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1. Introduction et contexte général de l’étude 1.1. Présentation du Groupe ESA et de l’unité paysage L’ESA est l’une des 4 écoles d’ingénieurs en agriculture, agroalimentaire et environnement qui compose le groupe de la FESIA. Implanté depuis 1898 dans le Nord-Ouest de la France, à Angers, le groupe ESA est un institut privé de recherche et d’enseignement dans les secteurs agricole, alimentaire et environnemental. Le directeur général Hervé SALKIN dirige une équipe de 114 enseignants, dont 43 enseignants enseignants-chercheurs. Le groupe ESA est divisé en 9 départements : agronomie et écologie ; conduite de l’entreprise ; cultures, langues et communication ; économie et sciences sociales ; environnement, végétal et cadre de vie ; productions animales ; science et techniques des aliments et bio-ressources ; sciences fondamentales et méthodes et enfin viticulture et œnologie. Porté par une dimension internationale, il est le premier opérateur français pour les échanges européens et développe des partenariats avec 136 universités réparties dans 40 pays. Mon stage s’est déroulé au sein du département Agronomie et Ecologie, dans l’unité paysage, équipe de recherche « Paysage » inter-établissement Agro Campus Ouest/ESA. Celle-ci est composée de onze enseignants chercheurs, de trois doctorants et de quelques techniciens. Le programme de recherche est centré sur le Paysage défini comme un système dynamique répondant à différents usages (environnementaux, cadre de vie et de biodiversité). L’unit é paysage du Groupe ESA est composée de deux enseignants chercheurs, Joséphine PITHON et Guillaume PAIN. Elle bénéficie d’un soutien administratif de la part de Roseline VERDY et d’un soutien technique apporté par Vincent OURY. Son travail est centré sur la recherche relative aux espaces dits « interstitiels », c’est-à-dire non cultivés, et plus particulièrement sur leur contribution au maintien de la biodiversité dans les zones agricoles. Cette équipe tente de répondre aux questions posées par ses différents partenaires du monde agricole et rural, comme le Parc Naturel Régional (PNR) Loire-Anjou-Touraine, le Syndicat des Viticulteurs AOC Saumur-Champigny ou encore la Chambre départementale d’Agriculture. Elle travaille aussi en partenariat avec d’autres chercheurs sur divers projets. Ses différents travaux sont évalués par l’Agence d’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur. Financée en partie par le Groupe ESA, elle obtient aussi des financements pour les projets de recherches délivrés par exemple par le Ministère de l’Ecologie, le Ministère de l’Agriculture et par la région Pays de la Loire. 1.2. Contexte de l’étude sur les fossés et les canaux du Val d’Authion (PNR Loire-Anjou-Touraine, 2012) L’étude développée dans ce rapport s’inscrit dans le cadre d’un partenariat avec le s organismes suivants : le PNR Loire-Anjou-Touraine, le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux Authion (SAGE Authion), le Syndicat Mixte Loire-Authion (SMLA), la Chambre d’Agriculture Maine-et-Loire, le Schéma de Cohérence Territoriale du Pays de

1. Introduction et contexte général de l’étude · Mon stage s’est déroulé au sein du département Agronomie et Ecologie, dans l’unité ... L’unité paysage du Groupe

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1. Introduction et contexte général de l’étude

1.1. Présentation du Groupe ESA et de l’unité paysage

L’ESA est l’une des 4 écoles d’ingénieurs en agriculture, agroalimentaire et

environnement qui compose le groupe de la FESIA.

Implanté depuis 1898 dans le Nord-Ouest de la France, à Angers, le groupe ESA est

un institut privé de recherche et d’enseignement dans les secteurs agricole, alimentaire et

environnemental. Le directeur général Hervé SALKIN dirige une équipe de 114 enseignants,

dont 43 enseignants enseignants-chercheurs. Le groupe ESA est divisé en 9 départements :

agronomie et écologie ; conduite de l’entreprise ; cultures, langues et communication ;

économie et sciences sociales ; environnement, végétal et cadre de vie ; productions

animales ; science et techniques des aliments et bio-ressources ; sciences fondamentales et

méthodes et enfin viticulture et œnologie.

Porté par une dimension internationale, il est le premier opérateur français pour les échanges

européens et développe des partenariats avec 136 universités réparties dans 40 pays.

Mon stage s’est déroulé au sein du département Agronomie et Ecologie, dans l’unité

paysage, équipe de recherche « Paysage » inter-établissement Agro Campus Ouest/ESA.

Celle-ci est composée de onze enseignants chercheurs, de trois doctorants et de quelques

techniciens. Le programme de recherche est centré sur le Paysage défini comme un système

dynamique répondant à différents usages (environnementaux, cadre de vie et de biodiversité).

L’unité paysage du Groupe ESA est composée de deux enseignants chercheurs, Joséphine

PITHON et Guillaume PAIN. Elle bénéficie d’un soutien administratif de la part de Roseline

VERDY et d’un soutien technique apporté par Vincent OURY. Son travail est centré sur la

recherche relative aux espaces dits « interstitiels », c’est-à-dire non cultivés, et plus

particulièrement sur leur contribution au maintien de la biodiversité dans les zones agricoles.

Cette équipe tente de répondre aux questions posées par ses différents partenaires du monde

agricole et rural, comme le Parc Naturel Régional (PNR) Loire-Anjou-Touraine, le Syndicat

des Viticulteurs AOC Saumur-Champigny ou encore la Chambre départementale

d’Agriculture. Elle travaille aussi en partenariat avec d’autres chercheurs sur divers projets.

Ses différents travaux sont évalués par l’Agence d’Evaluation de la Recherche et de

l’Enseignement Supérieur. Financée en partie par le Groupe ESA, elle obtient aussi des

financements pour les projets de recherches délivrés par exemple par le Ministère de

l’Ecologie, le Ministère de l’Agriculture et par la région Pays de la Loire.

1.2. Contexte de l’étude sur les fossés et les canaux du Val d’Authion (PNR

Loire-Anjou-Touraine, 2012)

L’étude développée dans ce rapport s’inscrit dans le cadre d’un partenariat avec les

organismes suivants : le PNR Loire-Anjou-Touraine, le Schéma d’Aménagement et de

Gestion des Eaux Authion (SAGE Authion), le Syndicat Mixte Loire-Authion (SMLA), la

Chambre d’Agriculture Maine-et-Loire, le Schéma de Cohérence Territoriale du Pays de

Loire Angers et enfin de l’association Etude des Equilibres Naturels (EDEN).

Elle concerne la mise en place d’un plan concerté « trame verte et bleue », appelé aussi

« Contrat Nature », sur une partie de la Vallée Loire-Authion. Par une approche écologique et

paysagère, ce plan, vise à atteindre des objectifs stratégiques et opérationnels divers. Par

exemple, il est question d’engager des actions visant à renforcer les continuités écologiques

de territoire à long terme, d’affiner par thématique et par situation géographique le maillage

écologique du territoire (zones humides, haies, fossés, ..) ou encore d’identifier des secteurs

nécessitant des inventaires écologiques complémentaires. L’unité paysage du Groupe ESA

s’est proposée de contribuer à ce projet en :

- Synthétisant les données cartographiques et écologiques existantes

- Définissant des secteurs de terrain prioritaires

- Développant une méthodologie de cartographie SIG et une méthodologie de

caractérisation qualitative sur le terrain

- Hiérarchisant les éléments cartographiques selon leur potentiel de sauvegarde et leur

rôle pour le maillage écologique.

Dans cette optique, mes travaux durant ce stage d’une durée de 2 mois ont consistés tout

d’abord à inventorier la diversité des canaux et des fossés du Val d’Authion, puis à dégager

des caractéristiques permettant d’en réaliser une classification et d’apporter une vision

générale sur leur(s) potentiel(s) en tant qu’habitat pour la biodiversité.

1.3. Bases théoriques sur le Val d’Authion et les fossés

1.3.1. Vallée de l’Authion

La vallée de l’Authion, d’une superficie de 40 000ha (ZEIMERT J., DENIER-

PASQUIER F.), se situe à l’Est d’Angers, en rive droite de la Loire et est parcourue par une

rivière, l’Authion, ainsi que par ses affluents. Sujet à de nombreuses inondations, cet espace

était voué aux prairies et à l’élevage. A partir des années 1960 les hommes ont décidé

d’exploiter ce territoire différemment. Pour ce faire, de nombreux travaux de drainage ont été

entrepris et notamment la construction de la station d’exhaure des Ponts-de-Cé et de 3 stations

de captages des eaux de la Loire pour réalimenter l’Authion et ses fossés connexes. Les

travaux d’assainissement et d’irrigation ont transformé la vallée en un polder permettant

l’implantation d’un système d’agriculture diversifié (production de céréales, mais aussi de

semences, horticulture, maraîchage…), sur laquelle repose toute l’économie locale : 2 500

emplois, 140 millions d’euros (SAGE Authion, 2010). Cependant, la filière agricole reste

fragile et menacée par le développement urbain. En 2007 la charte foncière de l’Anjou a été

mise en place pour affecter les terres préférentiellement à l’agriculture (LOIRE ANGERS

METROPOLE, 2006). L’utilisation des ressources en eau n’est pas toujours contrôlée d’une

part par certains agriculteurs qui irriguent grâce à des forages individuels ne nécessitant pas

d’autorisations particulières, et d’autre part par ceux qui prélèvent dans les cours d’eau sans se

sentir concerné par la gestion de l’eau.

L’utilisation des ressources en eaux génère de nombreux conflits d’usages. En effet,

les acteurs valorisant le territoire ne partagent pas tous la même conception de la

« valorisation ». Certains pêcheurs préféreraient renaturaliser les cours d’eau, des écologues

souhaiteraient que l’eau soit transformée en eau potable, des riverains privilégient leur cadre

de vie et la dimension récréative de l’espace.

Au niveau de la biodiversité, certaines zones du Val d’Authion sont classées en zones

Natura 2000 et/ou en ZNIEFF où prospèrent une faune et une flore remarquables (forêts,

tritons, oiseaux,..).

Certaines espèces propres aux milieux aquatiques sont menacées, c’est le cas par exemple de

l’écrevisse à pattes blanches, et à contrario d’autres espèces prolifèrent dans les cours d’eau

comme les lentilles d’eau ou les ragondins (SAGE Authion, 2010). Cette évolution est le

signe d’un probable déséquilibre du milieu induit par les pratiques agricoles. En effet, selon le

bilan relatif à la qualité et aux caractéristiques hydrologiques des rivières du département du

Maine-et-Loire datant de 2005, les pesticides risqueraient de compromettre l’atteinte d’un bon

état écologique d’ici 2015 et le taux de nitrates amènerait à douter de l’atteinte d’un bon état

écologique d’ici 2015 (PREFECTURE ET CONSEIL GENERAL DE MAINE-ET-LOIRE,

2005). Les aménagements hydrauliques ont par ailleurs fortement altéré les continuités

écologiques du milieu en s’apparentant pour certains à de véritables barrières physiques

menaçant la faune piscicole. Ainsi, le chabot, le barbeau fluviatile, le spirlin, le hotu, le vairon

et la lamproie de Planer ont disparus des rivières du bassin versant du Val d’Authion

(ROUVEURE Y., 2007).

1.3.2. Définition et rôles des fossés

Un fossé est un cours d’eau artificiel, permanent ou temporaire, possédant des pentes

végétalisées ou nues et une marge de végétation allant de 20cm à 10m de large (HERZON I.,

HELENIUS J., 2008, ARNAUD I., 2009).

En plus de drainer les terrains humides et de réguler les eaux de pluies en facilitant leur

infiltration (ARNAUD I.and all, 2009), les fossés peuvent constituer un lieu d’habitat propice

au développement d’une faune et d’une flore communes au sein d’un paysage semi-naturel.

Par exemple, d’après une étude menée aux Pays-Bas, les fossés de drainage concentrent une

grande diversité d’espèces aquatiques (gastropodes, larves, branchiopodes,…) et terrestres

(insectes spécifiques au nectar des plantes des fossés, carabes, mulot, …) ainsi que des

espèces végétales émergentes et/ou immergentes (VERDONSHOT R., 2001). Les fossés

constitueraient une ressource alimentaire abondante, notamment par leur capacité à retenir les

éléments nutritifs, les matières actives dans le sol (MARGOUM C., 2004). Selon une étude

dirigée par l’université d’Helsinki en Finlande, les fossés ont une fonction de connecteur au

sein de vastes paysages. Les plantes qu’on y retrouve sont plutôt des mauvaises herbes qui

tolèrent un sol riche en nutriment et des herbicides communs. (HERZON I., HELENIUS J.,

2008).

Les fossés possèdent donc un haut potentiel en termes de biodiversité malgré l’activité

humaine souvent intensive sur les parcelles adjacentes (VERDONSHOT R., 2001).

Figure 1 : Canaux et fossés répertoriés par le SMLA (rouge : classe I, orange : classe II, jaune : classe III, bleu : classe IV, tirets rouges : sections relevées en

eau)

513

511

50

510

5001

5011

512

500

Authion

Les fossés quadrillant le Val d’Authion pourraient alors jouer un rôle important dans

le maintien de la biodiversité sur ce site. Peu connus sur ce territoire, il semble donc pertinent

de s’y intéresser en commençant par les répertorier pour ensuite les classer.

1.3.3. Classement du SMAL et problématique

Une classification des principaux canaux a déjà été établie avec le SMLA, en adoptant une

logique hydrique et suivant le modèle de Strahler (qualification des drains en fonction de leur

confluence). Les canaux et les fossés répertoriés sont tous gérés par cet organisme et sont

classé en 4 catégories (cf. Figure 1) :

- La classe I correspond à l’Authion

- La classe II correspond au canal 500

- La classe III correspond au canal 510

- La classe IV correspond aux canaux 511, 512 et 513

Le maillage plus fin du réseau hydraulique reste très mal connu. Les éléments, leur

diversité, leurs caractéristiques et leur(s) potentiel(s) pour accueillir de la biodiversité ne sont

pas définis. L’objectif de cette étude étant de classer les canaux et les fossés en différents

types, peut-on utiliser la logique hydrologique utilisée par la SMLA pour hiérarchiser les

canaux et fossés appartenant à un réseau au maillage plus fin et géré différemment?

2. Méthode

2.1. Zone géographique, fiche terrain et terrain

La zone d’étude a été définie avec les différents acteurs travaillant sur le projet, suite à une

visite de la partie aval du site. Délimitée par le canal 500 au nord, et par le canal 510 au sud,

elle englobait, a priori, la majorité des types de fossés et canaux que nous pouvons répertorier

dans la vallée de l’Authion. Elle comptait deux zones bocagères reliées par un parcellaire en

openfield. Cette zone d’étude était composée d’un maillage de fossés particulier :

- Des canaux classée par le SMLA, parallèles à l’Authion et orientés d’Est en Ouest

- Des fossés non répertoriés par le SMLA, aux orientations Est-Ouest ou Nord-Sud.

Une fiche terrain a été élaborée en prenant exemple sur BAUDRY J. et JOUIN A. (2003)

(cf. ANNEXE 1). Cette fiche a été modifiée au cours de l’étude afin de se rapprocher au

mieux des situations rencontrées sur le terrain.

Pour la construire, il a fallu prendre en compte le fait qu’un fossé comporte deux côtés,

appelés dans cette étude « séquence A » et « séquence B », qu’il est nécessaire de différencier,

étant souvent de natures différentes. Chaque séquence a été divisée en 3 parties (cf. Figure 2) :

Figure 2 : Schéma explicatif de la division en séquences et en parties d’une section de fossé.

Partie 3 : Culture

de blé

Partie 2 : Haie +

Bande enherbée

Partie 1 : Fossé

et berges

Séquence A Séquence B

Partie 2 : Rien

Partie 1 : Route

- La partie 1 correspond aux caractéristiques générales de la section du fossé étudié, et

de ses berges : morphologie (largueur, profondeur, forme) et composition (végétation,

présence d’eau, …)

- La partie 2 correspond à l’espace intermédiaire entre le bord direct de la section du

fossé et la structure adjacente. Cet espace peut être de différentes natures (bande

enherbée, haie, bande enherbée et haie) ou inexistant (rien).

- La partie 3 correspond à la structure adjacente à la partie 2. Nous pouvons trouver ici

des cultures (maïs, autre céréale, tournesol, autre culture, serres tunnels), des prairies

ou des voiries (route, chemin).

Par exemple, sur la Figure 2, la séquence B est une haie (partie 2) suivie d’une bande

enherbée (partie 3), le côté A n’en possède pas. La séquence 3 du côté A est une route, celle

du côté B un champ de blé.

Grace à cette organisation il a été possible de relever des informations morphologiques

élémentaires (largeur, profondeur,…), mais aussi des informations quant aux différents

éléments adjacents aux berges des fossés, ceci afin d’avoir une idée de la diversité des espaces

interstitiels associés aux fossés et canaux et d’étudier par la suite leur intérêt.

Des données comme la présence d’animaux, le nom des espèces dominantes, le type de haie

(arborescente, arbustive) vont pouvoir être indicatrice de la biodiversité qui pourrait s’y

développer.

La partie terrain s’est effectuée en 14 jours répartis entre le 24 juillet et le 29 août

2012.

Les fossés et les canaux ont été divisés en sections selon le type de pratiques agricoles

mises en place à leurs abords. Une fiche terrain a donc été réalisée à chaque changement de

cultures, et correspondait à une section de fossé.

Si lors d’un relevé pour une même section il a été observé un changement dans la structure

des séquences adjacentes au fossé, un autre relevé a été réalisé. Certaines sections de fossé

comportent 2 fiches terrain. .

Afin d’identifier les points de relevés lors du traitement des résultats, chaque fiche terrain a

été doté d’un numéro de relevé qui correspond au numéro de la section relevée.

Largeur et profondeur ont été mesurées à l’aide d’une perche graduée.

2.2. Méthode d’analyse des résultats

Pour avoir un rendu visuel et quantitatif du travail effectué, les limites de la zone

d’étude et les relevés ont été reportés sur une ortophotographie grâce au logiciel SIG ArcVieu.

Des tronçons, correspondant aux sections étudiées, ont été digitalisés. Il est ainsi possible de

connaitre le linéaire de fossé étudié. Un tableau Excel, créé préalablement et rassemblant les

données récoltées sur le terrain, a été joint à la table attributaire des tronçons. Chaque section

est donc identifiable sur la carte par un code couleur et est caractérisée par les différentes

informations relevées sur le terrain.

Figure 3 : Carte de la zone étudiée (en rouge), des points (en jaune) et des sections de fossés (en bleu) relevés et des sections de fossés non relevés mais

identifiable sur l’ortophotographie (en vert) :

Les zones non accessibles et dont la présence d’un fossé ou d’un canal est vérifiée sur

l’orthophotographie sont représentées sur la carte avec un code couleur différent. Au besoin,

leurs caractéristiques ont été extrapolées en fonction des sections effectivement relevées

auxquelles elles sont rattachées. Les zones inaccessibles de petites taille n’apparaissent pas

sur les différentes cartes et ne sont pas prisent en compte pour l’analyse des résultats.

Afin d’analyser les données morphologiques les sections de fossés ont été divisées en

4 catégories, en fonction de leur largeur et de leur profondeur. Il a ainsi été défini 4 calibres

de section :

- Calibre 1 : sections peu larges (entre 0 et 1.5m) et peu profondes (entre 0 et 1m)

- Calibre 2 : sections peu larges et profondes (entre 1m et 2m)

- Calibre 3 : sections larges (entre 1,5m et 3m) et peu profondes

- Calibre 4 : sections larges et profondes

3. Résultats

3.1. Résultats quantitatifs

La zone d’étude, visible dans la Figure 3, couvre environ 609ha de la Vallée de

l’Authion. 168 relevés ont été effectués correspondant à un linéaire de fossé de 29km (en bleu

sur la Figure 3).

Quelques zones difficiles d’accès, absence de voie de communication, végétation

infranchissable, n’ont pas pu faire l’objet d’un relevé.

Leur nombre s’élève à 56 et représente un linéaire de 8km (en vert sur la Figure 3). Parmi

elles, 49 appartiennent au réseau déjà classé par la SMLA et correspondent aux classes III et

IV. L’étude portant sur un réseau de fossés au maillage plus fin ne sera pas biaisée par ce

manque de données.

3.2. Fossés et structures adjacentes des sections relevées

3.2.1. Partie 1 : le fossé ou le canal

Au niveau morphologique, toutes les sections de fossés ont une forme en U. 115

sections sont orientées d’Est en Ouest et 53 Nord-Sud.

A cette période de l’année (été 2012), 46 sections sont en eau. Parmi elles, 41

appartiennent au réseau de la SMLA (cf. tirets rouges sur la Figure 1). Notons qu’aucune

section de la SMLA n’est asséchée à cette période de l’année.

Tableau 1 : Diversité des éléments observés dans les parties 2 et 3 de la séquence A

Partie 2 Partie 3 Bande enherbées Haie Bande enherbée + Haie Rien Total

Maïs 9 5 7 3 24

Autre céréale 11 9 10 6 36

Tournesol 0 0 0 0 0

Autre culture 2 2 1 3 8

Serre/Tunnel 0 0 0 0 0

Route 10 1 2 0 13

Prairie 1 37 1 3 42

Chemin 26 4 15 0 45

Total 59 58 36 15 168

Tableau 2 : Diversité des éléments observés dans les parties 2 et 3 de la séquence B

Partie 2 Partie 3 Bande enherbées Haie Bande enherbée + Haie Rien Total

Maïs 5 3 10 2 20

Autre céréale 6 13 7 6 32

Tournesol 0 0 0 1 1

Autre culture 1 4 9 1 15

Serre/Tunnel 0 0 0 0 0

Route 14 3 1 0 18

Prairie 3 18 6 2 29

Chemin 44 1 8 0 53

Total 73 42 41 12 168

Figure 4 : Schéma des différents éléments observés dans la partie 2 des séquences A et B

Partie 1 Partie 2

Rien Bande enherbée Haie Haie+bande enherbées

Partie 3

Partie 1

Partie 3

Partie 3 Partie 1

Partie 2

Partie 1

Partie 2

Partie 3

Les deux parties suivantes sont consacrées à l’étude être des résultats obtenus pour les

parties 2 et 3 entourant la partie 1 des sections relevées (cf. Tableaux 1 et 2). Le total des

éléments étudiés sera donc de 336 (168x2) et s’apparenteront aux demi-sections des

séquences A et B.

3.2.2. Partie 2 : l’espace interstitiel

D’une manière générale, les sections de la zone étudiée sont bordées d’une bande

enherbée ou d’une haie ou d’une configuration haie+bande enherbée (cf. Figure 4). Seulement

27 demi-sections ne possèdent aucun élément interstitiel et sont directement reliées à la partie

3.

132 demi-sections sont accolées à une bande enherbée simple, 100 par une haie, 77 par la

configuration haie+bande enherbée.

Les bandes enherbées sont pour la plupart bien entretenues et avaient été récemment fauchées.

Plusieurs types de haies ont été observés (cf. ANNEXE 2) :

- 89 sont uniquement arborescentes, composées de frêne têtards ou cépés.

- 26 sont uniquement composées d’arbustes, dont beaucoup d’aubépines.

- 62 sont mixtes, à dominante arborescente.

Les haies éparses, c’est-à-dire avec de nombreux espaces vides entre chaque arbre, bordent

plutôt les cours d’eau, tandis que les haies denses (arbres serrés) bordent plutôt les prairies et

les voiries.

3.2.3. Partie 3 : le type de culture ou voie de communication

Globalement l’occupation des sols adjacents aux demi-sections étudiées est très

diversifiée. Les cultures classées dans « autre céréale » sont souvent des cultures de blé. La

classe « autre culture » regroupe des parcelles de semences et de fleurs ou encore des

boisements. En revanche, dans la zone d’étude, une seule culture de tournesol a été observée

et aucune serre ni aucun tunnel n’ont été relevés.

Près de 39% des demi-sections sont bordées par des voiries (chemin et routes), 21%

par des prairies, 20% par des cultures de céréales autres que le maïs, 13% par des champs de

maïs et enfin 7% par d’autres cultures.

La diversité des cultures rencontrées reflète bien l’agriculture à haute valeur ajoutée

mise en place dans la vallée de l’Authion.

3.2.4. Parties 2 et 3

Les bandes enherbées de la partie 2 sont dans 94 cas suivies par une voirie en partie 3.

Les parties 2 constituées d’une haie simple sont jointes à des prairies pour 55 des demi-

sections étudiées. La succession haie+bande enherbée et route (ou chemin) se retrouve dans

26 cas. Enfin, 16 demi-sections ne possédant aucune partie 2 sont accolées à des cultures de

céréales ou autres.

Figure 5 : Calibre des fossés et des canaux relevés (jaune : calibre 1, vert : calibre 2, violet : calibre 3, bleu : calibre 4)

3.3. Classification des fossés et canaux appartenant au réseau fin, selon la

logique du SMLA

Les 5 sections en eau et n’appartenant pas à la classification de la SMLA, sont toutes

connectées à un canal répertorié par la SMLA (cf. tirets rouge Figure 1). Nous pouvons donc

les classer selon la logique hydrologique utilisée par la SMLA. Compte tenu de leur petite

longueur il serait incohérent de les inclure dans les classes déjà définie par la SMLA. Elles

feront donc l’objet d’une nouvelle classe : la classe V.

La classification des autres sections selon une logique hydrologique est difficile à

établir d’une part parce qu’elles ne sont pas en eau, et d’autre part parce qu’elles ne sont pas

forcément connectés les unes avec les autres. Une nouvelle hiérarchisation des sections, basée

sur la morphologie des sections étudiées, va être proposée et sera ensuite comparée à la

classification de la SMLA.

3.4. Classification des canaux selon leur calibre

La catégorisation des fossés en différents calibres présentés dans la Figure 5

comprend, 54 sections sont de calibre 1, 4 de calibre 2, 32 de calibre 3 et 78 de calibre 4. Elle

permet de regrouper des sections au linéaire conséquent, que nous appellerons des

« tronçons ».

3.4.1. Calibre 1

Les sections de calibre 1 (repérables en jaune sur la Figure 5) sont peu larges et peu

profondes. On en compte 54.

Concernant les parties 2 de chaque séquence, les éléments bande enherbée seule et

haie sont les plus observées. 38 sections sont bordées par au moins une haie.

Concernant les parties 3, 52 possèdent une voie de communication dans l’une de leur

séquence. Les 2 restantes sont appariées à une culture de céréale pour une de leur séquence et

d’une praire pour l’autre.

Les fossés de calibres 1 sont petits et appariés à des routes ou à des chemins. On

pourrait les qualifier de rigoles.

3.4.2. Calibres 2 et 3

Il a été choisi de regrouper les fossés et canaux de calibre 2 (en vert sur la figure 5)

avec ceux de calibre 3 (en violet sur la figure 5) du fait de leur très faible fréquence.

Ils se retrouvent plutôt aux extrémités de la zone d’étude.

Concernant la partie 2, 28 demi-sections disposent d’une bande enherbée, 27 d’une

haie simple et 17 d’une organisation « haie+bande enherbée ». Les haies sont plutôt

arbustives.

Figure 6 : Tronçons de calibre 4, en vert les tronçons orienté Nord-Sud, en bleu les tronçons orientés Est-Ouest et haies (en rouge)

Tronçon 1

Tronçon 2

Tronçon 3

Tronçon 4

Tronçon 5

Tronçon 6

Concernant la partie 3, nous trouvons tous les types de structures.

Les fossés de calibres 2 et 3 ne possèdent aucunes particularités qui leur sont propres.

Ils sont indifféremment bordés par les éléments que l’on retrouve dans les parties 2 et 3.

3.4.3. Calibre 4

Ces fossés et canaux sont repérables en bleu sur la Figure 5. Nous pouvons observer

deux grandes familles au sein de ce groupe.

Dans un premier temps et en faisant l’hypothèse que les canaux visibles sur

l’orthophotographie, mais non inventoriés sur le terrain sont de calibre 4, il se dégage

nettement 6 tronçons parallèles à l’Authion (orientation Est-Ouest). Les tronçons 1, 2, 3, 5 et

6, en eau, correspondent aux tronçons appartenant au réseau de la SMLA et sont rangés dans

les classes II, III et IV. A ceux-ci s’ajoute le tronçon 4. Ils sont représentés en bleu dans la

Figure 6.

Sur l’orthophotographie, les tronçons 1 et 3 dont les sections n’ont été, pour la plupart,

pas répertoriés lors des sorties terrain (tronçons 1 et 3) sont tous bordés par au moins une

haie, avec plus ou moins d’espace vide entre chaque arbre. Il est cependant impossible

d’identifier la nature des haies. Nous remarquons aussi que les tronçons 2, 4 et 6 sont tous

bordés par au moins une haie. En revanche le tronçon 5 ne possède pas de haies à ces abords.

L’analyse les séquences 3 des tronçons, met en évidence deux situations. Une route

(ou un chemin) borde les tronçons 1, 2, 4 et 6, tandis que les tronçons 3 et 5 jouxtent des

cultures de céréales.

Dans un deuxième temps, une deuxième famille de 15 tronçons plus courts et orientés

Nord-Sud apparait en vert sur la Figure 6. Elle est, d’une manière générale, perpendiculaire

aux tronçons évoqués ci-dessus

Tous sont bordés par au moins une haie en partie 2, excepté une section.

En partie 3, nous remarquons que les tronçons sont accolés à des prairies, à des

céréales ou encore a des routes (5 sont bordés par une route et 7 sont accolés à une route par

une de leur extrémité).

En résumé, tous les tronçons évoqués dans ce paragraphe sont de calibres 4, c’est-à-

dire profonds et larges. Les tronçons 1, 2, 4 et 6 sont orientés Est-Ouest, bordé par au moins

une haie et sont relié à une route ou à un chemin d’un de leur côté. Les tronçons 3 et 5, eux

aussi orienté d’Est en Ouest ne sont pas reliés à une voirie, mais le tronçon 3 possède une haie

sur au moins un de ces côtés. Les tronçons orientés Nord-Sud sont en grande majorité bordés

par au moins une haie.

Figure 7 : Photographies d’un fossé sec entretenu et d’un fossé sec envahi par les orties

Figure 8 : Photographie d’un fossé en eau propre et d’un fossé en eau envahi par les lentilles d’eau

Figure 9 : Photographie de chenilles et d’oiseaux

3.5. Résultats préliminaires sur la qualité écologique

3.5.1. Partie 1 : le fossé ou le canal et ses berges

Parmi les fossés secs observés, nous pouvons distinguer ceux qui sont entretenus et

disposent de berges recouvertes d’herbacées coupées, et ceux qui ne sont pas entretenus et

envahi par la végétation, en particuliers par des orties et des ronces (cf. Figure 7), parfois

même par des roseaux.

Parmi les fossés et canaux en eau, nous pouvons là aussi faire la distinction entre les

fossés/canaux propres et bien curés pour lesquels il n’y a aucun végétaux émergents ni

émergents. En revanche, certains fossés/canaux en eau sont envahis par des lentilles d’eau (cf.

Figure 8). Au niveau de la faune, de nombreux canards, des ragondins et des grenouilles ont

été aperçus. Les eaux étant troubles, des poissons et d’écrevisses n’ont pas pu être observés,

mais la présence de pêcheurs indique leur existence.

3.5.2. Partie 2 : la structure adjacente aux berges des fossés et des canaux

Les bandes enherbées sont principalement constituées de plantes herbacées (herbe) et

de mauvaises herbes : ortie, trèfle blanc, moutarde des champs, galinsoga cilié, cirse des

champs, renoncule rampante, chardon, berce commune,…

De nombreux insectes ont été observés dans les bandes enherbées : fourmis, abeilles, guêpes,

bourdons, carabes, araignées, chenilles (cf. Figure 9).

Les haies observées dans les sections en eau du Val d’Authion sont composées pour la

plupart de frênes émondés. Les sections bordées par une haie, mais sans eau, sont composées

de frênes têtards (cf. Figure 10). Les haies arbustives sont quant à elles composées de ronces,

d’aubépine et/ou de prunellier (cf. Figure 11). De nombreux oiseaux y nichent.

Sur les troncs d’arbres, des insectes comme la Rosalie des Alpes ont été observés.

3.5.3. Partie 3 : cultures ou voies de communications

Une grande partie de la flore constituant les parties 3 a été introduite par l’homme : maïs,

blé, semence, … De part les traitements auxquels sont soumis ces cultures, peu d’autres

végétaux s’y développent.

Pour ce qui est des prairies, la végétation est composée d’herbe, de pissenlits, et d’autres

plantes (trèfles, …). Pour les zones boisées, la végétation est tout autre puisqu’elle est

composée de hauts frênes.

La faune observée dans ces parties est diversifiée. Dans les prairies utilisées des troupeaux

de vaches cohabitent avec des oiseaux (cf. Figure 9). Dans les prairies inutilisées il n’est pas

rare de rencontrer des hérons. Il a aussi été observé des chevreuils, dans les prairies voisines

des espaces boisés.

Figure 10 : Photographie d’un frêne émondé et d’un frêne têtards

Figure 11 : Photographies d’un arbuste de type aubépine et d’un prunellier

4. Discussions

4.1. Superposition des deux classifications

Le classement du SMLA et celui mis en place lors du stage à partir des calibres des

fossés et canaux se recoupent. En effet, nous pouvons constater que les fossés du SMLA font

partie de la classe des calibres 4 : tronçons 1, 2, 3 et 6 de la Figure 6. Cependant, il a été

observé sur le terrain que ces tronçons sont plus larges et plus profonds que les autres

tronçons de calibres 4. Le fait qu’ils appartiennent à la même catégorie s’explique car lors de

l’élaboration de la fiche terrain, la largeur maximale de la catégorie 4 a été fixée à 3 m.

Il serait donc intéressant de scinder la classe des calibres 4 en 2 classes afin d’affiner

les résultats.

4.2. Usages des fossés et des canaux

Sur les 131 demi-sections qui possèdent une voie de communication en partie 3, 93%

possèdent une bande enherbée en partie 2. Nous avons donc souvent l’association fossé-bande

enherbée-route. Ceci est à mettre en relation avec le mode de gestion des voiries et leur rôle

d’évacuation des eaux et de pare-feu.

210 demi-sections de fossés comportent une bande enherbée dans leur partie 2. Le rôle

des bandes enherbées n’est pas négligeable, elles permettent de filtrer une partie de l’eau en

agissant comme une barrière comme la pollution. Cette configuration donc un rôle dans le

bon développement de la biodiversité.

87% des prairies sont bordées par au moins une haie suivie d’un fossé. Les prairies

présentent sur le site sont parfois occupées par le bétail. Les haies et fossés jouent donc le rôle

de clôture naturelle.

4.3. La biodiversité du site

Les frênes têtards font partie du patrimoine et de la culture angevine. Les creux formés

dans les troncs abritent de nombreuses espèces animales, rares et protégées : Pique-prune,

Rosalie des Alpes, Grand Capricorne.

La présence de corridors boisés est importante pour les oiseaux, comme le grand

rhinolophe qui chasse dans les bocages, prairies et zones humides et qui se perche dans les

arbres (HALLIGON F., 2007).

Le maintient de prairies est indispensable à la survie du Râle des Genet. Il peut ainsi

s’y reproduire et se nourrir d’insectes ou de larves présents dans le sol.

L’apparition d’espèces invasives comme les lentilles indique l’eutrophisation des eaux

et donc la dégradation chimique des milieux aquatiques. Les ragondins prolifèrent et

détériorent les berges des canaux/fossés et les nids d’oiseaux aquatiques, et surconsomment

certaines espèces végétales.