32
www.laurezanella.com | 1 | © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

|1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

www.laurezanella.com |1| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 2: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

L'amour... On a tant écrit sur le sujet... On en a tant parlé aussi... N'est-ce pas là finalement ce quiest et restera toujours au cœur même de nos plus importantes préoccupations ?

C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes,que nous soyons une petite fille ou que nous ayons déjà fait un bout de chemin.

Mais sait-on vraiment ce que c'est que d'aimer avant qu'on l'ait vécu réellement ? Je veux dire :avant d'avoir connu un amour si fort et si profond qu'il ne peut que nous marquer jusqu'au plusprofond de notre chair, imprégnant de son parfum jusqu'aux plus infimes parcelles de notre être ?

Ou peut-être qu'il y a mille et une façons d'aimer, ou bien plus encore... Peut-être finalement qu'ilexiste autant de façons d'aimer qu'il y a d'êtres humains sur cette Terre...

Mais avez-vous déjà vécu une telle connexion avec un autre que vous auriez eu l'impression qu'onvous arrachait une part de vous-même si vous aviez dû en être séparé ?

Avez-vous déjà connu un amour si fort et si profond que même la mort n'aurait pu l'effacer ?

Avez-vous déjà ressenti tout au fond de vos entrailles qu'un tel lien ne pouvait exister autrementqu'au-delà de l'espace et du temps, qu'il ne pouvait exister autrement que pour toute l'éternité ?

Ce lien je l'ai vécu, et finalement, je le vis encore chaque jour qui passe. Je sais que le temps derejoindre mon Aimé sera bientôt arrivé, mais je sais aussi que je dois d'abord laisser une trace, qu'ilme faut d'abord raconter mon histoire pour que d'autres sachent qu'ils peuvent continuer à espérerlorsque le doute, la peur ou l'amertume viendront les bousculer, pendant cette période qui précéderaleur propre union à leur Bien-Aimé.

J'ai senti sa présence avant même qu'il ne fasse ses premiers pas dans ma vie.J'ai rêvé maintes fois notre rencontre avant que celle-ci ne se produise comme par magie.J'ai eu tant de conversations silencieuses avec lui, avant même qu'il ne me salue de vive voix pour latoute première fois.

Je savais qu'il existait, là quelque part, LUI, celui avec qui j'allais unir ma vie pour tout le cheminqu'il nous resterait à parcourir ici-bas, parce que nous nous étions déjà rencontrés, parce que nousnous étions déjà aimés et que le temps était venu pour nous de nous retrouver.

Peut-être qu'il a été plus « facile » pour moi que pour d'autres de patienter jusqu'à son arrivée, carma connexion particulière avec l'invisible et l'Univers m'a grandement aidée à rester dans laconfiance et à ne pas attendre justement qu'il se manifeste à moi pour commencer à vivre vraiment.

Et peut-être aussi que c'est précisément parce qu'un jour je me suis enfin autorisée à vivre ma viepleinement qu'il a pu enfin arriver jusqu'à moi...

www.laurezanella.com |2| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 3: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

Je crois que je l'ai toujours su... J'ai toujours su qu'un jour il viendrait et qu'enfin nous pourrionsvivre ensemble ce lien unique et magique que j'avais tant espéré...

Pendant longtemps j'avais attribué mes ressentis d'enfant à ce sujet à de la pure et simple fantaisie, àune imagination débordante qui s'exprimait allègrement comme celle de n'importe quelle autrepetite fille, mais plus tard, lorsque j'ai pris conscience de certaines choses au sujet dufonctionnement de la vie, lorsque je suis entrée en lien pour la première fois avec ceux quej'appellerais mes Guides, j'ai compris que bon nombre d'éléments que j'avais rangés dans la case« imagination » n'avaient finalement rien d'irréel.

Alors j'ai commencé à y repenser, à revoir sur l'écran de mon esprit tous ces rêves qui annonçaientson arrivée, à revisiter toutes ces sensations étranges et si puissantes qui semblaient ne pasm'appartenir, comme si j'avais habité durant de brefs instants le corps et le cœur d'un autre que moi.

J'ai commencé à y repenser et à y croire... Et je dirais même que plus encore que croire, il étaitplutôt question ici de savoir, d'avoir la profonde et ferme conviction qu'il en serait ainsi et pasautrement, que la suite du chemin ne pourrait être autre que celle-là. Je n'étais encore qu'uneadolescente, mais c'était devenu tellement évident à ce moment-là...

Je ne connaissais pas les détails de l'histoire. Je ne savais ni quand ni comment ça allait se produire.Je n'avais aucune idée de qui il était concrètement, à quoi il ressemblerait ou ce genre de choses...Mais je savais... je savais au plus profond de moi que le jour venu, je le reconnaîtrais et qu'arriveraitce qui était déjà écrit sur le parchemin de nos vies avant même que nous nous soyons incarnés dansce plan terrestre.

Même si je n'ai jamais cru en un destin tout tracé qui nous obligerait à vivre notre vie d'une façonbien précise, comme si tout était joué d'avance, j'ai toujours été convaincue néanmoins que certainesrencontres étaient prédestinées, parce qu'au-delà des corps il y a des âmes, et que ces âmes se sontparfois donné rendez-vous pour que chacune d'elles puisse grandir et évoluer encore plus en faisantroute auprès de l'autre... et c'est ce qui est arrivé pour nous.

Au moment de notre rencontre, l'un comme l'autre étions déjà installés dans une vie de couple bienrodée, et Alexandre avait même eu un enfant de cette union. Chacun de nous considérait à cemoment-là que tout allait plutôt bien dans sa vie amoureuse, qu'il manquait peut-être parfois un peude « piment » ou un peu de cet entrain qui avait été vécu durant les premiers temps de la relation,mais aucun de nous n'aurait pu imaginer ce qui allait se passer ensuite, une fois que nos regards seseraient croisés, une fois que nos mains se seraient touchées pour la première fois.

À partir de là, ce fut comme si un gigantesque raz-de-marée était venu tout balayer... Tous nospoints de repère, tous nos projets, tout ce que nous avions pendant un certain temps imaginé au sujetde la vie qui nous attendait.

Je vous mentirais si je vous disais que notre amour a été suffisant pour que ce soit facile...

Facile, ça ne l'a pas été, en tout cas durant les premières années que nous avons partagées, maisj'aurais affronté mille fois ces mêmes tourments s'il l'avait fallu plutôt que de renoncer... plutôt quede passer à côté de ce qu'a été notre vie ensemble.

Et si j'avais dû tout abandonner pour lui, je l'aurais fait sans hésiter, parce qu'au-delà de ce lien si

www.laurezanella.com |3| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 4: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

particulier que nous avons partagé, il y avait là pour nous un chemin, une mission commune àaccomplir, et elle était le cœur même de notre amour, pour nous et pour tellement d'autres aprèsnous.

Notre vie a été intense et passionnée... Pas seulement notre vie de couple, mais notre vie à tous lesniveaux.

Oui, il m'est arrivé de hurler, de vouloir renoncer, et Alexandre lui aussi a eu bien des épreuves àtraverser, mais l'Univers n'aurait pu nous faire de plus grand cadeau que celui de nous permettre denous rencontrer, de passer cette vie ensemble, et de pouvoir ainsi main dans la main parcourir lechemin.

Voici comment tout a commencé...

www.laurezanella.com |4| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 5: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

1.

« Dehla, c'est l'heure ! Tu as terminé avec la maquette ? »

Parce que quoi que vous fassiez, vous aurez toujours la liberté de...

« Dehla ? »

Je me sentis comme happée hors de ma bulle lorsque l'écho lointain d'une voix familière se fitentendre. Je terminai ma phrase avant qu'elle ne m'échappe et levai les yeux vers Suzanne qui mesouriait depuis la porte de mon bureau.

Suzanne était l'une de mes coéquipières, et ce que j'adorais avec elle, c'est qu'elle comprenaitexactement de quelle façon je fonctionnais et elle ne s'offusquait donc jamais de mes absences deréaction, des moments où je l'envoyais parfois paître d'une façon quelque peu virulente parce quej'étais tellement connectée à ce que je faisais qu'il m'était impossible de sortir de cette sphère-làpour revenir sur notre bonne vieille Terre à cause d'un stimulus extérieur.

Suzanne comprenait que mes réactions parfois froides ou à la limite de l'hostilité n'avaient rien àvoir ni avec elle ni avec l'affection que je lui portais, et qu'il s'agissait en fait simplement del'expression de MON besoin de poursuivre ce que j'étais en train d'accomplir et qui était siimportant pour moi.

Notre collaboration avait pris naissance quatre ans plus tôt, lorsque j'avais partagé avec un grouped'amis une idée qui avait germé dans mon esprit et qui avait fini par devenir une véritable obsessiontant elle me bousculait intérieurement.

C'était comme si cette idée devait prendre forme à tout prix, comme si ce chemin était vraiment LEchemin que je devais suivre. Je ne savais absolument pas de quelle façon les choses pourraient semettre en place, et à vrai dire, je n'avais entre les mains (ou plutôt entre les neurones) qu'uneperception assez vague et globale de la chose, mais j'avais ressenti un appel si puissant enenvisageant cette possibilité que tout ceci m'était apparu comme l'évidence même.

Depuis de nombreuses années, j'avais pris l'habitude de suivre ce que j'appelais « ma guidanceintérieure », cette petite voix bienveillante qui nous conseille et nous guide dans les momentsd'obscurité comme dans ceux qui sont bien plus lumineux. D'autres l'appellent tout simplementl'intuition.

Il s'agissait pour moi de la voix de mon cœur, et j'avais pu voir si souvent la magie opérer lorsque

www.laurezanella.com |5| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 6: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

j'avais osé l'écouter que je ne pouvais plus faire autrement que de suivre mon impulsion du moment.

Quand j'utilise le terme d'« impulsion », je ne veux pas dire par là que je fonçais systématiquementtête baissée sans prendre le temps de réfléchir et d'élaborer un plan de route concret. Je nefonctionnais pas au coup de tête, ni de façon immature ou encore « suicidaire ».

Par contre, lorsque je m'étais rendu compte qu'à force de cogiter de façon excessive avec des « et siça ne fonctionnait pas », « et si ça se passait mal » et ainsi de suite, je tournais en rond et il ne sepassait strictement rien dans ma vie, j'avais décidé de tester une autre stratégie et de commencer àréfléchir moins pour agir plus. Après tout, qu'y avait-il à perdre ?

Je posais donc mes idées sur papier, même si c'était flou dans un premier temps. Je prenais ensuitele temps de creuser en laissant venir tranquillement ce qui me venait et en me concentrantessentiellement sur le résultat que je voulais obtenir... Oui, c'était bien ça. Au lieu de chercher àdéfinir comment les choses étaient censées se passer, je me focalisais plutôt sur la finalité, sur laligne d'arrivée, sur ce que je désirais concrétiser, tout en faisant confiance à la Vie, à la chance, ou àqui vous voudrez pour me trouver un chemin qui me conduirait à destination. Et je savais que cechemin se dessinerait de toute façon.

Et aussi surprenant que ça puisse paraître, ça fonctionnait toujours... Toujours en tout cas quandmon objectif était clair, positif et cohérent avec mes véritables aspirations, et quand l'aboutissementde mon objectif allait être bénéfique également pour toutes les éventuelles autres personnesimpliquées. Et si ça ne fonctionnait pas, je savais alors que soit mon idée n'était pas celle quipourrait me conduire là où je voulais aller, soit quelque chose de mieux encore se produirait.

Ce que j'avais pu remarquer aussi, c'est que lorsqu'il m'arrivait de désirer quelque chose pour de« mauvaises » raisons (comme un besoin de reconnaissance par exemple, un désir de prouver àd'autres que j'étais capable de..., etc.), mon objectif atterrissait généralement assez vite dans lacorbeille.

En somme, il me suffisait de me placer dans une énergie bienveillante, alignée sur ma véritablenature, dans la joie et l'insouciance, pour que tout aille comme sur des roulettes, et souventj'obtenais des résultats largement meilleurs encore que ce que j'avais souhaité au départ.

Je me laissais porter par le flot de la vie plutôt que de chercher à résister à quoi que ce soit, et toutse mettait en place d'une façon souvent magique.

C'est ainsi que j'avais appris à faire confiance, à oser repousser toujours un peu plus loin les limitesdu possible, me rendant compte que les seules barrières qui pouvaient empêcher quoi que ce soit dese concrétiser dans ma vie se trouvaient en fait dans mon esprit.

Pendant de nombreuses années j'avais adhéré à toutes sortes d'idées erronées au sujet de ce qu'ilnous était possible ou non d'accomplir en tant qu'êtres humains, ou de ce qu'il m'était possible ounon d'accomplir en tant que MOI (parce que je me croyais trop nulle, pas méritante ou ce genre dechoses) mais depuis que j'avais commencé à changer mon angle de vue, à élargir mes horizons et àsimplement expérimenter plutôt que de rester butée sur mes anciennes idées préconçues, ma vieavait complètement changé et je n'avais pas idée à ce moment-là à quel point elle allait encorebasculer plus profondément.

www.laurezanella.com |6| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 7: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

Pour en revenir à mon groupe d'amis et à cette fameuse idée que j'ai mentionnée plus tôt, je m'étaisdonc lancée spontanément un soir où nous étions en train de débattre au sujet d'une recette delasagnes à la bolognaise... Ne me demandez pas comment nous avions atterris sur ce sujet-là, je n'enai absolument aucune idée, néanmoins, cette discussion animée et très sérieuse m'avait tellementennuyée que je m'étais laissée happée par mes pensées obsédantes au sujet de mon idée, et j'avaisfini par me lever, par grimper sur la table basse pour m'assurer d'avoir l'attention de tout le monde,et je leur avais tout balancé d'une traite, à toute allure, prenant tout juste le temps de respirer entremes phrases.

Tout bouillonnait si fort dans ma tête qu'il me fallait évacuer les mots en urgence, comme on doitlâcher la vapeur qui s'est accumulée dans une cocotte-minute sous peine de la voir exploser.

Je leur avais expliqué ce que j'avais en tête, du mieux que je pouvais, car c'était encore confus. Àmon grand étonnement, alors que je pensais plutôt les faire rire ou entendre diverses objections, toutle monde était resté silencieux un moment, comme si chacun s'était plongé dans une intenseréflexion du genre « existentielle », et tous, les uns après les autres avaient donné leur accord pourprendre part à ce projet.

J'en avais été tellement sonnée que les larmes s'étaient mises à couler toutes seules. C'étaient deslarmes de joie et de gratitude, car je ressentais au fond de moi qu'il fallait vraiment aller dans cettedirection, et je ne m'étais pas attendue à trouver un soutien aussi concret et enthousiaste auprès demes amis. Je les connaissais suffisamment pour savoir qu'ils pourraient éventuellement songer à lachose et pourquoi pas proposer une intervention ponctuelle, mais je ne pensais vraiment pas que çaallait devenir le point central de nos vies à tous quelques mois plus tard.

C'est comme ça que nous nous étions lancés dans ce qui était devenu une belle et grande aventure,et, j'en étais certaine, allait encore nous emmener bien plus loin que ce que nous avions déjà puexpérimenter jusque-là.

Nous étions tous des créatifs, d'une façon ou d'une autre, et la majorité d'entre nous fonctionnaitdéjà de façon indépendante au niveau professionnel. Nous étions peintres, photographes, musiciens,écrivains, et parfois tout ou presque à la fois, et chacun de nous avait encore diverses autrescompétences dans des domaines variés et complémentaires.

Les uns étaient doués en informatiques, les autres en marketing, d'autres encore avaient de bonnesrelations avec la presse ou en avait même fait partie. L'un d'entre nous, Marcus, travaillait dansl'immobilier (ce qui nous avait permis de trouver le local idéal dans les meilleures conditionspossible) tout en assouvissant en parallèle sa passion pour l'expression artistique sous toutes sesformes.

Isabelle quant à elle était experte comptable et musicienne de talent, aussi, on lui avait toutnaturellement attribué la gestion des comptes de la société alors qu'elle s'attelait en parallèle avecFelipe à la composition des morceaux qui accompagneraient les clips vidéo des messages que nousdiffusions, car il s'agissait précisément de cela.

L'idée que j'avais eue était de faire en sorte d'élargir les consciences, d'accompagner l'éveil actuel del'humanité en quelque sorte, de provoquer des déclics, des ouvertures plus grandes dans les esprits,pour semer nos propres graines et contribuer ainsi à faire changer le monde.

www.laurezanella.com |7| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 8: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

C'était ambitieux, fou peut-être, mais ça avait résonné en moi comme l'évidence même.

Pendant très longtemps j'avais vécu une forte révolte intérieure en voyant toutes les injustices quiavaient lieu dans le monde (et déjà au sein de ma propre famille). Il ne s'agissait pas simplement dequelque chose qui me contrariait sans pour autant être une réelle préoccupation. J'étais totalementbouleversée à vrai dire à chaque fois qu'il se passait quelque chose, à chaque fois qu'on tuait desinnocents, à chaque fois que des nations se battaient pour un petit lopin de terre, à chaque fois qu'onfaisait exploser une bombe en mettant ça sur le dos de Dieu, à chaque fois qu'on s'en prenait à unêtre humain autant qu'à un animal.

Pour moi chaque vie était importante. Quelle que soit notre culture, notre religion, notre couleur depeau, notre âge, notre sexe ou notre orientation en la matière. Chacun de nous méritait à mes yeuxd'être traité avec bienveillance et amour, et je n'arrivais pas à tolérer qu'on puisse s'acharner surcertains êtres, tout ça parce qu'ils étaient différents de nous, n'avaient pas les mêmes goûts, lesmêmes aspirations, ou la même perception de la vie.

Il m'était arrivé d'expulser de ma vie un grand nombre de gens pour des questions de racisme,d'homophobie ou autre (bon, remarquez que là aussi j'ai peut-être manqué de tolérance ou debienveillance face à des différences d'opinions, mais concrètement, je n'avais plus envie de côtoyerdes gens qui avaient des valeurs radicalement différentes des miennes, question de cohérence enversmoi-même :-)) parce qu'il était incompréhensible pour moi et même douloureux d'observer lemépris, la méchanceté parfois et la violence des propos de ceux qui se trouvaient en face de moialors qu'on parlait d'êtres humains tout simplement...

Cela dit, on m'avait aussi souvent fait remarquer que j'étais parfois dans l'extrême et même dans lacontradiction, car j'arrivais souvent à trouver toutes sortes « d' excuses » aux pires individus de laTerre, parce qu'à mon sens, aucun de nous n'était né mauvais. Pour en arriver à faire du mal à unautre que soi ou à de nombreux autres, il fallait déjà vivre soi-même une souffrance intérieure trèsforte.

En bref, ça me heurtait profondément qu'on puisse faire du mal ou rejeter un autre que soi à causede sa ou ses différences, et en même temps, quand je creusais un peu le sujet, je me rendais comptequ'il m'était impossible de croire qu'un être humain puisse être intrinsèquement mauvais... Ça merévoltait que certaines personnes sur cette planète puissent commettre de telles atrocités, et enmême temps, il m'était impossible de les condamner sans chercher à comprendre ce qui se cachaitderrière tant de cruauté. Je ne pouvais pas croire en une forme de méchanceté qui aurait été innée etgratuite, sans qu'il y ait un motif concret à la source de ces actes douloureux.

Par ailleurs, depuis toute petite, j'avais toujours voulu changer le monde, faire en sorte que chacunait à manger, que tout le monde vive en paix, que tout le monde se sente aimé et ainsi de suite. Il yavait tant de nos habitudes et attitudes que je trouvais tellement illogiques et incohérentes queparfois ça me donnait envie de m'arracher les cheveux. Je ne comprenais pas l'hypocrisie de tantd'adultes autour de moi, cette espèce de « jeu » auquel tout le monde semblait vouloir jouer parcequ'il « fallait » rentrer dans des cases, faire comme tout le monde et suivre des règles qui n'avaientbien souvent ni queue ni tête. Je ne comprenais pas pourquoi tant de gens autour de moi avançaientcomme des « moutons », en suivant simplement le troupeau, plutôt que de réfléchir par eux-mêmeset de voir ce qui était bien et juste pour eux, et cette façon de percevoir la vie m'a valu bien desremontrances et des remarques blessantes.

Mes parents riaient souvent de moi, très gentiment cela dit, en me disant qu'avec mon caractère de

www.laurezanella.com |8| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 9: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

petit dictateur, j'allais donner du fil à retordre à plus d'un « méchant » sur cette planète.

C'est mon mari qui avait ensuite pris le relais lorsque nous nous étions rencontrés, et c'étaitd'ailleurs en m'entendant batailler contre certains amis de l'époque sur ce type de sujet qu'il étaitvenu vers moi et que nous avions commencé à échanger.

C'est également en suivant ce qui avait finalement été le fil d'Ariane de toute ma vie que j'avaisdécidé de devenir journaliste et que j'avais commencé à orienter chacun de mes écrits dans ladirection que j'ai suivie ensuite en concrétisant mon grand projet.

Dans chacun de mes articles, il y avait toujours un message, explicite ou caché entre les lignes,disponible pour qui voudrait bien le voir. J'avais eu la chance de travailler pour des magazines etdes journaux de renom qui me laissaient une grande liberté dans mes écrits et qui étaient sensibleseux aussi à ma démarche.

En fait, c'était comme si toute ma vie s'était articulée autour de ce qui était devenu plus tard lecentre de mon monde. C'était ma mission en quelque sorte, celle que je m'étais attribuée, parcequ'elle s'était clairement dessinée sous mes yeux, parce que j'avais senti tout au fond de mesentrailles qu'il me serait impossible de me contenter de quoi que ce soit d'autre que ce chemin-là.

Il me fallait avancer dans cette direction, et très honnêtement, je crois que si j'avais dû renoncer àtout le reste juste pour continuer à œuvre dans ce sens, c'est ce que j'aurais fait, car vivre sans çaaurait été tout simplement impossible pour moi. Mon existence aurait alors été comme un gâteau auchocolat sans chocolat, vous voyez le genre ?

J'avais donc eu l'idée (je dirais même l'inspiration, car j'ai vraiment eu le sentiment que cet appelvenait de quelque chose de beaucoup plus profond que du simple plan humain si je puis dire) demettre à contribution les différentes cordes que j'avais à mon arc pour faire passer des messages, detoutes les façons possibles, et dans mon plan, il était question de rallier à ma cause toutes sortesd'autres créatifs qui cultiveraient les mêmes valeurs et aspirations et qui pourraient, chacun avecleurs propres talents, mettre en images, en mots, en sonorités, etc., tout ce que nous désirionstransmettre et partager.

Le groupe d'amis auxquels je fis appel ce soir-là me semblait être l'équipe idéale pour mener à bience projet, car chacun correspondait aux critères que j'avais posés sur ma liste d'objectifs au sujet dugenre de coéquipiers que je désirais trouver, mais je vous avoue que je ne m'attendais pas à ce qu'ilssautent ainsi tous à pieds joints dans ma barque et qu'ils réagissent avec tant d'enthousiasme,comme s'ils avaient finalement attendu pendant des années qu'on leur propos un tel projet.

Ça avait été magique, inespéré, et ce qui aurait pu sembler complexe à gérer s'était finalementdéroulé avec la plus grande fluidité, comme si l'Univers avait déroulé le tapis rouge sous nos pieds.

Même s'il n'était pas impliqué directement dans ce projet parce qu'il était plus axé sur du terre-à-terre disons, et avait ressenti le besoin de faire passer notre sécurité matérielle avant tout, Franck,mon mari, m'avait beaucoup soutenu dans mon projet et avait été aux premières loges pourm'encourager.

Il avait fait preuve de beaucoup de compréhension aussi lorsque je passais de longues soirées àtravailler pour concrétiser mon objectif, et même lorsque je me relevais trois ou douze fois au cours

www.laurezanella.com |9| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 10: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

d'une seule nuit pour prendre des notes et ne rien louper des idées qui me venaient.

Même s'il vivait dans un univers qui n'était pas tout à fait semblable au mien, et même s'il avaitparfois bien du mal à comprendre mon mode de fonctionnement et mes sautes d'humeur, il avaittoujours été patient et attentionné, très zen aussi et détaché plutôt que de chercher à faire de moi uneépouse paisible et tranquille, selon ce qui représentait son idéal féminin lorsque nous nous étionsrencontrés.

Franck était une belle personne... Il l'a toujours été... C'était un homme agréable, charmant, trèsbeau aussi sans en profiter pour autant. J'aimais son naturel, son côté spontané également, et laplupart du temps il était joyeux et je dirais même d'humeur plutôt taquine. Il aimait rire et plaisanter,et ça apportait un doux vent de légèreté à ma vie qui me semblait parfois difficile à gérer, en raisonnotamment de ma façon d'être (anticonformiste, rebelle et d'une franchise plutôt implacable, entreautres) et de mes mécanismes intérieurs un peu « particuliers ». Même si nous étions par moment end'un avis différent sur un point ou un autre, nous pouvions nous parler sereinement et même tomberd'accord sur le fait que nous n'étions pas d'accord justement.

On peut dire que notre couple fonctionnait plutôt bien. Le ciel était sans nuages, d'un joli bleuilluminé par un doux soleil de printemps.

On pouvait dire que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes...

C'est pour ça que ce qui m'est arrivé une nuit d'automne, je ne l'ai pas compris sur le coup...Pourtant, ce qui s'est passé cette nuit-là allait être le déclencheur d'une véritable tempête qui allaitbalayer jusqu'aux recoins les plus profonds de mon être...

www.laurezanella.com |10| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 11: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

2.

Je me souviens être allée me coucher ce soir-là comme à peu près n'importe quel autre soir. J'avaispassé une bonne journée, chargée certes, mais constructive et enrichissante. Franck était rentré dutravail satisfait lui aussi et de bonne humeur malgré la fatigue. Tout allait donc parfaitement bien.

Je me suis endormie paisiblement, et c'est alors que j'ai plongé en plein cœur d'un rêve qui m'atotalement bouleversée. Dans ce rêve, je me suis retrouvée au milieu de nulle part. Une sorte d'épaisbrouillard flottait tout autour de moi, tellement épais à vrai dire qu'on ne voyait pas à un mètredevant soi même si l'atmosphère était teintée d'une étrange lueur couleur de lune qui illuminait toutl'espace autour de moi.

Il m'a semblé être seule au premier abord, puis j'ai entendu un bruit de pas derrière moi, des pas quime semblaient familiers, comme si je les avais entendus un million de fois, et pourtant, lorsque jeme suis retournée, un homme que j'aurais juré ne pas connaître se tenait juste là, devant moi.

Je ne l'avais jamais croisé encore, j'en étais certaine, et pourtant... Quelque chose dans son regard,une lueur au fond de ses yeux m'a donné le sentiment étrange qu'il avait toujours été là... Puis estarrivée la sensation terriblement douloureuse d'un coup de poignard en plein cœur, le même type dedouleur profonde et déchirante qu'on vivrait en perdant la personne qu'on a le plus aimé au monde.

Je me sentis alors totalement abasourdie, submergée d'une part par la joie de le voir ainsi devantmoi, si près que j'aurais pu le toucher sans même avoir à tendre les bras, et en même temps,bouleversée par cette douleur qui montait en moi et que je ne comprenais pas, tout ça en ayantl'impression de devenir folle parce que j'étais totalement sûre de ne jamais avoir croisé son cheminalors qu'une autre part de mon être m'affirmait tout le contraire avec la plus grande véhémence.

Je ne comprenais plus rien à ce qui se passait et me sentis tout à coup comme écrasée par un poidsinvisible, mais un poids qui m'aurait écrasée depuis l'intérieur. C'était comme si quelque chose étaiten train de tout broyer en moi, de déchiqueter jusqu'à la moindre parcelle de ma chair jusqu'à ce quela plus petite cellule disparaisse.

Ce fut ensuite l'espace autour de nous qui se mit comme à exploser de toutes parts dans un immensefracas, un bruit de roche qui s'écroule parvenant avec force à mes oreilles alors que le brouillardm'empêchait de voir ce qui se passait.

Je me suis alors affalée violemment sur le sol froid et dur, et tout à coup, la lumière a disparu pourcéder sa place à la nuit la plus sombre. C'est là que je me suis réveillée, en pleurs, tremblante etpresque suffocante, ressentant physiquement la douleur que j'avais ressentie dans mon rêve.

La lumière s'est allumée et j'ai vu le visage de Franck se pencher au-dessus du mien, visiblementinquiet et troublé de me voir dans un tel état.

www.laurezanella.com |11| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 12: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

Je me souviens être allée me nicher dans ses bras, comme une petite fille apeurée qui aurait à peineosé respirer de peur que quelque chose (mais quoi au juste?) l'attrape par le bras et l'emporte dans leplus sombre abîme qui soit.

Je ne sais pas combien de temps je suis restée ainsi, incapable de parler, me contentant de hocher latête pour répondre aux questions de Franck. Il finit par se rendormir comme je le fis moi aussilorsque, épuisée par tous ces pleurs et sentiments incompréhensibles, je finis par m'apaiser.

Un épisode d'une telle intensité ne s'est pas reproduit, mais dans les jours qui suivirent, lessouvenirs d'autres rêves plus anciens commencèrent à défiler dans mon esprit, comme s'ils étaientrestés dans l'ombre, profondément enfouis, le temps que je sois prête à les accueillir. Il était inutilecependant de me renvoyer encore et encore le message, car j'avais bien compris ce soir-là que ceque j'avais toujours pressenti était sur le point de se produire et que toute la structure actuelle de mavie allait bientôt être totalement anéantie...

www.laurezanella.com |12| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 13: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

3.

Au fil des jours qui suivirent ce rêve étrange et bouleversant, d'autres sensations et phénomènesinhabituels commencèrent à se manifester. Je ne peux pas dire que ça ait été désagréable oudérangeant, mais c'était étrange... profondément étrange et déstabilisant, même pour moi qui avaistoujours baigné dans un univers mi-cartésien, mi-spirituel. J'avais en effet grandi aux côtés d'unegrand-mère et d'une grand-tante qui utilisaient l'une et l'autre les énergies subtiles pour soigner, quinous parlaient souvent aussi de ce qui allait se présenter sur notre chemin avant que nous ayonsl'occasion de vivre des preuves concrètes de leurs dires... Pendant longtemps je les avais vuescomme un genre de sorcières (d'adorables sorcières) et je dois dire que la petite fille que j'étaisadorait cette idée ! Et de l'autre côté, il y avait mon père... Un scientifique à la logique implacable,curieux de tout, tout en étant prêt cela dit à remettre en question tout ce qu'il avait toujours tenupour acquis afin d'ouvrir la porte à de nouvelles possibilités.

Entre ces trois personnages, j'appris à ouvrir mon esprit tout en faisant preuve de discernement pourne pas tomber dans de simples illusions qui auraient pu m'embrouiller les idées, surtout que les deuxpartis entraient souvent en grande discussion autour de leurs points de vue respectifs. Ainsi, àchaque fois qu'il se produisait quelque chose qui sortait de l'ordinaire dans ma vie, je cherchais enpremier lieu une explication concrète et rationnelle, je faisais le tour de toutes les possibilités, jecherchais à comprendre de quelle façon ça « fonctionnait » avant de me résoudre bien souvent àadmettre qu'il n'y avait aucune explication terre-à-terre à fournir et que ce que je vivais étaitvisiblement une manifestation authentique de quelque chose qui dépassait le seuil de macompréhension. Je gardais aussi en tête que ce qui avait été inexplicable pendant parfois des sièclesavait souvent fini par dévoiler ses mystères, alors peut-être qu'il pourrait en être de même dansquelque temps avec ce que je voyais comme mystérieux ou surnaturel à ce moment-là.

En tout cas, malgré tous les phénomènes particuliers que j'avais déjà pu observer ou vivre depuismon enfance, ce qui commençait à prendre forme au sein de ce qui avait été jusque-là ma paisibleexistence était vraiment troublant.

Et au-delà de tous ces éléments qui se mirent petit à petit à pleuvoir sur mon quotidien, certainsjours comme une douce pluie d'été, d'autres jours à la façon de trombes d'eau qui auraient cherché àme noyer sous leurs flots, il y avait ce sentiment, presque invisible au départ, puis de plus en plusoppressant, qui me disait que quoi que je fasse, je ne pourrais échapper à ce qui allait arriver,comme si une part plus profonde de mon être avait pris les commandes à ma place, et qu'encherchant à fuir ou à résister face à ce que mon âme avait décidé d'expérimenter, je ne ferais quecréer de la souffrance et de la douleur, en moi, et tout autour de moi par ricochet.

C'était très particulier comme sensation. C'était comme si d'un côté j'avais eu conscience de ce quej'avais jusque-là appelé « la réalité » , ma petite routine quotidienne et sa relative normalité, et puisde l'autre côté, je commençais à percevoir comme une sorte de réalité parallèle, comme si tout ce

www.laurezanella.com |13| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 14: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

qui avait constitué les fondements de mon existence jusqu'à ce jour n'avait été qu'une vaste illusion,un écran de fumée, une sorte d'immense terrain de jeu, là pour m'aider à me préparer à ce qui allaitsuivre, jusqu'à ce que je sois fin prête à me confronter à la véritable nature de la réalité de cemonde, un monde qui allait me conduire à expérimenter une version tellement plus profonde de lavie que tout ce que j'avais déjà pu explorer.

Pour vous donner une illustration plus concrète de la chose, peut-être avez-vous eu l'occasion devoir le film « The Truman Show » avec Jim Carrey ou encore la série des « Matrix » où d'un côtécomme de l'autre, le héros est soudainement confronté à une version du monde dont il n'auraitjamais pu ne serait-ce que soupçonner l'existence.

C'était ce même sentiment à la fois étrange et fascinant, mais aussi effrayant et angoissant qui mesubmergeait et me nouait les entrailles. Tout ce que j'avais connu avant, tout ce qui avait été douilletet confortable, tout ce qui m'avait apporté un sentiment plus ou moins important de sécurité volaitd'un coup en éclat pour me plonger dans un monde dont j'avais parfois perçu la présence au-delà dumasque de ma vie plutôt terre-à-terre, mais sans avoir jamais eu de preuve concrète et palpablefinalement de sa véritable existence.

Tous mes points de repère, tout mon univers était en train de s'effondrer pour me faire plonger toutdroit dans l'inconnu, et bien sûr, m'attendre à ce que qui que ce soit dans mon entourage puissecomprendre ce que je vivais représentait là aussi une pure et simple illusion.

Je me sentais comme happée par quelque chose que je me savais totalement incapable de maîtriser,quelque chose qui me dépassait totalement, et mon habituelle tendance à vouloir tout contrôler neme servirait à rien, je le savais...

Autant dire que dans une situation comme celle-ci, vous savez avant même que ça ait concrètementcommencé que cette espèce de raz-de-marée qui déferle sur vous va tout emporter.

Vous vous sentez seule, terriblement seule, et vous n'avez absolument aucune idée de comment vousallez pouvoir vous débrouiller lorsque vous serez écartelée entre votre réalité ordinaire et cette autreversion qui n'aura quant à elle plus rien d'ordinaire.

Une part de vous est terrifiée et ne veut pas y aller, mais une autre part ne pense plus qu'à ça, veut yplonger tout entière et ne plus jamais avoir à y renoncer.

C'est comme un appel de votre être véritable qui sait qu'il va retrouver une partie de son « chez-lui », mais votre ego lutte et résiste, car il est terrorisé à l'idée d'être annihilé.

Mon entrée dans cette période m'a donné le sentiment de me déconnecter complètement de ce quiavait toujours représenté ma réalité. C'était comme mener une vie parallèle où vous êtes la seulepersonne dans l'histoire à avoir conscience de ce qui se passe alors que tous les autres continuent devivre « paisiblement » comme si de rien n'était.

C'était comme s'il n'y avait eu que des somnambules sur Terre et que j'avais été la seule à êtreréveillée.

Finalement, c'était un peu comme faire un affreux cauchemar où vous seriez devenu totalementinvisible pour le reste de la planète. La différence, c'était que tout le monde me voyait bel et bien,

www.laurezanella.com |14| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 15: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

tout le monde continuait de faire ce qu'il avait toujours fait, mais quelque chose en moi avaitchangé, et j'avais le sentiment tenace que ma vie ne serait plus jamais la même après ça.

Pendant un temps j'ai cherché à résister, j'ai même prié un certain nombre de fois pour qu'on melaisse me « réveiller », que tout redevienne normal, que je puisse retrouver ma petite vie bienconfortable. Mais j'avais beau passer par tous les états, tenter tout ce qui pouvait me passer par latête, rien n'y faisait.

Il se passait quelque chose que je n'arrivais pas à comprendre et encore moins à maîtriser, et je finismême par me dire que j'étais peut-être juste en train de perdre la tête...

Arrivée à ce stade de ma réflexion, j'ai finalement hissé le drapeau blanc et j'ai commencé à lâcherprise. J'ai fini par me dire « OK... C'est vrai que ça fait peur... C'est vrai que je me sens très seule etque là, tout de suite, j'ai l'impression d'être une extra-terrestre qu'on aurait abandonnée au milieu denulle part sur la mauvaise planète, mais je vais attendre de voir, je vais faire confiance à la Vie etpartir du principe que tout sera pour le mieux quoi qu'il arrive. »

Qu'aurais-je pu faire d'autre de toute façon ? Hurler et me débattre n'aurait servi à rien, et mecomporter comme une hystérique avec mon entourage m'aurait conduite au mieux à desincompréhensions et des conflits, et au pire à une jolie chambre capitonnée avec une superbechemise de nuit dont les manches se nouent ensemble à l'arrière.

J'ai donc poursuivi mon chemin ainsi, en faisant semblant, en faisant comme si j'avais toujours étéla même alors qu'au fond tout était devenu différent. J'ai joué la comédie pendant des semaines,jusqu'à ce que...

www.laurezanella.com |15| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 16: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

4.

« Réunion dans la grande salle dans cinq minutes... »

La voix mélodieuse d'Isabelle venait de résonner depuis l'autre bout du couloir afin de réunir notrepetite troupe pour les dernières discussions et vérifications avant le lancement d'un nouveau projetqui allait être diffusé à grande échelle.

Ces moments que nous passions tous ensemble autour de l'immense table blanche qui trônait aucentre de la plus grande pièce de nos locaux étaient toujours intenses, passionnés, animés aussi, ettellement constructifs. Nous nous adonnions à ce petit rituel pour échanger nos idées avant de nouslancer dans la concrétisation de nouveaux objectifs et nous recommencions au fur et à mesure del'avancée de nos projets jusqu'à la réunion finale (comme celle qui allait avoir lieu ce matin) oùnous affinions ensemble les derniers détails (ou alors, où nous nous contentions d'admirer tousensemble le fruit de notre travail avec une expression béate qui ne décollait plus de nos visages :-)).

Il ne me restait plus que quelques lignes à écrire pour boucler un article destiné à un magazinenational et je pourrais rejoindre les autres pour ce dernier tour d'horizon. J'allais sans doute avoirquelques minutes de retard, pour ne pas changer, mais comme l'article allait appuyer un peu plusencore la mise en avant de notre dernier « bébé », personne ne m'en voudrait d'arriver à la bourrepour peaufiner mon papier jusqu'au dernier petit détail.

C'était parfois pénible d'être perfectionniste à ce point, parce que je perdais souvent un temps foupour affiner un tout petit millimètre de ce que je voulais faire, mais en même temps, en faire moinspour tenter d'économiser un peu de temps m'aurait menée à une prise de tête sans fin accompagnéed'un grand malaise intérieur jusqu'à ce que j'aie quand même revisité mon minuscule détail pourqu'il cadre avec ce que j'avais en tête. Alors tant qu'à faire, j'avais fini par me dire que le mieux étaitencore de céder à ma « maniaquerie » immédiatement.

Quinze minutes plus tard (oups...) j'arrivai donc au pas de course au centre névralgique de ce quiétait devenu notre deuxième chez nous à tous. Le bâtiment étant tout en longueur, mon petit sprintpour rejoindre mes camarades me valut d'arriver tout essoufflée sous les moqueries bienveillantesde mes camarades.

« Ah ! Dehla... On a failli lancer un avis de recherche, me lança Jonathan avec un grand sourireaccroché aux coins des lèvres. Comme convenu, j'ai invité le photographe avec qui j'ai fait équipepour cette campagne à notre petite réunion. Je te présente... »

Jonathan se décala légèrement, car il se trouvait pile dans l'axe entre notre visiteur et moi, et c'est làque le temps suspendit son vol... J'avais conscience du fait que Jonathan continuait de parler, maisje n'entendais plus que l'écho lointain de ses paroles, comme si je m'étais subitement retrouvée dans

www.laurezanella.com |16| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 17: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

une sorte de bulle, coupée du monde extérieur. C'était comme si tout s'était arrêté d'un coup aumoment où le regard d'Alexandre croisa le mien, comme si j'avais été percutée de plein fouet parune sorte de décharge électrique, bien qu'elle n'ait été ni douloureuse ni désagréable.

Bien que plutôt bel homme, Alexandre ne correspondait pas nécessairement au type de personne quim'aurait généralement tapé dans l’œil. Contrairement à mon mari qui était très grand avec unecarrure de sportif, des cheveux châtain et des yeux assortis, Alexandre devait me dépasser d'unedizaine de centimètres. Il avait un corps assez fin et un teint clair, des cheveux châtain foncé,presque noir qui retombaient en bataille autour de son visage dont le menton et les angles étaientbordés d'une courte barbe...

À vrai dire, je ne savais pas vraiment ce qui rendait son apparence perturbante, car il n'y avait riende « choquant » disons chez lui, et rien qui aurait pu créer en moi un quelconque sentiment demalaise... J'aurais pu le qualifier d'assez « ordinaire » finalement, ordinaire, bien que plutôtcharmant.

Il se dégageait cependant de lui quelque chose d'indéfinissable, quelque chose de beaucoup plus« obscur » d'une certaine façon, obscur et lumineux en même temps. Ou peut-être étaient-ce sesyeux... ses yeux pénétrants dont le bleu rappelait les profondeurs des océans.

Ce n'est que lors d'une entrevue ultérieure cela dit que je remarquai la véritable teinte de ses yeux,car il se produisit quelque chose d'assez bizarre lorsque nos regards se croisèrent pour la premièrefois, quelque chose de particulier que je ne savais pas vraiment comment expliquer d'ailleurs. C'étaitcomme si j'avais vu un cercle de lumière inonder ses iris durant un bref instant, nappant le bleu deses yeux d'un voile plus clair, presque translucide et je dirais même brillant, me faisant penser à ladouce clarté de la lune.

En fait, c'était comme si ses yeux avaient été peints d'une autre couleur que celle qui étaitréellement la leur, et cette sensation dura tout au long de ce premier face à face. C'était aussi commesi, à travers ce simple regard plongé dans le mien, il avait décoché une flèche et touché en pleincœur mon moi véritable, comme s'il avait pu toucher du bout des doigts tout ce qui avait été enfouiau plus profond de mon être, là où il n'y avait plus ni masque ni pudeur.

C'était un peu comme être mise à nue à travers ce simple contact anodin en apparence, alors qu'iln'y avait encore eu aucun échange de paroles, mais étrangement, face à lui je ne ressentis plus aucunbesoin de camoufler quoi que ce soit du véritable moi. Je me sentis immédiatement en confiance,sereine, comme si le fait de l'avoir en face de moi avait été tout ce qu'il y avait de plus naturel,comme si la pièce qui manquait à mon puzzle était enfin arrivée jusqu'à moi.

Sur le coup bien sûr, je ne me suis pas vraiment rendu compte de tout ça. Ce n'est qu'en revisitant cemoment un certain nombre de fois durant la nuit qui suivit, alors qu'il m'était impossible de trouverle sommeil, que je pus petit à petit poser des mots sur ce que j'avais ressenti, et ce moment, aussiordinaire qu'il aurait pu apparaître à un observateur extérieur n'eut de cesse de hanter mon esprittout au long des jours qui suivirent...

Je restai quasi silencieuse durant toute la réunion qui se déroula ce jour-là, exactement commeAlexandre resta silencieux de son côté. Nous semblions l'un comme l'autre coupés du monde. Aplusieurs reprises je surpris son regard posé sur moi, comme s'il était plongé dans une intense

www.laurezanella.com |17| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 18: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

réflexion. Son regard était tout ce qu'il y avait de plus sérieux, tout en étant profondémentbienveillant. Il y avait une sorte d'innocence dans ses yeux, comme s'ils avaient appartenu à unenfant dépourvu de toute malice, ne portant pas la moindre trace de fausseté ou de jugement.

Il n'était pas dans mes habitudes de dévisager les gens, mais j'avoue que je fus incapable de m'enempêcher et levai les yeux dans sa direction sans arrêt, et à chaque fois que j'osais le regarder, je letrouvais qui me regardait lui aussi.

A ce moment-là, mes coups d’œil qui n'avaient absolument rien de discret ou de furtif étaientempreints de curiosité, d'une sorte de fascination peut-être aussi pour la singularité qui se dégageaitde cet homme. Je ne crois pas m'être sentie attirée par lui à ce moment-là comme on se serait sentiattiré par quelqu'un pour qui on aurait eu un coup de cœur ou un coup de foudre, non. C'était unattrait d'une autre nature, comme si j'avais été face à une « curiosité de la nature » ou quelque choseque j'aurais trouvé agréable à regarder, sans pour autant qu'il y ait en moi la moindre arrière pensée.

En fait, je le regardais en cherchant sans m'en rendre compte ce qui, chez ce parfait inconnu quej'avais en face de moi, me semblait si familier...

Quel était donc ce sentiment étrange qui m'emplissait en sa présence ? Je n'eus la réponse à cettequestion que bien plus tardivement... En attendant, j'allais devoir affronter bien d'autresquestionnements, ceux qui commencèrent à jaillir de toutes parts dans mon esprit après cette brèveentrevue qui fut le point de départ d'un nouveau chapitre de ma vie... et jamais je n'aurais cru qu'unsi court moment passé en la présence d'un autre puisse venir bouleverser à ce point tout ce quej'avais cru en parfait équilibre durant bien des années avant son arrivée sur mon chemin...

www.laurezanella.com |18| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 19: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

5.

Cette nuit-là, j'eus beau chercher le sommeil, je ne le trouvai nulle part... Mes yeux fixaientdésespérément l'obscurité. Mes oreilles écoutaient le silence de la nuit et la respiration paisible deFranck à mes côtés. Malgré mon calme intérieur et le parfait déroulement de cette journée, je restaicomme figée intérieurement depuis la rencontre qui avait eu lieu ce matin-là.

Je n'arrivais même pas à penser. Mon mental restait silencieux, fixé obstinément sur l'image de cethomme qui semblait ne pas vouloir quitter l'écran qui se trouvait à l'intérieur de ma tête. Il m'étaitdéjà arrivé d'avoir un « coup de cœur » pour une autre personne que mon mari durant toutes cesannées passées auprès de lui, un coup de cœur en toute innocence où j'avais ressenti de l'intérêt pourune autre personne que celle qui partageait ma vie. Partant du principe que nous ne contrôlons pasnos émotions et que cette soudaine perturbation au sein de mon cœur n'avait rien d'un acte choisi etdélibéré allié à une quelconque volonté de trahir mon engagement, je m'étais simplement donné lapermission de ressentir ces émotions, acceptant ce qui se passait en moi sans chercher à y résister, ettout était rentré dans l'ordre rapidement.

Ça avait été comme laisser fondre sur ma langue un bonbon délicieusement parfumé, profitant dessensations agréables que ça générait dans l'instant, mais sans pour autant vouloir que quoi que cesoit change au sein de ma jolie petite vie, car jolie elle l'était en effet.

Ma relation avec Franck était stable et paisible, et même si mon cœur avait fait un léger bond dansune autre direction, j'aimais mon mari et j'étais heureuse d'être à ses côtés, même s'il y avait ce je-ne-sais-quoi que je continuais de chercher dans notre lien sans jamais encore être parvenue à letrouver. Je n'avais cela dit aucune envie d'aller voir ailleurs et je ne me posais d'ailleurs aucunequestion quant à cette éventualité.

Ici, cette sorte d'arrêt sur image que j'expérimentais par rapport à Alexandre me déstabilisait parceque je ne comprenais pas sa nature. C'était comme si cette image était restée collée devant mesyeux, sans pour autant que je sache quoi en faire. Il n'y avait pas la moindre parole, pas la moindrelégende explicative non plus... J'étais juste là, face à lui sur mon écran mental, et il ne se passaitrien. Je me sentais comme flottant dans l'espace, dans le vide, et pour une fois que mon esprit setenait tranquille, j'aurais presque aimé qu'il ait quelque chose à me dire tant ce silence intérieurdevenait pesant.

C'était comme si on m'avait laissé tout le loisir de me confronter à cet autre à la fois ordinaire ettellement singulier. Qu'avais-je donc à comprendre ? Qu'y avait-il au-delà de la façade pour que cemoment pourtant banal partagé au sein d'une même pièce prenne une allure aussi... aussi quoi aujuste ? Je n'arrivais même pas à le définir, moi qui avais pourtant l'habitude de jongler avec lesmots, voilà que je me retrouvais soudain muette...

J'étais partagée entre l'étrangeté des sensations qui me parcouraient et ce à quoi ça faisait écho enmoi, et le désir que je cultivais de voir les limites de ma vie rester bien sagement à leur place pour

www.laurezanella.com |19| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 20: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

qu'il n'y ait surtout rien qui vienne perturber le contrôle que je croyais avoir sur les événements quijalonnaient mon existence.

A quoi donc faisaient écho ces sensations étranges me demanderez-vous peut-être ? Eh bien çafaisait écho à quelque chose de beaucoup plus ancien, quelque chose qui avait émergé lorsque j'étaisencore une toute petite fille.... Le sentiment poignant qu'il y avait quelque chose que les yeux nepouvaient voir, quelque chose qui agissait dans les coulisses de nos vies en quelque sorte, et quis'efforçait de répandre la lumière sur l'obscurité... Quelque chose qui se chargeait d'arroserconstamment les petites graines qui existaient déjà en nous et qui ne demandaient qu'à éclore.

Et au-delà de cette force invisible dont je devinais la présence constante à mes côtés, j'avais toujourseu l'impression qu'il y avait là quelque part quelqu'un qui voyait ce monde à travers des yeuxsemblables aux miens, qui avait cette même conscience de la magie... Quelqu'un qui me ressemblaittout en étant différent de moi, tout en possédant tout ce qui pourrait compléter ce dont je disposaismoi-même, au plus profond de mon être.

J'avais toujours eu ce sentiment qu'à nous seuls nous n'étions pas tout à fait complets, comme sinous avions été la pièce d'un puzzle qui se serait composé de deux morceaux seulement, et qu'unautre être sur cette Terre aurait été l'autre moitié, cette autre moitié que certains passaient parfoisune vie entière à chercher, cette autre moitié sans laquelle on ne pourrait jamais se sentir tout à faitentiers...

Dans ma conception des choses, je me disais qu'un jour, lorsque l'une et l'autre de ces deux piècesseraient prêtes, alors la force invisible qui veillait sur nous tracerait une voie, un chemin pour nouspermettre de nous retrouver et de ne plus jamais être séparés.

C'était une perception bien romantique de la vie n'est-ce pas ? Une version de conte de fées commeen cultivent la majorité des petites filles sans doute... Mais, si ça n'avait pas été le cas ? Sifinalement ça avait juste été la vérité ? Je ne vous parle pas ici du mythe de l'amour absolu où toutest censé être beau et rose du début à la fin de l'histoire... Je ne vous parle pas d'un lien où il n'yaurait eu aucun obstacle, aucune difficulté, et où tout aurait semblé totalement évident à chaqueétape du parcours... Je vous parle plutôt d'une relation unique, extraordinaire, qui aurait été là pourpermettre à chaque morceau de ce Tout de plonger au plus profond de lui-même pour faire enfinjaillir sa plus belle lumière, comme si, pour épurer et nettoyer les dernières couches d'obscurité, ilavait été nécessaire d’œuvrer auprès d'un coéquipier très particulier, un coéquipier singulier, capablede nous renvoyer notre propre reflet à la perfection pour nous montrer toutes nos ombres et nosfailles, tout ce que nous n'aurions jamais cherché à voir autrement, afin de nous offrir l'opportunitéde libérer enfin ce fardeau, dans un sens comme dans l'autre.

Avec Franck, nous communiquions ouvertement, nous nous entendions vraiment bien et il y avaitbeaucoup de tendresse et d'amour dans notre histoire. Nous avions une vie intime agréable etvisiblement satisfaisante pour chacun de nous. Dans notre quotidien, nous étions à l'écoute de nosbesoins respectifs, nous prenions soin l'un de l'autre et ça se passait vraiment bien... Mais je doisadmettre aussi que malgré tous les moments heureux passés auprès de lui, il pesait par moment surmon cœur un sentiment de frustration, parce que j'avais toujours cherché une sorte de fusion, d'unitéabsolue ou l'un et l'autre n'aurions fait plus qu'un... comme deux êtres en un seul corps...

Faire l'amour était ce qui me rapprochait le plus de ce que je recherchais, mais je n'arrivais jamais àme sentir totalement reliée à mon mari. J'avais constamment cette sensation d'être toute proche du

www.laurezanella.com |20| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 21: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

but, et pourtant, je ressentais une sorte de pincement au cœur, même s'il était assez léger, comme unmalaise, un manque parce que j'avais parfois l'impression de ne pas être à ma juste place.

Comment expliquer l'inexplicable ? Je n'avais jamais parlé à Franck de cet aspect qui restait ensuspens, car je me disais aussi que c'était sans doute quelque chose à l'intérieur de moi-même quidevait fusionner d'abord en quelque sorte pour que j'arrive ensuite à fusionner avec l'autre, du moinsà atteindre ce sentiment de complétude que je n'arrivais pas à trouver dans ma relation avec Franck.Je me disais que « fusionner avec moi-même » était peut-être la clé pour que je puisse enfin faire larencontre d'un autre qui, ayant fait le même chemin intérieur, pourrait m'accompagner sur le cheminde l'union véritable au sein d'un couple.

J'ai longtemps tourné en rond à ce sujet, finissant par me dire que j'étais sans doute folle de guetterce quelque chose qui n'existait sans doute qu'au sein de nos songes, et encore... Je me suis dit sisouvent que je devais être trop rêveuse, trop romantique peut-être. Était-ce mon monde intérieur quidéteignait sur mes attentes et déformait ma conception de la réalité ?

J'avais pourtant la certitude que ce que je ressentais au fond de mon cœur n'avait rien d'imaginaire,mais après avoir rencontré Franck, j'avais plus ou moins fini par me résigner en me disant qu'ilfallait que je redescende sur Terre.

Pour en revenir à cette image fixe qui accaparait mon esprit, ayant déjà expérimenté le coup decœur pour un autre que mon conjoint, il me paraissait clair qu'il ne s'agissait pas de ça. C'était...différent... Tellement différent... mais j'avais peur néanmoins de ce qui pourrait se passer ensuite,car même si j'étais incapable de mettre des mots sur ce que je vivais à ce moment-là, il y avait cettepetite voix dans mon cœur qui me soufflait que peut-être, je venais enfin de trouver ce que j'avaistoujours cherché, et j'étais en fait encore très loin de me douter de ce que cette rencontre banale enapparence allait pour moi comme pour lui déclencher...

www.laurezanella.com |21| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 22: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

6.

Durant les semaines qui suivirent, je n'eus aucune nouvelle concrète d'Alexandre, et ne cherchai pasnon plus à en avoir. Je tentai de laisser aller ces impressions étranges et persistantes liées à notrerencontre et je fis en sorte de poursuivre ma petite vie bien tranquillement, me plongeant peut-êtreun peu plus encore que d'habitude dans mon travail.

On dit souvent que ce qu'on tente de fuir ou d'éviter se met à nous poursuivre avec d'autant plusd’assiduité, et c'est ce que je commençai alors à expérimenter avec de plus en plus de régularité.

Ce fut d'abord son prénom qui se mit à apparaître de tous les côtés, que ce soit au sein des articlesque je lisais, au sein de mes contacts professionnels, sur des panneaux publicitaires, à la radio, dansdes génériques de films, dans la bouche d'un enfant qui criait dans la rue le prénom d'un petitcamarade pour qu'il l'attende, et dans tellement d'autres lieux et circonstances plus surprenants lesuns que les autres encore... Et quand il ne s'agissait pas de son prénom, quelqu'un venait me parlerdes photos qu'il avait prises pour la mise en œuvre de notre projet ou alors je voyais quelqu'un dansla rue qui me rappelait ses traits ou son regard perçant...

Au début, ces drôles de coïncidences étaient plutôt espacées et je faisais en sorte de les zapper trèsrapidement, je m'efforçais de ne pas y prêter attention, et puis, au fil des jours, ça a commencé àdevenir de plus en plus insistant, comme si l'Univers cherchait à m'y ramener constamment.

J'en étais arrivée à sérieusement m'interroger sur ce qui pouvait motiver mon esprit à revenir encoreet encore à lui alors qu'on ne se connaissait même pas, mais je n'arrivais pas à trouver quoi que cesoit de rationnel dans ce qui commençait à ressembler à un véritable harcèlement. Si encore j'avaispurement et simplement fantasmé au sujet de cet homme, j'aurais su comment me dépêtrer de cettesituation, mais il n'y avait pas vraiment d’ambiguïté de cette nature dans mon positionnement...juste des pensées ou d'autres éléments extérieurs qui n'avaient de cesse de me ramener à lui.

Ce furent aussi des images qui commencèrent à apparaître dans mon esprit, des images qui n'avaientpourtant rien à voir avec celles que j'avais pu enregistrer dans la vraie vie. Je voyais de brèvesapparitions, de brefs morceaux de vie où Alexandre était là, avec moi, dans des lieux que je neconnaissais pas, en train de rire ou de me sourire, de me tenir la main, de me regarder comme s'ilpouvait plonger au plus profond de mon être et tout percevoir de qui j'étais véritablement.

Au bout d'un moment, je me suis dit que peut-être, j'étais en train de me projeter vers lui parce qu'ilreprésentait une sorte de bol d'oxygène au sein d'une existence qui était devenue un peu troproutinière à mon goût... Un inconnu avec quelque chose qui m'avait interpellée (même si je nesavais pas quoi) et qui venait trancher avec mon train-train quotidien. J'émis également l'hypothèsed'une crise de la trentaine tardive ou d'un malaise encore caché dans mon inconscient que j'allaisbientôt pouvoir mettre à jour et dissoudre grâce au trouble qu'avait généré en moi cet homme.

Comme je n'avais encore aucune idée de ce que cette rencontre signifiait en réalité (ou peut-être que

www.laurezanella.com |22| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 23: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

je ne voulais même pas y songer à cause de tout ce que ça impliquerait inévitablement) je meperdais dans des théories plus farfelues les unes que les autres (on aura qu'à dire que je procédaispar élimination :-)) parce qu'il y avait forcément à mon sens une explication rationnelle, quelquechose à comprendre sur ce qui se passait en moi, un nœud à défaire du côté de mes mécanismesintérieurs ou autre...

Et puis un matin, alors que j'étais confortablement installée à mon bureau pour répondre à descourriers de potentiels nouveaux partenaires professionnels, je sentis soudain une sorte de vagued'air, une vague qui était fraîche sans être froide, et qui transportait en elle une sensationbienveillante... Vous vous demanderez peut-être comment un simple souffle d'air peut apporter unsentiment tel que la bienveillance, et je n'aurais alors aucune réponse à vous fournir... Pourtant, c'estainsi que j'ai ressenti ce moment, et d'autres de même nature qui ont suivi.

Mon premier réflexe fut de me tourner vers les fenêtres pour voir si l'une d'entre elles était peut-êtreencore ouverte. Je me levai ensuite pour me diriger vers la porte de mon bureau et celle-ci était bienfermée elle aussi. En levant les yeux vers les arbres dans la cour du bâtiment, je pouvais voirclairement qu'il n'y avait aucun vent ce matin-là, et il n'y avait pas non plus de ventilateur oud'autres sources qui auraient pu générer ce mouvement d'air.

Par ailleurs, en me levant, m'éloignant ainsi de mon bureau, la sensation avait disparu, alors qu'enrevenant à ma place, je la retrouvai immédiatement, comme si j'entrais soudain dans une grandebulle dont la contenance aurait presque été palpable tout en étant invisible.

Il m'était déjà arrivé de percevoir des présences, notamment après le décès de certains proches, maislà, c'était comme s'il y avait eu physiquement quelqu'un d'autre dans la pièce, sauf que j'étaistotalement seule. Je ne ressentais aucune peur cela dit, car c'était comme être dans un cocon douilletqui aurait été empli de douceur... de douceur et d'amour aussi. C'était agréable et je dirais mêmeréconfortant.

Je suis restée un moment assise-là, à observer simplement ce qui se manifestait à moi, un sourirevenant tout naturellement s'inscrire sur mes lèvres accompagné du désir de rester dans cette bulle siapaisante.

Ce fut la sonnerie du téléphone qui finit par retentir et me fit en même temps revenir à la réalité. Jerestai néanmoins baignée tout au long de ma journée par cette sensation particulière qui commençaelle aussi à se produire de plus en plus souvent.

Ces drôles de phénomènes ne me quittèrent bientôt plus, et même s'ils me parurent bien étrangesdurant un temps, voire dérangeants, je finis par capituler et je me surpris même un jour àcommencer à les attendre, à guetter leur arrivée comme on guetterait celle d'un ami avec qui nousavions rendez-vous.

Bien que Franck et moi ayons toujours parlé ouvertement de tout, y compris d'expériencesparticulières liées au monde spirituel, j'avais décidé de garder tout ceci enfoui dans mon cœur, dansmon jardin secret, parce que d'une part, je ne savais absolument pas à quoi tout ceci rimait, et aussià cause de ce sentiment persistant que quelque chose de bouleversant était sur le point d'arriver, etque ce quelque chose risquait de venir tout balayer sur son passage, y compris mon lien avecFranck.

www.laurezanella.com |23| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 24: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

Ce furent environ trois mois qui s'écoulèrent ainsi jusqu'à ce qu'un jour, Alexandre réapparaissedans nos locaux... à ma demande...

www.laurezanella.com |24| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 25: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

7.

« Vous connaissez déjà Alexandre qui a participé à un projet précédent... Comme nous avons tousapprécié son travail, Dehla m'a proposé de le solliciter pour notre prochaine campagne vidéo. Nouspourrons inclure ses clichés dans le montage pour mettre l'accent sur les points les plus importantset donner de la profondeur au message... »

Jonathan était arrivé quelques minutes plus tôt pour l'une de nos habituelles réunions, amenant aveclui Alexandre qui resta quelque peu en retrait pendant que notre ami exposait avec enthousiasme augroupe ce dont nous avions parlé pour notre nouveau projet. Toute l'équipe accueillit avec joie lanouvelle, car nous avions effectivement tous beaucoup apprécié son travail.

Bien sûr, la raison qui m'avait poussée à parler d'Alexandre à mon collègue et ami n'était passeulement professionnelle. À dire vrai, tout ce remue-ménage (et méninges) et ces événementsbizarres qui me ramenaient constamment vers cet homme ne s'étaient pas dissipés avec le temps,bien au contraire, et cette situation était devenue vraiment pesante, et je dirais même assezdifficilement gérable.

J'en étais arrivée à un stade où je faisais régulièrement des insomnies, mon cerveau se mettant àcogiter de façon intensive au moindre réveil, et ensuite il n'y avait plus moyen de me rendormir. Lafatigue avait bien sûr tendance à ternir mon humeur et à me rendre moins productive, sans parler dumalaise grandissant que je sentais s'installer en moi jour après jour... Il ne m'était tout simplementplus possible de continuer comme ça. Toute cette histoire avait petit à petit viré à l'obsession et mespensées à ce sujet avaient commencé à s'immiscer partout, dans la moindre petite parcelle de monexistence.

Cet événement pourtant anodin qu'avait été cette rencontre était en train de m'affecter à un niveaubeaucoup plus profond que les habituels va-et-vient de la vie, et le pire dans l'histoire, c'est que jene comprenais même pas pourquoi je me sentais aussi déboussolée alors qu'il ne s'était rien passé departiculier et que je ne m'étais pas sentie attirée physiquement par cet homme. Nous n'avions pas eul'occasion d'échanger vraiment non plus, donc un « coup de foudre intellectuel » était également àexclure. Tout ça me dépassait complètement et n'avait aucun sens en fait... aucun sens à mes yeuxdu moins...

Plutôt que de continuer à attendre bien sagement un éventuel apaisement qui n'avait vraiment pasl'air de vouloir venir, j'avais décidé de prendre le taureau par les cornes et de trouver un moyen deme confronter directement à Alexandre pour voir si... En fait, je ne savais pas vraiment ce que jecherchais au juste à travers ma démarche, mais puisque tout me redirigeait constamment vers lui, jem'étais résolue à écouter cet appel intérieur et à voir où celui-ci allait me mener. Après tout, il avaitpeut-être quelque chose à apporter au sein de ce que je voyais comme ma mission de vie, cesmessages que je souhaitais transmettre au monde à travers tout ce que nous mettions en place dansnos projets, et l'Univers avait peut-être braqué le projecteur sur lui pour m'indiquer que cet hommeallait pouvoir contribuer d'une façon ou d'une autre à ce que je voulais concrétiser...

www.laurezanella.com |25| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 26: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

Je me suis donc décidée à suivre ces panneaux indicateurs, car c'était ce que je faisais généralementpour tout, mais là, ça impliquait trop d'inconnues à inscrire dans mon équation, aussi, il avait fallupasser par un véritable harcèlement intérieur pour que je finisse par capituler.

J'avais cherché de quelle façon je pourrais amener la chose, et vis-à-vis de lui, et vis-à-vis de mesamis, et puisque nous étions sur le point de débuter la mise en place d'un nouveau projet, l'occasionm'avait semblé idéale, car il s'agissait réellement d'une bonne idée que de faire intervenir cethomme qui avait visiblement une sensibilité artistique étonnante, ses clichés dégageant quelquechose de profond et d'authentique qui dépassait de loin la simple maîtrise technique de laphotographie. Ses clichés avaient une âme, et c'était sans doute ça qui me touchait autant dans sontravail.

Ce partenariat allait donc de toute façon être une bonne chose pour nous comme pour lui, et pour lereste, je m'étais dit que j'allais simplement observer en restant la plus détachée et neutre possible àtenter de comprendre pourquoi l'Univers brandissait constamment de grandes flèches pointant danssa direction alors que je faisais mon possible pour déloger l'image de cet homme de mon esprit.

Ce dernier justement cherchait constamment toutes sortes de conclusions « arrangeantes » quiseraient reliées uniquement au plan professionnel ou à d'autres aspects, disons, neutres de ma vie, cequi me permettrait de poursuivre bien gentiment le chemin suivi jusque-là. Je crois que je savaiscependant que je me mentais à moi-même, une part de moi étant consciente de quelque chosed'indicible, mais qui semblait vouloir remonter à la surface de la même façon qu'une bulle d'airremonterait du fond d'un bassin vers la surface de l'eau.

En fait, c'était comme si quelqu'un ou quelque chose avait été posé juste là, à côté de moi... J'auraiseu conscience de la présence de ce quelqu'un ou quelque chose, mais du moment que je ne posaispas les yeux dessus, je pouvais continuer à faire semblant que ça n'existait pas, vous voyez legenre ? Eh bien mon positionnement vis-à-vis d'Alexandre et de ce qu'il provoquait en moi étaitexactement celui-là. Je cherchais désespérément à ignorer ce que je percevais déjà tout au fond demoi en me disant que tant que je n'admettais pas la réalité de ces sentiments, je pourrais continuer àm'accrocher à ce qui avait été ma jolie petite vie jusque-là.

Je réagissais ainsi parce que j'avais peur... pas seulement, je crois, de ce que regarder la réalité enface pouvait impliquer par rapport à ce qui existait déjà dans ma vie, mais peur aussi de ce que jepressentais quant à la suite de mon chemin, chemin dont il ferait inévitablement partie...

Alors que notre invité vint s'installer à la grande table avec nous, prenant place sur le siège restévacant à mes côtés, je fus surprise et plutôt déboussolée à vrai dire par le sentiment qui m'emplit àce moment-là... Mon cœur se mit à battre un peu plus fort, et je me sentis comme soulagée, commesi le fait de le retrouver avait représenté un événement attendu depuis très longtemps, avec la plusvive impatience... L'avais-je finalement attendu sans même m'en rendre compte ?

Ce fut comme si sa simple présence avait émis une sorte de rayonnement, de douce chaleur melibérant soudainement d'un fardeau invisible que j'aurais transporté dans mon cœur depuis lapremière fois où nos chemins s'étaient croisés... ou peut-être que c'était depuis bien pluslongtemps... Et ce fut aussi à ce moment-là que je retrouvai une sensation désormais familière, toutà fait semblable à ce que j'avais ressenti ce jour-là, lorsque ce que j'avais en premier lieu pris pourun courant d'air s'était manifesté à moi.

www.laurezanella.com |26| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 27: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

J'avais beau avoir l'esprit ouvert, je restais une fois encore dans l'incompréhension la plus totale,décidant cela dit de faire preuve d'une sorte de curiosité pour voir ce qui allait en ressortir plutôt quede laisser certaines pensées chargées de peur me submerger.

Ce que je me dois de vous expliquer aussi, c'est cette sorte de décalage qui existait entre ce que jepercevais d'un point de vue « humain et terre-à-terre » pour ainsi dire, et ce quelque chose quiprovenait d'une partie beaucoup plus profonde de mon être.

C'était un peu comme si j'avais eu une double-vue sur la situation. Il y avait d'un côté le planconcret où je ne retrouvais rien de vraiment remarquable, de semblable à ce que j'avais pu connaîtretout au long de mon parcours et qui aurait pu me donner des indicateurs clairs quant à ce que jevivais, et puis il y avait le plan plus subtil avec toutes ces sensations, ces ressentis qui semblaientprovenir d'un autre monde, et qui, là, faisaient écho à quelque chose qui m'était familier et que jen'arrivais pourtant pas à définir avec des mots.

C'était comme être reliée à autre chose, à un élément mystérieux qui me dépassait complètement, etpourtant, je peux dire que ce qui se manifesta assez rapidement à moi également fut un sentimentd'être comme... rentrée à la maison... Il est parfois bien difficile d'exprimer un ressenti avec desmots, et c'est ici l'expression qui me semble coïncider le plus justement avec ce qu'a été mon vécude ces instants.

Je fis mon possible pour rester concentrée sur notre objectif du moment, tentant de réagir en étantaussi naturelle que possible, cherchant à ne rien laisser transparaître, mais ce que je remarquaisaussi, c'est que plus les minutes s'écoulaient, plus le sourire habituellement peint sur mon visages'amplifiait, et avec lui un sentiment de peur, d'appréhension je dirais, parce que j'avais consciencedu fait que le moment de voir Alexandre repartir approchait et je n'avais aucune idée de quand je lereverrais.

Mais qu'est-ce qui était donc en train de m'arriver ? Même si je vivais là une situation et dessentiments que je n'avais jamais rencontrés auparavant, il y avait au fond de moi cette petite voixqui criait de plus en plus fort que quelque chose d'important était en train de prendre vie, et que cequelque chose risquait de bouleverser ma destinée à tout jamais.

Ce fut aussi une sorte de douce nostalgie qui m'envahit petit à petit, comme quand on laisse défilerdans son esprit les souvenirs de moments heureux tout en sachant qu'ils ne pourront plus jamais êtreautre chose que des souvenirs...

C'était très étrange comme sensation, un peu effrayant aussi je dois dire à cause de mon manque decompréhension à ce sujet, et en même temps, je vous avoue que mon esprit était fasciné par ce quiétait en train de se passer. J'avais toujours été avide de nouvelles découvertes, toujours été grisée parl'appel de ce qui était inexplicable tout en portant un parfum de familiarité, aussi, cette porte quis'ouvrait sur l'inconnu excitait ma curiosité et provoquait même une sorte d'impatience en moi,comme lorsqu'on est enfant et qu'on s'apprête à vous emmener quelque part où vous avez toujoursrêvé d'aller.

Tout se mélangeait... Lorsque j'écoutais simplement mon cœur en me laissant porter par le moment

www.laurezanella.com |27| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 28: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

présent, je ressentais une sorte de langoureuse plénitude, un bien-être profond... mais lorsque monmental revenait à la charge et me laissait entrevoir que tout ce qui était en train d'émerger devraitêtre bien vite rangé au fin fond d'un placard sombre pour être oublié, c'était une douleur cuisante quicommençait à se manifester.

Je n'avais aucune envie de sortir de cette sorte de cocon dans lequel je m'étais sentie glisser, etpourtant, ma vie n'avait rien ni de fade ni d'accablant, bien au contraire.

Si encore j'avais été seule ou dans une relation de couple pesante... si encore j'avais baigné danstoutes sortes de difficultés cherchant désespérément à maintenir ma tête hors de l'eau... j'aurais alorspu comprendre. Mais je pouvais affirmer en toute sincérité que j'étais une femme plutôt comblée,choyée par la vie dans tous les domaines et aussi par l'homme qui partageait mon quotidien. Alorsqu'est-ce que c'était ?

Étais-je en train de tomber amoureuse d'un autre homme ? Non pas pour combler un vide ou unmanque, mais juste pour qui il était, pour ce quelque chose qui se dégageait de lui et qui mebouleversait, pour une raison que mon esprit était incapable de comprendre ? Mais l'amour est-ilseulement quelque chose qui peut être compris... Ne dit-on pas que l'amour a ses raisons que laraison ne connaît pas ? L'amour ne peut être perçu avec la tête... Il ne peut l'être qu'à travers lecœur...

Et si vraiment il s'était agi d'amour, alors pouvait-on aimer deux hommes à la fois ? Car s'il y avaitbien une chose dont j'étais certaine, c'était que j'aimais toujours mon mari. J'avais toujours penséque nous avions bien assez d'amour dans notre cœur pour pouvoir aimer le monde entier, alors,après tout, pourquoi aurait-il fallu ranger le domaine amoureux dans une case à part ?

Pourquoi aurait-il fallu cesser d'aimer quelqu'un pour pouvoir ensuite seulement offrir son amour àquelqu'un d'autre ? À moins que ce fut notre conception même de l'amour qui ait été déformée parrapport à ce qu'il était en réalité... Se pouvait-il qu'on confonde amour et besoin, amour et désir,amour et... tout ce qu'on aurait pu chercher dans une relation de couple ? Que ce qu'on appelaitusuellement de l'amour eut plutôt été le fait d'attendre de l'autre qu'il comble le vide à l'intérieur denous ?

« Je te dis que je t'aime, mais en réalité, j'estime avoir besoin de toi, j'attends de toi que tu comblestous mes besoins et que tu m'apportes en retour au moins autant que ce que je te donnerai... » Était-ce ça, notre version habituelle de l'amour ?

Et si, pour accéder enfin à l'Amour inconditionnel, la clé avait été de se contenter d'aimer sansattendre quoi que ce soit de l'autre ? L'amour n'est-il pas quelque chose qui se déroule dans notrecœur, quoi qu'il se passe en face de nous ? Faut-il qu'il y ait une quelconque garantie ou même unequelconque interaction pour pouvoir aimer ? Ou ce sentiment émerge-t-il de toute façon, pour desraisons souvent inconnues, mais bel et bien vivant malgré tout, quoi qu'il se passe d'un point de vueextérieur ?

Aimer du plus profond de son cœur, parce que c'est la seule façon de se sentir véritablement relié àsoi, parce que c'est la seule façon d'être pleinement heureux... et libre aussi. En aimantvéritablement nous nous libérons nous-mêmes et nous offrons cette même liberté à l'autre.

Est-ce vraiment de l'amour que de vouloir enfermer l'autre, de vouloir qu'il reste à tout prix auprèsde nous et qu'il nourrisse nos besoins jour après jour ? Est-ce vraiment de l'amour que d'exiger quoi

www.laurezanella.com |28| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 29: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

que ce soit de l'autre ?

C'est ce que la majorité des gens à notre époque appelle « amour », mais je dois dire que cettedéfinition ne correspondait plus à ce que je désirais incarner et vivre à présent.

Avec Franck, nous nous débrouillions plutôt bien pour avancer sur des bases stables et équilibrées,ayant tissé une relation faite de confiance et de complicité, mais il faut dire aussi que c'était aisé deressentir de l'amour quand tout était aussi facile et que rien au sein de la relation ne venait vraimentnous bousculer.

Continuer à aimer malgré les blessures, malgré le rejet ou toute autre situation douloureuse qu'onpourrait expérimenter aurait été d'une tout autre difficulté, et peut-être était-ce là qu'on pouvaitréellement mesurer la force de notre amour et son authenticité...

Continuer à poser un regard profondément bienveillant sur l'autre même quand il ne répond pas ànos attentes, même quand il met en lumière nos failles et appuie sur nos blessures est peut-être leseul chemin qui permette réellement de savoir qu'on est entré dans l'amour inconditionnel, dansl'amour avec un grand A, et je n'imaginais pas à ce moment-là à quel point on allait me donner lapossibilité de valider par moi-même mes réflexions et interrogations à ce sujet...

www.laurezanella.com |29| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 30: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

www.laurezanella.com |30| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Vous voilà arrivé au bout des 7 premiers chapitres de cet ouvrage.

La version intégrale de ce livre est accessible en édition papier et enversion Kindle sur les sites Amazon de tous les pays :https://amzn.to/2KeQkSa

**Amazon propose une application gratuite pour lire les ebooks Kindledepuis votre ordinateur, tablette, ou smartphone. Téléchargement del'application sur la page de n'importe quel ouvrage Kindle**

Si cet ebook vous a plu, vous pouvez partager librement ce document avecvos proches ou l'offrir aux visiteurs de votre site internet ou blog àcondition que ni son contenu ni le titre du fichier ne soient modifiés.

Toute reproduction, même partielle, de cet extrait ou de sa versioncomplète est interdite sans autorisation de l'auteur.

Page 31: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

Liens

Blog officiel de Laure Zanella : www.laurezanellacoaching.fr

Site de Laure : www.laurezanella.comCoaching intuitif, Guidance Spirituelle et développement personnel, consultations par mail, formations enligne et programmes en accès immédiat sur les thèmes Confiance en soi, Prospérité, Trouver le partenaireidéal, etc.

Page Facebook « Transformez votre vie – Laure Zanella » : https://www.facebook.com/transformezvotrevielaurezanella

Chaîne Youtube : Laure Zanella Coaching

Les publications de Laure

Dispos en livres et ebooks : Transformez votre vie La Vie, etc . « Transformez votre vie » La formation - 40 Etapes pour maîtriser la loi d'attraction Différent et Heureux Assainir et booster ses finances : Techniques concrètes et pratiques pour ne plus être esclave

de son argent ! Confiance en soi, Amour de soi, Estime de soi – Pour apprendre à s'aimer et prendre

conscience de sa véritable valeur

30 jours pour changer ! 14 méthodes toutes simples à appliquer au quotidien pour une vieremplie de Joie, de Satisfaction et de Sérénité

Libération émotionnelle - Pour se défaire des souffrances du passé et faire entrer plus de joiedans sa vie !

Je dis Oui à la Prospérité – 40 étapes vers la liberté financière

Le Bonheur n'est souvent qu'à un pas – Roman

Le haut, le bas et l'eau (delà) – Roman

Petites graines de Lumière

Petites clés pour être + heureux au quotidien

www.laurezanella.com |31| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants

Page 32: |1|€¦ · N'est-ce pas là finalement ce qui ... C'est sans doute aussi l'un de nos sujets de conversation favoris, du moins pour nous les femmes, ... et c'est ce qui est arrivé

Vos croyances créent votre réalité – Transformez vos histoires pour transformer votre vie

Parce que je me suis souvenue de toi mon Amour... - Roman

Cet autre, en toi... - Roman

- Comment l'amour est finalement arrivé jusqu'à moi.. . - Roman

Dispos exclusivement en ebooks : - Transformez votre vie grâce à la loi d'attraction N°1 - Aller vers la prospérité financière -- Transformez votre vie grâce à la loi d'attraction - N°2 Avancer vers des relations harmonieuses etépanouissantes - Transformez votre vie grâce à la loi d'attraction - N°3 Bien-être, Santé et reconnexion avec sasource intérieure - Transformez votre vie grâce à la loi d'attraction - N°4 Se réaliser et s'épanouir professionnellement- Amour de soi – Amour de l'autre : Sortir des mécanismes destructeurs qui nous mènent au conflitpour créer un monde de Paix, en soi, et tout autour de soi

L'ensemble de ces livres et ebooks sont disponibles sur tous les sites Amazon. Pour les versionsebook, Amazon propose une application gratuite pour lire le format Kindle depuis votre ordinateur,tablette ou smartphone. Vous pouvez par ailleurs recevoir un extrait gratuit de chaque ebook Kindledisponible sur leur site. Certains extraits au format PDF sont également à votre disposition sur lesite de Laure www.laurezanella.com

Les liens indiqués ci-dessus conduisent aux pages des ouvrages sur Amazon.fr. Tous les livres etebooks présentés sont cela dit disponibles également sur les sites Amazon de tous les autres pays.

www.laurezanella.com |32| © Tous droits réservés - Laure Zanella 2018 et suivants