Upload
lucien-renard
View
118
Download
5
Embed Size (px)
Citation preview
1
Intonations de question totale et zones phonologiques en Afrique
Annie Rialland
Laboratoire de Phonétique et Phonologie
(CNRS/Sorbonne-nouvelle), Paris
2
Synthèse des travaux suivants
Rialland Annie. 2007. Question prosody: an African perspective. In C. Gussenhoven & T. Riad (eds.), Tones and Tunes: Studies in Word and Sentence Prosody. Mouton de Gruyter, Berlin. pp. 35-62
Rialland Annie. 2009. The African « lax » question prosody: its realisations and geographical distribution Lingua 119.6. pp. 928-949
Clements George N. et Annie Rialland. 2008. Africa as a phonological area. In B. Heine & D. Nurse (eds.), A Linguistic Geography of Africa. Cambridge University Press, Cambridge. pp. 36-85
et d’autres plus ponctuels, mentionnés au fur et à mesure.
Une perspective universaliste très répandue
• selon laquelle il y aurait une association quasi universelle entre question et relèvement de hauteur (en quelque point de l’énoncé).
• « it is almost invariably the case that high or rising pitch signals the former [question] whereas low or falling pitch, the latter [statement] »
Ohala (1983) « Cross-linguistic Study of Pitch : an Ethological View » Phonetica 40
L’association entre hauteur plus élevée et intonation de question a été conçue comme une grammaticalisation d’une tendance naturelle (cf. « Frequency code »).
« […] the pattern is too widespread to be explained by borrowing, descent from a common linguistic source, or chance. It follows that there is something common to all human speakers, at all stages in history, which creates this phenomenon ».
Ohala (1984), « An ethological perspective of common cross-language utilisation of F0 of voice », Phonetica 41
Quelles étaient les bases de données sur les intonations de question?
• Hermann E. 1942. « Problem der Frage». Nachrichten von der Akademie der
Wissenschaften in Göttingen. Philologisch-Historische Klasse, Nr 3-4
175 langues « found without exception a tendency to higher pitch somewhere in the utterance »
Bolinger (1978)• Ultan R. 1969. « Some General Characteristics on Interrogative Systems »,
Working Papers in Language Universals 1.
53 langues « almost the same results [as Hermann] » , 71% intonation montante
(3 langues descendantes, dont 2 langues africaines Grebo et le Fanti)• Bolinger D. 1978 « Intonation across languages » in Universals of
Human languages , J. Greenberg (ed.)
+41 langues(all with h or rise, except Papago, Itonama, Quechua for which « no h or rise [has]
been reported » and Zuni which has no «pitch marking of question» )
6
Marqueurs prosodiques de la question oui/non en Afrique (à partir d’une base de données de
120 langues)
MARQUEURS avec UNE HAUTEUR ELEVEE
- suppression/réduction du «downdrift», expansion de registre
- relèvement des derniers tons H(s) (pas nécessairement en fin d’énoncé)
- suppression/réduction de l’abaissement final
- ton H final ou intonation montante (H% final)
- mélodie HB finale
MARQUEURS sans HAUTEUR ELEVEE
- ton B or intonation descendante (B% final)
- ton polaire ou ton moyen
- allongement (VV or V…)
- terminaison soufflée
- suppression de l’allongement pénultième
- voyelle [bas]
cf. « Question prosody: an African Perspective »In Tones and Tunes, Gussenhoven and Riad (eds.)A. Rialland (2007)
67 langues sur 120
7
Faisceau de marqueurs “bas” ou “relâchés”
• B ou B%• terminaison soufflée, relâchée • allongement VV, CC ou V…, C…• voyelle [bas]
Caractéristiques “basses” et “relâchées” peuvent être couplées:"Lax voice involves a lesser degree of tension in the entire vocal tract [as compared to the neutral setting] ... At the laryngeal level there is a reduced degree of adductive tension and medial compression. Phonation may therefore be similar to breathy voice, sounding softer and lower pitched than modal voice; " (Ní Chasaide and Gobl, 1997, Handbook of Phonetics, p 451)
8
Nous allons considérer la distribution de ces marqueurs et leurs réalisations dans des langues de familles diverses (avec des exemples sonores):
– Dans le phylum Niger-Congo• Familles voltaïque, kru, kwa, mande,
adamawa-ubangi, benue-congo– Dans le phylum nilo-saharien
• Familles soudaniques (centre et est)– Dans le phylum afro-asiatique
• Famille tchadique
Actuellement, notre base de données comporte 67 langues avec l’un ou l’autre de ces marqueurs ou une combinaison d’entre eux.
9
Faisceau de marqueurs « bas » ou « relâchés » de question dans les langues voltaïques
Pourquoi la famille voltaïque, d’abord?- Elle est mieux représentée dans notre base avec
de nombreuses données de première main.- Les langues voltaïques sont les plus «centrales »,
les plus typiques, au cœur de l’Afrique considérée comme aire linguistique (Heine and Lewey, 2008).
10
Heine and Lewey, 2008, « Is Africa a linguistic area? ».
In A linguistic geography of Africa, B. Heine & D. Nurse (eds).
Langues voltaïques
Nombre de traits africains typiques ou « africanismes »
11
In Moba (Togo), la prosodie de question impliqueun allongement et une terminaison soufflée:
Assertion
• Allongement• Prolongation de F0• Diminution de l’intensité
Question
‘ des pierres ’
‘ des pierres ? ’
12
Assertion
Question
Le débit d’air décroit.
Le débit d’air s’accroit.
La glotte s’ouvre.
Rialland A. , 1984, "Le fini/l'infini ou l'affirmation/l'interrogation en moba (langue voltaïque parlée au Nord-Togo)" , Studies in African Linguistics, supp. 9
13
Le contour mélodique résulte de l’étirement des réalisations tonales
En Moba, la prosodie de question est caractérisée :
•Une absence de ton ou de mélodie intonative
•Un allongement
•Une terminaison soufflée+ la forme de base des mots (sans troncation ou métathèse)
« des années »
« des années? »
14
« Tu as vu Kpo »
« As-tu vu Kpo? »
•Une absence de ton ou de mélodie intonative •Un allongement•Une terminaison soufflée
+ la forme de base tonale des mots (sans troncation et avec éventuellement ton polaire)
En Wule Dagara (Burkina), la prosodie de question oui/non implique:
15
Zoom sur la « terminaison soufflée »
Diminution progressive de l’intensité
Affaiblissement des F5, F4, F3
Dus à l’ouverture progressive de la glotte
16
« Tu as parlé à Kut »
« As-tu parlé à Kut? »
Allongement d’un r battu final
L’allongement porte sur le dernier segment qui peut être une sonante
17
Ouverture glottale en fin d’assertion comme de question
Annie Rialland, Achille-Penu Some, Coralie Vincent, 2008, Assertion and question prosodies in Wulé Dagara and other Gur languages: an acoustic and physiological investigation, Tone and Intonation 3, Lisbonne
Assertion Question
18
éɖi « et il lapa » éɖi B% « et il lapa ? »
Assertion Question
(loc. L)
• une intonation descendante
• une terminaison soufflée (avec ouverture progressive de la glotte)
• un allongement
En Kabiye, l’intonation de question implique :
Texte
19
é ɖ eɤ é ɖ eɤ B%
« et il devient bon» « et il devient bon? »
Assertion Question
L’intonation de la question tend à
descendre encore plus bas qu’un ton bas final.
(loc. L)
20
é ɖ eɤ é ɖ eɤ B %« et il devient bon» « et il devient bon? »
Minimum de débit d’air en fin de voyelle
Maximum de débit d’air en fin de voyelleAugmentation rapide en fin de voyelle
é ɖ eɤ é ɖ eɤ B%
Assertion Question
21
Fibroscopie : configuration glottale
Mouvements spécifiques des aryténoïdes:
- basculement des aryténoïdes dans les deux cas
- aboutissant à une fermeture aryépiglottale dans l’assertion
- laissant une ouverture dans la question
Assertion Loc. B. Question Loc. B.
A. Rialland, R. Ridouane, B. Kassan 2009, A Physiological investigation of voice quality in Kabiye assertions and yes/no questions, World Congress on African Languages, Köln
22
En Moore (Burkina Faso), la prosodie de question implique:
‘ le fantôme ’ ‘ le fantôme? ’
• une intonation descendante
• une terminaison soufflée (avec ouverture progressive de la glotte)
• un allongement
23
‘ l’enfant ’ ‘ l’enfant? ’
En Ncam (Togo), la question oui/non est indiquée par le faisceau de marqueurs suivant :
• une intonation descendante
• une terminaison soufflée (avec ouverture progressive de la glotte)
• un allongement
• la voyelle [a], sauf après un mot monosyllabique terminé par une voyelle
24
Combinaisons des marqueurs de question « bas »/« relâchés » dans les langues
voltaïques
• Seulement 1 des 17 langues gur dans notre base de données n’a pas cette forme de prosodie de question ( Farefare)
En bleu: les langues avec terminaison soufflée. Aucune donnée sur ce point dans les autres langues.
Texte
B%
TexteTexte
B%
Texte
Allongement
Texte
AllongementAllongement
25
Nous proposons une prosodie unique à l’origine de ces divers faisceaux de marqueurs,
caractérisée par : - un allongement
- une intonation descendante - une terminaison soufflée - une voyelle [bas]
Nous avons appelé cette forme de base: prosodie “relâchée”
Nous allons montrer maintenant qu’elle est un trait aréal de la ceinture soudanique.
26
Prosodie de question « relâchée » dans les langues kwa
27
Schèmes de variation de la prosodie « relâchée » de question dans les langues kwa
Ces marqueurs se rencontrent dans tous les groupes de la famille kwa et dans les plus grandes langues de la famille.
(pas d’exemples sonores, pas de données sur la terminaison soufflée)
28
Prosodie de question « relâchée » dans les langues kru
29
Schèmes de variation de la prosodie « relâchée » de question dans les langues kru
Pas d’exemple sonore, pas de données sur la terminaison soufflée
La prosodie « relâchée » se trouve dans tous les groupes de la famille Kru.
1 seule des 6 langues kru n’a pas une forme de cette prosodie (Klao au Liberia)
30
Prosodie de question « relâchée » dans les langues mandées
langues mandées Sud-Est
31
Prosodie de question « relâchée » dans les langues mandées Sud-Est
Les langues mandées sud-est parlées en Côte d’Ivoire partagent des traits areals avec les langues kwa et kru: une tendance à la monosyllabicité et un grand nombre de tons.
La prosodie de question « relâchée » est répandue parmi elles:
en Toura (allongement+ B% or -è)in Gouro (allongement + B%)in Wan (allongement avec B% dans quelques contextes)
32
Occurrences sporadiques de la prosodie « relâchée » de question dans les langues mandées ouest
Les langues mandées ouest ont généralement des marqueurs de question impliquant des hauteurs élevées (Soninké, Bambara, Mende)
L’intonation relâchée apparaît sporadiquement :En bambara où il y a un marqueur de question -wà,
à côté d’une intonation montante ( H%) et d’autres morphèmes segmentaux
Son extrait de: An Ka Bamanankan Kalan: Intermediate Bambara, C. Bird and M. Kante
33
Prosodie de question « relâchée » dans les langues Benue-Congo
(langues non bantoïdes)
34
Ikaan, parlé au Nigéria, Ondo state, village d’Ikakumo Benue-congo, Ukaan
35
36
Schèmes de variation de la prosodie « relâchée » dans les langues Benue-Congo (non bantouides)
La prosodie « relâchée » est présente dans un grand nombre de groupes de cette famille: Edoid, Cross-river, Plateau, Nupoid, Idomoid.
Les langues avec prosodie relâchée se trouvent mêlées avec des langues à marqueurs de question impliquant des relèvements de hauteur (Efik, Igbo, Yoruba).
ou ou
37
La prosodie de question « relâchée » dans la sous-famille bantoid de la famille benue-congo (à l’exclusion des langues
bantoues)
38
Schèmes de variation de la prosodie « relâchée » dans les langues de la sous-famille bantoïde (à l’exception des langues bantoues)
En Mambila, le contour final descendant diffère de la réalisation d’un ton bas final (Connell 2004).
Il y a une grande variété de marqueurs prosodiques de la question dans cette famille, certaines langues ayant des marqueurs « relâchés, d’autres des marqueurs avec hauteur élevée (Bafut).
39
La prosodie de question « relâchée » dans les langues adamawa-oubangi
40
Schèmes de variation de la prosodie « relâchée » dans les langues adamawa-oubangi
Les plus grandes langues de ces familles (Zande, Banda, Gbaya) ont une forme de prosodie « relâchée ».
2 des 7 langues adamawa-oubangi dans notre base de données n’ont pas cette forme de prosodie .
En Zande, le marqueur mélodique diffère d’un ton B lexical en ce qu’il n’est pas associé à une more (Boyd 1980).
41
Dans les langues bantoues (à la limite Nord)
Investigation en cours
Basaa (A 43), BOlang (Grassfields Bantu), B et terminaison
«relâchée»
41
42
La prosodie de question « relâchée » dans le phylum Niger-Congo
Nous l’avons trouvée dans toutes les familles niger-congo à l’exception des familles atlantique, bantoue (sauf frange Nord) et kordofanienne.
(Carte: web resources for African languages)
Aire de la prosodie « relâchée » Aires sans
prosodie « relâchée »
43
La prosodie « relâchée » dans le phylum Nilo-Saharien
(Map: web resources for African languages)
44
En Ngambay, la prosodie de question est soufflée. Nous pouvons entendre
un « h » à la fin de la question question.
« -wàh » est le marqueur de question
45
Enoncé assertif : ngokon Dè
46
Enoncé interrogatif : ngokon lè Dè wàh
h
47
Schèmes de variation de la prosodie « relâchée » dans les langues soudaniques centrales
-wà en Kabba, Ngambay-Mundu, Sara-Ngambay
(données sur la terminaison soufflée uniquement en Ngambay-Mundu)
-à ou -wà en Mbay-B% en Bagiro
48
Prosodie des questions en Songhay, dans les langues ouest et est soudaniques
Songhay : seulement des marqueurs avec hauteur élevée
Langues ouest-soudaniques: -wá (Kanuri), une « forme hybride »
Langues est-soudaniques-à dans quelques langues (Zaghawa, Turkana) sinon, les langues de cette famille ont des
marqueurs impliquant une hauteur élevée de la voix (Anywa, Arusa, Dholuo, Nandi)
49
La prosodie « relâchée » dans le phylum afro-asiatique
(Map: web resources for African languages)
50
La prosodie « relâchée » dans le phylum afro-asiatique
Nous l’avons seulement trouvée dans la famille tchadique, qui comporte quelques langues associant une forme de prosodie relâchée avec une réduction de downdrift :- àa (Angas, Sayanci)- à (Pero)
sinon, les langues tchadiques ont des marqueurs de question avec des hauteurs élevées (Hausa, Tera).
51
Distribution géographique de la prosodie « relâchée »
Aire soudanique
terminaison soufflée
52
- La prosodie de question «relâchée» est un trait de l’aire soudanique.
- On peut supposer qu’elle trouve son origine dans le phylum Niger-Congo et s’est ensuite diffusée dans les langues voisines (Tchadiques et Nilo-Sahariennes).
- Son extension rappelle celles d’autres traits du phylum Niger-Congo (les labio-vélaires, par exemple), comme nous allons le voir.
Conclusion
53
Les zones phonologiques ont été définies sur la base de propriétés phonologiques, communes dans ces zones mais rares ou du moins beaucoup moins fréquentes en dehors.
Zones phonologiques
Clements George N. et Annie Rialland. 2008. Africa as a phonological area. In B. Heine & D. Nurse (eds.), A Linguistic Geography of Africa. Cambridge University Press, Cambridge. pp. 36-85
54
Quelques traits caractéristiques de zones phonologiques africaines
• Occlusives labio-vélaires
• Battements labiaux
• Deux séries contrastives de voyelles hautes, /i u/ vs. //,
sans différence de longueur entre elles
(corrélées au trait ATR )
• Clicks
• Absence de consonnes nasales phonologiques
55
Zones phonologiques proposées
56
Les bases de données segmentales
- La base de données comporte 150 systèmes phonologiques, avec une surreprésentation des langues de la ceinture soudanique (N = 100) du fait de leur très grand nombre et de leur diversité génétique.
-A cette base, s’ajoute une base de 345 langues non africaines, extraite de la base de données UPSID-451, utilisée à titre de comparaison.
57
Les occlusives labio-vélaires : une caractéristique de la zone soudanique
Güldemann. T. 2008. The Macro-Sudanic belt: towards identifying a linguistic area in Northern Sub-saharan Africa. In B. Heine & D. Nurse (eds.), A Linguistic Geography of Africa. Cambridge University Press, Cambridge. pp. 151-185
58
Langues bantoues Nord avec consonnes labio-vélaires
Les codes des langues sont ceux de Guthrie, révisés par Maho (2005)
59
Les battements labials, une caractéristique d’une subpartie de la zone
soudanique
Güldemann T. 2008. The Macro-Sudanic belt: towards identifying a linguistic area in Northern Sub-saharan Africa. In B. Heine & D. Nurse (eds.), A Linguistic Geography of Africa. Cambridge University Press, Cambridge. pp. 151-185
60
• Les voyelles nasales sont particulièrement courantes dans les langues de la
partie occidentale de la ceinture soudanique de l'Afrique
• Dans un échantillon de 150 langues africaines et de 345 langues
non africaines, nous trouvons la distribution suivante :
Voyelles nasales et langues «sans consonnes nasales»
langues africaines avec des voyelles nasales : 26.7 %
ceinture soudanique : 34 %
ailleurs en afrique : 6 %
langues non-africaines avec voyelles nasales : 21.2%
source : Clements & Rialland 2008
61
Distribution géographique des voyelles nasales (cercles noirs) dans un échantillon de 150 langues africaines. Le pointillé entoure la région où se trouvent les langues « sans consonnes nasales »
62
Les langues « sans consonnes nasales »
A l 'intérieur de cette zone, se trouvent les langues dites « sans consonnes nasales », c'est-à-dire dans lesquelles les consonnes nasales n'ont pas de statut phonémique.
Libéria: kpelle (famille mandé); grebo, klao (famille kru)
Burkina Faso: bwamu (famille gur)
Côte d'Ivoire: dan, guro-yaoure, wan-mwan, gban/gagu, toura (famille mandé); senadi/senoufo (famille gur); nyabwa, wè (famille kru); ébrié, avikam, abouré (famille kwa)
Ghana: abron, akan, éwé (famille kwa)
Togo, Bénin: gen, fon (famille kwa)
Nigéria: igbo de mbaise, ikwéré (famille benue-congo)
Rép. Centrafricaine : yakoma (oubangi)
63
Une étude de cas: l'ikwéré (benue-congo Nigéria)
Les consonnes: réalisations phonétiques
devant V ou VN
devant V
devant VN
64
Implosives et autres consonnes nonobstruantes
Les occlusives nonobstruantes sont des sons produits sans qu’il y ait d’augmentation de pression d’air dans la cavité orale (Stevens 1983). Comme il n’y a pas d’augmentation de pression, il n’y a pas d’explosion au relâchement.
La classe des occlusives nonobstruantes comprend à la fois des occlusives implosives, produite avec une pression d’air négative derrière l’occlusion primaire, et des occlusives non explosives, impliquant une pression d’air ni positive ni négative et n’ayant pas de burst au moment du relâchement (comme en Ikwere: Clements & Osu 2002).
65
Les consonnes /ˆ/ et /'ˆ/ sont des non obstruantes
/aba/ (obstruante) /aˆa/ (non obstruante)
1. Comparaison de /b/ et /ˆ/ : absence d'augmentation de pression d'air dans cette dernière
signal audio
débit oral
pression orale
66
Les consonnes /ˆ/ et /'ˆ/ sont des non obstruantes
/apa/ (obstruante) /a'ˆa/ (non obstruante)
2. Comparaison de /p/ et /'ˆ/ : pression d'air négative dans cette dernière
signal audio
débit oral
pression orale
67
Comment la non-obstruance est-elle réalisée ? (2)
68
La non-obstruance se manifeste souvent par un voisement plus fort
/aba/ (obstruante) /aˆa/ (non obstruante)
69
Revenons à la nasalisation ...
Les paires de consonnes appariées sont en distribution complémentaire
et constituent de simples phonèmes (= segments sous-jacents).
70
Analyse des réalisations nasales en ikwéré
- les réalisations nasales sont crées par une règle de nasalisation qui
propage la nasalisation de la voyelle sur la consonne
[+nasal]
C V
- les obstruantes sont « protégées » par l'interdiction de la combinaison
de traits *[+nasal, +obstruant] et ne se nasalisent pas
71
Distribution des occlusives implosives
Texte
incluant sans doute des occlusives non obstruantes
72
Occlusives implosives: une zone de quasi-exclusion
73
Annie Rialland et George N. Clements, Sons africains, Faits de langue, 2011
Codage des langues :
Y = Yoruboid
E = Edoid
J = Ijoid
G = Igboid
C = Cross River
Le delta du Niger
Codage des couleurs :marron = lg sans implosivesbleu = lg avec implosivesblanc = manque d’information
Distribution des systèmes vocaliques avec 1 ou 2 séries de voyelles hautes
Systèmes vocaliques avec 2 séries de voyelles hautes = harmonie ATR
76
Distribution des langues avec 3, 4 et 5 tons contrastifs
Carte basée sur un échantillon de 76 langues
77
Côte d'Ivoire
3 familles
Kru
Kwa
Mande S. E.
78
Nigeria-Cameroun
2 Familles
Adamawa-Ubangi
Benue-Congo
79
Soudan
1 Famille
Omotique
80
Une des origines de tons additionnels dans un système: la chute de voyelle
Gulmancema Moba
a. ò kándì [kag ndì] ù kag nt 'il/elle a enjambé…'b. ò kándí [kándí] ù kánt 'il/elle enjambe…'
c. (ki) bígā bík` 'l’enfant'
d. (kú) fàagū fàòg` 'la feuille'
81
RESUME
La mélodie de question «relâchée» constitue un trait aréal de la zone soudanique.
Cette même zone soudanique est également caractérisée par:
- les battements labials (pour une sub-partie de la zone)
- les occlusives labio-vélaires
- les voyelles nasales et les langues «sans consonne nasale»
- les implosives
- le trait ATR (dans certaines sub-parties)
- des systèmes tonals avec trois tons ou plus