Upload
graduate
View
215
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
7/25/2019 05._Partie1BORDES_chap4
1/13
67
Chapitre4
Stabilitfinancire
Introduction
Essayerde contribuer la stabilit financire touten assurant la stabilitmontaire, telest leprincipaldfiauquelestconfrontaujourdhuilecentralbanking.Cechapitreluiestconsacr.Lasection1revientsur laconduite,en temps rel,de lapolitiquemontaireavant lacrise faceaudveloppementde labulle immobilire. laquestionEntronsnousdansuneredeplusforteinstabilitfinancire, beaucoup de banquiers centraux (40%) et la plupart des universitairesrpondentoui. Lasection2sedemandecomment lapolitiquemontairepourraitcontribuerlimitercetteinstabilit.
Extraitduquestionnaire:question1.4.
Entronsnousdansuneredeplusforteinstabilitfinancire?
4.1.Avantlacrise:politiquemontaireetbulleimmobilire
4.1.1.Faceauxprixdesactifs,approchedirecteouindirecte?
La place accorde lvolution des prix des actifs dans la conduite de la politiquemontairedcoulede la rponsedonne chacunedesquestions suivantes:1. Les autoritsontelles lapossibilit de dtecter une bulle?; 2. Lclatement dune bulle pourraitil avoir des effetssignificatifs difficiles corriger par la suite?; 3. La politique montaire estelle linstrumentappropripourfaireclaterunebulle?1.Si,entempsrel,larponsechacunedecesquestionsestpositive,labanquecentraleatroispossibilits:1.faireclaterlabulle;2.ciblerlesprixdesactifs, par exemple en les incluant dans lamesure du niveau gnral des prix; 3. suivre unepolitiquedutypeleaningagainstthewind(cidessousLAW)enrelevantprogressivementsontauxdirecteuralorsmmeque la ralisationde lobjectifchiffrdehaussedesprix, lhorizonhabituel(2ou3ans),nesemblepasmiseendanger.
1Rudebusch (2005)
7/25/2019 05._Partie1BORDES_chap4
2/13
68
En2005,voiciquellestaientlesrponsesdeJeanClaudeTrichet.laquestion1:Oui,ilyadesbulles,mais il est trsdifficilede les identifieravec certitude etpratiquement impossibledtre
daccordsur lepointdesavoirsiunephasedeboomduprixdunactifparticulierdevraitounon
treconsidrecommeunebulle.laquestion2 :Lesphasesdeboomdansleprixdunactifnesontpastoutesdangereuses;ellespeuventltresiellessontassociesunendettementlev,
cequiestparexemplegnralementlecaspourlesboomsdespriximmobiliers.laquestion3:
Des
dsquilibres
structurels
sous
jacents
peuvent
tre
lorigine
des
bulles
et
plus
gnralementdesmauvaisalignementsdesprixdesactifs.Sicest lecas,despolitiquesvisant
traitercescausesstructurellescommelarglementationprudentielleoudesmodificationsdela
fiscalit sontmieux appropries. Ilfaut aussi tenir compte des consquencespossibles de la
politiquedu typeLAW sur lesmarchs. ()Enparticulier, (dans cetteventualit),une raction
dsordonnede leurpart nestpasexclure,mmedans le caso cettepolitiqueestmiseen
uvregraduellementsurunepriodeassezlongue.Danscesconditions,laBCEsenesttenueunepriseencomptedesprixdesactifslimitecequitaitprvudanssastratgiedeuxpiliers,cestdireenenvisageantleursconsquencespossiblessurlactivitconomiqueetsurlesprixunhorizondecourt/moyenterme.Lattitudedesautresgrandesbanquescentralesat la
mme,
pour
des
raisons
identiques
2
.
4.1.2.Labulleimmobilireatelletdtecteentempsrel?
Lesvolutionsdesprix immobiliersauxtatsUnisetdans lazoneeurosontreprsentessur leGraphique4.1.Aprsunephasedecroissanceassez forte la findesannesquatrevingt,unecorrection, plusmarque aux tatsUnis que dans la zone euro, est intervenue au dbut desannes quatrevingtdix. Elle a t suivie dune priode o les prix ont fortement progressjusquauretournementobserv fin2006auxtatsUnisetquelquesmoisplus tarddans lazoneeuro.
Graphique4.1
Evolutions
des
prix
immobiliers
aux
Etats
Unis
et
dans
la
zone
euro
80
90
100
110
120
130
140
150
160
170
mars-90
mars-91
mars-92
mars-93
mars-94
mars-95
mars-96
mars-97
mars-98
mars-99
mars-00
mars-01
mars-02
mars-03
mars-04
mars-05
mars-06
mars-07
mars-08
mars-09
mars-10
Etats-Unis Zone euro
Note : Prix immobiliers (source BRI) / Indice des prix la consommation (Source OCDE) ; indice = 100 en 1990 :T1
2Par exemple, pour le point de vue de la Banque dAngleterre sur la question, voir Vickers (2000).
7/25/2019 05._Partie1BORDES_chap4
3/13
69
Quelle a t lanalyse faite en temps rel par les banquiers centraux de lenvole des priximmobiliersaudbutdesannes2000?Lescomptesrendusdes runionsmensuelles tenueslpoqueparleFederalOpenMarketCommitteesontaujourdhuidisponibles.Ilyestfaitmention,denombreusesreprises,desinquitudesquelesvolutionsdespriximmobilierssuscitaientchezles prsidents des banques de rserve rgionales. la lecture de ces mmes documents, ilapparat que, ds lemois dejuin 2004, de nombreux responsables de services de la Fed ontsoulign les dangers reprsents par les excs de la spculation et lenvole des prix dans lesecteur de limmobilier. Par exemple, lors de la runion du 30juin 2004, un conomiste dudpartementdelarechercheaprsentunetudedoilressortaitqueleratioloyers/prixdeslogements stait cart de sa moyenne historique et que cette volution ne pouvait treexplique par celle des fondamentaux; sa conclusion tait la suivante: Les fondamentauxexpliquentunepartiedelahaussedespriximmobiliers.Mais,mmeaprslesavoirprisencompte,
unepartiede lahausseestdifficileexpliquer (StephenOlinerde laDivisionofResearchandStatistics).LaFednapast la seule fairecetteanalyse.Parexemple,aummemoment, lediagnosticdesconomistesdelaBanquedeFrancetaitidentique3.
4.1.3.PourquoilapolitiquemontairenatellepastdutypeLAW?
Ilestdonc clairquen2004 les autoritsmontaires avaientdtect labulle immobilire.Ellesnexcluaient pas un scnariomarqu par un effondrement des prix immobiliersmais elles ontestimquecelanencessitaitpasuneactionpremptivedeleurpart:Silespriximmobiliersdevaient baisser nous aurions des raisons dtreproccupspar la dette hypothcaire; mais,
aujourdhui (octobre 2004), nous navons aucune raison de ltre compte tenu de la situation
financiredesmnages4.Ellesontadressdenombreusesmisesengarde:(Lesinvestisseurs)voient trop souvent comme structurelle et permanente une telle augmentation de la valeur
marchande(des
biens
immobiliers
;cela
les
conduit)
prendre
des
risques
de
plus
en
plus
importants et sur des priodes de plus en plus tendues ; Le boom de l'immobilier va
invitablement se calmer. Le rythmedes ventesde logements tomberaalorsaudessousde ses
niveauxhistoriquementlevs,tandisque lahaussedesprixvaralentiretque lesprixpourraient
mmereculer5.Ellesontcommencreleverleurtauxdintrtcompterdumoisdejuin2004.laquestiondesavoirpourquoielleslontfaitdemaniretrsgraduelle,ellesdonnentlarponsesuivante:Ilesttrsdifficiledaugmenter lestauxdintrten labsencederisque inflationniste.Lesentreprisesindiquaientquilleurtaitdifficiledaugmenterleursprix.Lexistenceduneliquidit
excdentaire combine la difficult daugmenter lesprix constituait une situation tout fait
inhabituellepourleComitfdraldelopenmarket.Lafaiblessedutauxdinflationnousdonnait
letemps
de
dmarrer
un
mouvement
graduel,
mais
persistant
de
hausse
des
taux.
Cela
devait
permettre aux entreprises et aux mnages de sajuster. En leur annonant clairement un
mouvement la hausse des taux courts, nous voulions amener les firmes envisager des
possibilits de refinancement et de restructuration de leur endettement. (Si vous augmentez
brutalement les taux dintrt aprs une priode o ils sont rests bas) vous multipliez les
difficultsfinancires6.
3
Wilhem (2005)4Greenspan (2004)
5Greenspan (2005)6Greenspan, 2008
7/25/2019 05._Partie1BORDES_chap4
4/13
70
Faceaudveloppementdelabulleimmobilire,enlabsencederisqueinflationniste,lapolitiquemontairenadoncpastdutypeLAW.Lesautoritssensonttenuesladoctrinesuiviedepuisla findesannesquatrevingt: lapolitiquemontairenedoitpasragirdans laphasedeboommaisseulementencasdclatementdelabulle.Diffrentsargumentsonttavancslappuidecetteattitude :1.Lecotpour lconomiedune fortechutedesprixdesactifsseraitbeaucouppluslevqueceluidunehausse,mmeexagre,carellepourraitplongerlconomiedansunercession svre, voire dans une crise systmique ; 2. Un boom des prix des actifs nest pasncessairementsuiviparunkrach;surles24pisodesdemballementdecesprixidentifisdans15paysindustrialissdudbutdesannes1960lafindesannes1990,seulementtroisstaientterminsparlclatementdunebulle7;3.Pourpouvoiragiraucoursdelaphasedemballement,labanquecentraledevraitnonseulementtrecapabledidentifierlabulleaveccertitudeetdansdes dlais adquats,mais aussi tre sre quen relevant ses taux elle pourrajuguler lactivitspculative sans risquemajeur pour lconomie. Face cette situation, les banquiers centrauxsont restes fidles au consensus de Jackson Hole: vouloir faire clater une bulle estimpossible,voiredangereux,etdoncviter; labulledoitclaterdellemmeet ilfautsetenirprtrparerlesdgts cleaningupafterwards(CUA)oumopupafter.
4.1.4.Lestauxdintrtsontilsreststropbastroplongtemps?
Toutaulongdesannes1980et1990,lespolitiquesdetauxdintrtdesbanquescentralesonttconformesauxprincipesdelargledeTaylor.PourlestatsUnisetlazoneeuro,lesvaleursobservesdestauxdintrtcourttermeetdestauxdeTaylor8,surlapriode2000T1/2007T2,sontreprsentessurleGraphique4.3.Danslesdeuxcas,unedivergenceimportanteentrelesdeuxtauxapparat.Lecomportementdesbanquescentralesadoncchangcemomentl.Auregard de la rgle de Taylor, le niveau trs bas auquel les taux dintrt directeurs ont tdescendusaprslclatementdelabulleInternetonttmaintenustroplongtempsauxEtats
Uniset
en
Europe
et,
dune
manire
gnrale,
dans
toutes
les
conomies
industrielles
avances.
AuxtatsUnis,cettepolitiqueatjustifiepardescraintesdedflation.Lindicateurdurisquedflationniste construit par le FMI fait apparatre une pousse du risque dflationniste cemomentl (voir les Graphiques 2.4 (a) et (b)).Mais il est restmodr. En outre, la craintedflationnisteesttrsviteretombe.Ilnefaitgurededouteque lespolitiquesdetauxonttlaxistestroplongtemps(partirdefin2002auxEtatsUnisetdefin2004danslazoneeuro9).
Lesvaleurstrimestriellesdugapdetauxdintrtpeuventtrerapprochesdelavariationdesprix immobiliers.Pour la zoneeuroetpour les tatsUnis, les rsultats sont reprsents sur leGraphique4.2.Danslesdeuxcas,onobserveunerelationsignificativeentrelesdeuxvariables.En
moyenne,
un
cart
de
taux
dintrt
dun
point
de
pourcentage
concide
avec
une
hausse
dun
demipoint de pourcentage des prix immobiliers. Sans trop savancer, on peut dire que lecaractre accommodant des politiquesmontaires a permis lenvole des prix immobiliers audbut des annes 2000. Cest ce que pensent aujourdhui presque tous les universitaires etpresquetouslesbanquierscentraux(85%danslesdeuxcas).
7Bordo et Jeanne, 20028Pour cela, le mieux est de lutiliser en retenant sa formulation originale pour chacune des conomies considres :
Taux de Taylor = 1 + Taux dinflation + * [Taux dinflation 2] + * [Ecart de production]o linflation et lcartde production sont mesurs comme le fait Taylor (dflateur du PIB ; cart entre le PIB effectif et le PIB potentielmesur au moyen du filtre de Hodrick-Prescott).9La BCE a t svrement critique quand elle a relev ses taux fin 2005 en labsence de tensions inflationnistes.
7/25/2019 05._Partie1BORDES_chap4
5/13
71
Graphique4.3:TauxdintrtcourttermeettauxdeTaylor(2000T1/2007T2)
a)EtatsUnis
0
1
2
3
4
5
6
7
8
2000
Q1
2000
Q2
2000
Q3
2000
Q4
2001
Q1
2001
Q2
2001
Q3
2001
Q4
2002
Q1
2002
Q2
2002
Q3
2002
Q4
2003
Q1
2003
Q2
2003
Q3
2003
Q4
2004
Q1
2004
Q2
2004
Q3
2004
Q4
2005
Q1
2005
Q2
2005
Q3
2005
Q4
2006
Q1
2006
Q2
2006
Q3
2006
Q4
2007
Q1
2007
Q2
SHORT-TERM INTEREST RATES - units: Per cent per annum USA Taylor Dflateur
b)ZoneEuro
0
1
2
3
4
5
6
2000
Q1
2000
Q2
2000
Q3
2000
Q4
2001
Q1
2001
Q2
2001
Q3
2001
Q4
2002
Q1
2002
Q2
2002
Q3
2002
Q4
2003
Q1
2003
Q2
2003
Q3
2003
Q4
2004
Q1
2004
Q2
2004
Q3
2004
Q4
2005
Q1
2005
Q2
2005
Q3
2005
Q4
2006
Q1
2006
Q2
2006
Q3
2006
Q4
2007
Q1
2007
Q2
EMU 3-month EURIBOR-Quantum (non-additive or stock figures) - units: % p.a. - power: 0 EMU Taylor Dflateur
Note : Taux dintrt 3 mois (source OCDE) ; calculs de lauteur
Extraitduquestionnaire:question1.5.Lebasniveaudestauxd'intrtatilfavorislaformationdelabulleimmobilire,etparlasuitesonexplosion?
7/25/2019 05._Partie1BORDES_chap4
6/13
72
Graph.4.2.Ecartdetauxdintrtetvariationsdesprixrelsdeslogements(1996T12007T2)
(a)Zoneeuro
y = -0,4974x + 3,0529
R2
= 0,4259t-stat = 5,713
0
1
2
3
4
5
6
7
-5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4
(b)EtatsUnis
y = -0,4965x + 2,3604
R2= 0,5027
t-stat = 6,669
-1
-0,5
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
3,5
4
4,5
-3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6
Note:x:Ecartdetauxdintrt:diffrenceentreletaux3moisetletauxdeTaylorcorrespondant;y:Variationenpourcentagesdespriximmobiliersdflatsparlindicedesprixlaconsommation.
7/25/2019 05._Partie1BORDES_chap4
7/13
73
4.2.Aprslacrise:principauxdfisetquestions
4.2.1.Quelprogrsdansladtectiondesdsquilibressurlesmarchsdactifs?
Disposeton aujourdhui de nouvelles techniques pour rpondre la question 1 de larbre dedcision cidessus, cestdire pour dtecter les bulles. Lutilisation du contrle stochastique
optimaldonne
des
rsultats
intressants10.
Elle
permettrait
le
calcul
dun
signal
avanc
de
crise
dontvoiciunexemple.Laconditiondestabilitsurlemarchimmobilierestlasuivante:quandletauxdendettement (DEBTRATIO)est suprieur samoyenne, le ratio loyers /prix immobiliers(RENTPRICE)doittre luiaussiaudessusde lasienne (les loyerssontsuffisammentlevspourpermettrederembourserlesemprunts).DeuxobservationsressortentdelexamendelasituationdumarchimmobilierauxtatsUnissurlapriode19802007(Graphique4.6.):1.leRENTPRICEestrestaudessousdesamoyenneetnacessdebaisserde19962007;2.leDEBTRATIOatenpermanenceaudessusdesamoyenneetnacessdaugmenterde19982007.Lahaussedelendettementadonctsusciteparlaperspectivedeplusvaluesimmobiliressuprieuresauxcharges dintrt. La situation tait donc insoutenable: une fois les plusvalues infrieures aux
chargesdintrt,
les
revenus
ont
t
insuffisants
pour
faire
face
la
dette.
Ds
lors,
la
crise
tait
invitable.
Graphique4.6.:Unsignalavancdecrisepourlemarchimmobilier
Note:DEBTRATIO=(endettementdesmnagesenpourcentagedeleurrevenudisponiblemoyenne)/carttype;RENTPRICE=(loyers/indicedespriximmobiliersmoyenne)/carttypeSource:Stein,2010
10Stein, 2010
7/25/2019 05._Partie1BORDES_chap4
8/13
74
4.2.2.Complmentaritouconflitentrestabilitmontaireetstabilitfinancire?
Dans un rgime rgulier, la stabilit montaire et la stabilit financire sont deux objectifscomplmentaires.Lapremirepeutmmetreconsidrecommeuneconditionncessaire laralisation de la seconde. La stabilit financire est sans doute mieux assure dans unenvironnement macroconomique qui a lui aussi cette proprit. Dans cette situation, unepolitiquemontaire oriente vers la stabilit des prix sans pour autant se dsintresser desfluctuations de lactivit conomique devrait contribuer la stabilit financire. La poursuitedun objectif de faible inflation est alors lameilleure contribution que la politiquemontairepuisse apporter la stabilit du systme financier. De lamme faon, la stabilit financirecontribue sans doute la stabilit montaire. La solidit et lefficacit du systme financierconcourent lacroissancede lconomieetrenforcentsarsistanceauxchocs.Inversement, lescrisesbancaireset financires se traduisentparun ralentissementde lactivitconomiquequipeut rendre difficile la ralisation de lobjectif dinflation; dans les cas extrmes, une spiraledflationnistepeutmmesedclencher.
Diffrentsmcanismespeuventcontribueraurenforcementmutueldelastabilitmontaireetde
lastabilit
financire11.
Les
contrats
financiers
tant
rdigs
en
termes
nominaux,
la
stabilit
des
prixlimineleseffetsredistributifsarbitraires,entreprteursetemprunteurs,duslinflationnonanticipe et donc les consquences (difficults financires voire dfaillances) quils pourraientavoir.Unbonancragedesanticipations renforce lefficacitde lapolitiquemontairequand lestaux dintrt sont proches de zro; cela permet dviter le dclenchement dune spiraledflationniste,destabiliser lactivitetdecontribuer lastabilit financire(cf.Chapitre3).Desonct, lastabilitfinancirerenforce lefficacitde lapolitiquemontaireenassurantunbonfonctionnement de sesmcanismes de transmission lintrieur de la sphre financire ainsiquentrecellecietlesecteurrel.
Encas
de
chocs,
tout
dpend
de
leur
nature.
Dans
certains
cas,
les
deux
objectifs
restent
complmentaires12;voiciquelquesexemples:unchocdedemandeayantdeseffetspositifssurlinflation,lecrdit,lesprixdesactifs; unchocngatifsurletauxdintrtrelquientranedeshausses de la demande, des prix des actifs, et du crdit; une pousse des prix des actifsquiprovoquehaussede lademandeetducrditpareffetderichesse,doncaussihaussedesprix;dans ces trois situations,unehaussedes taux contribue la fois la ralisationde la stabilitmontaireetcellede lastabilit financire.Mais, ilyadescaso lapoursuitede lastabilitmontaire et la recherche de la stabilit financire peuvent tre antagoniques. Il en est ainsichaquefoisque, lasuitedunchoc, lapremireexigerait lestatuquopour lestauxdintrtpas de risque inflationniste alors mme que la seconde ncessiterait leur relvement
emballementdu
crdit
accompagnant
une
envole
des
prix
des
actifs.
Le
risque
de
conflit
entre
stabilitmontaireetstabilitfinancireestnotammentlevencasdechocdoffre commeen2007/2008 avec une rvision la hausse des anticipations inflationnistes la suite delaugmentation des prix desmatires premires et des produits de base alorsmme que lesystmefinancierconnaissaitunecrisede liquidit,avecdestensionssur lemarchmontaire ouencasdemodificationsdescomportementsdesagentsconomiquescommedanslapriodequiaprcd lacriseo,aprsune longuepriodedestabilitdesprixetdetauxdintrtbas,des dsquilibres financiers se sont forms etdveloppsen raison dune sousestimation desrisquesetdunendettementexagrde lapartdesagentsconomiques13.Dansuntelcontexte,lutilisationdestauxdintrtnepermetpas,elleseule,datteindrelesdeuxobjectifs.Lerecours
11Papademos, 2009
12Artus, 201013
Papademos, 2009
7/25/2019 05._Partie1BORDES_chap4
9/13
75
la politique macroprudentielle correspond ce besoin davoir un outil supplmentaire.Larticulation entre les deux instruments doit alors tre envisage conformment auxrecommandationsduprincipedaffectationdesinstrumentsdeMundell.
4.2.3.Quellergledepolitiquemontaire?
Sagissantdelaconduitedelapolitiquedetauxdintrt,unepremirepossibilitconsistesentenir
au
respect
de
la
rgle
de
Taylor
qui
amontr
son
efficacit
dans
les
annes
1980
1990.
Dans
la situation actuelle o desmesures non conventionnelles restent en vigueur, cela pourrait setraduireparladoptiondesdeuxdispositionssuivantes:1.lannonceimmdiatedunepolitiquedetauxconforme la rgledeTayloraprs le retourunesituationnormale ;2.pour le faciliter,affichageetrespectdunergleclairedesortiedesmesuresnonconventionnellesactuellementenvigueur (diminution rgulirede la tailledubilande labanquecentrale,selondesmontantsprvisiblesfixsenfonctiondeltatdelareprise)14.LargledeTaylorsimpletantconstruitesurlhypothseimplicitequilnyapasdimperfectionsfinancires,ilparatlogiquedechercherlamliorer.Deuxpossibilitssontoffertespourlarendreplusperformanteparlapriseencomptedes conditions financires travers: 1. La croissance du crdit: linflation tant gnralement
basseau
cours
des
phases
de
boom
de
la
Bourse,
la
conduite
de
la
politique
de
taux
dintrt
avec
unergletroptroitementcentresurlahaussedesprixpeutdstabiliserlemarchdesactifset,audel, lensemblede lconomie.Accorderunrlespcifique lacroissanceducrdit(distinctde sapriseencomptepour laprvisionde linflation)permettraitde limiter lavariabilitde laproductionetcelledesprixdesactifs,toutencontribuantmieuxassurerlastabilitmontairelong terme15; 2. Les variations des spreads de taux: la version originale de la rgle de Taylorrevient supposer que le tauxdintrtdirecteur,mesur en termes rels,mesure le cotdufinancement pour lensemble de lconomie et/ou que sa relation avec ce dernier estparfaitementstable;danscesconditions, toutevariationdece tauxdirecteurestrpercute,lidentique, sur les conditions de financement; en ralit, ce nest bien entendu pas le cas en
raisonde
lexistence
de
primes
de
risque
variables.
Dans
le
cas
o,
toutes
choses
gales
par
ailleurs,ellesaugmententlasuitedunresserrementdesconditionsfinancires,pourquelecotducapitalreste inchang,unebaissedutauxdirecteurestncessaire.Plusgnralement, ildoitdonc tre ajust la hausse o la baisse selon que les primes de risque diminuent ouaugmentent16.
4.2.4.LapolitiquemontairepeutelletreparfoisdutypeLAW?
Daprs lenqute, beaucoup de banquiers centraux (50 %) et une majorit sensibleduniversitairespensentquelapolitiquemontaireestunoutilefficacepourcontrerlescyclesdu
crdit
:
14Taylor, 2010
15Christiano, Ilut, Motto et Rostagno, 201016
McCulley et Toloui, 2008 ; Curdia et Woodford, 2009
7/25/2019 05._Partie1BORDES_chap4
10/13
76
Extraitduquestionnaire:question4.4.3.
Lapolitiquemontairepeutellecontrerlescyclesducrdit?D'autresinstrumentssontilsplusefficaces?
Mais,laquestionlaBCdoitellechoisirleplusbastauxd'intrtcompatibleavecsonobjectifdestabilitdesprix?Ouchoisiruntauxpluslevencasdebulle?Ouchoisirunautreinstrument?,unemajoritsensibledebanquierscentraux(80%)etbeaucoupduniversitairesrpondentquelapremiresolutionestlameilleure:lapolitiquemontairenedevraitpastredutypeLAW.
Extraitduquestionnaire:question4.4.2.
LaBCdoitellechoisirleplusbastauxd'intrtcompatibleavecsonobjectifdestabilitdesprix?
Ouchoisiruntauxpluslevencasdebulle?Ouchoisirunautreinstrument?
Celapourrait
donner
limpression
que
la
crise
na
pas
fait
voluer
les
points
de
vue
sur
la
question.
Maiscenestpaslecas.CeluidelaBCEnestplusaujourdhuilemmequeceluiexprimen2005par JeanClaude Trichet (voir cidessus)17: Nous sommes arrivs la conclusion quunesurveillancetrstroitede lvolutiondesprixdesactifsestncessaireetnous lavonsincorpore
dansnotreanalyse(LucasPapademos)18;Lacrisesemblemontrerlancessitduneapprochesymtrique de la raction des banques centrales lenvolepuis leffondrement desprix des
actifs () Traditionnellement, laproposition enfaveur de ladoption du "LAW" se heurtait auscepticisme.Au vu des vnements rcents, cetteproposition doit tre rexamine en rendant
mieuxjustice sesavantages (JrgenStark)19;Lesbanquescentralesdevraientadopterune
17http://www.ecb.int/press/key/date/2005/html/sp050608.en.html
18http://www.ecb.int/press/key/date/2009/html/sp090514.en.html19
http://www.ecb.int/press/key/date/2010/html/sp101119.en.html
7/25/2019 05._Partie1BORDES_chap4
11/13
77
perspective de long terme afin deprendre en compte les consquences dfavorablespossibles
(dunecroissancefortedelamonnaieetducrdit,duneenvoledesprixdesactifsetdunechute
de laversionaurisquepour lastabilitdesprix(AxelWeber)20.Lvolutionde ladoctrinede laBCEsurcesujetapparat trsnettementdansunouvragequelleapublircemment21. IlyestcritqueplusieursmembresdesonDirectoireonteuparlepassunecertainesympathiepourleprincipeduLAW()Mmesilyaunaccordchez lesconomistespourdireque lapolitique
montairene
doit
pas
tre
la
premire
ligne
de
dfense
(contre
les
cycles
des
prix
dactifs),
cela
nattnueenrienlacuitdeceproblmepourlesautoritsmontaires.
Ce nouveau point de vue de la BCE sur le LAW est partag par un grand nombre dautresbanquiers centraux europens: Etant donn les cots possibles dun krach, il parat avisdutiliser lapolitiquemontairepouressayerdempcher lacrationdedsquilibres()Celane
veutpasdirequilfaudraitallerjusquciblerlesprixdesactifs()Maiscelajustifieaumoinsla
conduitedunepolitiquemontairecontrecourantaucoursdelaphaseascendanteduboomdu
crdit et desprix dactifs en vue de lattnuer et donc de limiter la chute quipourrait suivre(CharlesBean)22.IlnedoittoutefoispasyavoirdemalentendusurlasignificationduLAWtellequilestenvisag ici23.Ilnesagitpasdesefixerdesciblespour lacroissanceducrdit,voire
pourles
prix
dactifs,
et
de
complter,
dans
la
fonction
de
perte
de
la
banque
centrale,
les
carts
dinflationetdeproductionpardescartsdecrditet/oudescartsdeprixdactifs.Cesontsimplementdes indicateursquipeuventsavrerutilesenraisonde leurseffetsnondsirsducrditetdesprixdactifssurlinflationetsurlactivitconomique.
Unedistinctionentredeuxcatgoriesdebullessurlesprixdactifsdevraittretablie24:1.cellesfinancesparlecrditbancaire:ellescorrespondentdesexcsdelaspculationfavorissparuncomportement irresponsable des banques en matire de crdit (exemple: la dernire bulleimmobilire);2.lesautres,pourlesquelleslerleducrditestmineur,commecefutlecaspourlabulledesnouvellestechnologiesoudelanouvelleconomie.Sagissantdelasecondecatgorie,
labanque
centrale
nest
pas
mieux
place
que
les
autres
observateurs
pour
se
prononcer
sur
lexistenceounondunebulleetsondiagnosticpeuttreerron.Ellepeutcommettreaussibiendeserreursdepremireespce (type I) quandellerejette lhypothsedeprsencedunebullealorsquelleestvraiequedeserreursdesecondeespce(type II) quandellenerejettepascettehypothse alorsquelleest fausse. Enoutre, supposerquellediagnostique laprsencedune bulle de ce type, la banque centrale ne peut pas faire grand chose. Relever ses tauxdintrt?Lahaussedevraittresubstantielle.
Sagissantdesbullesfinancespar lecrdit, labanquecentraleestbeaucoupmieuxplace.Toutdabord, lexercicede ses responsabilitsenmatiredepolitiqueprudentielle lamettedansune positionprivilgiepour suivre les pratiquesdesbanques dans ladistributionde crditet
leursconsquences
sur
les
bilans.
Cela
devrait
lui
permettre
de
dceler
dventuels
excs.
Dans
cette ventualit, elle devrait sinterroger sur le niveau de ses taux directeursmme si, parailleurs, ilnyapasdedangerpour lactivitconomiqueetpour lastabilitdesprix lhorizonhabituellement retenu. Sils sont bas, il ne lui est pas possible den ignorer les consquencespossibles sur lindustrie financire, les innovations, les diffrents spreads, Lorigine delemballementducrditetdelenvoledesprixdactifspeuttrel25.Danslecascontraire,cestsansdoutelapolitiquemacroprudentiellequilrevientdagir.
20http://www.bis.org/review/r090602a.pdf21
BCE, 201022
http://www.bankofengland.co.uk/publications/speeches/2008/speech368.pdf23
Svensson, 201024 Blinder, 2008 ; Mishkin, 200825
BCE, 2007 ; Issing, 2008
7/25/2019 05._Partie1BORDES_chap4
12/13
78
4.2.5. Quelle articulation optimale entre politique montaire et politique macroprudentielle
aujourdhui?
Dans le cadre dune application du principe daffectation des instruments, quatre rgimes decentral banking sont envisageables aujourdhui : 1. le premier consiste se contenter delapplication de la rgle de Taylor dans la conduite de la politiquemontaire; 2. le deuximerevientaugmenterlargledeTaylorparlapriseencomptedesconditionsfinancires,cequi
quivautconduire
la
politique
de
taux
dintrt
en
fonction
des
carts
dinflation
et
de
production,mais aussi de lvolution du crdit (taux de croissanceou primes de risque); 3. letroisimecompltelepremierparunepolitiquemacroprudentielleavec,parexemple,ladoptiondunratiodecapitalcontracyclique;4.lequatrimefaitlammechoseavecledeuxime.
RgledeTaylorPolitiquemacroprudentielle(Ratiodecapitalcontracyclique) Simple Augmente
Non R1 R2
Oui R3 R4
Pourraitonsecontenterdunretour lapolitiquede tauxdintrtquiabienmarchaucoursdes annes 1980 et 1990? Cette solution, consistant suivre purement et simplement lesrecommandationsdelargledeTaylor,pourraittrelameilleuresilonestimequeleserreursdepolitiquemontairedudbutdesannes2000ont largementcontribuaudveloppementdesdsquilibresquiontprcdlacrise26.CetterglesimplesupposequelonestdansunmondelaModiglianiMilleroilnyapasdimperfectionsdanslasphrefinancire.lvidence,cenestpasralisteettenircomptedecettatdefaitdanslaconduitedelapolitiquedetauxapparatapriori souhaitable. Les travauxempiriquesnarriventpas une conclusion aussi tranche.Dunct, il ressortparexempleduneanalysehistorique,mene surune longuepriode (140 ans)pour14conomiesdveloppes,quunemeilleurepriseencompteducrditseraitsouhaitable:sa croissance y apparat comme lemeilleur indicateur avanc de linstabilit financire27.Dunautre
ct,
sur
la
priode
1986
2008,
dans
18
conomies
dveloppes,
les
carts
de
crdit
apparaissent bien corrls positivement avec les prix immobiliers mais pas avec les coursboursiers;enoutre,leurcorrlationaveclactivitconomiqueetlesprixrestetrsfaibleetilenest de mme pour les carts mesurs sur les prix dactifs; les indicateurs des dsquilibresfinanciersainsicalculsdontlutilisationestsouventrecommande28 neserviraientdoncpasgrandchosepourprvoirlvolutiondesconditionsconomiques29.
Desconclusionsplusnettessedgagentdestravauxportantsurlapolitiquemontaireoptimale.De ceux qui font abstraction de la politiquemacroprudentielle, il ressort gnralement que lapolitiquemontaire devrait accorder plus dattention aux spreads observs sur lemarch du
crdit
30
:
travers
leurs
effets
sur
le
cot
marginal
des
firmes
ainsi
que
sur
la
consommation,
ils
influencent la production et les prix.Une conclusion diffrente semble se dgager des autrestravaux : si, par exemple, les banques se voient imposer un ratio de capital contracyclique, ilvaudraitmieuxsentenirunepolitiquedetauxdintrtobissantauxprincipesde largledeTaylorsimple31.Larobustessedecettedernireconclusiondoit toutefoistreconfirmecar lestravaux portant sur la dtermination de la politique montaire optimale en prsence dunepolitiquemacroprudentiellesontencorepeunombreux.
26Taylor, 2007 et 200827Jorda, Schularick et Taylor, 201028
Borio et Lowe, 200229
Assenmacher-Wesche et Gerlach, 2010 ; Gerlach, 201030
Curdia et Woodford, 2010 ; The role of financial conditions for monetary policy, Annexe pp. 297-306 dans BCE,201031
Beau, Clerc et Mojon, 2011
7/25/2019 05._Partie1BORDES_chap4
13/13
79
Conclusion
Troisconclusionsprincipalessedgagentdecechapitre.1.Avant lacrise,unerponsengativetaitdonneparpresquetouslesbanquierscentrauxetparunegrandemajoritdconomistes chacune de trois questions suivantes: La prsence dune bulle peutelle tre dtecte?Lclatement dune bulle peutil avoir des consquences macroconomiques difficiles traiter?La politiquemontaire estelle un bon instrument pour faire clater une bulle? Lesrponsesnesontplus lesmmesaujourdhui.Parexemple,lidequunepolitiquemontairedutype LAW peut tre approprie en cas de dveloppement dune bulle alimente par uneexplosionducrditafaitsonchemin.2.Larticulationentrelapolitiquemontaireetlapolitiquemacroprudentielle conformmentauprincipedaffectationdes instrumentsdeMundelldevraitpermettre,sinondviter,dumoinsdelimiterdetelsexcs:laconduitedelapolitiquemontairedoittredirigeenprioritverslemaintiendelastabilitdesprixettreconduiteconformmentauxprincipesdunergledeTaylorsimple;lapolitiquemacroprudentielledoitassurerlastabilitfinancireetreposerprincipalement,elleaussi,sur lapplicationdunergle,comme limpositiondunratiodecapitalcontracyclique.