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10- Le bois et le feu

10- Le bois et le feu - RND · 2013. 2. 21. · teurs (poteaux, poutres, structures de toiture, planchers), ainsi que les éléments de séparation ou de protection (cloi-sons, portes,

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  • 10- Le bois et

    le feu

  • AU SOMMAIRE :Construction boiset sécurité incendie

    Page 3

    La « Résidence Louis Theys » àGosselies (Charleroi) :Le bois participe au bien-êtreen s’adaptant aux règles

    Pages 4 à 7

    « Les Écuries - Charleroi/Danses »à Charleroi :Le bois vient secourir l’acier

    Pages 8 et 9

    Le centre de secours de Lembach(France) :Les pompiers font le choixdu bois et de la couleur

    Pages 10 à 13

    Le centre de secours d’Urmatt(France) :Avec le bois,les pompiers jouentla carte de la pédagogie

    Pages 14 et 15

    CRÉDITS :Les textes sont la propriété des architectes pour les différents projets

    présentés, de Valbois RN et de La Fibre Comm. Toute reproduction,

    même partielle, des textes et des documents de cette publication, est

    soumise à l’approbation préalable de leur(s) propriétaire(s).

    Réalisé en juin 2009

    10- Le bois et

    le feu

    Notre couverture :La « Résidence Louis Theys »à Gosselies (Charleroi)Photo : © La Fibre Comm.

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    Le bois, un comportementexemplaire face au feu !

    Spontanément, la croyance populaire laisse entendre que les risques d’incendie sontplus importants dans une construction en bois. Or, ce type d’affirmation est totalementinfondé ! Avec le bois, on ne court pas plus de risques qu’avec un autre matériau deconstruction. En effet, toutes les maisons brûlent, qu’elles soient en pierre, en brique,en bois ou encore en béton. Elles ne prennent pas feu d’elles-mêmes, mais elles brûlentparce qu’il y a eu un court-circuit électrique, une fuite de gaz ou parce qu’un enfant ajoué avec le feu… Et quand il y a incendie, ce sont les rideaux, les meubles, la moquettequi brûlent en premier, jamais les murs.D’ailleurs, un simple test suffit à se convaincre des qualités du bois face au feu : essayezd’allumer un feu de cheminée avec seulement du bois massif. Il y a fort à parier quevous ne puissiez l’enflammer.

    N’oublions pas non plus que comme toutes les autres techniques de construction, laconstruction bois publique est soumise à un ensemble de réglementations dont unedes plus importantes concerne la sécurité incendie. Il existe de nombreux établisse-ments qui accueillent du public (écoles, bâtiments professionnels, lieux d’habitat, sallesde sport…) construits en bois, alors que dans ces domaines la réglementation incendieest particulièrement draconienne. Une preuve de plus que les constructions en boisrépondent parfaitement aux exigences de la réglementation en vigueur.

    Un argument d’une extrême importance au regard de la sécurité des personnes, et unecaractéristique spécifique au bois jalousée par les autres matériaux de construction,réside dans le fait que lors d’un incendie, le bois conserve ses propriétés mécaniques.Le bois est sécuritaire pour les personnes présentes, mais aussi pour les pompiers. Ilest d’ailleurs significatif de constater que les consignes imposées aux pompiers lesautorisent à intervenir sous une charpente bois en feu pendant de longues minutes alorsqu’elles l’interdisent pour des structures réalisées avec d’autres matériaux.Ce phénomène du bois est à imputer à la couche carbonisée qui se crée à sa surface.Elle ralentit la progression du feu, et son caractère isolant permet aux parties internesde conserver une température normale et l’intégralité de leur résistance mécanique. Lesdangers d’effondrements immédiats sont limités pour évacuer les occupants en touteconfiance.

    Pourtant avec des qualités hors norme, le bois doit encore lutter contre les préjugés. Lebois de qualité, ce qui n’était pas le cas des masures de Londres ou Paris lors desgrands incendies des siècles passés, résiste mieux au feu que les autres matériaux deconstruction. Il vous suffit de feuilleter ce magazine pour s’en persuader.

    Prétendre que le bois ne brûle pas serait un mensonge.Ce n’est pas parce que nous brûlons du bois dans noscheminées que la construction bois présente plus derisques d’incendie.Paradoxalement, bien que le bois soit un combustible, ilrésiste parfaitement au feu : sa conductibilité thermique,sa teneur en eau lui assurent entre autres une combustionlente et régulière, depuis longtemps connue et maîtrisée aumoment des calculs de résistance.

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    Montée en températu

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    Ruine théorique

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    Résistance par rapportà la résistance initiale Température

    Acier

    Temps8 minutes 13 minutes 24 minutes

    Poutre bois 5 x 2,5 cm

    Poutre bois 10 x 5 cm

    Section initiale de la poutre

    Bois carbonisé

    Couche pyrolysée (environ 5 mm)

    Bois non affecté par le feu

    Lors d’un incendie, la températureau cœur d’une poutre en bois nes’élève pas.

    Correctement dimensionné, le boisoffre une résistance à l’incendiesupérieure aux autres matériaux.

    Tenue au feu comparée du bois et de l’acier Réaction d’une poutre bois au feu

    1000 °C

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    Construction bois et sécurité incendie

    LA RÉACTION AU FEULa réaction au feu représente la propension d’un produit àparticiper au développement du feu par son caractère plus oumoins combustible. Elle indique comment un matériau secomporte en début d’incendie. Les matériaux sont classéssuivant leur inflammabilité, la formation de fumée, le dé ga -gement de chaleur, la propagation des flammes… La classifi-cation va d’incombustible à facilement inflammable.

    Le critère de réaction au feu ne concerne que les matériaux derevêtement (de sol, de mur, de façade…) et les élémentsstructurels en surface. Les autres éléments de structure, telsque les poteaux ou les poutres, ne sont pas pris en compte.La réglementation précise la classe de réaction au feu exigibleen fonction de l’emplacement du produit.

    En matière de réaction au feu, le bois peut se voir exclure oufaire l’objet de dispositions particulières comme une limita-tion d’emploi en plafond, en paroi verticale ou en façade. Soncaractère combustible est à l’origine de ce type de décision.Toutefois, des solutions permettent d’imposer le bois. En pre-mier lieu, sa vitesse de combustion peut être diminuée enjouant sur l’essence employée, l’épaisseur des pièces, leurtaux d’humidité ou encore leur exposition au feu. Une associa-tion bois-plâtre, en intérieur, constitue également une bonneprotection. En dernier ressort, en intérieur comme en exté-rieur, on pourra s’orienter vers les techniques d’ignifugationdes bois (en surface ou dans la masse).

    LA RÉSISTANCE AU FEULa résistance au feu représente le temps pendant lequel leséléments de construction continuent à remplir leur fonctionmalgré l’action de l’incendie. Elle concerne les éléments por-teurs (poteaux, poutres, structures de toiture, planchers),ainsi que les éléments de séparation ou de protection (cloi-sons, portes, plafonds, conduits, clapets…).

    Un des grands avantages d’une structure en bois est que cematériau offre une résistance au feu impressionnante. En plus,cette résistance est largement prévisible et peut être définie aumoyen de calculs, donc sans devoir réaliser d’essais coûteux.

    Le bois brûle de 0,7 mm par minute et la couche carboniséeforme une protection. En dessous, le bois intact préserve sacapacité portante. Lors de la conception d’un bâtiment bois, ilsuffit de tenir compte de ce facteur et d’adapter les sectionsdes poutres au temps d’intervention désiré en cas d’incendie.

    En comparaison, l’acier se déforme et se laisse aller dès unetempérature de 500 °C. Il existe certes des structures quisupportent des feux intenses, mais pour protéger l’acier onl’a longtemps floqué avec de l’amiante, maintenant interdite.Concernant le béton, sa résistance se réduit des deux tiers à650 °C. En plus, pour le béton armé, les armatures se tordentprovoquant assez vite l’effondrement de la structure.Seule la brique fait mieux que le béton mais sans égaler le bois,qui est le seul matériau à se révéler fiable face au feu.

    La réglementation incendie s’appuie sur deux critères essentiels : la réaction au feu et larésistance au feu. En fonction de la nature des locaux, des risques et de l’emplacementdu produit dans la construction, cette réglementation fixe un certain nombre d’exigencessur ces deux critères.

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    Territoires & Bois ■ Le bois et le feu

    Le nouveau bâtiment est imposant avec sa façade sur rue deplus de 70 mètres, mais pour autant tout a été conçu pour enparfaire l’intégration. Le gabarit des maisons avoisinantes, àsavoir des bâtisses avec rez-de-chaussée, deux étages et unetoiture, est repris comme modèle.La proximité immédiate du parc de l’école, avec ses arbrescentenaires, est également un élément fort dans la sélectiondes matériaux. Très rapidement le choix du bois, en bardageextérieur est devenu évident, lui seul étant en mesure de créerla liaison entre le parc et l’alignement du tissu bâti.

    La nouvelle aile, parallèle à l’ancien bâtiment, est érigée sur unterrain de piètre qualité. Pour cette raison, la constructionprend appui sur des pieux. Au-dessus, se succèdent colonnesen béton, poutres métalliques et planchers également enbéton, contribuant à créer de grands plateaux.L’extension se raccorde à l’ancien bâtiment en deux endroits.Tout d’abord au L que formait l’ouvrage historique, et parle biais d’un nouveau tenon de liaison totalement vitré. Aucentre, se trouve un patio où le calme et la verdure invitent auséjour et au repos.

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    Vue générale sur l’extension, à front de voirie - Photo : © Serge Brison

    LA « RÉSIDENCE LOUIS THEYS » À GOSSELIES (CHARLEROI) :

    Le bois participe au bien-êtreen s’adaptant aux règlesSur ce terrain d’une grande profondeur, laissévacant par la démolition d’un ancien hospicedu XIXe siècle, une maison de repos et de soinsavait pris place à une quinzaine de mètres enrecul de la rue. L’ouvrage de 56 chambresnécessitait une remise aux normes.En parallèle, le CPAS de Charleroi souhaitait disposer de la parcelledisponible, devant le bâtiment existant,pour étendre la capacité d’accueil à 110 chambres. C’est dans ce contexte quel’association momentanée PEC S.A. et ARCADUS architecte sprl a proposé laconstruction d’une nouvelle aile, à front de voirie. Le bois, très présent, a fait l’objetd’un traitement spécifique contre le feu, en extérieur.

  • Pour l’association momentanée d’architectes PEC S.A. etARCADUS architecte sprl, la nouvelle construction et la réno-vation de l’ancien ouvrage doivent produire un lieu de rési-dence profondément humain. En intérieur, jouant sur lesmatériaux et sur des couleurs vives, les auteurs donnent aulieu un caractère hôtelier, aux antipodes des références hospi-talières. Aidés en cela par la Direction de l’établissement, ilsdéfinissent des codes de couleurs différents par étage. Celaconfère à chaque niveau une atmosphère particulière et créedes repères bienvenus pour des pensionnaires au grand âge.Le bois est très présent sur les murs et au niveau du mobilier.l’essence retenue est le mansonia, autrement appelé bété, unbois africain apprécié pour sa teinte brune qui laisse planer unsentiment de chaleur, de calme et de détente.La réflexion autour de l’aspect extérieur des bâtiments est unautre reflet du perfectionnisme des concepteurs. Chosepeu visible sur une photographie, qui immobilise le temps, lafaçade sur rue est conçue de manière à vibrer sous la lumière.Le bardage ajouré, écarté de 2 cm, y contribue pour unepart, mais c’est surtout sa géométrie, légèrement cintrée, quichasse la monotonie. Un geste courbe qui profite égalementà l’intérieur de l’édifice où le couloir central gagne en largeuren un lieu de fort transit, à proximité des deux jonctions avecl’ancienne maison de repos et de soins.Pour les pensionnaires et le personnel, ce bardage en boisajouré offre de nombreuses vues vers l’extérieur, tout en pré-servant une grande intimité. Côté rue, le rez-de-chausséecompte de nombreux vitrages, chose assez normale puisqu’ony dénombre l’accueil, la cafétéria et le restaurant, pourtant le

    bois posé horizontalement maintient le lien avec l’extérieur.De l’intérieur, on voit ce qui se passe à l’extérieur, l’inverse serévélant beaucoup plus difficile.Le bois, de l’afzelia de section 5 x 5 cm, est également présentaux deux étages supérieurs, en pose verticale sur l’extension,en pose horizontale sur l’ancien ouvrage. Sur la nouvelle aile,il est complété par des pare-soleil en acier auto-patinable(acier corten) qui jouent aussi le rôle de pare-feu.En matière de réglementation, le décret wallon exige que lematériel de parement ne soit pas propagateur de la flamme. Lebois utilisé à l’extérieur a donc fait l’objet d’un traitement igni-fuge, à Anvers. Les bois concernés sont les pièces de bardagevisibles à l’extérieur, mais aussi l’ensemble des lattes de sup-port. Il s’agit aussi d’afzelia, mais peint en noir pour deveniraussi invisible que le pare-pluie.Le traitement est réalisé en autoclave, ce qui a pour effetd’introduire le liquide ignifuge au plus profond de la fibre. Ceprocédé est adapté à tous les types de bois. À noter que le pro-duit utilisé n’est aucunement toxique et que sa compositionest biodégradable. Suite cette étape, le bois peut encore êtrelasuré, peint… ou être laissé naturel.Le choix d’une telle solution s’est fait en concertation avec leservice des pompiers de Charleroi. Ce procédé de traitementleur a été proposé, or ils le connaissaient parfaitement et ontdonc donné leur accord rapidement.Élément chaleureux à l’extérieur, apaisant à l’intérieur, le boisapporte à la « Résidence Louis Theys » une présence très ras-surante, appréciée par les résidents et le personnel. C’est unélément indissociable du bien-être ressenti en ce lieu. ❖

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    À l’intérieur, le bois est très utilisé en menuiserie tandis qu’à l’extérieur, des lames d’afzelia jouent les pare-soleil - Photo : © Serge Brison

  • Territoires & Bois ■ Le bois et le feu

    À gauche et en face, l’ancien bâtiment en L ; à droite, l’extension ; et au centre, le patio - Photo : © Serge Brison

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    age QU’EN PENSENT LES SERVICES DE L’URBANISME RÉGIONAL ?

    La parole à Raphaël StokisFonctionnaire délégué - Directeur de la Direction générale opérationnelleAménagement du territoire, Logement, Patrimoine et ÉnergieDirection du Hainaut II - Service public de Wallonie

    En poste depuis 2003, Raphaël Stokis a instauré une relation de proximité avec les opérateurs publics de son secteur.Travaillant la main dans la main, bien avant l’introduction du dossier, les programmes sont discutés et orientés enamont, pour recevoir son avis favorable. La “Résidence Louis Theys” en est une parfaite illustration.

    « Nous avons monté de nombreux projets avec le CPAS deCharleroi, celui de la “Résidence Louis Theys” fait partiedes belles références. Il offrait la possibilité de créer unenouvelle qualité de vie en un lieu que nous sommes tousappelés à connaître. Les maisons de repos et de soins sontlà et sont nécessaires ! On y séjournera sûrement, alorsautant que cela se fasse dans des conditions les plushumaines et les plus chaleureuses possibles.Il me semble que ce projet répond bien à cette ambition.La façade remise à neuf et l’extension distillent une autreimage. J’ai visité la résidence à l’issue des travaux, il faut ledire, cet accueil ressemble plus à un hôtel qu’à une maisonde repos et de soins. On dirait que tout a été pensé, conçupar rapport à un objectif de chaleur humaine.De par mes fonctions, je n’ai pas autorité sur ce qui sepasse à l’intérieur, mais je dois confier que, de mon pointde vue, les architectes ont fait ici un excellent travail.Par contre, la relation du bâtiment avec la rue et son envi-ronnement est un sujet qui me concerne. À l’époque, en

    2003-2004, le choix du bois mis en œuvre de façon ajouréeétait assez novateur. Je trouve que cette technique et cematériau donnent plus de relief à cette façade. Il y a unsuperbe visuel et on a du mal à penser qu’on est face à unemaison de repos et de soins, issue d’un CPAS.Plus largement, cet exemple urbain démontre aussi quele bois, en élément principal de parement, a sa placepartout. Je l’ai toujours considéré comme un matériau àpart entière, au même titre que la brique ou le crépi.En extérieur, le bois se développe sur les volumes secon-daires. Sinon, il est assez peu présent. Cela me paraît liéaux mentalités et à la difficulté d’accepter des nouveauxmatériaux. Par contre, il est plus admis dans un contextestructurel, en ossature par exemple.Je suis persuadé que le bois a sa place partout, même dansdes endroits sensibles d’un point de vue patrimonial. Maisil doit s’exprimer de manière actuelle et contemporaine. Ilfaut sortir de l’abri de jardin ou du chalet ! Le bois doit êtreen phase avec notre époque. »

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    ageAnnées de construction : 2005-2007

    Durée des travaux : 29 moisSurface (SHON) : 5 865 m2 (dont 3 455 m2 pour l’extension)Coût (HTVA) : 6 960 000 € (mise aux normes et extension)

    Maître d’ouvrage :CPAS de CharleroiMaître d’œuvre :Association momentanée PEC S.A. et ARCADUS architecte sprlGérant de PEC S.A. : Thierry PironGérant d’ARCADUS architecte sprl : Stéphane MeyrantEntreprises de construction :Bageci (gros œuvre et parachèvement)Tél. : +32 (0)81 40 79 11E-mail : [email protected] s.a. (chauffage, ventilation, plomberie)Tél. : +32 (0)64 31 09 20E-mail : [email protected]Établissements Henneaux Frères s.a. (électricité)Tél. : +32 (0)61 61 11 29E-mail : [email protected]

    Dans les couloirs, le bois est également mis à contribution, aux murs ou pour réaliser des armoires “courbes”, rappel discret de la façade - Photo : © Serge Brison

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    Directrice de la maison de repos et de soin “Résidence Louis Theys”, Karine Brossier fut auxavants postes sur ce dossier. Élément résolument moteur, elle a encouragé son équipe, environseptante collaborateurs, à discuter avec les architectes pour mettre en œuvre des idées parfoisnouvelles, souvent pertinentes, toujours fonctionnelles. Voyons pourquoi d’après les architectes,sans sa participation et son implication, ce projet ne serait pas allé aussi loin.

    Première chose qu’il convient de préciser pour qui rencontre KarineBrossier, le souvenir du chantier reste très présent. À son évocation,son visage s’illumine, on sent beaucoup de joie et de fierté devant letravail accompli. Une impression immédiatement confirmée par ladirectrice associant cette époque à « un excellent souvenir. Beaucoupde personnes que je côtoie parlent généralement des travaux commed’une phase de galère, moi, je n’ai pas du tout cette sensation ».Effectivement, des liens privilégiés se sont instaurés entre elle, lesarchitectes, l’entreprise de construction… bref, l’ensemble desacteurs de ce projet. « Il y avait un climat privilégié avec beaucoupde communication et de dialogue, notamment avec les architectes.Ils sont venus avec des projets, mais ils ont su écouter nos besoinssi spécifiques, des besoins de terrain. Ils ont accepté de se remettreen cause pour parvenir à un consensus, bénéfique pour tous ».Autre élément facilitateur dans ce dossier : une proximité de vues enterme de design. « Je ne voulais pas que la résidence ressemble àune maison de repos, je voulais quelque chose d’hôtelier, avec de lacouleur. Beaucoup de gens n’adhéraient pas à cette idée au début.Avec les architectes, nous étions sur la même longueur d’onde. Noussommes parvenus à faire accepter les couleurs vives, comme le vertpomme ou le rouge ocre. Et les résidents aiment beaucoup ! ».

    Par contre, dès la phase de concours, à la vue de l’esquisse du pro-jet, tout le monde a été unanime pour utiliser le bois. « L’emploi dubois en extérieur a été un critère qui a influencé favorablement lechoix du jury. Ce matériau apporte un caractère chaleureux et raffi-né. Idem en intérieur, le bois crée des espaces accueillants, très cosy,très subtils. Je crois qu’il n’y a rien qui remplace le bois ! ».Et la directrice ne tarit pas d’éloges pour les architectes et « leursouci du détail qui est allé très loin, par exemple avec le bois. Nosportes coupe-feu sont en bois. Elles s’intègrent parfaitement dans lemur lambris, à tel point qu’elles en deviennent invisibles ! ».Quand on l’interroge sur la présence du bois en extérieur et sur lanécessité du traitement anti-feu, Karine Brossier note que « cela n’apas été ressenti comme une contrainte. Les bois ont été livrés sur lechantier et posés en façade. Les pompiers sont venus s’assurer, surle chantier, que toutes les démarches de protection du bois étaientbien effectuées. C’est une simple formalité ».Depuis l’achèvement des travaux, la “Résidence Louis Theys” a faitl’objet de nombreuses visites et parutions. Les commentaires quireviennent le plus souvent? « Pas une personne qui ne vienne et nesoit pas emballée par le bâtiment » rétorque, la parole enjouée, laresponsable.

    « Je crois qu’il n’y a rien qui remplace le bois ! »

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    Territoires & Bois ■ Le bois et le feu

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    Entre les portiques en bois lamellé-collé, ici en violet, les poutres en bois s’enfilent dans la structure en acier - Photo : © La Fibre Comm.

    L’asbl Charleroi/Danses découvre “Les Écuries” à l’occasion dela 4ème biennale de la danse, en 1999. L’asbl entame quelquestravaux visant à privatiser les bâtiments et les espaces. Unelarge ouverture est également percée pour faciliter l’accès auxbâtiments désormais isolés du reste de la Gendarmerie.En 2000, l’asbl consciente de la localisation privilégiée de l’édi-fice et de son potentiel architectural, décide de s’y établir défi-nitivement. Mais pour réaliser cette salle de spectacle, de grostravaux doivent être entrepris. Et les pompiers sont formels,en l’état, avec sa fine charpente métallique qui soutient la toi-ture, hors de question d’accueillir du public !Malgré son évidente élégance, cette charpente présente unebien mauvaise tenue au feu. L’idée d’appliquer une peintureanti-feu est repoussée, la moindre écaille annihilant les béné-fices du traitement.

    Devant la volonté de conserver la structure métallique, essen-tiellement pour des raisons esthétiques, l’architecte et lebureau de stabilité ont proposé de créer une structure secon-daire en bois lamellé-collé.Quatre grands portiques en bois, réunis entre deux par huitpoutres, sont assemblés à l’intérieur du bâtiment, totalementindépendants de la toiture pour des questions d’acoustique.En cas d’incendie, la toiture viendra s’affaisser sur les por-tiques en bois qui offrent une tenue au feu de plus d’uneheure. Amplement de quoi évacuer la salle !En parallèle, cette solution présente un intérêt nouveau : il estpossible d’y fixer les infrastructures techniques, dont le poidsest loin d’être négligeable (décors, éclairages, palans…).Voilà un système qui pourrait redonner vie à beaucoup d’autresbâtiments anciens, et notamment à des halls industriels. ❖

    Parmi les bâtiments de la Gendarmerie de Charleroi, de l’autrecôté de la cour, se trouve l’ancien manège construit en 1911.L’édifice a été abandonné suite à la disparation des chevaux.C’est en ce lieu que l’asbl Charleroi/Danses décide de s’établir,conquise par le potentiel architectural du site, mais confrontéeà une difficulté de taille : la sécurité incendie. Un obstacle que le bois va effacer.

    « LES ÉCURIES - CHARLEROI/DANSES » À CHARLEROI :

    Le bois vient secourir l’acier

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    Ci-dessus, les demi-portiques sont déposés à l’intérieur du bâtiment, par la voie des airs, au travers de la structure en métal - Photo : © Paul WarinCi-dessous, les portiques sont ensuite assemblés entre eux, puis c’est au tour des poutres intermédiaires d’être fixées - Photo : © Paul Warin

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    age QU’EN PENSENT LES PRINCIPAUX UTILISATEURS ?

    La parole à Gianni BreccoDirecteur technique de l’équipe Charleroi/Danses

    Son nom ne vous est peut-être pas inconnu tant il a roulé sa bosse et a aménagé dessalles de spectacles. Aujourd’hui, il se confie sur “Les Écuries”, son autre chez lui!

    « Le bois nous a sauvé la mise ! L’idée de l’architecte PaulWarin et de l’ingénieur Yvon Mosseray est le compromisidéal. D’un côté, la structure en bois apporte la sécuritéattendue vis-à-vis du feu ; et de l’autre, les portiques etpoutres deviennent des zones d’accrochage pour notrematériel technique. Il faut savoir que chaque poutre inter-médiaire résiste à une charge de 1 à 2 tonnes. Sans cetteidée, Charleroi/Danses n’aurait jamais pu s’installer ici.On aurait pu partir sur d’autres solutions que le bois, maiselles auraient été bien plus onéreuses. En plus, grâce à cematériau et à la préfabrication en atelier, le chantier a ététrès rapide. 3 000 m2 de toiture refaits à neuf et la mise enplace de la structure bois n’ont pris que quatre mois.À force de dialoguer, une grande complicité et une forteconfiance se sont instaurées entre nous et l’architecte. Jepense que ce type de relation est très important pour arri-ver à une synthèse de qualité, comme ici.Ce qui est étonnant aujourd’hui, c’est de voir que le publicne se rend compte de rien. Les gens remarquent la vieillecharpente en acier, très esthétique, mais ils ne voient pasles portiques et les poutres ! La structure en bois est inté-grée dans le bâtiment. Nous en sommes ravis ! »

    Année de construction : 2000Durée des travaux : 4 moisSurface (SHON) : 1 170 m2

    Coût de la construction (HTVA) : environ 150 000 € (y comprisl’aménagement des bureaux attenants)

    Maître d’ouvrage :Asbl Charleroi/DansesMaître d’œuvre :Atelier d’architecture V3 sprlTél. : +32 (0)71 33 38 92 - E-mail : [email protected] d’études :Dessin et Construction s.a.Tél. : +32 (0)71 43 48 83E-mail : [email protected] de construction :Sintra Construct s.a. (entreprise générale)Tél. : +32 (0)71 85 21 21 - E-mail : [email protected] s.a. (lot bois)Tél. : +32 (0)84 31 52 74 - E-mail : [email protected]

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    Vue sur la tour de séchage et la façade principale de l’ouvrage - Photo : © Agence Nathalie Larché

    La commune de Lembach est située au nord de la régionAlsace, à l’extrémité du Massif des Vosges, un territoire demoyenne montagne caractérisé par une filière bois particuliè-rement développée. La commune ne déroge pas à la règleoffrant, à ses abords, de riches paysages forestiers et, en sonsein, tout le panorama de l’activité économique liée au bois :scieur, menuisier, charpentier…Construire avec le bois est ici un geste ancestral. Les maisonsà colombages sont légion. Elles prouvent à quel point le boisest structurellement et esthétiquement efficace.Pour le projet du centre de secours, le choix de ce matériausemble dicté. Mais en 1997, alors que l’on redécouvre à peine

    la construction bois, il faut souligner la prouesse de l’ar chi -tecte, parvenue à explorer toutes les facettes de ce matériaupour offrir une œuvre contemporaine. Les techniques deconstruction bois sont parfaitement maîtrisées, jouant avecd’autres matériaux pour conjuguer textures et couleurs.À l’entrée de la commune, en bordure de route, le centre desecours se détache du paysage en créant un signal. Les lignestrès modernes du projet illustrent avec finesse cette volontéd’associer fonctionnalité et esthétisme. Contrairement à ce quipouvait se faire par le passé, le centre ne serait pas une simpleboîte posée par terre !Le bâtiment prend racine dans le sol par l’entremise d’un socle

    Territoires & Bois ■ Le bois et le feu

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    LE CENTRE DE SECOURS DE LEMBACH (FRANCE) :

    Les pompiers font le choixdu bois et de la couleurQuelle meilleure preuve apporter des qualités du boisface au feu si ce n’est en construisant une caserne depompiers avec ce matériau ? C’est le choix effectuépar la Communauté de Communes de la Vallée dela Sauer qui a implanté son centre de secours à l’entrée de la commune de Lembach.Ici, le bois est utilisé en structure mais également en revêtement extérieur, avec un jeude couleurs tout en nuances grâce à l’apport d’autres matériaux.

  • en béton brut lasuré en gris anthracite. Ce choix rappelle lesocle béton des maisons alentour tandis que sa couleur re -tenue évoque les bottes sombres des pompiers. Les fenêtressont saillantes, de forme carrée, et sont réalisées en mélèze.Au-dessus de ce bandeau, le bois trouve une place prépondé-rante, en structure et en revêtement extérieur.Une charpente traditionnelle en bois lamellé-collé concourt àconfectionner les éléments surélevés du garage, un attiquedoté de nombreuses fenêtres pour profiter au maximum del’éclairage naturel. En arrière, à l’étage, la salle d’instructionest réalisée intégralement en bois : les murs sont en ossaturebois, la charpente s’appuie sur un réseau de poutres et detraverses en bois lamellé-collé. Dernier élément bénéficiantd’un traitement bois, la tour de séchage s’élève en fond debâtiment, forte d’une structure mixte béton et bois massif.À l’extérieur, la façade des éléments aériens est revêtue d’unbardage en pin sylvestre traité en autoclave, posé sans aucunelasure. Utilisation innovante pour l’époque, le bardage estréalisé au moyen de lattes ajourées qui offrent un jeu detransparence allant jusqu’à la terrasse. Cela permet à l’ouvragede “décoller” du sol, lui conférant une certaine légèreté paropposition à l’assise massive et sombre du béton.La façade côté garage est couverte de cuivre pré-patiné bleu-vert dont la modénature accentue l’horizontalité. Les deux

    couleurs complémentaires, bois et cuivre, apportent une plus-value esthétique indéniable tout en mettant en exergue lacombinaison des volumes et leurs différentes fonctions.Dernier raffinement, du mobilier en hêtre aux escaliers enmélèze, l’aménagement intérieur est propice à un travail dequalité et à la détente après une intervention difficile. ❖

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    À l’intérieur du garage, la charpente en bois lamellé-collé offre un grand espace pour les véhicules d’intervention et l’atelier technique - Photo : © La Fibre Comm.

    Des oriels en mélèze, laissé naturel mais protégé par une couvertine, ponctuentl’assise en béton peinte couleur anthracite - Photo : © Agence Nathalie Larché

  • Les lattes, de section 22 x 50 mm, sont posées au moyen de vis inoxydables, avec un jour constant de 10 mm - Photo : © Agence Nathalie Larché

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    age QU’EN PENSE L’UN DES DÉCIDEURS ?

    La parole à Charles SchlosserMaire de la commune de LembachVice-Président de la Communauté de Communes de la Vallée de la Sauer

    À l’époque où le projet du centre de secours a émergé, la Communauté de Communese composait de quatre entités: Lembach, Niedersteinbach, Obersteinbach et Wingen. Vice-Président de la structure,et maire de Lembach, Charles Schlosser nous confie les motivations qui ont présidé au choix du bois.

    « La Communauté de Communes à laquelle nous apparte-nions à l’époque, et qui s’est agrandie depuis, se compo-sait de quatre communes particulièrement forestières. Àtitre d’exemple, Lembach s’étend sur une superficie de4 800 hectares dont 3 700 sont couverts de forêts. Noussommes au cœur d’un immense massif forestier.En 1995, nous constations un déficit de bâtiments publicsen bois, malgré une ressource abondante et de qualité. Leproblème n’était pas lié à l’absence de professionnels, noscommunes comptent des scieurs, des menuisiers… toutle nécessaire pour construire bois.La collectivité a donc décidé de montrer l’exemple. Face àla construction d’un bâtiment neuf, événement assez rare,nous souhaitions que le bois soit très présent !

    Dès le début, nous nous sommes orientés vers une archi-tecte sensible à ce matériau.Le plus difficile a été de faire admettre à la population lebardage en mélèze, posé sans traitement. En Alsace, nousavons l’habitude de voir des façades aux couleurs claires.Or, en vieillissant, le bois devient gris. Cela change desmentalités mais il était hors de question pour nous detraiter un bois qui, comme le mélèze, est naturellementdurable ! Avec le recul, on peut voir que les habitants sesont habitués à sa présence et que sa teinte ne susciteaucun commentaire.Pour nous, le principal était d’intégrer le centre de secoursdans le paysage, cette mission a été brillamment rempliepar l’architecte ! »

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    ageAnnées de construction : 1997-1998

    Durée des travaux : environ 12 moisSurfaces (SHON) : 672 m2

    Coût total (HTVA) : 587 000 € (106 000 € pour le lot bois)

    Maître d’ouvrage :Communauté de Communes de la Vallée de la SauerMaître d’œuvre :Agence Nathalie Larché et Jürgen T. StrolzTél. : +33 (0)3 88 60 15 82 - E-mail : [email protected] d’études :SIB ÉtudesTél. : +33 (0)3 88 78 15 14 - E-mail : [email protected] de construction :CRI Gasser Fils (charpente et structure bois)Tél. : +33 (0)3 88 09 69 52 - E-mail : [email protected] Ébénisterie Klein (menuiserie extérieure bois)Tél. : +33 (0)3 88 70 60 31E-mail : [email protected] Gasser Spreng MGS (menuiserie intérieure bois)Tél. : +33 (0)3 88 91 83 80

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    La tour de séchage est construite en bois massif et en béton - Photo : © Agence Nathalie Larché

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    Pompier volontaire, Guido Muller est également le chef de corps de ce que l’on appelle dans lejargon des soldats du feu, l’Unité Territoriale de Lembach. À la tête du centre de secours et deses hommes, il a été associé très tôt au projet de construction. Fort de son vécu, il nous relatecet épisode et la vision qui est la sienne de ce bâtiment. Mais le combattant des flammes a aussià dire sur ses interventions dans des bâtiments, notamment en bois…

    Pour Guido Muller, tout comme pour la Communauté de Communes,« l’ancien centre de secours était devenu trop vieux, trop petit. Il nerépondait plus du tout aux besoins, il fallait reconstruire un nouveaubâtiment ». De cette période, il se remémore avoir été convié à la pré-sentation des différents projets. « Au moment de construire un telcentre, il y a des contraintes techniques qui sont imposées par l’au-torité : le Service Départemental d’Incendie et de Secours. Mais pourautant, nous avons pu donner notre avis pour que le bâtiment soitadapté à nos attentes, et soit très fonctionnel ».Et aujourd’hui, avec un recul de plus de dix ans, l’homme a le senti-ment de servir « dans un bâtiment viable, où on se sent bien. On n’apas affaire à un hall comme souvent dans les autres casernes. Ici, sedégage un sentiment à la fois de chaleur et d’intimité ». Pour GuidoMuller, la présence de matériaux naturels comme le bois apporte unsupplément de confort. Un propos qu’il étaye en relatant la venuede collègues : « des stages ont lieu à Lembach. Nos camarades sesentent très bien dans ce bâtiment. On a l’impression de se retrouverdans un lieu “familial”, où il fait bon vivre ».Interrogé au sujet du vieillissement du bois, notre témoin y voit « unphénomène naturel. Le bois change de couleur et vieillit, comme lecuivre en façade. Ce n’est pas différent d’une peinture qui, avec letemps, s’effrite et change aussi de couleur ».Mais la discussion prend un tournant plus professionnel, l’occasionpour le pompier d’évoquer ses interventions dans des bâtiments en

    feu. « Dans un incendie, le bois, on arrive à le lire ! À peu de choseprès, on parvient à anticiper, à comprendre sa réaction. Jusqu’à sadernière fibre, le bois tient, alors que le métal risque de s’affaisser àtout moment, sans prévenir ! ».Pour l’homme d’expérience, « dès qu’on arrive sur un bâtiment enproie aux flammes, on cherche immédiatement à connaître la naturede sa structure. Si c’est un bâtiment en bois, on peut se permettredes reconnaissances en profondeur. Si jamais, c’est un bâtiment àstructure métallique, sauf urgence impérieuse, on ne rentrera pasdedans ! ». Le comportement du bois se révèle sécurisant pour lepompier car « avec un bâtiment en bois, même si les flammespercent hors de l’ouvrage, ce dernier reste toujours sur pieds ».Même si le bois brûle, il conserve un rôle structurel bienvenu pourévacuer les occupants du bâtiment. N’est pas là le plus important?

    « Dans un incendie, le bois, on arrive à le lire ! »

    À l’entrée du village, le bâtiment crée un signal - Photo : © Agence Nathalie Larché

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    Vue générale sur le projet, depuis la route départementale - Photo : © Jean-Baptiste Dorner

    Le centre de secours s’inscrit dans une parcelle longue etétroite, en contrebas de la route départementale. De l’exté-rieur, la réalisation s’affirme par une longue façade en bois, unbardage en pin sylvestre traité par autoclave. Elle donne à ceprogramme complexe une unité unanimement appréciée.La réalisation se compose :■ d’un grand garage de 5 travées pour véhicules lourds, flan-

    quée d’une tour de séchage des tuyaux,■ de locaux techniques (vestiaires, sanitaires, local alerte…),■ de bureaux et d’une salle d’instruction.Le circuit de fonctionnement du centre détermine la logiquedu projet et fixe l’organisation rationnelle des espaces. Unecirculation périphérique libère l’édifice des parcelles voisineset règle les problèmes de croisement de véhicules.

    Le soubassement du centre fait appel au béton au travers deprémurs, de poteaux et de la dalle en rez-de-rue. Le restantdes structures verticales est formé de façades porteuses enossature bois, contreventées par des panneaux d’OSB.Le plancher en rez-de-rue est mixte bois-béton, sur une portéelibre de 10 m. Au-dessus, des fermettes supportées par unepoutre au vent en lamibois créent la charpente. Cinq poutresen lamellé-collé de 10,90 m forment la structure des garages.Enfin, en retrait, la tour de séchage en béton intègre des pan-neaux de bois à claire-voie pour faciliter la circulation de l’air.La portée pédagogique de ce projet, faisant largement appelau bois, a retenu l’attention du Conseil Régional d’Alsace quilui a attribué une subvention spécifique au titre de ses actionsen faveur de la Haute Qualité Environnementale. ❖

    Territoires & Bois ■ Le bois et le feu

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    Le centre de secours d’Urmatt constitue une référenceemblématique en matière de construction bois.Le fait que des sapeurs-pompiers aient eu recoursà ce matériau pour réaliser leurs locaux n’y est pastotalement étranger, et le choix de ce matériaus’accompagne d’une volonté “éducative”.

    LE CENTRE DE SECOURS D’URMATT (FRANCE) :

    Avec le bois, les pompiersjouent la carte de la pédagogie

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    ageAnnées de construction : 1997-1998

    Durée des travaux : environ 10 moisSurfaces (SHON) : 467 m2 (surface de stationnement déduite)Coût total (HTVA) : 655 000 € (86 000 € pour le lot bois)

    Maître d’ouvrage :Syndicat pour la construction du Centre de Secours d’UrmattMaîtres d’œuvre :Régis MuryTél. : +33 (0)3 88 41 81 89 - E-mail : [email protected] NormandTél. : +33 (0)3 88 41 91 20 - E-mail : [email protected] d’études bois :SIB ÉtudesTél. : +33 (0)3 88 78 15 14 - E-mail : [email protected] de construction :Martin & Fils (charpente, ossature bois, bardage)Tél. : +33 (0)3 88 58 94 44E-mail : [email protected] Barth (menuiserie extérieure bois)Tél. : +33 (0)3 88 98 51 90Menuiserie Ébénisterie Patrice Juillot (menuiserie intérieure bois)Tél. : +33 (0)3 88 97 85 40

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    Le plancher bois-béton,le meilleur des deux mondes !Un plancher mixte bois-béton est constitué d’une dalle debéton liée mécaniquement par des organes de connexion à despoutres en bois. Le principe de collaboration consiste à fairetravailler le béton en compression et le bois en traction, utili-sant ainsi au mieux les propriétés des deux matériaux.La technique du plancher bois-béton se révèle tout aussi indiquéedans le neuf que dans la réhabilitation, en effet :■ en construction neuve, elle offre des avantages tels que sa légè-

    reté, ses performances acoustiques et mécaniques élevées, lapréfabrication en atelier et un excellent bilan carbone,

    ■ en réhabilitation, dans le cas de planchers bois existants, cettetechnique contribue à améliorer la rigidité, l’acoustique et larésistance au feu (conservation des ossatures) des ouvrages.

    D’un point de vue esthétique, le plancher achevé peut être revêtucomme on l’entend (carrelage, parquet, stratifié…).Techniquement, le complexe est constitué, de bas en haut :■ de poutres en bois massif ou en bois lamellé-collé,■ d’un platelage bois, de préférence à rainures et languettes, qui

    sert à la fois de plafond fini et de coffrage perdu,■ d’un film polyéthylène assurant la protection de l’ouvrage

    durant la mise en œuvre du béton,■ d’une dalle béton de faible épaisseur armée d’un treillis et déso-

    lidarisée des murs.Ici, la jonction bois-béton est assurée par des connecteurs métal-liques ancrés dans les poutres et traversés par des armatures enfers à béton. D’autres procédés réalisent cette jonction par desconnecteurs tubulaires ou par des tirefonds saillants répartis surl’extrados des poutres. Dans tous les cas, les ouvrages doiventêtre étayés jusqu’à ce que le béton ait atteint sa dureté.

    Ci-dessus, l’escalier d’accès à la salle d’instruction - Photo : © La Fibre Comm.

    Ci-contre, la charpente et la façade bois du garage - Photo : © La Fibre Comm.

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    Le bois et les aménagements extérieurs

    Document réalisé par Valbois RN.

    Le pavillon promenade du lac des Doyards à Vielsalm - Architecte : Patrick David - Photo : © Patrick David

    Pour retrouver d’autres bâtiments publics et privésd’intérêt collectif où le bois s’illustre :

    www.territoiresetbois.org