAMBODGE Un tortionnaire Khmer rouge condamné en appel à perpétuité

Douch, justice ou symbole ?

Douch est demeuré impassible lors de l’annonce du jugement.

KOWEIT Islamistes vainqueurs des législatives

Les femmes éliminées du Parlementn Large victoire. L’opposition, islamistes en tête, a récolté 34 des 50 sièges au Parlement koweïtien, selon les résultats officiels annoncés vendredi. Sur 286 candidats, vingt-trois femmes étaient en lice, dont quatre avaient été élues pour la première fois dans l’histoire du Koweït en 2009. Cette fois-ci, il n'y en a eu aucune. Le gouvernement du cheikh Nasser avait démissionné en novembre dernier à la suite des manifestations populaires ins-pirées par le printemps arabe. Des élections avaient été convo-quées après la dissolution de la Chambre le 6 décembre. Plus de 400 000 Koweïtiens, dont 54% de femmes, étaient appelés aux urnes jeudi. Le parlement est au Koweït l'un des rares organes élus qui peut contester les décisions prises par le pouvoir, telle que l’inter-diction aux femmes de partici-per aux compétitions sportives internationales.

Intérêts américainsLe triomphe de l’opposition pourrait désormais largement contrebalancer le pouvoir de l’Emir Al Sabah et de son entourage, depuis la politique étrangère jusqu’aux règles sociales. Le pro-occidental Al Sabah maintient une relation étroite avec l’armée américaine, qui essaye en ce moment de renforcer sa présence militaire au Koweït. Depuis leur retrait d’Irak, les Etats-Unis souhaitent y établir une base militaire. Cependant, rien n’indique que ces élections, les quatrièmes en six ans, parviendront à rétablir un semblant de stabilité poli-tique dans ce richissime émirat. Quoi qu’il en soit, le Premier ministre demeure un membre de la famille Al Sabah, qui ac-capare les portefeuilles gouver-nementaux les plus importants, dont la Défense, l’Intérieur et les Affaires étrangères.

o S. H.

n « Après six mois d’une crise alimentaire sans précédent, la Somalie n’est désormais plus en état de famine », a annoncé l’ONU vendredi. Cependant, l'organisation insiste sur la persistance de l’état d’urgence dans la corne africaine. « Il n’y a désormais plus de région en Somalie qui se trouve encore soumise à des conditions de famine », a déclaré à la presse le nouveau directeur général de l’Organi-sation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). José Graziano de Silva a égale-ment souligné qu’« il y a tou-jours 2,34 millions de personnes touchées par la crise. Si nous ne continuons pas à aider ces gens (...) ils ne vont pas survivre. Et la famine reviendra ». À la suite de la sécheresse la plus violente depuis soixante ans, cumulée aux effets de la guerre civile, l’ONU avait déclaré le 20 juillet dernier l’état de famine dans six

régions du sud de la Somalie, y compris la capitale Mogadiscio.La crise en 2011 a coûté la vie à des dizaines de milliers de Somaliens, dont plus de la moi-tié était des enfants de moins de cinq ans. Selon la définition de l’ONU, l’état de famine est caractérisé par un taux de mortalité supé-rieur à deux personnes par jour pour 10 000 individus et une malnutrition aigüe touchant plus de 30% de la population.

o Shao Hui

SOMALIE L’ONU annonce la fin de la famine

La situation reste précaire

ABDURASHID ABDULLE

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INTERNATIONAL

SAMEDI 4 ET DIMANCHE 5 FEVRIER 2012- ExpRESSO - 05

220 victimes du froid en Europen La vague de froid a déjà fait au moins 220 morts en Europe, particulièrement en Ukraine et en Pologne où 138 personnes ont trouvé la mort. Dans ces deux pays, les températures ont varié entre -25 et -35 degrés. L’Ukraine a annoncé le décès de 101 personnes, alors que le bilan risque encore de s’aggraver.

L’Iran répond aux menacesn L’ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême iranien, a déclaré vendredi que l’Iran ré-pondra à toutes les menaces militaires ou pétrolières qui le visent en mettant en œuvres « ses propres menaces ». Le matin même, le pays a lancé « avec succès » son 3e satellite dans l’espace.

Libération de trois otages en Egypte n Selon des responsables de la sécurité du gouvernement égyptien, deux touristes amé-ricaines et leur guide local ont été libérés vendredi. Les trois personnes avaient été enle-vées en début de journée par des bédouins armés dans la péninsule du Sinaï en Egypte.

Sept soldats tués en Pakistann Au moins sept soldats ont été tués vendredi d’après des sources militaires. Leur décès fait suite à une attaque des talibans dans une zone tribale du nord-ouest du Pakistan. Les combats s’intensifient ces derniers jours au cœur du principal sanctuaire d’Al-Qaïda dans le monde.

EN bREFESPAGNE Les socialistes espagnols désignent un successeur à Zapatero

Le PSOE se cherche une rosen Le 38ème congrès du Parti Socialiste ouvrier espagnol (PSOE) s’ouvre aujourd’hui à Séville. Au programme, ni plus ni moins que la recons-truction d’un PSOE laminé par un enchaînement de dé-faites électorales.

Succéder à Zapatero. Dimanche prochain, après trois jours de débats, les 956 délégués des 18 régions autonomes d’Es-pagne devront désigner qui, de la Catalane Carme Chacón ou du Madrilène Alfredo Perez Rubalcaba, accédera à la tête du Parti Socialiste. « C’est un PSOE blessé et décapité qui se réunit ce week-end », analyse Bernard Bessière, historien spé-cialiste de l’Espagne contempo-raine.Les défaites successives, aux dernières élections régionales, municipales et législatives, ont précipité la chute de l’ancien leader José Luis Rodríguez Za-patero, qui prononcera ce soir son discours d’adieu à la vie po-litique. « C’est une défaite his-torique, commente M. Bessière, car jamais aucun parti au pou-voir pendant si longtemps n’a connu une déroute aussi grave que celle du PSOE. L’enjeu maintenant, pour le parti, c’est de s’interroger sur les moyens

de parvenir à une revanche. »

Expérience vs changementEntre les deux favoris, peu de différences idéologiques. Elle, jeune, ancienne ministre de la Défense issue d’un cou-rant plutôt rénovateur, incarne l’Espagne de la citoyenneté et des forces sociales. Une femme moderne, jouant de sa féminité et qui a marqué les esprits en 2007 lorsque, enceinte de sept mois, elle inspectait ses troupes dans la cour de son ministère. Lui, vieux routier de la politique qui a intégré dès 1992 l’équipe de Felipe Gonzalez. L’ancien chef du gouvernement a d’ail-leurs apporté son soutien à ce candidat de l’ancienne garde

socialiste qui joue la carte de la sécurité.Impossible pour le moment de savoir qui sortira vainqueur. Carme Chacón bénéficie du sou-tien des deux principales fédé-rations, catalane et andalouse. « Rubalcaba peut, lui, s’appuyer sur l’appareil du parti », pré-cise Bernard Bessière. L’un comme l’autre, ils auront pour tâche d’assurer le redres-sement du parti. Prochaine échéance : les élections régio-nales du 25 mars. L’Anda-lousie, bastion historique des socialistes, pourrait basculer aux mains des adversaires du Partido Popular.

o S. Graveleau et S. Rahal

NATIONS UNIES Un nouveau projet de résolution sur la Syrie circule

n Le contraste entre la gravité de la situation en Syrie et les tergiversations des diplomates onusiens persiste. Jeudi, les opposants mani-festaient dans la plupart des grandes villes syriennes au péril de leur vie pour commémo-rer les trente ans du massacre d’Hama, commis par le père de Bachar al-Assad. Pendant ce temps, les ambassadeurs des quinze pays membres du Conseil de sécurité ont planché sur un projet de résolution très modéré afin de s’assurer le sou-tien de la Russie. Le président russe Vladimir Poutine, redou-tant que la chute d’une nouvelle dictature alliée fragilise encore sa position politique dans son propre pays, menace toujours d’opposer son veto à toute ré-solution. Cette nouvelle mou-ture, renvoyée par les ambas-

sadeurs à leurs gouvernements respectifs pour travailler à un consensus, n’appelle toujours pas au départ de Bachar al-As-sad et refuse de se prononcer sur la nature de la transition démo-cratique qui attend le pays, dé-tails qui apparaissaient dans les précédentes versions.

Si le nouveau texte, qui se range derrière la position de la Ligue arabe, dénonce toujours « les violations continues des droits de l'homme » par le gouver-nement syrien et exige que ce dernier y « mette immédia-tement fin », il vise aussi les groupes armés d’opposition, telle l’Armée syrienne libre, en condamnant « toute violence d'où qu'elle émane ».Autre élément de langage clé, la résolution appelle à une sor-tie de crise « pacifique ». En d’autres termes, les diplomates excluent les formulations ambi-gües qui avaient permis une in-tervention militaire de l'OTAN en Libye. L’hypocrisie est à son comble quand on sait que les références à la vente d’armes de la Russie au régime syrien ont été expurgées.

o Guillaume Gendron

Le Conseil de sécurité de l’ONU est en négociation sur la Syrie.

L’ayatollah Ali Khamenei

Rubalcaba et Chacón

Le veto russe toujours en épée de Damoclès

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n Lors d’un déplacement hier à Bordeaux, le premier ministre François Fillon a ré-vélé les noms des cinq campus universitaires retenus dans le cadre des projets « initiatives d’excellence » du grand em-prunt lancés en 2009. Objec-tif : créer des pôles à vocation mondiale.

L’information avait été révélée jeudi en fin de journée. Mais c’est seulement ven-dredi que François

Fillon, accompagné du ministre de l’Enseignement supérieur Laurent Wauquiez, a officialisé le tableau des lauréats. Sur les neuf projets encore en compéti-tion, les cinq gagnants (appelés « Idex ») sont surtout parisiens. Il s’agit du campus de Paris-Saclay, mais aussi de Sorbonne Paris-Cité (qui regroupe huit établissements dont Sorbonne Nouvelle, Paris-Descartes, et Diderot), Sorbonne Universités (composée de Paris II, IV et VI) et enfin Toulouse et Aix-Mar-seille. C’est la deuxième vague des lauréats des initiatives d’excellence dans le cadre de ces appels à projets. Ils ont été sélectionnés par un jury interna-tional composé, entre autres, de Jean-Marc Rapp, président de l’Association européenne des universités (UEA), mais aussi

de professeurs issus d’univer-sités prestigieuses comme Har-vard. Douze critères d’excel-lence ont été pris en compte : stratégies de recherche, gouver-nance, partenariats et ouverture à l’international.

En juillet, les vainqueurs de la première vague étaient Strasbourg, Bordeaux et PSL (« Paris, Sciences, Lettres » qui regroupe l’ENS-ULM, et Paris-Dauphine). Les premiers « Idex » avaient alors été dotés de 2,2 milliards d’euros.Les cinq nouveaux lauréats devront se repartir 5,5 milliards d’euros. En tout 7,7 milliards investis pour les « Idex », sur-

tout sous forme de dotation de capital. Pré-sélectionnés à l’au-tomne dernier, les candidatures de l’université de Lorraine, Grenoble, le pôle de recherche de l’Hésam (dont Paris I faisait partie), et Lyon Saint-Étienne n’ont pas été retenus.

Une compétition internationaleDevant la Chambre de com-merce et de l’industrie de Bor-deaux, François Fillon a déclaré que ces pôles pluridisciplinaires devraient permettre « d’attirer les meilleurs étudiants, les pro-fesseurs et chercheurs les plus reconnus ». Viser l’excellence donc, mais aussi rattraper le re-tard dans les classements d’uni-

versités. Le Premier ministre souhaite donner au monde uni-versitaire français « une plus grande ambition scientifique ».Si cette annonce va permettre à ces pôles de se positionner dans les classements mondiaux, cer-tains dénoncent un risque d’un système à deux vitesses. D’un côté des pôles d’excellence, de l’autre des universités laissées pour compte. Dans un docu-ment envoyé à tous les person-nels fin 2011, Georges Molinié, président de l’université Paris IV, déclarait qu’il s’agissait « d’une université globale, et non d’une fusion ». Une façon de rassurer les plus sceptiques.

o Sarah Belhadi

UNIVERSITE Cinq nouveaux campus d’excellence récompensés

Le « grand emprunt » dope l’enseignement supérieur

Bénéfices records pour LVMH en 2011n Le groupe LVMH, proprié-taire de Louis Vuitton, Given-chy, Guerlain, ou encore Dior, a publié jeudi son bilan pour l’année 2011. Pour la première fois, le chiffre d’affaires dé-passe les 23 milliards d’euros et les ventes se sont accrues de 16% par rapport à l’année pré-cédente. Ce géant du luxe bat tous les records en dégageant un bénéfice opérationnel de plus de 5 milliards d’euros, bien au- delà des prévisions des ana-lystes. L’industrie du luxe est donc l’un des rares domaines épargnés par la crise écono-mique. Contournant la crise de

la dette en Europe et le ralentis-sement chinois, le groupe a axé sa politique sur deux points.

Une stratégie orientéeTout d’abord, il a clairement défini la clientèle visée. L’Asie (hors Japon), avec une hausse de 27% des ventes, reste son premier marché. Même l’Eu-rope, en pleine tourmente finan-cière, a résisté grâce aux flux touristiques, permettant ainsi une augmentation de 6% des ventes. Par ailleurs, le groupe est très réactif et se régénère sans cesse. Il favorise une diver-sité des domaines d’activités,

lui permettant d’assurer ses arrières. Par exemple, l’activité touchant aux montres et la joail-lerie, représentant un quart du chiffre d’affaires, a été boostée par le rachat en mars dernier de la marque italienne Bulgari.

Perspectives pour 2012Avec un chiffre d’affaires de plus de 5 milliards d’euros et une croissance à deux chiffres le maroquinier Louis Vuitton reste incontestablement le réel moteur de LVMH. Il aurait même besoin d’un nouvel ate-lier chaque année pour faire face à la demande, comme en

témoigne la reprise du site de l’atelier de lingerie Lejaby à Yssingeaux (Haute-Loire) par l’un des sous-traitants de la marque il y a quelques jours. Bernard Arnault a déclaré que LVMH «aborde l’année 2012 avec confiance et se fixe à nou-veau comme objectif de renfor-cer son avance sur le marché mondial du luxe». Cependant, pour nombre d’analystes, au vu de l’état des économies amé-ricaines et européennes, les perspectives de croissance de l’industrie du luxe sont à revoir à la baisse pour 2012.

o Leïla Yaker

François Fillon a annoncé jeudi les universités lauréates du projet «campus d’excellence».DR

06 - EXprEsso - sAMEDI 4 ET DIMANCHE 5 FEVrIEr 2012

ECo/CoNso

INDUSTRIE Le luxe se porte bien pendant la crise

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n Cinq millions. C’est le chiffre d’affaires qu’espère atteindre Christophe Tortora, le nouveau président de La Tribune « en an-née un ». Le fondateur de Hima, groupe de médias locaux basé à Toulouse, est revenu dans une interview au Figaro sur la nou-velle orientation qu’il souhaite donner au journal. « Dès la semaine prochaine, la rédaction de La Tribune sera l’une des premières rédactions en France à être complètement digitale. Tous les journalistes vont écrire d’abord pour les supports digitaux, Internet, tablettes, iPhone… ». A cette édition en ligne, il faudra ajou-ter à compter du 6 avril un heb-domadaire au format tabloïd qui décryptera chaque vendredi le monde de la finance et de l’éco-nomie. Pour mettre en œuvre ces objectifs, les repreneurs du journal gardent uniquement 50 employés sur les 165 salariés de l’entreprise.

La presse papier en criseLundi dernier, La Tribune, un des principaux quotidiens économiques français avec Les Echos, avait publié son der-nier numéro papier après 27 an-nées d’existence ininterrompue. Cette fermeture intervient seu-lement deux mois après la dis-parition d’un autre grand titre de la presse, France Soir, qui a aussi choisi la version Internet pour subsister - supprimant au passage 89 emplois sur 127. Négocier le virage numériqueParier sur le numérique - que ce soit par choix ou par dé-faut - est aujourd’hui certes indispensable mais n’est pas encore tout à fait rentable. Même les modèles du genre ont encore du mal à se stabi-liser financièrement. En plein virage numérique, le groupe New York Times - éditeur du New York Times, de l’Inter-national Herald Tribune et du Boston Globe - a annoncé jeudi 40 millions de dollars de perte en 2011 alors qu’il était bénéfi-ciaire à hauteur de 107 millions de dollars l’année précédente. Un recul qui s’explique en par-tie par la baisse des recettes publicitaires, en ligne comme sur le papier.

o Sara Taleb

UNION EUROPEENNE Bientôt 28 Etats membres

L’UE, une valeur refuge pour les Croatesn Soulagement à Bruxelles. Le 22 janvier dernier, avec 66% des suffrages, les Croates ont dit « oui » à leur intégration à l’Union européenne. Si dans les prochains mois, les 27 Par-lements nationaux des Etats membres approuvent le traité d’adhésion, la Croatie devien-dra alors le 28ème pays de l’Union européenne.

Faible taux de participationPourtant, le taux de participa-tion au référendum a été le plus bas jamais constaté pour une ad-hésion, soit 43,6% de la popula-tion. « La population croate ne se fait pas vraiment d’illusions sur l’UE », relève un journa-liste du quotidien Jutarnji List, au lendemain du vote. Un réa-lisme partagé par l’éditorialiste du Novi List, selon qui « l’UE n’est pas un remède contre tous nos maux. Elle est loin d’être une personnification du Bien ». Le chef de l’Etat lui-même, Ivo Josipovic, a déclaré dans un communiqué : « L’Europe ne va pas résoudre tous nos pro-blèmes mais c’est une grande opportunité. »

700 millions d’euros d’aidesEn effet, la Croatie est en ré-cession depuis 2009 (-6% du PIB). Malgré une amélioration en 2010 (-1,2%) et un faible rebond lié au tourisme en 2011 (+0,4%), le pays devrait à nou-veau connaître une récession de l’ordre de 0,2% du PIB en 2012, selon les estimations de la Banque centrale croate. Le gou-vernement de centre gauche, en place depuis le 4 décembre, aura la lourde tâche d’assai-nir les finances publiques pour réduire le déficit, d’engager des réformes structurelles dans un

secteur social réputé généreux et de voter un budget d’austérité courant février.Son adhésion à l’Union euro-péenne pourrait donc donner un sérieux coup de pouce au pays. Selon la Commission européenne, la Croatie sera, dès la première année de son adhésion, bénéficiaire nette des fonds structurels européens, qui

servent à soutenir le dévelop-pement économique et la créa-tion d’emplois. En effet, avec une participation au budget qui ne devrait pas dépasser les 267 millions d’euros en 2013, le pays devrait recevoir pour 700 millions d’euros d’aides. De quoi faire passer la pilule aux plus eurosceptiques.

o Anthony Favalli

Le 22 janvier, les Croates ont voté par référendum en faveur de l’adhésion à l’UE. DR

SAMEDI 4 ET DIMANCHE 5 FEVRIER 2012- EXpRESSo - 07

EN bREF

ECo/CoNSoMEDIAS

Baisse du chômage aux États-Unisn Le taux de chômage aux États-Unis a chuté vendredi à 8,3%. Taux le plus bas en 3 ans, il résulte notamment d’une augmentation inatten-due des embauches dans le secteur privé. Des résultats qui ont surpris les experts et les marchés.

La soupe hivernale va coûter plus cher n Manger cinq fruits et lé-gumes par jour va devenir compliqué. Avec la vague de froid qui sévit en France, le prix des produits agri-coles augmente. Ils ont été multipliés par 3,5 depuis dé-cembre, moix exceptionnelle-ment doux.

Le marché du mobilese porte bien n 1,5 milliard de téléphones portables ont été vendus dans le monde en 2011. C’est 150 millions de plus qu’en 2010. Cette année, les smartphones ont dopé les ventes, bien que les mobiles classiques représentent la majorité des ventes.

Les repreneurs de La Tribune misent sur le digital

Adhérer à l’UELes critères d’adhésion à l’UE ont été définis en 1993, lors du Conseil européen de Copenhague. Le pays candidat doit avoir mis en place des institutions stables garantissant la démocratie, l’état de droit, les Droits de l’Homme, le respect des minorités et leur protection. Le candidat doit également avoir institué une économie de marché viable et avoir la capacité d’assumer les obligations de l’adhésion, notamment de souscrire aux objectifs de l’union politique, économique et monétaire.

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08 - EXPRESSO - SAMEDI 4 ET DIMANCHE 5 FÉVRIER 2012

CULTUREEXPOSITION L’illusion s’installe aux Arts Décoratifs

Une oeuvre d’art, ça trompe énormément«C ombien d’hommes

profondément dis-traits pénétrèrent

dans des trompe-l’œil et ne sont pas revenus. » Par cette citation de Jean Cocteau affichée en exergue dans la première salle, le ton de la nouvelle exposition du Musée des Arts décoratifs est donné : c’est à un voyage dans le monde de l’inconscient que l’on est invité.

Vendredi en fin de matinée, un silence de cathédrale accueille les rares visiteurs. Suivant une segmentation de parcours chirurgicale, un peu trop peut-être, se déploient dans les galeries sur deux niveaux une approche singulière d’un art protéiforme. Dans l’imaginaire collectif, le trompe-l’œil évoque l’illusion d’optique. On pense souvent à l’image de la fenêtre peinte sur un mur. Le concept de cette exposition temporaire, qui s’étale sur douze salles, est justement de donner à voir au public un panorama plus vaste d’une technique dont on trouve les premières traces dès l’Anti-quité.

Faux-semblantsPapiers peints façon cuir, faïence qui imite à la perfec-tion les reliefs du bois, calice de cuivre qui se prend pour de l’or… Autant d’objets qui

illustrent ce concept de faux-semblant. Une matière peut en cacher une autre.Les éléments du quotidien se prêtent au détournement, comme ces meubles qui flirtent délicieusement avec le design

et ces pièces de mode, griffées Karl Lagerfeld. Ou bien encore cette photographie qui montre un homme arborant un cos-tume croqué à même le corps. On ne restera pas non plus de marbre face à l’espace dédié

aux prothèses que portaient les courtisanes du XIXème siècle pour accentuer le galbe de leur postérieur. Et faire tourner les têtes.

Désillusion en fin de parcoursMais une fois la visite termi-née, on reste sur sa faim. Les Arts déco parviennent à élargir notre vision du trompe-l’oeil, sans pour autant développer le questionnement esthétique qu’il pose. Dommage, car bien que l’idée soit plaisante, sa mise en scène trop carrée en limite la portée.

o Alexis D. et Thibault D.

Paris, ville trompe-l’œilCacher un chantier disgra-cieux ou distraire le prome-neur. Le trompe-l’œil trans-forme la ville et habille les monuments. Actuellement, à Paris, la monumentale Conciergerie a revêtu ses vêtements d’hiver en atten-dant la fin des travaux qui lui rendront ses premiers atours. Il n’est plus possible de laisser un échafaudage à nu et tout chantier de réno-vation a droit à sa création. La plus marquante, sans doute, reste le miroir défor-mant installé le long de l’avenue George V en 2008. Vendu aux enchères en 2009, le « cache-misère », devenu œuvre d’art, donnait à la rue l’air d’un tableau surréaliste tout droit venu de l’esprit de Salvador Dali.

Marcel Jean, Armoire surréaliste, 1941, bois peint verni.© Les Arts Décoratifs / Photo : Jean Tholance

n Chemins bordés de terre, comptoir rouge et beige d’un bar miteux. C’est un décor dépouillé qui sert de cadre ini-tial à Zoltan, joué jusqu’au 12 février au Théâtre des Aman-diers-Nanterre.

La première à entrer en scène, c’est Jessie. Sa voix est éraillée, fatiguée par l’alcool et la vie en temps de guerre. Sans qu’elle soit le personnage central, c’est autour d’elle que gravitent les autres : Gabriel, Tunis, Peg, Pluvia… Et Zoltan. Tartuffe de pacotille, il a le verbe haut et la langue prompte au mensonge. A l’écouter, Elton John, Madonna,

Zinedine Zidane font partie de ses amis. Tous tombent un par un dans la toile de ce séducteur, jusqu’à ce qu’il se prenne les pieds dans son propre jeu.Zoltan, interprété par Patrick Mille, est l’anti-héros de ce drame où s’entremêlent amours trompeuses, fausse gloire et ignominie de la guerre. Dirigée par Véronique Bellegarde, la mise en scène peine à dérouler le fil noueux du texte syncopé d’Aziz Chouaki. Et dessert quelque peu le message du dramaturge, peintre pessimiste de la nature humaine et de ses travers.

o Alexis Duval

n Masterchef, Cauchemar en cuisine, Un dîner presque parfait… autant d’émissions qui symbolisent le retour d’un genre institutionnalisé par Maïté lors d’un dépe-çage mémorable d’anguilles ou par le « bon appétit bien sûr » de Joël Robuchon. De quoi frôler l’indigestion.Pourtant, bien plus qu’une simple forme de téléréalité à la sauce fourneaux, les Fran-çais se reconnaissent dans les épreuves que passent les candidats. Quel moment de télé jeudi dernier quand Gérard, candidat malchan-ceux, se fait éliminer par

les membres du jury de Top chef, érigés pour l’occasion en véritables stars... On en pleurerait ! Reste que ces shows font florès, le nouveau pro-gramme de TF1 La prochaine fois c’est chez moi en est la preuve. Si les spectateurs s’enflamment en masse pour la cuisine, il n’en reste pas moins que toute passion peut devenir insupportable lorsqu’elle est martelée et étalée aux yeux de ceux qui s’y intéressent moins. Après tout, chacun ses goûts.

o Thibault Dubreuil

THEATRE «Zoltan» aux Amandiers-Nanterre

La tragédie d’un menteurBILLET D’HUMEURLes émissions de cuisine font recette

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SAMEDI 4 ET DIMANCHE 5 FÉVRIER 2012- EXPRESSO - 09

SPORTS

EN BREF

RUGBY Le Tournoi des six nations s’ouvre samedi

Le XV de France remet tout à plat

n Le dernier Italie-France avait laissé un souvenir dou-loureux au XV tricolore. Une défaite 22-21 au stade Flami-nio de Rome le 12 mars 2011 qui présageait une Coupe du Monde néo-zélandaise en dent de scie.

A charge de revanche donc pour le nouveau sélectionneur fran-çais Philippe Saint-André. Son premier match dans ses nou-velles fonctions a justement lieu samedi contre les Italiens. Plus de trois mois après la finale de Coupe du Monde perdue contre les Blacks, gagner contre l’Ita-

lie serait un moyen de tirer un trait sur une défaite au goût amer malgré un mondial dans l’ensemble médiocre. Acces-soirement, ce serait aussi l’oc-casion d’effacer l’humiliation infligée à Thierry Duseautoir et ses ouailles par les transalpins lors de leur dernière confronta-tion.

Reprendre confianceLa priorité est donc de gagner. Gagner pour lancer le Tournoi des six nations sur de bons rails mais aussi gagner pour reprendre confiance après les approximations et la déception

du mondial. Pour défier l’Italie et donner un nouveau souffle à la sélection, Saint-André fait confiance à l’ossature bâtie par Lièvremont. Il aligne une équipe qui ne subira que cinq changements par rapport au XV qui avait affronté la Nou-velle-Zélande le 23 octobre dernier.Deux petits nouveaux de 23 ans font leur entrée dans le grain bain, Wesley Fofana le Clermontois et Yoann Maes-tri du RC Toulon. Le grand gagnant de ce remaniement : François Trinh-Duc. Poussé sur le banc par Lièvremont

pendant le mondial, le joueur retrouve son poste d’ouvreur. Une sanction en forme de désa-veu pour le montpellierain qui s’était vu offrir les clés du jeu français quatre ans auparavant par l’ex-sélectionneur.Un épisode difficile à digérer pour Trinh-Duc qui a récem-ment affirmé à l’Equipe : « C’est oublié, maintenant tout repart de zéro. » Le nouveau sé-lectionneur a quant à lui déclaré vendredi : « On est à balles réelles à partir de samedi. » L’ère Saint-André semble bel et bien lancée.

o Pierre Fesnien

Chabal au placardn Sébastien Chabal a été remercié par le Racing-Métro 92. Ce divorce serait dû à une mésentente avec l’entrai-neur Pierre Berbizier. «C’est la fin d’une belle aventure mais aussi d’un véritable sup-plice», a déclaré le rugbyman.

Du ski à Chamonixn La Coupe du Monde de ski fait étape dans la station de Chamonix du 3 au 5 février. Au programme : épreuve de descente samedi et Super Combiné dimanche. Didier Cuche, est le grand favori de la descente homme.

Capitaine déchun John Terry, capitaine de Chelsea et de l’équipe d’An-gleterre de foot s’est fait reti-rer son brassard à la suite de propos racistes qu’il aurait te-nus à l’encontre du joueur de Queens Park Rangers Anton Ferdinand.

Beckham en slipn Le footballeur des Los An-geles Galaxy David Beckham a lancé cette semaine sa col-lection de sous-vêtements pour H&M. Une collection qu’il a décidé de promouvoir lui-même en posant vêtu de ses créations.

Les sites de streaming illé-gaux bientôt une espèce en voie de disparition ?

Après MegaUpload, le 20 jan-vier dernier, l’ICE, l’autorité du FBI chargée de la protection de la propriété intellectuelle amé-ricaine, a annoncé la fermeture de quatre plateformes permet-tant d’avoir accès en direct et en streaming à des retransmissions sportives. Le principe de ces sites est simple : quelques abonnés de chaînes diffusant les évène-ments sportifs se branchent sur

Internet et partagent un match avec le reste du monde.Cette intervention n’est pas une réelle surprise puisque le FBI avait déjà fermé quatorze sites de live streaming en fé-vrier 2011. Les sites incrimi-nés, comme Firstrowsport.tv ou ATDHE.com sont toutefois réapparus en changeant de nom de domaine.

Rassurer les annonceursComme l’an passé, ces ferme-tures interviennent à quelques jours du plus gros événement

télévisuel de l’année, la finale du Super Bowl. Dimanche soir, elle devrait réunir plus de cent millions de téléspectateurs. Plus qu’une mesure à long terme, l’objectif à peine caché de ces fermetures est de rassurer les annonceurs. Ceux-ci payent à prix d’or le droit de diffuser une publicité lors du Super Bowl et craignent de voir le public suivre le match en streaming ou les annonces ne sont pas diffu-sées.Et la France ? Pas de consé-quence pour l’instant même si

l’offre illégale est prisée, no-tamment pour des matches et rencontres peu ou pas présents à la télévision, tel le hockey sur glace. A cela s’ajoute, en dehors du football et du rugby, que l’offre sportive gratuite à la télévision reste limitée. Autant de raisons qui font le succès des sites de live streaming. N’en déplaise aux grands groupes comme Canal Sat qui tirent du sport une part substantielle de leurs revenus.

o Pierre Labrunie

INTERNET Le FBI réprime le streaming illégal de rediffusions sportives

Pas de Super Bowl sur la toile

Le XV de France s’était incliné pour la première fois de son histoire devant l’équipe italienne (22-21) l’année dernière.

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ExprEsso04-05 02 2012 # 04

Pierre Cassen, le décomplexeurportrait Procès de « l’apéro saucisson-pinard » à Paris

Hier se tenait à Paris le procès des organisateurs du premier apéro «saucisson pinard». Parmi eux, Pierre Cassen le responsable du site «Riposte Laïque». Quatre associations antiracistes (LDH, Licra...) les accusent d’incitation à la haine raciale.

«On vient me voir en me disant : avant de vous entendre

je pensais que j’étais facho.» Pierre Cassen fait le job. «J’as-sume complètement d’être isla-mophobe et je veux libérer cette parole.» À la tête d’un site de-venu célèbre par son apéro anti-musulmans, l’homme connaît sa partition. Tout en appréciant la vision politique de Marine Le Pen, il assure être toujours «de gauche». Sa carte de la LCR, il l’a rendue en 1984, huit ans après avoir quitté le Parti com-muniste. Aujourd’hui, Pierre Cassen joue un rôle fondamen-tal pour l’extrême droite. «Ex-térieur» aux partis politiques, il excelle dans le service après vente des idées frontistes. Tou-jours adhèrent à la CGT du livre, l’ancien typographe de La Tribune se félicite de l’entrée en force de ses idées dans le débat politique. «Nous n’y sommes pas pour rien» reconnaît-il.

«J’ai le droit d’être islamo-phobe»Le directeur de Riposte Laïque admet avoir rencontré Marine Le Pen. «Elle s’est excusée

d’avoir pompé nos textes» s’amuse-t-il, lui qui refuse de prendre parti pour la présiden-tielle. Il ne faut pas grand chose pour lui faire avouer qu’il ne votera pas à gauche. Ni Sarko-zy. Pour l’heure, Pierre Cassen déplore les actions judiciaires intentées par les associations. «J’ai le droit d’être islamo-phobe, cela fait-il de moi un

raciste ?» s’interroge-t-il faus-sement. Il a apprécié le débat sur l’identité nationale jusqu’à ce que la gauche le «torpille». Pour sa cause, une occasion gâchée de gagner encore un peu de terrain. Armé de son saucisson et son pinard, Pierre Cassen a su s’in-viter sur la scène politique de-puis juin 2010. Un an plus tard,

le groupe parlementaire Droite Populaire organisait à l’assem-blée son propre apéritif saucis-son-vin rouge. Tandis que Marine Le Pen s’at-tache à faire du FN un parti de gouvernement, ce type d’initia-tive permet à la candidate fron-tiste d’investir le débat public à peu de frais, sans risquer un quelconque retour de flammes médiatique. Quant à Cassen, il confie avoir ressenti ce qu’il nomme «l’offensive de l’islam» en 2003, lorsqu’à la tribune du congrès de l’Union des orga-nisations islamiques de France (UOIF), Nicolas Sarkozy quit-tait la salle sous les huées. Son engagement anti-islam émerge-ra alors, faisant de Pierre Cas-sen un enfant sans complexes de la droite «décomplexée».

Julien Cholin et Julien Sartre

Pierre Cassen, pendant son discours à l’apéro du 18 juin 2010, place de l’Etoile à Paris.

ExprEsso iNsoLitEsPollution sonoreOuaf : c’est fini !n À Sainte-Foy-La-Grande (33), les chiens ont le sifflet coupé. Robert Pro-vain, le maire, a pris un arrêté pour lutter contre les aboiements, avec une amende de 68 euros à la clé pour le propriétaire de l’animal contrevenant. Cette mesure répond à plusieurs plaintes de citoyens, excédés par les jappements diurnes et nocturnes des animaux. Bientôt seront placardées des affiches sur les murs de la ville. Elles montrent un chien, un revol-ver sur la tempe. La dernière solution adoptée par le maire ? Non, pas du tout. Il s’agit de l’annonce d’un spectacle à venir intitulé Top Dogs.

Saint-ValentinCadeaux à croquern Oubliés fleurs, bijoux et chocolats classiques. Pour la Saint-Valentin, du côté de Sarlat (24), la ten-dance est aux pénis en chocolat. Proposés en huit modèles diffé-rents, ces nouveaux présents semblent déjà séduire quelques clients en manque d’idées. De l’aveu de Jenifer, vendeuse chez Lemoine, « il n’y a rien de choquant » à ce nouveau cadeau « en plus, rajoute-t-elle, ils sont petits, ces pénis ».

Corée du SudPerles funérairesn Le pays, en proie à la surpopulation, ne sait que faire de ses morts. La cré-mation y est donc vivement encouragée par le gouvernement, histoire de faire de la place aux vivants. Mais pour une entreprise locale, l’urne funéraire, c’est dépassé. Elle propose de transformer les cendres de feu l’être aimé en perles de couleur (au choix bleu, rose, violet ou noir) grâce à un procédé de cristallisa-tion, censé éviter le « pourrissement et les mauvaises odeurs » (sic) des cendres classiques. Une idée au goût douteux qui fait débat parmi les Coréens, dont la tra-dition veut que le corps rejoigne la terre.

08 - ExprEsso - saMEDi 4 Et DiMaNCHE 5 FEVriEr 2012

BioExpress1976 - Quitte le PCF1984 - Rompt avec la LCR2006 - Part en pré-re-traite en raison d’un plan social au quotidien La Tribune 2007 - Fondation du site militant «Riposte Laïque»2010 - Organise avec le Bloc Identitaire un apéro «saucisson-pinard» à Barbès. Interdit par la préfecture, l’évènement rassemble quelques centaines de personnes place de l’Etoile.