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Le canard qui vous fait du bien n°4 - Du 12 au 19 février 2015 DOSSIER banditisme tradition lyonnaise

10 du Mat n°4 du 12 février 2015

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Sommaire : - Dossier Banditisme, une tradition lyonnaise - E-sport, discipline en devenir - Fort de Vaise côté coulisses - Jean-Laurent Nectoux, tout schuss

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Le canard qui vous fait du bien

n°4 - Du 12 au 19 février 2015

DOSSIER banditismetradition lyonnaise

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Oyez, oyez

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OURSEdité à l’ISCPA Lyon

47, rue Sergent-Berthet, Lyon 9ème.

Téléphone : 04 72 85 71 76.

Directeur de publication Isabelle Dumas

Rédacteur en chef Lorenzo Calligarot

Secrétaire de rédaction Arthur Vernassière

Maquettiste Léna AilloudRédacteurs Léna Ailloud, Lizzie Carboni, Léa Cardinal, Martin Casa-matta, Garance Cherubini, Guillaume Fradin, Alexandre Festaz, Romaric Haddou, Irchade Kari, Benjamin Logerot, Antoine de Longevialle, Eléonore Ribes, Corentin Vaissière, Arthur Vernassière, Déborah Zago

Contacter la rédaction : [email protected]

Retrouvez-nous sur le web : www.10dumat.iscpalyon.fr Photo couverture : © Paris Match

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Pourquoi le banditisme nous fascine ?

Le banditisme. Il est partout, squatte les « enquêtes » quotidiennes de la TNT, envahit les journaux, suscite l’admiration des plus jeunes. Dans les cours d’écoles, peu se pressent pour prendre le rôle du gendarme. On préfère s’identifier aux grands bandits, à ceux qui

affrontent la loi. Jacques Mesrine, Francis le Belge, Albert Spaggiari, le gang des Postiches, Antonio Ferrara ou plus récemment Rédoine Faïd. Ces histoires sont connues de tous et captivent même les plus grands policiers. En France, à Lyon, une fracture semble pourtant se dessiner. Loin de vouloir tomber dans la caricature, le milieu à l’ancienne, les parrains, avaient tendance à voler pour se révolter contre le système. Vivaient entre eux, flambaient, n’ont jamais eu de compte en banque. Aujourd’hui, c’est la nécessité qui fait office de Pôle Emploi du banditisme. La détermination est un terme qui revient souvent pour décrire ces nouveaux braqueurs, issus de milieux modestes. Accumuler un maximum d’argent, le mettre à l’abri, est une philosophie et les quelques années de prisons font partie du « contrat de travail ». Dès 1996, dans « Le Crime Paie » les rappeurs Booba et Ali décrivaient cette situation sans angélisme ni apologie : « Dans mon quartier, les frères ont le même emploi, seul le crime paie et la nuit, ils se déploient, mais qu’est-ce que tu croyais ? Qu’on allait rester là à se laisser noyer ? Voyons, ici chacun avance selon ses moyens […] Comment mépriser l’argent quand tu n’en as pas ? Le crime est un piège, mon Dieu j’ai mordu l’appât ».Nous avons tenté dans ce magazine de conter l’histoire du banditisme Lyonnais, de prendre du recul et à travers des témoignages forts, d’analyser son évolution. Du gang des Lyonnais, à celui des souris vertes, de l’invention des go-fast, aux braquages derrière la frontière Suisse, nous avons entrepris de vous expliquer un phénomène global, trop souvent cantonné aux rubriques faits divers.

Lorenzo calligarot

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la tronche de la semaine

CHAPEAU BAS en jeuxde société

le sportifdu dimanche

La pelote basque à Lyon p.13

retour vers le passé

c’est passé à la trappe

ecran total

Jean-Laurent Nectoux, tout schuss p.10

ça fait jaser Lyon, histoire de caïds p.4-5

Interview : Richard Schittly, journaliste

judiciaire p.6

Study life : l’agence qui fait bouger le monde

étudiant. p.7

le jugement dernier

Iran : le retour des mal-aimés p.11

Guerre Froide, épisode 2 p.11

©DR

L’e-sport, un sport en devenir. p.8

Lavoir Public assure son avenir. p.9

photomaton

Dans les coulisses historiques

du Fort de Vaise p.12

Adam recherche Eve sur D8 p.14

Chronique : L’Eglise se féminise p.15

Photo de la semaine : tops grande taille p.14

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Certains n’hésitent pas à considérer Lyon comme un épicentre. Le milieu des mi-lieux. En 2011, à la sortie de son film

sur le Gang des Lyonnais, le réalisateur Olivier Marchal parle même du « berceau historique du grand banditisme ». Le Gang des Lyonnais, c’est justement le symbole d’une période faste pour le milieu local : les années 70. Cette décennie et ceux qui choisissent de la traverser en marge des lois offrent à la ville le surnom bouillant de « Chicago-sur-Rhône ».

Les gangs banquentA l’époque et comme depuis les années 20, Lyon se distingue par une spécialité bien précise. Laissez les quenelles de côté, il est ici question de braquages. Dans les années 50, les frères Buisson sont déclarés enne-mis publics, notamment après le hold-up du Crédit lyonnais de Troyes en 1937. Plus tard, c’est au tour du Gang des Lyonnais de bâtir sa légende en même temps que sa fortune. Plus de 35 braquages entre 1970 et 1974 et

le rutilant « coup du XXème siècle » à l’Hôtel des Postes de Strasbourg le 30 juin 1971. Le genre de lauriers qui, dans le milieu, fleu-rissent facilement un C.V. Des noms emblé-matiques et des actions d’envergure, voilà comment Lyon s’illustre. Une forme de ban-ditisme dont l’épitaphe s’écrit en partie le 30 mars 2006. Ce jour-là, après trois ans de vols aggravés, le Gang des Souris Vertes manque son coup. A l’arrivée des policiers, Laurent Cocogne, l’un des deux chefs du groupe, se donne la mort. Avec lui, c’est une image qui s’éteint. Celle d’un banditisme à l’ancienne, fait de ruses, voire de respect. « A l’époque, quand les bandits étaient pris, ils assumaient », confirme Richard Schittly, journaliste po-lice-justice au Progrès. Maintenant, le rap-port avec les forces de l’ordre a changé, ils veulent échapper à tout prix à la police ».

Liaisons dangereusesLes méthodes aussi ont changé. « Les bra-queurs sont toujours représentatifs de

l’évolution de la société, affirme l’avocat pé-naliste David Metaxas. Aujourd’hui, l’accès à la violence et aux armes automatiques est plus facile. Comme je le dis souvent, « on a les braqueurs qu’on mérite ». Mais les bra-quages ne sont plus aussi lucratifs qu’aupa-ravant. Peu à peu, les caïds ont donc délaissé l’hyper-centre. Devenu trop sécurisé, il a fallu trouver un autre endroit facile d’accès et peu contraignant. La Suisse s’est révélée parfaite. A une heure et demie de route, voire beau-coup moins en grosse cylindrée, les bords du lac Léman deviennent le paradis des bra-queurs lyonnais. Depuis 2008, et l’entrée de la Suisse dans l’espace Schengen, les contrôles aux fron-tières sont rares. Et les malfrats connaissent les Suisses. Moins de systèmes de sécurité, moins de méfiance, bref, l’endroit idéal pour aller faire ses courses. Kiosques, bureaux de change, voitures de luxe, tout y passe. Et pour se donner les moyens de réussir, l’artillerie lourde est de sortie : kalachnikovs, explosifs,

Banditisme : Lyon avance cagouléeRéputée et admirée pour ses lumières, Lyon n’en est pas moins reconnue pour sa part d’ombre. Au jeu de ceux qui froncent le plus les sourcils, les gones rivalisent

historiquement avec les caïds parisiens, marseillais et corses. Même si le banditisme a beaucoup changé avec les époques, il fait toujours partie de l’ADN de la ville.

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La police arrive sur les lieux après le braquage de global cash © le monde

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meules. Fin 2010, un groupe de malfrats prend d’assaut une banque de Collonge-Bellerive, près de Genève, puis quelques jours après, c’est une bijouterie dans le canton de Vaud, qui est attaquée. Les suspects retiennent en otage une des locataires de l’immeuble. Pas assez préparés, pas assez expérimentés, ces jeunes n’hésitent plus à tirer avec des engins qu’ils ne maitrisent pas. « Certaines attaques n’ont ni queue ni tête, il y a une diminution des objectifs, constate David Metaxas. Jouer sa vie pour un bra-quage, ça ne leur pose pas de problème, c’est un choix désespéré ». Les forces de l’ordre des deux pays ont mis un certain temps à col-laborer, une aubaine pour les braqueurs qui pouvaient rentrer au bercail en toute impu-nité. Mais depuis 2009 et l’accord de coopéra-tion de police libérale, les choses sont moins aisées. Entré en vi-gueur en juillet, il auto-rise les polices suisse et française à travailler ensemble et à poursuivre un automobiliste au-delà de la frontière.

Stupéfiante révolutionUn élément, surtout, est venu bouleverser le

banditisme français et mondial : la drogue. Et pour acheminer les centaines de kilos qui inondent la ville chaque semaine, une spé-cialité locale, encore : le go-fast. Profitant des accords de Schengen, de grosses cylin-drées acheminent le chargement, essentiel-lement depuis l’Espagne et les Pays-Bas. En constante évolution (aujourd’hui, le go-slow est très prisé également*), la technique serait née dans les cités de l’Est lyonnais. Elle ne manque pas d’alimenter les fantasmes et les

rubriques de faits divers. Le 31 juillet dernier, quatre jeunes étaient interpellés à leur arri-vée dans le Rhône avec 850 kilos de canna-bis en provenance d’Espagne. Des quantités énormes qui ont, depuis longtemps, élevé le

banditisme au rang de business à part entière. Et pour le tenir, les tauliers du milieu tradition-nel ont cédé la place aux parrains des cités. Qui, à en croire Richard Schittly, n’hésitent pas à se mettre au vert pour ne pas finir à l’ombre : « Aujourd’hui, ils recherchent des endroits très retirés, ils partent dans des hameaux, des maisons de campagne… ». Malgré tout, dur de gagner à tous les coups. Les murs des maisons d’arrêt servent alors de trait d’union entre deux générations de caïds qui n’ont

que peu de points communs. « La prison est l’école du crime, c’est là que se joue les contacts, souligne Richard Schittly. Pour ceux que j’ai rencon-trés, elle a toujours eu un impact et il n’est pas positif ».

Léa Cardinal, Benjamin Logerot,

Guillaume Fradin et Romaric Haddou

* Le go-slow prône une méthode opposée au go-fast. Il s’agit de fondre le convoi dans la masse en recrutant par exemple un jeune couple qui transportera la drogue lentement, sans attirer l’attention.

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trois questions à André « Dédé » Boiron, ancien criminel, qui a passé 35 ans en prison.

Richard Schittly dit que les criminels des années 70, lorsqu’ils étaient pris par la police assumaient complètement et que maintenant les jeunes tentent à tout prix d’échapper à la police. Que constatez-vous ?Oui on assumait même si le mieux était encore de ne pas se faire choper (rires). On respectait même les gardes de la prison, on les vou-voyait. Ca a changé aujourd’hui. Oui les jeunes sont prêts à tout pour ne pas aller en taule, c’est sûr. Mais en même temps, avoir fait un séjour à l’ombre c’est un signe de respect et de force pour eux. Ils rentrent dans leur quartier, plus importants qu’ils ne l’étaient auprès de leurs potes.

Et celui qui arrive à s’en sortir, à ne pas se faire attraper ?Il y a plus de méfiance alors. Les autres peuvent se mettre à croire qu’il est un indic. Il serait même moins respecté qu’un mec qui sort de prison.

Dans ce cas-là, qu’est-ce qu’il peut se passer pour lui ?Tout simplement il voudra faire comme les copains. Il fera plus de coups et finira par se faire choper. C’est très con mais c’est comme ça. C’est encore pire s’il est influençable, plus faible. Ses potes vont s’en apercevoir et en tirer profit. Après, si le mec est chopé il sera content, il retrouvera ses potes à l’ombre. Quand il sortira il aura gagné le respect comme je le disais tout à l’heure. Il aura le respect mais il sera raide, sans le sou quoi, donc il commettra encore des délits…

Retrouvez l’interview complète sur www.10dumat.iscpalyon.com

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Le gang des lyonnais a fait la une des journaux dans les années 70. © DR

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Dans votre livre L’Histoire vraie du gang des Lyonnais , vous parlez de la guerre des anciens

et des modernes. Comment l’expli-quez-vous ? Les méthodes des braqueurs évoluent par rapport à la société. Chaque caractéristique correspond à chaque époque. Dans les années 70, le gang des Lyonnais était structuré, il y avait des chefs de gangs qui faisaient respecter leur pou-voir. Tout le travail se faisait en amont, avec une prépara-tion minutieuse. Ces années ont aussi vécu la création des agences bancaires, les bra-queurs s’adaptaient donc à ce terrain de jeu. De nos jours, on remarque qu’ils sont plus jeunes et les équipes se font et se défont très vite. Il y a plus de rivalités et de concurrence, c’est le reflet d’une époque où l’on veut tout, tout de suite. Marquer les esprits et faire du spectaculaire, telle est leur motivation. Avant, les braquages se déroulaient dans la discrétion, il fallait réussir son coup dans les meilleures conditions.

Que constatez-vous quant aux profils des braqueurs ? Sont-ils « identiques » depuis les années 70, période phare du banditisme lyonnais ?Les bandits ont toujours été originaires des banlieues ou des périphéries lyonnaises. Beaucoup l’ignorent, mais dans les années 50, le Vieux Lyon était un haut lieu du bandi-tisme, ça a duré un temps puis le milieu a re-flué du centre-ville. Aujourd’hui, on constate une émergence de la population maghrébine, qui vit dans les cités, il ne faut pas avoir peur de le dire. C’est de là que s’échangent les tuyaux, comme pour « l’équipe à tiroirs » de Global Cash en 2010, des équipes de diffé-rente composition qui ne communiquent pas

vraiment entre elles. Je ressens une sorte de violence et de haine chez les jeunes bandits d’aujourd’hui, qui connaissent un sentiment de rejet depuis l’enfance et viennent de mi-lieux particulièrement difficiles. Le milieu a toujours recruté dans les franges pauvres de la société.

En 40 ans, le rapport aux armes a lui aussi bien évolué. Quelle(s) constata-tion(s) faites-vous par rapport à cela ? Contrairement à ce qu’on peut penser, les anciens bandits étaient bien équipés. Il y avait déjà des fusils mitrailleurs, des armes importantes, mais les gangs, souvent com-posés d’anciens militaires de la guerre d’Al-gérie (comme le gang des Souris vertes), savaient manier les armes. A présent, les armes viennent des pays de l’Est, comme les Balkans ou l’ex URSS, ce sont essentiellement des kalachnikovs. Il y a quelques années, des braqueurs de Saint-Genis-Laval avaient tiré malencontreusement dans leur voiture et avaient impacté le véhicule. Cela montre leur manque d’expérience.

Depuis plusieurs années, la drogue a fait son apparition et constitue un vrai business. Quel rôle ce trafic a-t-il joué au sein du banditisme ?A partir des années 90, l’arrivée de la drogue a modifié la donne. Pour moi, le trafic de stup’ est en plein développement et la police n’ar-

rive pas à y faire face, des kilos rentrent chaque se-maine mais passent entre les mailles du filet. Ces deux dernières années, on dénombre 5-6 règle-ments de compte et ce n’est pas normal. Face à cela, un réseau albanais est en train de se consti-tuer en Rhône-Alpes. Le problème, c’est que le démantèlement demande du temps et des moyens. Ils apprennent de plus en plus à déjouer les tech-niques d’enquête et la police judiciaire.

Quelle affaire de ban-ditisme vous a particulièrement mar-qué ? J’ai été frappé par la série de braquages qui a eu lieu entre 2010 et 2012, à Lyon. Il y avait une sorte de défi de leur part, envers les forces de l’ordre. L’équipe se composait d’une vingtaine d’individus au total, et ils agissaient à quatre ou cinq. Chaque matin, on avait droit à une nouvelle attaque à main armée dans différents commerces de la ville. Nous étions alors confrontés à l’émergence d’une nouvelle génération, qui préparait ses coups plus vite, parfois la veille, sans réelle organisation. Pour avoir discuté avec des anciens voyous, je trouve qu’ils sont plus charismatiques et il y a une forme de res-pect qui s’impose. Les jeunes d’aujourd’hui se montrent agressifs et nous voient comme des ennemis.

propos recceuillis par léa cardinal

« Les jeunes d’aujourd’hui ont plus de haine »Journaliste « police-justice » au Progrès depuis 2000, Richard Schittly a eu le temps d’analyser l’évolution du banditisme à Lyon. Entre les années 70 et aujourd’hui, les méthodes n’ont plus

rien à voir. Il revient sur son parcours et ses anecdotes pour 10 du Mat.

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richard schittly s’occupe des afffaires judiciaires depuis 2000 © Léa Cardinal

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Une vie étudiante à petits prixIls sont jeunes et ont l’esprit un peu fou. A 22 ans, Jérémy et Ceylan ont lancé leur

propre agence événementielle et de voyage pour étudiants. Petits séjours en Europe, week-ends au ski et grosses soirées sont en perspective pour 2015.

Stendhal a dit : « Ce que j’aime dans les voyages, c’est l’étonnement du re-tour. » En 2013, de retour du Canada

où ils étaient en stage, Jérémy et Célian ont voulu prolonger les bonnes choses qu’ils ont décou-vertes là-bas, à commencer par une organisation qui les a faits voya-ger de Montréal jusqu’en Floride, en passant par New York et Las Vegas. «Quand on est étudiant, on a tou-jours cette envie de voyager, mais on n’a pas forcé-ment le budget. Ce road trip amé-ricain, on n’aurait pas pu le faire sans l’entreprise organisa-trice», explique Jérémy, co-fondateur de Stu-dy Life. Les deux jeunes hommes voulaient continuer à faire des rencontres, et surtout à voyager à des coûts abordables. Ils ont donc ramené l’idée dans leurs valises. « On veut promouvoir une vraie vie sociale étudiante et faire dans l’originalité », confie-t-il. Pour en arriver là, les deux complices ont dû démar-cher prestataires et sponsors, une étape pas toujours évidente, quand on sort tout juste

des bancs de l’école. « Notre force, c’est qu’on est toujours plus ou moins étudiants, donc on sait ce que les gens veulent », ra-conte Jérémy.

Avec ce projet, les deux amis souhaitent rassembler tous les cursus et tous les hori-zons possibles, pour ne laisser personne de côté. Apéros, interventions dans les écoles et soirées branchées : Jérémy a ses entrées partout dans le monde étudiant, et s’en sert pour se faire connaître. « On a plus la dé-marche d’association que de société. On a la chance d’avoir un bon réseau grâce à nos amis, donc on s’en sert pour travailler. »

Des projets de grande envergureÀ seulement 22 ans, et avec une société encore toute jeune, les idées et les projets

pour l’avenir sont à la hauteur des rêves de jeunesse de Jérémy et ses amis. Leur premier gros événement s’est déroulé la semaine dernière, avec un bubble contest de football inter-écoles. Le tout clôturé par la pres-tation d’un duo de DJ venus de Berlin, spécialement pour l’occasion. « Ce sont des jeunes en pleine ascen-sion en Allemagne, c’est aussi pour eux l’opportunité de

se faire connaître ailleurs. Eux peuvent en-suite nous mettre en relation avec d’autres personnalités de ce milieu là », explique le jeune homme. Organisation de gala pour des écoles, ou encore d’olympiades inter-étu-diants à l’échelle nationale : voilà les grands événements que Study Life projette de réali-ser. Le tout agrémenté d’originalité, et sur-tout de beaucoup de travail et d’envie.

lizzie carboniSite : www.studylife.fr

chapeau bas

Jérémy et Célian sont amis et jeunes fondateurs de Study Life © Jérémy paille

les petits pas d’un débutantJérémy a été diplômé en juin 2014 et a créé Study Life seulement quatre mois après. « J’ai fait un DUT, un diplôme très général, car je ne savais pas du tout ce que je voulais faire après », explique-t-il. D’abord tenté par une carrière dans la finance et l’économie, il s’est vite rappelé son idée, inspiré de son voyage étudiant. « Je voulais continuer sur un bachelor, mais mes dossiers n’ont pas été retenus ». Un mal pour un bien, finalement. Célian, de son côté, est toujours en études, et est un précieux pion dans l’échiquier de Study Life.

Des ambassadeurs étudiantsPour aider Study Life à se développer, des ambassadeurs font la promotion de l’association au sein de leur réseau personnel. Rien ne les y oblige, mais en contrepartie, Jérémy leur propose des en-trées gratuites aux soirées. Mais Study Life sait aussi se faire valoir en dehors des frontières de l’Hexagone. « On a un ambassadeur à Londres et un autre à Berlin. Ils nous aident à prendre contact avec des gens sur place pour l’organisation de voyages ou autres », explique Jérémy.

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Le rendez-vous était donné à Rilleux-la-Pape aux joueurs de League of Le-gends, véritable hit-parade des jeux sur

internet. Dans ce jeu, deux équipes de cinq s’affrontent par PC interposé pour détruire la base adverse. Eclairés par leurs écrans, les joueurs doivent allier jeu d’équipe et talent individuel. Les claviers et souris sont maltrai-tés par les doigts de ces athlètes 2.0. Oui, des athlètes, car League of Legends a pris de telles proportions que certains de ses adeptes peuvent désormais en vivre. En effet, grâce au streaming (le fait de diffu-ser sur Internet ses propres parties), les joueurs attirent de plus en plus de fans. Par-fois, on peut compter en di-zaines de milliers le nombre d’internautes qui regardent leur champion en direct. Par exemple, la finale mondiale 2013 de League of Legends a attiré 32 millions de spec-tateurs sur le Web. Devant ce nombre croissant d’inter-nautes, les diffuseurs de vidéos, comme You-Tube, Dailymotion ou Twitch, se bagarrent à coup de milliers de dollars afin d’obtenir les services des joueurs les plus cotés. Mais les champions attirent aussi l’œil de spon-sors, de plus en plus prestigieux, comme Kévin Remy dit « Tweekz », commentateur de League Of Legends, nous l’explique. « De plus en plus d’entreprises ont trouvé un inté-rêt dans l’e-sport. Désormais, les sponsors, ce ne sont plus seulement des entreprises d’informatiques, mais on trouve aussi des géants comme Samsung, Red Bull ou encore Coca-Cola. » Ajoutez à cela des tournois de plus en plus nombreux, avec des récom-penses financières toujours plus élevées, et vous comprenez pourquoi l’e-sport voit sa popularité et sa visibilité augmenter de jour en jour.

« L’écart se réduit avec les athlètes » Comment définir un e-sportif ? Leo « Lou-net » Maurice, membre de l’équipe Thunder-bot Sparta (une des meilleures françaises), et joueur professionnel, nous livre sa dé-finition : « Un e-sportif, c’est un passionné qui se consacre à 100 %, voire plus, à son jeu. Forcément, il doit aimer la compétition, mais maintenant il faut aussi savoir l’allier au streaming. » Comme un sportif de haut ni-veau, il a aussi des horaires d’entraînement

personnalisé à suivre. « L’entraînement nous permet d’essayer des choses, mais surtout d’améliorer notre cohésion d’équipe. Après, on a aussi un entraînement individuel où on répète nos basiques. » Pour Tweekz, « l’en-cadrement » a aussi beaucoup évolué et pris une place importante pour les e-sportifs. Car oui, l’e-sport a pris une telle ampleur que nos athlètes des claviers sont maintenant traités comme de vrais professionnels. D’au-tant qu’avec l’arrivée de gros sponsors, les équipes ont plus de moyens pour bichonner leurs joueurs. Ainsi, toujours selon le com-mentateur, « pour les meilleures équipes, on compte un analyste, un coach mental et un manager. Chacun ayant des rôles spécifiques, mais avec pour unique but de tout faire pour que les joueurs n’aient qu’à se concentrer sur le jeu. » Il y a donc une réelle profession-nalisation du métier d’e-sportif. « L’écart se réduit avec un athlète classique. Il y a mainte-

nant une véritable préparation physique pour les joueurs », ajoute même Henri Dubois, co-fondateur et coach de l’équipe NIID.

l’e-sport français a encore beaucoup de retard

Mais si le métier d’e-sportif tend à la pro-fessionnalisation, il reste encore un gouffre entre la pratique du sport électronique dans les différents pays. Ainsi, en Corée du Sud par exemple, l’e-sport est une véritable reli-

gion. En France, en revanche, on est encore loin du niveau coréen. C’est le constat amer d’Henri Dubois : « On a du mal à reconnaître quelque chose qui n’a pas d’étiquette. Et dans la tête des haut pla-cés, l’e-sport n’a pas encore d’étiquette : est-ce un jeu ou un sport ? Tant qu’on n’aura pas réussi à faire reconnaître l’e-sport, il n’y aura pas d’amélioration. C’est pourquoi on se bat pour qu’on soit re-

connu comme un sport à part entière. » Un autre problème : « Il y a encore un manque de visibilité de l’e-sport français. Il n’y a pas assez de tournois du niveau de la Lyon e-sport afin de promouvoir des jeunes talents. Car pour avoir une visibilité, il faut des fers de lance. Même si la France en a quelques-uns, ils jouent tous à l’étranger. Il est nécessaire d’attirer des sponsors grands publics afin d’attirer les projecteurs sur l’e-sport », conclut le commentateur « Tweekz ». Comme le dit le dicton, « Rome ne s’est pas faite en un jour », et malgré son ascension fulgurante, l’e-sport a encore du travail afin de réellement s’imposer. Mais, avec la profes-sionnalisation progressive de ses joueurs et de ses structures, qui sait, bientôt on pourra zapper à la télévision entre un OL-PSG ou un match d’e-sport.

Martin casamatta

Les e-sportifs, les pros du clavierDe la sueur, des supporteurs en délire, des coaches qui donnent leurs instructions. Non,

vous n’êtes pas à un match de foot, mais bien à la Lyon e-sport, huitième du nom. Véritable paradis pour les amoureux du jeu vidéo, l’événement proposait le week-end

dernier un tournoi regroupant tous les meilleurs joueurs français.

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L’e-sport et ses athlètes des claviers a pris une nouvelle dimension.© benjamin logerot

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Pour une première, c’est une réussite. Le Lavoir public, lieu emblématique des pentes de la Croix-Rousse, anciens

bains reconvertis en salle de clubbing et de spectacles pluridisciplinaires se voulant al-ternatif, a émis un appel aux dons en janvier. L’objectif était de récolter 4 000 € pour équi-librer le budget de l’année 2015. En moins de deux semaines, la somme était déjà atteinte. Aujourd’hui (à l’heure où ce magazine est imprimé, soit mercredi 11 février), le montant global s’élève à 5 130 €. Pour Olivier Rey, directeur et metteur en scène au Lavoir, ce résultat n’est pas tout à fait une surprise : « Nous avions délibérément mis une somme basse au départ, pour être sûrs de l’at-teindre. Parce qu’il faut savoir que sur la plu-part des plates-formes de financement parti-cipatif, si l’on n’atteint pas la somme donnée, on ne récolte rien. Mais c’est vrai que l’on ne s’attendait pas à un tel soutien, et surtout à un soutien aussi rapide. »

une fois mais pas deuxCette mobilisation représente un véritable élan de solidarité de la part du public. Si le Lavoir fonctionne aussi bien, c’est en partie grâce à son local, qui est à part dans l’envi-ronnement régional. Il faut dire que l’effort a été fait de conserver l’architecture d’origine des bains. La programmation attire aussi un

capital sympathie assez important. Et puis, le fait que la structure soit indé-pendante, Le Lavoir public s’autofinance à hauteur de 85 %, et donc qu’elle n’est pas une ins-titution, donne une bonne image au-près du public.En revanche, Oli-vier Rey espère ne pas avoir à réutiliser le processus de crowdfunding. « Il faut savoir que nous, on tourne grâce à la billetterie, et notamment grâce à nos événements clubbing. On a un budget annuel de 130 000 €. Comme le lieu a trois ans, nous avons décidé de lan-cer un nouveau projet artistique. Du coup, on avait besoin de fonds pour le faire. Mais l’uti-lisation d’une plate-forme de crowdfunding ne deviendra pas une régularité, nous ne le souhaitons pas. Le problème, c’est que pour toutes les structures artistiques, le bouclage du budget annuel est difficile. Et pour Le La-voir, la marge de manœuvre est très étroite. Elle dépend essentiellement de la billetterie, et donc forcément du public. Cela ne lui laisse que peu de souplesse pour le côté artistique

de la programma-tion. Il ne faut pas non plus oublier qu’il y a trois sa-lariés à payer. Olivier Rey, direc-teur et metteur en scène, mais aus-si Elsa Thermoz, qui s’occupe de la coordination, ainsi que Fred Giroud, le régisseur.

un laboratoire d’idées Depuis la fin de l’année 2014, Julien Ribei-ro, avec qui Olivier Rey avait créé Le Lavoir public, est parti. Il y a donc quelques chan-gements qui vont survenir en 2015, notam-ment avec un nouveau laboratoire artistique qui gravitera autour des nouvelles écritures. Ce projet veut mettre en place un collectif artistique autour de quatre axes : l’écriture textuelle, pilotée par Sabryna Pierre, l’écri-ture digitale, par Aurélien Lepetit, l’écriture sonore, par Marieke Sergent, et enfin l’écri-ture scénique, dont Olivier Rey prendra les commandes. Thierry Bartin aura en charge le « stylisme », soit l’ensemble de l’habillage visuel et graphique.Au-delà de cette nouveauté, la collection prin-temps-été est bientôt bouclée (on conserve le champ lexical du textile, comme d’habitu-de). « Notre identité va rester la même, avec les soirées clubbings ainsi que des repré-sentations d’autres genres, explique Olivier Rey. Il y a aussi le Mirage festival qui, comme l’année précédente, prendra ses quartiers du mercredi 25 au samedi 28 février. » Un ren-dez-vous à ne pas manquer.

alexandre festaz

Le Lavoir public, 4, impasse de Flesselles, Lyon 1er.

Le Lavoir public, lieu culturel alternatif du 1er arrondissement, aura eu besoin de moins de quinze jours pour récolter les 4 000 € nécessaires à son budget, lors de sa campagne de collecte sur la plate-forme de financement participative Ulule. Une opération inédite

pour la structure, à l’aube de ses trois ans.

Ils ont sauvé le soldat Lavoir public

Le lavoir public est un lieu atypique dans la région © rue89

Le lavoir lors de la soirée organisée pour leur trois ans © le lavoir public

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c’est passé à la trappe

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«La montagne nous offre le décor, à nous d’inventer l’histoire qui va avec! » Le parapentiste savoyard Nicolas

Helmbacher résume bien le filon sur lequel s’est organisé la marque Ros-signol, pour le plus grand plaisir des amateurs de sport de glisse. Skis, snowboards, chaussures de ski, fixations… On peut facilement dire que l’entreprise a la main an-crée dans le domaine. Avec une élocution parfaite et un ton mesu-ré, le grand bonhomme ne fait pas défaut à l’image constante que beaucoup portent sur les grands dirigeants de groupes industriels internationaux. Ce récent Lyonnais ne gère pas une, mais deux grosses entreprises de sport d’hiver. Il ne nie pas qu’il a tou-jours eu cette âme de leader. De décisions d’organisation en décisions industrielles, il est à l’initiative de nouvelles stratégies de développement chez Dynastar et Look Fixations, qu’il préside. Deux entreprises sous le joug du groupe Rossignol, action-naire à 100 %, dont il est aussi le numéro deux. Le patron ne possède pas qu’une corde à son arc, et ce n’est rien de le dire.

un parcours sans détourPour ses premiers pas, il se lance dans des études d’ingénieur chez Supélec, une grande école française. Une fois son diplôme en poche, il choisit de commencer sa carrière, dans l’enseignement de l’électronique, à l’université des Andes de Bogota, en Co-lombie. « Je garde de beaux souvenirs de mon passage en Amérique latine, j’y ai ap-pris beaucoup de choses. Elles m’ont servi dans mes postes depuis », confie-t-il. Après

avoir travaillé dans le conseil dans la grande structure Andersen Consulting (devenu Ac-centure), il saute le pas et devient directeur des opérations dans plusieurs entreprises à

portée internationale, puis dans le chauffage chez Saunier Duval. Du chaud au froid, il fait son entrée chez Rossignol « au moment de la cession par Quicksilver à un fond d’inves-tissement australien », en 2009. Un contexte qui l’a aidé à mettre en œuvre ses initiatives. « C’était une période difficile à conduire, un réel challenge pour moi aussi, de maintenir la société, au bord de la faillite, à flot », raconte Jean-Laurent Nectoux. De 2005 à 2008, la

compagnie était en difficulté financière im-portante, les chiffres étaient plus douloureux les uns que les autres. Cet imposant person-nage raconte. « Redresser, restructurer et

remettre le groupe sur les rails », étaient les mots d’ordre. Comme un adage, une trajectoire toute tracée.

made in franceCet ingénieur de formation est l’homme de l’ombre derrière la relocalisation d’une partie des activités des skis Dynastar, à Sallanches en Haute-Savoie, en 2010. Elle-même, qui a créé pas moins d’une cinquantaine de postes sur le site et qui tend à en créer d’autres. Made in France, oui en partie au moins. Il émet quand même des réserves. Sans faire le trouble-fête, il dé-clare sans culpabilité que le but était purement financier, « c’était moins cher parce que les ma-tières viennent d’Europe, et que le transport vers Taiwan nous coûtait très cher, même si la main d’œuvre l’était bien moins ». « Ce n’est pas trop mon domaine de travail, mais je suis content qu’on soutienne des sportifs comme Martin Fourcade en biath-

lon et en ski de fond, ou Tina Maze en ski », dit-il fièrement. L’entreprise emblématique des pays de Savoie choisit bien ses sportifs, elle soutient surtout de nombreux événe-ments sportifs tout au long des saisons. « J’ai envie de faire avancer les choses dans le bon sens, de faire progresser les usines », conclut-il. Jean-Laurent Nectoux n’a qu’une idée en tête, du haut de ses locaux de Saint-Jean-de-Moirans : garder le cap.

eléonore ribes

Jean-Laurent Nectoux, the big bossLe président de Dynastar, de Look Fixations et le chef des opérations du groupe

Rossignol a posé ses valises à Lyon depuis plusieurs années. Eh oui, c’est le temps de la neige, le temps du ski, le temps du froid glacial et des aventures, donc la rédaction

l’a pris entre quatre yeux.

la tronche de la semaine

Jean-luc nectoux défend le made in france © Jean-Laurent nectoux

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c’est passé à la trappe

Nue, le regard hagard. Ce sont les seuls apparats de l’actrice ira-nienne Golshifteh Farahani en Une du journal français Égoïste. Une couverture dénudée qui n’a rien d’anodin, puisqu’elle vient

s’ajouter à la liste des actes de défiance de la co-médienne à l’égard des autorités iraniennes. Le premier d’entre eux date de 2008, lorsqu’elle est apparue dans le film américain de Ridley Scott « Mensonges d’État », sans voile. Une offense pour le pouvoir iranien, qui a répliqué en interdisant à la comédienne de quitter le territoire et en lui confis-quant son passeport. Des sanctions, qui oblige-ront l’actrice à quitter son pays pour Paris un an plus tard. Golshifteh Farahani n’est pas la seule iranienne dans ce cas. En 2011, on recensait 4 millions d’Iraniens réfu-giés. Mais le récent réchauffement des relations di-plomatiques, entre l’Iran et l’occident, laisse entre-voir un espoir pour les réfugiés iraniens. Le lundi 9 février, le secrétaire d’État américain John Kerry et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif, se sont entretenus à Munich pour tenter de trouver un accord sur le programme nucléaire de la République islamique. Il s’agit de la seconde entrevue entre les deux hommes, depuis le début des négociations débutées en 2013.

« le dialogue entre iran et état-unis permettra à plusieurs personnalités de revenir dans le pays »

Pour Thierry Coville, ancien chercheur à Novancia Business School et spécialiste de l’Iran, derrière les discussions sur le nucléaire iranien, se cache plusieurs enjeux : « Le Président iranien Hassan Rohani est en guerre contre les radicaux. S’il y a un accord avec les États-Unis, ça lui apportera un fort capital poli-tique et lui permettra de réaliser ses promesses de campagne, concernant les droits de l’homme et les prisonniers politiques. » Quant à imaginer le retour des persona non grata de la République islamique, le spécialiste se veut prudent : « Il est clair qu’il y a eu une ouverture de la part du pouvoir en acceptant de dialoguer avec « l’ennemi américain ». On peut imaginer que si un accord sur le nucléaire est trouvé avec les États-Unis, Rohani pourra appliquer sa politique et peut-être envisager le retour des réfugiés. « Mais cela reste de la fiction ». Une fiction que

Golshifteh Farahani et les 3 999 999 autres réfugiés iraniens, aimeraient voir devenir réalité. irchade kari

On commence à bien cerner le personnage, avec le temps, mais décidément, Vladimir Poutine aime se complaire dans l’art de la provocation. Sa dernière trouvaille : faire voler des avions

militaires tout près des côtes britanniques et françaises. L’informa-tion, révélée dimanche 8 février par le ministre de la Défense, n’a pas beaucoup été relayée, mais elle rappelle une période pas si lointaine où Ouest et Est montraient les muscles pour intimider l’adversaire. Une petite incursion qui n’a pas été du goût des autorités françaises, comme l’a signalé Jean-Yves Le Drian dans une interview pour Le Monde, I-Télé et Europe 1: « Nous leur avons fait savoir que nous les avions vus et qu’il était souhaitable qu’ils se retirent. C’est ce qu’ils ont fait ». Et comme souvent, le Président russe se joue des règles, mais sans aller trop loin dans l’agressivité. Histoire de semer une bonne pagaille, les bombardiers russes incriminés ont frôlé l’espace

aérien de l’Otan mais sans y pénétrer, tout en réussissant à mettre en alerte les forces aériennes norvégiennes, britanniques et françaises en atteignant la Manche. Un bon tour de passe-passe qui ne laisse pas indifférent David Cumin, maître de conférences à Lyon 3 en rela-tions Internationales : « Poutine montre sa force, il teste les Européens en quelque sorte. Si ceux-ci ne relèvent pas le défi collectivement, ils confirment leur faiblesse vis-vis de la Russie. Mais c’est aussi un signal envoyé aux Ukrainiens pro-Ouest, pour qu’ils sachent à quoi s’en te-nir». D’après Le Monde, l’Otan a recensé une cinquantaine d’incidents de ce type sur les 11 derniers mois, avec des vols « plus fréquents et de plus en plus longs ». A force de verser de l’eau bouillante, Vladimir Poutine risque bien un jour de faire déborder la casserole. Mais au fond, c’est peut-être ce qu’il souhaite.

antoine de longevialle

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c’est passé à la trappe

Poutine joue avec les frontières aériennesDimanche 8 février, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a révélé plusieurs incursions

de bombardiers russes près des côtes françaises. Une violation des frontières aériennes toujours plus fréquente qui rappelle la guerre froide.

La sha(tte) d’IranGolshifteh Farahani a posé nue en couverture d’Égoïste. Un acte militant pour la comé-dienne, expatriée en France après avoir défié le pouvoir iranien. L’actuel dégel des rela-

tions diplomatiques avec l’Iran pose la question d’un possible retour des réfugiés.

Golshifteh Farahani sur la une du journal, paru fin janvier © Paolo Roversi

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La force du Fort de VaiseConstruit entre 1834 et 1848, le Fort de Vaise est méconnu des Lyonnais et a failli être

démoli. Racheté pour éviter sa démolition en lieu et place de 80 logements, le Fort de Vaise est conservé pour l’histoire du quartier, pour l’histoire de la ville.

En remontant le quartier de Vaise vers le quai Pierre-Scize, il y a des chances que vous passiez à côté d’un petit pan

d’histoire, sans même que vous vous en ren-diez compte. Car en passant sur le boulevard Saint-Exupéry, il suffit de tourner à gauche pour atteindre le Fort de Vaise, situé dans le 9ème arrondissement de Lyon. Un bâtiment historique qui aurait pu ne plus voir le jour. « Malheureusement, il était déjà en ruines lorsque nous l’avons acheté », indique Jean-Jacques Renaud, président de la Fondation Renaud, qui a racheté le Fort de Vaise. Sans cette association et ses efforts de restaura-tion, il ne resterait plus aucune trace du Fort de Vaise, du moins plus aucune trace visible à l’œil nu.

Partiellement détruit, puis restauré

C’est en 1965 que le Fort de Vaise fut laissé à l’abandon, après plus d’un siècle de bons et loyaux services. Devenant un refuge pour les sans-abri, il subira ensuite des destructions partielles pour l’élaboration du boulevard Saint-Exupéry. Celui-ci avait pour objectif de relier la colline de Fourvière plus facilement. Ce sont notamment les bastions qui ont été abîmés, voire démolis. Arrive 1970, l’année salvatrice pour le fort. Serge et Jean-Jacques Renaud ont refusé de laisser mourir le Fort de Vaise. Ils l’ont par la suite racheté, et lan-cé des opérations de rénovation. « L’histoire

du Fort de Vaise, ce n’est pas seulement sa propre histoire, c’est l’histoire de plusieurs forts, d’une quinzaine de fortifications », raconte-t-il. Cette acquisition, ils l’ont faite pour « garder le souvenir de l’histoire, gar-der le souvenir d’une page d’architecture ». Aujourd’hui, le fort est restauré. Il a été net-toyé et réhabilité. Même si, comme nombre de constructions d’époque, les fondations restent solides.

Un fort bien peu utiliséA l’origine, le Fort de Vaise a été construit pour fortifier la ville, comme plusieurs mu-railles de fortifications de Lyon de l’époque. La commission de défense avait décidé de défendre la ville en guise de mesure préven-tive. « Les forts de l’époque se ressemblent, la pierre venait du Beaujolais. Il y avait un bastion qui allait jusqu’au Fort de Saint-Jean », informe Jean-Jacques Renaud. C’était une fortification militaire où certains prison-niers de guerre étaient enfermés. Mais finale-ment, le Fort de Vaise « n’a jamais réellement servi ». Le fort n’a jamais été utilisé pour un conflit. La technologie a aussi rattrapé l’utilité du fort. Le canon rayé, développé dès 1859, a rendu obsolète sa valeur défensive du fort. La destruction créatrice, comme le dirait Jo-seph Schumpeter.

Un équipement de qualité« Un immense escalier permettait d’achemi-ner les canons », nous explique le propriétaire du fort. Un souterrain, qui existe toujours, servait à surveiller le fossé. Il pouvait aus-si servir de point de fuite en cas de bataille perdue par les soldats. Pont-levis, murailles, plusieurs équipements rendaient le fort so-lide et complet. Le quartier de Vaise mérite donc sans doute plus de reconnaissance. Il abrite un fort on l’a vu, mais a aussi par le passé permis les premiers essais d’avions avec Louis Mouil-lard, ou encore les premiers pas du bateau à vapeur de Jouffroy D’Abbans. Vaise peut donc être considéré comme un quartier fort.

arthur vernassière

le fort de vaise de nos joursLe Fort de Vaise est méconnu et son em-placement ne plaide pas en sa faveur. Il n’est pas forcément mis en valeur ni réel-lement indiqué, et pourtant il recèle des informations historiques intéressantes et présente des aspects de construction d’époque qui ne peuvent que surprendre. Aujourd’hui, il accueille des réunions, sé-minaires et autres expositions. Le Fort de Vaise héberge également des associations comme la Fondation du Patrimoine, le Pa-trimoine Rhônalpin, la Fondation Renaud et l’Ocra Lyon.

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retour vers le passé

Le souterrain du Fort de Vaise facilitait la surveillance du fossé © fondation renaud

Le Fort de Vaise est désormais réhabilité avec des structures contemporaines © fondation renaud

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La pelote aux basquesLa pelote basque est quasiment absente de toute la partie sud-est de l’Hexagone.

Mais elle est bien présente à Villeurbanne, où la section du Rhône s’adonne à ce sport depuis 1950. Une activité moins complexe qu’il n’y paraît.

Les belles histoires débutent souvent par le plus pur des hasards. Celle de Marc Papillon, avec la pelote basque, ne déroge pas à la règle. L’actuel secrétaire de la Pelote basque Rhône a découvert

ce sport à la suite de son mariage. « J’ai découvert la pelote basque lors de mon voyage de noces en 1967, à Saint-Jean-de-Luz. Cette découverte était du pur hasard, mais j’ai apprécié la convivialité et le côté ludique de ce sport. Maintenant, si on m’avait dit que je ferais toujours de la pelote basque aujourd’hui, je n’y aurais pas cru », confie Marc Papillon. Un côté ludique, par la facilité de jouer à ce sport et la possibilité de la pratiquer à tout âge. Sur ce dernier point, le joueur livre une anecdote assez intéressante. « Quand je suis arrivé au club de Villeurbanne, il y avait un joueur de 74 ans. C’était un ancien pro-fessionnel et il battait tout le monde. Petit à petit, j’ai progressé, je suis devenu encore plus patient, plus gestionnaire. Et j’ai réussi à le battre à ses 80 ans, c’était extraordinaire ». Preuve que la pelote basque n’est pas qu’une question de force. Et ce, même si la vitesse de la balle peut être comprise selon les 23 versions de la pelote basque jouée, entre 100 et 200 km/h. Des équi-pements sont ainsi obligatoires, comme des lunettes de protection pour les yeux, une pala (sorte de raquette en bois) et une balle en cuir ou en caoutchouc. Le parfait attirail du pelotari, pour une partie de pelote basque.

Le seul fronton entre paris et marseilleA Villeurbanne, le club accueille actuellement une quarantaine de joueurs. Un bon bilan pour celui-ci, créé en 2002, alors que le sport en tant que tel est implanté depuis les années 1950 dans la région lyonnaise. « Le fronton de Villeurbanne a été construit par le directeur d’une entreprise, pour ses employés. Il faut savoir que c’est le seul

fronton existant entre Paris et Marseille, et qu’il fait 35 mètres de long. » Une position ayant posé des problèmes, lorsque le club a voulu se rallier à une ligue, en 2002. Les possibilités étant restreintes : soit la ligue PACA-Corse, ou celle d’Ile de France. La Pelote basque Rhône a choisi de s’affiler à la première cité et cela marche. Les Villeurbannais ont l’an dernier décroché deux titres et ont fait une finale, lors des championnats de ligue. De bons résultats pour un club qui ne cesse de grandir, année après année. Mais qui va perdre pro-chainement son fronton historique. « Le fronton qui avait été construit en 1950 sera détruit dans deux semaines. Il y aura des constructions pour Adecco et Alstom, à la place. Mais nous allons avoir un nouveau fronton, grâce au soutien de la mairie, qui nous suit depuis plusieurs années. » Un fronton sur lequel les pelotaris villeurbannais pourront s’adonner à leur passion, à partir d’octobre 2015. Afin de continuer de perpétuer l’esprit de la pelote basque dans la région lyonnaise.

corentin vaissière

La pelote basque, mode d’emploiLa pelote basque est un dérivé du jeu de paume, sport pouvant être comparé à l’actuel tennis. Ce sport a été pratiqué et apprécié par de nombreux rois, de François 1er à Louis XIV. Il a ensuite disparu au 18e siècle, sauf au Pays Basque. D’où le nom de pelote basque. Ce sport peut se jouer à mains nues ou avec des raquettes en bois, appelées palas ou chisteras. Le but étant de frapper une balle pouvant être en cuir ou en caoutchouc, et pesant environ 35 grammes. Il peut se jouer sur des frontons, des trinquets ou des murs à gauche et par équipe de deux, avec un avant et un arrière. Un terrain homologué peut mesurer entre 45 et 100 mètres.

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le sportif du dimanche

La pelote basque est implantée à Villeurbanne, depuis les années 1950. Mais le club n’est affilié à une ligue que depuis 2002 © pelote basque rhône

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le jugement dernier

l’instant pop corn L’Enquête n’est autre que l’adaptation au cinéma de l’affaire Clearstream. Le pitch : le journaliste Denis Robert, interprété par Gilles Lellouche, a mis au jour en 2001 le fonctionnement pour le moins opaque de la société bancaire Clearstream. L’un des plus gros scandales politico-financier de la Vème République. Les comptes ca-chés et magouilles en tout genre de « la banque des banques » sont parfois difficiles à suivre pour les non initiés au capitalisme financier, mais restent captivants à l’écran. Le film a le mérite de rendre cette affaire enfin claire. Le réalisateur, Vincent Garenq, montre très jus-tement comment ces dossiers ont fini par dévorer la vie du journa-liste, qui se transforme presque en héros de thriller. Gilles Lellouche interprète parfaitement ce journaliste traqué, mais obstiné. Passant de l’homme grave et sérieux au boulot à un personnage plus léger en famille. Mais l’homme derrière le journaliste n’en est pas sorti indemne. « Comme on ne pouvait pas attaquer le message, on a attaqué le messager », a expliqué Denis Robert, qui a également tra-vaillé sur le film. Pendant des années, le journaliste va enchainer en-

quêtes, livres et procès (63 en tout !). Si le journaliste est souvent seul contre tous, il est quand même fidèlement soutenu, notamment par le juge Renaud Van Ruymbeke (interprété par Charles Ber-ling), qui s’engage contre la corruption. Le journaliste a qualifié le film comme étant « très juste». «C’est une fiction qui dit mieux le réel qu’un travail de journaliste ». Après avoir consacré dix ans de sa vie à cette affaire, un arrêt de la Cour de cassation validera défini-tivement l’enquête en 2011, qualifiée comme «sérieuse» et « utile à l’intérêt général ». Passionné et passionnant, L’Enquête est un film à ne pas louper. L’Enquête, de Vincent Garenq, avec Gilles Lellouche, Charles Berling: En salles le 11 février, 1h46. déborah zago

Adam recherche Eve au pays de la téléréalitéLa chaine D8 va prochainement diffuser une nouvelle émission, et le moins qu’on puisse dire, c’est que le principe est original : des hommes et femmes partent chercher l’amour

sur une île déserte. Jusqu’ici, tout va bien. Sauf qu’ils seront complètement nus.

Prenez « L’amour est dans le pré », ajou-tez un peu de « L’île de la tentation » et de « Secret story », saupoudrez le

tout de fesses et de seins et vous obtiendrez « Adam recherche Eve ». Le principe de la prochaine émission de D8 est simple, quoi qu’il nous laisse un peu perplexe : 30 candidats de 25 à 35 ans vont se retrouver sur une île paradisiaque au beau milieu du Pacifique dans le but de trouver l’amour. Le truc, c’est qu’ils seront tous complète-ments nus. Pas de panique : les sexes des candidats seront floutés. La chaine du groupe Canal+ veut la jouer « soft » et surtout ne pas être qualifiée de voyeurisme. Hum. Le programme, adaptation française d’une émission néerlandaise, produit par « Ah ! Pro-duction » est déjà diffusé dans certains pays,

où visiblement on ne connait pas le floutage. Mais « l’idée n’est pas de faire de la provo-cation. On n’a pas plus de nudité que dans l’épisode de ‘Fais pas ci, fais pas ça’ chez les naturistes sur France 2 » a tenté de relativi-

ser Xavier Gandon, le directeur des flux et di-vertissements de D8. Peut-être est-ce aussi un moyen d’éviter de s’attirer les foudres du CSA. La présentation de ce qui risque d’être

un grand moment d’anthologie a été confiée à Caroline Ithurbide, chroniqueuse dans « Le grand 8 ». A part ça, le principe est plutôt classique : un premier couple fait connaissance, puis

une troisième personne arrive, également à oualpé, histoire de jeter un peu d’huile sur le feu. Apparemment, les candidats sont censés se rhabiller au fur et à me-sure de l’émission, pour voir s’ils se plaisent encore. Original hein ? A priori, exit les corps trop mus-clés et les grosses poitrines : « On a pris des gens normaux, pas de garçons bodybuildés ou des nanas refaites car pour incarner le mythe d’Adam et Ève, il ne faut pas de corps trop sculptés. » selon Xavier Gandon. Une nouvelle étape dans

le monde de la téléréalité, du romantisme et probablement de la connerie s’apprête donc à être franchie.

déborah zago

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écran total

le programme sera l’adaptation française d’une émission néerlandaise© d8

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le jugement dernier

Top Si vous êtes amoureux, que vous adorez faire des bécos à votre moitié, et que vous aussi, avez adopté la tendance des selfies… Alors vous avez rendez-vous avec La Voix du Nord cette semaine. Le journal local vous propose un petit jeu super sympa pour la Saint-Valentin. Vous pouvez envoyer vos photos, prises en sel-fies, jusqu’au vendredi 13 février, 9 heures du matin. Le journal alimentera son album photo « Saint-Valentin 2015 » sur sa page Facebook. Mais surtout, les plus belles (et originales) seront publiées dans le journal et sur le site. Et surtout, n’oubliez-pas le thème de cette année : les transports. En caddy, sur un éléphant, dans le bus ou en voiture, soyez « in love » avec La Voix du Nord. L.A.

FlopC’est vrai qu’on n’a pas assez d’émissions cu-linaires sur nos écrans... Du coup, « l’Addition s’il-vous-plaît » débarque sur vos télés... Et à Lyon. La semaine du 16 au 19 février, ceux qui rêvent depuis la nuit des temps de passer à la télé n’auront qu’à se pointer sur le tour-nage. Sauf que, comme vous l’imaginez, tout le monde rêve de faire bonne figure pour l’émis-

sion de l’année. Il faudra donc vous inscrire sur le site internet de l’émission. Et, en plus d’une super soirée trop géniale que TF1 vous propose, le repas est offert ! Pour ceux qui ne connaissent pas, le principe est le suivant. Chaque semaine, quatre restaurateurs du même département sont en compétition et se reçoivent dans leurs restaurants à tour de rôle. Ils se donnent des notes sur quatre critères dont l’addition. Le gagnant remporte 3 000 euros. L.A.

Le choix de la rédac

Tous les mardis soirs sont organisés sur la petite scène de l’Espace Gerson, des spectacles d’improvisation, « match d’im-pro » pour les connaisseurs. Dans une ambiance de café théâtre, petites tables rondes et chaises rouges dans l’esprit des années 80, des feuilles et un marqueur sont à disposition des spectateurs. Ils vous serviront pour dessiner un croquis et écrire un mot, ce que vous voulez. Les comédiens les afficheront sur un tableau installé sur la scène de Gerson. Ils s’en inspireront plus tard pour inventer spon-tanément des scénettes. Le spectacle dure environ une heure et demie. L’équipe du petit théâtre a tout prévu. Un bar vous propose assiettes de fromages, boissons, et même des mignardises à grignoter. A petit prix. Comme le prix d’entrée qui est réduit pour les étudiants. Comptez 12 eu-ros. Comptez aussi rire, vous amuser et passer une bonne soirée.

«Story Board» - Espace Gerson1 place Gerson, Lyon 5ème.

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françoiset ses drôlesde dames

Il vous manquait ? Le voilà de retour. Après sa sortie sur les catholiques qui ne doivent pas « se repro-duire comme des lapins pour être de bons catho-liques » (voir le 10 du Mat n°1), le pape François a de nouveau fait le buzz

en sortant une phrase choc. Cette fois-ci, il s’attaque à la mixité au sein de l’Eglise. Ce samedi 7 février, lors d’un discours au Vatican, le souverain pon-tife s’est dit « convaincu de l’urgence d’offrir un espace aux femmes dans la vie de l’Église », y compris « dans la réflexion théologique ». Et pour cause : au sein de l’Eglise catholique, jamais une femme n’a été ordonnée prêtre. Pourquoi ? Tout simplement parce que les fonctions d’évêque, prêtre et diacre, sont réservées aux hommes. 100 % masculines. Le summum du plafond de verre. Sexiste, vous

me direz ? Mais non. Non, c’est simple-ment que c’est écrit dans la Bible. Donc, on l’applique. Enfin ça, c’était avant que notre cher pape François n’intervienne pour tout chambouler. Ou est-ce simplement un coup de com’ ? On savait le pape François réputé comme réformateur, voire même un peu provocateur. Encore une fois, il a fait fort... Il en appelle en effet à faire un travail en interne, afin d’ouvrir les portes aux femmes dans la hiérarchie de l’Eglise. Enfin, rappelons tout de même qu’en avril 2013, le porte-parole du Vatican déclarait déjà : « On s’oriente vers davantage de femmes nommées à des rôles clés, pour lesquels elles sont qualifiées. »Pendant son discours, le pape François a enchainé en évoquant le thème de la vie de famille, et notamment les choix à prendre afin de la concilier avec la vie professionnelle. Il a alors avancé qu’il ne fallait pas « laisser aux seules femmes porter ce poids ». Et tenez-vous bien : il est même allé plus loin, en affirmant que « toutes les institutions, y compris les communautés ecclésiales, sont appelées à garantir la liberté de choix pour les femmes ». Enfin, bien évidemment, on ne parle pas de TOUS les choix. Le choix de disposer de son corps, à tout hasard, ne fait pas encore partie de la liste. Mais tout doucement, on avance... Les femmes auront-elles bientôt une place dans la vie ecclésiastique ?

Garance cherubini

kékidit ?

Le pape bénit un bébé au vatican, ©DR

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La phrase de la semaine

« La prochaine étape, ce sera de remplacer la Tour Eiffel par ma statue ! » Zlatan Ibrahimovic, lors de l’inauguration de sa statue au Musée Grévin, lundi 9 février.

Belles toutes nues

photomaton

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Elle n’a pas les jambes interminables de Naomi Campbell, ni la taille de guêpe de Kate Moss. Pourtant c’est elle qu’on a choisi pour apparaître dans le numéro spécial maillots

de bain du magazine Sports Illustrated. Cette fille qui fait quatre tailles de plus que la moyenne nationale, n’est autre que la man-nequin grande taille Ashley Graham. Du haut de son mètre 77 et avec des mensurations à donner le vertige à toutes les ano-rexiques : 97-76-116. La mannequin pose pour la campagne de pub #CurvesInBikini de la marque de vêtements de plage Swimsuitsforall. Une publicité qui fait d’elle, la première femme taille 46 à apparaître dans les pages du numéro spécial maillots.

Mais Ashley Graham n’est pas la seule à ne pas faire un 36 et à figurer dans le magazine. Puisque la top australienne Robyn Lawley, qui fait trois tailles de plus que ses collègues, est égale-ment présente dans le numéro de février de Sports Illustrated. Cette campagne pseudo anti-sexiste lancée par le magazine aurait pu fonctionner, si Photoshop n’avait pas aminci ses man-nequins dits « grande taille ». Faisant passer le 46 d’Ashley pour un 44 et le 42 de Robyn pour un 38. Félicité par de nombreux médias pour leur « bonne » initiative. À 10 du Mat, on regrette que les logiciels de retouches soient toujours appelés à la res-cousse, pour modifier la vraie beauté. irchade kari

A gauche Ashley Graham, à droite Robyn Lawley dans le numéro spécial maillot de Sports Illustrated © sport illustrated