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15- Le bois en milieu rural

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milieu rural

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AU SOMMAIRE :Le bois en milieu rural,il s’exprime de mille manières !

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Le hall de stockage et de séchagedu bois à Tenneville :Des perches en bois bonifientles rémanents forestiers

Pages 4 et 5

La passerelle sur l’Ourà Auel (Burg-Reuland) :Le bois, trait d’union entrela Belgique et l’Allemagne

Pages 6 à 9

L’étable “La Voie Lactée” auHameau de Stocqueu (Aywaille) :Le bois signe une établerespectueuse de l’animal

Pages 10 et 11

L’éco-gîte “Art’isane”à Évrehailles (Yvoir) :Le bois participe àla création du premieréco-gîte de Wallonie

Pages 12 à 15

CRÉDITS :Les textes sont la propriété des architectes pour les différents projets

présentés, de Valbois RN et de La Fibre Comm. Toute reproduction,

même partielle, des textes et des documents de cette publication, est

soumise à l’approbation préalable de leur(s) propriétaire(s).

Réalisé en novembre 2009

15- Le bois en

milieu rural

Notre couverture :La passerelle sur l’Our à Auel(Burg-Reuland)Photo : © Bureau d’études Weinand

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Le bois en milieu rural,il s’exprime de mille manières !

Pavillons d’accueil du public, aires de repos, ponts et passerelles, tours d’observation,gîtes, bâtiments de stockage, panneaux d’information, balisages de sentiers… le boisest capable de prendre place dans tous les ouvrages présents en milieu rural.Devant la montée en puissance d’une nouvelle forme de tourisme, cet engouement deplus en plus palpable en faveur d’un retour à la nature, concevoir des infrastructures enmilieu rural devient une urgence pour qui souhaite attirer le public. Dans ce cadre, lebois est un matériau hors pair.

Le bois dispose de qualités uniques qui en font un habile complice pour construire enmilieu rural.Tout d’abord, relevons la proximité de la ressource. Pourquoi faire appel à d’autresmatériaux souvent générateurs de pollution, du fait de leur transformation et de leurtransport, alors qu’à proximité un matériau renouvelable nous tend les mains?Techniquement, le bois offre également des avantages uniques. Il permet par exemplela réalisation de chantiers rapides étant donné que l’essentiel de la construction relèvede la filière sèche : avec le bois, il n’y a pas de phase de séchage. De plus, le bois auto-rise une préfabrication en atelier, de telle sorte que sur le chantier le montage peut êtremené en continu, dans des délais records.Autre point fort du bois : sa masse volumique. Ce matériau est particulièrement léger,un atout autorisant sa présence sur des terrains peu stables. On relèvera d’ailleurs l’im-pact financier sur les fondations, moins coûteuses si on se tourne vers le bois.Enfin, le bois est une réponse pertinente quand il s’agit de construire dans des zonesreculées. Commode à transporter, facile à travailler en petite équipe, il permet d’érigerdes ouvrages retirés, sans mobiliser des moyens tels que grues, pompes à béton…

Enfin, il est une dimension par rapport à laquelle le bois creuse l’écart : quand il s’agitde donner une plus-value visuelle aux ouvrages. Un bardage en bois s’intègre par fai -tement à un paysage de prés et de forêts. Il évoque les arbres voisins et se fond dansla nature grâce à son changement naturel de couleur.Dans un contexte d’extension ou de rénovation d’un ouvrage existant, mais aussi enparlant de construction neuve, le bois apporte une réponse qui allie modernité et respectdu patrimoine, pertinence et esthétisme.

Le bois a toute sa place dans nos campagnes, seule l’imagination bride son essor !

La Wallonie, nul ne l’ignore, est une région très rurale où laforêt joue un rôle majeur. Elle est dans le peloton de têtedes régions les plus boisées d’Europe.Autour de cette richesse, toute une filière économique s’estdéveloppée, valorisant ce matériau pour des usages variés.Trop souvent, en évoquant bois et campagne, on cantonnele bois à l’étable ou, plus généralement au bâtimentagricole, car il contribue mieux que tout autre matériau àleur intégration dans le paysage.Pourtant, le bois en milieu rural offre également d’autresdébouchés, propices au développement de l’emploi et à lalutte contre la désertification de ces zones.

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LE POINT DE VUE D’UN ACTEUR DU MONDE AGRICOLE

La parole à Pascal PochetAttaché à la Direction du développement et de la vulgarisationDirection Générale de l’Agriculture, des Ressources Naturelleset de l’Environnement - Service public de Wallonie

« En milieu rural, depuis quelques années, on voit fleurir denouvelles infrastructures en bois. C’est une démarche trèspositive car le bois a des multiples avantages.En premier lieu, utiliser un bardage en bois, pour un bâtimentagricole, présente un intérêt indéniable en terme d’intégrationpaysagère. Autre argument, on produit du bois dans nosrégions, c’est donc intéressant de le valoriser chez nous. Enmatière de respect de l’environnement, ce matériau ne posepas de problème de recyclage en fin de vie.D’un point de vue technique, en cas d’incendie, on a moinsde dégâts à craindre dans un bâtiment agricole en structurebois. Le bâtiment ne va pas s’affaisser comme avec le métal.Il y a également des arguments non scientifiques qui sontsouvent avancés, comme le meilleur confort des animaux etde l’éleveur. Ici aussi le bois semble se détacher.

Dernière idée qui me vient à l’esprit en faveur du bois, c’estla souplesse avec laquelle on peut adapter son bâtiment. Onpeut l’étendre ou le transformer très facilement.Devant de tels attraits, les agriculteurs ne restent pas insen-sibles. Ceux qui ont fait le pas vers le bois ne reviendraient enarrière pour rien au monde ! Ce sont souvent des personnessensibles à la beauté du bâtiment, à l’ambiance intérieure,aux aspects environnementaux et du développement durable.Il ne faut pas oublier aussi ceux qui voient en ce matériau unepossibilité d’auto-construction, ce qui va diminuer la facturefinale du chantier.Les exemples de bâtiments agricoles en bois sont nombreux.La satisfaction de leurs propriétaires et l’ambiance chaleu-reuse qu’apporte ce matériau permettent d’envisager l’avenirdu bois, dans ce domaine, avec sérénité. »

La Direction du développement et de la vulgarisation a pour mission de diffuser del’information en direction des agriculteurs pour tous les problèmes qui les touchent. Que l’on parle réglementation,mise aux normes, alimentation du bétail ou encore bâtiment, cette structure maintient un lien permanent avec lemonde agricole grâce à des conférences, des visites ou des démonstrations. Responsable de l’antenne de Libramont,Pascal Pochet évoque la proximité entre les agriculteurs et le matériau bois.

ILLUSTRATION : L’EXEMPLE D’UNE FERME À AIX-SUR-CLOIE (AUBANGE)

Photos : © Pascal Pochet

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Territoires & Bois ■ Le bois en milieu rural

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Vue générale sur le projet, situé en périphérie de la commune, à proximité de la forêt - Photo : © La Fibre Comm.

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Commune de TennevilleTerrain vague

Terrain vague

drains dispersants

chemin communal non-asphalté

Chemin non matéria

lisé

Surface de parking/asphalte

Hall de stockage

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LE HALL DE STOCKAGE ET DE SÉCHAGE DU BOIS À TENNEVILLE :

Des perches en bois bonifientles rémanents forestiers

Comme beaucoup de communes rurales boisées, Tennevillene parvenait pas à valoriser ses rémanents forestiers. Grâce auPlan Bois-Énergie, la commune fait d’une pierre deux coups :elle trouve une affectation intelligente à ces bois et produit, àbas coût, le chauffage destiné à ses installations.À quelques centaines de mètres de la chaufferie, un hall destockage est imaginé pour recueillir les plaquettes de bois,issues de déchets forestiers broyés. La construction d’un teléquipement est indispensable pour disposer d’un stock suffi-sant, en prévision d’un hiver rigoureux, et pour permettre leséchage complet du bois. Ce facteur influence directement lerendement de la chaudière.Malgré un budget financier réduit, le cabinet AW architectes aélaboré un bâtiment astucieux, qui met en avant l’utilisation

rationnelle bois.Le hall, de 40 m x 12,60 m, doit sa structure à des poutres enI, en acier galvanisé. La toiture est en acier anti-condensationpour éviter que des gouttes d’eau ne tombent sur les pla -quettes de bois. Le bâtiment est fermé au moyen de perchesen épicéa, glissées entre les âmes des colonnes métalliques.Ce système est facile à mettre en œuvre, avec seulement deuxhommes et un élévateur.Pour le fronton, où il n’est pas possible de glisser des perches,un bardage en lames de douglas a été posé.

Hormis des problèmes liés au terrassement, le chantier faitplace à un projet simple dans ses matériaux, bien intégré, peucoûteux et reflétant les valeurs du bois. ❖

Dans le cadre du Plan Bois-Énergie, la commune de Tenneville a investidans une chaufferie à base de bois déchiqueté. L’installation dessert lamaison communale, la crèche, l’église, le presbytère, le foyerdes jeunes, une buvette et quelques riverains.Pour pouvoir stocker le combustible bois, et parfaireson séchage, un hall a été construit à proximité ducentre de la commune. Sur une structure en métal,des perches en bois sont insérées pour fermer le bâtiment.

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ageAnnées de construction : 2008-2009

Durée des travaux : 6 mois

Surfaces (SHON) : environ 500 m2

Coût de la construction (HTVA) : 218 000 €

dont 23 000 € pour le terrassement

et les fondations particulières

Montant du lot bois (HTVA) : environ 19 500 €

Maître d’ouvrage :

Commune de Tenneville

Maître d’œuvre :

AW architectes sprl

Tél. : +32 (0)84 32 36 60

E-mail : [email protected]

Entreprise de construction :

Picard Construct s.a.

Tél. : +32 (0)84 45 52 53

E-mail : [email protected]

À l’intérieur du hall de stockage, les plaquettes de bois peuvent sécher dans des conditions idéales - Photo : © La Fibre Comm.

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es Les avantages d’un bardageréalisé avec des perches en bois

Pour un bâtiment comme le hall de Tenneville, le recours à desperches en bois est intéressant à trois titres :■ le système convient très bien à la fonction. Ce type de remplis-

sage assure une bonne ventilation du hall, élément recherchépour faciliter le séchage des plaquettes de bois.

■ le bois utilisé est un produit local, valorisé à proximité. Dans lecas présent, les perches proviennent d’une scierie d’Hotton.

■ c’est une solution économique. Avec un coût au m2 de 40,25 €,comprenant la fourniture et la pose des perches, ce choix serévèle l’un des moins chers sur le marché.

Les perches en épicéa brut ont été écorcées pour permettre uneplus grande durabilité et pour éviter que cette enveloppe ne sedétache progressivement. Elles sont non fraisées afin que l’humi-dité ne leur porte pas préjudice. Enfin, le bois n’est pas traitécar cela n’est pas nécessaire. En les laissant telles quelles, cesperches présentent une meilleure durabilité.Avec le temps, le bois va griser naturellement, effet souhaité parle cabinet AW architectes, pour parfaire l’intégration du bâtimentdans son environnement.

En terme d’entretien, ce hall ne réclame aucune attention. Tout auplus il se peut qu’une perche vienne à casser, dans ce cas il suffitde la changer, tout simplement.

Les perches nécessaires pour Tenneville devaient mesurer 5 mde longueur et présenter des diamètres maximum et minimum de15 et 11 cm. Or la scierie n’était pas en mesure de fournir cettelongueur exacte et a proposé des bois plus longs. Qu’à cela netienne, un coup de tronçonneuse sur le chantier a permis de lesconformer au bon gabarit. Une illustration de plus de la facilité demise en œuvre de ce type de remplissage !

Grâce aux perches, on peut créer des parois très solides et trèsrésistantes tout en veillant à dimensionner correctement la struc-ture pour résister aux poussées latérales.

Dernier intérêt de ces perches en bois, elles peuvent être enlevéespour créer un passage ou placées de manière totalement dif fé -rente, pour permettre au bâtiment d’évoluer en fonction de sesbesoins, contraintes ou d’être utilisé pour une autre affectation.

Fermer un bâtiment avec des perches en bois présente demultiples intérêts, mais encore faut-il que la réalisation seprête à ce type d’exercice. Si un hall de stockage de boissemble un exemple tout indiqué, il ne faut pas oublier d’autrespossibilités comme la réalisation de garages communaux, debâtiments d’entreposage à vocations diverses ou encore lesapplications en matière de bâtiments agricoles.

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Territoires & Bois ■ Le bois en milieu rural

L’architecte burg-reulandais, Leo Michaelis, fin connaisseurdes spécificités de ce territoire, est appelé par la communepour travailler sur cette liaison entre la Belgique et l’Allemagne.Séduit par l’idée, et convaincu par le choix judicieux de cetteimplantation, il propose aux autorités d’aller au-delà du simplepont envisagé et de construire un ouvrage plus ambitieux. Ilpropose la réalisation d’une passerelle capable d’accepter pié-tons et cyclistes. Son ambition est qu’elle s’intègre à la grandeligne cyclable transfrontalière en cours de constitution.Le projet est donc réorienté : l’intention initiale, un pont longde 16 mètres, cède le pas à un ouvrage de plus de 35 mètres,surélevé pour tenir compte des crues de l’Our.

Le concepteur s’associe alors avec l’architecte et ingénieurliégeois, Yves Weinand, dont les connaissances en matière deconstruction bois ne sont plus à démontrer.

Sur ce site paisible, où la nature a repris tous ses droits, le pontemprunté par les trains a été détruit en septembre 1944, lorsdes derniers combats de la Seconde Guerre mondiale. Il nesubsiste que les ruines des anciens piliers, de chaque côté dela frontière. Les architectes ont privilégié deux piles en retrait,éloignées de l’Our, fleuve à la fois protégé et capable de cruessurprenantes. En avril 2008, on offre une nouvelle jeunesse àces piliers, parés pour porter la nouvelle passerelle.

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Vue générale sur la passerelle, légèrement courbée, et sur les tirants qui reprennent les efforts horizontaux - Photo : © Bureau d’études Weinand

LA PASSERELLE SUR L’OUR À AUEL (BURG-REULAND) :

Le bois, trait d’union entrela Belgique et l’AllemagneLe village d’Auel, en Communauté Germanophone, est frontalieravec l’Allemagne. L’Our définit la ligne de démarcationentre les deux États.Les habitants de cette bourgade, désireux d’améliorer laqualité de vie du village et soucieux de s’intégrer dans unedémarche de développement durable, ont souhaitéréaliser une passerelle entre les deux pays.Le site où circulait avant-guerre le chemin de fer,entre Auel et le village allemand d’Elcherath, recueilletous les suffrages. Il ne reste plus qu’à concevoir le trait d’union entre les deux contrées,sachant que le désir des autorités communales et des villageois est d’utiliser le bois.

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Le concept proposé, et accepté par les décideurs, est l’œuvred’Yves Weinand. Il consiste en un pont en bois lamellé-collé enforme de U, se développant en courbe entre ses deux appuis.Cette forme contribue à la bonne stabilité de l’ensemble et,dans le même temps, elle fait de ce pont un élément léger quicouvre cette longue distance avec délicatesse. Dans ce site trèssimple, l’intervention demeure discrète.

Les garde-corps de la structure en U sont réalisés de manièreassez classique, au travers de poutres en bois lamellé-collé, durésineux, avec une épaisseur de 24 cm et une hauteur avoisi-nant 1,75 m. Le sol de la passerelle est constitué de six élé-ments en bois lamellé-collé de 24 cm de largeur et 33 cm dehauteur, collés et assemblés mécaniquement entre eux.

Pour parvenir à enjamber l’Our, la passerelle est usinée entrois parties. Le montage fait appel à des plats métalliques, destiges filetées, des boulons… le tout noyé dans le bois.Le montage sur site est réalisé avec une grue de 80 tonnes, entrois étapes. Le premier élément, côté Allemagne, d’environ 4tonnes, est mis en place, il s’arrime au pilier rénové et s’appuiesur un socle provisoire. Ce tronçon s’arrête à quelques centi-mètres du cours d’eau. La seconde partie de la passerelle, lapièce maîtresse de 11 tonnes, permet de traverser l’Our, enregagnant un autre appui transitoire. Il ne reste plus qu’à posi-tionner le dernier tronçon de 4 tonnes pour fouler le sol belge.Parée de ses tirants, destinés à reprendre les efforts horizon-taux, la passerelle semblerait achevée.

Mais l’architecte Yves Weinand a voulu renforcer sa protectionvis-à-vis de l’eau, principale cause du vieillis sement prématuréde ce type de réalisation. Dans cette optique, une tôle en inoxavec ses bavettes est fixée en pente au-dessus des deux garde-corps. Elle force l’écoulement de l’eau vers la rivière. Lesparois latérales extérieures du pont sont protégées grâce à unbardage en lames de mélèze reprenant la courbe de la passe-relle. Pour les parois intérieures, on retrouve des lames demélèze, posées verticalement sur un lattage.Le sol aura demandé plus d’efforts. Sur le bois lamellé-collé,on a posé une membrane d’étanchéité im per méable afinqu’aucun liquide ne puisse stagner en contact prolongé avecle bois. Un caillebotis en mélèze est fixé au-dessus. Il est aisé-ment démontable, par morceaux, en cas de nécessité. D’autrepart, grâce à sa forme courbe, et à l’absence tout obstacle sousles caillebotis, les eaux sont orientées vers chaque extrémitéde la passerelle.

Le montage de la passerelle a été exécuté en une journée, letravail de protection a nécessité deux semaines. C’est unepetite entreprise de la commune qui a réalisé cette mission,un bon point pour l’économie locale.

Cet ouvrage connaît une grande popularité par sa fonction etpour le plaisir de l’admirer. Il est vrai qu’il y a là un vrai soucidu détail. En témoigne la pente générale de la passerelle quis’aligne sur les normes admises pour pouvoir accueillir lespersonnes à mobilité réduite. ❖

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Mise en place du troisième tronçon de la passerelle, celui qui aboutit en Belgique - Photo : © Bureau d’études Weinand

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es Les détails qui font la différenceYves Weinand en était conscient depuis le début de ce projet,le problème de l’écoulement de l’eau sur la passerelle devaitêtre pris en compte dès les premières réflexions. En effet, lebois s’accommode mal d’un contact prolongé avec ce liquide.Sa mise en œuvre doit donc être soignée, ce qui est le cas pourla passerelle d’Auel, où les détails ont été fignolés…

Sous le caillebotis en mélèze, la membrane synthétique fixée ausol en bois génère un écoulement longitudinal de l’eau, sans tuyauni percement. Ce n’est qu’aux extrémités que ce ruissellement estpris en charge par des rigoles et un conduit creux, prévus à cetteintention, dans le béton. L’eau finit sa course dans la rivière.Chaque élément dans ce parcours a été analysé pour qu’aucunegoutte d’eau ne puisse stagner au contact avec le bois.

Pour garantir une bonne protection aux flancs de l’ouvrage, unbardage en bois recouvre les quatre faces latérales. Arrêtons-nous sur le bardage extérieur de la passerelle car au-delà de labeauté du geste, puisque les lames de mélèze suivent la courbede l’ouvrage, il faut relever sur la précision attendue en matièrede pose. L’ingénieur Yves Weinand a remis au menuisier troisvariantes pour la mise en œuvre du bardage. Elles visent toutes lemême objectif : que les gouttes de pluie s’écoulent vers la rivière.À Auel, le menuisier a privilégié la variante 2, c’est-à-dire la poseinclinée des lames entre les plots visés au bois lamellé-collé.Ce bardage est exposé naturellement aux intempéries, sans aucuntraitement ni entretien. Le système de fixation imaginé permet deretirer ces lames de mélèze facilement pour une remise à neuf.

Concernant la structure en bois lamellé-collé, beaucoup de piècesmétalliques sont devenues invisibles, cachées derrière le bardage.Pourtant, si l’ouvrage paraît très pur, sans réelle complexité, ilrecèle d’astuces mises au point avec la complicité de l’entreprisede fabrication. Dans le coût global, ces connecteurs métalliquesont malheureusement une incidence non négligeable.

Dernière précision à destination de ceux qui s’interrogent sur lechoix d’un autre matériau pour la structure de la passerelle, lacourbure imposait le bois lamellé-collé. Heureusement d’ailleursque les calculs dictaient l’utilisation d’une épaisseur de 24 cm, carle fabricant ne pouvait aller plus loin que cette dimension.

Territoires & Bois ■ Le bois en milieu rural

Cette coupe transversale montre le soin apporté pour préserver la structureen bois lamellé-collé de l’eau - Dessin : © Bureau d’études Weinand

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Coupe des trois options proposées pour la pose du bardage extérieur

Ci-dessus, gros plan sur la pose du bardage extérieur - Photo : © Leo Michaelis

Ci-dessus, la mise en place des caillebotis en mélèze - Photo : © Leo Michaelis

Variante 1 Variante 2 Variante 3

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ageAnnée de construction : 2008

Durée des travaux : 5 moisLongueur : 35,60 mCoût (HTVA) : non communiqué

Maître d’ouvrage :Commune de Burg-ReulandMaître d’œuvre :Association momentanéeLeo MichaelisTél. : +32 (0)80 22 99 23 - E-mail : [email protected]& Bureau d’études WeinandTél. : +32 (0)4 343 39 38 - E-mail : [email protected] d’études :Bureau d’études WeinandTél. : +32 (0)4 343 39 38 - E-mail : [email protected] de construction :Gillessen Frères (entreprise générale)Tél. : +32 (0)80 22 86 05 - E-mail : [email protected] (bois lamellé-collé)Tél. : +32 (0)84 32 33 86 - E-mail : [email protected] Scheuren (bardage bois)Tél. : +32 (0)80 22 86 33 - E-mail : [email protected]

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age QU’EN PENSENT LES SERVICES DE L’URBANISME RÉGIONAL ?

La parole à Susanne HeinenFonctionnaire déléguée - Directrice de la Direction générale opérationnelleAménagement du territoire, Logement, Patrimoine et ÉnergieDirection d’Eupen - Service public de Wallonie

Susanne Heinen est la responsable de la jeune Direction d’Eupen, entité qui a acquis son autonomie depuis tout justeun an. Ingénieur civil de formation, elle ne peut résister à l’attrait des considérations techniques, même si cela nerelève pas de sa mission. Elle évoque pour nous sa vision du bois, sur un territoire précurseur.

« Le dossier de la passerelle sur l’Our, à Auel, a été validétrès rapidement car nous avons jugé cette idée attrayante.D’un point de vue symbolique, faire ce pont entre les deuxpays nous paraissait important ; et dans ce milieu rural, lebois est le matériau par excellence.Par contre, j’ai pu constater que souvent le bois doit faireface à des préjugés. Beaucoup pensent qu’il vieillit moinsbien que les autres matériaux, ce n’est pas vrai dans les casoù les choix ont été faits de façon judicieuse.Notre ressenti par rapport à ce matériau est très influencépar la proximité de la Communauté Germanophone avecl’Allemagne et la Suisse. Des pays très en avance par rap-port à nous en matière de construction bois !Pour moi, bois et construction durable forment un coupleindissociable. Il faut utiliser prioritairement les ressourcesqui proviennent de la région, il faut travailler avec desentreprises proches pour développer l’économie, il fautdiminuer notre empreinte écologique. Dans ce domaine,Le bois trouve un large terrain d’expression.

Mais il faut rester attentif aux questions d’urbanisme. Jenote un essor de l’architecture bioclimatique pour les pri-vés, le bois y est très utilisé. Dans ce domaine, je dois direque l’intégration et le respect de l’environnement, au-delàdes limites parcellaires, ne sont pas toujours présents !Si on évoque les pouvoirs publics, on constate qu’ils s’in-téressent plus qu’avant au bois. Au sein de la CommunautéGermanophone, il y a un projet ambitieux puisqu’il s’agitde construire et rénover huit écoles. L’objectif des écolesneuves est d’aller vers le passif, pour les rénovations d’at-teindre la basse consommation. Dans ce type de dossier, laquestion du bois vient tout de suite ! Je serai curieuse devoir si la Communauté verra naître les premiers grandsprojets publics avec une place laissée au bois en extérieur.Pour les élus, ce choix est souvent délicat, le changementde teinte du bois en extérieur n’est pas toujours prévisible,or les élus n’apprécient guère l’inconnu ! Parallèlement,cette position évolue au prorata des prises de consciencerelatives à l’environnement. Là aussi, le bois progresse. »

Avec la tôle supérieure en inox, le bardage intérieur en mélèze et le caillebotis, la structure originelle est totalement masquée - Photo : © Bureau d’études Weinand

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En 1991, l’asbl “La Voie Lactée”, malheureusementdisparue depuis, exploitait la première ferme wallonne privilégiant la relation directe entrel’agriculteur et le consommateur. Dans la petiteexploitation, les préceptes de l’agriculture bio-dynamique sont appliqués, une méthodeproche de l’agriculture biologique où la relation entre homme et animal est redéfinie.C’est dans ce contexte si particulier que va naître une étable savamment méditée, oùle bois tient une place prépondérante.

Vue générale sur le projet, en voie d’achèvement - Photo : © Éric Furnémont

Lorsque l’asbl “La Voie Lactée” contacte l’architecte liégeoisÉric Furnémont, c’est pour qu’il réalise une étable capabled’accueillir une douzaine de vaches, son fenil, ainsi qu’unvaste hangar attenant. Le concepteur découvre alors aveccuriosité et enthousiasme l’agriculture bio-dynamique.Les relations qui lient l’éleveur à ses animaux sont empreintesd’un respect rarement observé. En élevage “traditionnel”, lesvaches sont parquées l’hiver dans leur étable, en rang et leplus souvent face à un mur. Pour cet animal grégaire où règneune dominante, le sortir de l’enfermement est prétexte à descombats, cherchant à rétablir les hiérarchies perdues, et ponc-tués de blessures. C’est pour éviter cela que souvent les agri-culteurs leur scient les cornes.En agriculture bio-dynamique, de telles pratiques n’ont pascours. Ici, l’étable idéale fut donc rêvée circulaire, afin que lesvaches puissent se voir et que perdure un lien hiérarchique.Mais une telle organisation se révèle peu rationnelle pour l’é-leveur : l’alimentation devrait se faire par le milieu et le circuitde ramassage du fumier et des déchets serait moins pratique

qu’avec une étable en long.Le plan de l’étable résulte de la confrontation entre ces deuxgéométries : il est ovale. Ainsi, les vaches peuvent se regarderet le fermier conserve une facilité de passage.Avec son faîtage horizontal, l’étable s’installe discrètementdans la pente d’une colline épousant les courbes de niveaux, àun endroit sombre comme les apprécient les vaches.Les matériaux de construction mis en œuvre sont le reflet dedeux préoccupations écologiques : écologie matérielle en pro-hibant les produits chimiques et écologie locale avec le choixde matériaux de proximité, le bois au premier chef.Sur un soubassement économique, blocs de béton et briquesde laitier, s’élève une étable réalisée en poteaux-poutres. Cettestructure est en mélèze de pays non traité, le toit en bardeauxde la même essence, tandis que les murs sont confectionnésavec des perches d’épicéa, des déchets de la scierie d’à côté.L’étable est réalisée en grande partie par les membres de l’asblet des étudiants en architecture. Le hangar attenant ne verraquant à lui jamais le jour. ❖

Territoires & Bois ■ Le bois en milieu rural

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L’ÉTABLE “LA VOIE LACTÉE” AU HAMEAU DE STOCQUEU (AYWAILLE) :

Le bois signe une établerespectueuse de l’animal

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es L’avantage des bardeaux avecune toiture à double courbureÉric Furnémont a imaginé une toiture complexe, ovale vued’en haut, rappelant la coque renversée d’un bateau. À partird’un faîtage et d’une rive tous deux horizontaux, la pente dutoit ne cesse de varier d’un bout à l’autre. C’est ce que l’onappelle une toiture à double courbure, ou couverture gironnée.Pour un tel toit, plus pentu aux extrémités qu’en son milieu, unecouverture en bardeaux de bois est un choix idéal. En effet lebois est un matériau artisanal, facile à travailler. Il s’adapte avecaisance à une telle géométrie changeante.Utilisés en toiture, comme les ardoises, les bardeaux doivent serecouvrir entre eux. Or la taille de ce recouvrement varie. Face àune pente très prononcée, le recouvrement sera faible car l’eaucoule naturellement, et inversement. Mais avec une pente de toitqui varie tout le temps, il va en résulter un pureau variable, lepureau étant la partie non recouverte et donc visible du bardeau.Pour répondre simplement à la contrainte du pureau variable, lesbardeaux furent coupés à la tronçonneuse à partir de tas deplanches de 3 m, en biais pour obtenir toutes les tailles possiblesentre 90 et 120 cm. Les ardoises en bois de 120 cm sont utiliséesau milieu, là où il faut le plus de recouvrement ; les plus petitesaux extrémités, où la pente est plus forte ; les autres, entre. Enregardant la toiture, le pureau reste identique partout.

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ageAnnée de construction : 1994

Durée des travaux : 6 moisSurface (SHON) : environ 160 m2 pour l’étable, 160 m2 pour le fenilCoût de la construction (HTVA) : environ 30 000 €

Maître d’ouvrage :Asbl “La Voie Lactée”Maître d’œuvre :Atelier Chora - Architecte : Éric FurnémontTél. : +32 (0)4 222 21 32 - E-mail : [email protected] d’études :Bureau d’études Franz Dupont sprlTél. : +32 (0)2 644 32 76 - E-mail : [email protected] de construction :Auto-construction

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Ci-dessous, on remarque la forme ovale de l’étable - Photo : © La Fibre Comm.

Ci-dessus, le changement de pente du toit est perceptible - Photo : © Éric Furnémont

Ci-dessous, le bardage en perches d’épicéa - Photo : © La Fibre Comm.

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Vue générale sur l’arrière des bâtiments, avec le bardage en cèdre lasuré et les châssis au ton très clair - Photo : © La Fibre Comm.

Au départ du projet, dénommé Art’isane, les propriétairesavaient prévu, en plus de leur propre logement, de créer deuxgîtes mitoyens. Les contraintes en matière de sécurité incen-die les en ont rapidement dissuadées, aussi ont-ils opté pourla réalisation d’un gîte autonome et de chambres d’hôteshébergées dans leur habitation.

Au total, la capacité d’accueil atteint quinze personnes, à rai-son de cinq dans le gîte et dix en chambres d’hôtes. Pour legîte, les locataires peuvent se répartir dans deux chambresdoubles et une chambre individuelle. Les chambres d’hôtesoffrent trois chambres de deux, et une suite dotée de deuxchambres doubles.

Mais pour en arriver là, il a fallu restaurer les deux granges !Marie-Agnès et Baudouin Serruys-Bernard partagent la mêmeaspiration : cette restauration sera écologique. Pour des gensqui n’y connaissaient rien, voici venu le temps des formations,chez Nature et Progrès notamment, le temps du dialogue avecles professionnels, la visite de salons spécialisés…

Sur la base de plans de l’architecte d’Yvoir Stéphane Pestiaux,les travaux débutent en août 2006. La remise en état des deuxgranges s’étalera sur quatorze mois. À partir d’octobre 2007,profitant de la formation d’architecte d’intérieur de la proprié-taire, Marie-Agnès, elle et Baudouin consacreront environ septmois de plus aux travaux d’intérieur et à l’aménagement.

Territoires & Bois ■ Le bois en milieu rural

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Marie-Agnès et Baudouin Serruys-Bernard sont des propriétaires comblés, un vieuxrêve est enfin devenu réalité. Depuis le départ des enfants, ils aspiraient à créer ungîte. Aucune considération vénale derrière ce projet, seuls un goût prononcé pour lecontact humain et le désir de bien recevoir sont leurs moteurs.En 2000, ils découvrent, au cœur du joli village d’Évrehailles, deux granges accoléesdont ne subsistent que les murs extérieurs en pierre. C’est le coup de foudre.Ils décident alors de restaurer ces bâtiments suivant des principes écologiques.En associant le bois à d’autres matériaux, naît le premier éco-gîte de Wallonie.

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L’ÉCO-GÎTE “ART’ISANE” À ÉVREHAILLES (YVOIR) :

Le bois participe à la créationdu premier éco-gîte de Wallonie

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L’habillage historique des granges était en pierres du pays,mais pour casser cet aspect trop ferme, exagérément massif,un bardage en bois, du cèdre avec une lasure écologique, estapposé à l’arrière des bâtiments. Il distille la touche de fraî-cheur et de légèreté recherchée.À l’avant, c’est par contre la pierre bleue qui habille l’entrée.Ce travail de mixité entre bois et pierre bleue confère unaspect contemporain à la rénovation, qui vient contrebalancerla pierre du pays, évocation du passé.Pour parachever le clos couvert, les châssis sont sélectionnésavec attention. Le vœu des propriétaires est de ne pas allervers des bois sombres, comme le meranti, par crainte de rajou-ter une touche de sévérité. Le pin des Vosges, une essence trèsclaire, est choisi mais pour éviter qu’elle ne tire trop vers lacouleur jaune, une lasure naturelle est appliquée sur le bois.

Orientée suivant un axe nord-sud, l’architecture reste dans latradition du Condroz avec peu de vues côté rue et beaucoupd’ouvertures au sud. La rénovation va jouer sur cette caracté-ristique pour permettre à l’ouvrage d’atteindre le niveau d’unbâtiment basse énergie, dont la consommation équivaut àenviron 6 litres de mazout par m2 et par an.De gros efforts sont entrepris pour l’isolation thermique. De lacellulose, élément naturel dérivé du bois, est insufflée sous latoiture et posée entre les lambourdes, dans les étages. Lechanvre est utilisé pour l’isolation des parois verticales.Comme de bien entendu, le chauffage est au bois, des pellets.Il est couplé à des panneaux de chauffage solaire et à un puitscanadien. Petite gâterie pour des résidents du gîte, un poêle àbois les invite à revivre le plaisir d’une bonne flambée.

Les travaux intérieurs témoignent de la même volonté de bienfaire. Choix de matériaux naturels, recours à des traitementsexclusivement écologiques, éviction des champs électroma-gnétiques, application des enseignements du feng shui,

réflexion sur le bien-être et la qualité de vie… sont autant denotions mises en pratique dans chaque lieu de vie.

Les sols, et bien naturellement les escaliers, sont quasi tousen bois. Seule une infime partie, environ 15 % de la surfacetotale, est carrelée. M. et Mme Serruys-Bernard ont arrêté leurchoix sur deux essences de bois : d’une part le chêne français,présent au rez-de-chaussée de la maison d’hôte et au niveaudes escaliers ; et d’autre part le bambou compressé, utilisé àl’étage des chambres d’hôtes et partout dans le gîte.

Le mobilier n’est pas en reste, bien sûr. La grande table d’hôteest réalisée en chêne. Il s’agit de l’œuvre de Sabina Ianieri,designer de la région de Liège, qui a remporté avec ce beautravail le prix du design au salon Bois & Habitat 2004.De nombreux autres meubles anciens en bois occupent les dif-férentes pièces. Le chêne y côtoie le teck, non loin et plus clair,on peut entrevoir un meuble en hêtre…

Ce qui ne pourrait être qu’un détail démontre, une fois deplus, le raffinement du lieu. Tous les lits sont composés desommiers en bois avec des articulations en hévéa, un latexnaturel. Exit les clous, les mécanismes en métal et tous lescomposants susceptibles de créer une cage de Faraday.

En dehors de cette présence remarquée et subtile du bois, ilne faut pas oublier tous les autres matériaux purs employés.On peut citer les peintures naturelles, le plafonnage à la chaux,les tissus d’ameublement en lin, les matelas en latex naturel,les couettes en duvet, le linge de lit en lin et en coton…

Grâce à cette démarche environnementalement exemplaire,relayée par la sensibilisation des touristes à l’écologie, ce gîteest devenu le 30 juillet 2009 le premier éco-gîte de Wallonie :un relais de plus en faveur du développement durable. ❖

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À l’intérieur des chambres se dégage une atmosphère de sérénité, à laquelle contribuent le sol en bambou et le mobilier en bois - Photo : © La Fibre Comm.

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Territoires & Bois ■ Le bois en milieu rural

Dans la salle à manger, la table en chêne imaginée par Sabina Ianieri écoute les visiteurs de passage et voit se nouer les amitiés - Photo : © La Fibre Comm.

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age QU’EN PENSENT LES SERVICES DE L’URBANISME RÉGIONAL ?

La parole à Marc TournayFonctionnaire délégué - Directeur de la Direction générale opérationnelleAménagement du territoire, Logement, Patrimoine et ÉnergieDirection de Namur - Service public de Wallonie

Comme tous ses collègues fonctionnaires délégués, Marc Tournay constate un engouement récent en faveur du bois.Sur son secteur, le responsable prône une bienveillante neutralité: ni pour, ni contre ce matériau. Par contre, il n’estpas insensible à l’utilisation du bois en mixité avec d’autres matériaux. Comme l’éco-gîte d’Évrehailles?

« Les meilleurs projets que j’ai pu apprécier, jusqu’à main-tenant, sont souvent ceux qui marient le bois avec un autrematériau, du type bois/pierre ou bois/enduit. Cette mixitéfonctionne rarement bien avec la brique.On retrouve ce type d’approche avec l’éco-gîte Art’isane.C’est un bon exemple. Le bois est un élément très chaleu-reux à l’intérieur. Il montre qu’il est là via quelques petitestouches qui ressortent à l’extérieur, comme le bardage enbois qui n’occupe pas toute la façade. En gardant le restedu bâtiment en pierre, on raccroche le gîte au village et lebâtiment est tout à fait à sa place.Un ouvrage 100 % bois dans un village fait toujours corpsétranger. Dans un village calcaire, quand le bois grisonne,l’effet s’atténue mais l’intégration reste difficile. Il existeune tradition du bois dans la grange, la ferme et plus géné-ralement les bâtiments agricoles. Nous poussons dans cesens, mais au niveau habitation il faut rester prudent.

On fait un raccourci en liant ruralité à nature et nature àbois. On associe le végétal au rural, le minéral à l’urbain.Mais ce ne sont que des perceptions ; dans tous les cas, ilfaut une architecture qui va avec le bois. Pas une typologieimportée ! Il faut inventer. C’est ce qui explique une telleprésence du bois dans les projets contemporains.Globalement, le bois est entré dans les mœurs, toutefoisnous restons vigilants sur sa mise en œuvre en bardage.Malgré une meilleure connaissance, on ne maîtrise pastotalement l’évolution de son aspect extérieur. Celaexplique que nous soyons si regardants quand le bois estutilisé en copropriété : des propriétaires veulent le laissergriser, d’autres le rénover. Cela peut poser problème.Le bois a toute sa place dans la construction, comme lesautres matériaux, l’éco-gîte d’Évrehailles démontre qu’onpeut faire une construction écologique, bien intégrée,sans pour autant mettre du bois partout à l’extérieur ! »

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ageAnnées de construction : 2006 à 2008

Durée des travaux : 21 moisSurface (SHON) : 2 étages habités de 260 m2 chacun,

un grenier non habité de 260 m2

Coût total (HTVA) : 750 000 € pour l’ensemble des travaux del’habitation, du gîte et des chambres d’hôtes,excepté les cuisines et l’aménagementintérieur (mobilier et décoration)

Maître d’ouvrage :Marie-Agnès et Baudouin Serruys-BernardMaître d’œuvre :Atelier d’Architecte Stéphane Pestiaux sprlTél. : +32 (0)82 61 31 63E-mail : [email protected] d’intérieur :Marie-Agnès Serruys-BernardTél. : +32 (0)82 71 18 55E-mail : [email protected] de construction :non-communiqué

Site Internet :http://www.arttisane.be

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Une petite cuisine, réalisée en chêne français, est à la disposition des locataires du gîte, au rez-de-chaussée - Photo : © La Fibre Comm.

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La création du label éco-gîte est le fruit d’une collaboration entre la Fédération des Gîtes de Walloniequi propose ce nouveau concept aux touristes, et l’asbl Nature & Progrès dont l’expertise en matière desensibilisation à l’environnement a contribué à la rédaction d’un cahier des charges approfondi. MyriamProcé est animatrice au sein de Nature & Progrès et spécialiste en bio-construction. Elle nous donne àdécouvrir ce nouveau concept et la place accordée aux matériaux naturels, dont le bois.

Myriam Procé a parfaitement consciencequ’au travers de ce nouveau label, c’est plusla curiosité qui est suscitée actuellement.Mais l’animatrice sait que le temps joue ensa faveur : « nous sommes encore uneminorité convaincue de bouger par rapport à

l’environnement, mais les choses progressent ! La société change ! ».Ce label, il est vrai, est précurseur. « Le concept d’éco-gîte a été crééafin de favoriser la préservation des énergies et des ressourcesnaturelles. Il dépasse l’aspect strictement construction car le proprié-taire est sollicité pour sensibiliser ses hôtes à l’environnement, àl’agriculture biologique, à la gestion des déchets… » précise-t-elle.Pour aider les propriétaires intéressés, Nature & Progrès a donc crééune grille d’analyse qui, en construction comme en rénovation, lesmet sur la piste du respect de l’environnement. « Notre guide debonne conduite reprend les différentes problématiques de l’habitat.Pour obtenir le label éco-gîte, le propriétaire est sensibilisé autour dehuit thématiques : l’implantation et l’environnement du gîte, le choixdes matériaux, la gestion de l’eau, l’utilisation de l’énergie, l’isolation

et le système de chauffage, le tri des déchets, la gestion quotidiennedu gîte comme l’absence de produits phytosanitaires chimiques, etenfin l’information et la sensibilisation des hôtes à l’environnement,à la nature, aux produits locaux… ».Le label n’impose pas les matériaux. Pour Myriam Procé, « il inciteles propriétaires à aller vers des essences locales, des matièrespremières naturelles et renouvelables, aux dépens des dérivés del’industrie pétrochimique ». Lorsque le demandeur est audité, « nousanalysons septante points clés différents ; certains doivent obligatoi-rement être respectés, d’autres sont facultatifs ».Pour qui souhaite investir dans un éco-gîte, l’animatrice de Nature &Progrès ne cache pas tout le bien qu’elle pense du bois. « C’est unmatériau qui est très bien perçu car il est écologique. Néanmoins,nous attirons l’attention des propriétaires sur le choix d’essenceslocales, pour éviter transport et pollution, et sur des bois certifiésFSC ou PEFC, c’est la garantie de la gestion durable de la forêt ».Comme nous l’indique Myriam Procé en guise de conclusion, « c’estune démarche novatrice qui doit être saluée. Un second éco-gîte aété agréé, un troisième se profile. Les éco-gîtes ont de l’avenir ! ».

« Un label qui va au-delà des matériaux naturels… »

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1- Le bois et

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4- Le bois et

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et son entretien

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les bâtiments

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14- Le bois dans

les plaines de jeux

et les zones de loisirs

15- Le bois en

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