31
LES DRAMES DU QUéBEC LUC GONTHIER UN TOUR DU QUéBEC EN 50 RéCITS

0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

  • Upload
    others

  • View
    2

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

épine 0.5074 po

Lesdrames duQuébec

Lesdrames duQuébec

Les

dram

es d

u Qu

ébec

Luc Gonthier

Luc

Gon

thie

r

un tour du québec

en 50 récits

Les histoires dramatiques ont toujours fasciné le grand public en raison de leur côté injuste et arbitraire (qu’elles soient dues à la négligence humaine ou à une catastrophe naturelle), mais, surtout, en raison des victimes qu’elles font : des femmes, des hommes et des enfants qui n’ont souvent rien à se reprocher, et pour qui la population éprouve une profonde compassion.

Parmi ces drames qui ont marqué l’histoire québécoise :

» l’incendie du Laurier Palace (1929) ;

» l’explosion de la mine East-Malartic (1947) ;

» l’écrasement d’un avion à Sault-au-Cochon (1949) ;

» le naufrage de la drague Manseau 101 (1966) ;

» la crise du verglas (1998) ;

» l’effondrement du viaduc de la Concorde (2006) ;

» les inondations de Rivière-au-Renard (2007) ;

» le déraillement d’un convoi à Lac-Mégantic (2013).

Reprenant la formule des Crimes du QuébeC et des Grandes léGendes du QuébeC, le livre regroupe 50 histoires documentées ; elles ont toutes été racontées dans le respect des victimes.

Un toUr dU QUébec en 50 récits

213-Les drames du QC C1C4.indd 1 2014-09-08 12:07

Page 2: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires
Page 3: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

Les drames du Québec

213-Les drames du QC - Page titre.indd 1 2014-09-08 12:39

Page 4: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires
Page 5: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

Lesdrames duQuébec

Luc Gonthier

un tour du québec

en 50 récits

213-Les drames du QC - Page titre.indd 2 2014-09-08 12:39

Page 6: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

Les Éditions Caractère inc.

5800, rue Saint-Denis, bureau 900

Montréal (Québec) H2S 3L5 Canada

editionscaractere.com

Révision : Françoise Major-Cardinal

Correction : Mélissa Guay

Grille : Kim Lavoie

Couverture : Bruno Paradis

Photo de la couverture (accident d’autocar aux Éboulements, 1997) : AP Photo/Jacques Boissinot/Presse canadienne

Photos intérieures : shutterstock.com

ISBN : 978-2-89742-049-9

Imprimé au Canada

© Les Éditions Caractère inc.

Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 4e trimestre 2014

TOUS DROITS RÉSERVÉS

Toute reproduction du présent ouvrage, en totalité ou en partie, par tous les moyens présentement connus ou à être découverts, est in-terdite sans l’autorisation préalable des Éditions Caractère inc.

Toute utilisation non expressément autorisée constitue une contrefaçon pouvant donner lieu à une pour-suite en justice contre l’individu ou l’établissement qui effectue la repro-duction non autorisée.

Les Éditions Caractère inc. remercient le gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour ce projet.

Nous remercions également la SODEC de son appui financier (programmes Aide à l’édition et Aide à la promotion).

Page 7: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

L’épouvantable épidémie de poliomyélite

Mourir de se faire soigner

La tempête du siècle : Mon pays, c’est l’hiver !Le scandale du sang contaminé : La mort, goutte à goutteLa crise du verglas

À l’échelle de la province

09

32

14

18

24

Table des matières

East-Malartic : Perdre sa vie à la gagnerLes chercheurs d’or de la mine Belmoral

Abitibi – Témiscamingue

37

41

Empress of Ireland : Une tragédie oubliée

Mourir de désamour à Sault-au-Cochon

Hull et Ottawa s’enflamment !

Issoudun : Le premier écrasement de l’aviation civile canadienne

Le naufrage du Irving Whale

La bataille du Saint-Laurent

Acte criminel à bord du N.V. Québec

Crash d’un DC-8 à Sainte-Thérèse

Explosion mortelle sous le pont Laviolette

Incendie à l’Isle-Verte : 32 mémoires s’éteignent

Notre-Dame-du-Lac : L’incendie du Repos du vieillard

Descente tragique aux Éboulements

L’effondrement du viaduc de la Concorde

Nicolet : La tragédie des Anges

Rivière-au-Renard : Entre ciel, terre et mer

Bas-Saint-Laurent – Gaspésie – Îles-de-la-Madeleine

Charlevoix – Tadoussac

Laval – Laurentides – Outaouais

Mauricie – Centre-du-Québec – Chaudière-Appalaches

47

78

92

107

64

54

83

97

110

68

60

87

101

114

73

Dorion : À la croisée des cheminsMcMasterville : Explosion mortelle à la CILEastman : Une belle soirée qui tourne au drameSaint-Basile-le-Grand : Dans l’huile chaude…

Montérégie – Estrie

120

124

128

131

Saint-Amable : Pneus en feu !

Les inondations de la vallée du Richelieu

Glissement de terrain à Saint-Jude : La maison cercueil

Lac-Mégantic : Quand la vie déraille

Rougemont : Une randonnée funeste

136

148

140

154

144

Page 8: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

Le Laurier Palace : Du rire aux larmes

Kangiqsualujjuaq : La montagne qui tue

Les tragédies du pont de Québec

Saint-Jean-Vianney : Le « gouffre de la mort »

Quand les partisans des Canadiens virent fous…Montréal-en-Venise

Le naufrage de la drague Manseau 101

Échangeur Turcot : Quand la construction va… tout ne va pas nécessairement

DOW : Une bière qui met en bière ?

Le déluge du Saguenay

La tuerie de l’École Polytechnique

Valcartier : L’enfer de la guerre

Grève des pompiers : Un week-end rouge

Incendie chez le lieutenant-gouverneur Paul Comtois

Explosion à l’Accueil Bonneau : Repartir à zéroLa fusillade du Collège Dawson

Émeute sur fond de profilage racial

L’Ancienne-Lorette : Écrasement d’un F-27La maladie du légionnaire… sans légionnaire

Montréal

Nord-du-Québec

Québec

Saguenay – Lac-Saint-Jean

Références

161

203

208

240

253

173

178

222

166 213

245

182

226

169218

188

192

197

230

233

Page 9: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

AVANT-PROPOS

Les incidents malheureux relatés dans ce livre ont tous déjà été traités dans les médias; nous avons donc utilisé leurs archives comme principale source d’information. L’auteur s’est aussi appuyé sur des rapports d’enquêtes et de commissions pour étayer ses récits, en plus d’effectuer des entrevues avec des témoins des événements, lorsque cela a été possible.

Si certains chemins « littéraires » ont été empruntés dans le but de rendre la lecture intéressante, cela ne fut pas dans un but de sensationnalisme. Nous éprouvons un grand respect pour les victimes, leurs familles et leurs proches.

Page 10: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

À L’ÉCHELLE DE LA PROVINCE

Page 11: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

L’ÉPOUVANTABLE ÉPIDÉMIE DE POLIOMYÉLITE

Avez-vous déjà remarqué que, sur la pièce de 10 cents de 2001, la fameuse goélette Bluenose a été remplacée par les profils de trois femmes ? Qui sont-elles ? Pourquoi une telle entorse à la tradition numismatique ?

La réponse nous plonge au cœur d’une épidémie qui a affecté bon nombre de Canadiens français du début de XXe siècle, jusqu’à sa dernière grande mani-festation, en 1959 : la polio. Plusieurs des survivants en gardent toujours des stigmates physiques et psychologiques.

La poliomyélite a longtemps représenté un mystère pour les scienti fiques qui s’intéressent aux maladies infectieuses. Il faudra des décennies de recherche avant qu’ils parviennent à en découvrir l’origine : un virus gastro-intestinal qui se transmet aux humains par l’eau et les aliments souillés, ou encore par les mains, si celles-ci ont été en contact avec les excréments d’une personne infectée.

Une fois attrapé, le virus s’attaque au système nerveux et détruit peu à peu les cellules qui activent les muscles du corps. Le malade est alors menacé de paralysies plus ou moins sévères qui peuvent jusqu’à entraîner la mort.

Au Canada, on estime qu’entre 1927 et 1962, près de 50 000 personnes con-tractent la maladie. De ce nombre, 4240 en décèdent. Au Québec, c’est en 1946 que la polio fait le plus grand nombre de victimes : 1612 personnes en sont atteintes ; 115 d’entre elles ne survivent pas.

S’il a fallu beaucoup de temps et d’énergie pour identifier le virus respon-sable, on n’est toujours pas parvenu à lui trouver un traitement. Jusqu’ici, seule la vaccination offre une protection efficace contre le virus. C’est Jonas Edward Salk qui met au point le premier vaccin injectable au milieu des

Page 12: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

Les drames du Québec

12

années 50. Un deuxième vaccin, qui peut-être administré par voie orale, verra le jour au début des années 60.

***

D’ÉPIDÉMIE EN ÉPIDÉMIE

Entre 1927 et 1959, le Canada compte parmi les nations les plus touchées par les épidémies de polio paralytique. Malgré tous les efforts que le corps médi-cal déploie, la maladie ne cesse de progresser et de s’intensifier.

Refusant d’abord de l’admettre, les scientifiques doivent se rendre à l’évidence : plus les progrès sont importants dans les domaines de la santé publique et de l’hygiène personnelle, plus la polio progresse !

En fait, ce que les recherches leur permettent bientôt de découvrir, c’est que, jusqu’au XXe siècle, les très jeunes enfants créaient leurs propres défenses en absorbant et en combattant le virus que portait leur mère — une forme de vacci-nation naturelle, en quelque sorte. Cette immunité décroît à mesure que l’hygiène s’améliore, parce que le système immunitaire des nourrissons ne travaille plus aus-si fort pour développer les anticorps nécessaires avant que la maladie les frappe.

Ainsi, des études statistiques font la démonstration que les cas de polio se multiplient chez les enfants de cinq à neuf ans chaque fois que de nouvelles mesures d’hygiène apparaissent.

Le problème d’un tel constat, c’est qu’on réalise que les enfants de la classe moyenne (vivant dans des maisons dotées d’installations sanitaires sophisti-quées) sont devenus particulièrement vulnérables aux épidémies de poliomyélite.

1946

En un seul jour, le 8 août 1946, 76 cas de paralysie infantile, une complication de la polio, sont identifiés dans les hôpitaux de Montréal. L’inquiétude gagne la population qui a appris par la radio et les journaux qu’une épidémie affecte ses voisins du sud et qu’elle a déjà fait des milliers de victimes, dont 3000 enfants.

Le corps médical sait par expérience que les cas de polio sont plus fréquents en été parce que certaines étendues d’eau sont contaminées. Il recommande donc de fer-mer les piscines publiques, ce que la municipalité refuse de faire avant la mi-août.

Page 13: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

L’épouvantable épidémie de poliomyélite

13

L’épidémie gagne du terrain alors que la rentrée scolaire approche à grands pas. Les autorités décident donc, dans un premier temps, de reporter d’une semaine l’ouverture des classes. Puis, poussées à la prudence sous la pression des parents, elles la reportent d’une autre semaine.

Dans les hôpitaux montréalais, c’est le capharnaüm. Les enfants sont parqués en ligne dans les couloirs ou installés sur des paliers d’escaliers. Le scandale éclate lorsque des parents indignés découvrent qu’il reste des lits inoccupés, mais que certains administrateurs les attribuent au plus offrant. Rappelons qu’à l’époque, les soins de santé ne sont pas gratuits, et que certains hôpitaux sont gérés comme des entreprises privées.

On estime que lors de l’épidémie de 1946, 1 enfant sur 1000 est touché, sur-tout dans la région de Montréal. Vingt pourcent d’entre eux en garderont des séquelles physiques toute leur vie.

1955

Le vaccin antipoliomyélitique inactivé de Salk est désormais disponible au Québec et au Canada.

Paul Martin père, alors ministre fédéral de la Santé nationale et du Bien-être social, décide de s’engager dans la lutte contre la polio et de promouvoir ce vaccin. L’une des raisons qui le motive à agir est le fait que son fils, futur pre-mier ministre du Canada, est victime de la maladie alors qu’il a huit ans. Il échappe de peu à la paralysie.

Sachant que l’Institut de microbiologie et d’hygiène, dirigé par Armand Frappier, sera pleinement opérationnel en 1956, Paul Martin contacte le gouvernement du Québec, qui finance la mise en opération de l’Institut, et s’engage auprès du premier ministre Duplessis à assumer les coûts de pro-duction du vaccin Salk.

L’Institut accepte. Aussitôt que la production du vaccin atteint son rythme de croisière, le ministre se lance dans une série de discours à travers le Canada, pour encourager les habitants de tous âges à se faire vacciner.

Sa campagne est momentanément interrompue lorsque des incidents sur viennent aux États-Unis : des personnes qu’on vient de vacciner développent la maladie, et quelques-unes en meurent. Des doutes sérieux sont

Page 14: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

Les drames du Québec

14

alors soulevés quant à la véritable efficacité du vaccin. Paul Martin consulte des spécialistes, mais, il l’admettra plus tard, sa décision de poursuivre la campagne de vaccination des Canadiens, il la prend en se fiant d’abord et avant tout à son instinct. Celui-ci le sert bien, puisque aucun Canadien vac-ciné ne développe la maladie ni n’en meurt… Trois mois plus tard, rassurés par les résultats obtenus au Canada, les États-Unis reprennent leur campagne.

1959

Le 13 août 1959, La Presse titre : « Un ennemi à terrasser : la poliomyélite – Montréal lance son offensive. » Cette nouvelle épidémie, la dernière d’importance au Québec, survient au moment où l’on procède justement à une campagne de vaccination à grande échelle sur tout le territoire de la province.

Le problème, c’est que la population demeure craintive par rapport au vac-cin. Certains le refusent parce qu’ils ont une peur bleue des aiguilles, d’autres parce qu’ils redoutent que le vaccin leur transmette la polio, à eux ou à leurs enfants, plutôt que de les immuniser.

Des médecins montent alors au créneau afin de dénoncer ce qu’ils considèrent comme étant de la négligence grave des parents canadiens-français, qui mettent ainsi la vie de leurs enfants en danger.

N’empêche. Durant l’été, la maladie fait 40 morts au Québec, dont 22 à Montréal. Quelque 1172 cas de polio paralysante sont, au total, diagnostiqués.

Dans les années qui suivent, les cas de polio diminuent sensiblement, les parents montrant de moins en moins de résistance à l’idée de la vaccination.

***

MARCHER POUR CEUX QUI NE LE PEUVENT PLUS

Entre les deux grandes épidémies qui marquent le Québec, et plus spéci-fiquement la région de Montréal, le Saguenay sera touché en 1955 par une épidémie de polio.

La population décide alors de mettre en place une campagne de financement récurrente, qu’on appelle la Parade des dix sous ou encore la Marche des dix

Page 15: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

L’épouvantable épidémie de poliomyélite

15

sous. L’argent recueilli sert d’abord à assurer le transport des enfants atteints de la polio jusqu’aux hôpitaux de Montréal. Des sommes sont aussi versées pour l’achat de bottines orthopédiques et de béquilles.

Devenue une fondation, la Marche des dix sous, en plus des services qu’elle offrait déjà, fait don d’un microscope électronique à l’Institut de microbiologie et d’hygiène de l’Université de Montréal. Un seul autre instrument de ce genre existe alors au Québec, et il sert à des études de physique.

À l’origine, le mouvement, qui connaît un vif succès, s’inspire de la March of Dimes que le président américain Franklin D. Roosevelt — qui a lui-même souffert de la polio — a mis en place aux États-Unis en 1938. Des campagnes similaires ont aussi eu lieu au Canada, où elles étaient coordonnées par la Légion royale canadienne.

Par ailleurs, c’est ce mouvement, surtout porté par des mères de famille dont les enfants étaient handicapés par le virus de la polio, que le gouvernement canadien a voulu saluer en 2001, décrétée Année internationale des bénévoles.

***

SYNDROME POST-POLIO

Si, grâce aux vaccins, la polio a pour ainsi dire été éradiquée au Québec, plu-sieurs des victimes de cette maladie doivent non seulement vivre avec les séquelles physiques de la maladie, mais aussi, pour plus de la moitié d’entre eux, avec le syndrome post-polio.

Comme c’est le cas pour la maladie même, on ne peut guérir de ce syndrome, qui se manifeste parfois 30 ans après l’apparition de la maladie, et ce, même si la personne n’a pas ressenti le moindre symptôme depuis. Les neurologues s’attachent à prévenir ou à atténuer ses conséquences, parmi lesquelles on compte la fatigue chronique, les douleurs articulaires, la faiblesse musculaire et les difficultés respiratoires. La clinique post-polio de l’Institut neurologique de l’Université de Montréal est aujourd’hui l’une des plus importantes au monde.

Page 16: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

LA TEMPÊTE DU SIÈCLE : MON PAYS, C’EST L’HIVER !

Vancouver, le 4 mars 1971. La « trudeaumanie » qui agite le pays depuis quelques années connaît ce jours-là un premier choc important : Pierre Elliott Trudeau, le jeune politicien anticonformiste aux allures désinvoltes, s’apprête à épouser Margaret Sinclair.

Au Québec, où Trudeau suscite des passions contradictoires, les esprits sont tournés vers un tout autre type de confettis : il neige à plein ciel depuis la veille. Durant 17 heures consécutives, la visi bilité est souvent réduite à moins d’un kilomètre. À l’aéroport de Dorval, on enregistre des vents de 70 à 75 kilomètres à l’heure et de fréquentes bourrasques atteignent les 100 kilomètres à l’heure. Des conditions similaires frappent bientôt la ville de Québec, le parc des Laurentides puis la Gaspésie.

Le Québec se retrouve paralysé par ce qu’on considère déjà comme la tempête du siècle… Elle l’est assurément, non pas tant en raison des accumulations de neige, mais plutôt parce que trois facteurs se combinent pour créer des conditions que le Québec n’a jamais connues jusque-là. D’abord, l’intensité des averses et la très courte période pendant laquelle elles tombent ; ensuite, la violence du vent qui ne faiblit pas et, enfin, la hauteur de la neige qui se trouve déjà au sol au moment où la tempête s’abat. À Montréal, ce couvert de neige était de 56 centimètres et il était encore plus élevé dans l’est de la province.

***

LE 4 MARS, AU MATIN

La région de Montréal est durement touchée : toutes les écoles sont fermées, les transports routiers, ferroviaires et aéronautiques fonctionnent au ralenti ou, le plus souvent, sont interrompus. Les humeurs de la nature montrent à

Page 17: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

La tempête du siècle : Mon pays, c’est l’hiver !

17

quel point les infrastructures de nos grandes villes sont vulnérables lorsque les éléments se déchaînent.

À mesure que la journée avance, la situation se dégrade partout au Québec. Les vents violents causent des pannes électriques à répétition ; certaines dureront jusqu’à 10 jours. Les rues et les trottoirs croulent sous la neige. Des automobi -listes, bloqués, sont forcés d’abandonner leur véhicule au beau milieu de la rue.

Les bourrasques de vent poussent la neige le long des maisons ; celle-ci atteint parfois leur deuxième étage ! Dans les grands centres urbains de la vallée du Saint-Laurent, tous les services d’urgence sont paralysés et ne peuvent plus se déplacer autrement qu’en motoneige. Ils font d’ailleurs appel aux citoyens qui possèdent de tels véhicules afin d’obtenir du renfort. Dans les rues, les passants chaussent des skis de fond ou des raquettes.

Les autobus municipaux et interurbains sont immobilisés par centaines. Leurs occupants doivent attendre qu’on vienne les rescaper ou compter sur la générosité d’inconnus pour les loger. Dans l’est de la ville de Montréal, encore agricole, les chauffeurs d’autobus se réfugient dans les fermes.

***

La population, lorsqu’elle dispose d’électricité ou de piles, écoute atten-tivement les différentes stations de radio pour connaître l’évolution des événements. L’une d’elles, la station CHRS, qui émet son signal de la rive sud de Montréal, quitte habituellement les ondes en début de soirée en ver-tu d’une entente internationale. Elle obtient une rare permission du CRTC afin de poursuivre sa programmation de 18 h à minuit, de manière à continuer d’informer ses auditeurs ainsi qu’à les dépanner, en servant d’intermédiaire avec les services d’urgence, débordés. Ainsi, c’est souvent grâce aux stations de radio que des mères qui manquent de lait pour leur bébé s’en font livrer, ou que des femmes enceintes, sur le point d’accoucher, sont conduites à l’hôpital par des policiers ou des bénévoles en motoneige.

Dans les hôpitaux, on traite de plus en plus de gens pour des blessures dues à des débris de toitures, d’enseignes et de panneaux-réclame que les bour-rasques de vent ont arrachés.

Vu les circonstances exceptionnelles, les maires de Montréal et de Québec incitent à répétition leurs concitoyens à éviter de s’exposer aux intempéries.

Page 18: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

Les drames du Québec

18

Jean Drapeau, alors maire de Montréal, donne l’exemple en passant la nuit à l’Hôtel de Ville, d’où il coordonne les opérations de déneigement et les activi-tés des secouristes.

À Québec, l’Assemblée nationale ne siège que quelques minutes : seuls 41 députés ont pu se rendre au Parlement. Robert Bourassa, le premier minis-tre, passe lui aussi la nuit dans ses appartements privés, au Parlement même.

EN FIN DE JOURNÉE

À Montréal, on assiste à deux événements exceptionnels. D’abord, la Commis-sion de transport de la Communauté urbaine de Montréal annonce que, pour la première fois depuis son inauguration, le métro sera ouvert toute la nuit, afin de permettre le transport de ceux qui peuvent y accéder. Une expérience qui n’aura lieu qu’une seule autre fois, le 31 décembre 1999, pour le passage au nouveau millénaire. Puis, les Canadiens de Montréal reportent leur match prévu dans la soirée : une autre première en un demi-siècle !

Du côté des journaux écrits, Le Journal de Montréal, le Montréal-Matin et Le Devoir ne peuvent être publiés. Au palais de justice de Montréal, tous les procès sont reportés, dont celui, très médiatisé, de Paul Rose, l’un des prin-cipaux acteurs de la crise d’Octobre. Même Loto-Québec annule le tirage de La Mini !

5 MARS

Quoique la tempête présente des signes d’essoufflement dans la région de Montréal, Jean Drapeau exhorte toujours les résidents à rester chez eux, notamment pour que les services de déneigement puissent d’abord remor-quer les véhicules enlisés et ensuite déneiger les rues. Montréal comme Québec sont essentiellement impraticables.

La tempête du siècle a aussi fait des victimes : une trentaine pour l’ensemble du Québec, dont 17 à Montréal. La plupart sont décédées par crise cardiaque, ou empoisonnées au monoxyde de carbone en demeurant prisonnières de leur automobile. L’une d’elles, un citoyen de Laval, sera retrouvé dans sa voi-ture, ensevelie sur le boulevard Cavendish. Seule l’antenne de son véhicule dépassait de la neige et signalait sa présence.

***

Page 19: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

La tempête du siècle : Mon pays, c’est l’hiver !

19

LES LENDEMAINS

Il faudra des jours pour désembourber les principales villes du Québec. Seule-ment à Montréal, les camions de déneigement effectuent plus de 500 000 voyages afin de dégager les rues et les trottoirs. Le déneigement se fait au ralenti, les employés de la Ville devant d’abord repérer les véhicules ensevelis à l’aide de perches, qu’ils plongent dans les amas de neige…

Les Montréalais devront donc attendre un peu plus de 36 heures avant que les principales artères de la métropole soient praticables. Le maire de Montréal remerciera publiquement tous les bénévoles qui ont secouru sur leur motoneige des personnes en détresse.

Page 20: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

LE SCANDALE DU SANG CONTAMINÉ : LA MORT, GOUTTE À GOUTTE

Le système de collecte de produits sanguins n’a pas toujours été celui que l’on connaît, essentiellement basé sur les dons.

Avant la Seconde Guerre mondiale, si vous êtes hospitalisé et qu’on doit vous transfuser du sang, vous vous engagez à verser une compensation à l’hôpital qui vous a soigné. Celle-ci est proportionnelle à la quantité de sang reçu.

L’entente sous-entend que des membres de votre famille ou vos amis vont fournir l’équivalent de deux bouteilles de sang pour chacune de celle qui vous a été transfusée. Si vous ne pouvez trouver de donneurs pour honorer votre dette, l’hôpital peut alors exiger une compensation monétaire.

Tout ce processus, de la transfusion au remboursement de la dette sanguine, se déroule dans le même établissement hospitalier, sous la supervision de son personnel.

Arrive la Seconde Guerre mondiale. Les nombreux soldats blessés au com-bat ainsi que les victimes civiles font vite la démonstration des limites d’un tel système. La Croix-Rouge, qui n’arrive plus à fournir à la demande, décide d’organiser une première campagne de recrutement de donneurs bénévoles. Au Canada, elle se rend de villes en villages, arpentant tout le pays pour recueillir le sang dont elle a besoin.

La réussite de cette campagne est telle que les hôpitaux et les ministères de la Santé des différents paliers de gouvernements demandent à la Croix-Rouge de mettre en place un programme permanent, capable de répondre en tout temps aux besoins croissants en produits sanguins, même en temps de paix.

La Croix-Rouge accepte, mais pose une condition : les transfusions sanguines devront désormais être gratuites et accessibles à tous, sans discrimination

Page 21: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

Le scandale du sang contaminé : La mort, goutte à goutte

21

raciale, religieuse, politique ou économique, en conformité avec les politiques de l’organisme.

Au Québec, ce nouveau système de collecte est instauré dès l’inauguration du premier dépôt de transfusion à Montréal, en 1949. Depuis, le système de col-lecte de produits sanguins repose essen tiellement sur des donneurs bénévoles.

Le nouveau système est en apparence parfait, jusqu’à ce que survienne le « scandale du sang contaminé », qui démontre que la formule présente aussi des lacunes… Ce scandale est à l’origine de la pire catastrophe de santé publique ayant touché le Québec et le Canada.

***

VIH ET CONTAMINATION SANGUINE

Début des années 1980. Un nouveau virus, que l’on n’a pas encore identifié, fait des ravages, particulièrement dans la communauté homosexuelle. Il s’agit du VIH, le virus de l’immunodéficience humaine, responsable du dévelop-pement du sida. La maladie est foudroyante.

Dès 1981, les spécialistes de la santé établissent que ce virus se transmet lors de relations sexuelles. Un an plus tard, ils anticipent qu’il peut aussi se propager par le sang, soit en utilisant des seringues souillées, soit lors de transfusions, si les produits sanguins sont contaminés. Ce qui n’est qu’une hypothèse se confirme rapidement alors qu’on découvre que de plus en plus d’hémophiles sont devenus porteurs du VIH.

L’hémophilie est une maladie génétique, transmise le plus souvent aux garçons par la mère. Elle se manifeste par des troubles du processus de coagu-lation sanguine, qui se traduisent parfois par des hémorragies internes. Pour la traiter, les hémophiles doivent rece voir régulièrement des perfusions de certains concentrés sanguins ; cela explique qu’ils ont été les premières et les principales victimes du sang contaminé.

Au début de 1983, la Food and Drug Administration, l’organisme qui régit la sécurité des aliments et des médicaments aux États-Unis, conseille aux banques de sang américaines d’éviter autant que possible d’acquérir des produits sanguins provenant des groupes les plus à risque d’être atteints du VIH. Parmi ceux-ci, les prisonniers, qui représentent l’une des principales sources de donneurs dans de nombreux États américains. Une fois que les

Page 22: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

Les drames du Québec

22

banques de sang se conforment à cette recommandation, le sang donné par des prisonniers trouve de nouveaux débouchés, dont le Canada.

***

DES TESTS QUI TARDENT…

Alors qu’en Europe et aux États-Unis, des tests de dépistage sont mis au point  pour vérifier si les donneurs ou les produits sanguins stockés sont contaminés par le VIH, la Croix-Rouge canadienne attend jusqu’en novembre  1985 avant d’utiliser le test de dépistage ELISA et de retirer les produits à risque.

Un an plus tard, la journaliste Julie Miville-Dechêne révèle que le Québec compte un nombre nettement plus élevé de donneurs porteurs du VIH que les autres pays industrialisés. La Croix-Rouge ne peut nier qu’elle était au courant de ce phénomène ; à tout le moins, elle le suspectait, puisque, dès 1983, elle a émis des communiqués dans lesquels elle incitait les populations à risque de VIH, dont les homosexuels, à ne plus donner de sang.

Comme si ce n’était pas suffisant, voilà qu’à la fin des années 1980, plusieurs des personnes transfusées, dont, évidemment, les hémophiles, sont affectées par un nouveau virus : l’hépatite C.

***

DEUX CAS PARMI TANT D’AUTRES

Vincent Dumez est hémophile. Il est aussi l’un des rares survivants du scan-dale du sang contaminé, qui le frappera deux fois plutôt qu’une. À 15 ans, il apprend qu’il est porteur du VIH puis, quelques années plus tard, de l’hépatite.

Dumez entame des études en marketing aux HEC, où il signera un mémoire sur un sujet qui le touche de près : « L’affaire du sang contaminé ou l’échec de la relation médecin-patient ». Son expérience personnelle a brisé le lien de confiance qu’il avait avec son médecin et avec l’ensemble de la profession médicale. On le comprendrait à moins : il fallut plus d’un an et demi avant qu’on l’informe qu’il était porteur du VIH à cause des transfusions san-guines  qu’on lui a administrées. Des décisions ont été prises durant cette période sans qu’il puisse y participer, puisqu’il ignorait tout de son état. Et, il le sait pour l’avoir vérifié, son cas est loin d’être unique.

Page 23: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

Le scandale du sang contaminé : La mort, goutte à goutte

23

Sensible à l’argumentation qu’il développe dans son mémoire, la Faculté de médecine l’invite à maintes reprises pour qu’il partage son point de vue aux jeunes médecins en formation.

De son côté, Laurent Pontbriand subit un accident dans lequel il est grièvement blessé. Comme il a perdu beaucoup de sang, on lui administre une transfu-sion sanguine. Deux ans s’écoulent, pendant lesquels il se remet lentement de ses fractures multiples et des dommages subis à la colonne vertébrale. Il confie à son médecin ressentir une profonde lassitude et une grande fatigue. Celui-ci croit qu’il s’agit simplement des effets du choc post-traumatique lié à son accident ; que sa guérison n’est qu’une question de temps…

Du temps, il en faudra ! Non pas pour se remettre de l’accident, mais pour apprendre, six ans plus tard, la véritable cause de son abattement. Laurent Pontbriand reçoit une lettre de la Croix-Rouge l’avisant qu’il a été infecté par l’hépatite C lors d’une transfusion sanguine… Pas un mot de plus. Il doit lui-même se renseigner sur la maladie avant d’entreprendre des traitements qui vont hypothéquer suffisamment sa santé pour qu’il doive cesser de travailler.

***

À L’ORIGINE DU PROBLÈME

Au moment où apparaissent les problèmes liés à la transmission du VIH puis de l’hépatite C par transfusion sanguine, la Croix-Rouge recueille le sang des donneurs à travers ses centres de collectes, et le confie ensuite à des entre-prises privées qui se chargent de son fractionnement en différents éléments, tel le plasma.

Dès 1983, des laboratoires qui fractionnent les produits sanguins et qui ont été mis au fait des infections possibles mettent au point des procédés de chauffage du sang qui inactivent le virus du sida. Ceux-ci ont cependant un inconvénient : avec eux, il faut de 10 à 30 % plus de sang pour obtenir la même quantité de plasma ; il en revient donc plus cher de les utiliser ! L’une des premières entreprises à utiliser ce procédé est la firme américaine Travenol Hyland, où la Croix-Rouge canadienne se procure jusque-là bon nombre de ses produits non chauffés. Pour des raisons obscures, la Croix-Rouge ne renouvelle pas son contrat avec le fabricant.

La Croix-Rouge se procure néanmoins auprès d’autres fabricants des produits chauffés dans les deux années qui suivent. Cependant, quelques-uns

Page 24: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

Les drames du Québec

24

de ses centres continuent, au début de l’année 1985, à écouler les réserves de produits à risque d’être infectés. Ce n’est qu’en juillet de la même année qu’on leur intimera de ne plus le faire.

Combien de gens ont-ils été infectés ?

***

LA COMMISSION D’ENQUÊTE

Au début des années 1990, les victimes du sang contaminé s’accumulent au point où l’on parle de pandémie. Partout dans le monde, cette situation soulève questions et passions. Le Canada n’y échappe pas. Aussi, en 1993, les ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux recommandent la tenue d’une enquête publique, qui sera présidée par le juge Horace Krever.

Le Québec refuse de participer aux travaux de la Commission, arguant qu’il trouve cette formule lourde et coûteuse, et qu’il ne tient pas à être de ce qu’il considère comme une chasse aux sorcières. Le gouvernement accepte toutefois de fournir à la Commission toutes les informations qu’elle jugera pertinentes.

Dès le début de ses travaux, la Commission Krever est en butte à de multiples contestations, venant de tous les intervenants liés de près ou de loin à cette catastrophe sanitaire. Même les gouvernements qui l’ont pourtant créée vont, à maintes reprises, contester l’interprétation que les commissaires font de leur mandat, notamment le droit qu’ils s’octroient de mentionner dans leur rapport final le nom de personnes qui auraient manqué à leur devoir.

Devant la lenteur des travaux et les nombreuses démarches juridiques entre-prises contre la Commission, le juge Krever déplore que « plusieurs victimes qui espéraient à juste titre connaître les conclusions de cette enquête sont ou seront décédés avant qu’elles ne soient déposées ».

Finalement, le premier constat du rapport est de tenter, d’entrée de jeu, de rassurer les Canadiens en affirmant que, malgré toutes ses imperfections, « le système canadien du sang est aussi sécuritaire que celui de tous les autres pays industrialisés, mais [qu’]il est fragile ». On fait ensuite une cinquantaine de recommandations proposant diverses pistes pour améliorer l’efficacité et la sécurité du système de gestion du sang au Canada.

Page 25: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

Le scandale du sang contaminé : La mort, goutte à goutte

25

Dès sa publication, le rapport de la Commission suscite davantage de décep-tions et de critiques que d’approbation. Il est rejeté en bloc par les différents gouvernements et par la plupart de ceux qui y sont pointés du doigt. Il déçoit aussi les victimes et leurs familles, qui ont l’impression qu’on ménage plus les responsables de ce fiasco qu’on éprouve de compassion pour les victimes.

Le gouvernement fédéral n’attend pas le dépôt du rapport de la Commission avant de poser des gestes qu’il considère significatifs. Ainsi, le 10 septembre 1996, il annonce la création d’un nouveau système d’approvisionnement en produits sanguins, la Société canadienne du sang. Tous y adhèrent sauf, encore une fois, le Québec, qui considère qu’un tel programme doit être parfaitement intégré à son système de santé et de services sociaux. Il créera peu de temps après Héma-Québec.

***

Au Canada, on estime que 2000 personnes ont été infectées par le VIH entre 1978 et 1985, et 30 000 par l’hépatite C entre 1986 et 1990. Des statistiques qui dissimulent mal toutes les souffrances subies par chacune des per-sonnes  qui se cachent derrière l’anonymat de ces chiffres. Autant de vies brisées qu’aucune compensation financière ne guérira.

Même si on n’identifie pas de coupable, la Croix-Rouge est certes celle dont l’image a le plus souffert lors de ce scandale, même si elle n’en est que partiel-lement responsable. En effet, dans son rapport, le juge Krever pointe aussi du doigt les gouvernements provinciaux et territoriaux, ainsi que les organismes de réglementation supervisant l’exercice de la médecine.

Au moment où éclate le scandale du sang contaminé, il existe au Québec une banque de lait maternisé. Elle est obligée de fermer ses portes, victime par association de possibles contaminations. En 2011, Héma-Québec, sachant l’importance du lait maternel pour aider les grands prématurés, remet sur pied cette banque publique.

Page 26: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

LA CRISE DU VERGLAS

Janvier 1998. Une partie du territoire québécois voit le ciel lui tomber sur la tête. Plusieurs réalisent alors que le confort qu’ils prenaient pour acquis repose sur leur foi en des infrastructures plus fragiles qu’ils ne se l’imaginaient… Ils constatent aussi, par la force des choses, leur extrême dépendance à Hydro-Québec.

La crise du verglas durera cinq semaines. Bilan humain : 28 personnes y trouvent la mort, les uns à la suite d’un accident ou d’une intoxication au monoxyde de carbone, les autres dans un incendie, par hypothermie ou encore en pratiquant une activité risquée, comme le déglaçage de toiture.

Au plus fort de la crise, quelque 900 000 foyers, soit plus de 4 millions de personnes, sont privés d’électricité. Cent mille d’entre elles, faute d’autres ressources, recourent aux centres d’hébergement mis en place par les autorités civiles.

Aperçu d’une crise hivernale qui marquera longtemps notre mémoire collective.

***

4 JANVIER

C’est dimanche. Comme l’avaient annoncé les services météorologiques, des averses de pluie verglaçante commencent à tomber sur le sud-ouest du Québec, sur l’Ontario et les États américains frontaliers. Rien, cependant, pour émouvoir les Québécois, habitués aux aléas de l’hiver et à leurs désagréments. Dans la seule région de Montréal, chaque année, il y a en moyenne de 12 à 17 périodes de verglas. Elles durent rarement plus de quelques heures, et les accumulations sont négligeables ; leurs conséquences se limitent à tester la patience des citoyens, obligés de déglacer leurs autos, d’user leurs nerfs sur des routes sans adhérence et de vérifier leur sens de l’équilibre sur des trottoirs devenus patinoires.

Page 27: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

Les drames du Québec

256

RAPPORTS

Rapport de la CSST sur l’émeute du 10 août 2008 (décès de Freddy Villanueva)

Rapport de la Commission d’enquête sur la tragédie de la mine Belmoral

Rapport du directeur de la santé publique François Desbiens sur l’éclosion de légionellose dans la ville de Québec, été 2012.

Rapport du coroner André Dandavino sur l’accident routier de Rougemont ayant entraîné la mort de trois cyclistes.

Rapport Pépin, Valiquette et Cossette sur les infections nosocomiales et le C. difficile, 2005.

LIVRES

100 ans d’actualités 1900-2000. (Éditions La Presse)

Fontaine, Hugo. La grenade verte. (Éditions La Presse)

de Montigny, Johanne. Le Crash et le défi : Survivre. (Éditions du remue-ménage)

SITES WEB

ameriquefrancaise.org

archives.radio-canada.ca

Banq.qc.ca

Page 28: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

257

www.assnat.qc.ca/fr/bibliotheque

bilan.usherb.ca

centrenaufrages.ca

croixrouge.ca

encyclobec.ca

meteo.gc.ca/canada_f.html

meteomedia.com

hebdosregionaux.ca

hema-quebec.qc.ca

issoudun.qc.ca

lapresse.ca

ledevoir.com

memoireduquebec.com

newswire.ca

radioego.com/ego/listen/12466

securitepublique.gouv.qc.ca

velo.qc.ca

vigile.net

Références

Page 29: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires
Page 30: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires
Page 31: 0.5074 po épine Luc Gonthier drames t Les dramesc …...épine 0.5074 po Les dramesc du Québec Les 0 drames du Québec Les drames du Québec Luc GonthierLuc Gonthier t s Les histoires

épine 0.5074 po

Lesdrames duQuébec

Lesdrames duQuébec

Les

dram

es d

u Qu

ébec

Luc Gonthier

Luc

Gon

thie

r

un tour du québec

en 50 récits

Les histoires dramatiques ont toujours fasciné le grand public en raison de leur côté injuste et arbitraire (qu’elles soient dues à la négligence humaine ou à une catastrophe naturelle), mais, surtout, en raison des victimes qu’elles font : des femmes, des hommes et des enfants qui n’ont souvent rien à se reprocher, et pour qui la population éprouve une profonde compassion.

Parmi ces drames qui ont marqué l’histoire québécoise :

» l’incendie du Laurier Palace (1929) ;

» l’explosion de la mine East-Malartic (1947) ;

» l’écrasement d’un avion à Sault-au-Cochon (1949) ;

» le naufrage de la drague Manseau 101 (1966) ;

» la crise du verglas (1998) ;

» l’effondrement du viaduc de la Concorde (2006) ;

» les inondations de Rivière-au-Renard (2007) ;

» le déraillement d’un convoi à Lac-Mégantic (2013).

Reprenant la formule des Crimes du QuébeC et des Grandes léGendes du QuébeC, le livre regroupe 50 histoires documentées ; elles ont toutes été racontées dans le respect des victimes.

Un toUr dU QUébec en 50 récits

213-Les drames du QC C1C4.indd 1 2014-09-08 12:07