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L’HISTOIRE DE LA PSYCHIATRIE DANS BOURG-EN-BRESSE 1) L’hôpital Sainte-Marie (12e/13e siècle - 1789) L’hôpital Sainte-Marie se trouvait au bas de la rue d’Espagne. À cette époque, le terme hôpital renvoie à « l’hospitalité » et pas aux soins ; il accueillait vagabonds, orphelins ou enfants abandonnés, pauvres et aliénés et comptait sur la charité publique. Les aliénés les plus agités étaient enfermés dans des loges du sous-sol. Il est transféré en 1652 vers la rue Neuve (l’actuelle rue Thomas Riboud), prenant la dénomination officielle d’Hôtel- Dieu de Bourg. 2) Tour des champs (16e/17e siècle - 1824) La Tour des champs, située sur les anciennes fortifications de la ville, est la prison de Bourg-en-Bresse. Dans cette tour de briques rouges octogonale, les aliénés qui s’y retrouvent emprisonnés font face à la violence et à l’exploitation aussi bien de la part des gardiens que des co-détenus. La Tour des Champs était située tout près de l’église Notre-Dame, à l’emplacement actuel de l’AVEMA (Association d’aide aux victimes et médiation de l’Ain). 3) Premier Hôtel-Dieu (hôpital général) (1652 - 1790) Il s’installe vers 1652 dans des bâtiments autour de la rue Neuve (actuelle rue Thomas-Riboud). Il prend la suite de l’hôpital Sainte-Marie, trop exigu et insalubre. Une congrégation hospitalière de Béziers en reprend la charge à cette époque. Elle crée une apothicairerie. L’Hôtel-Dieu dispose de 46 lits, où se serrent souvent deux personnes. Il fonctionne jusqu’en 1790 (ouverture de l’Hôtel-Dieu du boulevard de Brou). Réf.: L’ouvrage Bourg-en-Bresse une épopée humaine et urbaine reproduit une série de plans du 16e au 19e siècle où figurent les emplacements de la Tour des champs et d’autres lieux mentionnés ici. (Ouvrage réalisé sous la direction de Paul Cattin et Jean-Marc Gerlier, Cleyriane Editions, dec. 2018). Dessins : Antonin Guillot-Vignot Document réalisé dans le cadre de l’exposition « Le Centre Psychothérapique de l’Ain, des espaces et des Hommes », du 21 septembre au 20 décembre 2019 au CPA à Bourg-en-Bresse. 4) L’hospice de la Charité (1750-1869) Il ouvre en 1750 sur le faubourg de Mâcon, grâce au legs d’Anne-Marie Crollet. L’établissement est géré par les Sœurs de la Charité. L’hospice prend en charge « des orphelins, des vieillards et des insensés », puis des enfants « sourds, muets, aveugles ou estropiés », qui ne peuvent trouver un emploi dans les fermes. Au cours du 19e siècle, l’hospice se consacrera exclusivement aux personnes âgées. 5 2 3 6 9 8 7 4 10 Création et impression : Le Par Chemin, imprimerie du CPA - 04 74 52 27 01 - [email protected] + d’infos : 04 74 52 27 35 [email protected] Web : www.orsac-cpa01.fr Facebook @cpa.ain Archive municipales de Bourg-en-Bresse, 1Fi30 (agrandissement) Archive municipales de Bourg-en-Bresse, 1Fi30 (agrandissement) Archives départementales de l’Ain, 19 FI 336 Archives municipales de Bourg-en-Bresse, 33FI0572 1

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Page 1: 10 L’HISTOIRE DE LA PSYCHIATRIE DANS BOURG-EN-BRESSE€¦ · L’HISTOIRE DE LA PSYCHIATRIE DANS BOURG-EN-BRESSE 1) L’hôpital Sainte-Marie (12e/13e siècle - 1789) L’hôpital

L’HISTOIRE DE LA PSYCHIATRIE DANS BOURG-EN-BRESSE

1) L’hôpital Sainte-Marie (12e/13e siècle - 1789)

L’hôpital Sainte-Marie se trouvait au bas de la rue d’Espagne. À cette époque, le terme hôpital renvoie à « l’hospitalité » et pas aux soins ; il accueillait vagabonds, orphelins ou enfants abandonnés, pauvres et aliénés et comptait sur la charité publique. Les aliénés les plus agités étaient enfermés dans des loges du sous-sol.Il est transféré en 1652 vers la rue Neuve (l’actuelle rue Thomas Riboud), prenant la dénomination officielle d’Hôtel-Dieu de Bourg.

2) Tour des champs (16e/17e siècle - 1824)

La Tour des champs, située sur les anciennes fortifications de la ville, est la prison de Bourg-en-Bresse. Dans cette tour de briques rouges octogonale, les aliénés qui s’y retrouvent emprisonnés font face à la violence et à l’exploitation aussi bien de la part des gardiens que des co-détenus. La Tour des Champs était située tout près de l’église Notre-Dame, à l’emplacement actuel de l’AVEMA (Association d’aide aux victimes et médiation de l’Ain).

3) Premier Hôtel-Dieu (hôpital général) (1652 - 1790)

Il s’installe vers 1652 dans des bâtiments autour de la rue Neuve (actuelle rue Thomas-Riboud). Il prend la suite de l’hôpital Sainte-Marie, trop exigu et insalubre. Une congrégation hospitalière de Béziers en reprend la charge à cette époque. Elle crée une apothicairerie. L’Hôtel-Dieu dispose de 46 lits, où se serrent souvent deux personnes. Il fonctionne jusqu’en 1790 (ouverture de l’Hôtel-Dieu du boulevard de Brou).

Réf.: L’ouvrage Bourg-en-Bresse une épopée humaine et urbaine reproduit une série de plans du 16e au 19e siècle où figurent les emplacements de la Tour des champs et d’autres lieux mentionnés ici. (Ouvrage réalisé sous la direction de Paul Cattin et Jean-Marc Gerlier, Cleyriane Editions, dec. 2018). Dessins : Antonin Guillot-Vignot

Document réalisé dans le cadre de l’exposition « Le Centre Psychothérapique de l’Ain, des espaces et des Hommes », du 21 septembre au 20 décembre 2019 au CPA à Bourg-en-Bresse.

4) L’hospice de la Charité (1750-1869)

Il ouvre en 1750 sur le faubourg de Mâcon, grâce au legs d’Anne-Marie Crollet. L’établissement est géré par les Sœurs de la Charité. L’hospice prend en charge « des orphelins, des vieillards et des insensés », puis des enfants « sourds, muets, aveugles ou estropiés », qui ne peuvent trouver un emploi dans les fermes. Au cours du 19e siècle, l’hospice se consacrera exclusivement aux personnes âgées.

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Création et impression : Le Par Chemin, imprimerie du CPA - 04 74 52 27 01 - [email protected]

+ d’infos : 04 74 52 27 35 [email protected] Web : www.orsac-cpa01.fr Facebook @cpa.ain

Archive municipales de Bourg-en-Bresse, 1Fi30 (agrandissement)

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Archives départementales de l’Ain,19 FI 336

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5) Nouvel Hôtel-Dieu (1790)Le premier Hôtel-Dieu étant délabré et trop petit, le lieutenant de Bresse, M. de Raimondis, recommande en 1774 la construction d’un nouvel établissement. L’emplacement est choisi à l’extérieur de la ville, au faubourg de Brou. Ses plans sont conçus sur les conseils du chirurgien Buget. Il comporte 170 lits (dont l’essentiel dans deux vastes salles de 78m de long et 5m sous plafond, l’une pour les hommes et l’autre pour les femmes). En 1790, les malades sont transférés au sein de ce nouvel « Hospice d’Humanité » (selon les termes de l’époque). Il est géré par les Sœurs de Saint-Joseph à partir de 1824.

6) Premier dépôt de mendicité (vers 1764 - 1790) ou bicêtre

Les dépôts de mendicité ont été institués par ordonnance royale en 1767. Ils sont destinés à enfermer les mendiants, les vagabonds et plus généralement tous les indésirables. Le premier dépôt de mendicité de Bourg-en-Bresse se trouvait à l’angle du faubourg de Lyon et du chemin de ronde (soit l’emplacement du lycée Marcelle Pardé). S’y entassent les vagabonds de Bresse, de la Dombes, du Pays de Gex et même du Mâconnais. Il comportait des cachots en sous-sol, au niveau du sol avec des murs épais et des loges voûtées dans la cour.Les valides travaillaient (ils cardaient et filaient la laine), les profits étant partagés entre un pécule pour eux et la rémunération du personnel.

7) Second dépôt de mendicité (1811-1823)

La Révolution s’était élevée contre le « renfermement des pauvres » et avait supprimé les dépôts de mendicité. Or dès 1810, un décret de Napoléon Ier recrée un dépôt de mendicité dans chaque département. Celui de l’Ain est aménagé dans les bâtiments et dépendances de l’ancien couvent des Augustins de Brou, confié aux religieuses de Saint-Augustin. Deux des cours étaient réservées aux aliénés et la troisième aux mendiants. Il y avait également des loges cadenassées pour les détenus aliénés, deux salles pour le travail, une salle de bain, une buanderie, des bûchers et des lieux d’aisance communs. Il pouvait accueillir 150 à 200 personnes. À partir de 1812, les sœurs de Saint-Joseph prennent le relais pour tenter de gérer ce « refuge ». La monarchie est rétablie dès 1814 ; elle supprime les dépôts de mendicité, sans pouvoir fermer les lieux. La situation perdure jusqu’en 1823, lorsque les lieux sont affectés au séminaire que réclame le tout nouveau diocèse de Belley. Dans les faits, les aliénés ne pouvant être transférés ailleurs, la cohabitation s’installe pendant quelques temps entre séminaristes et aliénés.

8) L’asile du Clos des Lazaristes(1825-1861)

En 1824, la préfecture de l’Ain acquiert le Clos des Lazaristes, situé avenue du Mail, à côté du couvent des Capucins, pour y transférer les aliénés qui doivent libérer le dépôt de Brou pour laisser toute la place au séminaire.Il s’agit désormais d’un asile, dédié uniquement aux aliénés. La préfecture confie sa gestion aux frères de Saint-Jean-de-Dieu, qui baptisent l’établissement Saint-Raphaël. Rapidement, un asile similaire ouvre pour les femmes (sorties également du dépôt de Brou), à l’emplacement actuel de Sainte-Madeleine. Il est confié aux sœurs de Saint-Joseph. En 1834, elles se retrouvent à gérer également l’asile pour hommes, qu’elles rebaptisent Saint-Lazare.En raison de son état sanitaire trop dégradé, il fermera en 1861 et les aliénés emménageront à l’asile Saint-Georges que les Sœurs ont fait construire au lieu-dit Cuègre, entre Bourg-en-Bresse et Viriat.

9) L’asile/l’hôpital Sainte-Madeleine (1825 - 2001)L’asile Sainte-Madeleine est ouvert en 1825 pour accueillir les femmes aliénées de l’ancien dépôt de mendicité de Brou. L’établissement est confié aux Sœurs de Saint-Joseph. À l’époque l’asile se situe à l’extérieur de la ville, bordé par le chemin de ronde, la promenade du Mail, des jardins clos et des champs. L’établissement est reconnu par ordonnance royale le 1er février 1829. Il est agrandi progressivement en gagnant sur les « terres du Mail » puis les terrains dits « du fond du jardin ».L’association ORSAC reprend les deux établissements en 1971. L’hôpital Sainte-Madeleine fusionne alors avec l’hôpital Saint-Georges pour devenir le Centre Psychothérapique de l’Ain. Au début des années 2000, tous les services sont regroupés sur le site de Saint-Georges et les terrains de la Madeleine sont vendus en 2001 au Conseil Général de l’Ain.

10) L’asile/l’hôpital Saint-Georges(1861-aujourd’hui)

L’asile Saint-Georges nait de la volonté de la Congrégation des Sœurs de St-Joseph de remplacer l’asile Saint-Lazare dont l’état sanitaire est trop dégradé. Elle acquiert en mai 1855 la propriété de Cuègre (78 hectares), située sur les communes de Bourg-en-Bresse et de Viriat, afin de construire un nouvel asile pour hommes. L’architecte est Louis Dupasquier. En 1861, l’asile est nommé Saint-Georges (prénom de l’évêque de Belley), au moment où la préfecture de l’Ain le reconnaît. La chapelle est construite en 1886. Lors de sa reprise par l’ORSAC, en 1971, l’hôpital Saint-Georges fusionne avec celui de Sainte-Madeleine et devient le Centre Psychothérapique de l’Ain.

Archives départementales de l’Ain, 5 FI 053/0580

Archives municipales de Bourg-en-Bresse, 720W427_005

Archives municipales de Bourg-en-Bresse 33Fi0675

Image : Archives municipales de Bourg-en-Bresse, atlas par alignement de 1875, feuille 16,

Sainte-Madeleine AC001053_3D003

Archives de la ongrégation des Sœurs de Saint-Joseph de Lyon, 424