101 Chateaubriand

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    www.comptoirlitteraire.com

    Andr Durand prsente

    CHATEAUBRIAND

    (France)

    (1768-188)

    Portrait par Girodet

    Au !"# de sa $"%&rap'"e s"nscr"ent ses *ures+u" s%nt rsu,es et c%,,entes

    (surt%ut Ren et Mmoires doutre-tombe).

    B%nne #ecture /

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    C'est Saint-Malo, le 4 septembre 1768, que, par une nuit de tempte, la mre de !ran"ois-#en$ deC%ateaubriand, &polline de $d$e, lui ( infligea la vie)* Son pre, !ran"ois-&u+uste, $tait armateuret pratiquait, entre autres ommeres, elui des eslaes, e qui lui aait permis, en 1761, d.aqu$rirle domaine de Combour+ et son %/teau et de redorer ainsi le blason des C%ateaubriand, une li+n$edont le presti+e se perdait dans les temps les plus aniens et dans ertains am$na+ements+$n$alo+iques aanta+eu0*Celui que ses surs et sa mre appelaient !an%in 2ut mis en nourrie %e3 sa +rand-mre

    maternelle, Planot* 5n 1771, il reint dans la demeure de Saint-Malo, alla l.$ole $l$mentairedes surs Couppart*Ses premires ann$es 2urent elles d'un en2ant abandonn$ au0 domestiques, qui se battait ae lespolissons sur la +re, qui $prouait d$ son audae en traersant la et$e sans rambarde quand lespaquets de mer la submer+eaient pour mieu0 sentir aprs la i+ueur d.tre en ie, qui passait des%eures ontempler la mer en $outant ( le refrain des vagues), ou qui se lirait des letureslandestines et noturnes* 5n 1777, toute la 2amille s'installa au %/teau de Combour+ qui, au sud deol, entre !ou+res et inan, dresse son imposante sil%ouette 2$odale prs d'un $tan+, dans unpasa+e de bois, de landes et de ultures paures*9e eune ( chevalier), destin$ la marine, 2it, de 1777 1781, des $tudes asse3 d$ousues auoll+e de ol, passant ses aanes annuelles Combour+ ae sa sur 9uile, nature tendre etmaladie* 5n 178:, il entra au oll+e de #ennes pour pr$parer l.e0amen probatoire de +arde-marine

    qu.il deait passer rest, l.ann$e suiante* Mais, rest, il se rendit ompte qu.il n.aait auun +o;tpour la arrire d.o22iier de marine, et reint, sans qu.on l. attende, Combour+ o< il annon"a sonintention de deenir prtre* 5n r$alit$, il ne saait pas raiment e qu.il oulait 2aire dans la ie et%er%a simplement +a+ner du temps* Son pre l.enoa au oll+e el$siastique de inan* =l s.d$ourit aussi peu dou$ pour la prtrise que pour la marine*=l reint Combour+ dont le adre romanesque l'aait onquis* Pendant (deux annes de dlire) etd.oisiet$ sombre, entre un pre sombre et taiturne et une mre pieusement m$lanolique, il menaune e0istene $tran+e > lan+ueurs sans raie ause, e0altations sans but, troubles d'une sensibilit$ardente en proie au ( vague des passions), plon+$es dans les absses d.une /me en d$trese,terreurs, reries solitaires, ourses sur la lande en ompa+nie de 9uile* Sa oation po$tiques'$eilla alors et son /me d'artiste allait rester marqu$e par les impressions de Combour+*5n 1786, le ieu0 omte !ran"ois-&u+uste, deu0 mois de sa mort, las de oir son 2ils paresser, lui

    donna un breet de sous-lieutenant au r$+iment de ?aarre, Cambrai* =l $tait don o22iierd.in2anterie sans aoir auun +o;t pour les armes* es on+$s prolon+$s lui permirent de s$ourner%e3 ses surs mari$es, !ou+res ou Paris, Combour+ $tant 2erm$ depuis la mort du pre* 9e1@ 2$rier 1787, il 2ut pr$sent$ la Cour et eut une bre renontre ae 9ouis AB= lors d.une %asseroale* 5n septembre, il reoi+nit son r$+iment ieppe* 5n 1788, il 2it, ae ses surs, ulie et9uile, un s$our Paris au ours duquel il se mla la ie septique et dissip$e des salons, renontra Parn, 9ebrun, C%am2ort, !ontanes qui 2ut son ami le plus %er* =l on"ut un premier proetd.un ( roman amricain)* =l lut beauoup de lires des p%ilosop%es, s'ent%ousiasma pour #ousseau,perdit sa 2oi reli+ieuse et ommen"a s.endetter* 5n uillet 178@, il assista ae smpat%ie au0d$buts de la #$olution* Lalmanach des muses publia une de ses idlles, DLamour de lacampagne*5n 17@E, il dut endre des bas pour paer ses dettes* =l passa l.$t$ !ou+res* =l dut adopter une

    r$2orme temporaire, mais se lira enore au libertina+e parisien* eant les %orreurs ommises Paris, il ommen"a son+er un oa+e en &m$rique du ?ord et, le 7 aril 17@1, sur les onseils deMales%erbes, l.ami des enlop$distes, s'embarqua Saint-Malo sur le bri+antin D.Saint-Pierre.., selan"ant dans l'inonnu et l'aenture pour, soit d$ourir un passa+e au nord-ouest du ontinent, soit2aire proision d'ima+es e0otiques, soit obserer les dernires tribus de bons saua+es et en tirer lareette du bon%eur uniersel*9e 1E uillet, il d$barqua altimore* 9.itin$raire qu.il a suii est ontest$* =l a d; se rendre P%iladelp%ie, remonter l'Fudson et oir les %utes du ?ia+ara* Mais il n'a ertainement pas pu,omme il le pr$tendit dans son DVoyage en Amrique.. 18:6H, desendre l'I%io usqu'au Mississippiet reenir par la !loride, o< il aurait renontr$ les =ndiens ?at%e3, ar au d$but d$embre d$ il

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    reprit le bateau P%iladelp%ie* Son s$our n.aait don dur$ que inq mois* Mais il lui aait su22i deontempler une nature ier+e et de ire au ontat des =ndiens pour que ses impressions, pr$is$espar la leture de r$its de oa+es, donnent naissane au0 $oations si neues qui assurrentbientJt ses premiers sus litt$raires* =l r$di+ea en e22et de trs nombreu0 manusrits, auourd.%uipour la plupart perdus, qui allaient lui serir pour D Voyage en Amrique, Atala. Ren, D.Lesatche!..*9e : anier 17@:, il d$barqua au Fare* 9e :E 2$rier, il 2it un maria+e de onenane en $pousant

    C$leste uisson de 9a Bi+ne, une amie de sa sur dont on pensait %e3 les C%ateaubriand qu.elledeiendrait 2ort ri%e* 5n uillet, aprs la prolamation par les r$olutionnaires de la Patrie en dan+er,il 2uit ru0elles puis Kres o< il reoi+nit l'arm$e des $mi+r$s parmi lesquels se trouait son 2rre*less$ la ambe au si+e de K%ionille, malade de dsenterie et presque mourant, il traersa lael+ique p$niblement, omme un a+abond, arria Istende et s.embarqua pour erse o< ildemeura %e3 son onle ed$e usqu. e qu.en mai 17@L on ait annon$ un d$barquement des!ran"ais dans l.le* =l passa en &n+leterre et, le 17 mai, arria 9ondres* =l $ut mis$rablementdans un +renier, malade et sou22rant de la 2aim, du 2roid, de la solitude, tandis que son $pouse et sessurs $taient arrt$es et emprisonn$es elles 2urent lib$r$es la 2in de l.ann$e 17@4H* N elesSu22olOH, il $ut de le"ons de 2ran"ais et de tradutions, $prouant un amour impossible pourC%arlotte, la 2ille du pasteur =es %e3 qui il lo+eait* =l reint 9ondres o< il a%ea son >

    Essai historique, politique et moral sur les rvolutions anciennes et modernesconsidres dans leurs rapports avec la Rvolution franaise

    17@7H

    C%ass$ de !rane par les premiers e0s de la Conention, C%ateaubriand a pu m$diter sur sesillusions r$olutionnaires* =l ne s'en2ire plus, mais il eut omprendre > il entreprend de omparer leours des r$olutions du pass$ et elui de la r$olution pr$sente, a2in, d$ourant les similitudes deleur d$eloppement, de pr$oir la mar%e des $$nements pr$sents* 9'impression +$n$rale qui sed$+a+e du lire est elle d'un pessimisme ai+u, e0atement d'un ni%ilisme > ( l"orgie noire d"un c#ur$less), a dit lui-mme C%ateaubriand* Son dessein est de montrer qu'on ne peut trans2ormer lasoi$t$ ni l'%umanit$, qu'aussi loin qu'on remonte dans le temps on retroue les mmes alternanes

    de doute, d'esp$rane, de d$sen%antement* Ce n'est pas l'tre %umain qui est le matre de l'Fistoire,mais le %asard, la 2atalit$ > aussi pourquoi s'indi+ner, pourquoi essaer de r$2ormer les institutionsQ&uune r$2orme, auune r$olution ne sauraient %an+er la nature %umaine > (L"homme fai$le dansses moyens et dans son gnie ne fait que se rpter sans cesse. %l circule dans un cercle dont ilt&che en vain de sortir*)9e eune C%ateaubriand aait respir$ aant la #$olution l'air (p%ilosop%ique) de l'$poque* =londamne maintenant (l"enthousiasme qui vient de l"ignorance)* Si la monar%ie mettait ses ennemis la astille, la d$moratie les mne la +uillotine* &ussi, s'il ondamne la #$olution, il ne se prendpas d'amour pour l'anien +ouernement* C'est au nom de #ousseau, et non du traditionalismeomme osep% de Maistre, qu'il re2use l'illusion r$olutionnaire* 9es e0s de la Kerreur n'ont 2ait quel'a22ermir dans sa 2id$lit$ ean-aques #ousseau* Ce n'est pas le +ouernement r$olutionnairequi est mauais, 'est tout +ouernement quel qu'il soit > ('n a $eau se torturer, faire des phrases et

    du $el esprit, le plus grand malheur des hommes, c"est d"avoir des lois et un gouvernementR*** (outgouvernement est un mal, tout gouvernement est un )oug.) !audra-t-il pour ela en %an+erQ Ceserait roire la nature %umaine r$2ormable, alors qu'elle est ininiblement eslae* 9e sa+eaeptera l'ordre des %oses tel qu'il est, mais se +ardera bien de ses ent%ousiasmes* Tuelles issuesdemeurent ouertesQ C%ateaubriand n'en oit auune dans la 2oi %r$tienne* Un des %apitres dulire pose la question de saoir quelle reli+ion pourra remplaer le %ristianisme* Ce sera, semble-t-ilalors C%ateaubriand, la reli+ion de la solitude ae la nature* =l reiendra sur ette attitude n$+atieen $riant, quelques ann$es plus tard, DLe gnie du christianisme..* =l inite ses leteurs le suirepour une nuit dans les 2orts de l'&m$rique o

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    (li$ert naturelle) perdue* 5t et essai %istorique s'a%e sur une $oation po$tique > (La lunetait au plus haut point du ciel * on voyait + et l, dans de grands intervalles purs, scintiller milletoiles. (ant-t la lune reposait sur un groupe de nuages qui ressem$lait la cime de hautesmontagnes couronnes de neige * peu peu ces nues sallongeaient, se droulaient en !onesdiaphanes et onduleuses de satin $lanc, ou se transformaient en lgers flocons dcume, eninnom$ra$les troupeaux errant dans les plaines $leues du firmament. ne autre fois, la vo/tearienne paraissait change en une gr0ve o1 lon distinguait les couches hori!ontales, les rides

    parall0les traces comme par le flux et le reflux rgulier de la mer * une $ouffe de vent venait encoredchirer le voile et partout se formaient dans les cieux de grands $ancs dune ouate $louissante de$lancheur, si doux l#il quon croyait ressentir leur mollese et leur lasticit*)

    Commentaire

    9'.2ssai sur les rvolutions2ut publi$ 9ondres et passa peu prs inaper"u, m$ontentant la 2oisles r$olutionnaires et les monar%istes* C%ateaubriand aait reonnu la 2in de ses %imresadolesentes* Plus tard, lors de sa r$$dition dans ses ures ompltes 18:6H, il le u+ea trss$rement, omme un ( chaos), $rit ( en style sauvage et $oursoufl, plein de fautes de langage,d"idiotismes trangers et de $ar$arismes )* Mais il troua asse3 bien enue l.$oation po$tique2inale puisqu'il l'enlea plus tard de son D.2ssai.. pour la replaer dans les D3moires d"outre4tom$e*

    5n 17@8, 2rapp$ par la mort de sa mre puis de sa sur, ulie, C%ateaubriand reint la reli+ion deson en2ane > 56"ai pleur et )"ai cru***7Pour se r$%abiliter, il entreprit de la d$2endre 2ae au0attaques du oltairianisme et en illustrant ses ($eauts morales et potiques) dans un oura+e qu.iltermina dans la nuit du L1 d$embre 17@@ au 1 eranier 18EE par es mots > (8eigneur, nous avonssenti com$ien il tait inutile de vouloir se dfendre de (oi) et qui $tait sur le point de paratre sous letitre de D9e la religion chrtienne par rapport la morale et la posie .. quand il d$ida de rentrer en!rane*9e 8 mai 18EE, s;r que le Premier Consul allait prendre des mesures en 2aeur des $mi+r$s, ild$barqua Calais sous un nom et une nationalit$ d.emprunt > aid 9assa+ne, Suisse de ?eu%/tel*Tuand e 2ut 2ait, il reprit son identit$ et %an+ea le titre de son ure qui $tait par2aitement adapt$e

    l.esprit du temps o< la mode $tait au retour ers la reli+ion > D Le gnie du christianisme* 5nd$embre, dans DLe moniteur, diri+$ par !ontanes, il publia une DLettre au citoyen :ontanessi+n$e( lauteur du ;nie du christianisme) o< il prit nettement parti ontre les tenants de l'esprit duAB===e sile* 5n 18E1, il 2ut ra$ de la liste des $mi+r$s et, dans le salon de elle qui deint sa tendreamie, Pauline de eaumont, il se mla la ie litt$raire > il renontra onald, oubert, Mme #$amier,renoua ae !ontanes* =l traailla atiement son lire*Pour attirer l'attention, il d$ida de publier d'abord un $pisode qu'il aait d$ta%$ de son roman D.Lesatche!.. pour en 2aire un %apitre du D;nie du christianisme>

    D.Atala ou Les amours de deux sauvaes dans le dsert18E1H

    ?ouelle de 6E pa+es

    D.

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    $rise, Ren, demeur seul avec >hactas, lui demande le rcit de ses aventures *) Ce r$it omprendtrois $pisodes > DLes chasseurs, DLes la$oureurs, DLe drame*

    DLes chasseurs

    Bainu ae sa tribu par les Muso+ul+es, le eune C%atas 2ut reueilli et $le$ par l'5spa+nol 9ope3W in+t ans, $pris de solitude, il reprit son ar et ses 2l%es et re+a+na les bois* Captur$ par les

    Muso+ul+es, il 2ut ondamn$ tre br;l$* Mais, une nuit, la 2ille du %e2, &tala, qui s'$tait $prise duapti2, le d$lira, et tous deu0 se r$2u+irent dans la saane* =ls $urent une idlle, menant la iesimple et %eureuse de deu0 tres primiti2s au sein d'une nature aueillante, la Proidene leurprodi+uant ommodit$s et en%antements* Mais &tala, qui aait $t$ $le$e par sa mre dans la 2oi%r$tienne, deint pour C%atas (un =tre incomprhensi$le) > aprs aoir laiss$ $%apper es mots >('1 nous conduira cette passion? 3a religion me spare de toi pour tou)ours*), elle deint (triste),montra (une profonde mlancolie)*Pendant des semaines, les 2u+iti2s, quasiment nus, poursuiirent leur mar%e, mais un terrible ora+eles obli+ea se r$2u+ier dans la 2ort* 9, en d$pit de leurs $preues, leur bon%eur tou%a sonomble puisqu'ils d$ourirent qu'&tala $tait n$e d'une premire union de sa mre ae 9ope3, lebien2aiteur de C%atas* &u plus 2ort de la tempte, tous deu0 2urent reueillis par un ieu0missionnaire, le pre &ubr, qui leur donna asile dans sa +rotte et leur promit de les marier*

    DLes la$oureurs

    Pendant qu'&tala reposait endormie, le pre &ubr 2it isiter C%atas le illa+e de la mission o< ilensei+nait au0 =ndiens, deenus laboureurs, la pi$t$ et les arts de la pai0* C%atas 2ut s$duit par etteommunaut$ $an+$lique > (6"admirais le triomphe du >hristianisme sur la vie sauvage * )e voyaisl"%ndien se civilisant la voix de la religion * )"assistais aux noces primitives de l"@omme et de la (erreR*** uune hutte avec Atala, sur ces $ords, e/t rendu ma vie heureuse B) =l $tait prt, pour pouoirl.$pouser, se onertir la reli+ion de elle qu.il aimait*

    DLe drame

    e retour la +rotte, C%atas et le pre &ubr trourent &tala mourante* 5lle leur d$oila son(funeste secret) > onsar$e la Bier+e ds sa naissane, elle aait ur$ sa mre mourante de neamais se marier W depuis qu'elle aimait C%atas, elle s'$tait d$battue entre le d$sir de ire %eureuseauprs de lui et la terreur de manquer son serment* 9e pre &ubr la onsola > elle pourra trerele$e de ses u0 par l'$que de Tu$be* F$las X il $tait trop tard > la eille mme, rai+nant desuomber sa passion, elle aait absorb$ du poison* &insi &tala allait-elle mourir, itime, selon lesparoles du pre &ubr, (des dangers de l"enthousiasme et du dfaut de lumi0res en mati0re dereligion)*

    D.Cpilogue..

    Int lieu les 2un$railles d.&tala*

    Commentaire

    s sa eunesse, C%ateaubriand, dans l.atmosp%re litt$raire renouel$e par l.esprit de #ousseau ettourn$e ers la nature, aait eu l.id$e de d$rire les murs de saua+es en les enadrant dans unetrame %istorique* =l pr$tendit aoir $rit ette (anecdote) (dans les dserts et sous les huttes dessauvages)* $ta%$e de l'$pop$e en prose des D.atche!.. 18:6H, l'$pisode d'..Atala.. 2ut ins$r$ dansl'$dition an+laise du D;nie du christianismeo< il terminait la troisime partie pour illustrer ( lesharmonies de la religion chrtienne avec les sc0nes de la nature et les passions du c#ur humain)*9'(pope de l"homme de la nature) qu.$taient DLes atche!deait montrer (la religion premi0re

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    lgislatrice des hommes), (les com$ats des passions et des vertus dans un c#ur simple ), (enfin letriomphe du christianisme sur le sentiment le plus fougueux et la crainte la plus terri$le, l"amour et lamort)*In peut ependant ontester la aleur apolo+$tique du roman dont la seonde partie est p$n$tr$e dela olont$ de 2aire l.$lo+e du %ristianisme > &tala, si elle meurt ae alme et pleine de etteesp$rane qui, d.aprs Le gnie du christianisme, trans2i+ure les derniers moments du %r$tien, ellep$rit itime de sa superstitieuse i+norane, et l'indi+nation de C%atas deant une reli+ion qui

    ontredit la nature mais dont les rites mst$rieu0 l.ont d.abord 2rapp$, son ima+ination primitie leurattribuant une aleur ma+iqueH est aussi tou%ante que les sermons du pre &ubr sur le n$ant despassions et la bont$ de la Proidene* 5n d$2initie nous sommes trop s$duits par la po$sie de la iesaua+e et par l'idlle d'&tala et de C%atas au sein d'une nature ma+ni2ique pour ad%$rer tout 2ait l'issue $di2iante de leur douloureuse aenture*

    &u moment o< s$issait la mode an+laise des romans sombres et terri2iants, le publi 2ut onquis parette simple %istoire d'amour, par ette $tude des troubles de l.amour, et C%ateaubriand, qui aimaitappro2ondir les sentiments et les troubles subtils de l./me, ne manqua pas, en de nombreu0passa+es de ette petite ure, de on2esser, tout omme dans un ournal intime, ses propresan+oisses et a+itations*9e publi 2ut s$duit surtout par le t%me e0otique qui n'$tait pourtant pas noueau* &prs #ousseau et

    ernardin de Saint-Pierre, qui aait produit un %e2-d'ure ae D +o;t de la solitude,m$lanolie, e0altation passionn$e, sentiment d$sesp$r$ d'une 2atalit$ %ostile au bon%eur %umain*9es leteurs 2ran"ais d$ourirent, en 18E1, qu.il leur $tait n$ un $ritable artiste* C%ateaubriandd$2inissait lui-mme son ure omme ( une sorte de po0me moiti descriptif, moiti dramatique)*5lle donne l.impresssion d.tre diis$e en un ertain nombre de pomes lriques, reli$s par un r$it,omme les %ants d.une r%apsodie* Comme on l.a u, les di22$rentes parties portent des titrespartiuliers*=l reourut presque naturellement toutes les ressoures du lan+a+e pour traduire l.ardeur despassions et les troubles de l./me* Cette prose po$tique est lrique aussi dans l.$oation dessplendeurs de la nature e0otique, en partiulier elle des ( rives du 3eschace$7 ou Mississippi,

    usqu.auquel, d.ailleurs, il n.aait pu pousser au ours de son rapide s$our en &m$rique, mme s.il aprolam$ dans la pr$2ae que (la nature amricaine y est peinte avec la plus scrupuleuseexactitude)* Cette e0atitude, il la oneait non en saant mais en artiste > il lui su22isait d.emprunterdes d$tails au0 r$its des oa+eurs di+nes de 2oi, de les on2ronter ae sa onnaissanepersonnelle de la nature am$riaine et de les animer l.aide de son ima+ination pour produire %e3ses leteurs un e22et de d$pasement total* Boulant leur pr$senter ( le ta$leau le plus extraordinaire),il a su mettre en aleur la puissane d.une nature +randiose et lu0uriante, le %arme pittoresqued.une 2lore et d.une 2aune inonnues, la 2ra%eur des oloris, la ie mst$rieuse des sous-bois* &insison roman doit tre onsid$r$ omme l.aboutissement litt$raire des r$its d.e0plorateurs et demissionnaires qui s.$taient aumul$s depuis trois siles*

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    Ses pasa+es sont touours ordonn$s et ompos$s ae art > les li+nes, les 2ormes, les diers planss.or+nisent en $ritables tableau0* 5st remarquable, en partiulier, le passa+e onsar$ au02un$railles d.&tala* Ce sens pittoresque est ompl$t$ par un don presque ma+ique de su++$rer lasensibilit$, par l.%armonie, le rt%me et le mouement des p%rases, tout e qu.on ne saurait d$rirepour l.ima+ination* Par e pouoir de su++estion, la nature elle-mme esse d.tre un simple d$or ets.aorde sertement ae la situation et les sentiments des personna+es*

    &insi e (po0me), qui reste de +o;t lassique bien des $+ards, apparut omme (une sorte de

    production dun genre inconnu) et marquait en e22et l.aube de la litt$rature romantique* 9.ure obtintun +rand sus que C%ateaubriand ne manqua de mentionner ae omplaisane dans sesD3moires doutre4tom$e*9a 2in du roman inspira au peintre &nne-9ouis Girodet e tableau qui 2rappa e point lesontemporains qu.il est bien di22iile de saoir si l.oeure piturale pro2ita de la +loire de e best-sellerde l.$poque ou si e 2ut l.inerse >

    9e sus $latant d...Atala.. enoura+ea C%ateaubriand qui, re"u ae 2aeur par la %aute soi$t$,publia en2in >

    DLe nie du christianisme ou !eauts de la reliion chrtienne18E:H

    5ssai

    C%ateaubriand n'entendait nullement prouer la $rit$ de la reli+ion %r$tienne, mais r$pondre au0sarasmes des p%ilosop%es du AB===e sile et en partiulier eu0 de Boltaire* Ceu0-i aaientridiulis$ non seulement le ler+$, mais la reli+ion mme W ils aaient soule$ la %aine et le d$+o;tontre l'=nquisition, ontre les $suites, ontre l'immoralit$ et l'i+norane des moines* =l oulut montrerque la reli+ion est belle, qu'elle sert la ause de la iilisation, qu'elle a inspir$ les +randes uresdes temps modernes, que la iilisation est %r$tienne mme si elle le nie, qu'en2in la reli+ionaompa+ne et rend plus %umaine la ie de %aque our*

    Selon ses d$trateurs, (le christianisme tait un culte n du sein de la $ar$arie, a$surde dans sesdogmes, ridicule dans ses crmonies, ennemi des arts et des lettres, de la raison et de la $eaut *un culte qui n"avait fait que verser le sang, enchaDner les hommes, et retarder le $onheur et leslumi0res du genre humain. RZ 'n devait donc chercher prouver au contraire que, de toutes lesreligions qui ont )amais exist, la religion chrtienne est la plus potique, la plus humaine, la plusfavora$le la li$ert, aux arts et aux lettresW que le monde moderne lui doit tout, depuis l"agriculture

    )usqu"aux sciences a$straites * depuis les hospices pour les malheureux )usqu"aux temples $&tis par3ichel4Ange et dcors par RaphaEl. 'n devait montrer qu"il n"y a rien de plus divin que sa morale,rien de plus aima$le, de plus pompeux que ses dogmes, sa doctrine et son culte * on devait direqu"elle favorise le gnie, pure le go/t, dveloppe les passions vertueuses, donne de la vigueur la

    pense, offre des formes no$les l"crivain et des moules parfaits l"artiste * qu"il n"y a point dehonte croire avec eFton et Gossuet, - dans le lire =, les mstres Krinit$, #$demption, =narnationH et les sarements du aptme l.50trme-IntionH W- dans le lire ==, les ertus !oi, 5sp$rane et C%arit$H et les lois morales W

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    - dans le lire ===, la $rit$ des [ritures %ute ori+inelle, $lu+eH en d$pit des obetionssienti2iques*

    &u lire B, il arrie DL"existence de 9ieu prouve par les merveilles de la nature ..* 9a olont$or+anisatrie de ieu se mani2este dans le spetale de l.uniers un maestueu0 ou%er de soleilsur l.I$an, (une nuit dans les dserts du ouveau 3onde)H, l.instint des animau0, le %ant desoiseau0 qui est un %mne l.[ternel et un en%antement (command pour notre oreille par la DLa divine comdiequ'il r$$la la !rane, DLa 6rusalem dlivre, DLes lusiades, DLa messiade de \lopstoO, DLe paradis

    perdu. de Milton, dont il deait plus tard donner une tradution dans un $tran+e d$alque qui rendpeut-tre l'$tran+et$ de l'ori+inalH, en2in DLa henriade*

    &u seond lire, il ompare les aratres naturels et soiau0, dans les pomes antiques etmodernes* 9es oeures des $riains %r$tiens sont loin d.tre in2$rieures elles des &niens*

    Connaissant mieu0 l./me %umaine, ils sont (plus favora$les la peinture des caract0res), ils ontmieu0 d$peint les $pou0, le pre, la mre, le 2ils, la 2ille, le prtre, le +uerrier*9e troisime lire reprend le mme t%me enisa+$ sous un an+le di22$rent > elui du rapport despassions* 9e %ristianisme (montre la nature de lhomme sous un )our nouveau), (a chang lesrapports des passions en changeant les $ases du vice et de la vertu) > (>he! les anciens lhumilit

    passait pour $assesse et lorgueil pour grandeur H che! les chrtiens au contraire lorgueil est lepremier des vices, et lhumilit une des premi0res vertus)H, et les on2lits qu.il $eille dans les /mesonduisent des analses plus pro2ondes > l.%umilit$ d...Andromaque.. de #aine deient une des2ormes du ($eau idal moral) qui rend l.tre %umain (plus parfait que nature et comme approchantde la divinit)* 9e %ristianisme est lui-mme une passion qui ( fournit des trsors immenses au

    po0te) ainsi pour Corneille dans D.

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    9e troisime lire est onsar$ l'in2luene du %ristianisme sur la manire d'$rire l'Fistoire o< s.estillustr$ ossuet*9e quatrime lire est onsar$ l'$loquene sar$e %e3 des orateurs omme les Pres de l'[+lise,Massillon et ossuet*9e inquime lire traite des D.@armonies de la religion chrtienne .. et plus partiulirement de lapo$sie des ruines* DAtala ou les Amours de deux sauvages dans le dsert.., publi$ un an auparaant18E1H, prenait plae*

    9es (harmonies de la religion chrtienne avec les sc0nes de la nature et les passions du c#urhumain) sont elles-mmes soure de beaut$* C%ateaubriand onsare plusieurs pa+es au t%me desruines*

    Tuatrime partie

    5lle a pour obet le ulte* C%ateaubriand traite des $+lises, parle en artiste du %arme po$tique deslo%es snes rustiques, $motions de sa lointaine en2ane, an+oisses plus r$entes > autant desouenirs qui onourent nous montrer que les lo%es sont assoi$es toutes nos $motions etr$pondent notre besoin d'in2ini, qu.elles $eillent en nous des sentiments d'all$+resse, de piti$ et deterreurH, des ornements, des %ants, des prires, des $r$monies litur+iques la 2te des #o+ationsH,des tombeau0, des imetires* =l esquisse une D.Vue gnrale du clerg.., puis passe au0 missions,

    au0 ordres militaires et la %ealerie, en2in au0 D 8ervices rendus la socit par le clerg et lareligion chrtienne en gnral..*

    Conlusion

    [oquant la barbarie qui mena"ait l.%umanit$ la %ute de l'5mpire #omain, C%ateaubriand montreque, par le %ristianisme, (la face du monde a t renouvele) > il (sortira triomphant de l"preuvequi vient de le purifier)*

    Commentaire

    C%ateaubriand aait ommen$ la r$dation de et oura+e en 17@8, dans ( les ruines des temples)

    omme il l'a $rit lui-mme, 'est--dire dans une atmosp%re d'irr$li+ion, suite de la #$olution* =l aait loin des id$es qui inspirrent ette ure elles de l"2ssai sar les rvolutions* #eenu la2oi de son en2ane, il oulut aussitJt en d$peindre les beaut$s* s 17@@, il en aait termin$ unepremire r$dation qu'il essaa de mettre en ente, mais sans sus* =l traailla de noueau sonlire en 18E1* 9'oura+e s'intitulait alors DGeauts morales et potiques du christianisme .. et $taitattendu du publi ae une +rande impatiene, sa parution aant $t$ annon$e lon+temps l'aane*C%ateaubriand, en oulant (porter un grand coup au c#ur et RZ frapper vivement limagination),(appeler tous les enchantements de l"imagination et tous les intr=ts du c#ur au secours de cettem=me religion contre laquelle on les avait arms), en rendant sensibles ses ontemporainsl'$mouante beaut$ des roanes et des $r$monies %r$tiennes, et les series rendus l'%umanit$ par la reli+ion de l'[an+ile, en $dant la tendane e0essie mobiliser tout e qui, deprs ou de loin, pouait t$moi+ner en 2aeur de sa 2oi la omposition de l'oura+e s'en ressentH,

    promouait un at%oliisme sentimental, dans l.esprit de !$nelon*5n e22et, dans et oura+e tou22u, l'apolo+ie rationnelle est 2aible* 9a d$monstration de la premirepartie n'a pas de aratre t%$olo+ique ou m$tap%sique, elle est e0lusiement po$tique > e queC%ateaubriand eut montrer, 'est seulement qu'il est beau de roire et que la beaut$ de l'Uniersporte la 2oi > 'est un pr$te0te des desriptions aimables ou solennelles, d'un stle admirable, quiomptent parmi les plus belles pa+es de et $riain* =l traita de %aut les di22iult$s soule$es parl'e0$+se biblique* =l on2ondit trop souent le %ristianisme ae la reli+ion naturelle, et ses preuesde l'e0istene de ieu sont par2ois pu$riles ou ontestables* 5n2in, on peut surtout lui repro%er deroire qu'il su22it d'e0alter la beaut$ d'une reli+ion pour en d$montrer la $rit$*

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    =l a a22irm$ la sup$riorit$ du mereilleu0 %r$tien sur le mereilleu0 paYen, a e0alt$ le Moen ^+e, lesertus %$roYques de la %ealerie, la beaut$ de la at%$drale +ot%ique qui $tait enore m$onnue ette $poque o< l'ar%iteture reli+ieuse s'inspirait des temples +res e0emple > l'$+lise de laMadeleineH* =l l'aait per"ue Saint-Malo et _estminster* 9e lire onsar$ au0 $+lises +ot%iqueseut le m$rite de r$%abiliter ette ar%iteture et 2ut l'ori+ine de l'en+ouement romantique pour etart* Cependant, ses %pot%ses ar%iteturales, inspir$es de la litt$rature an+laise, ne paraissent+ure 2ond$es > on admet auourd'%ui que le +ot%ique est issu pro+ressiement du roman* Mais ette

    interpr$tation smbolique de la at%$drale a aid$ en retrouer le sens $ritable et la po$siemstique* $sormais, le Moen ^+e %r$tien allait susiter l'int$rt des %istoriens et desar%$olo+ues et inspirer l'art romantique*9e lire qui a pour suet la p%ilosop%ie demeure trs super2iiel W n$anmoins, les quelques pa+es quise rapportent Pasal sont lassiques*5n re%er%ant e que les %e2s-d.ure doient l.esprit %r$tien, il r$$la au0 !ran"ais les +randes$pop$es $tran+res W il orienta la uriosit$ ers l'%istoire nationale et $eilla ses leteurs l'intelli+ene du pass$, amor"ant ainsi l'essor de l'Fistoire* C'est ainsi que et initiateur de la litt$raturemoderne s'est montr$ pourtant un 2erent de l'&ntiquit$* Personne aant lui n'aait mieu0 omment$Fomre et surtout Bir+ile, qu'au terme d'un beau parallle il 2init par pr$2$rer #aine* =l r$%abilita laible dont la po$sie, tantJt simple et naYe, tantJt maestueuse et sublime, lui parut omparable elle d'Fomre*

    Surtout, il s.est lir$ de 2ines $tudes litt$raires et a ontribu$ 2onder la ritique litt$raire %istorique,qui $tudie l'$olution d'un mme personna+e, par e0emple elui d'=p%i+$nie, suiant l'$poque, le pas,la reli+ion des potes qui %er%ent le peindre* =l montra, aprs Mme de Stal, que l'artiste subitl'in2luene de son milieu et que nous le omprenons mieu0 quand nous onnaissons lesironstanes %istoriques, la iilisation, les murs de son temps, par2ois mme les ures$tran+res qui ont pu l'inspirer* 'autre part, sa m$t%ode omparatie l'en+a+eait pr$2$rer laritique mesquine des d$2auts la re%er%e 2$onde des beaut$s* Par del la barrire des r+les, desonentions et des r%$toriques, pour omparer les ures, il se r$2$ra un ($eau idal) et ratta%ala ritique e qu'il a de plus pro2ond dans l'/me %umaine* Cependant, prenant parti, la suite deMme de Stal, dans la ieille querelle des &niens et des Modernes, il soutint que les modernes nepouaient plus, sans arti2ie, 2aire appel la mt%olo+ie paYenne* =l montra que nos lassiques, eu0-mmes admirateurs des &niens, ont surpass$ leurs modles en puisant dans la iilisation

    %r$tienne une onnaissane plus omplte de l'/me et une notion plus %aute de la beaut$ morale*e l l'id$e que, loin d'tre asserie au0 traditions surann$es, la litt$rature doit mar%er ae sontemps et que l'art moderne ne peut ire que s'il repose sur une inspiration moderne*9e premier lire de la troisime partie, qui traite de la musique, de la peinture et de la sulpture, est leplus 2aible de tout l'oura+e > les onnaissanes de C%ateaubriand dans e domaine $taient tropinsu22isantes pour lui permettre de parler de es questions ae omp$tene

    Surtout, en d$riant la pompe ou la simpliit$ rustique des $r$monies reli+ieuses, en $oquant lepittoresque et le mstre de la at%$drale +ot%ique, en %antant le %arme m$lanolique des ruines(les ruines taient dcores de ronces et dancolies safranes par lautomne et noyes dans lalumi0re7H, en brossant, dans de $ritables pomes en prose, (les grandes sc0nes de la nature) >l'immensit$ mouante de l'I$an ou la splendeur $tran+e des nuits am$riaines, 2resques puissantes

    et d'une admirable per2etion litt$raire, en si+nalant es mereilles de +r/e et de d$liatesse quesont les nids des oiseau0, leurs mi+rations, leur %ant, il a surtout 2ait ure d'artiste* e e 2ait, lesentiment de la nature, d$ lib$r$ de la mt%olo+ie par #ousseau et ernardin de Saint-Pierre, allaitontribuer enri%ir l'art litt$raire* Par la t%$orie et par l'e0emple, il montra que, loin d'tre un 2ond detableau, la nature peut tre l'obet de ma+ni2iques desriptions, que par sa maest$, sa solitudemst$rieuse, sa (divinit immense), elle r$pond au0 aspirations de notre /me et que ses spetales$eillent en nous des $motions pro2ondes* Ses peintures, toutes bai+n$es de sentiment, seprolon+ent souent en desm$ditations, en des analses p$n$trantes de la m$lanolie moderne*[lar+issant les %ori3ons du +o;t, il attirait l'attention sur des soures de beaut$ peu prsm$onnues au0quelles puisa bientJt l'inspiration romantique

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    DLe gnie du christianisme, en le 2aisant apparatre omme une +rande soure de po$sie etd'$motion, en lui redonnant tout son $lat, en montrant au0 !ran"ais qu'ils n'aaient pas rou+ir deleur 2oi, qu.un peuple ne peut aoir de +randeur sans une +rande 2oi, qu.il importait moins de prouerla $rit$ du %ristianisme la manire des t%$olo+iens d'autres l'aaient tent$ aant luiH que detriomp%er du m$pris qui pesait sur la 2oi, oYnidait ae le r$eil du sentiment reli+ieu0 qui, bless$par les sarasmes des p%ilosop%es et aprs l'$lipse due la #$olution, retrouait de la 2ore, la

    2ereur restant ependant omme parals$e par la rainte du ridiule*Ir, aprs un d$but de publiation 9ondres 18EEH, parut Paris, le :4 +erminal an =A 14 aril18E:H, quelques ours aant la prolamation o22iielle du Conordat ?otre-ame de Paris, enpr$sene du Premier Consul, don au moment mme o< son utilit$ $tait le plus mani2este > l'[+lise etl'[tat enaient de se r$onilier, et le %ristianisme semblait renatre aprs les $preues qu'il enaitde traerser* C%ateaubriand n'a don pas rouert les $+lises omme il s'en est ant$ > elles l'$taientdepuis plusieurs ann$es*Mais l'ure, par2aitement adapt$e la situation, aait aussi un but politique > il appuait lepro+ramme du Premier Consul, serait son dessein qui $tait d.unir et de tenir la !rane par la reli+ionat%olique, si pratique pour p$n$trer par e22ration dans le seret des onienes* 9e lire plut onaparte et, omme C%ateaubriand mani2estait son ralliement, il 2ut ra$ de la liste des $mi+r$s*9a seonde $dition 18ELH s'aompa+na mme d'une $pitre d$diatoire au Premier Consul, o< il

    d$larait > ('n ne peut s"emp=cher de reconnaDtre dans vos destines la main de cette la m$ditation p%ilosop%ique et reli+ieuse, que deaient illustrer plus tard9amartine, Bi+n et Fu+o, pr$parant l'anement du romantisme en ourant la oie la spontan$it$r$atrie, l'ima+ination et au sentiment*ans le domaine de la ritique litt$raire, C%ateaubriand s.$tait montr$ un noateur* =l in2lua surl'Fistoire en attirant l'attention sur une p$riode ompltement n$+li+$e usqu'alors > le Moen ^+eH* =lmit la mode l'art +ot%ique, o< les artistes trourent une nouelle soure d'inspiration et mmed'imitation > en2in, elle r$a un mouement ou du moins elle l'appua*Si l'on n.est plus sensible au0 ar+uments emplo$s par l'auteur et son sstme de d$2ense du%ristianisme, dont l'e22iait$ alait surtout son $poque, si DLe gnie du christianisme.. nous parat

    une u0taposition d'impressions, de desriptions, oire de onsid$rations sentimentales, qui oisinentae des r$quisitoires et des pol$miques ontre ertains $riains et leurs tendanes, plutJt qu'unsstme o%$rent omme les ures des deu0 +rands penseurs ontemporains > osep% de Maistreet onald, le lire n'en demeure pas moins un monument litt$raire, rempli de pa+es admirables que lanoblesse et la splendeur de leur stle rendent immortelles*

    u D;nie du christianisme2aisait aussi partie, ae D.Atala.., un autre $pisode >

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    D.Ren..18E:H

    ?ouelle de LE pa+es

    9'$pisode est pr$sent$ omme la suite d'..Atala..* 9e leteur a appris que #en$ se troue en&m$rique o il est une /me ( trou$le et agite), pr$tend tre plaint et non ondamn$* Pourd$rire la maladie morale dont il sou22re, il ommene son r$it son en2ane*Sa naissane a o;t$ la ie sa mre* ans le %/teau de sa eunesse, l'in2luene d'une surm$lanolique, les spetales de l'automne, la solitude dans la nature, son e0trme sensibilit$, ontplon+$ son /me inquite dans la rerie* =l $tait d$ un tre +rae, %ant$ par le spetale de la mort*ouleers$ par elle de son pre, il son+ea s'en2ermer dans un ouent W puis, tout oup,d$sireu0 de rompre ae l'eno;tement qui le retenait dans son pas, il d$ida de oa+er, des'int$resser au0 ( monuments de la nature)* =l +rait l'5tna, mais e 2ut pour $prouer enore plus2ortement le n$ant de la ie* =l isita aussi la Gre, l'&n+leterre, les ruines du pass$, rien ne parint almer son inqui$tude > (L"tude du monde ne m"avait rien appris, et pourtant )e n"avais plus la

    douceur de l"ignorance.R*** 3on &me, qu"aucune passion n"avait encore use, cherchait un o$)et quip/t l"attacher.) Mais il ne saait pas e qu.il d$sirait* N son retour, il retroua ette sombre m$lanolie*C'est alors qu'il lan"a la 2ameuse initation > (Leve!4vous vite, orages dsirs qui deve! emporterRen dans les espaces d"une autre vie B) 5n ain, il se retira dans un 2aubour+ de Paris > il n' trouaque l'ennui et le sentiment plus ai+u de sa solitude W en ain, il se r$2u+ia la ampa+ne > la naturee0alta en lui la tendane au re* =l $tait tortur$ par un besoin trannique de s'abandonner laiolene des passions, mais $tait inapable de 2i0er sur un obet ette ( sura$ondance de vie) > ilsaait d'aane que rien dans la r$alit$ ne saurait r$pondre l'in2ini de ses aspirations et lari%esse de son ima+ination* &ussi, rassasi$ sans aoir +o;t$ et (dtromp sans avoir )oui), il neroait plus au bon%eur, $tait en proie l.ennui, aait une onsiene ai+u du n$ant des %osesterrestres* S.il $prouait une amre ouissane analser son d$sespoir ('n )ouit de ce qui nest

    pas commun, m=me quand cette chose est un malheur7H, sa ie n'aant plus de sens, il ne lui restait

    plus, s$par$ qu.il $tait de sa dernire onsolation, sa sur &m$lie, qu' se suiider* 9a eune 2emme, laquelle il $riit, deina son proet et le reoi+nit*Pour l.en d$tourner, elle lui apporta le r$on2ort de sa pr$sene W mais elle ommen"a d$p$rir elleaussi d'un mal inonnu* &prs lui aoir 2ait promettre de renoner se donner la mort, elle le quittabrusquement, en lui laissant une lettre o< elle lui annon"ai qu'elle allait entrer au ouent* #en$aourut auprs d'elle pour la dissuader de prononer ses u0* Mais il $tait trop tard, et elle luidemanda de l'aompa+ner l'autel la plae de son pre d$2unt* =l assista, la mort dans l'/me, l'$mouante $r$monie de ses u0, et surprit le seret du mal $tran+e d.&m$lie > elle s'$tait prisepour lui d'une tendresse e0essie et $tait tortur$e de remords* 9e d$sespoir du eune %omme inten2in ombler le ide de son e0istene > (3on chagrin tait devenu une occupation qui remplissaittous mes moments H tant mon c#ur est naturellement ptri d"ennui et de mis0re B) 9aissant sa surrepentante et apais$e par la ie du ouent, il prit la r$solution de passer en &m$rique* &lors qu.il

    abordait, une lettre lui apprit qu'elle $tait morte omme une sainte (en soignant ses compagnes)*C%atas s'e22ore de onsoler #en$* Cependant un missionnaire qui se troue au 2ort #osalie, le preSouel, tire de ette %istoire une le"on plus s$re > (6e vois un )eune homme ent=t de chim0res, qui tout dplaDt, et qui s"est soustrait aux charges de la socit pour se livrer d"inutiles r=veries. 'nn"est point, monsieur, un homme suprieur parce qu"on aper+oit le monde sous un )our odieux. 'n nehait les hommes et la vie que faute de voir asse! loin. Ctende! un peu plus votre regard, et voussere! $ient-t convaincu que tous ces maux dont vous vous plaigne! sont de purs nants. R***uefaites4vous seul au fond des for=ts o1 vous consume! vos )ours, ngligeant tous vos devoirs? R***Lasolitude est mauvaise celui qui n"y vit pas avec 9ieu * elle redou$le les puissances de l"&me enm=me temps qu"elle leur -te tout su)et pour s"exercer. uiconque a re+u des forces doit les consacrer

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    au service de ses sem$la$les * s"il les laisse inutiles, il en est d"a$ord puni par une secr0te mis0re, ett-t ou tard le ciel lui envoie un ch&timent effroya$le)* 9a maladie de #en$, 'est don l'or+ueil ommele lui dit aussi C%atas > (%l faut que tu renonces cette vie extraordinaire qui n"est pleine que desoucis * il n"y a de $onheur que dans les voies communes* ) 5t le r$it s'a%e sur le retour au+rand silene de la nature, rendu plus pereptible enore par ( la voix du flamant qui, retir dans lesroseaux du 3eschac$, annon+ait un orage pour le milieu du )our)*

    Commentaire

    N l.ori+ine, $pisode d$ta%$ des `atche!I omme AtalaI, D.Ren.. 2ut en+lob$ en 18E: dans lapremire $dition du ;nie du christianismeI, pour illustrer (levague des passions7, puis 2ut publi$ part en 18EV et 2ut ensuite uni D.Atala.. dans l'$dition des DJuvres compl0tes..* C'est qu'en e22etD.Ren.. et D.Atala.. sont $troitement li$s dans l'ure de C%ateaubriand*

    Selon Mar !umaroli, C%ateaubriand aurait $t$, ae D.Ren.., l.5inventeur de la )eunesse7, mais, en2ait, dans l'&ntiquit$ d$, Sap%o, Platon, 9ure, Bir+ile, Kibulle, saint &u+ustin, donnrent dese0emples de m$lanolie, et S$nque analsait ( et ennui, e d$+o;t de soi, e tourbillonnementd.une /me qui ne se 2i0e rien, ette sombre impatiene que nous ause notre propre ination ) RD9ela tranquillit de l&meH* C%ateaubriand a, en partie sans doute pour se disulper, indiqu$ lui-mme,

    dans la D9fense du ;nie du christianisme.., ertains de ses pr$urseurs > (>"est 6ean46acquesRousseau qui introduisit le premier parmi nous ces r=veries si dsastreuses et si coupa$les. 2ns"isolant des hommes, en s"a$andonnant ses songes, il a fait croire une foule de )eunes gens qu"ilest $eau de se )eter ainsi dans le vague de la vie. Le roman de Kerther a dvelopp depuis ce genrede poison. L"auteur du ;nie du christianisme a voulu dnoncer cette esp0ce de vice nouveau, et

    peindre les funestes consquences de l"amour outr de la solitude*) 9e besoin d'in2ini aait en e22et$t$ e0prim$ par #ousseau dans les D.R=veries du promeneur solitaire.. > (6touffais dans lunivers,

    )aurais voulu mlancer dans linfini), mais e sentiment le raissait au lieu de le torturer*C%ateaubriand a $t$ in2luen$ aussi par Mme de Stal pour qui ( la m$lanolie est la $ritableinspiration du talent ) et qui pensait que les Gres ne l.ont pas onnue pare que les 2emmesn.aaient +ure de plae dans leur soi$t$H*

    #en$ nous apparat plus or+ueilleu0 qu'aabl$ de son $tat sin+ulier, ar (une grande &me doitcontenir plus de douleur qu"une petite) W il s'en%ante lui-mme des %imres de sa brillanteima+ination W il se drape dans sa douleur et dans ette attitude d'%omme 2atal qui porte ae lui lemal%eur* Sainte-eue a d$2ini ette premire 2i+ure du %$ros romantique > pour lui, #en$ (a toutd$or$ par la pens$e, par ette ouissane abstraite, d$liieuse, %$las X et dess$%ante du re W sonesprit est lass$ et omme ieilli W le besoin du ur lui reste, un besoin immense et a+ue, mais querien n.est apable de remplir) W il oait en lui un (beau t$n$breu0) ae sa (%aute oquetterie), tropartiste et trop 2ier de lui-mme pour tre un d$sesp$r$ W per2idement, il aoutait > (In sent en le lisantqu'il +u$rira, ou du moins qu'il se distraira)*C%ateaubriand a mis beauoup de lui-mme dans ette /me instable, aide et touours inassouie,qui troue une ouissane presque morbide dans l'analse de son mal, qu.il mne ae autant deomplaisane que de s$$rit$* 9.en2ane reuse du %$ros ressemble beauoup la sienne

    Combour+, entre un pre trop austre et une sur qu'il aimait tendrement, 9uile qu.&m$lie rappelle beauoup d'$+ards W le mal de #en$ semble tre la peinture d.un $tat d./me r$ellement $prou$ parl.auteur lors de son adoleene et aussi dans la solitude de son e0il 9ondres et dans le re2oulementde son impossible amour pour la eune C%arlotte =es* Mais la part de la 2ition romanesque, quiapparat d$ dans le r$it de l.en2ane, deient pr$pond$rante dans l.$oation des +rands oa+esen M$diterran$e qu.il n.aait pas enore 2aits* Surtout, dans la seonde moiti$ du roman, il n. a plusrien de ommun entre 9uile et &m$lie dont la passion, plus ou moins reonnue omme telle, qu.elle$proue pour son 2rre semble uniquement inspir$e par des souenirs litt$raires* 5t par lC%ateaubriand introduisit une note quelque peu ambi+u qu'on ne trouerait pas dans Goet%e, pare0emple*

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    In ne peut douter de la sin$rit$ de C%ateaubriand* =l est possible qu'il ait ru ondamnersinrement ses propres erreurs de eunesse* =l est 2ort possible qu'il ait ru +u$rir en le d$pei+nante mal qu.il n'a pas inent$, mais auquel il a donn$ une nouelle 2orme, la 2orme qui onenait sontemps*9e %apitre du D.;nie.. sur le (vague des passions) est l'analse la plus p$n$trante de e mal quiserait le mal de l'%omme moderne > 2ils d'un sile qui a tout e0amin$, et reenu de toutes lesillusions, il a perdu le sens de l'ation* Bers la 2in du roman, par les dures paroles du pre Souel,

    C%ateaubriand a oulu ondamner es (inutiles r=veries), ette (coupa$le mlancolie quisengendre au milieu des passions lorsque, sans o$)et, elles se consument delles4m=mes dans uncoeur solitaire), e spleen o< (on est lass de tout sans avoir )oui de rien7. 5t ilproposait ommeremdes la ie %r$tienne et la pratique des ertus soiales*

    9.oura+e $tait en e22et destin$ montrer ( la ncessit des a$ris du cloDtre pour certaines calamitsde la vie auxquelles il ne resterait que le dsespoir et la mort), ar, selon C%ateaubriand, lasuppression des ordres reli+ieu0 par la #$olution pria les /mes inquites de leur dernireonsolation, de leur re2u+e, la solitude du ouent* =l s.a+issait aussi de 2usti+er l.or+ueil et deproposer la simpliit$*Mais, omme ela s'$tait d$ produit pour D.Atala.., on n$+li+ea la port$e $di2iante du roman et l'on 2uts$duit par le %arme po$tique du a+ue des passions et par les $lans lriques d'une sensibilit$

    e0asp$r$e*

    D.Ren.. n'est pas une ure ompos$e omme D.Atala.. de diisions sm$triques, 'est un te0teontinu, ompos$ en strop%es, marqu$ par l'%armonie solennelle et plaintie de l.ode au d$sespoirqu.est le r$it de #en$ qui en oupe la presque totalit$* 9e stle, s.il ne d$onerta pas lesontemporains par les mmes %ardiesses que elui d'..Atala.., n.en est pas moins onstammentlrique, partiulirement, le passa+e o< #en$ onstate l'%armonie entre les aspets de l'automne etsa m$lanolie qui est une sorte de pome en prose > (n secret instinct me tourmentait H )e sentaisque )e n"tais moi4m=me qu"un voyageur, mais une voix du ciel sem$lait me dire H @omme, la saisonde ta migration n"est pas encore venue * attends que le vent de la mort se l0ve, alors tu dploieraston vol vers ces rgions inconnues que ton c#ur demande.)5Leve!4vous vite, orages dsirs qui deve! emporter Ren dans les espaces d"une autre vie B7 Ainsi

    disant, )e marchais grands pas, le visage enflamm, le vent sifflant dans ma chevelure, ne sentantni pluie, ni frimas, enchant, tourment, et comme possd par le dmon de mon c#ur.7La nuit, lorsque l"aquilon $ranlait ma chaumi0re, que les pluies tom$aient en torrent sur mon toit,qu" travers ma fen=tre )e voyais la lune sillonner les nuages amoncels, comme un p&le vaisseauqui la$oure les vagues, il me sem$lait que la vie redou$lait au fond de mon c#ur, que )"aurais la

    puissance de crer des mondes*)Ces aents rappelaient eu0 d.Issian > (9ee3-ous, J ents ora+eu0 d'[rin W mu+isse3, oura+ansdes brures W puiss$-e mourir au milieu de la tempte, enle$ dans un nua+e par les 2antJmesirrit$s des morts*)

    Cette premire 2i+ure du %$ros romantique eut une in2luene onsid$rable* s la parution, e 2ut lesus, l'ent%ousiasme surtout, auprs de la eune +$n$ration* In pr$2$ra D. Ren.. DAtala.. d.abord

    ause de e qu'il 2aut bien appeler son atualit$* 5n 2ait, e n'est pas un remde la m$lanoliequ'apporta C%ateaubriand W au lieu d'en +u$rir son temps, il la mit la mode* N la %ute de l'5mpire,toute une +$n$ration d$%ue de ses res de +loire, d$sorient$e et r$duite l'ination, rut s.reonnatre* 9e mal de #en$ deint le (mal du sile)* Cet ennui, ette inqui$tude, etted$sesp$rane se retrourent ae des nuanes dierses non seulement dans des oura+esimm$diatement ontemporains, omme D.'$ermann.. de S$nanour publi$ en 18E4, mais ommen$un an aant la publiation de D.Ren..H, D.Adolphe.. de enamin Constant, D.Cdouard.. de Mme deuras, mais prinipalement sur les +rands $riains romantiques > Musset tel qu'on le retroue dansDLes nuitset dans DLa confession d"un enfant du si0clequi est diretement inspir$e de D.Ren.. WBi+n, dans ertaines pies des D.9estines.., ainsi que dans le personna+e de Satan d'..Cloa..

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    D

    DLettre sur la campane romaine18E4H

    &prs aoir d$rit la d$solation de la ampa+ne romaine, il $oqua son (inconceva$le grandeur)pour qui la ontemple (en artiste, en po0te, et m=me en philosophe)*

    Commentaire

    9e peintre des (solitudes) am$riaines aait ii assoupli sa te%nique pour mieu0 rendre la puret$lumineuse du pasa+e italien, et son art nous parat enri%i par le souenir des pasa+istes du AB==esile 9e 9orrain et sans doute PoussinH et par sa sensibilit$ d.%umaniste qui s.$mouait deant etteterre ( demeure antique comme les ruines qui la couvrent)*C%ateaubriand enoa la lettre son ami, !ontanes, et elle 2ut aussitJt publi$e* 5lle 2i+ura plus tarddans DVoyage en %talie*

    9e 4 noembre 18EL, C%ateaubriand eut la douleur de perdre Mme de eaumont qui $tait enue lereoindre #ome mais $tait morte de onsomption* Cette $preue bouleersante eut une importaneapitale pour son ure puisque .est e moment-l qu.il on"ut le proet des D 3moires de mavie*

    N #ome, il ressentit aussi l'amertume d'tre subordonn$ l'onle du Premier Consul, le ardinal!es% ae lequel il ne s'entendait pas* 9e :@ noembre, il 2ut nomm$ ministre de !rane dans laminusule r$publique du Balais, appel$e #$publique r%odanienne*#entr$ Paris aant de reoindre son poste, il traaillait un premier proet des D.3artyrs...

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    Ir, en mars 18E4, onaparte 2it e0$uter le du d'5n+%ien dans les 2os$s de Binennes* Cela r$eillale loalisme de C%ateaubriand > il donna sa d$mission en pr$te0tant une maladie de sa 2emme* =ls$ourna !eraques %e3 sa nouelle matresse, Mme de Custine, dans le lit de laquelle a-t-il dit >( 6e gagnai comme on attrape la syphilis dans des draps contamins 4 le royalisme que )e navais

    pas naturellement* ) Mais, d$, il renontrait ?atalie de 9aborde, omtesse de ?oailles, tandis queson $pouse soudain quittait !ou+res pour s.inqui$ter de la ie qi.il menait Paris*Sa sur 9uile 2ut itime d.une rise nereuse, %er%a la mort et la troua, peut-tre par suiide* =l

    en 2ut pro2ond$ment a22et$*5n 18EV, il 2it un oa+e 2amilial en &uer+ne et dans les &lpes* =l publia >

    D"o#ae au Mont-!lanc18E6H

    C%ateaubriand annone > ( 6"ai vu $eaucoup de montagnes en 2urope et en Amrique, et il m"atou)ours paru que dans les descriptions de ces grands monuments de la nature on allait au del de lavrit. 3a derni0re exprience cet gard ne m"a point fait changer de sentiment. 6"ai visit la vallede >hamounyRZ 6"exposerai avec simplicit les rflexions que )"ai faites dans mon voyage* )=l est mont$ au ( 3ontanvert) et a d$ouert ( ce qu"on nomme tr0s improprement la 3er de

    ;laceRZ >e n"est point, comme on le voit, une mer * c"est un fleuve* )Puis il s.int$resse au0 e22ets 2antastiques qu.ont les nua+es dans les monta+nes > ( Lorsque le cielest sans nuages, et que l"amphith&tre des monts se dploie tout entier la vue, un seul accidentmrite alors d"=tre o$serv H les sommets des montagnes, dans la haute rgion o1 ils se dressent,offrent une puret de lignes, une nettet de plan et de profil que n"ont point les o$)ets de la plaine * )Plus loin, il mentionne les arbres qu.on troue, en partiulier le pin qui ( est le compagnon du

    pauvre 8avoyard, dont il partage la destine H comme lui, il croit et meurt inconnu sur des sommetsinaccessi$les, o1 sa postrit se perptue galement ignore* )Surtout, il re2use au0 monta+nes ( la su$limit) > ( >ette grandeur des montagnes, dont on fait tantde $ruit, n"est relle que par la fatigue qu"elle vous donne. uant au paysage, il n"est gu0re plusgrand l"oeil qu"un paysage ordinaire* RZ Les neiges du $as ;lacier des Gois, m=les la poussi0rede granit, m"ont paru sem$la$les de la cendre * on pourrait prendre la 3er de ;lace, dans plusieurs

    endroits, pour des carri0res de chaux et de pl&tre * ses crevasses seules offrent quelques teintes duprisme, et quand les couches de glace sont appuyes sur le roc, elles ressem$lent de gros verresde $outeille* >es draperies $lanches des Alpes ont d"ailleurs un grand inconvnient H elles noircissenttout ce qui les environne, et )usqu"au ciel, dont elles rem$runissent l"a!ur. 2t ne croye! pas que l"onsoit ddommag de cet effet dsagra$le par les $eaux accidents de la lumi0re sur les neiges. Lacouleur dont se peignent les montagnes lointaines est nulle pour le spectateur plac leur pied. La

    pompe dont le soleil couchant couvre la cime des Alpes de la 8avoie n"a lieu que pour l"ha$itant deLausanne. uant au voyageur de la valle de >hamouny, c"est en vain qu"il attend ce $rillantspectacle. %l voit, comme du fond d"un entonnoir, au4dessus de sa t=te, une petite portion d"un ciel$leu et dur, sans couchant et sans aurore * triste s)our o1 le soleil )ette peine un regard midi par4dessus une $arri0re glace. RZLes monts, quand on en est trop voisin, o$struent la plus grande

    partie du ciel. %l n"y a pas asse! d"air autour de leurs cimes * ils se font om$re l"un l"autre et se

    pr=tent mutuellement les tn0$res qui rsident dans quelque enfoncement de leurs rochers * RZ nseul accident laisse aux sites des montagnes leur ma)est naturelle H c"est le clair de lune* RZ 'nparle $eaucoup des fleurs des montagnes, des violettes que l"on cueille au $ord des glaciers, desfraises qui rougissent dans la neige, etc. >e sont d"impercepti$les merveilles qui ne produisent aucuneffet H l"ornement est trop petit pour des colosses. 2nfin, )e suis $ien malheureux, car )e n"ai pu voirdans ces fameux chalets enchants par l"imagination de 6.46. Rousseau que de mchantes ca$anesremplies du fumier des troupeaux, de l"odeur des fromages et du lait ferment * )e n"y ai trouv pourha$itants que de misra$les montagnards, qui se regardent comme en exil et aspirent descendredans la valle* RZ Les $=tes sauvages ont t remplaces sur les sommets des Alpes par destroupeaux de vaches, qui regrettent la plaine aussi $ien que leurs maDtres* RZ 6e ne puis =tre

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    heureux l o1 )e vois partout les fatigues de l"homme et ses travaux inouMs, qu"une terre ingraterefuse de payer*Une autre raison de son d$+o;t, il la troue dans le 2ait que Bir+ile ( se serait fort peu souci de lavalle de >hamouny, du glacier de (aconay, de la petite et de la grande 6orasse, de l"aiguille du 9ruet du rocher de la (=te4oire* )C%ateaubriand prend le ontrepied de l.ent%ousiasme e0prim$ par #ousseau pour l.( influencesalutaire des hauts lieux) dans la lettre AA=== de DLa ouvelle @loMse H ( Sur les %autes monta+nes,

    les m$ditations prennent un aratre +rand, sublime, proportionn$ au0 obets qui nous 2rappent, ene sais quelle olupt$ tranquille qui n'a rien d'/re et de sensuel* =l semble qu'en s'$leant au-dessusdu s$our des %ommes, on laisse tous les sentiments bas et terrestres R*** e doute qu'auunea+itation iolente p;t tenir ontre un pareil s$our prolon+$* ) et* Pour lui, ( malheureusement l"&mede l"homme est indpendante de l"air et des sites * un coeur charg de sa peine n"est pas moins

    pesant sur les hauts lieux que dans les valles* ) et il inoque le t$moi+na+e des auteurs del'&ntiquit$ et elui de la ible pour d$larer les monta+nes des lieu0 d.a22lition, bien que lesana%ortes s. retirent W ( mais ce n"est point alors la tranquillit des lieux qui passe dans l"&me deces solitaires, c"est au contraire leur &me qui rpand sa srnit dans la rgion des orages* )Cependant, il onde > ( Apr0s avoir fait la critique des montagnes, il est )uste de finir par leurloge. ) =l les aepte don ( dans les derniers plans d"un ta$leau RZ au fond d"un hori!onvaporeux* ) 5lle sont aussi ( une $arri0re utile contre les invasions et les flaux de la guerre* ) ( %l y

    a des montagnes que )e visiterais encore avec un plaisir extr=me H ce sont celles de la ;r0ce et de la6ude* )

    Commentaire

    C%ateaubriand qui est all$ au pied du Mont lan a don $t$ $ras$ par un d$or trop +rand pour lui,qu.il ne d$rit pas d.ailleurs, qu.il $ite, de 2ait, onsienieusement, et il onteste l.id$e de lasplendeur des &lpes, qui le laissent insensibles*Par ontre, il appr$iait le B$sue, qui e22raait et rebutait ses ontemporains mais dont il aait 2aitl.asension en 18E4 et auquel il trouait une beaut$ sublime, lui onsarant un ibrant $lo+e po$tique,alorisant la 2ore de e ratre qui est +or+$ de souenirs Pline, ante,ZH, qui lui ourait les portesde l.inspiration* &insi, il allait rebours des +o;ts institu$s, rompait ae ses pr$d$esseurs*

    C%ateaubriand ne se r$le-t-il pas dans e te0te omme un snob aant tout souieu0 de sedistin+uer de la masse des admirateurs de la monta+ne, en partiulier en se drapant dans sa ulturelassiqueQ &% X si Bir+ile aait %ant$ les &lpes, le latin aurait tout %an+$ au0 eu0 de C%ateaubriandX

    9e 1L uillet 18E6, $dant au re de sa eunesse, C%ateaubriand s'embarqua pour l'Irient, isital.=talie, la Gre, la Kurquie, les 9ieu0 Saints, l'[+pte* 5n noembre, il se rembarqua &le0andrie*ans e +rand oa+e, il aumula des 2i%es de leture, des douments, et reueillit les ima+es quiallaient enri%ir di22$rents oura+es*

    &u printemps 18E7, en 5spa+ne Grenade, CordoueH, il retroua ?atalie de ?oailles* =l 2ut de retour Paris en uin*

    Pensant, aprs aoir $rit un artile trs irulent ontre ?apol$on dans D Le 3ercure de :rance, qu.il$tait pr$2$rable de s.$loi+ner de Paris, il 2it l.aquisition de la Ball$e-au0-9oups, une maison deardinier dans le %ameau d'&ulna, prs de Seau0, s' installa ae son $pouse, $ut trs retir$ et traaillant assid;ment pendant deu0 ans 18E7-18E@H >

    DLes mart#rs ou Le triomphe de la reliion chrtienne

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    18E@H

    [pop$e en prose en in+t-quatre lires

    Bers la 2in du =lle sile, dans le temps de la pers$ution de iol$tien, en Mess$nie, l'ade$modous, prtre du temple d'Fomre dont il est le desendant, $le sa 2ille, Cmodo$e, dans lesertus paYennes et l'a onsar$e au0 Muses* &u retour d'une 2te reli+ieuse, la eune 2ille s'est

    $+ar$e, seule, la nuit, dans un bois* 5lle 2ait la renontre d'un eune %omme, 5udore, un eune%r$tien, 2ils de 9ast%$ns, qui la raompa+ne* Peu de temps, $modous, aompa+n$ de sa 2ille,se rend en &radie %e3 9ast%$ns pour remerier 5udore* =ls trouent 9ast%$ns et ses 2ils oup$sau0 moissons* =ls re"oient l'%ospitalit$ simple et a22able d'une 2amille %r$tienne qui mne une iepatriarale la manire biblique* 9e prtre paYen assiste une r$union de %r$tiens pr$sid$e parCrille, $que de 9a$d$mone* 9es deu0 reli+ions s'a22rontent, d'une manire toute po$tique, il estrai, quand Cmodo$e %ante sur sa lre les diinit$s de la mt%olo+ie et qu'5udore lui r$pond en$l$brant le ieu des %r$tiens 9ire ==H* 9e lire === nous transporte au Ciel o< ieu d$lare qu'il a%oisi 5udore omme la itime dont le san+ doit ra%eter les %r$tiens*

    N la demande de $modous, 5udore ommene un lon+ r$it de sa ie 9ires =B AH*

    N sei3e ans, il a $t$ eno$ #ome omme ota+e* S$duit par les mereilles de la ille imp$riale, le

    eune %r$tien se lia ae le prine Constantin et oublia sa reli+ion dans une ie de d$bau%es enompa+nie de $rJme et d'&u+ustin* 5n ontraste ae ette ie de d$lies, l'auteur $oque lasimpliit$ de la ommunaut$ %r$tienne, dont l'$que Marellin 2init par e0ommunier 5udore pourson inonduite*5no$ l'arm$e du #%in, le eune Gre 2it ampa+ne %e3 les ataes, prit part un ombat ontrela %orde des !rans de P%aramond* &u moment d'tre ainus, omme ils $taient prot$+$s de ieu,ils 2urent sau$s par un ra3 de mar$e qui ena%it le %amp de bataille* less$, 5udore 2ut 2aitprisonnier par les !rans, deint eslae de P%aramond* Mais il 2ut lib$r$ pour aoir sau$ la ie M$ro$e au ours d'une %asse* e retour #ome, 5udore, aprs une e0p$dition en reta+ne&n+leterreH, 2ut nomm$ +ouerneur de l'&rmorique* =l renontra Bell$da, druidesse +auloiseennemie des #omains, qui s'$prit de lui et qui, ne pouant se 2aire aimer, se donna la mort* &u lireB===, le r$it d'5udore est interrompu par une lon+ue sne qui a pour t%$/tre les 5n2ers > il se termine

    par le retour d'5udore, pris de srupules, au0 pratiques %r$tiennes et par sa p$nitene publique9ire A=H* =l abandonna son pouoir et retourna auprs de son pre* 9ires =B A==H*

    Cmodo$e est si tou%$e par e r$it qu'elle d$lare son pre qu'elle eut se 2aire %r$tienne et$pouser le 2ils de 9ast%$ns* Son pre onsent olontiers, a2in de sauer sa 2ille des poursuites deFi$rols, +ouerneur de l'&%aYe* Cmodo$e se rend $rusalem pour se plaer sous la protetiond'F$lne, mre de Constantin 9ire A=BH* N #ome, o< nous retrouons 5udore, la pers$ution ontreles %r$tiens se pr$pare, tandis que l'5n2er mani2este sa oie* Cmodo$e, baptis$e $rusalem,reoint 5udore #ome* =ls se d$larent mutuellement leur amour* =i, C%ateaubriand aumule lespassa+es de mereilleu0 sur le Pur+atoire, l'5n2er et l'an+e e0terminateur* =l est r$$l$ que larenontre des amoureu0 n.est pas le 2ait du %asard* Boulant puri2ier les %r$tiens dont la ertu s'esta22aiblie, l'[ternel a permis Satan de susiter une dernire pers$ution au terme de laquelle ( la

    croix devait =tre place sur le tr-ne de l"nivers)* 5udore sera sari2i$ pour sauer les %r$tiens, et (les paMens aussi auront leur hostie car les chrtiens et les idol&tres vont se runir )amais au pied ducalvaire) > ette itime sera Cmodo$e* =ls seront soutenus par le C%rist et par Marie 9ires AA=,AA==, AA===H*9e per2ide et puissant Fi$rols multiplie les intri+ues pour les s$parer et les perdre* =l parient les2aire arrter au milieu de la $r$monie des 2ian"ailles* 5udore est tortur$, d$%ir$ ae des on+les de2er et assis sur une %aise rou+ie au 2eu W puis, aoir pris ae les autres ondamn$s ( le repasli$re), il est e0pos$ au0 2aues dans l'amp%it%$/tre* 9ib$r$e de sa prison par des %r$tiens d$+uis$sen soldats, Cmodo$e $%appe la sureillane de son pre et parient s. +lisser pour parta+er le martre d.5udore, mourant ae lui, d$or$e par un ti+re* &u moment mme de leur

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    martre, des mani2estations surnaturelles atterrent les spetateurs, une oi0 mst$rieuse annone > (Les dieux s"en vont), tandis qu'on apprend que Constantin est ainqueur +r/e au si+ne de la Croi0,et que ( 8ur la tom$e des )eunes martyrs, >onstantin re+oit la couronne dAuguste, et sur cettem=me tom$e il proclame la religion chrtienne religion de lempire*)

    Commentaire

    ans la pr$2ae, C%ateaubriand d$lara > ( 6ai commenc Les 3artyrs Rome d0s NOPQ,quelques mois apr0s la pu$lication du ;nie du christianisme. 9epuis cette poque, )e nai pascess dy travailler. ) 5n e22et, pendant plusieurs ann$es, il rassembla une masse $norme dedouments sur les premiers temps du %ristianisme et s.entoura de saants pour tre +uid$ etontrJl$ dans ses re%er%es* =l 2it mieu0 > il se rendit sur les lieu0 o< deait se d$rouler l.ation deson lire* =l isita la Gre, Constantinople, la Palestine oir D%tinraire de 1 - (6"ai avanc que la religion chrtienne me paraissait plus favora$le que le paganisme audveloppement des caract0res et au )eu des passions dans l"pope)*: - (6"ai dit encore que le merveilleux de cette religion pouvait peut4=tre lutter contre le merveilleuxemprunt de la mythologie)*s la pr$sentation romanesque de ses deu0 personna+es, il a marqu$ le lien qui unit les deu0oeures* ans ette renontre entre une paYenne et un %r$tien o< tout est ontraste, pas unepens$e, pas une parole qui ne soit destin$e souli+ner l'opposition entre les deu0 oneptions de ladiinit$ et de la ie* 9e moment %istorique, le %oi0 des personna+es permettaient d'$oquerparalllement les deu0 reli+ions* 9a destin$e de es martrs s'insrit dans le +rand mouement quionduit au triomp%e du %ristianisme* C'est ainsi que l.%istoire, en d$roulant des p$rip$tiesompliqu$es et souent m$lodramatiques, s'$le usqu' la +randeur $pique, en retra"ant ( les

    com$ats de deux religions) et le sort de l'5mpire*

    DLes martyrssont la 2ois un roman %istorique, une suite de desriptions tir$es par l'auteur de sesnotes de oa+e et un pome %$roYque destin$ soutenir une t%se*C'est surtout en tant que roman qu'ils nous int$ressent enore* e e point de ue, 'est une $ritabler$ussite* 9e roman est %abilement onstruit, d'un int$rt soutenu, et les personna+es sont 2ort bienamp$s > Cmodo$e est tou%ante par sa tendresse, sa puret$, son %$roYsmeW 5udore, en qui sedisputent la p%ilosop%ie paYenne et la nouelle reli+ion, est un personna+e iant, r$el* In sent quel'auteur a pens$ au0 +rands onertis, saint &u+ustin en partiulier* e plus, e n'est pas seulementun #omain du ===e sile, 'est un !ran"ais du d$but du A=Ae, pris entre la p%ilosop%ie du silepr$$dent et la renaissane %r$tienne, C%ateaubriand lui aant prt$ beauoup de ses propresattitudes* 5n2in, il 2aut mentionner le personna+e de Bell$da, la eune druidesse elte, dont le %arme

    mst$rieu0 passionna les premiers leteurs de l'ure et dont le nom deint aussitJt $lbre*Cette $pop$e %r$tienne pr$sente un +rand int$rt doumentaire* C%ateaubriand s'$tait impos$ unedoumentation minutieuse, et a pu se anter > (6"ai trouv moyen, par le rcit et par le cours desvnements, d"amener la peinture des dBffrentes provinces de l"2mpire romain )* e 2ait, il noustransporte en Gre, dans la #ome imp$riale, l'arm$e du #%in, %e3 les !rans, dans la Gaulearmoriaine* 9a desription +$o+rap%ique reposait sur son e0p$riene direte* 9'$oation %istorique$tait plus d$liate* =l a eu le tort de iter or+ueilleusement ses soures dans son D 2xamen des3artyrs> '$tait appeler la ontroerse et on lui a repro%$ bien des erreurs et des ana%ronismes*Certains sont olontaires, et il s'est e0pliqu$ sur leur n$essit$ dans sa pr$2ae de 18:6* &insi, .est$idemment d$lib$r$ment qu.il 2it de $rJme et d.&u+ustin des ompa+nons de d$bau%e d.5udore

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    pare qu.ils deiendront, aprs leur onersion, deu0 +rands saints* Pour le ombat entre l.arm$eromaine et les !rans, il se 2latta de n'utiliser que des d$tails emprunt$s au0 %istoriens aniens,omme Sidoine &pollinaire, C$sar et, pour la plupart, Kaite DLa ;ermanieH* 9es %istoriensontemporains en tiraient d'ennueuses ompilations, s%ement doumentaires, tandis que sonima+ination $pique put tout animer et 2aire reire l'$pisode* ?on seulement nous assistons labataille, mais nous la oons ae les eu0 d'5udore > nous oons s'aaner ers nous e(troupeau de $=tes froces) qui d$2erle sur le monde romain W 'est le %o de deu0 iilisations

    9ire B=H* Pour le ( $ardit) des !rans, +uid$ par une simple allusion de Kaite, il eut l.id$e d.imiterun %ant de +uerre des peuples du ?ord, ( po0me $ar$are) par2aitement adapt$ la situation, quir$le l./me 2arou%e de es +uerriers et qui produit une saisissante impression d.art primiti2* Pouait-on e0i+er de lui des srupules que n'aaient pas les %istoriens de son tempsQ5n tant qu.$pop$e, DLes martyrssont un $%e* #ien de plus m$diore, de plus ennueu0, que esdesriptions laborieuses de l'autre monde, o< C%ateaubriand aumula les itations de te0test%$olo+iques sans parenir les int$+rer son ure* Ces passa+es de mereilleu0 restent ommedes intermdes, que le leteur ne peut s'emp%er de sauter* Boulant prouer la sup$riorit$ dumereilleu0 %r$tien, il a ommis l'erreur de r$er l'ima+e de la mt%olo+ie paYenne une mt%olo+ie%r$tienne, arti2iielle et ridiule, qui enombre de son 2atras des lires entiers des D.3artyrs..*Comment s'aommoder d'une repr$sentation mat$rielle du Paradis, mme illumin$ par desdiamants et des portiques de soleils, et en%ant$ par les %urs des saints et des an+es qui

    entourent le trJne de l'[ternelQ 5t que dire de es 5n2ers %r$tiens o< la Mort ient ous sous la2orme d'un squelette et o< se tiennent des assembl$es de d$mons si a+it$es que ieu lui-mme doitr$tablir l'ordreQ Pourtant, omme pour nous 2aire re+retter es erreurs, C%ateaubriand eut par2oisreours un mereilleu0 plus disret et par2aitement aeptable, omme l'interention de e ra3 demar$e qui saue les !rans que ieu r$serait de +randes destin$es* D Les martyrssont don une$pop$e manqu$e* 9'erreur dans le %oi0 du mereilleu0, ertaines lon+ueurs dans la seonde partierendent souent rebutante la leture de es in+t-quatre 9ires* ans D 3moires d"outre4tom$e.., il ad'ailleurs reonnu son erreur, parla de es interentions surnaturelles omme de ( machines uses) > ( Le dfaut des 3artyrs tient au merveilleux direct que, dans le reste de mes pr)ugsclassiques, )"avais mal propos employ* )=l reste que l'oura+e est $rit dans une prose %armonieuse et po$tique* 9e stle de l'auteur s'$taitall$+$ de e parti pris de lassiisme qu'on trouait dans ses pr$$dentes ures et a +a+n$ en

    pittoresque, en ouleur et en simpliit$* .ailleurs, il oulait qu.on le u+e ( comme po0te) et non (comme historien )* 5t l'artiste qu.il $tait parat s'tre laiss$ prendre au %arme des souenirslassiques*** ou de sa propre irtuosit$ pasti%er la po$sie %om$rique* ?ous sommes tou%$s par lasimpliit$ pleine de +randeur - et peut-tre un peu tendue - du ( langage chrtien) omme noussommes s$duits par ( la prolixit paMenne) de Cmodo$e, tout illumin$e de raissantes l$+endes etbai+n$e des immortelles %armonies de la Gre* Son inomparable talent lui permit d'a22irmer > ( >esont des portraits ressem$lants et non des descriptions vagues et am$itieuses )* In doit reonnatrela qualit$ des desriptions de ma+ni2iques pasa+es, le relie2 par2ois saisissant de tableau0 >- %armants omme la renontre d.5udore et de Cmodo$e W- tou%ants omme le repas des ondamn$s au0 btes W- po$tiques omme l.apparition de Bell$da W- $piques omme elui de l.arm$e des !rans de P%aramond qui lui permit d.$oquer les premiers

    temps de l.%istoire de !rane W- d'une %aute intensit$ tra+ique omme le martre d.5udore et de Cmodo$e pour lequel,ependant, ae une disr$tion toute lassique, il a $it$ de s.attarder sur des snes d.%orreur >( (oute la terreur, sil y en ici, se trouve place avant lapparition du tigre), et il est parenu ( montrer le martyre comme un triomphe et non comme un malheur) 9ire AA=BH*

    9a premire $dition des D3artyrs ou Le triomphe de la religion chrtienneparut en deu0 olumes Paris, en mars 18E@, suiie d'une $dition en trois olumes 9ondres, 18E@H* 9a troisime $dition,pr$$d$e d'un D.2xamen.., ae des DRemarques sur chaque livre et des fragments d"un voyage del"auteur en ;r0ce et 6rusalem, parue en 181E, en onstitua l'$dition d$2initie*

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    DLes martyrs 2urent attaqu$s ds leur parution pour des raisons politiques* 9a peinture de l'5mpireromain parut tre une ritique du r$+ime, d'o< les r$tienes des ritiques* Tuant au sus del'ure auprs du publi, il 2ut $norme > elle 2ut non seulement appr$i$e de l'$lite, mais deint unlire populaire et e0er"a une durable in2luene* 5lle 2it mieu0 onnatre l'&ntiquit$, enore i+nor$e du+rand publi, et susita un renoueau d'int$rt pour la Gre et pour #ome W surtout, elle eut le m$rited'attirer l'attention sur les premiers temps de l'%istoire de !rane* 5n ela, elle eut une in2luened$isie sur la ( rsurrection du pass) qui a marqu$ le A=Ae sile qui a $t$ le sile de l.Fistoire,

    sur la renaissane des $tudes %istoriques en !rane* &u+ustin K%ierr a22irma plus tard que 'est laleture de l'$oation des !rans de P%aramond qui d$termina sa oation d'%istorien W et on peutdire, sans e0a+$ration, que l'$ole %istorique 2ran"aise du A=Ae sile est n$e pour ainsi dire de ette$pop$e*

    C%ateaubriand r$di+ea les premires pa+es de ses D.3moires..*5n mme temps, il poursuiit une lutte de plus en plus ouerte ontre ?apol$on sur la propositionduquel il 2ut pourtant en 1811 $lu l'&ad$mie 2ran"aise une oi0 de maorit$* N ette oasion, ilaait ompos$ un disours %ardi o< il 2l$trissait la trannie imp$riale* Mais il 2ut ensur$ par l.=nstitut,et il re2usa de le prononer* =l n.allait si$+er sous la Coupolequ. la #estauration*

    D$tinraire de %aris & 'rusalem1811H

    ournal de oa+e

    Ce sont des notes et des impressions de oa+e que C%ateaubriand a rassembl$es pour tre enmesure de donner un adre iant et e0at au0 D.3artyrs..* =l $tait all$ autour de la M$diterran$e( chercher des images)* =l aait aumul$, aant son d$part, un +rand nombre de rensei+nements%istoriques et +$o+rap%iques sur les pas qu'il allait isiter W 'est don en onnaissane de ausequ'il entreprit e p$riple qui dura de uillet 18E6 uin 18E7* Partout il alla la re%er%e du pass$, ill'appela et il l'$oqua W 'est ainsi que bien des desriptions sont pontu$es par des e0lamations et

    alourdies par un $tala+e d'$rudition*9'..%tinraire.. est diis$ en sept parties >DVoyage en ;r0ce=HDVoyage de l"archipel, de l"Anatolie et de >onstantinople==HDVoyage de Rhodes, de 6affa, de Gethlem et de la mer 3orte===HDVoyage de 6rusalem=B et BH,DVoyage d"CgypteB=H,DVoyage de (unis et retour en :ranceB==H*C'est en 2ait un plerina+e au0 ruines des iilisations disparues que C%ateaubriand aomplit W ilentendit remonter au0 soures mmes de la iilisation moderne W aussi ses m$ditations sont-ellespleines d'admiration pour la +randeur pass$e, et de m$lanolie 2ae l'$tat pr$sent* &u0 desriptionsse oi+nent les r$2le0ions morales, politiques, reli+ieuses, l'$oation des souenirs %istoriques sur les

    lieu0 mmes o< ils sont n$s, et de po$tiques reries* 9'ar%$olo+ie, l'%istoire +$n$rale, elle desbeau0-arts tiennent une plae importante, mais aussi les aentures et les anedotes dans lesquellesil se d$tend et 2ait preue d'une bonne %umeur, d'une bon%omie qu'on ne retrouera plus que dansD3moires d"outre4tom$e..* C%ateaubriand, qui pense aoir p$n$tr$ le seret du mirale antique,entend 2aire part de sa d$ouerte* =l se pr$oupe aant tout d'$mouoir et il parient*

    Commentaire

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    C%ateaubriand 2it preue de son talent de pasa+iste et de ses $motions d.%umaniste et de %r$tiendeant les lieu0 ( les plus fameux de lhistoire)* Cela nous aut de ma+ni2iques $oations qui, bienqu.$rites ae re%er%e, sont moins pompeuses que elles des D.3artyrs..* Un des %armes del...%tinraire.. r$side souent dans la d$ouerte d.un autre C%ateaubriand, d$tendu, 2amilier, olontiers%umoriste > un oa+eur qui se on2ie ae sin$rit$, qui semble aoir oulu rassembler les traits lesplus repr$sentati2s de son temp$rament, de son talent et, peut-tre nos eu0, de ses 2aiblesses*S.il s.inspirait d.une abondante tradition litt$raire de ( oa+es en Irient ), au point que es emprunts

    ont 2ait mettre en doute qu.il ait r$ellement 2ait le oa+e, le te0te est iant ar il a su $iter toutelourdeur*Une des plus belles pa+es est le tableau d.&t%nes au soleil leant qui est d$rite ae une +randepr$ision pittoresque, le oloriste $oquant les nuanes les plus d$liates, le ontraste $tant marqu$ae l.&t%nes moderne W l.artiste, l.%umaniste et le p%ilosop%e qui m$dite sur la 2uite du tempsHommunient dans la mme 2ereur*ans l.$oation des Pramides, qui sont peine d$rites, il marqua sa tendane la m$ditation*5lles lui inspirrent de +raes ariations sur le t%me de l.immortalit$ et du n$ant > ( uand lhommea pass, les monuments de sa vie sont encore plus vains que ceux de sa mort * son mausole est aumoins utile ses cendres * mais ses palais gardent4ils quelque chose de ses plaisirs?)

    9'..%tinraire.. mit la Gre et l'Irient la mode* =l serit de +uide de oa+es de nombreu0 touristes*

    =l est l'ori+ine des oa+es des +rands $riains > 9amartine, !laubert, ?eral DVoyage en 'rientH*e plus, C%ateaubriand aait attir$ l'attention sur le problme +re, il aait d$rit le pas ( triste, maispaisi$le) > ( Le silence de la servitude rgnait sur les monuments dtruits* ) 9ors de la r$impressionde l'..%tinraire.., en 18:7, dans les DJuvres compl0tes, la situation aait $olu$ du tout au tout > laGre s'$tait soule$e W ?aarin, les 2lottes oidentales r$unies aaient battu la 2lotte turque*C%ateaubriand ne pouait se d$sint$resser de e pas o< il aait ressenti de si doues $motions* =ld$2endit la ause de la Gre la C%ambre des pairs et 2it pr$$der la nouelle $dition del'..%tinraire.. d'une Dote sur la ;r0ce, o< il d$2end la 2ois la nation +reque et le %ristianisme*C%ateaubriand $tait aompa+n$ d'un domestique qui r$di+ea, lui aussi, son ournal de route* Celui-ia $t$ publi$ en 1@E1 sous le titre de > D %tinraire de hateau$riand..*

    C%ateaubriand r$di+ea une tra+$die, D.Mo(se..*5n 181:, il mit 2in sa liaison ae ?atalie de ?oailles*9e V aril 1814, il publia >

    D)e !uonaparte, des !ourbonset de la ncessit de se rallier & nos princes litimes

    pour le bonheur de la *rance et celui de lEurope1814H

    Pamp%let

    9.ure est diis$e en trois parties *&lors que ( les Russes sont

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    aait $le$ son trJne sur les ruines d.un peuple* =l s.est onduit omme ( un assassin) ae le dud'5n+%ien* Ses talents de strat+e sont ni$s >5>est en effet un grand gagneur de $atailles * mais,hors de l, le moindre gnral est plus ha$ile que lui R***%l nentend rien aux retraites et aux chicanesdu terrain.79e bilan %umain de ses +uerres est terrible > ( %l a fait prir dans les on!e annes de sonr0gne plus de cinq millions de :ran+ais, ce qui surpasse le nom$re de ceux que nos guerres civilesont enlevs pendant trois si0cles*) 9a !rane sous son r+ne a $t$ une ( caverne de $rigands)*( Logre) est ima+in$ reenant de #ussie o< son arm$e a+onise, s'installant au0 Kuileries, au oin

    du 2eu, disant > ( %l fait meilleur ici que sur les $ords de la Grsina* ) Mais, aoute C%ateaubriand,( tous les diamants de la couronne ne pouvaient cacher le sang dont il tait couvert* ) Fistrion etom$dien, onaparte ( a horreur des hommes), et ( il n"aimerait pas m=me le cri d"un grand crime,si ce crime n"tait pas son ouvrage* )9a deu0ime partie porte sur les ourbons et montre la n$essit$ pour la !rane de se rassemblerautour des souerains l$+itimes qui seuls pourront donner la pai0 et l.ordre la ?ation*9a troisime partie porte sur les alli$s des l$+itimistes et des ourbons, %er%e usti2ier, ae une$idente di22iult$, la politique de la oalition qui tentait d.a22aiblir le presti+e de la !rane et, ommeela deait bientJt arrier, d.ena%ir son territoire*

    Commentaire

    C%ateaubriand omposa e pamp%let maladroit, outranier et en+eur pendant la ampa+ne de!rane, pendant e qui 2ut %e3 les roalistes des semaines d'une attente passionn$e, et il est ertainqu'il mit la dernire main aprs la %ute mme de Paris* =l le publia le LE mars 1814 et n'a don pasontribu$ la %ute de ( l"ogre), omme il l.a pr$tendu, de onaparte dont il s.est plu italianiser lenom pour 2aire de lui un ( tranger)*

    &nim$ par la passion partisane, il oulut 2rapper un +rand oup, 2ort et ite, et prendre date* ( >"estune $ataille qu"il fallait gagner ou perdre), a-t-il dit plus tard, pour e0user ses oups bas* onaparteainu, la !rane ena%ie, tout deenait possible, et C%ateaubriand ra que son destin allait%an+er* &e le 2r$missement de l'ambitieu0 qui roit en2in son %eure enue, il osa pour la premire2ois d$si+ner %aque %ose par son nom > les mots lui inrent en2in du oeur* amais portrait plusinuste et plus ruel ne 2ut 2ait de ?apol$on* =l est $ident que si on eut onnatre l'oeure del'5mpereur, son %istoire, son aratre et son +$nie, e n'est pas dans le pamp%let de C%ateaubriand

    qu.il 2aut %er%er un doument s;r* In mesure l'aeu+lement o< onduisent les passions politiques,les bassesses et la sottise qu'elles susitent tout naturellement*ans et $rit si bre2, si di22$rent de tout e qui aait 2ait sa +loire litt$raire, l'e0trme iait$ du traitr$le une e0$ution rapide* =l en r$sulta un ton noueau, un stle %eureu0 ou amer, diret, iolent,$loquent ou 2amilier, o< il 2ut en2in lui-mme, o ( cette poque de trou$le et de passion, les paroles ne pouvaient =trerigoureusement peses* )Mais, notre $poque, on a touours u+$ s$rement e libelle* Pour Fenri Guillemin, qui ne badinaitpas ae la moralit$ > ( =l a peu de %oses pires, dans la onduite de C%ateaubriand, que saonduite en 1814* ) !ran"ois Mauria aussi le ondamna dans ses ouveaux mmoires intrieurs*

    9e 8 uillet 1814, C%ateaubriand 2ut nomm$ ambassadeur en Sude mais il ne reoi+nit pas sonposte*=l 2ut d$"u par 9ouis AB=== qui, lui, n'aimait +ure e romantique plein d'or+ueil et d'ambition* =l le suiitn$anmoins Gand pendant les Cent-ours, lui attribuant alors, du moins dans D 3moires doutre4tom$e, le sentiment la 2ois %arnel et m$tap%sique de la l$+itimit$ bourbonienne > ( %l tait roi

    partout, comme 9ieu est partout, dans une cr0che, dans un temple, sur un autel dor ou dargile.Lide fixe de la grandeur, de lantiquit, de la dignit, de la ma)est de sa race donnait Louis SV%%%un vrita$le empire. 'n en sentait la domination. Les gnraux m=mes de Gonaparte leconfessaient H ils taient plus intimids devant ce vieillard impotent que devant le maDtre terri$le quiles avait commands en cent $atailles*)

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    =l 2ut nomm$ ministre de l.=nt$rieur par int$rim* =l ota la mort de ?e* Mais, omme il le raontaenore dans D3moires doutre4tom$e, il aurait entendu ae douleur la anonnade de _aterloo*

    N son retour, il 2ut nomm$ pair de !rane mais non ministre omme il l'esp$rait* =l $da alors saoation d'$ternel opposant et, ($our$oniste par honneur, royaliste par raison et rpu$licain pargo/t7, il deint par d$pit un des %e2s des ultra-roalistes, $riant alors >

    DLa monarchie selon la +harte1816H

    5ssai

    ans e libelle, C%ateaubriand d$2endait la C%arte onstitutionnelle, +r/e laquelle les lib$rau0 de!rane aaient aueilli le retour de 9ouis ABll= et le d$but de son +ouernement* Un retour l'&nien#$+ime n'$tait plus possible* Comme ministre, il oulut, dans ette publiation, dire la ( vrit au roi)W ar le Conseil dont il 2aisait partie ne se r$unissait mal%eureusement point dans le but de permettre ses membres de 2aire aloir leur opinion personnelle sur les questions les plus importantes de lanation* C'est pr$is$ment pare qu'il entendait d$2endre la l$+itimit$ qu'il se sentit le deoir d'a22irmerune 2ois de plus la n$essit$ o< $tait la monar%ie d'tre onstitutionnelle retour des partis, libert$ de

    presse et autres pr$ro+aties parlementairesH* 9es mau0 du despotisme seraient en 2ait pires queeu0 d'un lib$ralisme qui, +uid$ sainement, la 2a"on an+laise, apporterait une nouelle +loire au roiet au pas*

    Commentaire

    C%ateaubriand qui aait montr$, notamment dans son $rit D 9e Guonaparte et des Gour$ons, sonatta%ement la ause des souerains ( l$+itimes ) de la !rane, ne pouait pas, aprs lesd$eptions apport$es par la #estauration et sp$ialement par la politique r$ationnaire des ultra-roalistes, ne pas montrer son esprit de r$bellion, en se 2aisant le d$2enseur de nouelles id$essoiales W ertes, il le 2it d'une manire toute personnelle, se laissant emporter par l'imp$tuosit$ de saision 2ortement $+oentriste des %oses*

    9'oura+e, publi$ quelques ours aprs la dissolution de la 2ameuse ( C%ambre introuable ), souleal'indi+nation de 9ouis AB=== qui, sous l'in2luene de ses partisans ultras, 2it imm$diatement interdire labro%ure par sa polie et destitua tout simplement l'auteur de son poste minist$riel*

    5n 1817, Mme #$amier deint la matresse de C%ateaubriand* 5n 1818, elle loua la propri$t$ de laBall$e-au0-9oups qu.il aait d; endre pare qu.il $tait ompltement ruin$, $tant pri$ de traitement la suite de dis+r/es suessies et d$pensant beauoup plus qu.il ne +a+nait* Puis elle allaits.installer l.&bbae-au0-ois, rue de Sres*

    &e des ollaborateurs d'$lite omme onald, Billle, Poli+na, ?odier, 9amennais, il 2onda unournal DLe conservateuro

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    =l reint alors ses raies onitions, elles d'un monar%iste mod$r$ et souieu0 des libert$spubliques > dans le D6ournal des d$ats, il ombattit atiement le ministre Billle, si+nant enseptembre un artile intitul$ > DLe roi est mort H vive le roi B..*5n 18:6, il s.installa Paris, rue d.5n2er* Pour essaer de r$soudre ses di22iult$s p$uniaires, ilendit ses D'euvres compl0tes 9adoat et publia >

    DLes atche18:6H

    [pop$e en prose en deu0 parties

    9e !ran"ais #en$, aant quitt$ son pas aprs la prise de oile de sa soeur &m$lie, ient demanderl'%ospitalit$ la tribu des ?at%e3, en 9ouisiane* =l est prot$+$ par le ieu0 C%atas 9ire =H* =ls'$prend de la nie de C%atas, Celuta W mais elle-i est aim$e d'Indur$, %e2 de la tribu de laKortue, qui ure la perte de #en$* &u lire ===, Indur$ tente de l'assassiner W #en$ triomp%e, maislaisse la ie son a+resseur*9e lire =B est oup$ par un intermde $leste* Puis #en$, adopt$ par la tribu, $oute le r$it que lui2ait C%atas des $$nements de sa ie surenus aprs la mort d'&tala* 5no$ omme ambassadeur

    de sa nation ers le +ouernement 2ran"ais, il est pris pour un tratre et eno$ au ba+ne deMarseille* =l est d$lir$ par ordre de 9ouis A=B et amen$ Bersailles* 9ires B =AH*Sur les onseils du tratre Indur$, les =llinois, tribu oisine, d$larent la +uerre au0 ?at%e3* !aitprisonnier, #en$ est d$lir$ et retroue Celuta 9ires =A A==H*

    9a seonde partie, qui n'est plus qu'un r$it ontinu, sans diisions, s'oure sur le maria+e de #en$ etde Celuta > mais, mal+r$ l'amour que lui porte son $pouse et la naissane d'une petite 2ille qu'ilappelle &m$lie en m$moire de sa sur, #en$ n'est pas %eureu0* $non$ par Indur$, il est arrt$par les !ran"ais et mis en prison* 9ib$r$, il retourne %e3 les ?at%e3, o< il apprend la mort de sasur* C%atas, oant son a22lition, lui demande le r$it de ses mal%eurs* Ce r$it, 'est D.Ren..*Mais Indur$, qui poursuit touours le !ran"ais de sa en+eane, troue le moen de l'$arter et,pendant son absene, 2ait urer au0 =ndiens de massarer les lans* #en$ enoie Celuta une lettre

    qui est son adieu et un $ritable testament*9e massare appro%e et l'on ne peut pr$enir #en$* Indur$ l'assassine* 9e 2rre de Celuta,Iutou+ami3, 2idle ami de #en$, meurt de douleur* Tuant la eune 2emme, outra+$e par Indur$,elle suit de peu son 2rre dans la tombe* 5n2in, la tribu des ?at%e3 s'$teint tout entire au ours desa lutte ontre les =roquois, et l'ure se lJt sur ette inoation emp%atique > ( hateau$riand, pair de :rance, en L1 olumes 18:6 - 18L1H, o< il2ormait les tomes A=A et AA* Cet $norme manusrit, de plus de deu0 mille pa+es in-2olio, restaen2erm$ dans une malle %e3 sa propri$taire an+laise* Kant que durrent les d$ml$s politiques entrela !rane et l'&n+leterre, il ne put le r$up$rer* Ce 2ut seulement la #estauration que des amis del'auteur le retrourent l o< il l'aait laiss$* =l ne put r$sister au d$sir de publier ette ure, qui $taitpourtant depuis lon+temps d$pass$e*

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    DLes atche!sont une ure $norme, asse3 in2orme et %$t$ro+ne, omprenant deu0 parties biendistintes* 9a premire est ompos$e dans le stle de l'$pop$e en prose, que l'$riain deaitd$elopper dans DLes martyrsW on oit 2i+urer les dieu0 de la mt%olo+ie des &niens, eu0 des=ndiens, le ieu du %ristianisme, ses saints et ses an+es, ainsi que des tres all$+oriques tels que la#enomm$e, la Mort et l'&miti$* Si ertaines des desriptions d'une +rande 2ra%eur 2ont penser D.Atala.., les interentions surnaturelles et les peintures du iel et de l'en2er sont plus 2roides enoreque elles des D.3artyrs..* e plus, C%ateaubriand use et abuse des 2ormules les plus

    onentionnelles du n$o-lassiisme* ans la seonde partie, le mereilleu0 disparat et le pome enprose deient un roman* C%ateaubriand, qui ne sait pas enore $iter la bi3arrerie, la on2usion et lesentimentalisme 2ade, s' r$le d$, par endroits, un +rand $riain* Parmi les meilleures pa+es dulire 2i+urent >- la desription des 2astes de la our et de la ie 2ran"aise, la 2in du AB==e sile, par e ( bonsaua+e ), o

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    C%ateaubriand %$sita lon+temps publier e te0te q