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PERSPECTIVE INFIRMIèRE JANVIER > FéVRIER 2012 24 SANTÉ PUBLIQUE « Le feu danse dans la cheminée ! Dehors, on tremble de froid. » Il n’y a pas que l’ambiance des chansons qui est réchauffée par les feux de foyer. Le chauffage au bois représente une source de chaleur primaire ou secondaire dans plus de trois millions de résidences au Canada. Ce mode de chauffage constitue toutefois l’une des princi- pales causes du smog hivernal, une source potentielle de problèmes pour la santé. LE SMOG HIVERNAL La fumée produite par les feux de foyer contient un mélange de particules et de substances chimiques dangereuses qui sont distillées dans le bois ou qui se forment durant la combustion. Particules fines (PM 2,5 ), oxydes d’azote (NO x ), monoxyde de carbone (CO), composés organiques volatils (COV), dioxines et furannes, hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sont quelques-uns des principaux polluants libérés par le chauffage au bois. Le smog hivernal est causé par l’augmentation de la fumée de bois dans l’air, combinée au climat froid et à la topographie locale. Plus le niveau de dispersion atmosphérique des particules générées par la combustion incomplète du bois est faible, plus le niveau de smog hivernal est élevé. La vitesse du vent et la hauteur du mélange polluant déterminent sa dispersion dans l’atmosphère. La tempé- rature de l’air joue à son tour sur la poursuite de l’élévation du mélange ou sur sa stagnation à faible altitude (voir diagramme). POLLUTION DE L’AIR En 2008, l’Association médicale canadienne (AMC) a pu- blié un rapport percutant sur les méfaits de la pollution sur la santé qui établit les conséquences sanitaires et économiques de la pollution de l’air, et les regroupe en cinq catégories : décès prématurés, admissions à l’hôpital, visites à l’urgence, maladies mineures et visites chez le médecin. Ces grandes catégories peuvent être sous-regroupées par maladie, groupe d’âge et emplacement géographique. Les dommages économiques correspondants ont aussi été évalués selon quatre catégories de coûts : perte de productivité, coûts en soins de santé, douleur et souf- france, et perte de vie. L’AMC a notamment estimé que le Québec et l’Ontario compteraient dans les années à venir la plus grande pro- PAR ANNE-MARIE LOWE, BIOL., M.SC. Les impacts du chauffage au bois sur la santé FAIS DU FEU DANS LA CHEMINÉE Plus le niveau de dispersion atmosphérique est faible, plus le niveau de smog hivernal est élevé. © Bambulla / Dreamstime.com

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  • PersPective infirmire janvier > fvrier 201224

    saNT PUBLiQUe

    Le feu danse dans la chemine ! Dehors, on tremble de froid. Il ny a pas que lambiance des chansons qui est rchauffe par les feux de foyer. Le chauffage au bois reprsente une source de chaleur primaire ou secondaire dans plus de trois millions de rsidences au Canada. Ce mode de chauffage constitue toutefois lune des princi-pales causes du smog hivernal, une source potentielle de problmes pour la sant.

    LE SMOG hIVERNALLa fume produite par les feux de foyer contient un mlange de particules et de substances chimiques dangereuses qui sont distilles dans le bois ou qui se forment durant la combustion. Particules fines (PM2,5), oxydes dazote (NOx), monoxyde de carbone (CO), composs organiques volatils (COV), dioxines et furannes, hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sont quelques-uns des principaux polluants librs par le chauffage au bois. Le smog hivernal est caus par laugmentation de la fume de bois dans lair, combine au climat froid et la topographie locale.

    Plus le niveau de dispersion atmosphrique des particules gnres par la combustion incomplte du bois est faible, plus le niveau de smog hivernal est lev. La vitesse du vent et la hauteur du mlange polluant dterminent sa dispersion dans latmosphre. La temp-rature de lair joue son tour sur la poursuite de llvation du mlange ou sur sa stagnation faible altitude (voir diagramme).

    POLLUTION DE LAIREn 2008, lAssociation mdicale canadienne (AMC) a pu-

    bli un rapport percutant sur les mfaits de la pollution sur la sant qui tablit les consquences sanitaires et

    conomiques de la pollution de lair, et les regroupe en cinq catgories : dcs prmaturs, admissions lhpital, visites lurgence, maladies mineures et visites chez le mdecin. Ces grandes catgories

    peuvent tre sous-regroupes par maladie, groupe dge et emplacement gographique.

    Les dommages conomiques correspondants ont aussi t valus selon quatre catgories de cots :

    perte de productivit, cots en soins de sant, douleur et souf-france, et perte de vie. LAMC a notamment estim que le Qubec et lOntario compteraient dans les annes venir la plus grande pro-

    Par anne-marie lowe, BioL., m.sC.

    Les impacts du chauffage au bois sur la santFais dU FeU daNs La CHemiNe

    Plus le niveau de dispersion atmosphrique est faible, plus le niveau

    de smog hivernal est lev.

    Bam

    bulla / dream

    stim

    e.com

  • PersPective infirmire janvier > fvrier 201225

    portion de dcs prmaturs causs par la pollution atmosphrique aigu (environ 70 %), bien que seulement 62 % des Canadiens habi-tent le centre du Canada. Parmi les contaminants dgags par le chauffage au bois, les PM2,5 sont ceux dont les consquences sur la sant sont les plus tu-dies. Certaines qui sont lies la pollution atmosphrique cause par le chauffage au bois sont bien connues, notamment des dcs prmaturs, des cas de bronchite infantile, une augmentation des jours de symptmes de lasthme et des problmes respiratoires et cardiaques. Les enfants seraient particulirement vulnrables aux effets de la pollution atmosphrique puisquune exposition chro-nique aux PM2,5 pourrait causer une diminution de la fonction pulmonaire aux premiers stades de dveloppement. Les gens gs seraient aussi plus vulnrables principalement en raison de la prsence de maladies sous-jacentes, par exemple un problme car-diaque. Lexposition chronique aux PM2,5 est aussi associe une augmentation du risque de mortalit due un cancer pulmonaire (Turner et al., 2011 ; Pope et al., 2002). En plus dmettre des contaminants dans lair extrieur, les appareils de combustion du bois peuvent modifier la qualit de lair dans les habitations lorsquune partie des gaz et des particules fines reviennent lintrieur. Une tude de la Direction de la sant pu blique de Montral dmontre que les concentrations de contami-nants dans lurine sont plus leves chez les personnes qui utilisent un pole bois que chez celles qui nen possdent pas.

    RGLEMENTATION DES POLES BOISLe ministre du Dveloppement durable et de lEnvironnement ainsi que les lus de diverses municipalits de la province ont mon-tr de quel bois ils se chauffaient au cours des dernires annes en

    adoptant des rglements destins encadrer linstallation et luti-lisation des foyers au bois. Et avec raison ! Selon Environnement Canada, un pole bois non certifi met en neuf heures autant de particules fines dans latmosphre quun pole certifi en soixante heures, ou encore quune automobile de type intermdiaire parcou-rant 18 000 km. Le 27 avril 2009, la Ville de Montral a adopt le rglement 09-012 relatif aux appareils combustibles solides afin de limiter limpact environnemental et sanitaire des poles bois. Ce rgle-ment interdit linstallation lintrieur dun btiment neuf ou rnov de tout appareil ou foyer permettant lutilisation dun combustible solide. Les poles granules ou gaz certifis par la

    des eXperts tUdient le phnomne montral.

    chaque hiver, montral est lobjet davertissements de smog en raison dune

    mauvaise qualit de lair due, entre autres, lmission de particules fines.

    Des chantillonnages raliss sur lle de montral la fin des annes 90 ont

    tabli que le chauffage au bois rsidentiel tait source de dtrioration de la

    qualit de lair ambiant en hiver. comparativement aux autres quartiers de

    lle, rivire-des-Prairies est celui qui abrite la plus importante concentration

    de poles bois. Grce la collaboration entre linstitut national de sant

    publique du Qubec (insPQ) et la Direction de la sant publique de lagence

    de la sant et des services sociaux de montral, il a t possible destimer

    les impacts sanitaires associs laugmentation du niveau de Pm2,5 en hiver

    dans ce quartier. les chercheurs audrey smargiassi, professeure adjointe de

    clinique au Dpartement de sant environnementale et de sant au travail de

    luniversit de montral, et stphane Buteau, agent de recherche la Direction

    de la sant environnementale et de la toxicologie de linsPQ, ont prsent

    leurs rsultats lors des 15e journes annuelles de sant publique en novembre

    dernier. Bien au fait de cette problmatique, m. Buteau affirme : le chauffage

    au bois affecte la qualit de lair extrieur ainsi que la qualit de lair intrieur.

    cette tude porte principalement sur lestimation des impacts sanitaires des

    particules mises dans lair extrieur par le chauffage au bois rsidentiel. la

    relation observe entre lexposition aux Pm2,5 et les effets sanitaires serait sans

    seuil dinnocuit, cest donc dire que toute rduction des concentrations de

    Pm2,5 serait bnfique pour la sant publique. les mesures de rglementation

    concernant les poles bois reprsentent donc un pas dans la bonne direction.

    contaminants effets

    monoxyde de carbone co maux de tte, nauses, tourdissements, aggravation de langine chez les personnes ayant des problmes cardiaques

    composs organiques volatils cov irritation et maux respiratoires ; certains cov sont cancrignes (ex. : benzne)

    acroline et formaldhyde irritation des yeux et des voies respiratoires

    Particules fines Pm2,5 irritation des voies pulmonaires ;

    aggravation des maladies cardiorespiratoires, mortalit plus htive

    oxydes dazote nox irritation du systme respiratoire,

    douleur linspiration, toux, dme pulmonaire

    Hydrocarbures aromatiques HaP certains HaP sont considrs comme polycycliques mutagnes ou cancrignes, ou souponns de ltre

    Dioxines et furannes cancrignes probables

    effets potentiels sUr la sant de certains contaminants issUs de la fUme de bois lorsQUe leUr

    concentration est trop leve dans lair

    source : Direction de la sant publique de montral

    isabelle Gaj

  • PersPective infirmire janvier > fvrier 201226

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    United States Environmental Protection Agency (EPA) ou par lAsso-ciation canadienne de normalisation (CSA) ne sont pas viss par ce rglement. Quant aux foyers ou poles dj installs, un article permet aux utilisateurs de brler du bois vierge seulement. Le 1er septembre 2009, le gouvernement qubcois a adopt son tour un rglement sur les appareils de chauffage au bois qui vise interdire la fabrica-tion, la vente et la distribution au Qubec dappareils non confor-mes aux normes de la CSA ou de lEPA.

    Lauteure est collaboratrice pigiste. Elle est conseillre scientifique en maladies infectieuses lUnit de surveillance, prvention et contrle des maladies infectieuses de lInstitut national de sant publique.

    Sources

    Associationmdicalecanadienne(AMC).LairquonrespireLecotnationaldesmaladiesattribuableslapollutionatmosphrique,AMC,aot2008.[Enligne:www.cma.ca/index.php/ci_id/86830/la_id/2.htm]

    EnvironnementCanada.Chauffageauboisrsidentiel,18janvier2011.[Enligne:www.ec.gc.ca/residentiel-residential/default.asp?lang=fr&n=E9FE1750-1]

    MinistreduDveloppementdurableetdelEnvironnement.Lechauffageaubois.[Enligne:www.mddep.gouv.qc.ca/air/chauf-bois/index.htm]

    MinistreduDveloppementdurableetdelEnvironnement.Rglementsurlesappareilsdechauffageaubois,Qubec,avril2011,L.R.Q.,c.Q-2,r.1.[Enligne:www.mddep.gouv.qc.ca/air/chauf-bois/reglement.htm]

    Pope,C.A.,R.T.Burnett,M.J.Thun,E.E.Calle,D.Krewski,K.Itoetal.Lungcancer,cardiopulmonarymortality,andlong-termexposuretofineparticulateairpollution,JournaloftheAmericanMedicalAssociation,vol.287,no9,6mars2002,p.1132-1141.

    Turner,M.C.,D.Krewski,C.A.Pope,Y.Chen,S.M.GapsturetM.J.Thun.Long-termambientfineparticulatematterairpollutionandlungcancerinalargecohortofneversmokers,AmericanJournalofRespiratoryandCriticalCareMedicine,6oct.2011.

    VilledeMontral.Chauffageaubois.[Enligne:http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=7237,74789570&_dad=portal&_schema=PORTAL]

    Dans le cas dune inversion de temprature, lair froid est retenu sous la couche dair chaud et les polluants restent prs du niveau du sol o ils causent le plus de dommages. cela se produit notamment avant le passage dun front chaud ou dans une vaste crte de surface.

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