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Conférence Antananarivo le 4 décembre 2019 « Les espèces forestières et agroforestières introduites et natives pour répondre au défi socio-environnemental à Madagascar : même combat ? 1 Les agro-forêts à girofle de Madagascar : une construction récente, autour d’espèces végétales introduites Danthu P 1,2 , Penot E 1,3 , Carrière S 7 , Labeyrie V 1,4 ; Bouvet J-M 1,5 ; Razafimamonjison G 1,6 ; Fawbush F 1,6 ; Leong Pock Tsy J-M 1,8 1 DP Forêts et Biodiversité à Madagascar; Antananarivo, Madagascar 2 Cirad, UMR HORTSYS, Montpellier France 3 Cirad, UMR INNOVATION, Montpellier France 4 Cirad, UMR GREEN, Montpellier France 5 Cirad, UMR AGAP, Montpellier France 6 ESSA, Université d’Antananarivo, Antananarivo, Madagascar 7 IRD, UMR GRED, Montpellier, France 8 Fofifa-DRFGRN, Antananarivo, Madagascar Communication dans le cadre de la conférence organisée par le dispositif de Recherche et d’Enseignement en Partenariat dP Forêt et Biodiversité à Madagascar intitulée : « Les espèces forestières et agroforestières introduites et natives pour répondre au défi socio-environnemental à Madagascar : même combat ? - Antananarivo le 4 décembre 2019 1 - Madagascar, un melting pot de biodiversité A Madagascar, plus de 80 millions d’années d’isolement et d’insularité ont conduit au développement d’un patrimoine biologique original dont le niveau d’endémi cité est particulièrement élevé. Goodman et Benstead (2005) évaluent à 83% la proportion d’espèces végétales endémiques. Cette biodiversité unique, menacée par la déforestation (Vielledent et al. (2018) estiment que 44% des forêts naturelles ont été perdus entre 1953 et 2014) fait de l’ile un des principaux hotspot de la biodiversité dans le monde (Myers et al., 2000). Dans le même temps, la richesse agricole du pays repose essentiellement sur les cultures introduites par l’Homme, parfois dans un lointain passé (comme le riz, base de l’alimentation des malgaches) ou plus récemment (Decary, 1963 ; Kull et al., 2012). Les exportations agricoles du pays s’organisent autour d’un triptyque d’espèces (girofle, vanille, litchi) toutes introduites, toutes cultivées par de petits agriculteurs de la Côte est, dans des systèmes agroforestiers (SAF) plus ou moins complexes où elles accompagnent des cultures vivrières, elles aussi introduites (Gouzien et al., 2016). Aujourd’hui Madagascar produit et exporte environ 20 000 tonnes de clous et 2 000 tonnes d’essence de girofle, ce qui le place en seconde place sur le marché du girofle, après l’Indonésie (Danthu et al., 2014). Ce constat d’une cohabitation d’espèces natives et d’espèces introduites n’est pas récent. Perrier de la Bâthie (1931-1932) notait que « Comme tous les pays tropicaux dont la végétation primitive a été détruite plus ou moins radicalement par l’homme, Madagascar a été envahi, au fur et à mesure que régressait l’ancienne végétation par une foule de plantes étrangères à sa flore. De ces nouvelles venues, les unes util es à l’homme, ont été introduites par lui intentionnellement ; d’autres, commensales de l’espèce humaines ou des animaux domestiques, ou encore parasites des champs, l’on suivi comme elles le suivent partout . ». Cette arrivée de plantes étrangères et leur intégration dans les paysages malgaches commence à être bien documentée. Les études montrent que les agriculteurs gèrent leur territoire et l’adaptent aux contextes sociaux, économiques et environnementaux en créant des « melting pots » de biodiversité afin de diversifier et d’assurer la durabilité de leur moyen de subsistance et de leurs revenus, de limiter la déforestation, d’assurer la conservation de la biodiversité (Kull et al., 2012, 2013). Dans cette note, en faisant un focus sur les SAF à girofliers sur la Côte est, nous nous proposons de poser quelques jalons du passage rapide (un siècle ou deux) d’un écosystème naturel et peu anthropisé à un système cultivé fortement anthropisé où les plantes introduites par l’homme ont pris une place importante. Notre démarche est de proposer cette évolution de façon rétrospective, en remontant le temps. Elle s’appuie essentiellement sur les écrits des témoins de ces transformations que sont les géographes, les botanistes et les agronomes qui, à la fin du 19 ème siècle et au début du 20 ème siècle ont décrit ces écosystèmes et assisté à leur évolution. 2 - Les SAF à girofliers aujourd’hui : prédominance des espèces introduites

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Conférence Antananarivo le 4 décembre 2019 « Les espèces forestières et agroforestières introduites et natives pour répondre au défi socio-environnemental à

Madagascar : même combat ?

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Les agro-forêts à girofle de Madagascar : une construction récente, autour d’espèces végétales introduites

Danthu P 1,2

, Penot E 1,3

, Carrière S 7, Labeyrie V

1,4; Bouvet J-M

1,5; Razafimamonjison G

1,6;

Fawbush F 1,6

; Leong Pock Tsy J-M 1,8

1 DP Forêts et Biodiversité à Madagascar; Antananarivo, Madagascar

2 Cirad, UMR HORTSYS, Montpellier France

3 Cirad, UMR INNOVATION, Montpellier France

4 Cirad,

UMR GREEN, Montpellier France

5 Cirad, UMR AGAP, Montpellier France

6 ESSA, Université d’Antananarivo, Antananarivo, Madagascar

7 IRD, UMR GRED, Montpellier, France

8 Fofifa-DRFGRN, Antananarivo, Madagascar

Communication dans le cadre de la conférence organisée par le dispositif de Recherche et d’Enseignement en Partenariat dP Forêt et Biodiversité à Madagascar intitulée : « Les espèces forestières et agroforestières introduites et natives pour répondre au défi socio-environnemental à Madagascar : même combat ? - Antananarivo le 4 décembre 2019

1 - Madagascar, un melting pot de biodiversité A Madagascar, plus de 80 millions d’années d’isolement et d’insularité ont conduit au développement d’un patrimoine biologique original dont le niveau d’endémicité est particulièrement élevé. Goodman et Benstead (2005) évaluent à 83% la proportion d’espèces végétales endémiques. Cette biodiversité unique, menacée par la déforestation (Vielledent et al. (2018) estiment que 44% des forêts naturelles ont été perdus entre 1953 et 2014) fait de l’ile un des principaux hotspot de la biodiversité dans le monde (Myers et al., 2000). Dans le même temps, la richesse agricole du pays repose essentiellement sur les cultures introduites par l’Homme, parfois dans un lointain passé (comme le riz, base de l’alimentation des malgaches) ou plus récemment (Decary, 1963 ; Kull et al., 2012). Les exportations agricoles du pays s’organisent autour d’un triptyque d’espèces (girofle, vanille, litchi) toutes introduites, toutes cultivées par de petits agriculteurs de la Côte est, dans des systèmes agroforestiers (SAF) plus ou moins complexes où elles accompagnent des cultures vivrières, elles aussi introduites (Gouzien et al., 2016). Aujourd’hui Madagascar produit et exporte environ 20 000 tonnes de clous et 2 000 tonnes d’essence de girofle, ce qui le place en seconde place sur le marché du girofle, après l’Indonésie (Danthu et al., 2014). Ce constat d’une cohabitation d’espèces natives et d’espèces introduites n’est pas récent. Perrier de la Bâthie (1931-1932) notait que « Comme tous les pays tropicaux dont la végétation primitive a été détruite plus ou moins radicalement par l’homme, Madagascar a été envahi, au fur et à mesure que régressait l’ancienne végétation par une foule de plantes étrangères à sa flore. De ces nouvelles venues, les unes utiles à l’homme, ont été introduites par lui intentionnellement ; d’autres, commensales de l’espèce humaines ou des animaux domestiques, ou encore parasites des champs, l’on suivi comme elles le suivent partout. ». Cette arrivée de plantes étrangères et leur intégration dans les paysages malgaches commence à être bien documentée. Les études montrent que les agriculteurs gèrent leur territoire et l’adaptent aux contextes sociaux, économiques et environnementaux en créant des « melting pots » de biodiversité afin de diversifier et d’assurer la durabilité de leur moyen de subsistance et de leurs revenus, de limiter la déforestation, d’assurer la conservation de la biodiversité (Kull et al., 2012, 2013). Dans cette note, en faisant un focus sur les SAF à girofliers sur la Côte est, nous nous proposons de poser quelques jalons du passage rapide (un siècle ou deux) d’un écosystème naturel et peu anthropisé à un système cultivé fortement anthropisé où les plantes introduites par l’homme ont pris une place importante. Notre démarche est de proposer cette évolution de façon rétrospective, en remontant le temps. Elle s’appuie essentiellement sur les écrits des témoins de ces transformations que sont les géographes, les botanistes et les agronomes qui, à la fin du 19

ème siècle et au début du 20

ème siècle ont décrit ces écosystèmes et assisté à leur évolution.

2 - Les SAF à girofliers aujourd’hui : prédominance des espèces introduites

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La typologie des SAF à girofliers qui, aujourd’hui, assurent l’essentiel de la production des clous et de l’essence de girofle, est bien établi. Les travaux d’Arimalala et al. (2019) montrent qu’il existe un gradient de complexité de la composition du cortège des plantes associées au giroflier. Trois systèmes types ont été caractérisés et les transitions entre l’un et l’autre ont été mis en évidence. Le système le plus simple est une monoculture de girofliers, où l’agriculteur ne pratique aucune culture accompagnatrice ni aucun désherbage (Photos 1 et 2). La fonction principale de ce système est productive : production de clous et/ou d’essence de girofle par distillation des feuilles et des rameaux collectés par émondage. Ces parcelles sont parfois utilisées comme pâturage pour les zébus (soit en divagation, soit au piquet) ce qui en fait un « pâturage sous arbres » d’après la définition de Torquebiau et al. (2002), mais plus généralement, ce système est à rapprocher des « systèmes agrosylvopastoraux ayant une fonction de production commerciale » décrits par Nair (1985). La végétation qui accompagne les girofliers est composée d’herbacées, essentiellement des graminées et des Asteraceae dont certaines endémiques et d’autres introduites et naturalisées comme Stenotaphrum dimidiatum ou Ageratum conyzoïdes. Quelques arbres fruitiers ou arbustes d’espèces invasives, spontanées, souvent à très forte capacité de dispersion comme le goyavier, Psidium guajava ou Lantana camara (Bingelli 2003) sont aussi présents, accompagnés, parfois de quelques ravenalas (Tableaux 1 et 2 pages 10 et 11).

Photo 1 : SAF à girofliers à Ambatoharanana Photo 2 : Monoculture à girofliers ( région de Mahanoro) Le second agrosystème correspond à un parc arboré selon la terminologie de Michon et al. (1995), Torquebiau (2000) et Torquebiau et al. (2002). Il est constitué de girofliers dispersés dans des champs cultivés, dont la densité est plus ou moins forte mais significativement inférieure à celle mesurée dans les parcelles de monoculture (Photo 3). Les cultures associées varient selon les rotations : riz pluvial, maïs, manioc, arachide, patate douce, canne à sucre… toutes sans exception ayant été introduites à Madagascar. On note aussi la présence de quelques arbres fruitiers, en densité plus importante que dans les parcelles de monoculture. Pour Nair (1985), ce système est une agri-sylviculture dont les fonctions sont d’assurer une production commerciale associée à une production de subsistance (Tableaux 1 et 2 pages 10 et 11).

Photo 3 : Parc à girofliers avec une culture de riz (Ambatoharanana) Le troisième système de culture est plus complexe. Les girofliers sont associés à des essences herbacées et ligneuses, souvent cultivées, plus rarement forestières maintenues par les propriétaires, dans des ensembles plus ou moins denses et multi-étagés (Photo 4). Il correspond à la définition des jardins-forêts de Michon et al. (1995) ou de Torquebiau (2000). Pour Nair (1985) c’est un « système agri-sylvicultural producteur dont la fonction est d‘assurer une production commerciale et une production de subsistance ». On le trouve plutôt en proximité des villages. On y rencontre très majoritairement des espèces fruitières : caféiers, jacquiers, arbres à pains,

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agrumes, litchis, ramboutans, corossoliers. On y observe aussi des poivriers et des vanilliers ou des bananiers, espèces d’introduction plus ou moins ancienne. Les espèces forestières, représentées par des individus souvent de petite taille, juvéniles, sont généralement caractéristiques des formations secondaires récentes ou des habitats perturbés (Kiener, 1963 ; Styger et al., 2007), comme Harungana madagascariensis, Intsia bijuga, Trema ocidentalis, Grevillea banksii, ou Ravenala madagascariensis, on y trouve aussi quelques bambous natifs (Decary, 1962) (Tableaux 1 et 2 en pages 10 et 11).

Photo 4 : SAF complexe (girofliers, litchi, arbres à pain, Citrus sp.) (région de Fénérive-Est) Le tableau 3 met en évidence que toutes, sans exception, les espèces cultivées de façon significative dans les SAF à giroflier de la région Analanjorofo sont des espèces introduites à Madagascar. Pour les espèces spontanées et conservées dans les SAF, la proportion entre plantes introduites et plantes natives est plus équilibrée. Il est cependant probable que nos inventaires sous-estiment de façon importante la place des espèces natives dans ces SAF, en particulier dans le compartiment des plantes herbacées ou arbustives, la majorité des essences ligneuses natives ayant, elles, quasiment disparu des SAF (restent quelques Harungana madagascariensis, Trema occidentalis ou Intsia bijuga).

3 - L’introduction des espèces exotiques dans les systèmes de cultures de la Côte est Madagascar a connu depuis sa colonisation par les humains (relativement récente, deux ou trois millénaires tout au plus), une accélération des introductions des espèces végétales comme le schématise la Figure 1. L’origine des espèces anciennement introduites est africaine (comme la banane), asiatique pour le riz (dont l’introduction est datée du 15ème siècle (Straka, 1996)), le cocotier, le curcuma, le jaquier, le taro ou l’arbre à pain (Perrier de la Bâthie, 1931/1932 ; Beaujard, 2011 ; Kull et al., 2012). Elles sont généralement arrivées avec les vagues de migration humaines.

Figure 1 : Dynamique d’introduction des espèces végétales à Madagascar : courbe cumulative du nombre d’espèces fruitières introduites (d’après Kull et al, 2012) D’autres sont d’introductions plus récentes car, dès le début de la colonisation européenne (l’île de Sainte-Marie a été occupée par les Français dès 1750 et est devenue colonie française vers 1820, et Madagascar en 1896), les botanistes firent de Madagascar un immense jardin d’essai. Parmi ces pionniers, celui qui semble avoir laissé le plus de traces est André Michaux qui installa une pépinière à Tamatave en 1802 (où il mourut d’une mauvaise fièvre quelques mois plus tard) qui fut le point introduction de nombreux fruitiers comme l’arbre à pain, le litchi, l’avocatier, le bibassier ou le manguier (François 1927 ; Perrier de la Bâthie, 1931/1932 ; Maistre 1964). Et les premiers plants de giroflier, de cotonnier, de canne à sucre le

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furent à Sainte-Marie dans les années 1820 (Decary, 1937) puis sur la Grande Ile (Danthu et al., 2014 ; Cocoual et Danthu, 2018), à la même époque que le cannelier, le camphrier, le carambolier ou le goyavier (Ledreux, 1932). Sainte-Marie est le berceau de ces cultures nouvelles : en 1824, on y comptait déjà plus de 90 000 caféiers, 30 000 giroflier et l’île escomptait produire 600 tonnes de sucre de canne en 1829 (Decary, 1937). L’essor des essais d’introduction et de vulgarisation agricole d’espèces nouvelles prit une autre dimension à partir de 1896, début de la colonisation française, répondant à la préoccupation de Galliéni (le premier gouverneur de Madagascar entre 1896 et 1905) de bien réussir le développement agricole de l’île. Il souhaitait améliorer les cultures déjà présentes et en apporter de nouvelles, au service de la population mais aussi avec l’ambition d’alimenter les filières d’exportation et d’enrichir ainsi la métropole. Cette période est marquée par la création du Service de l’Agriculture en 1896, du jardin d’essais de Nanisana (Antananarivo) en 1897 et de celui d’Ivoloina (Tamatave) l’année suivante (Prudhomme, 1902). Deux démarches ont alors été lancées. La première a été de tenter de valoriser les productions locales en dressant l’inventaire des productions d’origine végétale et animale que Madagascar était susceptible d’offrir à l’activité des agriculteurs qu’ils soient colons nouvellement arrivés ou malgaches établis depuis longtemps (Galliéni, cité par Prudhomme, 1908). Les premiers produits exportés de Madagascar étaient alors issus de ressources locales, essentiellement issues de cueillettes dans les milieux naturels : entre 1896 et 1905, les principaux sont l’or, le caoutchouc naturel, la viande de bœuf et les peaux, le raphia, la cire, le bois, les légumes secs … et loin derrière arrivent les premières cultures introduites : la vanille et le girofle (Galliéni, 1908 ; Danthu et al., 2016). Les botanistes ont alors été chargés d’explorer les ressources végétales locales et leurs potentialités de cultures. Ainsi Perrier de la Bâthie (1924) publia une liste d’espèces à fruits comestibles ou utiles possiblement domesticables car disait-il « Parmi la multitude des plantes qui couvrent la Grande île, un assez grand nombre produisent, des fruits qui sont consommés ou utilisés par l'Homme. La plupart de ces espèces montrent des variations étendues quant à la forme, la grosseur, la saveur on les autres propriétés de ces fruits. Sélectionner ces fruits, les améliorer, plier les plantes qui les produisent à la culture et en répandre l'espèce semblerait donc une œuvre utile entre toutes, susceptible de produire des résultats intéressant non seulement Madagascar, mais l'ensemble de toutes les régions tropicales ». On retrouve dans cette liste Flacourtia ramontchi, Rubus rosaefolius ou bien encore Tristemma verusanum dont la présence dans les SAF à girofle est signalée. Mais aucune suite ne semble avoir

été donnée et cette piste fut abandonnée. De même, quelques essais timides furent entrepris pour domestiquer les espèces à caoutchouc qui représentaient, avant la Première Guerre Mondiale, la première richesse végétale de Madagascar… rapidement balayés par le développement de l’hévéaculture en Asie (Danthu et al., 2016). La seconde démarche a consisté à introduire et tester des cultures nouvelles. Cela a concerné particulièrement la province de Fénérive qui apparait comme vierge de toute culture introduite en 1898 : « Ce sont des terrains fertiles, si l’on en juge par la vigueur et la belle venue des plantations […] qui entourent les villages ; mais aucune expérience n’a encore été tentée pour ce qui est des cultures tropicales : café, cacao, vanille, girofle, etc. » (JODM, 6 octobre 1898, d’après Cocoual et Danthu, 2018). Très rapidement, la culture du girofle qui était confinée sur Sainte-Marie se développa sur la Grande Ile sur l’impulsion du pouvoir et des grandes entreprises coloniales qui investirent de manière croissante dans ces denrées coloniales. Ainsi, la Compagnie Marseillaise obtient, en 1899, une concession de 100 hectares à Fénérive en vue de cultiver le café, le girofle ou la vanille. Entre 1900 et 1903, ce sont successivement les territoires de Mananara, Tamatave, Andovoranto puis Mahanoro qui accueillent la culture du giroflier (Cocoual et Danthu, 2018). Mais très rapidement, ces cultures ont été adoptées par les petits agriculteurs non pas sous l’effet de la contrainte, mais par l’attrait des hauts revenus attendus, face aux très faibles rendements des cultures sur tavy (Rabearimanana, 1988). Dès 1899, à Sainte-Marie, il est signalé que 63 agriculteurs locaux « s’adonnent à l’agriculture coloniale sur une superficie de 781 hectares dont principalement du girofle auxquels ils convient d’ajouter les domaines européens dont 7 concessions de plus de 100 hectares et 8 concessions de moins de 100 hectares » (Cocoual et Danthu, 2018). Ce mouvement s’amplifia sur la Grande Ile et Madagascar devint rapidement l’un des principaux pays exportateurs de girofle et d’essence de girofle (Danthu et al., 2014).

4 - Mais quid de l’écosystème avant les SAF ? La pratique du tavy (culture sur défriche brûlis) a été la première forme d’agriculture pratiquée par les premiers agriculteurs. C’est cette situation que décrivirent les botanistes du début du 19ème siècle. Perrier de la Bâthie (1921) en donne cette description peu conforme avec la réalité de la pénibilité du tavy, mais qui montre une exploitation extensive des espaces : « Il abat la forêt, écorce les gros arbres qu’il ne peut abattre, laisse sécher le tout, puis y met le feu […]. Sur les cendres, à la première pluie, à l’aide d’un long bâton pour tout outil, il sème par poquets assez espacés, des graines diverses, mais surtout du riz, du maïs et des haricots. Après 4 à 5 mois [..] il recherche une nouvelle partie vierge de la forêt et recommence un nouveau tavy pour l‘année suivante. Jamais deux cultures consécutives ne sont faites sur le même emplacement ». Cette pratique a progressivement éliminé la forêt naturelle laissant place à « un chaos de petites collines arrondies, ordinairement couvertes de savoka et de prairies, parfois munies encore, vers leur sommet, de quelques vagues restes de forêt, ou plus rarement boisées encore totalement » ainsi que le décrit Perrier de la Bâthie en 1922/1923. L’abandon d’une agriculture liée à la pratique du tavy se fait progressivement avec l’introduction et l’appropriation des cultures de rentes par les petits agriculteurs. Rabearimanna (1988) estime que cette pratique est devenue rare sur la Côte est à partit des années 1940. Dandoy (1973) signale que les Betsimisaraka ont pour habitude de créer autour de leurs habitations un véritable « verger de case » constitué d'arbres fruitiers divers, de caféiers et

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de girofliers. Il rapporte, en outre que les girofliers étaient souvent plantés de façon dispersée dans les savoka (jachères ou recrus se développant après un tavy) où ils sont l’objet d’un entretien minimal (un nettoyage annuel autour du pied), voire d’un certain délaissement, car ils sont plutôt considérés comme des produits de cueillette. Tourneur (1947) note que les paysans malgaches installaient des cultures vivrières dans les interlignes pour assurer leur sécurité alimentaire car la production de riz des bas-fonds n’était généralement pas suffisante. Ainsi d’un mode d’exploitation de l’environnement associant cueillette dans les espaces naturels, pratique du tavy pour une production de subsistance et de la riziculture de bas-fond, les agriculteurs ont progressivement changé leur pratique en découvrant les espèces introduites et cultivées par les colons et en les adoptant dans une démarche volontaire. Abandon du tavy, introduction des cultures de rentes en association avec des cultures vivrières dans les savoka qui évoluent progressivement en SAF complexes, dans lesquels la proportion d’espèces locales régresse. Cette démarche délibérée des agriculteurs a rencontré l’assentiment du pouvoir colonial qui a tenté d’encadrer la pratique en proposant par exemple des densités de plantations optimales qui ne furent jamais respectées par les agriculteurs qui ont développé leur propre stratégie (Ledreux 1928, 1932 ; Arimalala et al., 2018). Notons que cette pratique du tavy a considérablement fait reculer la forêt : Zimmermann (1899) estime que « La distance de la forêt à la côte ainsi que sa largeur sont très variables Au NE. et au SE., aux abords du cap Masoala et dans la région de Fort-Dauphin elle affleure la mer ; à Manara, au S. de la baie Antongil […] à 40 km. de la côte ; en face de Tamatave elle en est éloignée de 70 à 75 km. Les brèches plus ou moins profondes opérées par les défrichements systématiques des Betsimisaraka expliquent ces différences ».

5 - La forêt naturelle d’avant la colonisation agricole En 1899, le géographe Zimmermann propose une description de l’écosystème naturel de la Côte est en ces termes : « Le caractère de la végétation, dans son ensemble, est luxuriant, comme il est naturel dans une région où il pleut toute l'année. Les sables qui bordent la mer sont couverts sur tout le littoral de forêts de Filaos (Casuarina equisetifolia), arbres qui offrent une certaine ressemblance avec nos résineux d'Europe. Autour des lagunes et marais qu'entretiennent les fleuves côtiers, prospèrent des bouquets de bois où figurent le Nato (lmbricaria Madagascariensis), dont l'écorce fournit une teinture brune et dont le bois ressemble au teck, le Hintsina, employé pour la charpente à Tamatave et dans les localités de la côte, le Voavotaka, arbre presque grand comme un pommier, les Copaliers, le Tanghin au fruit vénéneux, et plusieurs espèces de Pandanus. L'ébène atteint aussi de grandes proportions vers ces altitudes de 50 à 60 m. ; son diamètre diminue à mesure qu'on va vers l'intérieur ; il disparaît aux abords de 1000 m. Autour des centres habités, on trouve des cocotiers et des manguiers. La région des mamelons, cuvettes et vallons marécageux qui, de 50 à 300 m., sert de glacis au premier ressaut du plateau, se distingue très nettement de la précédente par la prédominance, sur les collines, de gracieux bambous, et aux abords des cours d'eau et des fonds humides, du Rafia (surtout de 50 à 100 m.) et du Ravinala (50 à 300 m). Le rafia se trouve partout à Madagascar ; on en a observé de superbes bouquets dans l'Ouest, mais il se plaît surtout dans l’Е. Il est inutile d'insister sur le rôle que joue la fibre de ce joli palmier; on l'exporte à l'état brut ou sous forme de nattes et de rabanes jusque sur les marchés d'Europe. Quant au Ravinala (Urania speciosa), il convient d'abord de noter que c'est un des arbres caractéristiques du versant E. de Madagascar. Il se présente comme un bel arbre de 6 à 8 m., déployant un éventail de 15 à 20 immenses feuilles, étalées dans un même plan, en sorte que, de profil, l'arbre se réduit à une simple ligne. Il prospère dans les endroits humides ou au bord des cours d'eau ; […] ses feuilles, ses nervures, son bois, rendent de nombreux services […]. Dans cette zone mamelonnée des bambous et du Ravinala, on voit déjà paraître des essences qui annoncent la grande forêt : le Lalona (bois de charpente), le Voamboana (palissandre). Aux abords de 300 m. commence la grande forêt. […] La grande forêt contient un très grand nombre essences précieuses ou utiles propres la teinture, à l’ébénisterie et la menuiserie sans parler des arbres et lianes caoutchouc (Barabanja, diverses Vahea et Landolphia) des Copaliers etc. […] certaines essences assurées un avenir plus particulièrement brillant : les différentes espèces d’Ambora bois très durs, le Voamboana ou palissandre, le Rotra ou faux acajou (Eugenia) qu’on trouve aussi au Ménabé, le Hazomainty ou ébène, le Vandrika qui ressemble au buis le bois de rosé ou Volombodimpona ; les bois de charpente usités pour cases ou pirogues tels que le Lalona (Weimannia Bojeriana) ; le Sary, rappelant le chêne, le Varongy, le Hazomena (Weinmannia Rutenbergii), les bois de fer tels que le Harahara, le Merana ; enfin l’énorme Haramy (10 à 11 m. de tour) ou arbre gomme. ». De cette longue description, il ressort que les forêts naturelles auxquelles les SAF ont succédé, étaient riches d’espèces ligneuses natives parfois de très grande tailles, de très bonne qualité technologique autour desquelles les populations avaient développé un savoir et un savoir-faire (production de bois de service, de teinture, de fruits, de remèdes, de fibres, de caoutchouc…). Notons que Zimmermann cite aussi des espèces introduites comme le manguier et le cocotier ou le filao, ce qui confirme que, probablement très tôt, les premiers humains ayant colonisé la Côte est de Madagascar, y ont introduit des espèces exotiques. Arbres fruitiers, mais aussi banane, taro et igname, riz, cocotier, curcuma cultivés selon des pratiques d’agriculture sur brûlis (Lavauden 1931 ; Rabearimanana, 1988 ; Beaujard, 2011), en complément des cueillettes dans les milieux naturels (plantes médicinales, fibres, bois, miel, teintures…) mais dont la trace semble aujourd’hui se perdre (Pernet et Meyer, 1957 ; Andriamanatena et al., 2019).

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6 - Une thématique de recherche à explorer Cette description de la composition spécifique des SAF à girofle de la Côte est de Madagascar montre que toutes les espèces cultivées sans exception sont exotiques, introduites parfois depuis fort longtemps, parfois depuis moins de deux siècles. En quelques décennies, les agriculteurs malgaches ont modifié leurs pratiques, passant d’une culture sur défriche-brûlis vivrière associée à des prélèvements dans les écosystèmes naturels à un système agroforestier plus ou moins complexe associant cultures de rente aux cultures vivrières. Ce nouveau système de culture s’est inséré dans un écosystème perturbé par le tavy, où la biodiversité était sans doute déjà très appauvrie. L’histoire de la transformation des paysages de la Côte est de Madagascar ébauchée ici, soulève certaines questions qui mériteraient une attention particulière afin d’aborder les problématiques liées à la résilience des pratiques des agriculteurs et des écosystèmes, à la gestion des ressources et à la restauration de la biodiversité. Une première approche pourrait aborder les points suivants : La description fine de la composition floristique des SAF : - Quel est actuellement le niveau de présence des espèces natives dans les SAF, niveau que nos enquêtes qui focalisent sur les espèces utiles ont probablement sous-estimé ? Quels sont les déterminants de cette présence (conditions écologiques, proximité de zone de forte biodiversité, pratiques culturales, conditions socio-économiques…) - Quelles ont été les origines et la chronologie d’introduction des différentes espèces cultivées ? Quelle est leur diversité génétique ? Présentent-elles des caractéristiques génétiques, agronomiques, organoleptiques et nutritionnelles particulières ? - Quels services écosystémiques, les espèces natives encore présentes dans les SAF assurent-elles ? - L’analyse des savoir, des savoir-faire et des pratiques mis en œuvre : - Comment les savoirs et les savoir-faire liés aux espèces introduites se sont construits et diffusés ? Est-ce que les savoirs et savoir-faire probablement anciens liés aux espèces naturelles et forestières perdurent ou sont-ils en voie de disparition ? Quelle continuité entre les pratiques anciennes et actuelles ? - Comment se sont mis en place les changements de droit foncier induits par le développement massif de ces agro forêts ? Une analyse plus prospective : - Une dynamique de réinstallation des espèces natives est-elle encore possible ? Est-ce une attente des populations? Comment ces réinstallations modifieraient les paysages ? - Quels facteurs extérieurs (climatiques, évolution des marchés...) ou liés aux pratiques des agriculteurs (raréfaction du bois énergie pour alimenter les alambics de distillation l’essence de girofle) pourraient impacter les SAF et dans quel sens ? Quelles seraient alors les actions d’anticipation à promouvoir ?

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Tableau 1 : Listes des plantes accompagnatrices du giroflier dans les différents SAF à girofliers (d’après Arimalala et al. 2019)

Système de culture

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Espèces les fréquentes associées aux girofliers Monoculture Parc arboré Système agroforestier complexe

Herbacées cultivées

Manihot esculenta (Euphorbiaceae) Oryza sativa (Poaceae) Saccharum officinalis (Poaceae) Zea mays (Poaceae) Dioscorea alata (Discoreaceae) Colocasia esculenta (Araceae) Ipomea batatas (Convolvulaceae)

Vanilla planifolia (Orchidaceae) Musa paradisa (Musaceae) Ananas comosus (Bromeliaceae) Piper nigrum (Piperaceae)

Herbacées sauvages Stenotaphrum dimidiatum (Poaceae) Cynodon sp. (Poaceae) Ageratum conyzoïdes (Asteraceae) Bidens piloza (Asteraceae)

Clidemia hirta (Melastomataceae) Ageratum conyzoïdes (Asteraceae) Tristemma virusanum (Melastomaceae) Ravenala madagascariensis (Strelitziaceae)

Stenotaphrum dimidiatum (Poaceae) Cynodon sp. (Poaceae) Ageratum conyzoïdes (Asteraceae) Emilia citrina (Asteraceae)

Ravenala madagascariensis (Strelitziaceae) Desmodium sp. (Fabaceae)

Ligneux cultivés

Coffea arabica (Rubiaceae) Coffea arabica (Rubiaceae) Artocarpus heterophyllus (Moraceae) Artocarpus altilis (Moraceae) Litchi chinensis (Sapindaceae) Nephelium lappaceum (Sapindaceae)

Annona muricata (Annonacea) Annona reticulata(Annonacea) Annona squamosa (Annonacea) Coffea arabica (Rubiaceae) Artocarpus heterophyllus (Moraceae) Artocarpus altilis (Moraceae) Cinnamomum verum (Moraceae) Litchi chinensis (Sapindaceae) Nephelium lappaceum (Sapindaceae) Citrus reticulata (Rutaceae) Citrus sp, (Rutaceae) Psidium cattleianum (Myrtaceae) Coco nucifera (Arecaceae) Persea americana (Lauraceae) Mangifera indica Anacardiaceae) Carica papaya (Caricaceae)

Ligneux forestiers ou spontanés

Harungana madagascariensis (Clusiaceae) Psidium guajava (Myrtaceae) Syzygium malaccense (Myrtaceae) Grevillea banksia (Proteaceae) Bambous (Poaceae) Psadia altissima (Asteraceae) Lantana camara (Verbenaceae)

Harungana madagascariensis (Clusiaceae) Psidium guajava (Myrtaceae) Grevillea banksia (Proteaceae) Ficus tilifolia (Moraceae) Bambous (Poaceae) Psadia altissima (Asteraceae) Lantana camara (Verbenaceae)

Harungana madagascariensis (Clusiaceae) Psidium guajava (Myrtaceae) Litsae glutinosa ( Lauraceae) Intsia bijuga (Fabaceae) Albizia chinensis (Fabaceae) Albizia chinensis (Fabaceae) Dracanea reflexa (Liliaceae) Bombacopsis glabra (Bombacaceae) Bambous (Poaceae) Trema orientalis (Cannabaceae) Psadia altissima (Asteraceae) Lantana camara (Verbenaceae)

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Tableau 2 : liste des principales plantes identifiées dans les systèmes de culture à girofliers dans la région Analanjirofo (d’après Arimalala et al., 2019 ; Isabelle Michel, com.pers.) et statut (d’après Perrier de la Bâthie, 1931/1932 ; François, 1927 ; Decary, 1937, 1963 ; Binggeli, 2003).

Espèce végétale

Non commun

ou local

Type de SAF *

Usage principal Statut**

Herbacées cultivées

Manihot esculenta (Euphorbiaceae) manioc P autoconsommation IN (vers 1735

Oryza sativa (Poaceae) riz P autoconsommation IA

Saccharum officinalis (Poaceae) canne à sucre P autoconsommation IA (15ème siècle)

Zea mays (Poaceae) maïs P autoconsommation IR (vers 1777)

Vanilla planifolia (Orchidaceae) vanille C rente IR ( vers 1880)

Musa paradisa (Musaceae) banane P autoconsommation IN

Dioscorea alata (Discoreaceae) igname P autoconsommation IN

Ananas comosus (Bromeliaceae) ananas P autoconsommation IN (16ème siècle) Colocasia esculenta (Araceae) taro P autoconsommation IN

Ipomea batatas (Convolvulaceae) patate douce P autoconsommation IR

Piper nigrum (Piperaceae) poivre C vente IR

Herbacées non cultivées

Stenotaphrum dimidiatum (Poaceae)

M/C EN

Cynodon sp. (Poaceae)

M/C médicinal EN/IN

Ageratum conyzoïdes (Asteraceae)

M/P/C médicinal IN

Bidens piloza (Asteraceae) M EN/IN

Ravenala madagascariensis (Strelitziaceae) ((Strelizuace(Strelitziaceae)

M/P multi- services EN

Clidemia hirta (Melastomataceae) P invasif IR (1914)

Emilia citrina (Asteraceae) C médicinal IN

Tristemma virusanum (Melastomaceae) P fruit EN

Desmodium sp.(Fabaceae)

C médicinal IN

Fruitiers cultivés

Syzygium aromaticum (Myrtaceae) girofle M/P/C rente IR (1827)

Annona muricata (Annonacea) corossolier C autoconsommation IR

Annona reticulata (Annonacea) cœur de boeuf C autoconsommation IN

Annona squamosa (Annonacea) pomme cannelle C autoconsommation IR

Coffea arabica (Rubiaceae) café M/P/C autoconsommation IR

Artocarpus heterophyllus (Moraceae) jacquier C autoconsommation IR

Artocarpus altilis (Moraceae) arbre à pain C autoconsommation IR (1802)

Cinnamomum verum (Moraceae) cannelle C vente IR

Litchi chinensis (Sapindaceae) litchi C autoconsommation /rente IR ( 1802)

Nephelium lappaceum (Sapindaceae) ramboutan C autoconsommation IR

Citrus reticulata (Rutaceae) mandarinier C autoconsommation IR

Citrus sp, (Rutaceae) agrumes C autoconsommation IR

Coco nucifera (Arecaceae) cocotier C autoconsommation IN

Persea americana (Lauraceae) avocatier C autoconsommation IR (1802)

Mangifera indica (Anacardiaceae) manguier C autoconsommation IR (1802)

Carica papaya (Caricaceae) papayer C autoconsommation IN

Psidium catleyanum (Myrtaceae) goyavier C autoconsommation IR (19ème siècle)

Ligneux forestiers ou spontanés

Harungana madagascariensis (Clusiaceae) harongana M/P/C bois/ médicinal EN

Psidium guajava (Myrtaceae) goyavier de Chine ChiChine

M/P/C fruitier /invasif IR

Syzygium malaccense (Myrtaceae) jambosier M fruitier IN

Intsia bijuga (Fabaceae)

hintsina C bois EN

Litsae glutinosa ( Lauraceae) ranomainty C bois I

Grevillea banksii (Proteaceae) grevilea M/P reforestation mais invasif IR

Ficus tilifolia (Moraceae) gonda P tuteur vanille EN

Dracanea reflexa (Liliaceae) bois de chandelle C tuteur vanille/médicinal EN

Bombacopsis glabra (Bombacaceae) pistache arbuste C fibre, fruit I

Albizia chinensis (Fabaceae) albizia C Fertilisant/bois IR

Albizia lebbeck (Fabaceae) bois noir, bonara C Fertilisant /bois IR (1814)

Nastus sp. et Schizostachyum sp. (Poaceae) bambou M/P/C multi usage, combustible EN

Trema orientalis (Cannabaceae)

andrarezona C bois EN

Psiadia altissima (Asteraceae) dingandingana M/P/C médicinal EN

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Lantana camara (Verbenaceae) radriaka M/P/C invasif IR (19ème siècle)

Casuarina equisetifolia (Casuarinaceae) filao - bois IR

Types de SAF : M : monoculture ; P : parc ; C : SAF complexe

Statut des plantes : EN : endémique ou natives ; IA : introduction ancienne ; IN : introduction ancienne et naturalisée ; IR : introduction récente (depuis le 18ème siècle)

Tableau 3 : Effectifs comparés des espèces natives et introduites présentes dans les systèmes agroforestiers à girofliers dans la région Analanjorofo (décompte portant sur les espèces les plus représentées).

Nombre d’espèces

Plantes cultivées

Herbacées natives 0

introduites 11

Ligneuses (fruitiers) natives 0

introduites 17

Plantes spontanées

Herbacées natives 4

introduites 7

Ligneuses natives 7

introduites 10